ÉTUDES DE PHILOSOPHIE .LVlÉDIÉVALE Dil'ecteur : ÉTIENNE GJLSO~ XXXVI ----------- LA ET LE TÉ~IOIGNAGE DE S~~Il\T IRÉNÉE 1 PAR FRANÇOIS-hi.-M. BAGNARD des Frères Prêcheurs Docteur en Théologie, Docteur ès Lettre::, Professeur aux Facultés du Saulehoir PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6. PLACE DE LA SORBONNE (ve) 1947 SLUi ERRATA, ADDENDA Page 29, ligne 21 (avant G. QUISPEL), ajouter: A. DUPONT-SOMMER. - La doctrine gnostique de la lettre « wâw » d'après une lamelle araméenne inédite, Paris (Geuthner), 1946 [compte rendu dans Museon, LX, 1-2 (1947), p. 200-202, par G. Ryckmans]. - Cette lettre, symbole du Christ dans les sectes ophitiques, a inspiré la doctrine du F de Marc le gnostique, ce qui confirme pleinement la valeur historique que j'ai attribuée à ce dernier et le relief que je lui ai donné. Le texte est du début du second siècle, dans la Syrie nord-occidentale, probablement Antioche: ce qui suppose l'existence historique d'un courant de gnose antérieur au second siècle. Page 29, ligne 35, lire: Les Exlraits de Théodole, Paris, 1948. 109, note 2, lire : &À"lJ6~ç. 119, note 1, ligne 8 (fin), lire : &1tC~taeu't'otç. 123, ligne 9, lire: Vie éternelle (en syzygie avec le Logos: d'où fils du Logos). 153, col. B, ligne 19, lire: abjO"w. 164, col. B, ligne 4, lire: 'Oyao&ç. 175, col. A, ligne 7, lire: 'Oyao&acx. 182, col. A, ligne 36, lire: &fLCfluO"1jO"cxt. 288, ligne 1, lire : &vepyero-ecxt. 298, ligne 3, et note 1, ligne 3, lire: &xcx't'ov6fLCXO"'t'OV. 380, note 3, ligne 1, lire: &et7tcxp6évoç. 422, ligne 24, lire : xcx6cxp(~ew. 521, note 1, ligne 4, lire 1948. cs. .,3 INTRODUCTION 1. - OBJET ET SENS DE CETTE RECHERCHE L'idée de cette étude est née d'un contact prolongé avec S. Irénée. A mesure que se révélait à nous la figure de l'évêque de Lyon, apôtre des Gaules, nous avions le désir de contribuer pour notre part à le faire connaître davantage. La loya uté de ce caractère nous a séduit; la force de son témoignage, convaincu. Nous avons senti qu'il touchait au Christ vivant, dans le grand courant de la tradition authentique. En même temps, c'est toute l'Église qui émergeait du passé, cette Église du ue siècle, si proche de nous par plusieurs côtés. Au cours de nos recherches, il nous est arrivé de rencontrer cette intéressante appréciation de Harnack sur Irénée1 : « Les plus anciens thèmes et espoirs chrétiens, le texte des deux Testa ments notamment les pensées pauliniennes, les éléments de philosophie moralisante (qui représentent l'acquis des apologètes) et ceux de mysticisme réaliste2, tous ces apports s'équilibrent dans ses développe ments. Il glisse de l'un à l'autre, limite l'un par l'autre, fait jouer l'Écriture en face de la raison, la Tradition en face des obscurités de l'Écriture; et, pour s'opposer à la spéculation fantaisiste, il s'appuie alternativement sur la raison ou sur les limites du savoir humain ». Quoi qu'en ait pensé Loofs3, l'ensemble de ce témoignage garde toute sa force. Harnack a entrevu le génie d'Irénée. Il a pressenti 1. A. HARNACK, Lehrbuch der Dogmengeschichte, Erster Band, 4e éd., Tubingue, 1909, p. 565. Loofs a reproduit cette citation en tête de son étude sur les sources théo logiques d'Irénée: F. LOOFS, Theophilus von Antiochien adversus Marcionem und die anderen theologischen Quellen bei Irenaeus, dans T. V., XLVI, Leipzig, 1930. 2. « Moralistisch-Philosophisches (der -Erwerb der Apolog-eten) und realistisch Mystisches ... » 3. Dans son travail tout artificiel, Loofs écrit (p. 432) : (( Irenaeus ist aIs theoIo gis cher Schriftsteller viel kleiner gewesen, aIs man bisher annahm ... » " Noch kleiner wird Irenaeus aIs Theologe ... ». SJ 7 OBJET DE CETTE lŒCHEnCHE INTHODUCTION s'impose. Il importe en effet de se dégager d'une atmosphère de la puissance de cette œuvre, qui, sans d~ute, prend parfois par confusion qui obscurcit toute l'œuvre d'Irénée. Le moyen d'y nécessité une teinte philosophique, malS dont la résonance parvenir est de reprendre par la base l'étude du texte. profonde est avant tout celle du réel mystique dans la foi vécue « )l, Ce contrôle précis du vocabulaire, cette objectivité rendue au qui illumine toute une vie. témoignage d'Irénée par l'élimination de l'ironie, nous ont conduit • à ce résultat de prenlier plan, entrevu dès l'origine : la Lellre de • • Piolémée à Flora, qu'on s'est plu si souvent à opposer à la notice Pour comprendre Irénée, il faut avoir étudié les gnostiques qu'il d'Irénée sur la gnose, en devient au contraire une parfaite confir combat. Lorsqu'on s'est résolument plongé dans les ramifications mationl. De même, en 1926, à propos de Basilide, le Dr P. Hendrix touffues ~e la ~nose et que l'on commence à y voir un peu clair1, avait brillamment prouvé, contre de Faye, que la « contradiction» on sent ImpérIeusement le besoin de préciser tout d'abord la relevée par celui-ci entre la tradition alexandrine d'une ~art (Clé pensée des adversaires principaux auxquels s'en prend Irénée, ment, Origène) et la tradition romaine de l'autre (Irénée, HIppolyte) c'est-à-dire des