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Introduction à l’arithmétique des algèbres de quaternions [preprint] PDF

35 Pages·2004·0.26 MB·French
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Preview Introduction à l’arithmétique des algèbres de quaternions [preprint]

La proposition 1 montre alors que dimAq ≤ 2. Consid´erons encore l’application λ : A → End Aq F qui envoie tout ´el´ement x ∈ A sur la multiplication `a gauche par x : λ : Aq → Aq x yq 7→ xyq. L’ application λ est un homomorphisme d’alg`ebres. D`es lors, si x est dans le noyau Ker λ, alors, quel que soit l’´el´ement y ∈ A, on a aussi N(xy +yx) = (xy +yx)(xy +yx) ∈ Ker λ, puisque λ = (λ λ +λ λ )λ , N(xy+yx) x y y x (xy+yx) et que le second membre est nul si λ = 0. Si x 6= 0, on peut, d’apr`es le lemme pr´ec´edent, x trouver y ∈ A tel que N(xy+yx) 6= 0; alors le noyau de λ contient un ´el´ement non nul de F, ce qui est impossible. Cette contradiction montre que l’homomorphisme λ est injectif; par cons´equent, dimA ≤ dimEnd (Aq). F Par ailleurs, comme dimAq ≤ 2, on a dimEnd (Aq) ≤ 4 = dimA; F d`es lors, dimEnd (Aq) = dimA. Cela entraˆıne que dimAq = 2 et que λ est un isomor- F phisme : A ’ End (Aq). F Comme le choix d’une base de Aq permet d’´etablir un isomorphisme entre End (Aq) et F M (F), le th´eor`eme est d´emontr´e. 2 4. Corps de base particuliers : L’exemple classique d’une alg`ebre de quaternions `a division est duˆ `a Hamilton (1843) : c’est (−1,−1) . Il s’agit bien d’une alg`ebre `a division, d’apr`es R le th´eor`eme 1, puisque la quadrique correspondante X2 +X2 +X2 +X2 = 0 0 1 2 3 n’a pas de point non nul dans R4. Il n’est pas difficile de voir que toute alg`ebre de quaternions sur R est isomorphe soit `a (−1,−1) , soit `a M (R); en effet, si a > 0 ou R 2 b > 0, alors la quadrique X2 −aX2 −bX2 +abX2 = 0 0 1 2 3 admet des points non nuls dans R4, et l’alg`ebre (a,b) est donc isomorphe `a M (R). Par √R √ 2√ ailleurs, si a < 0 et b < 0, alors les ´el´ements i0 = −ai, j0 = −bj et k0 = abk de (a,b) satisfont : R i02 = j02 = k02 = −1 et i0j0 = k0 = −j0i0, donc (1,i0,j0,k0) est base d’une alg`ebre de quaternions (−1,−1) . Par cons´equent, R 7 (a,b) ’ M (R) si a > 0 ou b > 0 R 2 (a,b) ’ (−1,−1) si a < 0 et b < 0. R R Le th´eor`eme 1 permet aussi de voir que, pour certains choix du corps de base F, toute alg`ebre de quaternions (a,b) est isomorphe `a M (F) : F 2 Corollaire 1 Toute alg`ebre de quaternions sur le corps C des nombres complexes ou sur un corps fini est isomorphe `a l’alg`ebre des matrices carr´ees d’ordre 2. D´emonstration: Quels que soient les nombres complexes a,b non nuls, la quadrique X2 −aX2 −bX2 +abX2 = 0 0 1 2 3 √ poss`ede des points non nuls dans C4 (par exemple ( a,1,0,0)); on en d´eduit, par le th´eor`eme 1, que toute alg`ebre de quaternions (a,b) est isomorphe `a M (C). C 2 Le principe de la d´emonstration est le mˆeme pour les corps finis. Soit F le corps fini q `a q ´el´ements (avec q impair, puisque la caract´eristique est toujours suppos´ee diff´erente de 2); il s’agit de prouver que pour a,b ∈ F× (= F r{0}), la quadrique q q X2 −aX2 −bX2 +abX2 = 0 0 1 2 3 poss`ede des points non nuls dans F4. Commen¸cons par compter le nombre de carr´es de q F : l’ensemble des carr´es non nuls est l’image de l’homomorphisme d’´el´evation au carr´e : q F× → F× q q x 7→ x2. Comme le noyau de cet homomorphisme compte deux ´el´ements (`a savoir +1 et −1), le nombre d’´el´ements de l’image est la moiti´e du nombre d’´el´ements de F×; il y a donc q q−1 carr´es non nuls dans F . En ajoutant 0, on trouve q+1 carr´es au total. Le nombre 2 q 2 d’´el´ements de chacun des ensembles {x2 −a | x ∈ F } ⊆ F et {bx2 | x ∈ F } ⊆ F 0 0 q q 2 2 q q est donc q+1. D`es lors, ces ensembles ne peuvent pas ˆetre disjoints, et l’on peut trouver 2 x ,x ∈ F tels que 0 2 q x2 −a = bx2. 0 2 Le point (x ,1,x ,0) est alors sur la quadrique. 0 2 Sur le corps Q des nombres rationnels (qui nous occupera particuli`erement dans la suite), il est clair qu’il existe des alg`ebres de quaternions `a division; en effet, puisque la quadrique X2 +X2 +X2 +X2 = 0 0 1 2 3 n’a pas de point non nul dans R4, elle n’en a pas non plus dans Q4, donc l’alg`ebre (−1,−1) est `a division. Il convient de remarquer que le raisonnement par lequel on a Q prouv´e ci-dessus que toute alg`ebre de quaternions sur R est isomorphe `a M (R) ou `a 2 (−1,−1) ne s’applique pas sur Q, car les nombres rationnels positifs ne sont pas tous R des carr´es. On peut d’ailleurs montrer qu’il y a des nombres rationnels a,b > 0 tels que l’alg`ebre (a,b) soit `a division. La classification des alg`ebres de quaternions sur Q Q est beaucoup plus malais´ee que sur R; on verra plus loin que les classes d’isomorphie d’alg`ebres de quaternions sur Q sont en correspondance bi-univoque avec les nombres rationnels positifs qui sont produits de nombres premiers deux `a deux distincts. (Voir les notes de la section 2). 8 5. Notes : Les relations entre l’alg`ebre de quaternions A et la quadrique Q se prolongent A bien au-del`a de ce que l’on a fait voir ci-dessus. On pourra s’amuser `a prouver, `a titre d’exercice, que la quadrique Q , consid´er´ee comme quadrique projective dans l’espace A projectif `a trois dimensions, est doublement r´egl´ee, les droites passant par un point q ´etant les id´eaux `a gauche et `a droite Aq et qA. (Voir aussi l’article de Witt [14]). Pourplusded´etailssurlesalg`ebresdequaternions,onconsulteraavecprofitlepremier chapitredulivredeBlanchard[3],ou`l’ontrouvera´egalementuneextensiondelad´efinition des alg`ebres de quaternions aux corps de caract´eristique 2, ou le premier chapitre du livre de Vign´eras [13]. Pour les relations avec la th´eorie alg´ebrique des formes quadratiques, le livre de Lam [8] (en particulier le chapitre 3) est une excellente r´ef´erence. Le raisonnement utilis´e dans la d´emonstration du th´eor`eme 1 pour prouver