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Kamerun! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971) PDF

375 Pages·2017·115.165 MB·French
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Preview Kamerun! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971)

THOMAS DELTOMBE • MANUEL DOMERGUE • JACOB TATSITSA 1 • UNE GUERRE CACHEE AUX ORIGINES DE LA FRAN~AFRIQUE 1948-1971 Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa Kamerun! Uneg uerrcea cheae uxo riginedse laF ranrafrique (1948-1971) tLa Dicou,erte 9 bis, rue Abtl•HovtlKqut UOIJ Pari> LeC ame1ouns ous adminl\hatlon fran~aise rour aller plus loh, et sous adml11istratlonb rlta11nlquea u inilieu des annees 1950. Les lecteurs sonl ir1vltes ä consulter le slte Web cree p.ir les autcurs pour accompag11er ,,, C '- ce livre: www.kamcrun-.lesitc.com. Comportant d'utiles references bibliographiques, cartographiques et chronolo giques, ce site est rcgulierement enrichi de documents i.nedits : archives, photogra phies, extraits video, etc. Les lecteurs sont cordialement invites ä y donner leur avls, ä completer les recherches, ä signaler aux auteurs les temoins ou les documents qu'lls Tch•d pourraient con.na1tre. ~0-•. kif. '.- ,t ~~~~::.A f.v(..1 ;;;.~. l \'A;;,\ .--dI ,f ~d',W,..'-' -~~ " ---=---' \ A"9• 1• \ DII rC,:::r: :~ ~6- r• //, -..r- J~ ~C•m•••unblll•nn,qu• \ ~-,. ~ Geroue , . '-, l::.:::::(::1J9 1~19611 Ntg,r,a ~· , IROYAUME•UNII q 'l ''\ -· - P11nc1palesroutes - Cham1nd1f1r .~.~~'.• .. • .. ,._ "- Oub•nQui• Charl c•:::s/lc hanii - 1 ~ Si ,:-:,:::,,,f~, ',l., ..1_/11 .. j '-i.,_. /- • .... ,,,. vous deslreze tre tenu regullerementl nforme de nos parutlons, 11v ous suffit de vous abonner ,l . a i ., gratuitement An otre lettrc d'lnformatlon bimensuellep ar courrlel, partlr de notre slte ~--. www .editlonsladecouverte.fr ~ ' ~-:....... A0~U N~O~E - ~Abong , Y Mb1n1 ou vous retrouverezl 'ensembled e notre catalogue. ,w ••AJ~~,. j~~ . -1, ISBN 978-2-7071-5913-7 • En appllcation des ortides L. 122-IO ä L. 122-12 du codc de la proprl~te intellectueUe, toute Ebolowa ~-,- reproduction ä usage collectlf par photocopie, int~ralement ou p.:irtlellement, du pr~nt ....,__.-~-·~----- . ouvrage est lnlcrdlte sans autorlsatlon du Centre fran,als d'cxploltat-ion du drolt de copie -.1u,ni ,_,.,_ J ~----~ (CrC, 20, rue des Grands-Augu11ins. 75006 Paris). Toute autre forme de reproductlon, lnt~ ~ gmle ou pnrllclle,c ,1·l' galcment lntcrdltc Sill!~ au1orlsnt101d1e l'(!(IJ1cur. I~ 100"" ~ ~:r16o• •P•U„010 \ ) G•bon Moyen Conoo 0 ~dlt l011~ f.n Döcouvcrll',P aris,2 011. I.°,"c"". .,,O,.'•,!,>.'h,1, . 1,• .•.•-•-•,.1,1.',1..,,,~•1••.••.~f .• ,•.••.•.• ,I,O.,'I_J", ~,_•,P.,,P,iv'"t,.1,.,,r..,i:,,.•,,,1,, ..1,,,1,,,.t,,Iq" I' .A_,J,l,f,•n ,1 ,,;, g-. ,-,,-,,N-d-,,--.,. .,-,,-..,,--,-,,,-,-,d m-.,.-,.-,.-,,..~ ~ "Sc 0 C "O C, 9 ::, CJ V, ~ "' E CJ ... 0 ::, C N O O V A I ~ :uvunrvwf 1eqaAuwno9 ~=-•n fl81Q . /,-, ' \ \ r---'--""' ' 'IJS6(i01: np mrp ~qw -v~v r •t 1110 efiNJ' •w/, 1$1W -s.u uno uuJIW suo!ti~, sap e~wri ---- ,a, ap U!W&4J = S81110J sa1ed!JUµd . -~ _ _,, l(lrlf )f •w••ß•u•s •P uo,0,11 -•P u•ou••w •P 11:JJOJ •!1'11,0 •1P10J 11 ouo, II( t:J umrs.siwwo::, J111H uo1Je:, -sa1ueN ep sa1 ssnb1uword1p SGAl1.f:>1v s1.Htp lntroduction Lesp rlnclpalcsN apcsd e la « gucrre cachec » de la Francca u Camcroun Enquetseu ru neg uerroe ubliee Du 22 a11 JO 11111i1 955, des erneutes eclatent dans tes grandes viUesc amerounaisese t sont sevcrcment rcprirnl-csp ar le Haut CommissaireR oland Pre, qui dissout l'UPCl e 13 juiUet L955e t pourchasses es mllitants, contraints d'entrer en clandestinite. Le 18 decembre 1956, l'UPC, qui a cree un Comite national d'organisation (CNO) « La polltique touche a tout et tout touche ä la poll pour boycotter les elections legislatives, lance Ja lutte armee contre l'occupant colo tique. Dlre que l'on ne fait pas de polittque, c'est avouerq ue l'on n'a pas ie d~slrd e vlvre. • niai. Supervisecp ar le Haut Commissaire Pierre Messmer,J a repression s'abat sur l'insur rcction, particuliercment active en Sanaga-Maritime, le cceur strategique du pays (entre RubenU MN vost "· Yaounde et Douala). Une • Zone de maintien de )'ordre de la Sanaga-Maritime • (ZOE) est constituee pour pres de deux mois, au cours desquels l'armec franr;:aisem ene de veri tables" operations de guerre • contre les maquis natiooalistes, qui feront des milliers de victimes. Du 9 decembre 1957 au 31 d&embre 1958, le lieutenaot-colonel Jean Lamberton commande Ja Zone de paciflcatlon de la Sanaga-Maritime (ZOPAC).L es populaUons a locates, soumises une lntense guerre psychologique, sont regroupees dans des camps, tandis que l'armee et la pollce colonlales, aidces par les milices tocales, traquent les maquisards. Du 18 janviera 112 5 mal 1959, lcs autoritcs fran~aisesi nstallent un • Dispositlf de