Valentiniens. C'est là un premier travail, limité ,n'est qu'une chimère de plus dans un domaine où elles abondent 2., sans doute, mais déjà considérable2 car la pensée de Valentin Bien plus : les autres documents valentiniens, en particulier les : ou de se,s ~is~iples ne peut ac~uérir quelque précision que par une Fragmenis d' Héracléon et les Exirails de Théodole, ~oumis ~ la étude detaIllee de la grammaIre, de la langue, du vocabulaire, du même étude rigoureuse du texte, se situent dans un chmat qUI est style d'Irénée3 Nous avons jadis étudié sa grammaire : nous bien celui des notices d'Irénée. Il existe donc un noyau déterminé • n'avons pas à y. revenir4 La langue d'Irénée est facile aussi, langue de gnose valentinienne, dont on peut entrevoir le sens. La rech~rc?e • de parfOIS verbeuse, mais dans l'ensemble très intelligible philologique ne sera que l'étage inférieur et constamment IndIS- XOLv1) , pour qui s'est familiarisé avec le monde des Eons. Par contre, le pensable de ce travail. vocabulaire demande une attention spéciale : il a fallu le noter Nous sommes passé ici de l'analyse détaillée des textes à une a:ec soin, car la répartition des mots est souvent un guide pour notion de ( elimat », justifiée par ces textes. Étant donné l'objet decel.er les courants de pensée. Le style enfin, spécialement l'inter même de cette étude, qui est la gnose, subtile et fuyante, il semble ventIOn fréquente de l'ironie, demande aussi un sérieux examen. que ce soit là la plus grande approximation de vérité à laquelle La tâche est d'autant plus rude que le texte se présente dans le nous puissions atteindre. Dans un cadre historique, qu'il faudra décalque d'une version latine servile, dont un certain nombre de également bien établir, nous aurons à prendre contact avec le fragments grecs, transmis par tradition indirecte assurent la courant philosophique des idées ambiantes, et plus encore avec fidélité. C'est donc en premier lieu un travail phÙologique qui le courant religieux, sous ses formes les plus diverses. C'est ce elimat de gnose qu'Irénée, pour sa part, nous aide à déceler authentique ment : inversement, nous ne comprendrons bien la résonance 1. Il est curieux de lire les exhortations à la patience qu'un scribe inconnu adresse au lecte~r bénévole: {( De quorum ... nominum multitudine ... , 0 lector, taediuI1l patien profonde du texte d'Irénée et la portée exacte de son témoignage ter sustme ... » (P. G., VII, col. 431). 2. C'es\,.u~e étude d'environ 2.000 lignes d'édition ordinaire (Harvey, Manucci : 1. Les hypothèses gratuites de de Faye seront réfutées en détail au ch. 5 ci-dessous. dans ce dermer, 2.097 lignes exactement) qu'il s'agit d'entreprendre ainsi d'abord, Dufourcq (S. Irénée, coll. La Penseé chrétienne, Paris, 1905) a lui-même un peu trop mot par. mot, phrase par phrase, indépendamment des recherches historiques et de accusé cette opposition dans son compte rendu de l'Épître à Flora. Il n'est pas jusqu'au la connaissance solide de toute l'œuvre d'Irénée. P. Lebreton, qui, dans sa remarquable Histoire de [' Église, n'ait laissé échapper quelques 3., ~o.ofs sig,na~e J'absence d'un Index verborum suffisant. Il comptait sur les prochai nes edlbons d lrenée et de Théophile d'Antioche pour les lui fournir. On les attend traits susceptibles de rectification. Ainsi (t. II, 1935, p. lb) : « On peut lire intégrale ment la lettre de ptolémée à Flora sans y rien apercevoir de la gnose ésotérique ». encore. Loofs en est réduit à avouer son impuissance à argumenter sur les sources La distillction du Démiurge et du Dieu suprême est la clef de l'ésotérisme valentinien, d'Irénée d'après la langue : «Da ein ausreichender Index verborum, wie ihn die comme nous le verrons. Il faudrait de même rectifier cette idée que le Dieu juste Neuausgaben d~s Th~ophilus und des .Ir~naeus in den Griechischen Christlichen Schrifl stellern hotTentheh brmgen werden, biS Jetzt weder fOr jenen vorliegt, so kann mit der (Démiurge, Intermédiaire) est celui de « là thèse marcionite » (ibid.,p. 22). Un tel Dieu est aussi valentinien. Marcion ne fait qu'opposer davantage le Dieu de l'A. T. et le Sprache des Theophilus und Irenaeus zur Zeit noeh nieht argumentiert werden» (Theophilus von Antiochien. .. , p. 72-73). Dieu Bon. Il fait du premier un Dieu cruel, plus injuste que juste. 2,' Dr P. HENDRlx, De Alexandrijnsche Haeresiarch Basilides, Amsterdam, 1926. 4. Diplôme d'Études Supérieures, Sorbonne, 1932. 1-1. 8 I;'I,'TRODUCTION OBJET DE CETTE RECHERCHE 9 que si nous ouvrons ces horizons sur la pensée et la VIe intense Les chapitres se suivent ainsi logique~~nt. ~omme il. s'agit du d'un monde qui nous est devenu si étranger. témoignage d'un homme sur les ValentInIens, Il faut bIen ~é~er miner quel est cet homme (ch. 1), qu.els sont ces V ~le,ntInlen~ ... • • (ch. 2), quels documents authentiques Ils nous ont laIsses e~, ou en sont les travaux qui les concernent (ch. 3) .. :Une deuxleme Comment donc concevoir ce travail ? section de cette partie présente alors de façon crItIque l~ Grande Un premier dessin paraît assez séduisant créer d'abord Notice d'Irénée, qui est comme le canevas du présent travaIl (ch.