l’injec- tivit´e de l’homomorphisme λ montre plus g´en´eralement que les alg`ebres de quaternions ne contiennent pas d’id´eal bilat`ere non trivial : on dit que ces alg`ebres sont simples. Le th´eor`eme 1 est un cas tr`es particulier d’un th´eor`eme de structure pour les alg`ebres simples de dimension finie, duˆ `a J.H.M. Wedderburn, suivant lequel ces alg`ebres sont isomorphes `a une alg`ebre de la forme M (D), ou` D est une alg`ebre `a division. Pour la n th´eorie g´en´erale des alg`ebres simples, on peut consulter, outre le livre de Blanchard [3] d´ej`a cit´e, le chapitre 12 du livre de Pierce [10], le livre de Draxl [6] ou les r´ef´erences classiques : Albert [1] ou Deuring [4]. 2 Ordres dans les alg`ebres de quaternions Dans cette section, A d´esigne une alg`ebre de quaternions (`a division ou non) sur le corps Q des nombres rationnels. 1. D´efinition : Un ordre de A (sur Z) est un sous-anneau Λ de A, de la forme : Λ = {a e +a e +a e +a e | a ...,a ∈ Z}, 1 1 2 2 3 3 4 4 1 4 ou` (e ,e ,e ,e ) est une base de A sur Q. 1 2 3 4 Ainsi, si (e ,e ,e ,e ) est une base de A sur Q, l’ensemble des combinaisons lin´eaires 1 2 3 4 `a coefficients entiers : Λ = {a e + a e + a e + a e | a ,...,a ∈ Z} est un ordre de 1 1 2 2 3 3 4 4 1 4 A si et seulement si cet ensemble est un anneau; il suffit ´evidemment de v´erifier que les produits d’´el´ements de base e e appartiennent `a Λ, et que l’unit´e 1 ∈ A est dans Λ. i j Par exemple, si (1,i,j,k) est la base standard de l’alg`ebre de quaternions A = (a,b) , Q et si α, β sont des entiers tels que α2a ∈ Z et β2b ∈ Z, alors l’ensemble des combinaisons lin´eaires `a coefficients entiers de 1,αi,βj,αβk est un ordre de A, comme on le v´erifie ais´ement. Il est clair que la base (e ,e ,e ,e ) dont il est question dans la d´efinition n’est pas 1 2 3 4 d´etermin´ee de mani`ere unique par Λ, mais il n’est pas difficile de trouver une condition pour que deux bases d´efinissent le mˆeme ordre. Si (f ,f ,f ,f ) est une autre base de A, 1 2 3 4 alors on peut former la matrice de changement de base (a ) ∈ M (Q), d´efinie par ij 1≤i,j≤4 4 les relations : 4 X f = e a pour j = 1,...,4. j i ij i=1 Pour que le Z-module {a f + ··· + a f | a ,...,a ∈ Z} soit contenu dans Λ, il faut 1 1 4 4 1 4 et il suffit que chacun des ´el´ements de base f soit dans Λ, ce qui revient `a : a ∈ Z i ij 9 pour i,j = 1,...,4, ou : (a ) ∈ M (Z). De mˆeme, comme l’expression de e ,...,e ij 1≤i,j≤4 4 1 4 comme combinaisons lin´eaires de f ,...,f s’obtient `a l’aide de la matrice inverse de (a ), 1 4 ij l’inclusion r´eciproque Λ ⊆ {a f +a f +a f +a f | a ,...,a ∈ Z} 1 1 2 2 3 3 4 4 1 4 est ´equivalente `a la condition que la matrice inverse de (a ) soit dans M (Z). Par cons´e- ij 4 quent, (f ,f ,f ,f ) est une autre base de A telle que 1 2 3 4 Λ = {a f +a f +a f +a f | a ,...,a ∈ Z} 1 1 2 2 3 3 4 4 1 4 sietseulementsilamatricedepassage(a )delabase(e ,e ,e ,e )`alabase(f ,f ,f ,f ) ij 1 2 3 4 1 2 3 4 est dans GL (Z), le groupe multiplicatif des matrices de M (Z) qui sont inversibles (dans 4 4 M (Z)). 