pro L a RocheHe2, 0 novembre 2008. Une finde matinee ensoleillee,d ans un tection dans les reglons de l'Ouest-Cameroun » (DIPRO),c ommande par Lamberton. bei appartement rlchement decore de statuettes africaines,d e medailles Mais lcs militaires franr;als,q ul souhaltaient reproduire la ZOPACi i l'Ouest-Cameroun milltaires et de photos jaunies. Nous sommes chez Jean Lamberton. Ce nom (rcgion dite • ßarnJJeke• ), se montrent de~us par ce dispositlf ii vocatton "defensive•· Facea l'Armec de liberation nationale du Kamerun (ALNK)c, reee le 31 mai 1959, les n'evoque sans doute rien ä ceux des lecteurs fran~aisq ui n'ont pas eu l'occa gendarmes fran~ais se trouvent en premiere ligne dans un Cameroun devenu • .Etat slon de s'interesser aux epopees coloniales et postcolonialesd e leurs armees. a autonome• en janvler 1959. L'attentisme qui se manifeste l'approchc de la prodama Lesl ecteurs camerounais, du moins ceux qui se sont penches sur l'histoire de tion de 1'«i ndependance • n'empeche pas les forces de l'ordre contrölees par la puis leur pays, en ont en revanche certainement entendu parler. 11ss avent que cet sance coloniale de muJtiplier des operations de represslon clandestine, systematisant officier fran~aisa joue un röle important dans l'ecrasement du mouvement a notamment le rccours la torture et aux disparitlons forcees. nationaliste camerounais, incarne dans les annees 1950 et 1960 par !'Union Le2 0 decembre1 959, le general Max Briand prend le Commandemen t interarmees des forces frani;aises au Cameroun (COMINTERARMT).o 11at 11lo ng de l'amuie 1960- alors des populations du Cameroun (UPC). Le general Jean Lamberton est mort en 2004, sans que jamais personne que le pays est desormais reputc • indepcndant » -, il mene dans l'Ouest-Cameroun une a guerre intensive vlsant ii « reconqucrir • les zones contrölees par les combattants natlo ne soit venu La Rochellep our l'interroger sur sa carriere militaire ou sur son nalistes. Au prix de milliers de morts, la region est ravagee par les bombardements experlence camerounaise. C'est donc aupres de son epouse et de son füs que aertens, lcs operatlons de bouclage ag rande eche!le et le deplacement progressifd e cen nous cherchons a comprendre le destin de ce soldat meconnu. La rencontre taines de millte.rsd 'habitants dans des« villages de rcgroupement •· a est chaJeureuse,l a discussiona nimee et les crevettes offertes dejeuner excel Au 1" janvier 1961, les operatlons passent officiellement sous commandement came lentes. Mais nous n'apprenons que peu de choses sur l'homme que nous rounais. Mais Jes troupes frani;a1sesr estees sur place conservent des « activites opera n'avons pu rencontrer. Jean Lamberton, nous dit-on, etait un epoux et un tionnellcs • jusqu'au cMbut1 962, puis se maintiennent au Cameroun, « en appul • aux pere strict, devoue, tres discret sur son activite professionnelle.I I etait surtout forces de l'ordre locales, dans le cadre d'une • misslon mllltaire • qui ne sera dissoute qu'en decembre1 964. amoureux de son pays et de ses forcesa rmees. Comme beaucoup d'autres. Au milieu des ar111ee1s9 60, alors que la France, dans le cadre de la • cooperatlon •, conscrvc toutc son emprlse sur lc rcgimc d' Ahmadou i\hidjo, cclul-ct rnnlinuc il utlliscr lcs tcchniques de la • guerre revolutionnaire • enseignccs par le, ofrlclers frnn~ats,a vec un triplc objcclif: di~clpllncr lc~ populotlon~ clvlles; &:ra)er lcs up~chtcs cn cxll qul loncc11td t•so ffensives dcpul~ lc Congo-llrnuovlllc; et cornballl'l' lc~g rm1pcso rrn~,q ul 10111clc, \ nc>1cdst ref(lrmu•, ont ein"~" 1).'.~lrh Jpltre, cn !In de cc llvrc, p. 657. rt-,l\1c11~t l'O11c~Jtm qu'ou d~hu1d l•, r11111e111'S1 70. ll C) 1\.111111·11/1 11 /11tr0<f11ctlo11 Le temoignagep ost mortemd eJ eanL m11berto11 en 1965e t 1967 deux volurnes fort blen renseignes, lntltules LesC arnetss ecrets de In dfrolo11isation3 • L'officiera ida ä l'epoque le journaliste en lui fournissant Ce qu'il y a de plus interessant dans l'appartement de Jean Larnberton, une copieuse docurnentation sur la guerre du Cameroun : ses propres rap ce sont les docurnents qu'il y a laisses. Des photographies meticuleusement ports militaires, bien s0r, mais egalement des notes des servicess ecrets et des scannees par sa famille, Oll l'on aper~oit Lamberton en vadrouille : en lndo ecrits retrouves sur le corps du principaJ leader de l'UPCd ans les annees 1950, chine, en Algerie, au Carneroun. II y a aussi les textes, soigneusement Ruben Um Nyobe, tue par l'armee fran~aisee n septembre 1958. Une aide pre a conserves, que notre homme a rediges taut au lang de sa carriere. Ceux qu'il cieuse qui valut au premier un livre dedicace par le second. Et celui-lä, sous a ecrits ä son retour de Saigon, lorsqu'il est devenu staglaire puis instructeur la dedicace, une jolie epltaphe: « L'auteur, M. G. Chaffard, devait mourir dans a l'Ecoles uperieure de guerre ( « L'armee communiste chinoise » et « Lag uerre un accident d'auto peu apres la publication de ce livre. C'etait un honnete psychologique », datant tous deux de 1951). Ceux qu'II a rediges lors de sa homme. » mission au Cameroun (« La pacification en Sanaga-Maritjme» en 1958, « Les AinsiL amberton a-t-il cree, juste avant de disparaitre, un labyrinthe pour Barnileked ans Je Cameroun d'aujourd'hui " en 1960). Ceux qu'il a composes les enqueteurs qui, comme il le regrette ä l'evidence, ne sont pas venus le ren lorsqu'il est devenu, successlvement,c hef du cabinet mllitalre du ministre des contrer plus töt. Dans un jeu etonnant, il renvoie d'une page ä l'autre, d'un a a a Armees Pierre Messmer {1960), commandant du Centre de coordination livre l'autre, d'un auteur l'autre et, souvent, lui-merne, pour laver son interarmees a Alger {1961) et directeur de cablnet au Secretariatg eneral de la Image et, sans doute, celle de la France. Ce qu'il y a de surprenant dans ce Defense nationale (1962-1965) : « Les armees de la Communaute » en 1961, temoignage post mortem,c 'est que Lamberton, specialiste depuis les annees « Le metier d'espion » en 1963, etc. II y a aussi quelques textes datant de Ja 1950 de la « guerre psychologique », n'a pas oublie les methodes d'intoxlca demiere phase de sa carriere, quand il a dirige l'Ecoled 'etat-rnajor puis l'Ecole tion qu'il a pratiquees tout au long de sa carriere. Le jeu de piste visait peut superieure de guerre (1965-1969). etre moins ä aiguiUerl e chercheur qu'a brouiller les cartes, alors que Je volle Plus interessants encore sont !es livres que Jean Lamberton a laisses.S on commen~ait ä etre Ieve, au moment Oll il achevalt sa vie, sur l'histoire tra fils nous explique, en apportant cette precieused ocumentation, que son pere gique de la decolonisation camerounaise. avait la manie de commenter, de sa fine ecriture, chacune de ses lectures. Un exernple? Cette remarque ä la page 106 de La Fmnrafrique,l ivre Mieuxe ncore, il a repris ses livres un ä un, avant sa mort, pour ajouter d'autres fameux publie en 1998 par Fran~ols-XavlerV erschave4 , Oll celui-ci cite le remarques. Et commenter !es precedentes en prenant soin d'utiliser un stylo texte que Lamberton a redige en rnars 1960, trois mois apres la proclamation de couleur differente ... Un tantinet obsessionnel, Jean Lamberton a donc de l'independance du Carneroun, sur le « probleme barnileke i1. L'extrait est annote sans relache - « pour ceux que cela pourrait eventuellement inte devenu, depuis que Verschave l'a exbume, une citatlon «cutte» reprise en resser », ecrit-il avec autant d'ironie que d'aigreur - presque chaque para boucle par tous les sites Web qui tentent de faire le point sur ces evenements graphe des livres qui evoquent son action au Cameroun. meconnus: « Le Cameroun s'engage sur les chemins de l'independance avec, Des annotations acldes, volontairement provocatrices. les Secretsd e dans sa chaussure, un caillou bien genant. Ce cailJou,c 'est la presence d'une l'espionnagfrea nraisd, u journaJisteP ascalK rop: « II n'y a pas de lirniteä la rnau minorite ethnlque: les Bamileke,e n proie ä des convulsions dont l'origine ni vaise foi ! » l 'Hommed el 'ombred, e PierreP ean : « Peu credible,c e journalisted e les causes ne sont claires pour personne. [. ..] Qu'un groupe de populations libe ! Un vrai guignol ! » La Franrafriqued,u militant Fran~ois-XavierV ers negres reunisse tant de facteurs de puissance et de cohesion n'est pas si banal chave : « Un ouvrage farci d'erreurs - parfois volontaires - et d'une mauvaise en Afrique centrale. [. .. J L'histoire obscure des Bamileke n'aurait d'autre foi confondante. (. ..] L'auteur s'y revele pour ce qu'il est : un mechant con ! » interet qu'anecdotique si eile ne montrait a quel point ce peuple est etranger Le Problemen ationalk amerona.isd,e l'historien et politologue camerounais au Carneroun. » Sans doute conscient, au seuil de la mort, que sa prose etait AchilleM bernbe : « Ouvrage evidemment tendancieux. Mais i1 est interessant un peu compassee, Lamberton annote, dans un langagef leuri: « Alors\ '.3,c 'est de le rapprocher de mon "Rapportd 'operation en ZOPAC"d e la fin 1958. II est vralment du trucage ! II n'y a qu'ä se reporter au texte publie pour se rendre interessant, en outre, en ce qu'il montre les degäts causes,d ans des esprlts maJ campte que cet auteur est un salopard. » Verificationf alte: la citation n'a rien preparesp our le recevolr,p ar l'enselgnemcnt universitairef ran~aisI » d'inexact 5'. Les eul auteur qui trouve grace aux yeux de Jean Lamberton est le journa li~te Georges Chaffard, grand rcpor1cr A t'E.xprPssq, ul, apr~s avoir servl n II e,1 vml q11c F• . X. Vc~h,,vc 011hllc lc moI • homog~nc • (• Qu'un gro11pc