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Impossible nation, introuvable État aux Comores PDF

572 Pages·2021·21.154 MB·French
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© L’HARMATTAN, 2021 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr/ ISBN : 978-2-343-22231-8 EAN : 9782343222318 Abdelaziz Riziki Mohamed Impossible nation, introuvable État aux Comores DU MÊME AUTEUR : Aux Éditions L’Harmattan, Paris Comores. Les institutions d’un État mort-né, 2001. La diplomatie en terre d’Islam, 2005. Sociologie de la diplomatie marocaine, 2014. Ce que le Maroc doit au Roi Hassan II, 2014. Mohamed Ali Soilihi. Les Comores à cœur et dans l’âme, 2015. Mohamed Ali Soilihi. Vérités sur une élection aux Comores, 2016. La présidence tournante aux Comores, 2017. Sociologie politique des Comores, 2018. Comores : « La Constitution, mon bon plaisir », 2019. Chez un autre éditeur Sursis (Roman), Édilivre, Saint-Denis, 2020. Contribution Les diplomates marocains. Une approche sociologique et prosopographique, in Institutions, développement et relations internationales, Mélanges en l’honneur du Professeur Aziz Hasbi, Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales, Rabat-Agdal, 2017. 4 REMERCIEMENTS Je souhaite présenter mes sincères remerciements à Monsieur Mansour Kamardine, Député de Mayotte, et lui rendre un hommage très appuyé. Les raisons de lui témoigner ma reconnaissance sont innombrables, et seraient donc très longues à citer. 5 Les Comores « ont fait le choix de la souveraineté internationale, et de l’indépendance. C’est un choix respectable et que je respecte. Nous autres Mahorais, nous avons fait le choix de la France. C’est un choix tout aussi respectable. C’est ce que j’attends des Comoriens qui doivent renoncer à leur arrogance continuelle et leur mépris à l’endroit des populations des autres îles de l’archipel, faute de quoi, c’est le reste même de l’Union des Comores qui volera en éclat » : Mansour Kamardine : J’assume, Éditions Orphie, Politique, Collection « Autour du Monde », Saint-Denis, La Réunion, 2008, p. 184. « L’un des enjeux auxquels Mayotte est confrontée aujourd’hui comme demain est celui de l’immigration clandestine. Elle représente le tiers de la population de Mayotte en général et plus de la moitié en zone urbaine (Koungou et Mamoudzou). Les reconduites à la frontière se sont essoufflées, et le plan lagon avec des moyens modernes de détection des mouvements nocturnes et clandestins en mer tarde à se mettre en place. Mayotte coule sous les eaux du lagon faute par nos concitoyens d’avoir conscience de ce phénomène. Faut-il rappeler que quelle que soit notre générosité naturelle, Mayotte, c’est une superficie de 374 km², impossible d’héberger la misère les îles voisines ? Notre salut viendra de la prise de conscience locale sur les risques de déstabilisation par la présence massive de population étrangère en mal d’intégration et du développement de la coopération et régionale entre d’un côté la France et Mayotte et de l’autre l’Union des Comores. Nous devons convaincre les Comoriens qu’ils seront mieux chez eux qu’ici » : Mansour Kamardine : Promesses tenues ! Unafasi, Usawa, Msaydiano. Liberté, Parité, Solidarité. D’une collectivité d’Outre-mer à un département de la République, Les Éditions du Baobab, Kawéni, 2005, p. 184. « Après des siècles de misère, d’instabilité politique et de colonisation, l’Union des Comores était pratiquement dépourvue d’identité politique. Le petit archipel formait un pays, mais il aurait pu aussi en former trois, ou n’en former aucun. Ian Walker, chercheur à l’Université d’Oxford, est l’auteur d’un article intitulé “What Came First, the Nation or the State? Political Process in the Comoros Islands” dans lequel il se demande ce qui est apparu en premier aux Comores, la nation ou