James Tyler KENT A.M., D.M. MATIÈRE MÉDICALE HOMÉOPATHIQUE Traduction de la 4e Édition (1932) par le Docteur Hélène Périchon-Bastaire et le Docteur Raymond Demarque Présentée par le Docteur Pierre Joly P.M.J. 64800 Arros-Nay © P.M.J. - J&D Éditions, 1992 I.S.B.N. 2-906483-60-5 longuement, dans la préface de la première édition de sa Matière Médicale, sur la nécessité d’apprendre soigneusement la symptomatologie des remèdes; le ré- pertoire n’intervient qu’après, comme «seul moyen de continuer à gagner une bonne connaissance pratique». AVANT-PROPOS Il semble d’ailleurs que KENT mena ces deux ouvrages de front : le Réper- toire, à la réalisation duquel participèrent plusieurs de ses élèves, parut vers 1900, sous forme de fascicules; la Matière Médicale fut également diffusée en Réaliser une édition en langue française de la Matière Médicale Homéopathique fascicules avant d’être éditée en un volume en 1904. de J.T. KENT était un projet qui me tenait à coeur depuis plusieurs années. La traduction de cet ouvrage a demandé beaucoup de volonté et de persévé- Restait à savoir si cette entreprise était envisageable ou utopique, si elle serait rance de la part des traducteurs qui eurent à faire face à de nombreuses difficul- accueillie avec intérêt ou indifférence. tés. L’inertie est une force redoutable. Les premiers sondages, effectués il y a trois L’éditer ne fut pas non plus chose aisée en raison du peu de moyens des An- ans, furent assez décevants, décourageants même : tant sur le plan de l’aide à nales Homéopathiques Françaises. espérer que sur celui de l’attention que suscitait cette traduction dans les milieux Malgré tout, le but fixé est atteint. homéopathiques français, même kentistes. Que l’on veuille bien considérer cette réalisation comme un témoignage de la Il en aurait fallu davantage pour m’empêcher d’essayer de rendre hommage reconnaissance que les homéopathes français doivent à la mémoire du Docteur à KENT d’abord, à ses traducteurs ensuite, mais je fus forcé d’attendre. Raymond DEMARQUE qui entreprit les premières traductions en 1953 et à Ma- Lire la Matière Médicale de KENT, c’est se plonger dans l’aventure de l’Homéo- dame le Docteur Hélène PERICHON-BASTAIRE qui poursuivit ce travail et le mena pathie journellement vécue par un grand médecin. à son terme. Sans doute y trouvera-t-on des imperfections, des imprécisions même, au ni- veau de certaines indications ou de la pathologie qui s’est considérablement mo- Pierre JOLY difiée depuis le début du siècle. Le vocabulaire, la sémantique ont aussi évolué et il faut savoir en tenir compte. Le style coloré, familier presque, qui est celui qu’adopte KENT dans sa présentation synthétique du remède, un peu semblable à celui de NASH, contraste avec la sécheresse de certains passages analytiques. Ce sont des détails bien secondaires, par rapport à l’immense intérêt de l’ou- vrage qui surprend par l’étendue des connaissances de l’auteur, mais surtout par la grande intelligence qu’il a de l’Homéopathie. Le ton de la conversation, conservé «à l’encontre du penchant de l’auteur», la présentation très personnelle des remèdes, leur description vivante et vraie, en font une ouvre magistrale et aussi indispensable à ceux qui veulent approcher l’Homéopathie, qu’à ceux qui veulent connaître KENT. II m’a toujours paru curieux que l’ouvrage de référence des kentistes soit le Répertoire et seulement lui!... KENT était le premier à considérer que c’était un travail incomplet, réalisé pour son usage personnel... Remarquons qu’il insiste 2 possibles nous les avons généralement exposées en note. Dans l’ensemble, nous avonsemployéle styledelalanguecourante,éliminant lepluspossiblelestermes trop techniques. D’autres difficultés découlaient de la terminologie. Des expressions, propres NOTE au langage médical de l’époque, ne trouvent plus leur place dans notre classifica- tion nosologique (comme «low type of fever», que j’ai traduit par «fièvre de type pour la lecture de l’édition adynamique») ou bien appartiennent à la langue populaire américaine et sont inconnues des Anglais contemporains (comme «salt rheum», maladie de peau française localisée aux mains, dont KENT suggère les symptômes, mais à laquelle il m’a été impossible de