~) ; l'atmosphère de gnose, par l'étude des grands courants qui tra elle cherche à en distinguer les sources et prend de cette ~otIce versent le Ile siècle, de l'Orient à l'Occident, - courant de « mys une première vue d'ensemble (ch. 5); ell~ e~ pose ensuIte les tères» d'une part, poussée de cultes orientaux, pratiques astro principes d'interprétation ,( ch, 6) : commu~llcatIon ent~e les Eo~s nomiques ou magiques, révélations hermétiques, dans la fusion (( filiation nominale», 101 « communauta,lre», ,exten~IOn et re souvent d'un insaisissable syncrétisme, - courant de pensée absorption, enveloppements), « exe~plarIsme ,ln,:,er~e», ,sync~é d'autre part, renouveau philosophique, avec, comme précurseurs, .tisme. Ces principes ne sont pas éVIdents ~ prIOrI; Ils ~ ont eté Philon d'Alexandrie, Plutarque de Chéronée, puis Apulée, Albinus, découverts que progressivement et par, l.analys~. MaI,s, en l.es Numénius et les autres; faire revivre ainsi un monde dont nous plaçant ici, suivant la méthode synthetIque d expo~ItI~n, Ils n'avons plus l'idée et qui explique la naissance et le développe ment d'un mouvement comme la gnose; alors seulement aborder jettent, croyons-nous, une viv,e l~mière .su,r tout ce qUI SUIt" car ils se vérifient constamment. AInSI en est-Il egalement de ce « meca l'étude dire'cte du texte d'Irénée, qui, dans une telle ambiance, peut prendre ainsi toute sa valeur. Telle fut en effet la première nisme» de la gnose, qui clôt ce chapitre : tout en des~inant la structure même de la gnose valentinienne, il en révèle déjà le sens esquisse de notre recherche. profond, Tels sont les principes objectifs de l'interprétation. Il reste Mais à la réflexion il apparaissait que la reconstitution préalable à en établir un principe subjectif: c'est le jeu de l'ironie, dans le de ce clin1at du Ile siècle était à la fois trop sommaire et trop large: trop sommaire, car c'était un domaine infini qu'il s'agissait texte d'Irénée (ch. 7), On conçoit l'intérêt qu'il présent~, SI l'on ne veut pas fausser le sens du texte, Ainsi se clôt cette sectIon et cette d'évoquer, posant une suite de problèmes sans fin ; trop large aussi, car cette immense atmosphère indécise risquait de faire perdre de partie. . . ., vue l'objet capital de la recherche, qui est d'étudier de façon critique Après ce travail capital d'exp~sé et de ~lse ,au pOInt, la .~euxIeme partie, la plus importante, va s attacher a degager les pleces maî le texte d'Irénée, afin d'en dégager le sens précis et d'en déterminer la valeur objective. Il convenait donc de concentrer d'abord ses tresses de la gnose valentinienne, telles qu'elles ress~rtent A de efforts sur le texte, quitte à l'éclairer à l'occasion par de courts l'étude méthodique du texte, appuyée sur le vocabulaIre m~me commentaires ou par des notes, et d'évoquer en conclusion seule de la gnose, et confirmée par de nombreux lieux p~ral~èles, tIrés du livre deuxième d'Irénée, Ce n'est donc pas l'applIcatIOn a une raent les horizons que ce texte semble nous découvrir. C'est dans matière ancienne de cadres modernes ou artificiels, mais une cet esprit qu'il fallait créer la méthode adaptée à un objet si particult.~r . étude qui part de l'intérieur même de cette gnose afin ~'en rend~e compte: Plérôme (ch. 8), Tétrade et Ogdoade (ch. 9), arlthmologIe Voici donc le plan suivi : de Marc le Mage, qui éclaire l'ensemble (ch. 10) ; surtout, « semence Deux grandes parties se partagent la matière de la recherche. pneumatique » ou germe de gnose (ch, Il). L'origine, la nature, le La première est une préparation, incluant l'exposé de la lettre; développement de ce germe, sa « perfection» et sa « consommation» la deuxième en est l'interprétation. La première présente le texte sont la trame même des doctrines valentiniennes et commandent de la Grande Notice d'Irénée dans son contexte historique, puis tout le système, y compris la partie dite « spéculative.» (Plé en décrit l'articulation intérieure, avant d'en poser les principes rôme, etc.). Si bien que la gnose se présente comme un vraI « mys d'interprétation; la deuxième cherche à sonder le sens profond tère », qui exige une initiation et assure le « salut » (ch. 12). du texte, ce qui l'amène à une vue, - par l'intérieur, - de la Il reste à compléter ce commentaire par une deuxième section, gnose valentinien~e. à la fois nécessaire pour donner toui son sens à cette gnose issue de a 11 10 f~TAT DU TEXTE INTRODUCTION la Notice et pour en garantir l'objectivité. De là l'étude de la n. - Lellre de Plolémée à Flora (ch. 13), des Fragmenls d'Héracléon ÉTAT ACTUEL DU TEXTE (ch. 14), des Exlrails de Théodole (ch. 15). Cette section est une entière confirmation de tout ce qui précède. TEXTE GREC La conclusion souligne l'exceptionnelle valeur du témoignage d'Irénée. Elle ouvre aussi des horizons sur le sens du système Le texte grec original est perdu. Cependant, une partie consi valentinien. Philosophie ou mystères? Mystères païens ou