DOSSIER DE PRESSE 4 18 déc. 1 0 2 5 31 mars 1 0 2 or De l’ , anges Peintures des Andes, des XVIe - XVIIIe siècles et des roses dPeri leat -cGoalluedctiiboenr t Ange arquebusier (Uriel Dei) - Anonyme, école de Cuzco (Pérou) Photo : Thierry Foulon et Goretti Aires 10 rue Fleuriau 17000 La Rochelle 05.46.41.46.50 [email protected] www.alienor.org/musees www.facebook.com/mah17000 Sommaire COMMUNIQUÉ DE PRESSE ......................................................3 Autour de l'exposition ............................................................4 Passion et partage : la collection Priet-Gaudibert ..................5 La peinture du vice-royaume du Pérou XVIe au XVIIIe siècle ....6 Le musée du Nouveau Monde .............................................10 Illustrations pour la presse ....................................................11 Direction des musées d’Art et d’Histoire Ville de La Rochelle 10, rue Fleuriau 17000 La Rochelle 05 46 41 46 50 [email protected] COMMUNIQUÉ DE PRESSE De l’or, des anges et des roses Peintures des Andes XVIe - XVIIIe siècles de la collection Priet-Gaudibert Exposition temporaire au musée du Nouveau Monde à La Rochelle (17) du 18 décembre 2014 au 31 mars 2015 Grâce à la générosité d’un couple de collectionneurs passionnés, Gérard et Catherine Priet Gaudibert, la peinture andine de l’époque coloniale s’expose dans toute son originalité qui mêle influences indienne et occidentale. Une trentaine de toiles, choisies pour leur thématique joyeuse et colorée, vous transporteront vers un monde exotique où le merveilleux rime avec or et couleurs. Rendez-vous au musée du Nouveau Monde du 18 décembre 2014 au 31 mars 10, rue Fleuriau 17000 La Rochelle 2015 pour partir à la découverte d’une école picturale les plus originales et florissantes de l’art colonial hispano américain, qui s'est développée de la fin du XVIe au début du XVIIIe siècle. Une collection extrêmement rare, qui nécessite le détour ! MUSÉES D’ART ET D’HISTOIRE En l’espace de cent ans, à partir du milieu du XVIIe siècle, sous l’impulsion de l’évêque de Contact presse : Cuzco, est née une des écoles picturales les plus originales et florissantes de l’art colonial Anne MICHON espagnol. Attachée de presse Les œuvres, destinées à l’évangélisation des Indiens, témoignent de la connaissance de 06 17 01 43 72 l’art européen, via les gravures notamment, venues d’Espagne, d’Italie ou de Flandres. Elles [email protected] témoignent aussi de particularités indiennes : « incaïsation » des personnages, couleurs vives, vêtements des saints à la dorure éclatante selon le procédé du « brocateado* », fleurs, Annick NOTTER fruits, oiseaux exotiques… La frontalité, l’absence de profondeur et de perspective linéaire Conservatrice en chef sont également caractéristiques de cet art sans parler des visages parfois schématisés en 05 46 41 46 50 particulier pour le Christ représenté avec une barbe en pointe et des sourcils en arcade. [email protected] Toutes ces œuvres d’artistes européens et de peintres indiens ou métis souvent anonymes illustrent cette hybridation et ce regard en miroir de deux civilisations. Un fait majeur demeure : la nécessité de frapper les imaginations, de reprendre la croyance Informations pratiques : des peuples indiens afin de l’adapter au discours religieux souhaité par le pouvoir en place. Horaires du 1er octobre au 30 juin Ainsi les anges arquebusiers sont présentés vêtus à l’espagnole et assimilés aux divinités lundi, mercredi, jeudi et vendredi qui, dans le panthéon inca, incarnaient le tonnerre et la foudre. De même, on trouve de : nombreux tableaux représentant la Sainte Trinité sous les traits de trois jeunes hommes 9h30 - 12h30 / 13h45 - 17h identiques alors que la représentation trinitaire sous cette même forme était interdite en samedi, dimanche et jours fériés : Europe ! Mais les Incas, dans leur panthéon, avaient trois dieux qui étaient des frères triplés. 