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La chute de la maison Usher Edgar Allan Poe PDF

34 Pages·2001·0.11 MB·French
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Mars 2001 La chute de la maison Usher Edgar Allan Poe Pour un meilleur confort de lecture, je vous conseille de lire ce livre en plein Øcran [CTRL] + L Le webmaster de Pitbook.com Son coeur est un luth suspendu; Sit(cid:244)t qu’on le touche, il rØsonne. De BØranger Pendant toute la journØe d’automne, journØe fuligineuse, sombre et muette, oø les nuages pesaient lourd et bas dans le ciel, j’avais traversØ seul et (cid:224) cheval une Øtendue de pays singuliŁrement lugubre et, enfin, comme les ombres du soir approchaient, je me trouvai en vue de la mØlancolique Maison Usher. Je ne sais comment cela se fit, mais, au premier coup d’oeil que je jetai sur le b(cid:226)timent, un sentiment d’insupportable tristesse pØnØtra mon (cid:226)me. Je dis insupportable, car cette tristesse n’Øtait nullement tempØrØe par une parcelle de ce sentiment dont l’essence poØtique fait presque une voluptØ, et dont l’(cid:226)me est gØnØralement saisie en face des images naturelles les plus sombres de la dØsolation et de la terreur. Je regardais le tableau placØ devant moi et, rien qu’(cid:224) voir la maison et la perspective caractØristique de ce domaine, les murs qui avaient froid, les fenŒtres semblables (cid:224) des yeux distraits, quelques bouquets de joncs vigoureux, quelques troncs d’arbres blancs et dØpØris, j’Øprouvais cet entier affaissement d’(cid:226)me, qui, parmi les sensations terrestres, ne peut se mieux comparer qu’(cid:224) l’arriŁre-rŒverie du mangeur d’opium, (cid:224) son navrant retour (cid:224) la vie journaliŁre, (cid:224) l’horrible et lente retraite du voile. C’Øtait une glace au coeur, un abattement, un malaise, une irrØmØdiable tristesse de pensØe qu’aucun aiguillon de l’imagination ne pouvait raviver ni pousser au grand. Qu’Øtait donc - je m’arrŒtai pour y penser - qu’Øtait donc ce je ne sais quoi qui m’Ønervait ainsi en contemplant la Maison Usher? C’Øtait un mystŁre tout (cid:224) fait insoluble, et je ne pouvais pas lutter contre les pensØes tØnØbreuses qui s’amoncelaient sur moi pendant que j’y rØflØchissais. Je fus forcØ de me rejeter dans cette conclusion peu satisfaisante, qu’il existe des combinaisons d’objets naturels trŁs simples qui ont la puissance de nous affecter de cette sorte, et que l’analyse de cette puissance g(cid:238)t dans des considØrations oø nous perdrions pied. Il Øtait possible, pensais-je, qu’une simple diffØrence dans l’arrangement des matØriaux de la dØcoration, des dØtails du tableau, suffit pour modifier, pour annihiler peut-Œtre cette puissance d’impression douloureuse; et, agissant d’aprŁs cette idØe, je conduisis mon cheval vers le bord escarpØ d’un noir et lugubre Øtang, qui, miroir immobile, s’Øtalait devant le b(cid:226)timent; et je regardai, mais avec un frisson plus pØnØtrant encore que la premiŁre fois, les images rØpercutØes et renversØes des joncs gris(cid:226)tres, des troncs d’arbres sinistres, et des fenŒtres semblables (cid:224) des yeux sans pensØe. C’Øtait nØanmoins dans cet habitacle de mØlancolie que je me proposais de sØjourner pendant quelques semaines. Son propriØtaire, Roderick Usher, avait ØtØ l’un de mes bons camarades d’enfance; mais plusieurs annØes s’Øtaient ØcoulØes depuis notre derniŁre entrevue. Une lettre cependant m’Øtait parvenue rØcemment dans une partie lointaine du pays, une lettre de lui, dont la tournure follement pressante n’admettait pas d’autre rØponse que ma prØsence mŒme. L’Øcriture portait la trace d’une agitation nerveuse. L’auteur de cette lettre me parlait d’une maladie physique aiguº, d’une affection mentale qui l’oppressait, et d’un ardent dØsir de me voir, comme Øtant son meilleur et vØritablement son seul ami, espØrant trouver dans la joie de ma sociØtØ quelque soulagement (cid:224) son mal. C’Øtait le ton dans lequel toutes