donner un nom). Un autre mot peut être ambigu, en particulier pour nous, Français : celui de «constitution», qui revient fréquemment, non pas Comme l’écrit KENT dans la préface à la première édition anglaise de sa Matière en référence à l’un des trois ou cinq grands biotypes que nous reconnaissons gé- Médicale Homéopathique (Lectures on Homoeopathic Materia Medica), néralement, mais au substratum d’un remède particulier. Pour l’auteur il y a donc celle-ci est constituée par l’ensemble des cours qu’il donna au Collège Homéopa- autant de constitutions que de remèdes. thique de Chicago. KENT précise que chaque remède a été exposé d’une façon spéciale, pour Il reconnaît à son ouvre trois sources principales : la Matière Médicale Pure mieux mettre en valeur ses qualités propres. Néanmoins dans un petit nombre de HAHNEMANN, l’Encyclopedia of Pure Materia Medica de T.F. ALLEN et les de cas - onze -il s’est contenté de brefs commentaires sur «le texte» de HERING. Guiding Symptoms de HERING. Le Docteur Pierre SCHMIDT, dans la biographie Le suivant de très près, il exposa les symptômes comme il les lisait, dans l’ordre placée en tête de sa traduction des Lectures on Homoeopathic Philosophy de alphabétique. Nous avons en général rétabli l’ordre alphabétique en français, et Kent, publiée sous le titre français : La Science et l’Art de l’Homéopathie (Ed. classé les symptômes, selon l’usage, en symptômes généraux, mentaux, symp- Maisonneuve, 2e éd., 1969), nous apprend (p. 19) : «Pour (l’enseignement de) la tômes de la tête, des yeux, des oreilles, etc.. Cependant, pour rendre la lecture Matière Médicale, KENT ouvrait un des dix volumes des Guiding Symptoms de moins fastidieuse, nous avons divisé les symptômes généraux et mentaux en HERING et, d’un exposé analytique et sec, il faisait une synthèse vivante, donnant sous-paragraphes, qui sont, pour les symptômes généraux : 1) horaire -2) réac- à chaque remède une véritable personnalité...». Lorsque KENT cite «le texte» ou tionsàlatempérature-3)étiologie,aggravationsetaméliorations-4)symptômes y renvoie, ilfaut donc comprendre avant toutles Guiding Symptomsde HERING, subjectifs - 5) symptômes objectifs - 6) maladies organiques ou signes lésion- qui comportent, «outre les principaux symptômes des anciens travaux, des addi- nels incontestables; pour les symptômes mentaux : 1) symptômes subjectifs - 2) tions cliniques et des commentaires» (J.H. CLARKE, A Dictionary of Practical symptômes relationnels - 3) symptômes objectifs - 4) symptômes et syndromes Materia Medica, Préface, p. V). psychiatriques. Nous avons aussi (sauf pour les divisions 1, 2 et 3 des symptômes KENT ajoute qu’à la demande de ses élèves il a conservé dans le texte écrit généraux) remplacé l’ordre alphabétique par un essai d’ordre logique, en grou- le ton familier de la conversation. Le lecteur y retrouve l’attrait d’une relation pant les symptômes plus ou moins selon leur parenté (p. ex. : peur après anxiété; vivante et y sent vibrer l’auteur. Mais, en contrepartie, il lui arrive d’être per- irritable près de coléreux). plexe devant certains raccourcis, certaines tournures un peu trop elliptiques, que Nous réalisons tout l’arbitraire d’une telle classification, mais nous nous y ne peuvent pas compenser, comme pour l’auditeur, une intonation, un signe, un sommes ralliés pour alléger et clarifier les paragraphes les plus longs et les plus rappel explicatif de l’orateur. Dans la traduction nous avons tâché d’élucider par importants. Ces onze remèdes sont : ARSENICUM IODATUM, BARYTA MURIATICA, le contexte quelques passages obscurs. Quand plusieurs interprétations étaient CALCAREA ARSENICOSA, CALCAREA SULFURICA, CARBONEUM SULFURICUM, CHI- 3 NOTE sur édition française NINUM ARSENICOSUM, FERRUM PHOSPHORICUM, KALI PHOSPHORICUM, KALI SUL- certaines divergences constatées entre la traduction du Docteur R. DEMARQUE FURICUM, NATRUM ARSENICOSUM, NATRUM PHOSPHORICUM. et le texte anglais de la quatrième édition, qui est la nôtre. Nous avons revu ses Nous avons exposé à peu près selon le même plan NATRUM SULF., qui n’est textes et les avons alignés sur cette 4e édition, sauf ARSENICUM que nous n’avons pourtant pas écrit en anglais dans l’ordre alphabétique, afin de clarifier un texte