AVERTISSEMENT Ce document est le fruit d'un long travail approuvé par le jury de soutenance et mis à disposition de l'ensemble de la communauté universitaire élargie. Il est soumis à la propriété intellectuelle de l'auteur. Ceci implique une obligation de citation et de référencement lors de l’utilisation de ce document. D'autre part, toute contrefaçon, plagiat, reproduction illicite encourt une poursuite pénale. Contact : [email protected] LIENS Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 122. 4 Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10 http://www.cfcopies.com/V2/leg/leg_droi.php http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm École doctorale Perspectives interculturelles : écrits, médias, espaces, sociétés HERVÉ BAZIN : Impressions de séduction à la lumière de la stylistique Thèse de doctorat de l’Université Paul Verlaine - Metz 1er juillet 2011 Soutenue par Véronique Friha sous la direction de Sylvie Freyermuth Professeur en Langue et littérature françaises Centre de recherche « Écritures » Membres du Jury Marc BONHOMME (Professeur), Université de Berne (rapporteur) Bernard COMBETTES (Professeur), Université de Nancy 2 Sylvie FREYERMUTH (Professeur), Université Paul Verlaine - Metz Frank WILHELM (Professeur), Université du Luxembourg (rapporteur) Jean-Michel WITTMANN (Professeur), Université Paul Verlaine - Metz Eugène Fleuré écrit dans une lettre datée du 6 juin 1965 à Hervé Bazin, à propos des jeunes lecteurs : « Ceux qui ont été marqués au départ, arrivent parfois à garder leur fidélité intacte une existence entière… » (p. 3). Remerciements « La rédaction de cet ouvrage est le fruit d’un engagement personnel contracté il y a quelques années1 » : comme le prouvent ces premières lignes d’un avant-propos, la vie est faite d’engagements, comme celui que je pris avec Hervé Bazin un vendredi 25 septembre 1987 dans l’école élémentaire de Mancieulles. Je lui fis part de mes projets de rédiger une thèse : il eut la délicatesse d’en paraître sincèrement flatté. Approche inoubliable d’un personnage. Mais les engagements ne sont rien sans la rencontre de gens exceptionnels qui en conditionnent le terme. Ce même hasard qu’Hervé Bazin décrit si bien dans ses ouvrages a voulu que je croise la route de Sylvie Freyermuth, professeur alors de la faculté des lettres et sciences humaines de Metz : un grand petit bout de femme, dont la gentillesse et la modestie n’ont d’égales que sa compétence. Sans elle, rien n’aurait pu commencer. Merci Madame. Vous avez ici encore prouvé que vous êtes une femme d’engagement et de cœur. Je remercie sincèrement Messieurs les Professeurs Marc Bonhomme, de l’Université de Berne, et Frank Wilhelm, de l’Université du Luxembourg, pour leur rôle de rapporteurs. Un grand merci aux quatre Professeurs constitutifs du jury, sans lesquels la soutenance ne pourrait évidemment avoir lieu : Monsieur le Professeur Marc Bonhomme, de l’Université de Berne, Monsieur le Professeur Bernard Combettes, de l’Université de Nancy II, Monsieur le Professeur Frank Wilhelm, de l’Université du Luxembourg et Monsieur Jean-Michel Wittmann de l’Université de Metz. Je remercie également Valérie Neveu, conservatrice jusqu’en 2006 de la Bibliothèque Universitaire d’Angers, qui a diligenté une équipe pour classer, de juin 2005 à juin 2006, tous les documents du Fonds Bazin rachetés à l’issue d’un procès par la ville d’Angers, afin de me permettre d’accéder à des documents indispensables à ma recherche. Prétextant n’avoir fait que son devoir, elle est bien loin de penser que je la cite ici. Même en évitant de donner à cet exercice un tour ennuyeux et conventionnel, il m’est impossible de ne pas évoquer ici l’équipe des professeurs de la Faculté des lettres et sciences humaines de Metz dont l’encadrement est précieux à tous les 1 S. FREYERMUTH, Jean Rouaud et le périple initiatique : une poétique de la fluidité, Paris, L’Harmattan, 2006, 299 p. Doctorants. Je songe aussi à tous ceux que je ne nommerai pas, pour faire bref, et qui se reconnaîtront. Un clin d’œil plein de tendresse à ma fille, Sophie, et à celui qui me supporte depuis tant d’années (et qui commence à en avoir un peu assez de ses chemises mal repassées). Enfin, à ma secrétaire – très – particulière, pleine de rondeurs, d’amour et de poils : Fifine. SOMMAIRE REMERCIEMENTS .................................................................................................... 3 SOMMAIRE ........................................................................................................... 5 INTRODUCTION 8 I PROGRESSION DE L’ÉTUDE ............................................................................ 11 II DÉLIMITATION D’UN CORPUS D’ÉTUDE......................................................... 14 1 Les romans ................................................................................................. 15 2 Les inclassables .......................................................................................... 16 PRÉLIMINAIRES 17 I LA CRITIQUE LITTÉRAIRE ............................................................................. 18 1 Quel rôle la critique joue-t-elle ? .............................................................. 18 2 Des réactions mitigées ............................................................................... 20 3 L’autobiographie non avouée et embarrassante........................................ 23 4 Une « forme » louable, malgré le « fond » ................................................ 24 5 Un désintérêt injuste .................................................................................. 27 II COMMENT EXPLIQUER LE SCANDALE ENTOURANT LA TRILOGIE ? ............. 29 PREMIÈRE PARTIE LA FORCE DE L’ÉCRITURE .............................................................................. 34 I VISION INTERNE ............................................................................................. 35 II L’IMPORTANCE DES MOTS ............................................................................. 