4 On se propose de montrer pour commencer que l’on peut toujours supposer, quitte `a changer de base, que l’unit´e 1 ∈ A est un des ´el´ements de base, disons e = 1. 1 Lemme 3 Si Λ est un ordre de A (sur Z), alors Λ∩Q = Z et Λ = {a 1+a f +a f +a f | a ,...,a ∈ Z} 1 2 2 3 3 4 4 1 4 pour certains ´el´ements f ,f ,f ∈ A tels que (1,f ,f ,f ) soit une base de A sur Q. 2 3 4 2 3 4 D´emonstration: Puisque Λ est un module sur Z contenant 1, il contient Z; l’inclusion Z ⊆ Λ∩Q est donc claire. Pour d´emontrer l’inclusion r´eciproque, on ´ecrit Λ = {a e +a e +a e +a e | a ...,a ∈ Z} 1 1 2 2 3 3 4 4 1 4 pour une certaine base (e ,e ,e ,e ) de A sur Q, et on consid`ere un ´el´ement u ∈ Λ∩Q. 1 2 3 4 Soit u = a avec a,b ∈ Z, b 6= 0. Quitte `a diviser a et b par leur plus grand commun b diviseur, on peut supposer que a et b sont premiers entre eux. Il s’agit de prouver que u ∈ Z, c’est-`a-dire que b = ±1. C’est clair si u = 0; on peut donc supposer de plus a 6= 0. Comme u ∈ Λ, on a : a = a e +a e +a e +a e 1 1 2 2 3 3 4 4 b pour certains a ,a ,a ,a ∈ Z. Puisque Λ est un anneau contenant u, il contient aussi 1 2 3 4 toutes les puissances de u, donc (a)n ∈ Λ pour tout entier n > 0. Or, en multipliant par b (a)n−1 les deux membres de l’´egalit´e pr´ec´edente, on trouve : b (cid:16)a(cid:17)n an−1a an−1a an−1a an−1a 1 2 3 4 = e + e + e + e . b bn−1 1 bn−1 2 bn−1 3 bn−1 4 D’apr`es la d´efinition de Λ, une combinaison lin´eaire de (e ,e ,e ,e ) ne peutˆetre contenue 1 2 3 4 dans Λ que si tous ses coefficients sont dans Z; d`es lors, bn−1 divise an−1a pour i = 1,...,4 et pour tout n > 0. i Comme b et a sont premiers entre eux, il en est de mˆeme de bn−1 et an−1, donc la relation pr´ec´edente donne : bn−1 divise a pour i = 1,...,4 et pour tout n > 0. i 10 Or, il y a au moins un des a qui est non nul, puisque u 6= 0; cette derni`ere relation n’est i donc possible que si b = ±1, ce qui d´emontre la premi`ere partie de l’´enonc´e. Pour d´emontrer la seconde partie, on commence par ´ecrire 1 = c e +c e +c e +c e 1 1 2 2 3 3 4 4 pour certains c ,c ,c ,c ∈ Z. Ces entiers sont premiers entre eux, car s’ils admettaient un 1 2 3 4 commun diviseur d 6= ±1, alors en divisant par d les deux membres de l’´egalit´e pr´ec´edente, on obtiendrait : 1 ∈ Λ, contrairement `a la partie de l’´enonc´e d´ej`a d´emontr´ee. Comme d c ,c ,c ,c sont premiers entre eux, on peut, d’apr`es le “th´eor`eme de Bezout”, trouver 1 2 3 4 des entiers d ,d ,d ,d tels que 1 2 3 4 c d +c d +c d +c d = 1. 1 1 2 2 3 3 4 4 Consid´erons alors l’application φ : Λ → Z d´efinie par : φ(a e +a e +a e +a e ) = a d +a d +a d +a d . 