l10111og~d1e1 e con1111~eo lcln1cn lndochlnc Cl cn /\lg~rlc 1wndnutp luslcurs ann~cs' , publlc1 populolhJII~ n~grc~. .. •J l'I 1ramfnrn1c lc IcmIc • rtv(llcr • 1:11• monlrcr • (• sl cllc nc dv/l- 1( ) II l11t1od11ct/011 Commee 11A Jgerie,J ad octrinef ra11raise possibles pour garder cc qu'll restait d'Empire. Des theories nouvelles, ins de Ja< <g uerrer evoJutionnair»e pirecs a la fois par la vieille tradition militaire coloniale, par les evolutions al 'reuvrea u Cameroun apparues sur les theätres europeens dans les decennies precedentes, mais sur tout par les methodes qu'a utiJiseesJ e Viet-minh pour mettre l'armee fran Toute enquete sur Ja decolonisation du Cameroun ressembleä un jeu de ytise en deroute, virent le jour. Celles,d esormais bien connues, de la « guerre piste. Elle se perd dans les couloirs obscurs de l'Hlstoire, que trop de gens ont revolutionnaire" ou de Ja « guerre moderne». Ces doctrlnes placent, nous y vouJu obstruer et ou d'autres cherchent ä J'aveugled 'improbables raccourcls. revlendrons, les populations civiles au cceur des dispositifs repressifs. Elles Si Ja guerre du Cameroun est ä ce point meconnue aujourd'hui en France, conferent une place centrale a I' « arme psychologique • et au renseignement; c'est d'abord qu'elle a re~u tres peu de publicite ä l'epoque ou elle se derou et ellesl egitiment - aux yeux de leurs promoteurs - le quadrillage et Jas urveil lait. Entre 1956 et 1961, c'est-ä-dire Ja phase la plus chaude de ce conflit, Jes lance implacables des populations, l'utilisation massive de la propagande et Fran~aisa vaient d'autres preoccupations. Ce que regrette d'ailleursJean Lam l'usage systematique de Ja torture. Ces methodes combinees - que les mlli berton. « En d'autres temps, note-t-il de sa fine ecrlture, cette affaire qui fut, taires etrangers qualifient d' « ecole fran~ise » de contre-insurrection - ont ete je puis le dire, menee a bien, aurait sans doute fait quelque bruit. MaisJ a vic utilisees simultanement en Algeriee t au Cameroun. Denoncees avec vigueur tolre, modeste sans doute mals unlque en fait, qui fut remportee sur les cn France dans le premier cas, utiliseesp ar !es militaires fran~aisc ontre Je pou rebellesc amerounais, ne pouvait avoir aucun retentissement a une epoque ou voir civil lui-meme, eUeso nt paradoxalement contribue al a victoire politlque Ja guerre d'Algeriet enait toute la place dans les medlas. » du FLNe n 1962. Utlliseesa vec la meme ardeur mais a l'abri des regardsd ans le L'Algeriea en effet masque le Cameroun. Les deux guerres n'ont certes second cas, elles continuent d'etre per~es par les militaires fran~ais comme pas Ja meme ampleur. Pour ces deux « colonies », qui n'en etaient en fait ni un element cle de Ja lente defaite de 1'U PC au cours des annees 1960. l'une ni l'autre au sens juridique du terme, Ja France n'avait ni Je meme atta Ce sont ces methodes qui, a en croire Jean Lamberton, lui-meme adepte chement ni !es memes interets. Le Cameroun, simple« Territoire sous chevronne de la theorie comrne de Ja pratlque de la « guerre revolutlon tutelle » de !'Organisation des Nations unies (ONU), ne comptait dans les nalre ", lul permirent de« mener a bien » sa mission au Carneroun. Non sans annees 1950 que quelques milliers de Fran~ais.S a« perte » n'aurait donc pas fierte, II raconte dans ses notes manuscrites combien son travall fut apprecie provoque le meme traumatlsme que celle de l'Algerie, conquise en 1830, par Pierre Messmer, avec qui il travaiUa successivement a Yaounde, lorsque decoupee en departements et peuplee de Iongue date par des centaines de mH celui-ci y etait Haut Commissaire, puis ä Paris, quand le meme devint mini liers de Fran~ais.C ontre les nationallstes de l'UPC, Jeg ouvernement ne mobi stre des Armeese n 1960. « Me presentant aux auditeurs du Centre des hautes lisa pas Je contingent comme II Je fit contre Je Front de Ilberation nationale etudes militalres, M. Messmer, ministre des Armees, me gratifia [d'un] titre : algerien (FLN).E t l'opinion publique metropolitaine, comme on disait, ne se "Le seul officier assumant le commandement d'une forrnation cbargee de mobilisa pas pour le Cameroun comme eile le fit pour cette Algerieq ui faJSait reprimer une guerilla qui, dans l'ensemble des theätres d'o~ratlon du meme quotidJennement Ja «Une» de tous les journaux de France et qui finit par genre ouverts dans Je monde, ait exactement et vlctorieusement rempli sa a provoquer un changement de regime Paris. Aujourd'hul comme naguere, mission" ... Apres quoi, je fus nomme general" et commandeur de la Legion rares sont les Fran~aisq ui savent placer le Carneroun sur une carte. d'honneur. » Lesd eux situatlons ont donc, a priorip, eu de choses en commun. En plus Apresl e fiascoa lgerien,l es theories de« guerre moderne» ont ete officieJ du contexte de