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Introduction à la philosophie d'Aristote PDF

303 Pages·2006·156.43 MB·french
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Marie-Dominique Philippe INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE D’ARISTOTE Editions Universitaires Marie-Dominique Philippe INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE D’ARISTOTE COLLECTION SAGESSE Editions Universitaires OUVRAGES DU MÊME AUTEUR Ouvrages de philosophie Une philosophie de l’être est-elle encore possible ? Téqui, Paris 1975. 5 fascicules : I. Signification de la métaphysique. IL Significations de l’Être. III. Le problème de Z’ens et de l’esse (Avicenne et saint Thomas). IV. Néant et être (Heidegger et Merleau-Ponty). V. Le problème de l’être chez certains thomistes contemporains. Lettre à un ami. Itinéraire philosophique. Editions Universitaires, Paris 1990. Essai de philosophie Philosophie de Tart, tome 1. Editions Universitaires, Paris 1991. L’être. Essai de philosophie première. 2 tomes (le second en 2 volumes). (Prix Bordin de l’Académie française). Téqui, Paris 1972-1974. De l’être à Dieu. De la philosophie première à la sagesse. Téqui, Paris 1977. 1 tome accompagné de trois volumes de Topique historique : I. Philosophie grecque et traditions religieuses. Téqui 1977 ; IL Philosophie et foi. Téqui 1978 ; III. Philosophie moderne et contemporaine. A paraître. Ouvrages de théologie spirituelle Le mystère de l’amitié divine. Luff-Egloff, Paris 1949. Saint Thomas docteur, témoin de Jésus. Saint Paul, Fribourg 1*.956 Un seul Dieu tu adoreras. (Je sais, je crois, 16), Arthème-Fayard, Paris 1*.958 Mystère de Marie. Croissance de la vie chrétienne. La Colombe, Paris 1*.958 Mystère de miséricorde : 1. L’Immaculée Conception. 2. La Présentation de Marie. 3. L’Annonciation. Saint Paul, Fribourg 1958 et 1960. Mystère du Corps Mystique du Christ. La Colombe, Paris 1960. Analyse théologique de la Règle de saint Benoît. La Colombe, Paris 1961. La Symbolique de la messe. La Colombe, Paris 1961. Le mystère de l’Église. Dialogue entre M.-D. Philippe, o.p., et Albert Finet, (verse et controverse, 3). Beauchesne, Paris 1*.967 Le mystère du Christ crucifié et glorifié. (Sources de spiritualité, 17). Alsatia, Colmar-Paris 1968. L’étoile du matin. Entretiens sur la Vierge Marie. Le Sarment-Fayard, Paris 1989. Ouvrages de pédagogie familiale Questions disputées. Beauchesne, Paris 1972. Au cœur de l’amour. Entretien sur l’amour, le mariage et la famille. Le Sarment- Fayard, Paris 1987. * Cet ouvrage est disponible à Notre-Dame de Rimont, 71390 Fley. Aristote doit être considéré, s’il en est, comme un des maîtres du genre humain. G.W.F. Hegel, Leçons sur l'histoire de la philosophie, I, I, 3, B, 4. © La Colombe, Editions du Vieux Colombier, 1956. © Editions Universitaires, 1991 pour la présente édition Dépôt légal : mars 1991 ISBN : 2.7113.0455.8 Avant-propos Dans cette introduction à la philosophie d’Aristote, nous avons voulu présenter à grands traits les diverses orientations de la recherche du Philosophe en dévoilant les sommets de sa pensée, et donner en appendice une brève analyse des divers traités pour en faciliter l’étude. Le philosophe, quand il veut connaître un autre philosophe, ne doit-il pas d’abord chercher la, ou les intuitions dominantes de sa pensée, pour en analyser ensuite tout le développement ? Et en dernier lieu, ne devra-t-il pas essayer de saisir le sommet de sa recherche philosophique, de préciser jusqu’où son enquête philosophique a pénétré dans la connaissance de l’homme, de l’univers et même de l’Etre premier ? Etant donné le caractère de cette vue d’ensemble sur la recherche philosophique d’Aristote, nous avons délibérément écarté toutes les dis­ cussions philologiques et les diverses interprétations philosophiques — depuis celles des premiers disciples jusqu’à celles des philosophes-philo­ logues et historiens de notre époque, sans oublier les commentateurs arabes et les théologiens latins du Moyen Age, ainsi que les érudits latins de la Renaissance. Evidemment, cet exposé de l’ensemble de la philosophie d’Aristote, si élémentaire qu’il soit, suppose une certaine option à l’égard de ces diverses interprétations ; nous en avons