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Journal d'une recherche PDF

359 Pages·2009·0.94 MB·French
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Journal d'une recherche : De l'Être au Devenir ... TOME 3 Marc Halevy 1 Le 02/11/2002 L'Eau … Symbole définitif de l'Informe en attente du souffle, du vent, de la tempête qui la formeront, qui engendreront toutes les vagues de l'Océan, tous les êtres de l'Univers. Palpitations, pulsations, vibrations : le principe de la dynamique cosmique est vibratoire, ondulatoire. Tous les êtres ne sont que des tissus plus ou moins complexes de figures d'interférence, des écheveaux de nœuds et de ventres, des paquets de résonances, des cathédrales d'harmoniques. La gamme originelle comprend les notes fondamentales dont est construit tout l'univers et tout ce qu'il contient. Le monde est une symphonie en cours d'élaboration, en cours de création, en cours de composition. Métaphore musicale et polyphonique, encore … Cette gamme fondamentale est originelle : tout en est … composé (au sens musical et non au sens analytique). Et comme il y a plus dans un accord que dans la somme des notes qui le forment (ce plus étant précisément les figures d'interférence qu'il engendre), l'univers qui se compose sur cette gamme fondamentale, ne peut qu'être holistique. Du chaos "sonore" originel, l'harmonie peu à peu s'invente : des accord, d'abord très simples, s'assemblent en motifs harmoniques qui, peu à peu, télescopent (rencontrent …) d'autres accords avec lesquels ils tenteront de s'harmoniser pour construire des motifs plus complexes … et ainsi de suite … ad libitum. Imaginez un orchestre fait de quelques dieux qui n'ont à leur disposition que leur voix et les notes de la gamme fondamentale. Ils ne savent pas encore chanter … Chacun s'essaie dans son coin : cacophonie … Des bribes de mélodie fusent, aussitôt oubliées ou noyées dans la confusion des bruits et des sons … Puis, le miracle s'opère : deux notes se rencontrent en harmonie … Le premier accord est né. Stupéfaction. Silence. On réessaie : rien n'y fait, le miracle est perd, mais le souvenir du miracle perdure … Nostalgie de la première beauté née du chaos. Il faut beaucoup de temps … 2 Mais le miracle finit par se réitérer : nouvel accord … Pas tout-à-fait identique au premier, mais beau tout de même … Cette fois, les sens étaient au aguets, l'attention était totale : plus question de le laisser filer … La tierce mineure fut ainsi capturée … Et il y a tant d'autres accord à deux notes … puis trois … puis … Mais qu'est-ce qu'un accord isolé ? L'autre voie se laisse frayer : mélodies … Mélodieuses pour certaines, les plus rares, inaudibles pour la plupart. Voie de la mélodie. Voie de l'harmonie. Construction dans le temps. Construction dans l'espace. La polyphonie et la symphonie naîtront de leurs rencontres dans l'espace-temps. Auto-composition du Devenir. Sans autre plan, sans autre but que d'aller au bout de toutes les possibilités de la musique, pour le plaisir de la musique. La cacophonie devient symphonie par les voies de la mélodie et de l'harmonie. Des règles musicales émergent qui donneront les "lois" de la nature. Contrepoint cosmique … De l'impact de la "sensible" sur la sensibilité … de la "tonique" sur la tonicité … Et les règles de composition évoluent, s'enrichissent, se démultiplient. Quel chemin des Hymnes delphiques à Bach, et de Mozart à Debussy … ! C'est la musique qui offre le modèle le plus pertinent et le plus juste du fonctionnement cosmique universel. L'univers est une vaste symphonie en cours de composition et chaque être vivant n'en est qu'un motif mélodique passager. La musique aussi est devenir pur. Mouvement pur. Mouvement de mouvements. Immatérialité et réalité conjuguées. * * * Le 03/11/2002 Regarder le projet de vie et la vocation de l'Autre – de tous les "autres", humains et, surtout, non humains, du Tout-Autre - comme l'extension et l'approfondissement de ses propres vocation et projet de vie, au sein d'une vocation et d'un projet de Vie commun, plus vaste, plus dense, plus riche. 