l’État. Ses conclusions : “Il n’y a pas, à proprement parler, de nation ni d’État aux Comores” » : Atossa Araxia Abrahamian : Citoyennetés à vendre. Enquête sur le marché mondial des passeports, Lux Éditeur, Collection « Futur Proche », Montréal, 2016, pp. 30-31. « Vues du ciel, les Comores collent à tous les clichés de l’île paradisiaque. L’archipel n’a rien à envier à l’île Maurice, à la Réunion ou aux Seychelles, ces destinations qui attirent des centaines de milliers de touristes chaque année. Pourtant, sur la terre ferme, toute cette beauté naturelle n’a mené les Comores nulle part. Rares sont les gens qui en ont entendu parler, et ceux qui les connaissent ont du mal à croire qu’il s’ag isse vraiment d’une nation souveraine. Le seul exploit du pays, c’est la vingtain e de putschs qui y ont été perpétrés par des mercenaires étrangers depuis l’indépendance. L’Union des Comores est même surnommée, dans les milieux internationaux, “Cloud Coup-Coup Land”, une expression qui se moque des nombreux c oups d’État irréalistes et absurdes qui y ont lieu. Mais qu’est-ce qui peut bien exp liquer le fait que les Comores continuent à se classer parmi les nations les plus pauvres du monde ? » : A. Araxia Abrahamian : Citoyennetés à vendre. Enquête sur le marché mondial des passeports, op. cit., p. 24. 7 ABRÉVIATIONS ET SIGLES OFFICIELS EMPLOYÉS ACP : Afrique, Caraïbes et Pacifique AFP : Agence France Presse ANC : African National Congress, Congrès national africain AND : Armée nationale de Développement APOI : Annuaire des Pays de l’océan Indien ASÉC : Association des Stagiaires et Étudiants comoriens AVC : Accident vasculaire cérébral BCC : Banque centrale des Comores BDC : Banque de Développement des Comores BIC : Banque pour l’Industrie et le Commerce aux Comores BQA : Bulletin quotidien d’Afrique CADER : Centre d’Appui au Développement rural CÉ : Conseil d’État CÉE : Communauté économique européenne CEFADER : Centre fédéral d’Appui au Développement rural CÉNI : Commission électorale nationale indépendante CGH : Comoro Gulf Holding CIJ : Cour internationale de Justice CNPLC : Commission nationale de Prévention et de Lutte contre la Corruption CNRS : Centre national de la Recherche scientifique CPA : Coordination politico-administrative CPAN : Comité de Pilotage des Assises nationales CRC : Convention pour le Renouveau des Comores DGSE : Direction générale de la Sécurité extérieure DOM-TOM : Département d’Outre-mer – Territoire d’Outre-mer ECU : European Currency Unit : Unité de compte européenne EÉDC : Eaux et Électricité des Comores ÉDF : Électricité de France ÉNAM : École nationale d’Administration et de Magistrature ÉNAP : École nationale d’Administration publique ÉNES : École nationale d’Enseignement supérieur ÉNM : École nationale de la Magistrature 9 FAC : Forces Armées comoriennes FC : Franc comorien FCD : Force comorienne de Défense FD : Front démocratique FF : Franc français FNUK : Front national uni des Comores FPC : Front patriotique des Comores FRF : Franc français GIGN : Groupement d’Intervention de la Gendarmerie nationale GP : Garde présidentielle KMF : Franc comorien LÉA : Ligue des États arabes LGDJ : Librairie générale de Droit et de Jurisprudence LOI : La Lettre de l’océan Indien M-11 : Mouvement du 11-Août (11 août 2015) MCMLC : Mouvement communiste, marxiste et léniniste comorien MLN : Mouvement de libération nationale MOLINACO : Mouvement de Libération nationale des Comores MPM : Mouvement populaire mahorais MRAF : Mouvement pour le Rattachement d’Anjouan à la France NTIC : Nouvelles technologies de l’information et de la télécom- munication OMS : Organisation mondiale de la Santé OPT : Office des Postes et Télécommunications ORTC : Office de Radiotélévision des Comores OUA : Organisation de l’Unité africaine PAS : Programme d’ajustement