decolonisation, ce qul est deja central, !es « evenements » qui lement disqualifiees et bannies de l'armee fran~aise, desormais structuree se deroulent de part et d'autre de cette « Afrique fran~alse» sont pourtant intl selon la doctrlne de la dissuasion nucleaire. Sauf au sein des troupes deployees mement lies. Ce qul apparait clairement lorsqu'on se penche sur !es methodes en Afriques ubsaharienne, ou elles sont restees souterrainement valorisees,o u employees par les autorites fran~ises. Revenant d'Indochine, ou l'armee fran au minimum tolerees, leur efficacites emblant avoir ete prouvee par le prece ~aise avait essuye une cuisante defaite, les responsables mllitaires fran~ajs, dent camerounais. Ces unites de l'armee franr;aise,s tationnees apres les inde humilies par Dien Bien PhL),d eciderent de recourir a tous !es moyens pendances sur des bases militaires permanentes dans differents pays d' Afrlque et qui y interviendront regulierement pour y mater les « rebellions », In// uq ucl polnt. •. •). II cst peu prohnhlc quc ce ,olcnt ccs tncxaulLude~ q11ta lcnt falt· rnrilfll!r Lnmbcrtn,1, A 11otcrq ul.' Jl',11J1.0 111bc11docnv lcn111~11~rlco l I" d&cmbrc 1965. 0 1~ l\m111•m1! 1 111trotl11c1/011 maintenlr 1'«o rdre», dl!jouer- ou fomenter. .. - des putschs, resteront long c'est-ä-dire ä tous ceux qui contestaient, ou semblaient contester, les nou temps profondement marquees par les theorJese t les ideologiesm iJitairese la velles autorites. La surveillance,l 'endoctrinement et la repression des popula borees pendant les periodes de colonlsation et de decolonisation 6. t!ons devinrent des habitudes. Et l'exception, la regle. Les Camerounais, qui s'etaient passionnes pour le projet emancipateur de l'UPC dans les annees 1950, furent sommes de rejeter Jeurs « mauvais penchants » et de transferer Aux originesd u systemen eocoloniaflr anrais leur enthousiasme sur le parti unique d'Ahmadou Ahidjo. Lequel, vampiri enAfrique sant l'heritage upeclste, s'octroya le titre de pionnier de l'indepenctance ... a Purge de ses elements « subversifs» , appele traquer en son sein la moindre LaF rance,n ul ne l'ignore, n'a pas quitte 1A' friquee n octroyant l'indepen « deviance », somme quotidiennement d'oublier ses amours d'antan, Je dance ä ses anciennes colonies. Elle est partie pour mieux rester. Pour rester peuple camerounajs ne put faire vivre son desir de liberte que ctansl a clandes cachee derriere des regimesq u'elle a elle-meme installes,f ormes et consolides, tinite, dans l'exil ou sm le mode du refoulement. et qu'elle s'est arrangee ä contröler et ä maintenir en place sur la longue duree. Le meme phenomene s'observe, au rneme mornent, dans Jesa utres pays Des accords de cooperation, civils et militaires, ont ete signes entre ces parte africains du <•p re carre » fran~ais. Partout s'installent des regimes a poigne, naires lnegaux pour moderniser, en !es contractualisant, les liens de depen dont Ja perennite est assuree par les accords de defense, de cooperation et dance. Des accords de defense (largement secrets)o nt egaiement ete paraphes d'assistance technique auxquels leur parrain fran~aisl es fait souscrire des leur pour permettre aux dirigeants des tout ;eunes Etats independants de faire face accession a l'independance, a l'epoque exacte ou se deroule la guerre du aux menaces exterieures et, encore davantage, aux troubles Interieurs» qui « Cameroun. Profondement inspires par les methocles militaires de l'ex-metro pourraient ä l'avenir !es faire vaciJlere t ainsi ebranler la nouvelle architecture pole, ces nouveaux regimes re~urent pour mission, afin de sauvegarder les de ce colonialisme reforme. « interets fran~ais » sur le continent, de ltttter sans reläche contre leurs Le Cameroun occupe une place particuliered ans ce systeme neocolonial. ennemis interieurs, reels ou potentiels, qu'on voulait croire inspires par les Non seulement parce qu'il est le seul pays du « pre carre » fran\'.aise n Afrique puissances communistes ou, dans certains cas, anglo-saxonnes. C'est un offi a avoir connu une rebellion armee consequente, sous l'impulsion de l'UPC,a u cier du Centre rnilitaire d'information et de documentatjon sur l'outre-mer moment de l'independance, mais egalement parce qu'Jl est Je premier -si l'on (CMIDOM)q ui explique Ie phenomene dans une etude confidentielle redigee a met de cöte Je cas particuller de la Guinee d'Ahmed Sekou Toure - acceder en 1973 : « Formees de personnels transferes de l'armee fran~aise,o rganisees a l 'independance, Je 1e r janvier 1960. Le Cameroun appara1t alors comme un sur le modele de cette derniere et equipees de materiels cedes par la France, a pays pionnier. Premier pays du « champ » avoir vu debarquer !es « specia les armees des ;eun~s Etats independants constituent, au debut, les seuls llstes » fran~aisd e la guerre