1 1 2 2 3 3 4 4 1 1 2 2 3 3 4 4 Comme cette application est Z-lin´eaire, son noyau est un sous-module de Λ. De plus, comme φ(1) = 1, un calcul direct montre que pour tout λ ∈ Λ on a λ−φ(λ).1 ∈ Ker φ. D`es lors, l’´egalit´e : λ = φ(λ).1+(λ−φ(λ).1) montre que tout ´el´ement de Λ se d´ecompose en somme d’un ´el´ement de Z et d’un ´el´ement de Ker φ. Cette d´ecomposition est unique, car si a.1+κ = a0.1+κ0 avec a,a0 ∈ Z et κ,κ0 ∈ Ker φ, alors, en appliquant φ aux deux membres de cette ´egalit´e on obtient : a = a0, et l’on en d´eduit imm´ediatement en revenant `a l’´egalit´e pr´ec´edente : κ = κ0. Les arguments pr´ec´edents montrent que Λ = Z.1⊕ Ker φ. D`es lors, si (f ,f ,f ) est une base de Ker φ (comme module sur Z), alors (1,f ,f ,f ) 2 3 4 2 3 4 est une base de Λ et la d´emonstration est achev´ee. Proposition 2 Tout ordre Λ est stable par conjugaison : Λ = Λ; de plus, la trace et la norme de tout ´el´ement d’un ordre sont entiers : pour tout λ ∈ Λ, T(λ) ∈ Z et N(λ) ∈ Z. D´emonstration: D’apr`es le lemme, on peut ´ecrire : Λ = {a 1+a f +a f +a f | a ,...,a ∈ Z} 1 2 2 3 3 4 4 1 4 pour certains ´el´ements f ,f ,f ∈ A tels que (1,f ,f ,f ) soit une base de A sur Q. 2 3 4 2 3 4 Comme f ∈ Λ et que Λ est un anneau, on doit avoir : f2 ∈ Λ, donc les coordonn´ees de 2 2 11 f2 par rapport `a la base (1,f ,f ,f ) doivent ˆetre dans Z. Or, f est ´evidemment racine 2 2 3 4 2 du polynˆome (X −f )(X −f ) = X2 −T(f )X +N(f ), 2 2 2 2 donc f2 = −N(f ).1+T(f ).f ; 2 2 2 2 par cons´equent, T(f ) et N(f ) sont entiers. L’´egalit´e : 2 2 f = T(f )−f 2 2 2 montre alors que f ∈ Λ, car Λ contient Z et f . Le mˆeme raisonnement montre que f ∈ Λ 2 2 i pour i = 3,4. Si maintenant λ est un ´el´ement quelconque de Λ, soit λ = a 1+a f +a f +a f , 1 2 2 3 3 4 4 alors λ = a 1+a f +a f +a f 1 2 2 3 3 4 4 et comme Λ est un Z-module contenant 1 et f pour i = 2,3,4, on voit que λ ∈ Λ. Cela i prouve : Λ ⊆ Λ. En conjugant les deux membres de cette relation, on trouve : Λ = Λ ⊆ Λ, donc Λ = Λ. Pour tout ´el´ement λ ∈ Λ, la trace T(λ) = λ+λ (resp. la norme N(λ) = λλ) est alors somme (resp. produit) de deux ´el´ements de Λ, donc T(λ), N(λ) ∈ Λ. Comme de plus ces ´el´ements sont dans Q, on d´eduit du lemme 3 : T(λ),N(λ) ∈ Z. 2. Discriminant d’un ordre : Le discriminant d’une base (e ,e ,e ,e ) de A sur Q est le 1 2 3 4 d´eterminant de la matrice des traces des produits deux `a deux des ´el´ements de base : disc(e ,e ,e ,e ) = d´et(T(e e ) ) ∈ Q. 1 2 3 4 i j 1≤i,j≤4 Par exemple, pour la base standard (1,i,j,k) d’une alg`ebre de quaternions (a,b) , on Q trouve :   2 0 0 0  0 2a 0 0  disc(1,i,j,k) = d´et  = −24a2b2.  0 0 2b 0  0 0 0 −2ab Si deux bases (e ,e ,e ,e ) et (f ,f ,f ,f ) sont li´ees par les relations : 1 2 3 4 1 2 3 4 4 X f = e a , pour i = 1,...,4, i k ki k=1 alors 4 X T(f f ) = a T(e e )a , i j ki k ‘ ‘j k,‘=1 12 donc (T(f f )) = At(T(e e )) A, i j 1≤i,j≤4 k ‘ 1≤k,‘≤4 ou` A = (a ) est la matrice de changement de base. En prenant le d´eterminant ij 1≤i,j≤4 des deux membres, on obtient la relation suivante entre les discriminants des bases (e ,e ,e ,e ) et (f ,f ,f ,f ) : 1 2 3 4 1 2 3 4 disc(f ,...,f ) = disc(e ,...,e )(d´et A)2. 