structurel PUF : Presses universitaires de France RDPC : Rassemblement démocratique du Peuple comorien SCH : Société comorienne des Hydrocarbures SDECE : Service de Documentation extérieure et de Contre- espionnage SNPT : Société nationale des Postes et Télécommunications SOCOVIA : Société comorienne d’Importation de Viandes et de Produits alimentaires SODÉC : Société de Développement des Comores STABEX : Fonds de Stabilisation des Recettes d’Exportations des Produits agricoles STAC : Société des Tabacs et Allumettes des Comores SYSMIN : Système de Développement du Potentiel minier TAT : Touraine Air Transports TC : Tribunal des Conflits TOM : Territoire d’Outre-mer UE : Union européenne UPDC : Union pour le Développement des Comores 10 Le sens d’un combat : Quelques enseignements historiques Par Soilih Mohamed Soilihi On le dit à moitié fou et à la limite de l’inculture. Ses actes ubuesques et ses expressions inqualifiables tendent à donner crédit à ce qui, autrement, paraît insoutenable. Par contre, on ne saurait en déduire qu’il soit idiot, loin s’en faut ! Il vit de machiavélisme chevillé au corps et dans l’âme. De sa formation et de son parcours peu glorieux dans l’Armée et la gouvernance politique, il a bien assimilé les techniques de ruse, de camouflage, de propagande trompeuse, de mensonge éhonté, d’ingratitude, de complots, de procès expéditifs rendus par une juridiction d’exception inconnue de l’organisation judiciaire, de guet-apens et du « blitzkrieg » (guerre-éclair) contre une adversité impréparée. Il, c’est Assoumani Azali, qui se surnomma « Gozibi » (« Mauvaise Peau »), que je préfère dénommer « Petit Bokassa », pour reprendre les propos de l’ancien Premier ministre Abbas Djoussouf (Paix à son âme). C’est un surnom qui renvoie quelque part à la fameuse formule de Victor Hugo traitant Louis Napoléon Bonaparte (1808-1873) de « Napoléon le Petit » ! En effet, alors président de la République depuis 3 ans et, par une série de décrets, ce dernier organisa un putsch contre lui- même, le 2 décembre 1851, avant la fin de son mandat, pour pouvoir conserver le pouvoir en violant la Constitution de la IIème République, qui lui interdisait de se représenter. Assoumani Azali aurait-il appris cet exemple dans un manuel d’Histoire à l’École de Guerre ? Toujours est-il que Victor Hugo, dont la sublime plume poétique le conduira au Panthéon, préféra alors le chemin de l’exil, plutôt que de devoir cautionner la forfaiture d’un puissant du moment. Il faut dire qu’en s’autoproclamant par le nom de Napoléon III, Louis Napoléon Bonaparte tenait cette dérive de son oncle, qui s’empara de l’État par la force, détourna la Révolution française de sa voie républicaine pour instaurer un système impérial qui le mena jusqu’aux environs du Kremlin, avant de subir la débâcle de Leipzig et à son tour… l’exil sur l’île d’Elbe ! Il en va souvent ainsi des tyrans qui, comme Attila (Roi des Huns au Vème siècle), croient pouvoir tout piétiner sur leur passage. Plus récemment, en Afrique, il en fut ainsi de Zine El Abidine Ben Ali (Tunisie), Mohamed Hosni Moubarak (Égypte), Blaise Compaoré (Burkina Faso) ou encore Hassan Omar El-Bechir (Soudan) ou d’Abdelaziz Bouteflika (Algérie), qui s’était accroché au pouvoir, même sur un fauteuil roulant. Mais, le potentat de nos îles s’estime bien au-dessus de ces hommes, en prenant pour modèle Robert Mugabe, dont Grace, l’épouse, avait déclaré qu’il serait toujours « réélu » président, « même dans un cercueil » ! Contrairement à Assoumani Azali, au moins, Robert Mugabe eut la mauvaise excuse d’avoir été un héros de la lutte de libération nationale. La suite ou plutôt la fin, tout le monde la connaît… En Amérique latine, parmi les « brutes galonnées » (Philippe Leymarie), l’Histoire n’oubliera jamais le Général Augusto Pinochet, qui