3 C'est la Compassion universelle des Bouddhistes et des Jaïnistes. Ou l'Amour universel de certains Chrétiens. Ou la Fraternité universelle des Francs-Maçons les plus spiritualistes. Mais ces mots sont tous entachés de trop de sentimentalisme, voire de sensiblerie ou de romantisme, pour traduire valablement l'expansion progressive d'une conscience locale et éphémère vers la Conscience totale et éternelle. * * * Le 07/11/2002 De Louis Aragon : « Rien n’est jamais acquis à l’homme. » De Charles Baudelaire : « Ce qui est créé par l’esprit est plus vivant que la matière. » * Le processus de complexification à l’œuvre dans l’univers, se construit sur deux moteurs paradoxalement contradictoires, mais judicieusement complémentaires. Ces deux moteurs sont la croissance de l’interdépendance globale impliquant le holisme universel, la synergie (homéostasie et harmonie) universelle et le non- analycisme, et la croissance de l’autonomie spécifique impliquant la téléologie universelle, l’entéléchie universelle et le non-déterminisme. Interdépendance et autonomie. Interdépendance universelle : tout interagit avec tout, partout, toujours. C’est la voie entropique du Yin. Autonomie universelle : tout tend à accomplir sa vocation spécifique. C’est la voie néguentropique du Yang. La synthèse de ces deux tensions donne : tout interagit avec tout afin d’accomplir sa vocation spécifique au sein de la vocation universelle. C’est la voie harmonique (optimalisante) du Tai-chi. 4 L’autonomie se nourrit de l’interdépendance : plus d’autonomie implique plus de ressources de natures toujours plus diverses, donc toujours plus de relations et d’échanges avec l’ « autre ». L’interdépendance se nourrit de l’autonomie : plus d’interdépendance implique plus de complémentarité, de diversité et d’inhomogénéité toujours plus riches, donc toujours plus d’ « autres » réellement autre. Reformulation éthique : liberté et fraternité … dans la diversité, la différence et la non-égalité. Et non-égalité n’est pas inégalité. L’inégalité opposée à égalité est comme l’être opposé au non-être : deux illusions au sein d’une dualité principielle illusoire. La non-égalité récuse autant égalité et inégalité, et affirme la non-comparabilité de deux uniques. * * * Le 08/11/2002 De Alain Porte (in : « Shiva : le Seigneur-du-Sommeil ») : « L’Unité est le leitmotiv ininterrompu, la litière immuable d’où tout surgit et où se résorbe la fantasmagorie créatrice du Jeu divin (…). Le vari est toujours paradoxe. (…) » * * * Le 09/11/2002 Affirmation de soi comme premier pas vers l’autonomie au détriment, souvent, de l’universelle synergie. Ainsi la voie de la complexification et de l’accomplissement des vocations se poursuit par alternances successives de poussées d’autonomie et d’efforts de syntonie. Il faut que l’harmonie antérieure soit détruite pour qu’une harmonie supérieure puisse être construite. La croissance universelle est une spirale qui tourne autour de deux axes opposés (autonomie et syntonie) mais de plus en plus loin et de plus en plus vite. Syntonie : 5 Encyclopédie Hachette : « Caractère de sociabilité, d’harmonisation avec l’environnement, propre à une personne syntone ». Larousse : « caractéristique d’un sujet syntone ». Syntone : « Se dit d’un sujet qui vibre en harmonie avec le milieu dans lequel il se trouve ». Etymologie : de (cid:140)(cid:139)(cid:132) (cid:141)(cid:134)(cid:132)(cid:80)(cid:72) : « qui est dans la même tension avec » … de verbe (cid:141)(cid:76)(cid:80)(cid:132)(cid:76)(cid:80)(cid:132) : « tendre » * * * Le 11/11/2002 Apprendre à nourrir l’autonomie avec la syntonie. * L’Art, pour n’être pas dérisoire, doit être participation créatrice de l’homme à la gestation des mondes. * Toute pensée intellective a pour finalité de comprendre, c’est-à-dire, in fine, de prédire. Toute pensée est donc prédictive. Cependant deux voies s’ouvrent. La pensée opératoire qui est pensée logique, fondée sur la relation de cause et l’effet, sur le concept. La pensée divinatoire qui est pensée analogique, fondée sur la métaphore