revolutionnaire, des le milieu des annees 1950, il "outils" structures a Ja disposition des gouvernants. Heritieres en quelque a est aussi Je premier ä se voir dote d'une armee nationale et « beneficier » de sorte des Forces fran~aiseso utre-mer, elles en adoptent aussi une partie des l'assistancem iJitaire technique fran~ise. Cette dernJere,a ctivee le jour meme missions traditionneUes, tout particulierement preserver !'ordre politique et de la proclamation de l'independance, permet de poursuivre sans transition a a social (issu de l'inclependance) et etre pretes faire face la subversion et, et, pour encore de longues annees, les operations milltaires engageesc ontre la a eventuellement, l'opposition politique. [. .. ] Avec le temps, la veritable mis a rebellion upeciste l'ere du colonialisme direct, Jnaugurant dans le sang une sion de ces armees va evoluer, l'ennemi ä craindre etant plus au-dedans qu'au longue serie d'ingerences militaires fran~ses en Afrique. dehors. Dans plusieurs pays, l'armee jouera un röle capital dans Ja düection Ne dans un contexte de guerre, c'est tout le regime du Cameroun « inde des affairesd u pays 7• >) pendant » qui a ete imbibe par !es modeles « contre-revolutionnaires )>. Les Les processusq ue nous venons brievement cl'evoquer,J at ransmission au doctrines fran~aisesd e contre-insurrection ont mute en systeme de gouverne sein de l'armee fran~aised es savoir-fairec ontre-subversifsf orges au moment ment. Quelques mois apres l'independance, tandis que les operations de de la clecolonlsation,d 'une part, et leur utilisation intensive et continue par guerre se poursuivaient dans plusieurs regions du pays, une dictature impla des regimes africains vassalises par la France, d'autre part, sont Jongtemps cable fut lnstallee. Concentre dans les mains du president Ahmadou Ahidjo et restes inconnus d'une opinion publique fran~aise qui se soucie fort peu du de son entourage, mais appuye par la « cooperation » et I'« assistance tech dcstin de l'Afriquee t de Ja politique qu'y menent ses gouvernants depuis des nique » fran~aises,l e pouvolr carnerounais a recycle les methodes guerrieres d~ccnnles. Ce sllencc entretcnu et consenti est une des forces principales du utlllseesc ontre les maquls de l'UPC pour lcs app.liquerä Lausl cs <i subvcrslfs» , n~ocolonlnlisn1e frnn~ais cn Mriquc. La faiblesse des contre-feux et des 14 1~ 1'111111•111/1 1 '"'""'"'''" '' procedurcs de contröle a permls aux dirlgcants fran~ais de faire passer les dic ä frcdonner sous capc lcs nomt,rcuses chansons composces au tcmps des tateurs "amis de la r:rance » pour de flns democrates, dont Jes exces de zele maquis. A l'ctranger, des historiens s'efforcerent egalernent de travalller sur repressif, parfois trop voyants, ne pourraient s'expJiquer que par une incorri le sujet. Richard Joseph notamrnent, qui publia des 1977 une remarquable gible "nature africaine » et par la regrettable inaptitude de leurs peuples a etucte sur les origines et les debuts de l'UPC dans les annees 1940 et 1950 9• entrer de plain-pied « dans l'Hlstoire ». Ces arguments ont permis- et permet Ou Achille Mbembe, qui exhuma dans les annees 1980 de nombreux textes a tent encore - une partie des classes dirigeantes hexagonales de conserver des rediges jadis par Ruben Um Nyobe et produisit des analyses eclairantes sur la « liens privilegies », ö combien remunerateurs, avec bon nombre de djcta naissance du maquis en Sanaga-Maritime 10• Depuis le debut des annees 1990, teurs, de tortionnaires et de criminels de guerre form es ä 1.«' ecoJe frarn;aise» . enhardis par les protestations populaires qui secouaient alors le regime Le silence, cependant, a ete partiellement brise au debut des annees 1990. de Paul Biya, successeur d' Ahmadou Ahldjo, et profitant de la tres relative a D'abord parce que, Ja faveur de Ja fin de la guerre froide, !es peuples afri « liberalisation » du regime de Yaounde, des etudiants, des chercheurs et des ns cains ont saisi l'opportunite pour faire entendre leur coJere. Ensuite parce journalistes camerounais poursuivirent cet effort. se plongerent coura qu'il y a eu le genocide des Tutsis du Rwanda, en 1994, derriere lequel on n'a geusemen t dans le fatras d'archlves entreposees, au milleu de Ja poussiere a pas tarde decouvrlr de graves complicites fran~alses. Enfin, parce que des et de la moisissure, dans des lieux jusque-lä hermetiquement fermes. Sans le militants, des journalistes et des chercheurs se sont penches et mobilises en sou pour la plupart, subissant des pressions de toutes sortes, ils se rendirent France pour devoiler la face cachee de la politique africaine de Ja France. C'est dans les villages pour essayer de recueillir Jes recits de temoins encore trauma ainsi que Fran~ois-XavierV erschave, president de l'association Survie de 1995 tises par le