Innovations démocratiques et logiques partisanes: le cas de la campagne de Ségolène Royal en 2007 Nicole Gauthier To cite this version: Nicole Gauthier. Innovations démocratiques et logiques partisanes: le cas de la campagne de Ségolène Royal en 2007. Science politique. Université du Droit et de la Santé - Lille II, 2013. Français. NNT: 2013LIL20009. tel-00944014 HAL Id: tel-00944014 https://theses.hal.science/tel-00944014 Submitted on 10 Feb 2014 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. PRES Université Lille Nord de France Thèse délivrée par l’Université Lille 2 – Droit et Santé N° attribué par la bibliothèque __|__|__|__|__|__|__|__|__|__| THÈSE Pour obtenir le grade de Docteur en science politique Présentée et soutenue publiquement par Nicole Gauthier Le 25 septembre 2013 Innovations participatives et logiques partisanes : Le cas de la campagne de Ségolène Royal en 2007 JURY Directeur de thèse : M. Loïc Blondiaux, Professeur, Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne Membres du jury : Mme Fabienne Greffet, Maître de conférences, Université de Lorraine Mme Florence Haegel, Directrice de recherche FNSP, rapporteur M. Rémi Lefebvre, Professeur, Université Lille 2 Mme Laurence Monoyer-Smith, Professeure, Université de Compiègne, rapporteur M. Frédéric Sawicki, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne 1 2 Remerciements Avant 2008, le règlement des thèses de l’Université de Leyde interdisait à ses doctorants les « témoignages de reconnaissance à l’égard de ceux qui sont impliqués dans l’évaluation de la thèse ». Cette règle me paraissait sage, et j’avais envisagé de m’y plier. Pourtant, à l’heure de conclure ce travail, le besoin d’exprimer ma reconnaissance à ceux qui m’ont permis de le réaliser l’emporte sur toute autre considération. Merci en tout premier lieu à Loïc Blondiaux pour avoir accepté de diriger cette thèse et de m’avoir accompagnée toutes ces années dans cet exercice qui m’était si peu familier. Merci à l’Université de Lille 2 d’avoir accueilli ma demande atypique d’inscription en doctorat. Christian-Marie Wallon-Leducq, directeur de l’Ecole doctorale des sciences juridiques, politiques et de gestion, et Frédéric Sawicki, directeur du CERAPS, ont facilité ma démarche avec bienveillance ; leurs successeurs, Serge Dauchy et Jean-Gabriel Contamin, m’ont permis d’aller jusqu’au bout de ce parcours. Merci à tous ceux qui m’ont reçue, et à tous les internautes anonymes dont les messages ont nourri une partie de cette recherche. Merci à ma famille, mes amis et mes proches pour leur patience et leur soutien. Pardon à ceux que j’ai rudement rabroués quand ils se risquaient à une question innocente : « Alors, cette thèse ? » Merci à Jean-Yves Mérindol, pour tout. 3 A mon père, Guy Gauthier (1930 – 2010) 4 SOMMAIRE SOMMAIRE………………………………………………………………………………..5 INTRODUCTION…………………………………………………………………………...7 PARTIE 1. LE PARTI SOCIALISTE ET L’ECHEANCE PRESIDENTIELLE DE 2007…………….53 Chapitre 1. L’identité partisane à l’épreuve de l’élection présidentielle………………………..55 Section 1. L’élargissement de la base militante et la remise en question des formes d'adhésion………………………………………………………………………..………….57 Section 2. La désignation du candidat socialiste à la présidentielle : une présidentialisation mal assumée………………………………………………………………………….84 Chapitre 2. L’organisation électorale contre l’institution partisane…………………………...105 Section 1. Siège (s) de campagne, lieux de pouvoir………………………………………107 Section 2. Désirs d’avenir, l’antithèse du Parti socialiste. Les paradoxes d’une organisation sans appareil………………………………………………………………………………114 Section 3. Le parti et la campagne sous surveillance publique………………...................148 Conclusion de la partie 1………………………………………………………………………176 PARTIE 2. L’INTRODUCTION DES FORMES PARTICIPATIVES DANS LA CAMPAGNE PRESIDENTIELLE DE 2007……………………………………………………………...177 Chapitre 3. Ségolène Royal et la démocratie participative, retour sur l’appropriation d’un concept…………………………………………………………………………………………182 Section 1. Un positionnement politique national et régional……………………………...182 Section 2. L’émergence de la « démocratie participative » dans la campagne……………188 