pu réviser pour des raisons d’impossibilité matérielle. un peu touffu, en ayant soin toutefois de garder, au début des paragraphes les Les chapitres du Docteur R. DEMARQUE furent d’abord publiés dans le Bul- plus importants, les symptômes mis en relief par l’auteur. letin de la Société de Médecine Homéopathique d’Aquitaine, de 1953 à Pour tous les autres remèdes nous avons conservé exactement l’ordre établi 1957, puis dans les Annales Homéopathiques, de 1958 à 1962. Nous avons par celui-ci et, dans tous les cas, serré le texte au plus près. été heureuse de prendre sa relève dans cette dernière revue, avec l’accord et le Ces remarques ne valent que pour les chapitres traduits par nous-même. Nous soutien de son fils, le Docteur D. DEMARQUE et l’aide irremplaçable du Docteur P. ne connaissons pas tous les problèmes qu’eut à résoudre le Docteur Raymond DE- JOLY, instigateur et artisan de la publication de l’ensemble de l’oeuvre en volume. MARQUE qui, avant nous, avait entrepris cette traduction. Nous savons seulement qu’il travailla sur des fascicules, vraisemblablement tirés du Journal of Homoeo- pathics, dont parle KENT dans la préface de sa première édition. Cela explique Hélène PÉRICHON-BASTAIRE Réalisé par la communauté Planète-Homéo Sommaire page 14 Page 4 sur 957 NOTE sur édition française TOME I Remèdes traduits par R. DEMARQUE Apis mellifica Calcarea carbonica Cinchona Colocynthis Arnica montana Cantharis Eupatorium perfoliatum Arsenicum album Chamomilla Cina Remèdes traduits par H. PÉRICHON-BASTAIRE Abrotanum Aurum metallicum Carbo vegetabilis Aceticum acidum Aurum muriaticum Carboneum sulfuratum Aconitum napellus Baptisia Carduus marianus Actea racemosa Baryta carbonica Causticum Aesculus hippocastanum Baryta muriatica Chelidonium Aethusa cynapium Belladona Chininum arsenicosum Agaricus muscarius Benzoïcum acidum Cicuta virosa Agnus castus Berberis Cistus canadensis Ailanthus glandulosa Borax Clematis erecta Allium cepa Bromium Cocculus indicus Aloe Alumen Bryonia Coccus cacti Alumina Bufo Coffea Ambra grisea Cactus grandiflorus Colchicum Ammonium carbonicum Cadmium sulfuricum Conium maculatum Ammonium muriaticum Caladium Crotalus horridus Anacardium orientale Calcarea arsenicosa Croton tiglium Antimonium crudum Calcarea fluorica Cuprum metallicum Antimonium tartaricum Calcarea phosphorica Cyclamen Digitalis Apocynum cannabinum Calcarea sulfurica Drosera rotundifolia Argentum metallicum Camphora Dulcamara Argentum nitricum Cannabis indica Euphrasia Arsenicum iodatum Cannabis sativa Ferrum metallicum Arum triphyllum Capsicum Ferrum phosphoricum Asa foetida Carbo animalis Fluoricum acidum Réalisé par la communauté Planète-Homéo Sommaire page 14 Page 5 sur 957 NOTE sur édition française TOME II Remèdes traduits par R. DEMARQUE Gelsemium Pulsatilla Sepia Nux vomica lodum Naja Hepar surfuris calcareum Rhus thoxicodendron Silicea Phosphorus Lachesis Secale cornuturn Natrum muriaticum Ignatia Lycopodium Sulfur Remèdes traduits par H. PÉRICHON-BASTAIRE Glonoinum Oxalicum acidum Medorrhinum Mercurius Kalium sulfuricum Ruta graveolens Graphites Petroleum Sabadilla Mezereum Kalmia latifolia Staphysagria Gratiola Phosphoricum acidum Sabina . Millefolium Kreosotum Stramonium Guaiacum Phytolacca Sanguinaria Moschus Lac caninum Sulfuricum. acidum Helleborus niger Picricum acidum Sarsaparilla Muriaticum acidum Lac vaccinum defloratum Syphillinum Hydrastis canadensis Platina Sélénium Natrum arsenicosum Laurocerasus Tarentula hispana Hyoscyamus Plumbum metaiîicum Senecio aureus Natrum carbonicum Ledum palustre Theridion Hypericum Podophyllum Senega Natrum phosphoricum Lilium tigrinum Thuya occidentalis Ipecacuanha Psorinum Spigelia anthelmia Natrum sulfuricum Magnesia carbonica Tuberculinum bovinum Kalium bichromicum Pyrogenium Spongia tosta Natrum acidum Magnesia muriatica Valeriana Kalium carbonicum Ranunculus bulbosus Squilla Nux moschata magnesia phosphorica Veratrum album Kalium iodatum Rhododendron Stannum metallicum Opium Manganum Zincum metallicum Kalium phosphoricum Rumex crispus Réalisé par la communauté Planète-Homéo Sommaire page 14 Page 6 sur 957 James Tyler KENT A.M., D.M. MATIÈRE MÉDICALE HOMÉOPATHIQUE 7 Un examen complet n’en finirait plus. Si quelques jeunes