souvenir de la repression et par l.es annees de dictature qui jusqu'a sa mort en 2005, popularisera - Je« salopard » !. .. - le concept de s'ensuivirent. a « Fran~afrique » pour decrire les relations occultes et maJsaines entretenues On commen~ait alors (re)decouvrir la terreur qui avait regne au Came- entre dirigeants fran~ais et africains. C'est ainsi egalement que des journa roun au tournant de l'independance. Non seulement en Sanaga-Maritime, a Jistes ou des chercheurs comme Patrick de Saint-Ex.upery,D avid Servenay ou mais egalement -sujet encore in explore l 'epoque- dans la region de l'Ouest, Gabriel Peries exhumerent les canaux de transmlssion qui permlrent aux celle dite de l' « ethnie Bamileke» . C'est sur ce dernier episode qu'insiste parti genocidaires rwandais de beneficier de Ja part de la France non seuJement culierement Fran~ois-Xavier Verschave dans le chapitre de La Franfafrique d'armes, d'appuis logistiques, de soutien moral et politique, mais egalement dans lequel il cite l'extrait de Jean Lamberton sur le « caillou bamileke ». de formations aux methodes d'eradication de l' « ennemi interieur » forgees et Pour illustrer le caractere ethnique de la repression - le genocide rwandais est diffusees depuis la periode de decoJonisation par les autorites politiques et alors dans toutes les tetes -, Je meme Verschave renvoie, comme Pascal Krop a militaires fran~aises. « Nous avons instruit les tueurs, ecrira ainsi Je journa avant Jui 11, un livre, O.K. Cargo! , ecrit par un certain Max Bardet qui dit Hste Patrick de Salnt-Exupery. Nous leur avons fournJ la technologie : notre avoir participe ä. ce qu'il appelle la « guerre bamileke » dans les annees "theorie". Nous Jeur avons fourni la methodologie: notre "doctrlne". Nous « 1962-1964 » 12• avons applique au Rwanda un vieux concept tire de notre hlstoire d'empire. Signe conjointement par ce « legendaire pilote d'helicoptere » appele De nos guerres coloniales 8• » Max Bardet et par une « jeune femme d'affaires americaine, Nina Thellier, [qui] a reconstitue avec bonheur toutes les peurs, tous les espoirs du premier, » ce Hvre, qui raconte les tribulations de Bardet de l' Algerie ä Djibouti en pas Uneg uerree nfouie: silence,f iction sant par le Cameroun et le Tchad, merite un peu d'attention. Passe totaJement et affabulations inaper~u lors de sa publication, en 1988, il fait pourtant un recit stupefiant a des operations militaires L'ouestd u Cameroun. Alors que ce qu'il decrit res a C'est dans ce nouveau contexte qu'est reapparue, en France cornme au semble en tout point l'A frique mythologique d'Herge dans Tintin au Congo, Cameroun, Ja question des operations de guerre menees par les autorites fran alors qu'a l'evidence beaucoup d'aventures contees dans ce livre sont ~aises et leurs allies camerounais contre l' UPC dans les an nees 1950 et 1960. tout droit sorties d'une imagination petrie de la culture coloniale la plus II faut signaler cependant que, maJgre Ja chape de pJomb qul a recouvert ces eculee - tribaliste, raciste et sexiste -, certains aspects laissent penser qu'il ne evenements dans Jes deux decennies suivantes, Je souvenir de la resistance s'agit pas que d'une flction. A titre d'exemple, on y croise un militaire upecistc n'avait pas totalcmcnt disparu. Sccnhemcnt, bcaucoup de Came franc;ais, lc "colonel Nolret », quallfie de "conseiller direct d' Ahldjo ». Or, ro11n11cJo~n tJn1111lc1~ 1c1n t1etcnlr lo fl:11nr11~ ch,o norcr lc~m artyr·, de la lulle, flulourd'hul cncorc et 11 (nrtlml ~ l'~poque ouc c livrc etrange cst paru -, seuls lo 17 A11m1·rr!1 11 111trod11c//011 les init-iesp euvent cornprcndrc qu'II s'agit selon toute vralsemblance d'une Lt, Morte loil le11mr ission,p ublle en 1995, il parle ä nouveau du Cameroun : a a allusion un tres dlscret conseiller rnilltalre fran~is, en poste Yaounde au « Apres la decolonisation orchestree par le general de Gaulle, des troubles debut des annees 1960, qui jouissalt en effet de toute la confiance du presi avaient eclate au Cameroun. Ou se situait, ä propos, ce putain de pays et dent Ahidjo: le coloneJ Jean-Victor Blanc. Une allusion en negatif, en quelles etaient son histoire et sa singularite? Une fraction extremiste regrou « Noiret » Blanc. .. pant les Bamilekes 'etait souJevee.S elon une tradition afrlcaine qui n'etait pas Les inities? Constantin Melnik par exemple, chef des services de secu encore relayee par Ja television, des massacres avaient eu lieu, suivis d'une a rite et de renseignements Matignon entre l 960 et 1962, quandMicheJ Debre repression ou les forces gouvernementales epauJees par des conseillers mili etait Premier minlstre. Devenu, dans les annees 1980, responsable de collec taires fran~ais, n'avaient fait preuve d'aucune reserve. Tentes par une aven tion aux Editions Grasset, c'est lui qui a patronne Ja