chrétiens? dérable du livre 1er (plus des trois quarts, y compris la Grande La réponse paraît maintenant plus claire et plus sûre. Ainsi est Notice) nous a été conservée dans le Panarion (la « Boîte aux restituée à la gnose sa vraie figure, qu'Irénée, parfois, a raillée (car remèdes ») de S. Epiphane1• Hippolyte, dans ses Philosophoumena il n'avait aucun intérêt à la ménager), IIlais dont il s'est d'abord (nom habituel pour désigner sa Réfulalion de loules les hérésies) appliqué à retr,acer patiemment, minutieusement, l'image fidèle, nous a transmis aussi une grande partie de ce même texte 2. Eusèbe, afin de pouvoir la combattre avec succès. L'objectivité comme la dans son Histoire de l' Église3; Théodoret, dans son Résumé des sincérité de l'homme restent entières. C'est l'homme en effet que ,Iables héréliques4; d'autres encore, ont transcrit également n?us rejoignons dans son style, l'homme simple et droit, que nous quelques courts passages 5. aImons. * • • 1. S. Êpiphane, évêque de Constantia, dans l'tle de Chypre (3051-403) a écrit le Panarion entre 375 et 377. C'est le traité le plus volumineux que nous possédions Il ne nous reste plus qu'à exprimer notre merci à tous ceux qui, contre les hérésies. Il comprend trois livres, sept tomes: cette combinaison de 3 et de 7 est symbolique pour Épiphane, de même que le nombre des hérésies, qui est de 80, de quelque façon, nous ont encouragé ou aidé dans ce rude labeur. comme les concubines du Cantique des Cantiques. D'où une multiplication artificielle Je me dois de citer ici M. H. Ch. Puech, spécialiste en ces matières des sectes. qui a bien voulu reviser ce travail avec une inlassable bienveil~ 2. Hippolyte, né vers 170-175 (?), prêtre de l'église de Rome, docteur déjà estimé lance; M. E. Bréhier, dont l'appréciation m'est particulièrement qu'Origène eut un jour l'occasion d'entendre à Rome (S. Jérôme, De viris illuslribus, 61) précieuse; M. Dain, dont les leçons de philologie et de paléographie rompt avec le pape en 218 à la suite de démêlés avec Zéphyrin (199-218) et Calliste (218-222). Déporté en Sardaigne (235) avec le pape Pontien (Chronica minora saecu me sont encore si présentes; le T. R. P. Motte, qui a bien voulu lorum IV, V, VI, VII, éd. Mommsen, t. l, sub anno 235) il Y meurt comme lui, «en me donner le tem~s nécessaire po~r mener à bien ce travail ; le confessant la foi », selon l'inscription de S. Damase (Damasi Epigrammala, éd. Ihm, T. R. P. .C henu, qUI fut au SaulchOlr mon maître vénéré,' et tous no 37). Le ·pape Fabien ramena en même temps à Rome les corps des deux martyrs. ceux qUI ont vu et critiqué ce travail, - sans oublier le cher Les Philosophoumena ont été écrits après la mort de Calliste, entre 222 et 235. Abbé R~st, qui m'a été d'un grand secours pour la traduction du L'œuvre comprend deux parties: livre 1; livres IV à X inclusivement (les livres II et III manquent). Le livre 1 est édité depuis 1701, sous le nom d'Origène: c'est à lui ~~ll~ndals. 9ue tous, à quelque degré que ce soit, daignent trouver que s'applique le titre de Philosophoumena ; on en a quatre manuscrits. - Les livres IV ICI 1 expreSSIOn de ma très vive gratitude. X n'ont été découverts qu'en 1842, au Mont Athos. Le manuscrit, actuellement à la Bibliothèque nationale (Parisinus, Suppl. grec 464), semble dater du XIVe siècle: il est en médiocre état. Il a été édité par Miller (Oxford, 1851). Après une vive controverse, J'accord s'est fait à partir de 1859 pour attribuer l'ouvrage à Hippolyte. 3. Eusèbe (265 ?-339?) a écrit son Risl. de l'Église vers 312-317 et l'a revisée en 324. 4. Théodoret de Cyr (Euphrate) (3931-455?) a rédigé en 453 son Haereticarum labularum compendium, en cinq livres. 5. On peut lire une liste. de ces fragments grecs dans Novum 7'eslamentum S. Ire naei ... , par Sanday, Turner, Souter (Oxford, 1923), p. CLXXX sq. Il faut y ajouter l'Oxyrhynchuspapyrus 405, Ibid., p. CXXVI, le fragment du livre V édité par C. Diobou niotis et A. Harnack dans T. V., 38, 3 (.1911), Scholion 38, 1. 6 sq. (p. 41-44) et le Jenaer Ireniiuspapyrus édité par Lietzmann dans les Nachrichlen von der Ujniglichen Gesellschalt der Wissenschatten zu GOttingen, phil. hist. Klasse, 1912, p. 291-320. K. Holl, dans Fragmente Vorniciinischer I(irchenvater aus den Sacra Parallela (p. 58- 83) donne aussi 38 extraits d'Irénée (et, en plus, cinq douteux). 