14h - 18h Sachant cela, les divers ordres religieux commandèrent de nombreux tableaux représentant Dieu, le Christ et l’Esprit Saint sous les traits de trois jeunes hommes identiques et cette Fermeture : les mardis, les 1er représentation trinitaire fut largement diffusée dans tout le vice-royaume. janvier, 1er mai, 14 juillet, 1er et 11 novembre, 25 décembre. L’école de Cuzco est le foyer le plus célèbre de cette foisonnante création coloniale d’Amérique du Sud mais elle n’est pas unique. Cette production, qui a fasciné les foules indiennes, a Tarif : 4,50 € / Tarif réduit : 3,50 € néanmoins disparu au moment de l’indépendance des différents États d’Amérique du Sud. Entrée gratuite pour les moins Grâce à la générosité d’un couple de collectionneurs passionnés, Gérard et Catherine Priet de 18 ans, étudiants, détenteurs Gaudibert, une trentaine de toiles, choisies pour leur thématique joyeuse et colorée, vous de la carte Pass’annuel, les transporteront vers un monde exotique où le merveilleux rime avec or et couleurs. L’occasion demandeurs d’emploi... d’entrouvrir les portes d’un monde artistique souvent ignoré, de partir à la découverte d’un art à la fois naïf et pétri de références, proche de nos canons et pourtant terriblement étranger et de donner l’envie de l’explorer plus avant. * technique qui consiste à passer sur une dorure une couche de peinture ensuite partiellement retirée pour obtenir des effets décoratifs. Autour de l'exposition Catalogue de l’exposition Auteurs Gérard Priet, académicien associé, Académie des Sciences morales, des Lettres et des Arts de Versailles Annick Notter, conservatrice en chef des musées d’Art et d’Histoire de La Rochelle. Sommaire Remerciements Introduction par Gérard Priet La peinture du vice-royaume du Pérou, XVIe-XVIIIe siècles par Gérard Priet Image, modèle et invention dans la peinture andine du XVIe au XVIIIe siècle par Annick Notter, Bibliographie succincte Éditions des Musées d'Art et d'Histoire 48 pages, Prix de vente : 10 € Dimanches au musée du Nouveau Monde Dimanche 4 janvier à 15h00 : atelier créatif en famille autour de l’exposition avec Cécile Cuzzubbo, plasticienne. Dimanche 8 février à 15h00 : La peinture du vice-royaume du Pérou par Gérard Priet Pendant les vacances d’hiver : ateliers créatifs pour tous avec Cécile Cuzzubbo, plasticienne (dates et programme en cours de finalisation) 4 Passion et partage : la collection Priet-Gaudibert La carrière professionnelle de Gérard Priet, l’a amené à effectuer de nombreux voyages et séjours à travers le monde avec épouse, Catherine. C’est au cours de leurs résidences en Amérique latine qu’ils se sont passionnés pour l’art et en particulier, pour la peinture du vice-royaume du Pérou, immense territoire correspondant alors au Vénézuela, à la Colombie, à l’Équateur, au Pérou, à la Bolivie et à une partie de l’Argentine et du Chili actuels. Gérard et Catherine Priet Gaudibert découvrent alors la somptuosité de l’architecture baroque brésilienne, péruvienne et équatorienne aux intérieurs d’églises couverts d’or, un art particulièrement méconnu en Europe. Il s’agissait « probablement de montrer aux Indiens la puissance et le triomphe de l’église catholique, mais aussi de leur rappeler le scintillement des bougies sur les murs recouverts d’or ou d’argent de leurs temples, scintillement qui les fascinait car les murs paraissaient vivants comme l’étaient le soleil et la lune, dieux qu’ils vénéraient » écrit Gérard Priet dans l’introduction au catalogue de l’exposition temporaire, De l’or, des anges et des roses, présentée au musée du Nouveau Monde de La Rochelle du 18 décembre 2014 au 31 mars 2015. Cette impression de profusion de lumière et d’énergie était complétée par un très riche mobilier : devants d’autels en argent, chandeliers, tabernacles également en argent, extrait de la grande mine du Cerro Rico à Potosi, et tableaux religieux représentant des scènes de la Bible et des Évangiles, de nombreuses Vierges et des anges aux costumes magnifiques, peints de couleurs vives et recouverts d’or. Ils acquièrent quelques tableaux au Brésil et en Argentine. La passion grandissant, ils achètent également des œuvres – peinture, sculpture, argenterie ou petit mobilier – aux États-Unis. S’ils sont des collectionneurs passionnés, Gérard et Catherine Priet-Gaudibert sont aussi des passeurs de mémoire généreux : « Notre