parfaitement conscience. Nous avons essayé d’interpréter Aristote en philosophe, puisqu’il se présente comme tel, et en ami, c’est-à-dire en cherchant à comprendre ce qu’il nous dit au lieu de le critiquer de l’extérieur : il faut se laisser former par un philosophe pour le comprendre en philosophe et en sage. Nous croyons cette démarche légitime et nécessaire : pour exposer la recherche d’un philosophe, il faut philosopher avec lui, il faut nécessairement repenser avec lui, tâcher de découvrir avec lui ce qui a été comme le centre, le noyau vital de ses réflexions. Lorsqu’il s’agit de pénétrer une pensée aussi précise, aussi 7 profonde, aussi souple (aussi analogique) que celle d’Aristote, cela nous semble encore plus indispensable. En effet, un philosophe qui situe cons­ ciemment et explicitement sa recherche au niveau de l’expérience que nous avons des diverses réalités, considérées successivement dans leur intelligibi­ lité propre d’opération humaine, de devenir, d’opération vitale et d’être, ne peut être compris que lorsqu’on saisit l’ordre intime de sa pensée, sa diversité et son unité caractéristiques. Il s’agit donc de le suivre pas à pas dans sa recherche, en élaguant le plus possible tous les a priori provenant de philosophies postérieures ; celles-ci, rejetant l’expérience première des réalités existantes (parce que naïve), se sont fondées sur des idées, ou sur une méthode critique, ou sur une méthode phénoménologique. C’est sans doute pour nous ce qui est le plus difficile à réaliser : redécouvrir ce regard simple, « naturel », de l’intelligence sur les réalités existantes, regard qui nous est donné grâce à nos expériences impliquant les sensations externes. Certes, le contexte extérieur, politique, économique, culturel, a bien changé depuis Aristote ! Cependant notre intelligence, dans son expérience des réalités physiques demeure la même... Et tout l’effort d’Aristote est de revenir constamment à ces expériences, en les analysant pour découvrir toute leur signification profonde. Ne pas entrer dans cette démarche d’Aristote risquerait donc de nous empêcher de le saisir dans son originalité propre. C’est pourquoi nous avons voulu développer la pensée d’Aristote selon l’ordre même de sa recherche : Aristote s’est penché en premier lieu sur les problèmes de l’activité humaine, développant ainsi une partie de la philo­ sophie qui est souvent considérée comme secondaire. Elle demeure pour­ tant essentielle et bien actuelle ! L’ordre génétique de notre pensée est inverse de son ordre de perfection, ne cesse d’affirmer Aristote. Pour être fidèle à l’esprit de sa philosophie, il faut donc aborder celle-ci par la philosophie humaine. Dans un exposé de sa « doctrine » qui se voudrait systématique, comme cela a été souvent fait, et comme, hélas, cela se fait encore, on aborderait l’étude de ces traités dans un ordre différent : logique, philosophie de la nature, philosophie première, philosophie humaine, cette dernière étant considérée comme une « application du spéculatif au pratique »... ! La philosophie d’Aristote n’étant vraiment pas une philosophie synthétique, systématique, il faut d’abord découvrir l’ordre génétique de sa pensée, pour saisir ensuite son ordre de perfection. Et cet ordre de perfection nous conduit à découvrir la philosophie dans son ultime recherche, dans son ultime épanouissement de sagesse. N’est-ce pas le propre d’une philosophie réaliste de maintenir cette recherche de l’imparfait vers le parfait (ordre génétique) et de tout reprendre dans la lumière de ce qui est découvert d’une manière ultime ? Ici, il s’agit bien de l’Acte Pur, Dieu. Avec ce regard ultime, ce jugement de sagesse, le parfait éclaire l’imparfait et permet de mieux le connaître. 8 Introduction A. Notes biographiques1 C’est la première année de l’Olympiade 99 (384 av. J.