12 I~TRODUCTION 1,":) Il reste sept manuscrits de cette version. Sanday et K?sterma~n TEXTE LATIN l adoptent la solide position de Loofs Tous ces m~,nuscrI~s pr~vlen Par contre, nous possédons une très ancienne traduction latine, nent d'un archétype comrnun, sans doute du ve siecle, OrIgInaIre de complète, calquée servilement sur le texte grec. Elle est certaine la Gaule. Ils se classent en deux groupes: ment antérieure à 421. S. Augustin la cite textuellement1. D'autre 1re famille (du Nord) : part, elle est en rapport avec Tertullien, Adversus Valenlinianos 2. L'ensemble des éditeurs d'Irénée a pensé que Tertullien avait Ms. de CLERMONT, début du lXe S., aujourd'hui à la BiblioLhèque de utilisé cette version ancienne, qui serait alors de la fin du ne siècle, Berlin (Preuss-Slaalsbiblioihek), Berol. Lai. 43. Lettre.2 : C Ms. de VOSSIUS, XIVe-XVe siècle, Bibl. Univ. de Leyde, Cod. Vosszanus peut-être contemporaine d'Irénée: ainsi Grabe, Massuet, Harvey, 33. Lettre: V Manucci. « L'antiquité de cette version, écrit Harvey, lui donne (On peut adjoindre à ce dernier le Slockholm.iensis, copie de V faite une valeur hors pair : l'évidence interne oblige à conclure que dans la seconde moitié du xve siècle: lettre S.) Tertullien écrivit son traité contre Valentin, après 199, avec cette 2e famille (du Sud) : version sous les yeux. La comparaison que fait Massuet de ces Ms. d'ARUNDEL, fin XIIe siècle, Bibl. du British Museum, Londres. deux textes est vraiment conva.incante »3. En tout cas, on ne peut Cod. Arundelianus 87. Lettre: A supposer, comme le voudrait Jordan à la suite de Dodwell4, que 1\lss. du VATICAN, xve siècle, de valeur moindre le traducteur ancien ait inséré du Tertullien dans sa version. vers 1400 : Val. 187 Lettre: VI Celle-ci est une traduction barbare (peut-être celtique, peut-être vers 1400 : Ollob. 1154 Lettre: 01 de Lyon) qui contraste totalement avec le style de l'Adversus 1447 à 1455 : Val. 188 Lettre: V2 ·Valenlinianos5• De toutes façons, cette version antique « omnino 1417 : Ollob. 752 Lettre: 02 servilis »6 est capitale. Voici quelques détails sur ces manuscrits : Le ms. de Clermont, originaire très vraisemblablement du célèbre 1. P. ex. Contra JUlianum,1. l, 2, 5 (P. L., t. 44, col. 644) et Adv. Haer., IV, 2, 7 ; monastère de Corbie (Somme), figurait dans la bibliothèque du Collège V, 19, l (P. L., t. 7, col. 979 et 1175-1176). de Clermont diriO'é à Paris par les Jésuites (Claromontanus 436)3. De là, 2. Écrit vers 208-211. tl par le hollandais I\leermann, il est passé à Sir Thomas Phillipps à Mid 3. « The antiquity of this version makes it invaluable ; internaI evidence persuades the judgment that 'fertullian wrote his Treatise c. Valentinum after A. D. 199, with dlehill, où Harvey l'a consulté (Mediomonlanus-Philippinus. 1~69), this version before his eyes; Massuet's comparison of the two texts in his second puis à John E. A. Fenwick, à ChelLenham, jusqu'à la fin du XIXe slecle, Dissertation is very convincing » (HARVEY, Préjace, p. CLXIV). Pour la Dissertation 11 enfin à la Bibliothèque de Berlin (avec d'autres mss de Cheltenham). - de Massuet, cf. P. L., 7,252 sq. Harvey ajoute, résumant Massuet : « Cyprian possibly C'est de beaucoup le meilleur ms. : l\IassueL l'a pris comme base de son and Augustin certainly copied this version ». Pour Cyprien, cf. Epist. 74 (éd. Oxon.) édition (1710). Il provient d'un écrit de minuscule mérovingienne du ad Pompeium (sur Cerdon et Marcion). Pour Augustin, v. n. l ci-dc:'slis. VIe ou VIle siècle, transcrit à l'époque carolingienne'. Les dernières 4. DODWELL, Dissertationes in Irenaeum, V, 6. - H. JORDAN, Das Alter und die pages manquent, à partir de V, 26, 1 (premières lignes), soit ~ix chapitres. Herkunfl der lateinischen Uebersetzung des Hauphcerkes des Irenaeus, dans Theologische « Est-ce un accident?» se demande lvlassuet dans sa Préface. « Est-ce Studien, Leipzig, 1908, p. 133-192. Sur l'âge de la version, cf. encore SANDAY, TURNER plutôt l'effet' du zèle intempestif de quelque pseudo-savant (improvido et SOUTER, Nov. Test. S. Irenaei (Oxford, 1923), p. LXI-CXI; E. DIEHL, Z. N. W .• 20 (1921) p. 12'8 (le latin des citations de S. Paul serait une preuve de la grande ancienneté du texte). Sur les cit. évangéliques, cf. BURKITT, J. T. S., 25 (1923), p. 56-67 ; remarquable : « Aber dennoch bleibt die Uebereinstimmung mit dem griechischen H. I. VOGELS, Rev. Bénédict., 36, 1924, 21-33; B. KRAFT, Die Evangelienzitate des aufTallend grosso Selbst die Wortfoige hat er genau nachgeahmt ». heiligen Irenaeus (Biblische Studien, XXI, 4) Freiburg i. B., 1924. - L'étude récente 1. SAN DAY, Nov. Test. S. Irenaei ... , p. xxv sq. - KÔSTERMANN, Neue Beitriige zur de Lundstrôm laisse la question de la date en suspens: Sven LUNDSTROM, Studien zur Geschichle der laleinischen Handschriften des Ireniius, dans Z. N. W., XXVI (1937), lateinischeri Ireniiusübersetzung, Lund, 1943, ch. 4, Zum Datierungsproblem, p. 90-109 p. 1-34. (1. Les arguments pour une date très ancienne. - II. L'hypothèse de Souter). 2. C'est en vain que Kôstermann a voulu récemment changer C en B. 5. Les notes de Harvey reproduisent souvent les passages parallèles. 3. C'est là que Massuet l'a étudié po~r son édition de 1710, gràce à l'amabilité du 6. MANUCCI, Préface, p. 16. Sven Lundstrôm écrit aussi (op. cil. . , p. 15) : «Der bibliothécaire, le R. P. Harduin « cujus humanitatem nunquam non experti sumus » lateinische Uebersetzer des Irenaus hat anerkanntermassen seine Vorlage mit sklavis ( Préface). cher Treue \Vort für "Vort wiederzugeben versucht}J. Sans doute il élargit parfois 4. Cf. Ph. LAUER, La Réforme carolingienne de l'Écriture latine el l'école calligra . légèrement, donne deu::, mots pour un seul terme grec. Cependant la concordance reste phique de Corbie, Paris, 1924 . .