philosophie nous amène à penser que lorsque l’on a de jolies choses, les garder pour soi est égoïste ». Et ils partagent et transmettent leur passion en mettant à disposition des musées tout ou partie de leur collection afin que le public puisse découvrir cet art inconnu en Europe. Leur collection a ainsi fait l’objet d’expositions dans de nombreux musées. L’exposition, De l’or, des anges et des roses, présentée au musée du Nouveau Monde de La Rochelle, est née de leur rencontre avec Annick Notter, conservatrice en chef des musées. « Le choix des toiles présentées pour cette exposition ne s’est pas fait sur une base stylistique particulière. L’objet n’est ni de mettre en avant l’école de Cuzco, ni de comparer les pièces venues de la vice-royauté du Pérou avec celles provenant de l’aire mexicaine. Le but premier est de séduire le visiteur par cet art à la fois naïf et pétri de références, coloré et joyeux, proche de nos canons et pourtant terriblement étranger » précise Gérard Priet. « La petite sélection d’environ vingt-cinq pièces souhaite transporter le public dans un monde où le merveilleux rime avec or et couleurs et lui entrouvrir les portes d’un monde artistique qu’il ignore et dont nous espérons qu’il aura envie de 5 l’explorer plus avant ». Au delà de leur prêt généreux, il faut aussi souligner l’extrême disponibilité et la participation active de Monsieur et Madame Priet-Gaudibert à l’organisation de l’exposition, De l’or, des anges et des roses, et à l’écriture de son catalogue. La peinture du vice-royaume du Pérou XVIe au XVIIIe siècle Résumé du texte écrit par Gérard Priet pour le catalogue de l’exposition. À la croisée des cultures indiennes et espagnoles, la peinture baroque andine dégage une force somptueuse qui nous touche aujourd’hui par son originalité. Elle a pourtant vécu un long purgatoire car longtemps considérée comme une pâle imitation de l’art européen importé par des peintres italiens, flamands ou espagnols venus participer à l’œuvre d’évangélisation des Indiens d’Amérique latine. Elle fut également méprisée par son aspect naïf, la régression supposée de ses techniques, son manque de proportions harmonieuses, son abus de couleurs vives et d’or et sa profusion d’éléments décoratifs. Qui plus est, 95 % des tableaux sont peints par des artistes qui ne signent pas ou n’ont pas le droit de signer leurs œuvres. Faisant suite à la conquête de l’Amérique latine par les conquistadors espagnols, la peinture baroque des Andes a été créée pour évangéliser les populations amérindiennes, les édifier et frapper leur imagination pour qu’ils adhérent à la foi chrétienne. Inspirées de modèles venus d’Italie, d’Espagne ou des Flandres, ces œuvres d’artistes européens et de peintres indiens ou métis illustrent cette hybridation. Ainsi se reflète l’histoire complexe d’une peinture qui va s’affranchir peu à peu des canons de l’art européen et proposer une « vision en miroir » de notre propre civilisation, c’est-à-dire des scènes de la Bible reprises par les indiens avec leur propre regard. Œuvre métisse donc, symbole de la prospérité économique et de la mise en route d’un processus de « transculturation »1 avec une hiérarchie sociale en recomposition et un amalgame religieux mêlant croyances indiennes et ferveur Apparition de la Vierge de Caima, Anonyme, école d’Aréquipa (Pérou), vers 1725 catholique au sein de motifs profondément originaux. Après la conquête violentes du Pérou par Francisco Pizarro, les conquistadors, assoiffés d’or et d’argent pillent les régions asservies. Pour assoir son autorité, le roi d’Espagne crée le vice royaume du Pérou dans les Andes, un territoire immense que l’Église cherche à évangéliser. Parallèlement en Europe, en ce milieu du XVIe siècle, l’église catholique traverse une crise violente. Nous sommes au temps de la Réforme 1 Notion analysée par le professeur Silvia Spitta du Darmouth College de Hanover (États-Unis) dans son livre : Between Two Waters: Narratives of Transculturation in Latin America. 