Table Of Content

Analyse d’ouvrage Introduction à l’Aquaculture, par Roland Billard, Collection Aquaculture-Pisciculture, Éditions TEC & DOC, Lavoisier (Paris), 242 p., 2005. Ce manuel de Roland Billard constitue, effectivement, une remar- tensification qui co-existent en aquaculture. Les différents systèmes quable introduction à l’aquaculture qui pourra intéresser un larg e de production qui en découlent, des étangs à Acadja africains aux public, aussi bien les étudiants ou acteurs professionnels de ce secteur futures cages marines au large des côtes, sont ensuite présentés en de production animale, que les lecteurs recherchant une information s’appuyant sur de nombreuses expériences concrètes. La dernière par- concise et sérieuse sur cette activité en constante évolution. Quasiment tie de ce chapitre est consacrée à une question majeure, le traitement toutes les facettes de l’aquaculture sont abordées, et chaque chapitre des rejets et les systèmes épurateurs, et l’on y trouvera, au delà des pose les bases d’une connaissance qui, sans pouvoir viser l’exhaustivi- techniques de traitement de l’eau, des informations sur la gestion de té, est tout à fait suffisante pour permettre ensuite à chacun d’appro- systèmes complexes pouvant être moins polluants (agro-aquacul- fondir avec efficacité tel ou tel sujet par des lectures plus spécialisées. tures, co- et poly-cultures). Une courte bibliographie générale, regroupant essentiellement des Le chapitre 6 est consacré à des questions d’actualité relatives ouvrages ou des articles de synthèse, y aidera le lecteur curieux. aux produits aquacoles, principalement pour les poissons. Il s’agit Le premier chapitre du livre retrace en quinze pages le développe- essentiellement des produits destinés à la consommation humaine ou ment historique de l’aquaculture, de l’antiquité à notre siècle, en met- pouvant servir de matières premières. Sont donc traitées : la valeur tant en exergue l’importance des cyprinidés au sein des diff é r e n t e s diététique, la sécurité alimentaire, la traçabilité, la labelisation, et espèces élevées, ainsi que l’évolution des finalités : subsistance, sou- l’image des produits. C’est par rapport à cette image que l’auteur a tien des populations naturelles pêchées, production marchande. Une choisi d’évoquer, dans cette partie du manuel, le bien être animal. Un liste d’une quarantaine de références, datées de 1547 à 1988, guidera lien explicite avec la problématique de la bonne adaptation des ani- le lecteur intéressé par des recherches sur ces aspects historiques. maux au système d’élevage pour de meilleures performances zoo- Le second chapitre (11 pages) donne une image globale du sec- techniques aurait pu être fait pour inciter le lecteur, peu au fait de ces teur : niveaux de productions et de consommations, espèces et princi- questions, à sortir d’une lecture réductrice des exigences du bien-être paux pays concernés. Il est complété par trois annexes détaillées animal. La dernière partie du chapitre 6 porte sur l’évolution de la exploitant les statistiques de la FAO (base FISHSTAT+). Chacun demande des marchés et l’évolution consécutive des produits. Mais pourra actualiser ces données dans le futur en accédant au site web de on y lira aussi des réflexions relevant de l’économie des systèmes et la FAO (http://www. f a o . o rg/fi/statist/fisoft/fishplusf.asp). À noter des entreprises. Le lecteur y verrait sans doute plus clair si un chapitre d’ailleurs, qu’il pourrait être utile, dans un tel ouvrage, de citer spécifique avait été consacré à l’économie aquacole, en diff é r e n c i a n t quelques adresses internet de ce type. nettement ce qui relève des marchés, des systèmes et de leurs Le troisième chapitre (12 pages) aborde les besoins quantitatifs et contextes, et des entreprises. qualitatifs en eau, facteur de production spécifique du secteur et repré- Le dernier chapitre, intitulé “l’Aquaculture en question et en sentant une des contraintes majeures pour son développement. C’est devenir” (24 pages) est le plus prospectif, et sans doute aussi celui où dans ce chapitre que l’on trouvera un encadré sur “la problématique du l’auteur prend davantage parti. En passant en revue des questions fai- stress”, rédigé par Jean Petit, encadré qui a sans doute été placé ici du sant souvent l’objet de controverses entre partisans et détracteurs de fait d’une réflexion sur la gestion de l’oxygène en pisciculture. l’aquaculture, un bilan des aspects positifs et négatifs des élevages Les deux chapitres qui suivent, et qui représentent la moitié du aquacoles est proposé au lecteur avant d’aborder des perspectives et texte, sont consacrés à la production proprement dite : “Tec h n o l o g i e s la notion de “durabilité” appliquée à l’aquaculture. Celle-ci est essen- aquacoles” (28 pages) et “Systèmes aquacoles” (62 pages). Dans le tiellement développée sous ses aspects environnementaux. Il existe chapitre 4, ce sont essentiellement les pratiques relatives à l’alimenta- aussi, aujourd’hui, des démarches sérieuses pour donner une substan- tion, la reproduction, l’élevage larvaire, l’amélioration génétique et le ce rationnelle et objective à la construction d’indicateurs complexes contrôle des maladies des poissons qui sont passées en revue. A u s s i de ‘durabilité’en aquaculture, en tentant d’intégrer également ses bien les spécificités de l’élevage en étang que les apports récents de la déterminants économiques et sociaux. Elles ont, au moins, la vertu de biologie moléculaire pour la sélection assistée par marqueurs géné- mettre en exergue la nécessité de pondérations ne relevant pas de tiques ne sont pas oubliés. On peut regretter l’absence d’un para- seuls choix scientifiques et techniques, et impliquant la concertation graphe, même modeste, sur les pratiques visant à limiter les effets de de groupes sociaux aux sensibilités et intérêts parfois divergents. Le changements de milieu, manipulations ou perturbations (transferts chapitre se termine par les apports de l’assistance technique et de la d’un milieu à un autre, transports, anesthésies,…). À noter, dans ce recherche. Il est fait état, pour cette dernière, de nouvelles orientations chapitre, un encadré présentant le Syndicat des sélectionneurs avi- dont l’évocation peut judicieusement aider à une réflexion sur le coles et aquacoles français (Sysaaf). L’auteur aurait pu être moins développement futur de l’aquaculture. sélectif et, s’agissant d’un ouvrage qui sera largement lu par un public En conclusion, nous ne pouvons que fortement recommander la français, une annexe faisant l’inventaire des coordonnées des diff é- lecture de cet ouvrage de Roland Billard, riche de données et d’illus- rentes structures publiques et privées françaises œuvrant pour le trations (25 figures, 38 tableaux, 3 annexes de données statistiques, 8 développement aquacole aurait été la bienvenue. planches de photographies, un glossaire). Il apporte, à la littérature Le chapitre 5 sur les systèmes aquacoles redonne une place aux francophone consacrée aux productions animales, une contribution espèces autres que les poissons, mais ces derniers restent majoritaire- majeure sur un secteur en pleine expansion dans le monde. ment traités. L’introduction montre bien la diversité des niveaux d’in- Alexis FOSTIER Cybium 2006, 30(3): 272.