publication de 0.K. ture africaine, [. .. ] des camarades du colonel Martineau etaient partis piloter Cargo! . A J'evidence, Jean Lamberton n'est pas Je seuJ actepte du Jeu de piste des helicopteres et ils etaient revenus lourds de recits de cadavres flottant au et du message crypte. Mais il faut s'interroger sur les intentions de Melnik. fil de l'eau ou pourrissant dans les forets 15 Pourquoi, lui qui a suivi Je dossier camerounais de tres pres, accepte-t-il de • }} Quelles que soient les Intentions de Constantln Melnik, force est de faire pubUer un recit qui se joue si deliberement des frontieres entre la fiction grotesque et Ja realite codee ? Que vise-t-il,a u juste, lorsqu'iJ presente comme constater que son jeu de cache-cache surJ a« guerre bamile.ke» a aujourd'hui des consequences importantes sur le debat public et la recherche historique. veridique le recit d'un pilote d'helicoptere affirmant sans detour, comme il Ie a 1n struits par Je genocide au Rwanda et, par la meme occasion, du degre ahuris fait dans ce passage, que des rniHtairesf ran~s ont participe un « vrai geno sant de cynisme dont certains responsables fran~aisp euvent etre capables, de cide » en Afrique centrale: « En deux ans, l'armee reguliere a pris le pays bami nombreux observateurs ou commentateurs semblent aujourd'hui considerer leke, du sud jusqu'au nord, et J'a completement ravage. 11so nt massacre le recit de Max Bardet comme une verite incontestable. De sorte qu'on 300 000 ou 400 000 Bamileke.U n vrai genocide. lls ont pratiquement aneanti a Ja race. [. ..] Lesv illages avaient ete rases, un peu comme Attila, tu passes, tune retrouve, sans aucune nuance ni mise en garde, la cltation sur les « 300 000 laisses rien. Peu de Fran~aiss ont intervenus directement. J'en ai connu trois 400 000 Bamileke » tues « entre 1962 et 1964 » jusque dans des ouvrages ou a ou quatre, c'est taut. La presse n'en a pas parle 13 »? des travaux universitaires par a1lleurs plutöt rigoureux. Ce qui signifierait, Melnik gardant le silence sur son röle dans le livre de « Max Bardet », titre de comparaison, que l'armee camerounaise - aidee de « trois ou quatre » toutes les hypotheses sont possibles pour expliquer ces lignes redoutables•. Frarn;:ai.s.. - aurait fait, en seuJement deux ans, avec des moyens considerable Alerte, en direction de Ja« presse», sur un drame inexplore? Clin d'ceil mor ment moins importants et aJors que Je conflit entrait dans sa phase de pro bide a quelques coUegues des services de renseignements fran~ais? Ven gressif apaisement, autant - voire plus - de victimes que l'armee fran~aise geance inassumee contre quelque rival Jie aux « trois ou quatre » Fran~aisq ui durant les huit annees qu'a dure la guerre d' Algerle (conflit pour lequel les sont « intervenus directement » au Cameroun ? La derniere hypothese est Ja estimations varient entre 250 000 et 400 000 victimes aJgeriennes 16). plus vraisemblable quand on connait la haine que Constantin Melnik nour L'avenement du Web joue un röle non negligeable dans Ja diffusion de rissait pour Je « Monsieur Afrique » du general de Gaulle, Jacques Foccart, et ces « informations ». Precieux outil de recherche, le Reseau s'est paraJJeJe la disgrace dont le meme Melnik fut frappe en 1962, alors qu'il revait au ment transforme en quelques annees en une veritable machine ä transformer a contraire d'etre nomme Ja tete du Service de renseignements exterieurs la fiction en reaUte et Ia realite en fiction. On ne campte plus aujourd'huJ Je fran~ais (SDECE),a ncetre de la Direction generale de Ja Securite exterieure nombre de sites, de blogs et de forums ou l'on debat sans fin sur les crimes du (DGSE)1 4• « colonel Noiret » et du « colonel Martlneau », sans que personne ne signale n faut savoir en outre que Constantin Melnik s'est fait une specialite, qu'il s'agit de noms inventes. On voit aussi circuJer des histoires etonnantes. a a depuis qu'il est Ja retraite, du roman clef. fl muJtiplie Ies livres dans les « Sous la direction de l'armee fran~aise, Ut-on par exemple sur des dizaines de quels il raconte ses souvenlrs d'espion en Ies noyant dans la fictioa et ou il sites Web, les troupes camerounaises rasent le bourg de Yogand.ima,m assa regle ses comptes a travers des noms d'emprunt. Dans son vrai-faux roman crant pres de 8 000 civils desarmes 17. » Sans qu'on sache qui est a I'origine de cctte « information », que taut le monde date du « 2 mars 1960 », cette his toire sera reprise jusque dans la presse camerounaise et dans certains a Contact~ pnr l'int:crm<!dlRldrce scs (-dllcul'\,C onswntln MclnJk a lals~~1 10.ss olllcllotlons ouvrages, alors rn~meq ue pcrsonne ne salt, n'a jamais su et ne saura jamais ou sans rcpo11se. se trouvc la localll6f ictivc clc" Yogandlrna» 18 l 18 19

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