médecins et étudiants trouvent dans ce livre l’aide qu’ils recherchent c’est tout ce que nous demandons. Il n’y a pas de voie royale qui mène à une parfaite compréhension de la Matière Médicale. Son étude est pénible ou du moins fastidieuse, mais pas plus que celle Préface à la Première Edition de n’importe quelle véritable science. Il y en a beaucoup qui, à cause de son importance, renonceront à l’entreprendre, même si c’est pour sauver des vies et soulager des souffrances; pourtant ces mêmes personnes ne refuseront pas de suivre les professeurs qui confessent ouvertement leur ignorance et savent Ces cours de Matière Médicale Homéopathique ont été donnés à la Post-Graduate parfaitement que les méthodes qu’ils proposent sont inadéquates, inutiles et sou- School of Homoopathics. Quelques-uns d’entre eux ont paru dans le Journal of Ho- vent destructrices. Certains déclarent ne pas croire à cette analyse soigneuse de moeopathics, mais avant d’être inclus dans le présent ouvrage ils ont été consi- la symptomatologie, mais si on leur offre une méthode facile pour en acquérir une dérablement révisés. A la demande instante des étudiants et à l’ encontre du prétendue maîtrise, ils l’adoptent frénétiquement, ne se retournant vers l’objet de penchant de l’auteur on y a conservé le style de la conversation. Ils sont pré- leur première aversion que pour proclamer : «ces raisins sont verts...». sentés sous une forme simple qui permette de distinguer clairement le plan qu’a On peut apprendre la Matière Médicale en l’étudiant soigneusement et en l’ap- suivi l’auteur en étudiant chaque remède. C’est à travers le langage des profanes pliquant. On peut la comprendre, mais non pas l’apprendre par coeur. Tous ceux que toute maladie se présente à l’esprit du médecin, c’est pourquoi la Matière qui l’apprendraient par coeur échoueraient ignominieusement. Si on veut l’avoir Médicale doit être ramenée de la formulation technique au langage courant. Il n’y toujours présente à l’esprit il faut l’utiliser constamment et correctement. L’étude a pas deux remèdes qu’on y ait étudiés exactement de la même façon. Chacun continuelle de la Matière Médicale à l’aide d’un répertoire complet permettant des d’eux a ses exigences propres si l’on veut mettre en évidence ce qui le caracté- comparaisons est le seul moyen de continuer à gagner une bonne connaissance rise. On n’a pas présenté toute la Matière Médicale, mais seulement les remèdes pratique. Pour apprendre la Matière Médicale il faut posséder à fond l’Organon de principaux et bien expérimentés, ceux qui ont de fortes caractéristiques, dans HAHNEMANN; ensuite la symptomatologie et l’Organon marchent la main dans l’intention de montrer comment la Matière Médicale doit être élaborée et utili- la main. L’Organon, la symptomatologie et un répertoire complet sont les livres sée. Il y a d’autres méthodes pour étudier un remède, mais celle-ci semble à qu’il faut consulter constamment afin d’atteindre et de s’en tenir à une pratique l’auteur le moyen le plus naturel de donner à l’étudiant une idée durable de la soigneuse de l’Homéopathie. nature de chaque remède. C’est du moins ce qui lui semble, peut-être simple- Ceux qui désirent examiner plus à fond la raison des méthodes suivies dans ment parce qu’il ne pourra jamais étudier un remède que de cette façon-là. Les cet ouvrage peuvent se reporter au chapitre sur LA VALEUR DES SYMPTOMES nombreuses répétitions de symptômes caractéristiques peuvent prêter à critique, qu’ils trouveront dans les LECTURES ON HOMOEOPATHIC PHILOSOPHY.1* mais l’expérience a prouvé que c’est la seule manière de donner au débutant une compréhension durable du remède. JAMES TYLER KENT. le 29 Octobre 1904 à 108, N. State St., Chicago. Les principales sources où nous avons puisé sont : la Matière Médicale Pure de HAHNEMANN, les Guiding Symptoms de HERING et l’Encyclopaedia of Pure Materia Medica de T.F. ALLEN. Nous ne prétendons pas apporter des résumés complets des différents re- mèdes, mais simplement l’examen de quelques points parmi les plus saillants. 1* Traduites en français par le Dr P. SCHMIDT sous le titre : La Science et l’Art de l’Homéopathie, Ed. Maisonneuve, 2e éd., 1969. 