6 initiée par Martin Luther et Jean Calvin face à laquelle l’Église réagit en lançant la Contre Réforme. Le concile de Trente (1545-1563) définit une stratégie de reconquête des âmes. Plusieurs axes de cette stratégie auront une importance capitale pour l’évangélisation du Pérou. L’usage des images saintes et des reproductions de tableaux religieux est encouragé pour soutenir les prêches des missionnaires et enseigner la foi catholique des populations ne sachant ni lire, ni écrire. Par ailleurs, les missionnaires construisent de nombreuses églises et couvents à travers tout le royaume. Des peintres européens arrivent pour la décoration de ces édifices. Même s’il s’agit alors d’un art encore exclusivement européen où aucun artiste indien ne peint, on commence à percevoir des différences avec les tableaux peints en Europe. Selon le message à faire passer, le style de composition se modifie. Les scènes narratives, tirées de la Bible, des Évangiles ou même des Évangiles apocryphes sont animées de plusieurs personnages absorbés dans une action comme dans La Fuite en Égypte. L’intrusion du divin dans la vie terrestre d’un personnage est souvent traduite par une partition de la toile en deux zones, superposant ou juxtaposant monde céleste et monde d’ici-bas, ainsi dans Saint-François d’Assise recevant les stigmates. La représentation d’un personnage céleste pris isolément soit sur terre (anges arquebusiers), soit au ciel (Marie reine des Cieux) donne lieu à a la mise en valeur d’une seule figure, autour de laquelle les autres éléments restent discrets ou bien disparaissent. Enfin, l’illustration de concepts religieux (La Sainte Trinité par exemple) fait appel à des images statiques et frontales, ordonnées, d’une symétrie axiale peu fréquente en Europe. Au début du XVIIe siècle, la tâche d’évangélisation reste énorme. Les missionnaires européens volontaires pour l’Amérique sont moins nombreux. De même, pour les peintres européens. Les jésuites encouragent les Indiens La Sainte Trinité et l’arche d’Alliance, à rejoindre les ateliers de peinture mais ils ne sont pas autorisés à signer leurs Anonyme, école de Cuzco (Pérou), vers 1720 œuvres et restent des aides, soigneusement encadrés par la guilde des peintres. En 1650, Cuzco est détruite par un grand tremblement de terre. Presque tous ses édifices sont détruits et d’innombrables œuvres d’art disparaissent. Sous l’impulsion de l’évêque Monseigneur Manuel de Mollinedo y Angulo, Cuzco est reconstruite avec la volonté de donner à son église un cadre encore plus éclatant qu’avant le tremblement de terre. Homme cultivé et amateur d’art, l’évêque met disposition des artistes péruviens sa collection d’art européen emporté avec lui et devient le mécène de peintres incas comme Quiste Tito Inca (1611 1681) ou Basilio de Santa Cruz Pumacallao. Quispe Tito Inca est probablement le plus célèbre peintre des Andes du XVIIe siècle. S’il s’inspire des gravures européennes pour ses tableaux, il est le premier à y introduire des éléments andins comme des colibris messagers des dieux, des fleurs sacrées et l’usage important du brocateado2. Il use de jeux de couleurs, couleurs chaudes pour la terre et les éléments terrestres, couleurs froides pour les paysages et mélange bâtiments flamands à des paysages de montagnes. Ce nouveau type de peinture devient très populaire et nombreux sont les peintres qui reprennent ces thèmes. 2 Technique qui consiste à passer sur une dorure une couche de peinture ensuite partiellement retirée pour obtenir des effets décoratifs. 7 Plus curieusement, une autre zone d’influence apporte aussi ses effets faisant suite à l’établissement par les Espagnols d’une ligne maritime entre Manille aux Philippines et Acapulco au Mexique. La diffusion des objets japonais ou chinois (paravents, nacres…) au Mexique et au Pérou inspirent certains peintres du XVIIIe siècle. On trouve dans certains tableaux des représentations de poteries chinoises ou d’assiettes en porcelaine japonaises, tout à fait étonnantes dans un cadre typiquement sud- américain. Après les campagnes d’extirpation de l’idolâtrie dans la première moitié du XVIIe siècle, les ordres religieux se montrent plus cléments dans les thèmes qu’ils commandent aux artistes. Prenons pour exemple, la représentation de