- 1 14 INTRODUCTION r.:TAT DU TEXTE 15 scioli cujuspiam ... zelo) , à qui peut-être aura déplu l'erreur du l\lilléna Massuet, Stieren) des Codices J.\1ercerii (de Josias Mercier, t en risme sous la plume d'Irénée? La chose n'est pas claire )J. Ajoutons qu'il 1626 à Paris), et, chez Massuet, du Codex Passeralii (de Passerat, renferme, en commun avec V, une grosse lacune de quelque 35 lignes de t en 1602 à Paris), sans conlpter le velus Codex de Feuardent. Voici l'éd. Harvey (V, 13, 4-5 ; 14, 1 ; 2 Hv 359), ce qui suppose qu'un copiste ce qu'on peut en dire: aura tourné deux pages ou qu'une feuille a été perdue. Le ms. de Vossius provient de la bibliothèque des Carmes établis à Paris, Codices IHercerii. Grabe les signalait dans son édition de 1702 comme place Maubert. Comme on le voit par une note marginale: Frère Lau des variantes notées en marge d'un ms. d'Érasme conservé à Leyde. « rent Burelli, de Dijon, docteur en théologie, provincial à Narbonne de Malheureusement, la lecture en a été mal faite, et est passée avec ses l'Ordre de la Mère de Dieu du Mont-Carmel, a donné cet exemplaire à fautes dans les notes de lVlassuet (éd. 1710). Stieren, pour son édition de ses frères de Paris, en 1494, année où il visita, comme vicaire général, 1853, les a de nouveau collationnées, et, après lui, \V. Hooper (1885-1886) l'Angleterre et le couvent de Paris JJ. D'où venait ce codex? Les Carmes et G. Ficker (1913) (cf. LOOFS, Die Handschrillen ... , p. 13; SANDAY d'Oxford avaient un ancien ms. d'Irénée (un deuxième exemplaire existait Journal 01 Phil., 17, 1888, p. 81). - Ces cod. sont notés Mere. 1 et à Cantorbury). Il est possible que Burelli ait pris ce ms., en faisant exécuter Mere. Il, ce qui signifie, pour Mere. l, un seul de ces deux mss (sans une copie pour rester à Oxford: cette copie est le Slockholmiensis. - Après qu'on sache lequel) ; pour Mere. Il, les deux mss. Ils ne sont autres, les Carmes de Paris, le ms., acquis par Nicolas de S. André (qui le prêta semble-t-il, que les deux mss du Vatican VI et V2. 1 à Feuardent pour son édition) se retrouva ensuite, on ne sait comment, Codex Passeralii. Massuet, outre le ms. de Clermont et un ms. du Vati entre les mains d'Isaac Vossi us, chanoine anglais (peut-être en passant can, a utilisé des variantes notées par Passerat en marge d'un exemplaire par Alexandre Pettau, puis par la reine Christine de Suède, avec laquelle d'Érasme. Cet exemplaire lui avait été donné « par un ami, l'un des Vossius était en rapports)1. - Ce ms. est le seul qui nous donne le texte Révérends Pères Dominicains de la rue Saint-Honoré à Paris» (on sait que complet, du moins tel que nous l'avons, jusqu'à V, 36 inclus. Il est Passerat était en rapports étroits avec les Dominicains de Paris). Personne rempli de fautes, mais semble provenir d'un ms. à onciales majuscules, n'a retrouvé le Codex où Passerat aurait pris ses variantes. Certaines ne donc très ancien. sont probablement que de simples conjectures du philologue. Pour les Le ms. d'Arundel fait partie de la bibliothèque de la Royal Society, autres, il semble avoir corrigé le texte d'Érasme d'après Feuardent, ce legs testamentaire du duc de Norfolk fait en 1681. Il tire son nom de qui reviendrait au ms. de Vossius. - Les notes de Passerat ne portent Thomas, Earl of Arundel (t 1646 à Padoue). Il est possible qu'il provienne d'ailleurs que sur le livre 1 et les premiers chapitres du livre II. de la bibliothèque de la Grande-Chartreuse, près de Grenoble. Comme Codex Velus utilisé par Feuardent pour son édition de 1575 : Loofs longueur, il esL intermédiaire entre C et V, et va jusqu'à V, 31 inclus semble avoir démontré qu'il s'agit bien du ms. de Vossius. (de même que les mss Romains). « Il est rempli de fa utes grossières et de fausses leçons, ce qui compromet fortement sa valeur2», plus encore que Nous donnons un peu plus loin la liste des éditions. Mais il convient dès maintenant de se rendre compte du rapport qu'elles chez V. Cependant, il a parfois conservé la leçon authentique contre C V. Les mss· du Vatican sont les moins bons. Malgré quelques variantes ont avec les manuscrits : dignes d'attention signalées par Manucci, ils sont très inférieurs à A C V. Érasme (1526) déclare s'être servi de trois mss : l'un provenant de VI a été écrit pour le pape Nicolas V et provient très vraisemblablement Rome (c'est le V2 semble-t-il) ; les deux autres, de monastères qui ne de la Grande-Chartreuse. L'occasion en fut la visite en France du Cardinal sont pas précisés. Leur valeur devait être faible, à en juger par l'édition, légat Albergati, Chartreux : il remporta de Grenoble volumina... nova va très défectueuse. lrenaei cantra haereses. V2 dépend de VI : mais on a souvent et 0 2 Feuardent (1575) s'est servi d'un ms. du Vatican, qui est sûrement contre VI et 01 (02 est le plus mauvais). Le nom d'Olloboncnsis vien't du le V2, et d'un velus Codex qui serait le ms. de Vossius. Cardinal Ottoboni, qui avait 01 et 0 2 dans sa bibliothèque. Grabe (1702) a utilisé quatre mss, avant tout