1 4 1 4 Si (e ,e ,e ,e ) est une base d’un ordre Λ de A (sur Z), c’est-`a-dire si l’ensemble 1 2 3 4 Λ = {a e +a e +a e +a e | a ,...,a ∈ Z} 1 1 2 2 3 3 4 4 1 4 est un ordre de A, alors e e ∈ Λ pour i,j = 1,...,4 et la proposition pr´ec´edente montre i j que T(e e ) ∈ Z pour i,j = 1,...,4. Par cons´equent, i j disc(e ,...,e ) ∈ Z. 1 4 Si (f ,f ,f ,f ) est une autre base du mˆeme ordre, alors, d’apr`es ce qui a´et´e dit au d´ebut 1 2 3 4 de cette section, la matrice A de changement de base est une matrice de GL (Z), donc 4 d´et A est un ´el´ement inversible de Z : d´et A = ±1. Il en r´esulte que disc(e ,...,e ) = disc(f ,...,f ). On peut donc d´efinir sans ambigu¨ıt´e 1 4 1 4 le discriminant de l’ordre Λ comme le discriminant de l’une quelconque de ses bases : disc Λ = disc(e ,...,e ) ∈ Z. 1 4 Proposition 3 Le discriminant d’un ordre est l’oppos´e du carr´e d’un nombre entier : disc Λ = −r2 pour un certain r ∈ N. D´emonstration: Soit A = (a,b) , de base standard (1,i,j,k), et soit (e ,e ,e ,e ) une Q 1 2 3 4 base de A telle que Λ = {a e +a e +a e +a e | a ,...,a ∈ Z}. 1 1 2 2 3 3 4 4 1 4 D’apr`es ce qui pr´ec`ede, on a : disc Λ = disc(e ,...,e ) = disc(1,i,j,k)(d´et A)2 = −24a2b2(d´et A)2, 1 4 ou` A est la matrice de passage de la base (1,i,j,k) `a la base (e ,...,e ). Par cons´equent, 1 4 disc Λ = −r2 pour r = 22ab(d´et A) ∈ Q. Comme disc Λ ∈ Z, on doit avoir r ∈ Z. Etant donn´e la relation directe qui existe entre le discriminant disc Λ et l’entier positif r, on pr´ef`ere habituellement utiliser ce dernier, que l’on appelle discriminant r´eduit de Λ, et que l’on note d(Λ). On a donc, par d´efinition : disc Λ = −d(Λ)2. 13 Proposition 4 Soient Λ et Λ0 deux ordres de A. Si Λ ⊇ Λ0, alors d(Λ) divise d(Λ0). De plus, si Λ ⊇ Λ0 et d(Λ) = d(Λ0), alors Λ = Λ0. D´emonstration: Soient (e ,...,e ) et (e0,...,e0) des bases de A sur Q telles que 1 4 1 4 Λ = {a e +···+a e | a ,...,a ∈ Z} 1 1 4 4 1 4 et Λ0 = {a e0 +···+a e0 | a ...,a ∈ Z}. 1 1 4 4 1 4 SiΛ ⊇ Λ0,alorsles´el´ementsdelabase(e0,...,e0)sontcombinaisonslin´eaires`acoefficients 1 4 entiers de (e ,...,e ) : soit 1 4 4 X e0 = e a pour i = 1,...,4, i k ki k=1 avec a ∈ Z pour k,i = 1,...,4. Comme pr´ec´edemment, on a : ki disc(e0,...,e0) = disc(e ,...,e )(d´et A)2, 1 4 1 4 ou` A = (a ) ∈ M (Z), c’est-`a-dire : ij 1≤i,j≤4 4 −d(Λ0)2 = −d(Λ)2(d´et A)2. Comme les´el´ements de la matrice A sont entiers, il en est de mˆeme du d´eterminant d´et A, et la relation ci-dessus montre que d(Λ) divise d(Λ0). Si d(Λ) = d(Λ0), alors d´et A = ±1, par cons´equent A est inversible dans M (Z). 4 A l’aide de l’inverse de A, on peut exprimer e ,...,e comme combinaisons lin´eaires `a 1 4 coefficients entiers de e0,...,e0, d’ou` Λ ⊆ Λ0. Comme on avait suppos´e Λ ⊇ Λ0, on a bien 1 4 Λ = Λ0. Comme tout nombre entier a un nombre fini de diviseurs, la proposition pr´ec´edente montre qu’il est impossible de former une suite d’ordres strictement croissante infinie : Λ ( Λ ( ··· ( Λ ( ··· 1 2 n D`es lors, tout ordre est contenu dans un ordre maximal, c’est-`a-dire un ordre qui n’est pas contenu strictement dans un autre. 