ces choses et bien d’autres encore Øtaient dites, c’Øtait cette ouverture d’un coeur suppliant, qui ne me permettait pas l’hØsitation; en consØquence, j’obØis immØdiatement (cid:224) ce que je considØrais toutefois comme une invitation des plus singuliŁres. Quoique dans notre enfance nous eussions ØtØ camarades intimes, en rØalitØ, je ne savais pourtant que fort peu de chose de mon ami. Une rØserve excessive avait toujours ØtØ dans ses habitudes. Je savais toutefois qu’il appartenait (cid:224) une famille trŁs ancienne, qui s’Øtait distinguØe depuis un temps immØmorial par une sensibilitØ particuliŁre de tempØrament. Cette sensibilitØ s’Øtait dØployØe, (cid:224) travers les (cid:226)ges, dans de nombreux ouvrages d’un art supØrieur et s’Øtait manifestØe, de vieille date, par les actes rØpØtØs d’une charitØ aussi large que discrŁte, ainsi que par un amour passionnØ pour les difficultØs, plut(cid:244)t peut-Œtre que pour les beautØs orthodoxes, toujours si facilement reconnaissables, de la science musicale. J’avais appris aussi ce fait trŁs remarquable que la souche de la race d’Usher, si glorieusement ancienne qu’elle fßt, n’avait jamais, (cid:224) aucune Øpoque, poussØ de branche durable; en d’autres termes, que la famille entiŁre ne s’Øtait perpØtuØe qu’en ligne directe, (cid:224) quelques exceptions prŁs, trŁs insignifiantes et trŁs passagŁres. C’Øtait cette absence, pensais-je, tout en rŒvant au parfait accord entre le caractŁre des lieux et le caractŁre proverbial de la race, et en rØflØchissant (cid:224) l’influence que dans une longue suite de siŁcles l’un pouvait avoir exercer sur l’autre, c’Øtait peut- Œtre cette absence de branche collatØrale et la transmission constante de pŁre en fils du patrimoine et du nom, qui avaient (cid:224) la longue si bien identifiØ les deux, que le nom primitif du domaine s’Øtait fondu dans la bizarre et Øquivoque appellation de Maison Usher, appellation usitØe parmi les paysans, et qui semblait dans leur esprit, enfermer la famille et l’habitation de famille. J’ai dit que le seul effet de mon expØrience quelque peu puØrile, c’est-(cid:224)-dire d’avoir regardØ dans l’Øtang, avait ØtØ de rendre plus profonde ma premiŁre et si singuliŁre impression. Je ne dois pas douter que la conscience de ma superstition croissante, pourquoi ne la dØfinirais-je pas ainsi? n’ait principalement contribuØ (cid:224) accØlØrer cet accroissement. Telle est, je le savais de vieille date, la loi paradoxale de tous les sentiments qui ont la terreur pour base. Et ce fut peut-Œtre l’unique raison qui fit que, quand mes yeux, laissant l’image dans l’Øtang, se relevŁrent vers la maison elle-mŒme une Øtrange idØe me poussa dans l’esprit, une idØe, si ridicule, en vØritØ, que, si j’en fais mention, c’est seulement pour montrer la force vive des sensations qui m’oppressaient. Mon imagination avait si bien travaillØ que je croyais rØellement qu’autour de l’habitation et du domaine planait une atmosphŁre qui lui Øtait particuliŁre, ainsi qu’aux environs les plus proches, une atmosphŁre qui n’avait pas d’affinitØ avec l’air du ciel, mais qui s’exhalait des arbres dØpØris, des murailles gris(cid:226)tres et de l’Øtang silencieux, une vapeur mystØrieuse et pestilentielle, (cid:224) peine visible, lourde, paresseuse et d’une couleur plombØe. Je secouai de mon esprit ce qui ne pouvait Œtre qu’un rŒve, et j’examinai avec plus d’attention l’aspect rØel du b(cid:226)timent. Son caractŁre dominant semblait Œtre celui d’une excessive antiquitØ. La dØcoloration produite par les siŁcles Øtait grande. De menues fongositØs recouvraient toute la face extØrieure et la tapissaient, (cid:224) partir du toit, comme une fine Øtoffe curieusement brodØe. Mais tout cela n’impliquait aucune dØtØrioration extraordinaire. Aucune partie de la ma(cid:231)onnerie n’Øtait tombØe, et il semblait qu’il y eßt une contradiction Øtrange entre la consistance gØnØrale intacte de toutes ses parties et l’Øtat particulier des pierres