celui d'Arundel, puis celui de Vossius, connu par des leçons fautives, enfin ceux de Mercier, On trQuve encore mention chez plusieurs éditeurs (Grahc} c'est-à-dire VI et Vi mal lus aussi. Massuet (1710) a utilisé pour la première fois le ms. de Clermont. Il s'est servi en outre d'un ms. romain, qui est 01 (prouvé par Pitra et Loofs); 1. Dans le catalogue d'Is. Vossius, on trouve les mss de valeur de la bibliothèque de Pettau. . àes notes de Passerat (Voss. ou conjectures) ; enfin des éditions précé 2. KÔSTERMANN, Neue Beitriige .. , p. 16. Il ajoute: « Sie ist ofTenkundig interpoliert, denLe~, en particulier de Grabe, dont il reproduit les leçons fautives pour sUlrker ais jede andere HS ». C'est ce que Massuet signalait déjà: «Arundelianus le ms. de Voss. et pour ceux de Mercier. codex interpolatus tuiss~ videtur, sive a librario ipso, sive ab aliquo recentiori ». Stieren (1853) a corrigé les leçons de Mercier et de Vossius. 16 INTRODUCTION {-:'l'AT DU TEXTE 17 Harvey (1858) a collationné de nouveau le Clermonl et l'Arundc[1, et TEXTE ARMÉNIEN, FRAGMENTS SYRIAQUES utilisé en outre les leçons de Slieren pour le Vossianus. Son texte « est formé en comparant ces trois ms., (A C V) avec les éditions précédentes ». Outre la partie grecqu~ origin~le et la version latine .complè~e Cette édition devrait être la plus scientifique. J\Iais Harvey n'est pas toujours heureux dans son choix 2. qui nous sont parvenues, Il faut sIg~aler encore u~e .versIOn arme nienne fidèle des livres IV et V, publIée en 1910, aInSI que quelques La meilleure édition reste encore provisoirement celle de Massuet, fragments arméniens, et d'autres fragments syriaques ou arabes qui se base sur le meilleur manuscrit, et dont la pénétration philo (v. ci-dessous, p. 19-20). logique a fait ses preuves. Migne a réédité son texte (P. L., 7) en 1857. Depuis longtemps le besoin d'une édition « vraiment critique »3 DIVISION EN CHAPITRES se fait sentir : c'est même « une nécessité urgente »4. On pouvait Un mot enfin de la division du texte en chapitres et des argu espérer au moins que l'éditeur d'Épiphane dans la collection de ments. Cette division est nettement postérieure à Irénée et n'a pas Berlin (1915) étudierait le texte latin d'Irénée pour y comparer de valeur (nous avons des traces de divisions antérieures diffé le grec d'Épiphane. Mais il avoue n'avoir pu assurer ce travail : 1 rentes). Les indications des argume~ts. ne sont d'ailleurs pas des « En ce qui concerne les passages d'Irénée, j'ai regreLté que G. Ficker, titres de chapitres, mais une deSCrIptIon du contenu d~ ?haque à cause de ses nombreuses occupations, n'ait pas éLé en état de colla livre. Voici comment Kostermann se représente les dlfferentes tionner pour moi les mss latins. Par suite, je suis resté dans l'incertitude étapes de la tradition du texte : pour la lecture du latin en certains endroits. On ne peut guère supposer cependant qu'il doive en résulter des déficiences vraiment importantes Irénée grec pour l'ensemble de la tradition manuscrite d'lrénée5 il. 1 Arguments Dans cette même collection, le professeur Eltester a été chargé de l'édition d'Irénée. Il s'en occupe depuis plusieurs années. Où en 1 Traduction latine est-il maintenant? En attendant, Sven Lundstrom6 a fait paraître un certain nombre Chapit1 res de précisions et de rectifications intéressantes, grâce à des clichés 1 photographiques du ms C !vlais il faudrait qu'un tel travail porte Perte de l'argument du 1. V et de sa division 7. sur l'ensemble du manuscrits. = Archétype ---.." 1 p S 1. Harvey loue le soin avec lequel Graùe et Massuet ont accompli leur travail : "'- /~ / «The result of these collations has sbown that Grabe and Massuet performed their C V A R(omains) work with fi de litY Il (Préface, p. Ill). 2. Voir ci-après, n. 8. Harvey a adopté dans son texte une autre numérotation que 3. « Editfo plene cri tic a adhuc non exstat » (MANUCCI, Préjace, p. 17). 4. «Seit langem ist eine moderne Ausgabe ein (( dringendes Bedürfnis (LundstrOm Il [cité n. 6 ci-dessous], p. 13). Cf. A. JÜLICHER, dans Pauly-Wissowa, Real-Encyclo piidie, 5 [Stuttgart, 1903J, 2126. ~ Ea autem )l, sous prétexte de rétablir « the reading of the Clerm. A1S. Il. En fait, le ms. 5. K. HOLL, Epiphanius, Erster Bd., Préface, VIII. de Clermont porte Ea aiem avec un s au-dessus de la ligne. - Lundstrôm explique en 6. Sven LUNDSTRÔM, Studien zur lateinischen Ireniiusüuersetzung, Lund, 1943 outre les formes inattendues, solécismes, etc., dus au calque servile fait sur le grec. (142 pages). D'où les mots comme palinodia, rhythmizatio, etc. (SOUTERS, dans le Nov. Test. S. Ir., 7. (( Ich habe C dureh Photokopien benützen kônnen » (Ibid., p. 14). p. LXXIV sq., en relève 140), ou domesticitas = otxe:L6't"'1)C:; (= parenté); inviscera ~ 8. Voici quelques exemples des rectifications faites par Lundstrôm. Harvey écrit 't"~ ~'t"e:pcx. Il y a aussi les faux-sens : 1 Hv 326, 3, écrit sapienler po~r ao<pwc:; qu: (Adv. Haer., II, 19, 1 ; 1 Hv 3lü, n. 5) : (( The Clerm. MS. has seminalam ». - (( Wie sh:mifie à cet endroit « de façon rusée»; 2 Hv 32,20 donne secundum glorzam pour xcx,cx er fa1schlich behauptet )l, assure Lundstrôm, appuyé sur les clichés et d'accord avec 't"1)V 86~cxv, « selon l'apparence Il; 2 Hv 107, 13 (el in palernam impo.nens regu~~m) Massuet. De même 2 Hv 169, n. 3 (Adv. Haer., IV, 9,'1) écrit« Sic itaque Il au lieu de met « regula Il pour xcxvoov qui aurait ici le sens de (( sphère», « domame 8 (sphare). 