8 Préface à la Seconde Edition Ces cours furent d’abord publiés sur les instances de nombreux élèves qui les avaient écoutés en salle de conférence. On nous demande à présent de faire paraître une seconde édition qui préserve également le style familier original employé par l’auteur devant ses élèves. De nombreux remèdes ont été ajoutés et l’ouvrage entier a été révisé. Beaucoup de remèdes sont présentés sous une forme nouvelle. Quoique la «liste des symptômes» soit une forme très importante de la Matière Médicale Homéopathique, elle ne permet pas toujours aux auditeurs de bien saisir l’essence du remède. L’auteur a adopté une méthode quasi clinique d’exposer et de grouper les symptômes de manière à faire ressortir l’image de chaque remède, afin que les élèves puissent comprendre un remède à la fois comme un tout et dans chacune de ses parties, plutôt que de fatiguer une mé- moire déjà surmenée dans une Faculté de médecine. La «liste des symptômes» restera toujours la meilleure forme d’un texte de référence, mais une longue pra- tique de l’enseignement nous a permis d’observer que beaucoup d’élèves qui n’arrivent pas à comprendre les remèdes d’après la «liste des symptômes» ap- prennent bien la Matière Médicale sous la forme quasi clinique et familière. Si ces cours mettent certains médecins à même de comprendre plus parfai- tement nos poly-chrestes, alors nous aurons atteint notre but. Nous croyons que l’esprit humain n’est capable que de retenir une image générale de chaque re- mède. Des considérations plus spéciales comme celles qui sont souvent requises pour tirer parti d’un groupe de symptômes complexes, soit à la salle de consul- tation, soit au lit du malade, demandent toujours un examen répertorial attentif. JAMES TYLER KENT. le 1er Septembre 1911 à 92, State St., Chicago. 9 de la médecine et des mentalités du début du siècle. Le style vieillit peu par contre. S’il n’a pas l’élégance de celui d’un Trousseau, il est naturel, clair, sans affectation. Kent n’enseigne pas, il raconte comme disait Montaigne et comme le font Farrington, Léon Simon et quelques rares autres. Préface à la Quatrième Edition La 1re édition de la Matière Médicale de Kent date de 1976. Depuis, on assiste en France à la perte ou l’oubli des valeurs propres à notre méthode. Au lieu de se préparer à son évaluation qui semble inévitable, la proli- Relire la Matière Médicale de J.T. Kent est toujours un plaisir renouvelé même fération plus ou moins orchestrée de ceux que Hahnemann appelait les « demi- quand il s’agit de corriger les épreuves de cette 4e édition, entièrement recom- homéopathes », nous dévalue aux yeux de nos confrères en attendant la désaf- posée, «modernisée» dans sa présentation. fection et la défection des malades. Hommage renouvelé aux traducteurs, cette 4e édition est aussi la preuve Très vite, l’agrément de la lecture s’enrichit d’un entrelacs d’impressions va- qu’en France, en Belgique, en Suisse et ailleurs il existe encore des homéopathes riées : regrets d’être passé à côté d’un remède dont nos patients auraient pu qui ont compris que l’homéopathie ne se réduit pas à quelques bonnes recettes bénéficier et que nous aurions su « voir » à la lumière de cette lecture; pas un et qu’un fond de culture est indispensable pour s’imprégner de l’esprit de notre remède « rare », mais un Aconit, un Nux, un Lachesis que nous croyons si bien méthode. Des homéopathes que l’homéopathie intéresse comme j’ai l’habitude connaître et que la routine et un enseignement « orienté » ont réduit en une de dire. peau de chargrin; réflexions sur les recommandations de Kent sur la nécessité C’est aussi pour eux que j’ai accepté de réaliser cette dernière édition. Je sou- de commencer par la Matière Médicale et l’Organon pour aborder l’étude de l’ho- haite qu’elle soit suivie par une 5e, une 6e, etc., mais je serai loin déjà. méopathie ou sur les questions qu’il nous pose tout au long de son texte sur l’in- térêt des spécialistes en homéopathie par exemple, et bien d’autres sujets, tou- jours d’actualité : sourire amusé aussi pour certaines interprétations médicales Arros-Nay, le 1er avril 1992 - PJ ou considérations morales qui sont autant de preuves du fossé qui nous sépare Ed. PMJ. 10
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