ØmiettØes, qui me rappelaient complŁtement la spØcieuse intØgritØ de ces vieilles boiseries qu’on a laissØes longtemps pourrir dans quelque cave oubliØe, loin du souffle de l’air extØrieur. A part cet indice d’un vaste dØlabrement, l’Ødifice ne donnait aucun sympt(cid:244)me de fragilitØ. Peut-Œtre l’oeil d’un observateur minutieux aurait-il dØcouvert une fissure (cid:224) peine visible qui, partant du toit de la fa(cid:231)ade, se frayait une route en zigzag (cid:224) travers le mur et allait se perdre dans les eaux funestes de l’Øtang. Tout en remarquant ces dØtails, je suivis (cid:224) cheval une courte chaussØe qui me menait (cid:224) la maison. Un valet de chambre prit mon cheval, et j’entrai sous la voßte gothique du vestibule. Un domestique, au pas furtif, me conduisit en silence (cid:224) travers maint passage obscur et compliquØ vers le cabinet de son ma(cid:238)tre. Bien des choses que je rencontrai dans cette promenade contribuŁrent, je ne sais comment, (cid:224) renforcer les sensations vagues dont j’ai dØj(cid:224) parlØ. Les objets qui m(cid:146)entouraient, les sculptures des plafonds, les sombres tapisseries des murs, la noirceur d’ØbŁne des parquets et les fantasmagoriques trophØes armoriaux qui bruissaient, ØbranlØs par ma marche prØcipitØe, Øtaient choses bien connues de moi. Mon enfance avait ØtØ accoutumØe (cid:224) des spectacles analogues, et, quoique je les reconnusse sans hØsitation pour des choses qui m’Øtaient familiŁres, j’admirais quelles pensØes insolites ces images ordinaires Øvoquaient en moi. Sur l’un des escaliers, je rencontrai le mØdecin de la famille. Sa physionomie, (cid:224) ce qu’il me sembla, portait une expression mŒlØe de malignitØ basse et de perplexitØ. Il me croisa prØcipitamment et passa. Le domestique ouvrit alors une porte et m introduisit en prØsence de son ma(cid:238)tre. La chambre dans laquelle je me trouvais Øtait trŁs grande et trŁs haute les fenŒtres, longues, Øtroites, et (cid:224) une telle distance du noir plancher de chŒne qu’il Øtait absolument impossible d’y atteindre. De faibles rayons d’une lumiŁre cramoisie se frayaient un chemin (cid:224) travers les carreaux treillissØs et rendaient suffisamment distincts les principaux objets environnants; l’oeil nØanmoins s’effor(cid:231)ait en vain d’atteindre les angles lointains de la chambre ou les enfoncements du plafond arrondi en voßte et sculptØ. De sombres draperies tapissaient les murs. L’ameublement gØnØral Øtait extravagant, incommode, antique et dØlabrØ. Une masse de livres et d’instruments de musique gisait ØparpillØe (cid:231)(cid:224) et l(cid:224), mais ne suffisait pas (cid:224) donner une vitalitØ quelconque au tableau. Je sentais que je respirais une atmosphŁre de chagrin. Un air de mØlancolie (cid:226)pre, profonde, incurable, planait sur tout et pØnØtrait tout. A mon entrØe, Usher se leva d’un canapØ sur lequel il Øtait couchØ tout de son long et m’accueillit avec-une chaleureuse vivacitØ, qui ressemblait fort - telle fut, du moins, ma premiŁre pensØe - (cid:224) une cordialitØ emphatique, (cid:224) l’effort d’un homme du monde ennuyØ, qui obØit (cid:224) une circonstance. NØanmoins, un coup d’oeil jetØ sur sa physionomie me convainquit de sa parfaite sincØritØ. Nous nous ass(cid:238)mes, et pendant quelques moments, comme il restait muet, je le contemplai avec un sentiment moitiØ de pitiØ et moitiØ d’effroi. A coup sßr, jamais homme n’avait aussi terriblement changØ, et en aussi peu de temps, que Roderick Usher! Ce n’Øtait qu’avec peine que je pouvais consentir (cid:224) admettre l’identitØ de l’homme placØ en face de moi avec le compagnon de mes premiŁres annØes. Le caractŁre de sa physionomie avait toujours ØtØ

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Mars 2001. La chute de la maison. Usher. Edgar Allan Poe. Page 2. Pour un meilleur confort de lecture, je vous conseille de lire ce livre en plein écran.
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