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Jean-Auguste-Dominique Ingres PDF

81 Pages·2014·12.803 MB·English
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Jean-Auguste-Dominique Ingres Auteur : Théophile Silvestre (adaptation) Mise en page : Baseline Co Ltd 127-129 A Nguyen Hue Fiditourist, 3eétage District 1, Hô Chi Minh-Ville Vietnam © Parkstone Press International, New York, USA © Confidential Concepts, worldwide, USA Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays. Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition. ISBN : 978-1-78042-638-9 Jean-Auguste-Dominique Ingres 4 L orsque les artistes parisiens firent, en 1846, une exposition au profit des pauvres dans les galeries du bazar Bonne-Nouvelle, Ingres, qu’on avait vivement sollicité, refusa tout d’abord de s’exposer à d’injurieuses comparaisons : « Je me rendis enfin, dit-il, aux prières du baron Taylor, mais à la condition expresse de séparer mes tableaux de tous les autres par des tentures, sinon par des murailles, et de me trouver seul chez moi. Je ne les ai pas faits pour l’aveugle cohue des bazars ; c’est bon pour les jeunes gens qui ont besoin de se faire connaître. Je n’ai exposé avec plaisir qu’un seul de mes ouvrages, le Væu de Louis XIII (p.41). Il occupait, en 1824, dans le salon Carré du Louvre, la place actuelle des Noces de Cana de Véronèse. J’étais heureux, en le comparant aux peintures de nos modernes, qui sont la fièvre et l’épilepsie de l’art, au Masssacre de Scio par exemple, d’avoir respecté la forme humaine au lieu de disloquer mes personnages, de les faire marcher sur la tête et de changer en Iroquois la Sainte Vierge et ses bons anges ; je me raidissais avec violence dans mes principes, qui sont la vérité, pour arrêter l’invasion des Barbares comme, avant moi, David avait soumis les révoltés qui tenaient la campagne depuis la mort du Poussin. David avait un moment restauré l’art français par la solidité de ses enseignements et le salutaire despotisme de son caractère ; mais, après lui, la révolte releva la tête (…). Le Væu de Louis XIII fut applaudi, récompensé, mais l’Etat favorisait en même temps mes adversaires... Ah! Je ne peux plus voir personne ; ne parlons de rien ; tout va au diable, à la diable, au trou de l’abîme ; on a tué la mère des arts, la mère des arts est morte ! » Cet homme rare, si intéressant par la sincérité de son despotisme, ne pouvait vivre dans l’hypothèse d’un rival : il voulait être seul, et le premier, ou n’être pas. En 1846, Ingres était un robuste vieillard de soixante-quinze ans, de petite taille boulotte et d’une nonchalance extérieure qui contrastait étonnamment avec l’élégance affectée de ses peintures olympiennes. Teint brun, bilieux, œil noir, vif et méfiant. Sourcil rare, front étroit et fuyant jusqu’au sommet d’un crâne pointu, chevelure courte, drue, grisonnante, jadis très noire, divisée en deux parts égales. Grandes oreilles et nez saillant un peu recourbé, joues musculeuses débordantes ; menton et 1. Torse d’homme, mâchoire de roc, lèvre épaisse et boudeuse. avant 1800. Huile sur toile, 99 x 80 cm. Ce petit éléphant bourgeois se déplaçait par mouvements brusques et saccadés sur Musée Ingres, ses courtes jambes, descendait les escaliers au galop sans tenir la rampe, s’élancait Montauban. 55 en voiture d’un bond, tête baissée. Les soins parfaits qu’il avait de sa personne et ses allures renversantes lui ôtaient au moins vingt ans de son âge. Il riait peu, de peur de compromettre sa dignité ; mais il se montrait d’une aimable familiarité avec les modèles, les ménagères ou le bouquiniste voisin. Un jeune clerc de notaire, scandalisé de surprendre par une lucarne des femmes nues dans son atelier, vint un jour y faire une brusque irruption et lui dit : « – Vous offensez Dieu, qui vous a donné un si beau talent, par ces nudités, au lieu de représenter les saints et les anges. – Je l’ai fait, mon ami, répondit le peintre, mais je me dois à tous les sujets. Pourquoi vous fâcher, n’ai-je pas aussi peint Esope ? » Le grand maître paraissait ordinairement d’une majesté réfléchie et boutonnée jusqu’au menton : assis dans un fauteuil, il était là, grave, immobile, comme un dieu d’Egypte sculpté dans le granit ; les mains largement étendues sur des genoux parallèles, le buste raide, la tête haute. Après un moment de silence diplomatique, il vous dévisageait, sans vous pénétrer, entrait en conversation sur le ton bourru d’un homme importuné, chagrin, fatigué