Section 3. Les formes participatives de la campagne de Ségolène Royal………………...202 5 Chapitre 4. La campagne numérique et la redistribution des rôles militants………………….225 Section 1. Les sources d’inspiration………………………………………………………226 Section 2. Internet dans la campagne : un dispositif centralisé au service d’une démarche participative……………………………………………………………………………….245 Section 3. Internet, outil de communication interne………………………………………319 Conclusion de la partie 2………………………………………………………………………336 PARTIE 3. LES EFFETS DES DISPOSITIFS PARTICIPATIFS DANS LA CONQUETE ELECTORALE…………………………………………………………………………..337 Chapitre 5. Des débats participatifs à la rédaction du « Pacte présidentiel » : validation, ratification, légitimation……………………………………………………………………….337 Section 1. Un positionnement politique national et régional ……………………………..343 Section 2. Les débats participatifs locaux : la démocratie participative à la rencontre du Parti socialiste…………………………………………………………………………………...362 Section 3. Le « Pacte présidentiel » vs « projet » du Parti socialiste : négociations, compromis, contradictions………………………………………………………………...380 Chapitre 6. Candidat, parti, citoyens : qui parle pendant la campagne ?...................................398 Section 1. La démocratie participative est-elle compatible avec une campagne présidentielle ? ……………………………………………………………........................400 Section 2. La « démocratie participative » en campagne présidentielle : une question de communication ?..................................................................................................................408 Conclusion de la partie 3………………………………………………………………………414 CONCLUSION GENERALE……………………………………………………………….416 INDEX DES TABLEAUX………………………………………………………………… 423 BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………..424 SOURCES ET ANNEXES…………………………………………………………………445 6 INTRODUCTION GENERALE PROPOS LIMINAIRE Avant de présenter ce travail, il me faut préciser la position qui est la mienne, puisque le choix du sujet de cette thèse doit autant à ma formation académique initiale (la sociologie) qu’à trente ans d’expérience professionnelle comme journaliste. S’il s’agit d’une thèse en science politique, celle-ci a été inspirée et irriguée par mon parcours professionnel. Journaliste au quotidien Libération pendant plus de vingt ans, j’ai eu l’occasion, au service politique, puis dans l’exercice de responsabilités d’encadrement, de « suivre », selon l’expression en vigueur dans l’univers journalistique, l’activité d’une confédération de partis (l’UDF, alors présidée par Valéry Giscard d’Estaing, ainsi que les différentes organisations qui la composent à l’époque, Parti républicain, Centre des démocrates sociaux, Parti radical), d’institutions relevant du législatif ou de l’exécutif (Parlement, Matignon, Conseil constitutionnel) et de « couvrir » plusieurs campagnes 7 présidentielles (1988, 2007), dont certaines d’entre elles au quotidien (1995, 2002) jusqu’à mon départ du journal, en juillet 2007. Avec des moyens et des méthodes qui diffèrent, les journalistes politiques partagent avec les chercheurs des sujets de réflexion sur plusieurs des questions qui traversent aujourd’hui la science politique, en France comme à l’étranger : la place et le rôle des partis politiques et les mutations partisanes, les nouvelles formes d’expression démocratique et les usages du numérique, l’émergence des méthodes participatives et les transformations de la communication politique. C’est en premier lieu ce constat qui a guidé le choix de mon sujet. Il existe aussi des similitudes entre ce qui est interprété comme une « crise » de la représentation politique (progression de l’abstention, décalage entre la base sociologique des partis et celle du pays, manifestations ponctuelles de mouvements sociaux alternatifs) et l’expression d’une « crise » des médias (baisse du lectorat et de l’audience, déficit de crédibilité, essor des médias contributifs). A l’injonction signifiée aux partis politiques, et notamment au Parti socialiste, de renouer avec « le peuple » ou « les milieux populaires » correspond celle, adressée aux médias, au prix de leur survie, de ne pas se contenter