Je lève la tête L’arbre que j’abats Comme il est calme ! Issekiro La barque et le rivage Bavardent Longue journée Shiki Sur une branche nue Un corbeau s’est posé Crépuscule automnal Bashô Un camélia Tomba, tuant Un taon Sôseki Le chaton Flaire L’escargot Saimaro 1 Devant le chrysanthème blanc Ils hésitent un instant Les ciseaux Buson Tous les cris des marchands ambulants Se sont tus Midi. Les cigales Shiki Dans l’étable Les cris des moustiques s’affaiblissent Vent d’automne Bashô Couché sur le dos J’en ai plein la bouche Soleil de printemps Seibi Solitude Pour l’enfant malade Une cage pleine de lucioles Ryôta 2 Escargot A quoi penses-tu Avec ta corne plus longue que l’autre Buson L’escargot n’accorde Pas un regard à l’œillet Issa Dans la jarre d’eau flotte Une fourmi Sans ombre Seishi Frimousse fripée De la fillette Taches de bourbouille Kikin Brume et pluie Fuji caché. Mais cependant je vais Content Bashô 3 Dans la gelée blanche du sentier Epanoui oublié Un pissenlit Buson Tout en larmes Assis il raconte Sa maman l’écoute Hasuo Plus froide que la neige même La lune d’hiver Sur mes cheveux blancs Jôsô Dans les yeux du chat La couleur de la mer Un jour ensoleillé d’hiver Yorie Tout le monde dort Rien entre La lune et moi Seifujo 4 Dans ce monde de rêves Je cultive des oignons Solitude Kôi Montagne. Rafale La grêle s’engouffre dans les oreilles Du cheval Tairo Ne tue pas la mouche ! Elle se frotte mains et pieds Elle implore Issa Tristesse Sans fond La neige fondue tombe Jôsô Les oies sauvages vocifèrent Chacune se charge De sa publicité Issa 5 L’oiseau aquatique Bec dans la poitrine Dort à la dérive Ginkô Même mon ombre est En excellente santé Premier matin de printemps Issa Pour écouter les insectes Pour écouter les humains nous ne mettons pas Les mêmes oreilles Wafû Le vent d’automne Transperce les os De l’épouvantail Chôi Le carrelet N’a pu pêcher Le reflet des étoiles Kinsha 6 La pluie de printemps s’égoutte Sur le nid de guêpes Le toit fuit Bashô Les montagnes lointaines Dans les prunelles De la libellule Issa La rivière d’été Passée à gué, quel bonheur Savates à la main Buson Sieste, réveil J’entends passer Le rémouleur Bakunan Il lèche la cuiller Le gamin avec délices Sorbet. L’été Seishi 7 Dans mon abri Les souris copinent Avec les lucioles Issa Roulement de tonnerre ? Non. Des pas de rats sur le toit m’ont éveillé C’est l’été Ichû Un voisin mordu s’éveille Chasse ses puces Précoce automne Bashô Les yeux des chats Devenus des aiguilles Quelle chaleur ! Suiko Vieille mare Savate coulée au fond Pluie glacée Buson 8 Le faucon lisse Ses plumes Première pluie d’hiver Bouffée de vent Les feuilles se calment Dès le matin Jambières mouillées Il traverse à gué la rivière Un arc de bambou Menace le blaireau Le lierre escalade la porte de bois Lune du soir Il se les réserve Les célèbres poires Griffonnant des esquisses A l’encre de chine L’automne passe Chaussettes agréables A chausser Sans rien dire Le silence Le calme J’aperçois le hameau On souffle dans la conque de midi La natte usée De l’an dernier est humide Les pétales de lotus Tombent l’un après l’autre un renku écrit par Kyorai, Bonshô, Shihô, et Bashô 9 SYLLABAIRE A.B.C. dit le syllabaire. (Abaissez qui ? Abaissez quoi ?) « Ah, mais c’est B. ? » dit C. en l’air. (D. ne dit mot et reste coi.) A. s’étonne. A. dit « Ah ? » A. n’a pas encore l’habitude. A. marmonne: « Ah ah ah ah... » A. devra faire des études. B. est baba, la bouche bée. B. est béat. Non: « B-a, ba. » B. est buté et hébété. B. se sent bête et embêté. C. dit qu’il n’a pas commencé que A. et B. l’ont tracassé. Il faut reprendre l’A.B.C. Mais C. en a déjà assez. D. se sent tout dégingandé ; « A.B.C. c’est vous, c’est pas moi », dit D. qui s’est décommandé et reste sur son quant-à-soi. CLAUDE ROY 10
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