PDF EN LIGNE Imprimés anonymes en langues africaines 1830-1960 catalogue établi par Musanji Ngalasso-Mwatha 1 URL de référence de ce document : http://colloques.bnf.fr/isbn978-2-7177-2471-4/ Direction éditoriale Pierrette Crouzet Suivi éditorial Catherine Coupard Conception et réalisation graphique Nicolas Taffin et Kathleen Ponsard Dépôt légal : juin 2011 Illustration de la couverture du livre : Gottfried Hensel, Africa polyglotta scribendi modos gentium exhibens, gravé par Sebastian Dorn, vers 1710, BNF, Cartes et Plans, GE BB 565 (1, 30), détail. © Bibliothèque nationale de France, 2011 ISBN 978-2-7177-2471-4 L’auteur Musanji Ngalasso-Mwatha est professeur de sociolinguistique et de linguistique africaine à l’université Michel de Montaigne-Bordeaux 3 ; directeur du CELFA (Centre d’études linguistiques et littéraires francophones et africaines), chercheur au CEAN (Centre d’étude d’Afrique noire), Bordeaux. Il a également enseigné dans les universités suivantes : Lovanium de Kinshasa, université nationale du Zaïre à Lubumbashi, Sorbonne Nouvelle-Paris 3, Paris 10-Nanterre, Paris 13-Villetaneuse, Victor Ségalen-Bordeaux 2, Laval (Québec, Canada), de Moncton (Nouveau-Brunswick, Canada), Kara (Togo). Il a publié plus de 200 ouvrages de linguistique et de sociolinguistique et a dirigé la collection «Observer et découvrir la langue française » aux éditions Fernand Nathan (Paris). Ses recherches portent essentiellement sur la description des langues bantu (le gipende, le kikongo et le lingala), sur la dynamique des langues et les politiques linguistiques ainsi que sur la didactique du français langue seconde en Afrique. Coauteur de L’Afrique répond à Sarkozy. Contre le discours de Dakar, Paris, Philippe Rey, 2008 (dir. Makhily Gassama) 50 ans après. Quelle indépendance pour l’Afrique, Paris, Philippe Rey, 2010 (dir. Makhily Gassama) Derniers ouvrages dirigés Littératures, savoirs et enseignement, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2007 Linguistique et poétique. L’énonciation littéraire francophone, Bordeaux, PUB, 2008 Présence francophone, n° 73 « Écritures dramatiques », Worcester, University of the Holy Cross (USA), 2009 Imaginaire linguistique dans les discours littéraires, politiques et médiatiques en Afrique, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2010 (sous presse). Quelques articles récents « La frontière linguistique et ses représentions en Afrique », in Alain Viaut, dir., Variable territoriale et promotion des langues minoritaires, Bordeaux, Maison des sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2007, p. 219-250. « Ni “petit-nègre” ni “petit-français” », La bataille des langues, Le Monde diplomatique, numéro 97, février-mars-2008, coll. « Manière de voir », p. 31-32. « Le trauma dans la littérature africaine et les mots pour l’écrire », in Peter Kuon, éd., Trauma & texte, Vienne, Peter Lang, 2008, p. 161-183. « La question linguistique au 1er congrès des écrivains et artistes noirs », Présence africaine, numéros 175-176-177 (cinquantenaire du 1er Congrès international des écrivains et artistes noirs, 19-22 septembre 2006), vol. II, Communications et débats, 2008, p. 143-162. « De l’imaginaire linguistique dans les discours littéraires », Pour une sémiotique du discours littéraire postcolonial d’Afrique francophone, textes réunis et présentés par Alpha Ousmane Barry, Paris, L’Harmattan, 2009, p. 13-55. « L’exil dans la littérature africaine écrite en français », Écritures de l’exil, Eidôlon, nº 85, texte réunis par Danièle Sabbah, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2009, p. 253-268. « Un demi-siècle d’indépendance. L’hypothèque culturelle », in Maklily Gassama, dir., 50 ans après, quelle indépendance pour l’Afrique ? Paris, Philippe Rey, 2010, p. 355-395. Remerciements Nos remerciements vont, à la Bibliothèque nationale de France, à Jean-Marie Compte (directeur du département Littérature et Art depuis 2008), Jean-François Foucaud (directeur du département Littérature et Art de 1998 à 2007), Catherine Aurérin (chef du service des Littératures étrangères depuis 2003), Lise Devreux (chef du service des Littératures étrangères de 2001 à 2003), Paulette Lordereau (chargée de collections secteur Afrique de 1972 à 2003), Marie-Odile Velut (chargée de collections secteur Afrique de 2003 à 2007), Bruno Sagna (chargé de collections de 1992 à 2006), ainsi qu’à Catherine Coupard (chargée d’édition, département éditorial et commercial, service de l’édition des livres). Il nous est particulièrement agréable de remercier, pour leur aide à l’élaboration du catalogue, Christine Cazenave (Centre d’étude d’Afrique noire, Bordeaux), Guilène Réaud-Thomas (DyMSET – Dynamiques des milieux et des sociétés dans les espaces tropicaux du CNRS l’université Michel de Montaigne-Bordeaux 3), Jean-Claude Bruneau (université Paul Valéry-Montpellier), Aliou Dioum (École normale supérieure de Dakar), Larry Hyman, Sam A. Mchombo (University of California, Berkeley), Raphaël Kaboré (université