LA CONFÉRENCE DE HEIDELBERG Archives de la pensée critique Titres disponibles Félix Guattari, Écrits pour l' A nti-Œdip e, 2012 Félix Guattari, De Leros à La Borde, 2012 Philippe Lacoue-Labarthe, La Réponse d'Ulysse et outres textes sur J'Occident, 2012 Eleni Samios-Kazantzaki, La Véritable Tragédie de Panait Istrati, 20 13 Félix Guattari, Qu'est-ce que J'écosophie?, 2014 collection en partenariat avec imec abbaye d'ardenne La transcription de la conférence de Heidelber'g établie par Mireille Calle-Gruber, les dossiers de presse ainsi que les correspondances liées à l'événement sont conservés dans le fonds Jacques Derrida à l'Institut Mémoires de Ilédition contemporaine (IMEC). www.imec-archives.com Ouvrage publié avec l'aide du CNL. © Lignes, 2014 Photographie de couverture: Mathias Ernert (D, R.). Jacques Derrida Hans-Georg Gadarner Philippe Lacoue-Labarthe LA CONFÉRENCE DE HEIDELBERG HEIDEGGER: PORTÉE PHILOSOPHIQUE ET POLITIQUE DE SA PENSÉE RENCONTRE-DÉBAT DE HEIDELBERG, 5 ET 6 FÉVRIER 1988 lèxtes réunis, présentés et annotés par Mireille Calle-Gruber Note de Jean-Luc Nancy Préface de Reiner Wiehl lignes 1 imec 'TABLE I. ÉVÉNEMENT DE L'ARCHIVE Jean-Luc Nancy, Note en 2014 ............ II ,,0 ............ 0 .............. Reiner Wiehl, Préface ......................................... o................ 17 Mireille Calle-Gruber, Événement de l'archive ................ 19 II. LA CONFÉRENCE DE HEIDELBERG Conjërence du 5 février 1988 ............................... .............. 37 Rencontre du 6 février 1988 .............................................. 107 ANNEXES Hans-Georg Gadamer, « Comme Platon à Syracuse» ......................................... 141 Quelques réactions de la presse allemande et française .. 145 00.... ............................. NOT'E EN 2014 Jean-Luc Nancy Le docuJnent ici publié est déjà muni de tout un appareil de présentation et de commentaires: il pour rait paraître indécent d'y ajouter. Ce n'est pourtant pas sans raison que Michel Surya, coéditeur de ce volume avec l'Institut Mémoires de l'édition contem poraine, a eu le souci de situer cette publication dans le contexte où elle intervient, en 2014, vingt-six ans après la conférence de Heidelberg. Il m'a demandé de rédiger une note à cet effet. Si je n'ai pas parti cipé à la rencontre de Heidelberg, il se trouve que les trois acteurs du débat ne sont plus aujourd'hui parmi nous. Mes liens avec deux d'entre eux et mon rapport en général avec l'œuvre de Heidegger me permettent de risquer une réponse à cette demande. La durée qui nous sépare de 1988 dépasse large ment les douze ans qui séparaient cette rencontre de la 7nort de Heidegger. Elle a porté une histoire toujours plus lourde de mutations profondes aux suites moins prévisibles que jamais j la pensée s'en trouve requise de manière toujours altérée. En même temps, les publi cations posthumes de Heidegger ont considérablement progressé, ne cessant d'alimenter des débats qui, eux, ne sont pas toujours en progrès. NOTE EN 2014 Jean-Luc Nancy Le document ici publié est déJà muni de tout un appareil de présentation et de commentaires: il pour rait paraître indécent d'y ajouter. Ce n'est pourtant pas sans raison que Michel Surya, coéditeur de ce volume avec l'Institut Mémoires de l'édition contem poraine, a eu le souci de situer cette publication dans le contexte où elle intervient, en 2014, vingt-six ans après la conférence de Heidelberg. Il m'a demandé de rédiger une note à cet effet. Si je n'ai pas parti cipé à la rencontre de Heidelberg, il se trouve que les trois acteurs du débat ne sont plus aujourd'hui parmi nous. Mes liens avec deux d'entre eux et mon rapport en général avec l'œuvre de Heidegger me permettent de risquer une réponse à cette demande. La durée qui nous sépare de 1988 dépasse large ment les douze ans qui séparaient cette rencontre de la mort de Heidegger. Elle a porté une histoire toujours plus lourde de mutations profondes aux suites moins prévisibles que jamais " la pensée s'en trouve requise de manière toujours altérée. En même te1nps, les publi cations posthumes de He'idegger ont considérablement progressé, ne cessant d'alimenter des débats qui, eux, ne sont pas toujours en progrès. 12 Jean-Luc Nancy Il est inévitable que la lecture en 2014 de ces échanges de 1988 révèle d'un certain décalage. Je n'entreprends pas de l'analyser. Il est en revanche facile de supposer qu'au moment où se publient les Schwarze Hefte de Heidegger certains ne manqueront pas d'assener des jugements sur une candeur rela tive des propos de 1988 au regard des affirmations antisémites que nous pouvons lire aujourd'hui dans ces cahiers (en même temps que nous y lisons aussi une déclaration contre l'antisémitisme). En fait il me semble qu'il faut distinguer: - d'une part, il est certain que l'absence) dans les œuvres publiées de Heidegger) de tout argument explz'cite en faveur de ce que Peter Trawny nomme l'« antisémitisme historiaI» révèle bien une disparité ou une distorsion sur laquelle ilfaut s'interroger; - d'autre part) il n'en est pas moins certain que cette révélation ne touche pas à l'essentiel de ce qui était déjà discuté en 1988) à savoir le silence à très peu près total de Heidegger sur « Auschwitz ». Parler de ce silence) c'était déjà parler de ce qui n'est donc pas une « révélation» comparable à celle d'un crime impuni. Il y a donc aujourd'hui deux tâches distinctes: l'une est de comprendre pourquoi Heidegger a réservé l'« antisémitisme historial » à des notes personnelles dont il a pourtant lui-même voulu la publication posthume; l'autre est de poursuivre l'examen de ce quz' sépare ce que Heidegger a été en mesure de penser - ou d'z'ndiquer dans la pensée - et ce qu'z'l n'a pas été capable de discerner.