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La chasse à l'homme, Guerres d'Algérie PDF

376 Pages·1891·0.99 MB·French
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LA CHASSE A L’HOMME GUERRES D’ALGÉRIE PAR LE COMTE D’HÉRISSON PARIS PAUL OLLENDORFF, ÉDITEUR 28 bis, RUE DE RICHELIEU, 28 bis 1891 Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. [email protected] D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e siècle), à télécharger gratuitement ou à lire sur place. PRÉFACE. III PRÉFACE Malgré tous les ouvrages qui ont été publiés sur l’Algérie, une interpellation au Sénat, qui a pris les proportions d’un véritable événement, m’a porté à croire que le moment est bien choisi pour ajouter un nouveau volume à ceux qu’on a déjà consacrés à notre grande colonie, volume qui a le mérite de révéler beaucoup de faits in- connus et dont l’accent de sincérité n’échappera à personne. La peine que j’ai prise de le composer témoi- gne que, pour mon compte, j’ai cru fermement qu’il devait servir à mon pays. Le mouvement irrésistible qui entraîne, à l’heure actuelle, Français, Allemands, Anglais, Belges et Italiens, vers le continent noir, et dans lequel se précipitera bientôt forcément l’Espagne, IV PRÉFACE. à la suite des signes de prochaine dissolution dont l’empire du Maroc est menacé par de formida- bles révoltes, ce mouvement a son point de dé- part, son idée géniale dans notre magnifique dé- veloppement sur les plus belles régions du nord de l’Afrique. Il est né autant d’un peu de jalousie que du besoin qu’éprouvent les nations de s’éten- dre et de s’agrandir, pour créer des déversoirs au trop plein de leurs populations, détourner leurs émigrants de l’Amérique, et détruire la concur- rence écrasante que fait celle-ci aux produits de plus en plus restreints de leur sol, au moyen de vastes cultures dans des colonies leur apparte- nant. Nous ne pouvons le trouver mauvais, n’ayant point à exhiber le plus petit testament d’Adam qui nous constitue seuls propriétaires ; mais la consolation nous est facile, puisque nous avons certainement la meilleure part à notre porte, et que le Transsaharien, en nous mettant en com- munication directe avec nos possessions plus lointaines, nous fera coparticipants aux avanta- ges des pays que nous ne posséderons pas. Alger, qui tient Tunis, sera donc la véritable ca- pitale de l’Afrique française, de la Méditerranée au lac Tchad, à l’océan Atlantique et au Congo. PRÉFACE. V De là rayonnera notre influence, et de là aussi partiront, il ne faut pas se le dissimuler, des trou- pes expéditionnaires. Le Sahara n’est pas aussi inhabité qu’on le croit généralement, et les Toua- regs et les Mores peuvent vouloir jouer avec les trains-éclairs. Nous allons nous heurter, dans les immenses espaces, à des peuplades inconnues, surgissant, comme de sombres apparitions, sur la mer tour- mentée des dunes de sable mouvant, et toujours prêtes pour la guerre. Nous souviendrons-nous que les puits arté- siens d’un simple ingénieur dans l’Oued-Rhir ont plus fait pour nous attacher les hommes du Souf que nos généraux, suivis d’interminables colon- nes ? Ou, reprenant des traditions moins semeuses de progrès et d’idées que de hauts faits d’armes et de bulletins parfois mensongers, commence- rons-nous par tuer une partie des gens et ruiner le reste, pour essayer de les civiliser après ? Ce sont ces traditions néfastes, qui ne fo- rent pas de puits, mais ouvrent entre les peuples d’infranchissables abîmes, que j’ai voulu tirer de l’ombre, où elles sommeillent peut-être plus qu’elles n’y sont mortes, pour en montrer les conséquences et plaider la cause du nomade et VI PRÉFACE. du sauvage contre l’Européen. Elles ont éternisé la lutte en Algérie et com- promis plus d’une fois la conquête et la coloni- sation, en mettant toujours le gantelet du soudard là où le gant de l’homme civilisé aurait souvent Mieux réussi. Le gouvernement de l’Algérie va passer dans d’autres mains ; quelles seront-elles ? Un hom- me était désigné : M. Étienne, sous-secrétaire d’État aux colonies, mais M. Étienne est député d’Oran, et son choix pourrait lui faire des jaloux, parmi ses collègues même de la représentation algérienne. C’est fâcheux, à mon avis. J’ai choisi de notre histoire dans ce pays l’époque la moins connue, celle qui a le moins tenté la plume des écrivains. La grande guerre est finie. On ne s’aligne plus face à face; on se traque vingt contre un, on s’assassine, et ce ne sont pas toujours les barbares qui paraissent les plus impitoyables. Selon mon habitude, j’ai