Paris-Jussieu), Marie-Madeleine Mbonji-Mouelle (École normale supérieure de Yaoundé), Gisèle Prignitz (université de Pau), Gabriela Bellwald et Chantal Tresbarats (Société internationale de linguistique). Sommaire L’auteur 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Remerciements 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Avant-propos 7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Introduction 9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les langues africaines et l’écriture ..................................................................10 Le fonds des anonymes africains conservé à la Bibliothèque nationale de France .............................................................13 Constitution du fonds, mise en œuvre du catalogue .....................................15 Ce que le fonds révèle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16 Les langues identifiées dans le fonds des anonymes de la BNF 20 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Langues ou dialectes ? .....................................................................................20 Le problème de la dénomination .....................................................................21 L’orthographe ...................................................................................................23 La classification ................................................................................................24 Tableau des familles et groupes de langues. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Carte des 80 langues répertoriées dans le fonds de la BNF ..................26 Liste de ces 80 langues ..............................................................................27 Catalogue 43 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Avertissement ...................................................................................................43 Le catalogue ......................................................................................................44 Annexes 133 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Index des langues et des dialectes ...............................................................133 Liste des anciens noms de pays et de villes ................................................143 Liste des pays et villes d’édition et d’impression ........................................143 Bibliographie et abréviations bibliographiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .145 Avant-propos Ce travail d’inventaire conduit la réflexion vers un aspect peu connu de l’histoire des relations littéraires et linguistiques de la France avec l’Afrique. Il sort d’une découverte : Paulette Lordereau, qui en a conçu le projet, a longtemps fait partie du Groupe de recherche sur les littératures de l’Afrique, où elle a déjà mené à bien la rédaction de deux catalogues sur ce sujet. Nous avons tous pu apprécier ses qualités de chercheuse, son esprit frondeur, la largeur de ses vues sans concessions aux thèmes à la mode. Alors qu’elle aurait pu se contenter d’apporter de l’eau au moulin de la francophonie, elle s’est intéressée à ce qui était resté dans les tiroirs, à ce qui n’avait pas été classé et que l’on ne savait où ranger. C’est ainsi qu’elle a rencontré nos préoccupations. « Langues, livres, littératures », tel était l’intitulé de notre groupe de recherche dont l’objet était l’étude des modes de connexions entre les langues et les livres et entre les livres et les littératures. Au sein du laboratoire Langage, langues et cultures d’Afrique noire, unité mixte de recherche du Centre national de la recherche scientifique et de l’Institut national des langues et civilisations orientales, nous avons continué ce programme : comment une langue s’imprime-t-elle ? Par quelles étapes, souvent confuses, passe-t-elle avant que l’on puisse la reconnaître en tant que langue « littéraire » ? C’est Wilhelm Bleek, bibliothécaire du gouverneur du Cap, qui inventa, en 1857, le terme de langues « bantu » ; il le fit pour classer des ouvrages de grammaire et de linguistique du fonds dont il avait la charge, et son travail de classification a inauguré la linguistique africaine. Le présent ouvrage nous offre un échantillon de la production imprimée du xixe et du xxe siècle en langues africaines. Nombre de ces textes – y compris ceux qui ont été imprimés en Afrique – ont été oubliés, d’autres ont été diffusés, certains mériteraient une réédition, telle la grammaire swahili de Delaunay, qui figure d’abord dans notre corpus comme œuvre d’un auteur anonyme. Musangi Ngalasso-Mwatha, professeur de linguistique générale à l’université de Bordeaux, a pris en charge la direction de la recherche. Il fallait identifier les langues, commenter les ouvrages : seul un linguiste soucieux de l’impact social des langues, de leur trace dans l’imprimé, de leur expansion et de leur aménagement pouvait entreprendre ce travail. Musanji Ngalasso-Mwatha y est parvenu, avec l’aide d’un réseau de