de tout ; multipliait coup sur coup les questions pour vous étourdir, enveloppait le sens de ses paroles comme une Sibylle, approuvait par gestes solennels ; poussait des soupirs, des exclamations. Contrarié, il faisait la moue, et s'emportant par degrés, montrait le poing, tempêtait et finissait par se poser en victime. Acteur profond, il riait d’un œil, pleurait de l’autre, donnait la bénédiction, maudissait ou se lamentait. L’artiste avait l’apparence d’un être distingué et pondéré, mais il se laissait à tout moment trahir par les éclats de son tempérament. « Il faut lui pardonner, disaient ses acolytes ; c’est un homme de génie, un cœur d’or et un enfant gâté. » Jean-Auguste-Dominique Ingres naquit à Montauban le 29 août 1780. « J’ai été élevé 2. Torse d’homme, 1800. dans le crayon rouge. Mon père, musicien et peintre, me destinait à la peinture, tout Huile sur toile, en m’enseignant la musique comme un passe-temps. Cet excellent homme, après 102 x 80 cm. m’avoir remis un grand portefeuille qui contenait trois ou quatre cents estampes Ecole nationale supé- d’après Raphaël, le Titien, le Corrège, Rubens, Téniers, Watteau et Boucher – il y avait rieure des Beaux-Arts, Paris. de tout – me donna pour maître M. Roques, élève de Vien, à Toulouse. J’exécutai sur 66 7 3. Les Ambassadeurs d’Agamemnon arrivant dans la tente d’Achille, 1801. Huile sur toile, 110 x 155 cm. Ecole nationale supé- rieure des Beaux-Arts, Paris. 88 9 le théâtre de cette ville un concerto de violon de Viotti, en 1793, à l’époque de la mort du roi. Mes progrès en peinture furent rapides : une copie de la Vierge à 1a chaise, rapportée d’Italie par mon maître, fit tomber le voile de mes yeux. Raphaël m’était révélé ; je fondis en larmes. Cette impression a beaucoup agi sur ma vocation et rempli ma vie. Ingres est aujourd’hui ce que le petit Ingres était à douze ans. » En 1797, le jeune homme arriva à Paris pour être reçu par Jacques-Louis David au nombre de ses élèves. Assidu et perfectionniste, il se distingue par deux tableaux successifs, réalisés pour le prix de Rome de peinture d’histoire. Antiochus renvoyant son fils Scipion fait prisonnier sur mer lui vaut le second prix et Les Ambassadeurs d’Agamemnon arrivant dans la tente d’Achille (pp.8-9), le premier grand prix du concours de 1801, qui lui donne accès au pensionnat de l’Ecole française de Rome, à la Villa Médicis. Ce tableau, imitation éthique de David, conservé aujourd’hui dans la galerie de l’Ecole des Beaux-Arts, provoqua l’admiration du sculpteur anglais Flaxman : « Je n’ai rien vu de si beau à Paris que cet ouvrage. » Cependant, le désordre du Directoire ayant épuisé la France, l’Ecole de Rome se trouva rapidement privée de budget. Le pensionnaire sans bourse fut forcé de patienter cinq années à Paris, vivant de dessins et d’illustrations de livres, employant le plus de temps possible à copier les antiques du Louvre, les estampes de la Biblio- 4. Mademoiselle Caroline Rivière, 1805. thèque impériale et le modèle vivant dans l’atelier Suisse. Proche du pouvoir par les Huile sur toile, réseaux provinciaux de son père et par le rôle politique de son maître David, lauréat 100 x 70 cm. du concours de peinture le plus prestigieux de France, c’est à cette époque qu’il reçut Musée du Louvre, Paris. ses deux premières commandes officielles : les deux portraits de Napoléon Bonaparte, en premier consul d’abord (p.16) puis en costume impérial (p.17). 5. Philibert Rivière, 1805. Huile sur toile, Parmi les portraits de cette époque, celui de la Famille Forestier est particulièrement 116 x 90 cm. Musée du Louvre, intéressant. La famille pose dans un salon bourgeois : le père, la mère, un visiteur et Paris. une jeune fille, la main gauche errant sur les touches d’un clavecin. « On faisait, rapporte Ingres, beaucoup de musique dans cette maison, j’y passais ordinairement 6. Autoportrait d’Ingres à l’âge de vingt-quatre ans, mes soirées ; la demoiselle accompagnait ces concerts intimes ; j’avais pour elle une 1804. inclination qui fut partagée. Comme j’étais au moment de partir pour l’Italie, les Huile sur toile, parents décidèrent qu’il fallait remettre le mariage à l’époque de mon retour ; mais un 77 x 63 cm. beau soir, le soir des adieux, la jeune personne contraria mes idées en peinture et me Musée Condé, Chantilly. tint tête ; cela m’avertit, je la laissai de côté pour toujours. Le mariage m’attendait tout 1100

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