Joseph. L’iconographie européenne, à la fin du Moyen Âge, le représente en homme âgé ce qui pose problème aux Indiens. Comment un vieillard, avec sa femme et son bébé peut-il affronter la traversée vers l’Égypte ! Joseph est donc rajeuni, représenté à l’âge de 20-25 ans et Marie parait avoir 15 ans, afin de pouvoir franchir le désert, ce lieu que les Indiens connaissent bien avec ses dangers, tel le terrible désert d’Atacama. Le Repos pendant la fuite en Égypte, Attribué à Diego Quispe Tito Inca, école de Cuzco (Pérou), vers 1675. Le concile de Trente avait aussi précisé l’iconographie de la Sainte Famille, des saints et de plusieurs thèmes religieux. C’est ainsi que la représentation trinitaire de Dieu, du Christ et de l’Esprit Saint par trois jeunes hommes identiques est interdite en Europe. Sachant que les Incas, avaient dans leur panthéon, trois dieux qui étaient des frères triplés, les ordres religieux commandent de nombreux tableaux représentant Dieu, le Christ et l’Esprit Saint sous les traits de trois jeunes hommes identiques. Une représentation trinitaire largement diffusée dans tout le vice-royaume. À la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, des mouvements de révolte surgissent. La noblesse inca, à qui le roi d’Espagne avait donné des armoiries, s’estime confinée dans des rôles subalternes. Pour montrer sa fidélité au roi d’Espagne mais aussi son insatisfaction, les nobles se font peindre en costume inca dans les tableaux représentant des fêtes religieuses chrétiennes comme la fête du Corpus Christi. Plus tard, au XVIIIe siècle, ils se font portraiturer à la façon des portraits de familles aristocratiques espagnoles, avec leurs armoiries espagnoles mais revêtus de leurs costumes incas. De leur côté, en 1688, les peintres indiens, s’estimant exploités par les peintres créoles quittent la guilde des peintres. Suivant l’exemple de Quispe Tito Inca, les artistes indiens ont élaboré une technique bien à eux dans l’usage de la perspective, portant un regard frontal, créant un monde plat, presque stylisé, « achatado »3. La scène religieuse n’est plus traitée comme une scène réelle, les personnages deviennent stéréotypés, la Vierge Marie est identifiée à la Pachamama, déesse de la fertilité ou à Mama Occlo, déesse fondatrice de Cuzco. Sa représentation n’est plus celle d’une femme, mais celle d’une statue en vue frontale et idéalisée. Les statues de cultes locaux comme la Virgen de Belèn (Bethléem), la Virgen 3 Aplati, écrasé 8 de Guadalupe, de Pomata, de Cocharcas ou de Guàpalo… sont ainsi représentées par centaines en peinture. Au XVIIIe siècle, la demande de tableaux ne faiblit pas. Il n’est pas rare de trouver des commandes de 300 ou 400 tableaux à livrer en quelques mois. Pour répondre à la demande, les peintres s’organisent en ateliers quasi industrialisé où chacun a sa spécialité : au maître les têtes, aux aides expérimentés les costumes, aux apprentis les fonds, souvent unicolores. La qualité s’en ressent. A partir de 1700, avec Philippe II, petit-fils de Louis XIV sur le trône d’Espagne, l’influence française s’affirme et le goût rococo est à la mode. Mais peu de peintres de valeur marquent l’époque. L’exil des jésuites, en 1763, accélère la baisse de qualité artistique déjà notée. Toutefois, Marcos Zapata (1710-1773), puis Cipriano de Toledo y Gutierrez, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, laissent des œuvres admirables où prédominent des rouges et des bleus assez pâles. En 1780, une révolte indienne éclata. Tupac Amaru II remporte quelques victoires sur les Espagnols mais finit par être exécuté. À titre de représailles, les Espagnols brûlent un grand nombre de tableaux où les Indiens apparaissent Ange arquebusier (Uriel Dei), en costumes traditionnels. Le tableau Aparicion de la Virgen de Caima de Anonyme, école de Cuzco (Pérou), 1725 avec ses Indiens en uncu (vêtement traditionnel inca), rescapé de ces XVIIIe siècle ou début de l’époque postcoloniale destructions, est un témoignage fort rare sur les Indiens de cette époque. A la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, l’indépendance du vice royaume du Pérou est une