3. Exemples : a) Dans l’alg`ebre A = M (Q), que l’on peut consid´erer comme une alg`ebre 2 de quaternions, comme on l’a vu au num´ero 1 de la section 1, il est clair que l’anneau Λ = M (Z) est un ordre. Un calcul direct, en prenant par exemple comme base de Λ sur 2 Z la suite (cid:18) (cid:19) (cid:18) (cid:19) (cid:18) (cid:19) (cid:18) (cid:19) 1 0 0 1 0 0 0 0 e = e = e = e = , 11 0 0 12 0 0 21 1 0 22 0 1 montre que disc(Λ) = −1, donc d(Λ) = 1. Il en r´esulte que Λ est un ordre maximal de A, car s’il ´etait contenu proprement dans un autre ordre Λ0, le discriminant r´eduit d(Λ0) devrait ˆetre un diviseur propre de d(Λ), ce qui est impossible. 14 b) Soit `a pr´esent A = (−1,−1) , et soit Q Λ = {a 1+a i+a j +a k | a ,...,a ∈ Z}, 1 2 3 4 1 4 ou` (1,i,j,k) est la base standard de A. Une v´erification directe montre que Λ est un ordre de A. Comme disc(1,i,j,k) = −16, on a d(Λ) = 4. Pour d´eterminer si cet ordre est maximal, supposons avoir trouv´e un ordre Λ0 ) Λ et soit a = a 1+a i+a j +a k ∈ Λ0 (a ,...,a ∈ Q). 1 2 3 4 1 4 D’apr`es la proposition 2, on doit avoir T(a) ∈ Z et N(a) ∈ Z, donc : 2a ∈ Z et a2 +a2 +a2 +a2 ∈ Z. (1) 1 1 2 3 4 De plus, puisque Λ0 contient Λ, il contient i,j,k, donc aussi ai,aj et ak. D`es lors, on doit avoir T(ai) ∈ Z, T(aj) ∈ Z et T(ak) ∈ Z, ce qui donne : −2a ∈ Z, −2a ∈ Z et −2a ∈ Z. 2 3 4 On peut donc poser a = αi pour un certain entier α (i = 1,...,4). La condition (1) i 2 i impose de plus : α2 +α2 +α2 +α2 ∈ 4Z, 1 2 3 4 ce qui entraˆıne que α ,...,α sont soit tous quatre pairs, soit tous quatre impairs. Dans 1 4 le premier cas, a ∈ Λ; dans le second, on trouve en posant α = 1+2λ pour i = 1,...,4 : i i 1 a = (1+i+j +k)+λ 2 ou` λ = λ 1+λ i+λ j+λ k ∈ Λ. Ces calculs sugg`erent que l’on peut ajouter `a Λ l’´el´ement 1 2 3 4 ε = 1(1+i+j +k); en tous cas, ils montrent que si Λ0 est un ordre contenant Λ, alors 2 Λ0 ⊆ {b ε+b i+b j +b k | b ,...,b ∈ Z}, 1 2 3 4 1 4 car les ´el´ements a ∈ Λ0 trouv´es ci-dessus sont soit de la forme a = a 1+a i+a j +a k avec a ,...,a ∈ Z 1 2 3 4 1 4 (c’est-`a-dire a ∈ Λ), et alors a = 2a ε + (a − a )i + (a − a )j + (a − a )k, soit de la 1 2 1 3 1 4 1 forme a = ε+(λ 1+λ i+λ j +λ k) avec λ ,...,λ ∈ Z, 1 2 3 4 1 4 et alors a = (1 + 2λ )ε + (λ − λ )i + (λ − λ )j + (λ − λ )k. Une simple v´erification 1 2 1 3 1 4 1 montre qu’en fait l’ensemble Θ = {b ε+b i+b j +b k | b ,...,b ∈ Z} 1 2 3 4 1 4 est bien un ordre. Le discriminant r´eduit de cet ordre est : d(Θ) = 2, donc il n’y a pas d’ordre Λ0 contenu strictement dans Θ et contenant strictement Λ, puisqu’il n’y a pas d’entier positif qui soit multiple strict de 2 et diviseur strict de 4. En conclusion, l’ordre Θ est l’unique ordre de A contenant strictement Λ; il est donc bien suˆr maximal. 15

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