d’être le relais des seules élites au détriment des messages réitérés de ces mêmes « catégories populaires ». Le choix du sujet de cette thèse, effectué début 2007 alors que j’étais encore à Libération, est le produit de cette expérience. A la veille de la campagne de 2007, la tentative revendiquée par la candidate du Parti socialiste, ancienne ministre, députée et présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes depuis 2004, de transformer les modalités classiques d’une campagne présidentielle au profit de méthodes participatives dans une élection nationale ouvrait une perspective d’observation du champ politique – qui, sans être nouvelle, constituait une première, au moins dans un rendez-vous électoral national. Cette démarche, fût-elle désordonnée, maladroite et brouillonne, agrégeait des expériences délibératives, des approches empruntées aux récentes mobilisations sociales, des expériences de prise de parole dans l’espace public, et une volonté d’expérimentation ambitieuse de la démocratie numérique et du web 2.0 à l’échelle d’un 8 pays. Elle entrait en tension avec l’organisation partisane, les formes traditionnelles de militantisme, les séquençages de l’agenda politique et les jeux de rôle en campagne électorale. Elle croisait la réflexion sur plusieurs questions qui intéressent la science politique, en France comme à l’étranger : les transformations contemporaines des partis politiques1, l’émergence des méthodes participatives dans la vie politique2, les usages de l’Internet et de ses capacités interactives au service de pratiques démocratiques3, les mutations de techniques de campagnes électorales. Ainsi est né le souhait de regarder les effets produits par cette approche, au sein de l’appareil partisan comme dans l’espace de débat public qui s’agrège autour d’un candidat en campagne présidentielle (médias, réseaux et soutiens de la candidature). Cette thèse est donc articulée autour de deux problématiques, les tensions entre logiques partisanes et logiques participatives d’une part, les conséquences des dispositifs participatifs sur les conditions du débat, les stratégies, et l’élaboration programmatique d’autre part. Pas plus que la plupart des journalistes et commentateurs politiques, je n’avais anticipé le résultat du premier tour de l’élection présidentielle de 2002, et son corollaire, l’absence du candidat du Parti socialiste du second tour de la compétition électorale. De la même façon, le résultat du référendum du 31 mai 2005 a autant mis en questions un Parti socialiste dont les militants avaient, en interne, approuvé les termes du Traité constitutionnel européen soumis au vote des électeurs, que les médias qui n’ont pas su anticiper et expliquer les racines du « non » qui s’est finalement imposé. L’objet choisi pour ce travail de recherche permettait de prolonger mon expérience professionnelle, avec la perspective de nourrir les interrogations déjà 1 Grunberg G., Haegel F., La France vers le bipartisme ? La présidentialisation du PS et de l’UMP, Paris, Presses de sciences po, coll. Nouveaux débats, 2007 ; Lefebvre R. et Sawicki F., La société des socialistes. Le PS aujourd’hui, Bellecombes-en-Bauges, édition du Croquant, coll. Savoir-agir, 2006 ; Aucante Y., Dézé A. (dir.), Les systèmes de partis dans les démocraties occidentales. Le modèle du parti-cartel en question, Paris, Presses de SciencesPo, 2008. 2 Blondiaux L., Le nouvel esprit de la démocratie, Paris, Le Seuil, coll. La République des idées, 2008 ; Bacqué M.-H., Sintomer Y., La démocratie participative. Histoire et généalogie, Paris, La Découverte, 2011 ; Lefebvre R., Roger A., Les partis politiques à l’épreuve des procédures délibératives, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. Res Publica, 2009. 3 Cardon D., La démocratie Internet, promesses et limites, Paris, Le Seuil, coll. la République des idées, 2010 ; Parler politique en ligne, numéro thématique de la revue Réseaux, vol. 26 150/2008 ; Greffet F., continuerlalutte.com. Les partis politiques sur le web, Paris, Presses de Sciences Po, 2011 ; Castells M., La galaxie Internet, Paris, Fayard, 2001. 9
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