histoire compliquée qui n’aboutit pas à la création d’un nouveau pays, mais vit son morcellement en plusieurs états, suivi d’une période d’instabilité politique et de guerres intestines. Le goût change, les peintres font le Grand Tour en Europe et Paris se substitue à Rome comme capitale des arts. La population européenne et créole se regroupe dans les grandes villes. Les Indiens sont abandonnés à leur sort. Les écoles de Cuzco, de Lima, de Potosi, du Lac Titicaca cessent de vivre. Seuls quelques peintres indiens, sans aucune formation, reproduisent encore sur de petits tableaux en bois ou en fer-blanc, les peintures de Vierge des deux siècles précédents. C’est donc un art bien limité dans le temps, 1535- 1827, bien défini géographiquement, à peu près toute l’Amérique latine hors le Brésil, à but pédagogique, « il s’agit de faire des Indiens de bons chrétiens par la séduction », qui s’épanouit pendant deux grandes périodes, à dominante européenne de 1535 à 1650 environ et mâtiné d’influence indienne de 1660 à 1827 qui reste toujours comme une vision en miroir de notre civilisation occidentale. 9 Le musée du Nouveau Monde Un musée dédié aux relations de la France avec les Amériques Le musée du Nouveau Monde, voulu et inauguré en 1982 par Michel Crépeau, maire de la Rochelle, est installé dans un hôtel particulier du XVIIIe siècle, l’hôtel Fleuriau, qui porte le nom de la famille qui l’habita de 1772 à 1974. Construit entre 1740 et 1750 selon la mode parisienne (un corps central encadré de deux ailes autour d’une cour fermée par un grand portail) par Jean Regnaud de Beaulieu, cette demeure est achetée en 1772 par Aimé Benjamin Fleuriau (1709- 1787), rentré enrichi de sa plantation de Saint-Domingue. Quelques années plus Musée du Nouveau Monde, tard, vers 1780, grâce à l’acquisition d’une parcelle donnant sur la rue parallèle, façade néo-classique rue Gargoulleau l’hôtel est agrandi d’un corps de bâtiment adossé à la première construction, communiquant intérieurement par des portes percées à chaque demi-étage et ouvert sur un jardin. Ce musée consacré aux relations de la France avec les Amériques a été salué lors de sa création pour son originalité et son regard sur un pan de notre histoire alors peu traité puisqu’il fut en effet le premier à parler du passé négrier d’un 10 rue Fleuriau 17000 La Rochelle port français et à exposer les éléments liés à la traite des noirs et à l’esclavage 05.46.41.46.50 [email protected] dans les colonies des Antilles. www.alienor.org/musees/ Au fil des acquisitions menées depuis sa création, il s’est voulu autant le miroir www.facebook.com/mah17000 d’une Amérique découverte et explorée par la vieille Europe que le reflet d’une ville dynamique et commerçante enrichie économiquement et culturellement par le nouveau continent. Horaires : du 1er octobre au 30 juin Peintures, dessins, gravures, cartes anciennes, objets d’art décoratif et lundi, mercredi, jeudi et vendredi : photographies évoquant le Brésil, le Canada ou la Louisiane se déploient 9h30 - 12h30 / 13h45 - 17h donc dans ces magnifiques espaces rocailles et néo-classiques. Expositions samedi, dimanche et jours fériés : 14h - 18h temporaires et création contemporaine y trouvent également leur place grâce à une politique scientifique et culturelle dynamique et soucieuse de préserver la du 1er juillet au 30 septembre cohérence originale et originelle du musée. lundi, mercredi, jeudi et vendredi : 10h - 13h / 13h45 - 18h samedi, dimanche et jours fériés : Exposition à venir : 14h - 18h Les fils de Corbeau : Indiens de la côte nord-ouest (Automne 2015) Fermeture : les mardis, les 1er janvier, 1er mai, 14 juillet, 1er et 11 novembre, 25 décembre. CONTACT PRESSE Anne MICHON - 06 17 01 43 72 Tarifs : Attachée de Presse Ville de La Rochelle et Communauté d’Agglomération 4,50 € / Réduit : 3,50 € [email protected] Entrée gratuite pour les moins de 18 ans, étudiants, détenteurs de la Annick NOTTER - 05 46 41 46 50 carte Pass’annuel, les demandeurs Conservatrice en chef des Musées d’Art et d’Histoire de La Rochelle d’emploi... [email protected] 10
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