et le signe, sur le symbole. * * * Le 13/11/2002 Croire en la puissance de la Raison, est-ce bien raisonnable ? * Changer de langage pour changer de pensée … La Pensée conceptuelle se fonde sur des concepts, des mots possédant une définition précise et immuable, désignant des essences au sens d’Aristote ou des Idées au sens de Platon. Ces concepts sont, parce qu’ils sont figés dans « l’être », 6 susceptibles de raisonnements logiques formels au sein d’un tissu de relations (prédicatives ou logiques) plus ou moins complexes mais tout aussi immuables qu’eux. De là naît l’idée de Vérité, but et essence de toute pensée conceptuelle et logique. D’elle relève la pensée opératoire. Mais en face … La Pensée symbolique se fonde sur des symboles, des signes ne possédant aucune définition stable et formelle, désignant des agrégats et des formes sémantiques évolutives au gré des lectures. Ces symboles sont, parce que vivants dans le « devenir », susceptibles d’interprétations analogiques créatives au sein d’un tissu de relations (métaphoriques et poétiques) plus ou moins complexes mais tout aussi vivantes qu’eux. De là naît l’idée d’Efficience, critère et mesure de toute pensée symbolique et analogique. D’elle relève la pensée divinatoire. La pensée symbolique est moins rigoureuse et moins précise, moins communicable et moins univoque que la pensée conceptuelle, mais elle n’a pas son caractère clairement réducteur et purement artificiel : elle « colle » de beaucoup plus près au Réel qui, comme elle, est vivant, fluent, évolutif, créatif, improvisant, flou … bref, en Devenir. * « (…) permettre aux choses de s’accomplir, c’est Sagesse (…) » (« Zhongyong – L’Invariable Milieu » §25) Stimuler l’accomplissement de tout en tout, voilà la voie … * « Celui qui sait marcher ne laisse pas de traces. » (Lao-Tseu : « Tao Te King » §27) Toute trace est signe d’une lutte … Il faut savoir beaucoup pour savoir que l’on ne sait rien parce qu’il n’y a rien à savoir. Il faut apprendre beaucoup pour apprendre que l’on n’apprend rien et qu’il n’y a rien à apprendre. Il faut beaucoup savoir pour apprendre à désapprendre … * 7 Roua’h, nephesh et neshamah en hébreu … Ch’i ou Qi en chinois (d’où Ki en japonais) … Prana en sanskrit … Pneuma en grec … Anima et animus en latin (d’où « âme » en français) … Autant de mots, partout, pour le « souffle », pour l’énergie vitale : chair unique et primordiale du Un … moins substance que germe de désir et de vocation, que ferment créatif, que puissance vibratoire qui ébranle le vide et engendre toutes les formes … S’abreuver directement et immédiatement à sa source … * Le principe de causalité considère des successions (logiques) de phénomènes discrets, isolés les uns des autres. Il s’effondre dès lors que l’on considère ces phénomènes comme des interférences ou des résonances entre vibrations éternelles et coextensives à tout, ou qu’on les considère comme des alternances locales de tendances ou de puissances universelles et éternelles … * * * Le 14/11/2002 Il y a deux regards sur l’Homme … L’école optimiste : Confucius, Mencius, Socrate, … jusque Rousseau ou Sartre … Chaque homme, parce qu’Homme, est un trésor inestimable, une perle cosmique que sa rencontre avec l’histoire, le monde et les autres souvent ternit, abîme, brise ou parfois détruit : mais il n’empêche, tout diamant, parce que diamant, peut toujours être lavé, restauré, retaillé, sauvé … Cet optimisme fonde tous les humanismes et tous les idéalismes notamment « humanitaires » : tout homme mérite tout, du simple fait qu’il appartient à cette espèce curieuse, improbable et aléatoire nommée : homo sapiens sapiens … Quelle illégitime et orgueilleuse auto-proclamation. Cette simple appartenance biologique fonderait toute dignité, tout mérite, toute souveraineté, tout droit ! 