18 INTRODUCTION BIBLIOGRAPHIE 19 celle de ses prédécesseurs. Le résultat est médiocre. Il lui arrive R. MASSUET. - (Dom) (Bénr,dict.in de S. Maur), Paris (Cognard), 1710, même, comme nous le verrons, de couper des développements in-fol. Codd. de Clermont, 0\ PasseraL (Voss. et conjectures), Mercier. dont l'unité est manifeste. Sa division introduit un peu plus de Très belle édition, de beaucoup supérieure, qui reste l'éd. de base. confusion dans un domaine où l 'on a particulièrement besoin de Rééd. Venise, 1734 ; et Migne, P. G., VII, 1857. clarté. C'est pourquoi il faut maintenir la division classique de A. STIEREN. - Leipzig, 1853, 2 vol. in-8°. Au texte de MassueL, il joint le., leçons revues de Voss. et l\Iereier. Massuet, malgré son imperfection, comme le font Stieren, Manucci} \V. \V. HARVEY. - Cambridge, 1857, 2 vol. in-8°. Texte peu différent Volker ... (Harvey l'indique d'ailleurs sommairement à côté de la de Massuet. Choix de leçons discutable. Ajoute le grec d'Hippolyte sienne). et des fragment s syriaques et arméniens. Concluons avec Lundstrom : « La tradition manuscrite de la H. DEANE. - Oxford, 1880. Éd. partielle: The lhird book 01 St Irenaeus version latine d'Irénée est en fait très bonne. Il faudra seulement, againsl heresies. Reproduit l\lassuet en notant les divergences de dans la prochaine édition, suivre en particulier C et A beaucoup Harvey. plus qu'auparavant ». En attendant, Massuet dans l'ensemble, et U. MANDec!. - (Mgr), Rome, 1907, dans BibLiolheca sanctorum Palrum Harvey à l'occasion, nous présentent un texte suffisant. Quant au et Scriplorum ecclesiaslicorum, series 2a, Scriptores graeci anlenicaeni, grec d'Épiphane, l'édition critique de Holl est une excellente base. t. III. Éd. partielle: les deux premiers livres. 1 vol. in-8°. Texte de Pratiquement, pour l'établissement du texte, le latin a valeur Massuet, avec quelques leçons de Harvey, Stieren, ou des codd. Vat. fondamentale, comme décalque de l'original grec (c'est celui-ci Noter encore, pour le texte grec (Épiphane surtout, Hippolyte) : qu'il faut lire sous son maquillage). Cela n'exclut pas, bien au le HOLL. - Epiphanius, Ancoralus und Panarion; erster Band, 1915 contraire, des corrections évidentes du latin, et le grec de la tra (Haer. 1-33) ; zweiter Band, 1922 (Haer. 34-64), Coll. Die griechischen dition indirecte permet souvent de faire ces corrections avec plus christlichen Schrillsleller der erslen drei Jahrhunderle, Leipzig. de sûreté. P. \VENDLAND. - HippoLylus tlTerke, dritter Band, Relulatio omnium haeresium; même coll. (G. C. S.), Leipzig, 1916. m. - BIBLIOGBAPBIE Il. - Traduotlon. 1. - Texte : Editions (Ordre chronologique) 1 A. Latines D. ERASME. - Ed. princeps, Bâle (chez Froben), 1526. Nombreuses ANONYME. - Très ancienne version juxtaverbale, avant 421. rééditions : 1528, 1534; et, posthumes : 1545, 1548, 1554, 1560, J. HAGENBUT. - (Cornarius), trad. du Panarion d'Épiphane, Bâle, 1543. 1563, 1567. Texte latin très médiocre (v. ci-dessus, p. 15). Les chapitres concernant Irénée ont été reproduits dans l'éd. de N. DESGALLARDS. - (Gallasius), Genève, 1570. Ajoute le grec d'Épiphane Grynée, Bâle, 1571. avec des notes. J. DE BILLY. - (Billius) (Abbé de Saint-Michel-en-l'Herm, Vendée). J. J. GRYNÉE. - Bâle, 1571, in-80. Trad. des 18 premiers chapitres conservés dans Épiphane : Inter F. FEUARDENT. - (Cordelier), Cologne, puis Paris, 1575 (éd. médiocre), prelalio Latina XVIII priorum Libri 1 S. Irenaei adversus haereses 1596 ~trefaite), 1625, 1639, 1675, 1677. Revoit le latin; ajoute, des capitum, Paris, 1575. Reproduite par Feuardent et Massuet. fragments grecs d'après Eusèbe, Théodoret, etc. En 1639, ajoute D. PETAU. - Traduction d'Epiphane, Paris, 1622. Reproduite dans les fragments des Catenae publiées par Halloix. En 1675, annexe Migne, P. G., 41. les comment. de Billius. B. Arménienne1 J. E. GRABE. - Oxford, 1702. Latin d'après codd. Arundel, Voss. et . Mercier. Joint un commentaire t.rès érudit. ERWAND TER-MINASSIANTZ. - Irenaeus gegen die Haereliker, Buch IV und V in armenischer Version, dans T. V., 35, 2, Leipzig, 1910. 1. Tous les tableaux qui suivent sont donnés dans l'ordre chronologique, de manière que l'on pnisse suivre le développement des recherches sur la gnose, - sauf cepen 1. Cf. J. A. ROBINSON, Notes on the Armenian Version 01 Irenaeus, Adv. Baer., IV, dant le § IV, Bibliographie générale; travaux (p. 22-25), dont la généralité même et V. dans J. T. S., 32 (1931), p. 155 et 370. Pour les fragments syriaques, cf. Harvey, la diversité exigeaient, pour la clarté, l'ordre alphabétique. 2 'Hv 431-448 et les notes de Jordan (dans Armen. Iren.fragm.).