correspondants qu’il lui a fallu constituer, pour faire face à la diversité des langues et des dénominations qui varient dans l’histoire et les traditions linguistiques. Tous ces textes furent souvent, pour de nombreuses langues repré- sentées dans ce fonds, les premiers à avoir été imprimés et ils sont également des documents uniques pour l’histoire de la linguistique et pour l’anthropologie. Les rendre accessibles aisément aux étudiants est notre plus grand souhait. Ce catalogue, qui est une publication électronique, va permettre d’y contribuer. Alain Ricard directeur de recherche au CNRS Institut d’études politiques de Bordeaux Centre d’étude d’Afrique noire 8 Introduction La plupart des langues africaines évoluent au sein d’une tradition orale, ce qui explique qu’elles ne possèdent pas de textes écrits anciens. Mais tradition d’oralité ne veut nullement dire ignorance de l’écriture ni absence de littérature. Car littérature n’est pas synonyme d’écriture. Pour comprendre ce rapport, qui n’est pas simple quand on n’a pas pris de distance avec l’étymologie (« littérature » vient du latin littera, « lettre »), il faut faire une distinction nette entre « littéralité » (le fait d’être écrit1) et « littérarité » (le fait d’avoir une valeur littéraire). Cette dernière se définit non pas par la lettre mais par l’esprit d’un travail d’élaboration de la parole destiné à produire du « beau ». Est donc littéraire, selon une définition jacobsonienne2 désormais bien connue, tout texte, écrit ou non, répondant à des critères de « beauté intrinsèque ». La littérature se définit, par-delà l’écriture, par la valeur esthétique des textes, valeur reconnue au sein des communautés de langue et de culture qui produisent ces textes. C’est dans ce sens précis que l’on peut légitimement parler de « littérature orale ». Dans toutes les sociétés humaines, la littérature orale précède la littéra- ture écrite, la fonde, la féconde, l’inspire. Bien souvent celle-ci n’est d’abord qu’une transcription, une transposition, une pâle copie de celle-là. Comme on le verra dans les textes inventoriés dans ce volume, la plupart des sociétés africaines en sont encore à cette étape de la transcription, de la transposition et de la traduction, ne faisant de l’écriture qu’un usage marginal pour la conservation et pour la transmission des connaissances de génération en génération. 1 Ce terme est synonyme de « scripturalité » et s’oppose à « oralité » (le fait d’être oral). 2 Voir notamment son chapitre sur la poétique dans Essais de linguistique générale, Paris, Éditions de Minuit, 1963, p. 206 et suiv. 9 Les langues africaines et l’écriture Pourtant, on le sait maintenant, l’Afrique n’a pas ignoré l’écriture en tant que technique de représentation de la parole, y compris sur le mode picto- phonographique. Ce rapport à l’écriture paraît d’ailleurs ancien quand on pense à des formes graphiques qui ont pris naissance sur le continent (comme ces hiéroglyphes égyptiens et ces inscriptions méroïtiques qui n’ont toujours pas livré tous leurs secrets) ou qui ont été empruntées à des civili- sations extérieures (comme l’écriture arabe introduite par l’Islam depuis le viiie siècle et l’écriture latine apportée par les conquistadors européens dès le xve siècle). Il s’est prolongé avec les systèmes de transcription africains3 plus tardifs (comme les alphabets vai au Libéria, bamun au Cameroun, nsibidi au Nigéria, mende en Sierra Leone, etc.). Malheureusement, en raison de leur caractère cryptique, ces systèmes graphiques appartenant à des clubs d’initiés sont restés ésotériques, refusant délibérément de devenir des moyens populaires d’acquisition et de transmission des connaissances. Ce rôle est dévolu tout entier à la mémoire, une mémoire institution- nalisée, avec ses détenteurs attitrés et ses « prêtres », qui sont les griots, les poètes, les conteurs et les gens de métiers (forgerons, chasseurs, pêcheurs, tisserands…), dont le savoir est acquis par initiation – d’où le concept de « civilisations de l’oralité ». L’écriture n’a été mise en avant dans aucune société traditionnelle africaine, ne faisant pas l’objet d’une consommation de masse. Elle n’a commencé à être valorisée que depuis l’avènement de l’islam et, plus tard, du christianisme. Cette absence de valorisation et de popularisation explique pourquoi l’écriture n’a pas connu, en Afrique, comme c’est le cas ailleurs, en Europe ou en Asie, la prestigieuse fortune qui la relie au document et au monument historiques. La non-promotion des écrits en langues africaines aujourd’hui et la marginalisation dans laquelle on les maintient depuis la période coloniale et en dépit des indépendances politiques sont un phénomène bien curieux, 3 Une recension complète des écritures africaines a été faite par David Dalby : voir Dalby 1967, 1968 et 1969. Voir également : Olderogge 1966 ; Obenga 1973 ; Dalby 1986 ; Faïk-Nzuji 1992. Pour une synthèse récente, voir Battestini 1997. 10
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