écrasa la démocratie chilienne avant de connaître une fin honteuse, notamment grâce à la persévérance des mères qui n’ont cessé de réclamer les milliers de leurs chers « disparus ». Cette histoire 11 fort douloureuse a magistralement été mise en lumière par le film « Missing », qui reprit l’expression codée : « Il pleut sur Santiago », une référence au jour funeste du putsch chilien. Mais, chaque fois, la résistance populaire prolongée, parfois passive et symbolique à l’intérieur, souvent active et bruyante à l’extérieur, est parvenue à mettre fin au règne de ces tyrans. Le plus monstrueusement connu de notre époque fut sans conteste Adolf Hitler, perçu comme un psychopathe qui sut, manifestement et malgré tout, s’entourer d’experts en économie, en ingénierie, en stratégie militaire et coups de bluff, en délations, répressions policières, et en communication mensongère de masses. Il parvint même à mobiliser une frange de la population allemande autour du projet emblématique et galvanisant de IIIème Reich, en vue de la mise en place de son Empire de « mille ans » : « Mon Empire vivra mille ans ! ». Il eut des soutiens d’importance inégalée, y compris parmi de puissants industriels comme Henry Ford aux États-Unis, et fit même oublier qu’il fut putschiste avant de se faire élire, sur fond de crise financière, institutionnelle et sociétale. Il eut aussi ses collabos et ses tortionnaires dans ses avancées à l’Est comme à l’Ouest. Fort heureusement, il se heurta aux Résistants, notamment pour la France, avec Charles de Gaulle à Londres, Félix Éboué en Afrique, Jean Moulin à l’intérieur, qui n’a pas hésité à donner sa vie en sacrifice pour la liberté. Comme ce dernier, des Résistants parmi les migrants autour du Groupe Manouchian furent exécutés dans un contexte mis en lumière par un autre film culte : « L’Affiche Rouge ». « Utsaho wungwana kawuwono na hufa beyani harusi » : « Celui qui est en quête de la liberté pourra mourir sans la voir, mais mourir aux côtés des siens est une célébration nuptiale ». C’est en ce sens que, face aux bombardements et à la terreur nazie, le Premier ministre Winston Churchill appela le peuple britannique à résister, promettant, le 13 mai 1940 à la Chambre des Communes, ce qu’il y a de plus cher : « Je n’ai à offrir que du sang, de la sueur et des larmes » contre le nazisme et le fascisme, qui s’imaginaient « invincibles », et qui avaient été vaincus lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). La résistance populaire prolongée, c’est précisément ce que les dictateurs n’imaginent guère dans leurs scenarii, eux, si prompts à chercher à s’enfuir ou à se cacher même dans des caves, devant un ennemi plus puissant. Ils comprennent encore moins le sens du sacrifice qui peut animer progressivement une population se trouvant devant le dilemme de la révolte et l’enchaînement des violences ou d’être réduite durablement à l’esclavage et à l’asservissement. C’est dans cette optique que, contre toute attente, depuis le 24 mars 2019, la frange extérieure du peuple comorien a su livrer des batailles, semaine après semaine, escarmouches après escarmouches, harcelant la dictature d’Assoumani Azali de toutes parts, depuis l’Afrique, l’Asie, l’Amérique, mais surtout depuis l’Hexagone et la Réunion. Refusant catégoriquement l’élection qui n’a pas eu lieu le 24 mars 2019, rejetant le prétexte d’une prétendue « émergence à l’horizon 2030 », cette détermination populaire inattendue renoue et suit le prolongement des expériences historiques et patriotiques du Mouvement de Libération nationale des Comores (MOLINACO) en Tanzanie, de l’Association des Stagiaires et des Étudiants comoriens (ASÉC) en France et des Jeunesses soilihistes dans les combats pour la liberté, l’indépendance 12

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