fait appel aux té- moignages, j’ai demandé des renseignements aux hommes de bonne foi qui ont été mêlés aux événements de cette période, et ils ne m’ont mé- nagé ni les documents ni les souvenirs. Un officier supérieur, aussi modeste qu’ins- PRÉFACE. VII truit, brave soldat et bon patriote, a bien voulu me confier le journal qu’il tenait lorsque, jeune sous-lieutenant, rêvant de combats héroïques, il suivait les chasses à l’homme froidement or- ganisées, et assistait aux pillages à main armée auxquels répondaient le guet-apens et les têtes coupées en trahison. Je donne son récit presque tout entier, sauf les remaniements indispensa- bles, sans autres réticences au sujet de ses ap- préciations fréquemment très vives, que cel- les dues aux familles de certains personnages qui, pour eux-mêmes, ne mériteraient pas tant d’égards. C’est une des nécessités de l’histoire contem- poraine et elle a l’inconvénient grave d’induire en erreur la postérité, en jetant un voile sur bien des tares et les faisant bénéficier de l’absolution du silence ; mais Juvénal ni Pétrone ne sont plus de saison et eux-mêmes n’ont pas tout dit. J’ai complété ce journal précieux, base de mon travail, avec tout ce qui a été mis à ma dis- position de divers côtés. J’y ai joint ce que m’a dit personnellement le général Cousin de Mon- tauban, comte de Palikao, dont j’ai été le secrétai- re-interprète, et je crois être parvenu à peindre un tableau fidèle, où je n’ai flatté ni les vaincus ni les VIII PRÉFACE. vainqueurs, m’efforçant de traiter les uns et les autres avec une égale justice et la même impar- tialité froide, en ne disant que la vérité, sans pas- sion comme sans faiblesse. Quelques personnes trouveront peut-être ex- cessif le titre de ce livre. Il y a, en effet, quelque chose à dire contre lui et je vais le dire tout à l’heure, mais l’idée fondamentale de mon travail le comportait et je l’ai maintenu. « La chasse à l’homme », c’est la guerre des civilisés contre les Peaux-Rouges, qui a prépa- ré les destinées du nouveau monde. La guerre d’Afrique a eu un tout autre caractère. C’était bien une guerre, une vraie guerre, très dure, très laborieuse, très difficile, mais sui generis. Le lec- teur en jugera. Ce sui generis, notre incommen- surable vanité s’est refusée à en saisir la mesure. Elle a vu dans les soldats de la guerre d’Afrique les continuateurs de ceux d’Austerlitz et d’Iéna, les précurseurs des futures grandes victoires en Europe, et dans les généraux, heureux à cette guerre, des éminents, des illustres, des capitai- nes d’armée. Ils le crurent de très bonne foi et on a vu le plus insigne vaniteux d’entre eux (qui, de toute sa vie militaire, n’avait commandé que 1900 hommes au combat de l’Oued-Foddah) dire PRÉFACE. IX solennellement à la France menacée, sans rire et sans faire rire, « qu’il avait l’habitude de vaincre et l’art de manier les troupes ». Jusqu’à sa mort il est resté grand capitaine, et sur sa tombe, en termes olympiens, on le lui a dit. La nation, l’armée, ont vécu dans ce périlleux mirage jusqu’en 1870, convaincus que le princi- pe algérien du « débrouillez-vous », qui suffisait devant les Arabes, suffirait partout. Nos victoi- res de 1859, en Italie, l’affirmaient surabondam- ment, autre mirage pire encore que le premier, car il nous confirma définitivement dans l’aban- don des études attentives, des comparaisons qui éclairent, des persévérants efforts qui créent pen- dant les longues paix le progrès des armes et pré- parent les succès des guerres à venir. Voilà pourquoi la continuité et la diversité de nos guerres ont beaucoup moins bien servi no- tre état militaire, que soixante ans de paix mer- veilleusement employés n’ont servi l’état mili- taire prussien. Au surplus, la question très intéressante de l’influence qui fut loin d’être unique, mais qui fut, je pense, principale, de nos traditions mili- taires algériennes sur les événements de 1870, ne X PRÉFACE. peut être ainsi traitée en quelques lignes ni même en beaucoup de lignes ; mais j’ai cru de mon de- voir de la signaler. COMTE D’HÉRISSON. Je reproduis sur la couverture de ce volume un dessin original fait par Horace Vernet et qui mérite que je lui consacre quelques lignes. Un soir, après dîner chez mon père, le Maître, à la suite d’une conversation sur l’Algérie, trempa sa cigarette dans l’encrier, en guise d’estompe, et s’en servit pour esquisser, avec quelques traits de plume, la tête d’un des khalifas d’Abd-el-Kader, qui l’avait particulièrement frappé.

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