8 L’école pessimiste : Lao-Tseu, Héraclite, Kohélèt, … jusque Montaigne et Nietzsche … L’humain est porteur d’une vocation qui le dépasse infiniment et bien rares sont ceux qui se désembourbent de leur animalité pour l’assumer … et parmi ces rares, plus rares encore sont ceux qui, au-delà d’assumer, parviennent à accomplir cette mission cosmique. Ici, l’homme ne vaut que par ce qu’il accomplit, il ne vaut rien par et en lui-même ; la tourbe humaine n’est que « chiens de paille » (Lao-Tseu in : « Tao Té King »). Ce pessimisme n’est que réalisme au regard de l’histoire de l’Humanité : combien de tyrans, de barbares, d’assassins, de tortionnaires, de violeurs, de pilleurs, de saccageurs, de vandales, de parasites et de vicieux pour un Socrate ou un Rousseau ? Je prédis la fin de l’humanisme, de l’idéalisme et du romantisme humanitaire. Je prédis la fin de la démocratie, du scrutin universel et de l’égalitarisme. Je prédis des hécatombes immenses. Je prédis la rupture de l’humanité en deux. Je prédis la disparition de sa plus grande part. Je prédis une bifurcation et un saut irréversibles vers l’au-delà de l’humain. Je prédis un innombrable déchet humain dans ce chamboulement majeur. L’humanité se questionne parfois sur sa quête schizophrène d’autonomie parricide d’avec la Nature qu’elle pille et saccage sans vergogne depuis des millénaires. Elle découvre parfois l’indispensable syntonie avec cette Nature humiliée et exploitée à la corde qui, seule, peut la nourrir. Mais il est trop tard pour sauver tout le monde ! Si, comme c’est probable, l’homme civilisé n’a pas le courage ou le pouvoir de prendre les mesures radicales et impopulaires qui s’imposent, ce sera la Nature elle-même ou le Barbare d’en face qui s’en chargeront, en tout aveuglément et sans discernement. Ce que la Sagesse ne fait pas, la Violence le fera. * Le monde à venir sera élitaire. L’égalitarisme et ses subséquentes démagogies ont sombré. Mais cet élitisme doit être complètement repensé et se départir radicalement de ses avatars passés. Non pas une élite du sang (de l’être) ou de l’or (de l’avoir), mais une élite de l’art (du devenir, du faire, du créer). Non une aristocratie institutionnalisée, héréditaire ou nobiliaire, mais un aristocratisme comme processus sélectif, jamais acquis, toujours remis en cause 9 face à des critères venant d’en-haut (ce qui dépasse l’homme noble) et non venant d’en-bas (ce que désire l’homme vil). * * * Le 15/11/2002 Bien des traditions s’ancrent dans le culte des Ancêtres. Ce fondement n’a rien de nostalgique ou de passéiste ou de conservateur, du moins dans ses acceptions les plus hautes. Il indique seulement l’ancrage dans le processus de filiation qui symbolise le continuum temporel où l’Un évolue comme Un en voie d’accomplissement. En ce sens, le culte des Ancêtres (qui n’a rien à voir avec les cultes des morts …) revient à placer l’individu non comme être en soi face à soi, mais comme maillon, vecteur, ustensile et véhicule d’un processus d’accomplissement global qui le dépasse infiniment. Le culte des Ancêtres consiste avant tout à cultiver la claire conscience du rôle infime mais essentiel de chacun comme produit d’un passé infini et comme germe d’un avenir infini, donc comme pont, comme passage, comme maillon … comme lentille biconcave qui concentre tous les rayons du passé et qui les diffracte vers l’avenir. Chaque « Je » est le point d’arrivée de tout le passé du Tout et le point de départ de tout le futur du Tout : hologrammie temporelle, en quelque sorte … * De Wang Chong (in : « Lunheng » §13 – 1er s. PCN – ermite de la dynastie des Han) : « La nature de l’homme moyen dépend de son éducation : si elle est bonne, il deviendra bon ; si elle est mauvaise, il deviendra mauvais. Seules les personnes extrêmement bonnes ou extrêmement mauvaises ne changent pas, quelle que soit leur éducation. » Quelle évidence … et tellement d’actualité … Tout se joue dans le jeune âge … les gesticulations des psychologues, éducateurs, animateurs de quartier et autres romantiques de l’humanisme humanitaire n’y feront RIEN … que le pire (loi des effets pervers) … * 10

Description:
vibratoire, ondulatoire. Tous les êtres ne sont un monisme absolu (celui qui s'épanouira dans le Vedanta advaïta, notamment avec Shankara) et
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