53 1 Préambule : impressions d’ensemble......................................................... 53 2 Abécédaire.................................................................................................. 55 2.1 Rénovation des mots par la morphologie ................................................. 57 2.2 Jeux sur l’homophonie ............................................................................. 62 2.3 Les ressources de la syntaxe .................................................................... 64 2.4 Les ressources de la sémantique : fusion entre sens concret et sens abstrait (ou syllepse) ..................................................................... 65 2.5 La ponctuation .......................................................................................... 68 3 Conclusion ................................................................................................. 74 III LA MÉTAPHORE BAZINIENNE : UNE UTILISATION EXPRESSIVE ET SUGGESTIVE DE LA LANGUE .................................................................................. 78 1 Remarques sur l’âge des métaphores ........................................................ 83 1.1 Les métaphores usées ............................................................................... 83 1.2 Les métaphores neuves ............................................................................ 84 1.3 Les personnifications ............................................................................... 85 1.4 La métaphore répétitive............................................................................ 87 2 Classement des catégories sémantiques par séquences. ............................ 88 2.1 Première catégorie : la « matérialisation » ............................................... 89 2.2 La personnification (ou humanisation) .................................................... 91 2.3 Transformation animale ........................................................................... 93 2.4 La guerre .................................................................................................. 93 2.5 Le monde végétal ..................................................................................... 94 2.6 Les métaphores involontaires ................................................................... 94 2.7 L’art de la représentation et de l’image : le cinéma et le théâtre ............. 95 2.8 L’élément liquide et ce qui gravite autour (la navigation) ....................... 96 2.9 Catégories sémantiques mineures – en nombre seulement – ............. 96 2.9.1 La religion ......................................................................................... 96 2.9.2 La mort .............................................................................................. 96 2.9.3 L’enfance........................................................................................... 96 2.9.4 Le jeu ................................................................................................. 97 2.9.5 La culture du Moyen Âge ................................................................. 97 2.9.6 L’histoire romaine ............................................................................. 97 2.9.7 La mythologie ................................................................................... 97 IV HERVÉ BAZIN : ÉCRIVAIN PUDIQUE ? ....................................................... 98 1 La Justice : une épée de Damoclès menaçante ........................................ 101 2 La honte de l’aveu .................................................................................... 105 DEUXIÈME PARTIE LA SÉDUCTION NÉE DES NÉCESSITÉS D’UNE DISTANCIATION 108 I L’EXPRESSION DE LA THÉÂTRALITÉ DANS LA TRILOGIE ............................ 109 1 Vipère au poing ........................................................................................ 109 1.1 Des jeux d’acteurs qui manquent de talent ............................................ 109 1.2 « Alias » ................................................................................................. 120 1.3 Les conséquences d’un tel système : une absence totale de sincérité .... 122 1.4 L’art du déguisement.............................................................................. 125 2 La Mort du petit cheval et Cri de la chouette .......................................... 127 3 Conséquence : une tonalité qui tient davantage de l’humour que de l’ironie ................................................................................................. 134 II LA THÉÂTRALITÉ DANS L’HUILE SUR LE FEU : LA CHRYSALIDE DEVIENT PAPILLON ............................................................................................................. 138 1 Les personnages ....................................................................................... 139 1.1 Céline ..................................................................................................... 140 1.2 Mme Colu .............................................................................................. 150 1.3 Bertrand Colu dit « Tête de drap » ......................................................... 152 1.4 Le « chœur » de cette tragédie ............................................................... 158 1.5 Le jeu de trois acteurs naturels : la nuit, l’eau, le vent ........................... 161 2 Une tragédie presque racinienne ............................................................. 168 2.1 L’hypotypose ......................................................................................... 168 2.2 L’importance de la perception visuelle .................................................. 171 2.3 Des circonstances extérieures amplificatrices de la perception visuelle .. 181 2.4 La dichotomie ombre / lumière .............................................................. 182 2.5 « La relation fondamentale ».................................................................. 184 2.6 Techniques d’agression .......................................................................... 