-C.) que naquit Aristote, dans une ancienne colonie grecque, sur la côte orientale de la Chalcidique de Thrace, à Stagire, ville où l’on parlait grec et où la culture était essentiellement grecque avec certaines influences macédoniennes. Sa mère était originaire de Chalcis, cité de l’île d’Eubée. Nicomaque, son père, qui semble être originaire de Messénie, était un médecin célèbre : il fut appelé à la cour de Pella, et fut le médecin personnel du roi Amyntas III, père de Philippe. On lui attribue six livres de ιατρικά et un de φυσικά. Il mourut avant d’avoir eu le temps de former son fils à son art. Après la mort de son père et de sa mère, Aristote fut adopté par un certain Proxène d’Atarnée. Plus tard, après la mort de Proxène, en signe de gratitude, Aristote adoptera à son tour le fils de son bienfaiteur, Nicanor, auquel il donnera sa fille en mariage1 2. Il est bien difficile d’apprécier l’influence personnelle de Nicomaque et celle de son art médical sur la formation du jeune Aristote ; de plus, l’enfance et l’adolescence du futur philosophe sont fort peu connues. Dans sa dix-huitième année, vers 367, Aristote arrive à Athènes et se fait inscrire à l’Académie: il devient le disciple de Platon. Celui-ci, après la 1. Plusieurs études ont été consacrées à la biographie d’Aristote. Elles détaillent l’état des sources que nous possédons pour l’établir. Voir en particulier : I. Düring, Aristotle in the Ancient Biographical Tradition ; Paul Moraux, Les listes anciennes des ouvrages d’Aristote, pp. 323-346; Jean Aubonnet, trad, de la Politique d’Aristote, les Belles Lettres, t.I. pp. VIII-XCV ; R. A. Gauthier, Ethique à Nicomaque, pp. 5 sq ; Pierre Louis, Vie d’Aristote. Voir aussi E. Zeller, Die Philosophie der Griechen... 2. Le testament d’Aristote, conservé par Diogène Laërce (cf. Düring, op. cit., pp. 35-37), règle ce mariage et rappelle le nom de Proxène. 9 grande période de son άκμή philosophique (la République, le Banquet), ayant connu les échecs politiques de Syracuse, était sans doute un peu brisé dans son élan philosophique : c’est l’époque où il commence à avoir sur son œuvre un certain regard critique, qui se traduit dans ses écrits les plus analytiques — Parménide, Théétète, Sophiste, Politique... —, par un souci plus grand de logique et de dialectique. C’est ce Platon-là qu’Aristote a rencontré en premier lieu... Aristote demeurera à l’Académie jusqu’à la mort du Maître, en l’an 348. Durant vingt ans, de dix-huit à trente-huit ans, période par excellence de la formation intellectuelle, il vécut donc dans l’atmosphère si complexe de cette Ecole, où l’on cherchait, malgré les luttes, à approfondir les sciences théorétiques et la science politique et morale, puisque, pour Platon, ces recherches s’impliquaient réciproquement. Tout ce que l’esprit humain aspire à connaître, à savoir, était l’objet de recherches assidues, de discussions interminables ; tout ce que l’homme moral et politique pouvait désirer approfondir et posséder, était recherché avec le même intérêt et la même sollicitude. On aimerait avoir un portrait du jeune Aristote étudiant ; on aimerait savoir ses impressions, connaître ses enthousiasmes à l’égard de son nou­ veau maître ; on aimerait pouvoir le suivre dans ses études et voir comment son esprit s’est formé petit à petit à la philosophie. Mais nous ne savons presque rien de ces longues années d’études. Nous en sommes réduits à conjecturer qu’il dut apprendre tout ce. qu’on y enseignait. Peut-être, à cause de ses premières études et de ses aptitudes naturelles, porta-t-il son attention d’une manière particulière sur les sciences de la nature ? Mais évidemment, Platon, avec son idéal philo­ sophique à la fois contemplatif et politique, dut marquer profondément l’intelligence toute fraîche encore de l’élève. Il semble sûr que, du vivant du Maître, Aristote resta à l’Académie, considérant qu’il en faisait pleinement partie1. On peut même ajouter que les rapports de Platon et d’Aristote semblent avoir été et être demeurés très profonds et très intimes. Certes, Platon ne parle qu’une fois d’Aristote dans ses dialogues. Mais on ne peut interpréter ce silence comme une condamnation implicite du maître à l’égard de son disciple, puisque la plupart du temps Platon suppose scs dialogues philosophiques antérieurs à la fondation de l’Académie. Il semble au contraire, d’après Philopon et le pseudo-Ammonius, que Platon comprit 1. Diogène Laërce rapporte qu’Aristote aurait, du vivant de Platon, fondé une école rivale de l’Académic. Il aurait même un jour, en l’absence de Xénocrate et de Speusippe, critiqué violemment son ancien maître et l’aurait forcé à quitter l’Académic. Mais Denys d’Halicar- nasse dit expressément l’inverse. Du reste, si Aristote avait quitté Platon de son vivant et avait voulu fonder une nouvelle école, l’affirmation d’Apollodore attestant qu’il resta vingt ans auprès de Platon, serait mensongère. Or le témoignage d’Apollodorc a historiquement plus de valeur que celui de Diogène. On pourrait encore noter que Théocrite de Chios reproche à Aristote d’avoir quitté l’Académie à la mort de Platon et d’avoir gagné la Macédoine, ce qui évidemment n’aurait plus de sens si Aristote avait déjà rompu avec l’Académie. 