191 2.7 La suppression de l’être dirigée comme une menace ............................ 193 2.8 L’art de l’agression verbale .................................................................... 194 2.9 Les occurrences du pronom indéfini « on » ........................................... 196 2.10 La division ............................................................................................ 202 3. Conclusion : une angoisse où perce l’ironie............................................ 203 III VARIATIONS DES SYSTÈMES D’ÉCRITURE ............................................... 211 IV LA PARABASE ........................................................................................... 223 1 La reformulation (liée à des préoccupations d’émission) ....................... 225 1.1 Vipère au poing ...................................................................................... 225 1.2 La Mort du petit cheval .......................................................................... 228 1.3 Cri de la chouette ................................................................................... 231 2 Le souci d’être compris (lié à des préoccupations de réception) ............ 233 2.1 Concrétisation d’un tel souci dans Vipère au poing............................... 234 2.2 Cri de la Chouette .................................................................................. 240 3. La parabase dans L’Huile sur le feu........................................................ 241 4. Abécédaire................................................................................................ 243 TROISIÈME PARTIE LE SOUCI D’UNE EXPLICATION PERMANENTE ...................................... 260 I L’ORDRE DU TEXTE ..................................................................................... 263 II QUE LA LUMIÈRE SOIT ! .............................................................................. 278 1 L’emphase ................................................................................................ 278 2 Un travail centré sur la mise en valeur des groupes sujet ....................... 290 2.1 L’emphase par le déplacement de compléments mis en apposition à l’ouverture de la proposition ................................................................. 290 2.2 La reprise par simple répétition ou substitution ..................................... 293 2.3 La reprise pronominale .......................................................................... 295 2.4 Les déplacements de compléments circonstanciels en début de phrase ... 297 2.5 La personnification................................................................................. 299 3 Le recours aux métaphores et aux comparaisons .................................... 301 4 La nominalisation .................................................................................... 304 5 La ponctuation dite expressive ................................................................. 308 6 Des variations de rythme intelligentes ..................................................... 309 7 La pluralité des points de vue .................................................................. 322 CONCLUSION GÉNÉRALE ............................................................................... 327 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................. 336 Introduction Malgré un relatif succès lors de la publication du recueil de poèmes Jour, qui lui vaut en 1947 le prix Apollinaire, Jean-Pierre HERVÉ-BAZIN, dit Hervé Bazin tout court (et sans trait d’union !) doit attendre une année de plus, 1948, – il a alors 37 ans – pour connaître une véritable gloire qui durera jusqu’à sa mort survenue en février 1996. L’admiration du public est d’ailleurs à la mesure – ou à la démesure – du scandale provoqué au moment même de la parution de Vipère au poing. Celui par qui le scandale est arrivé est parvenu, grâce aussi aux conseils de Paul Valéry, à sortir de l’indifférence et à fidéliser un public jusque sur les bancs des collèges et lycées. En 1985, le sondage de l’IFOP classe d’ailleurs l’auteur en tête des « écrivains préférés » des Français. Comment expliquer la force et la contradiction de ces réactions ? Plusieurs raisons générales et compréhensibles demanderont à être approfondies. D’abord, d’un point de vue social, l’époque à laquelle sort le roman Vipère au poing n’est pas encore prête à accepter que les valeurs familiales ou religieuses soient mises à mal, surtout dans la société bourgeoise attachée aux traditions : Bazin a vingt ans d’avance ! Cet ouvrage qui ne s’annonce pas ouvertement comme autobiographique a des accents de vérité qui ne trompent personne. Le présent de narration se confond, au dernier chapitre, avec le présent d’énonciation ; il ne s’agit pas d’une fiction : et si, même en prenant la précaution de changer les noms, on égratigne jusqu’à « la brosse à reluire de la famille[…] qui sut asseoir la renommée des Rezeau jusque dans ce fauteuil de l’Académie française, où [elle] se cala les fesses durant près de trente ans » (Vipère au poing, p. 19), c’est tout le gratin du monde littéraire qui est en émoi. L’insolence du narrateur va coûter cher, et longtemps, à son auteur, à qui les portes de ladite académie demeureront fermées. De là à accepter de se joindre aux membres de l’autre – l’Académie Goncourt – à titre de consolation et de revanche… « J’ai été si longtemps réprouvé que je m’étonne toujours d’être distingué par qui que ce soit ; j’ai l’impression qu’il se moque ou qu’il n’est pas très futé » écrit-il dans son Abécédaire au mot ACADÉMIE (p. 16- 17). Preuve qu’Hervé Bazin porte en lui dès cette époque les stigmates de ce rejet et de ce scandale. Il n’est donc pas de bon ton de piétiner ainsi les valeurs familiales, à moins de noyer l’authenticité d’un cri dans la fiction d’une œuvre romanesque, comme dans le Poil de carotte de Jules Renard ou Le Nœud de vipères de François Mauriac. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Hervé Bazin rate, l’année même de 9
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