10 la valeur exceptionnelle de son disciple. Il le surnommait le « liseur » et « la tête de l’Ecole »x. Il le considérait comme l’étudiant modèle, à l’intelligence vive et ardente, qui n’a pas besoin d’être « aiguillonné », mais « modéré ». Aristote de son côté s’attacha, de toute la ferveur de son âme d’adolescent, à ce Maître qu'il admirait, estimait et aimait. Dans son dialogue sur Eudème, son condisciple, Aristote parle avec la plus grande admiration de leur maître ; et dans ses premiers écrits, il emploie la première personne du pluriel lorsqu’il cite des opinions platoni­ ciennes1 2. Il estime donc bien durant cette période qu’il appartient à l’Académie. Mais on connaît ce beau passage de l’Ethique à Nicomaque où Aristote, obligé de prendre position contre la théorie du Bien-en-soi de son ancien maître, affirmera : « Il vaut mieux et même il faut, quand il s’agit de sauver la vérité, sacrifier aussi ce qui nous est intime, surtout lorsqu’on est philosophe. L’un et l’autre [Platon et la vérité] étant des amis, il est sacré de préférer la vérité »3. Le philosophe doit sacrifier ses sentiments les plus personnels et les plus intimes pour sauvegarder dans leur intégrité les droits de la vérité. Aristote, en préférant la vérité à l’amitié de son maître, lui rend le suprême témoignage de fidélité. Pendant ces vingt ans à l’Académie, Aristote ne fut pas toujours l’écolier qui écoute l’enseignement du maître. Il vint un jour où lui-même dut se mettre à enseigner. A quelle époque ? Nous ne le savons pas. On reconnaît généralement que déjà du vivant de Platon, le Stagirite écrivit plusieurs dialogues4, et qu’il donna un cours sur la rhétorique5. Il fallait tenir tête à l’école rivale d’Isocrate alors florissante. A la mort de Platon, Speusippe, son neveu, lui succéda à la tête de l’Académie. Aristote et Xénocrate partirent pour l’Asie Mineure. On ignore les motifs de ce départ : rivalités, besoin de liberté plus grande, 1. Άριστ... ώς νοϋς τής διατριβής. Cf. DÜRING, op. cit., p. 98, § 6-7 ; p. 152, § 6-7. 2. Voir Mét., A, 9, 990 b 9, 23. W. Jaeger, dans ses études sur la chronologie des œuvres d’Aristote, s’appuie sur cette façon de parler pour déceler, parmi les écrits d’Aristote, ceux qui appartiennent à sa période platonicienne. Sans trop forcer cet argument, il nous suggère au moins combien Aristote s’était intégré dans l’Académic. Cf. W. Jaeger, Aristotle..., p. 167 sq. 3. Op. cit., I, 4, 1096 a 14-17. 4. D’après Jaeger, il faudrait rattacher à ce premier séjour d’Aristote à Athènes, VEudème et le Protreptique, à cause meme de la parenté doctrinale de ces écrits avec la théorie de Platon, (Jaeger, op. cit., pp. 39-101). 5. Voir Cicéron, de Orat., III, 35,141 ; 17,62 ; Tuse., I, 4,7. On sait qu’Isocrate cherchait à faire une sorte de synthèse de la Rhétorique de Gorgias et de la méthode socratique. Aristote dans sa Rhétorique souligne la relation qui existe entre la rhétorique, la dialectique et la politique : « La rhétorique est comme un rejeton (παραφυές) de la dialectique et de la science des mœurs qu’il est juste d’appeler politique. Ainsi la rhétorique se revêt du masque de la politique » (op. cit., I, 2, 1356 a 25-27). Aristote n’accepte pas la position d’Isocrate, qui dégrade fatalement la politique. Celle-ci pour Aristote est une science pratique, tandis que « la rhétorique est une partie de la dialectique et lui ressemble (...) ; ni l’une ni l’autre n’est une science étudiant quelque chose de défini. Elles sont l’une et l’autre des puissances capables de fournir des arguments » (op. cit., I, 2, 1356 a 30-33). 11

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