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Impérialisme et anti-impérialisme PDF

404 Pages·2008·2.84 MB·French
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IMPERIALISME ET ANTI-IMPERIALISME VINCENT GOUYSSE Mai 2007 Pour le 90ème anniversaire de la Révolution Socialiste d’Octobre ! 1ère édition−Texte tiré de l’édition numérique du11/07/2007 Edition augmentée dedeux annexes : ► Aperçu sur le marxisme (mai2006) ► La «démocratie » malade : insécurité, discriminations, immigration et racisme (juin2006) WWW.MARXISME.FR Copyright Vincent Gouysse, avril 2008. Diffusion libre de l’édition numérique : reproduction totale ou partielle du texte autorisée pour tous les pays sous réserve d’indiquer la source. Pour la traduction, s’adresser à l’auteur. Illustration de la couverture : «Travailleurs de tous les pays et des colonies opprimées, levez-vous sous le drapeau de Lénine ! » — Affiche soviétique de 1932. Citations de la couverture : Karl Marx— A propos du système national de l’économie politique de Friedrich List (1845) et Discours sur le libre-échange (1848) —Editions numériques. ISBN 978-1-4092-0321-6 2 PREFACE En ce début de 21ème siècle il était temps, pour les communistes, de faire le ménage. De compromis en compromissions, du « socialisme réel » à l’abandon de tous les outils forgés par Marx, Engels, Lénine et Staline, les communistes, le communisme,n’étaientmêmeplusune « hypothèse ». Il faut dire que fonder le premier Etat deDictatureduprolétariat, puis gagner la guerre contre l’armée nazie, tout cela ne rendit pas la tâche facile aux peuples et au Parti Communiste de l’Union Soviétique. On oublie trop facilement ces choses nous qui, depuis des années, vivons dans le calme apparentde la démocratie bourgeoise. Alors il est facile, depuis des années aussi, de parler sans fin de ce que les communistes auraient dufaire si… Mais la voie de la Révolution ne commence pas par « il était une fois… », ce n’est pas un conte, ni un schéma pré-établi. Elle est tout sauf un dogme. Et, bien sûr, les falsificateurs ne manquent pas. Du gauchiste agité en passant par toutes les teintes de ceux qui parlent de « socialisme », sans oublier l’ennemi de classe direct: la bourgeoisie ; tous s’emploient avec leurs moyens à réviser l’histoire, à brouiller les cartes. Ils étaient déjà là en Russie enMars 1917, en 1938-1939 en France,enMai 1968. La voie de la Révolution est complexe, elle demande de la rigueur pour soi, comme envers les autres. Elle requiert de l’étude et de l’engagement. De la théorie et de la pratique. De prendre des risques et d’êtreapteà lesmesurer. L’auteur de cet ouvrage nous livre ce qui nous manquait. Un outil précieux pour comprendre le monde d’aujourd’hui. Un outil précieux doncpour transformercemonde. De bout en bout la démarche est rigoureuse. On part des faits, on les passe au crible des outils du matérialisme dialectique, on élabore un axe de travail. La suite ? : Passer àl’actionpour écrire l’histoire,pourla faire. Voici donc entre nos mains ce qui doit d’abord être consciencieusement étudié, si possible à plusieurs, car rien de plus stimulant que la discussion et la contradiction. Sans théorie révolutionnaire,pas d’actionrévolutionnaire. Et l’action justement ? Qu’est-ce un communiste sinon une personne qui engage sa vie dans un acte volontaire, celui de vouloir renverser cet Ordre qui broie, hommes, femmes, consciences, depart lemonde. 3 Alors, et l’auteur nous le dit, dans cette époque de guerre et de crise sans précédent du capital financier, l’organisation des communistes revêt le caractèred’unenécessité vitale. Pour n’avoir pas résolu correctement la question de l’édification du parti communiste, nos camarades allemands des années 20 du siècle passé, nos camarades indonésiens plus tard l’ont payé, par centaines de milliers, de leur vie. Pour le peuple allemand on connaît la suite, pour l’Indonésie aussi. Et nous ne sommes pas à l’abri de cette éventualité tant le degré d’anéantissement idéologique auquel recourt la bourgeoisie rend toujours plus actuel le motd’ordre «socialisme oubarbarie ». Nous savons, aussi, désormais ouconduit la … « troisième voie » : soit aucimetière, soit à la collaborationréformiste. L’auteur nous donne les clés pour comprendre notre époque. Un des nôtres, le Communard Jules Vallès, résuma parfaitement les sauts qualitatifs nécessaires pour passerde la révolte àla révolution. Ces deux voix assemblées puissent-elles résonner encore auprès de ceux qui choisiront de vivre leurs rêves de justice armés de l’indispensable « manteau glacé de la raison ». «J’aime ceux qui n’ont en partage que leur rage et leur dégoût. Ceux là n’ontpasbesoind’espoirpoursebattre. J’aime ceux qui habillent leur rage et leur dégoût du manteau glacé de la raison.Ceux-làn’ontpasbesoindechancepourl’emporter. J’aimeceuxquivêtentlaraisondesfleurséparpillésdeleursrêves.Ceuxlà n’ontpasbesoindedieuxpourbâtir.» JulesVallès,1881. — — —— —— —— —— —— —— ——— — G.L. —France —Avril 2008 Vive le Communisme ! 4 TABLE DES MATIÈRES : IMPERIALISME ET ANTI-IMPERIALISME AVANT-PROPOS(p.6) PARTIE 1 ▬ IMPERIALISME ET ANTI-IMPERIALISME : RAPPELS A LA LUMIEREDUMARXISME-LENINISME(p.8) PARTIE 2 ▬ LE SOCIAL-IMPERIALISME SOVIETIQUE : DE LA GENESE A L’EFFONDREMENT(p.41) PARTIE 3 ▬ LE «SOCIALISME» A LA CHINOISE : SOCIALISME OU NATIONALISMEBOURGEOIS?(p.90) PARTIE 4 ▬ LE «NON-ALIGNEMENT» ET LE TIERS-MONDISME : ARMES AUSERVICEDEL’IMPERIALISME(p.145) 1°Lesoriginesetlesfondementsdunon-alignement(p.145) 2°Lecaractèredelarévolutioncubaine(p.171) PARTIE 5 ▬ RIVALITES INTER-IMPERIALISTES CONTEMPORAINES : QUAND LA CHINE ENTRE DANS LA COUR DES GRANDS, LE MONDE TREMBLE(p.190) 1° Les fondements de la puissance économique de l’impérialisme chinois(p.190) 2°La«gauche»etla«voieausocialisme»latino-américaines(p.241) PARTIE 6 ▬ PERSPECTIVES D’AVENIR : LA PHASE TERMINALE DE L’IMPERIALISME(p.263) 1° Tertiarisation et crash démographique, facteurs d’aggravation de la crisegénéraledel’impérialisme(p.263) 2° Les marxistes-léninistes et leurs tâches nationales et internationales (p.282) NOTES(p.333) ANNEXES : APERÇUSURLEMARXISME(p.348) LA «DEMOCRATIE» MALADE : INSECURITE, DISCRIMINATIONS, IMMIGRATIONETRACISME(p.373) 5 IMPERIALISME ET ANTI-IMPERIALISME Avant-propos En traitantdelaquestion généraledel’impérialismeetdelalutteàmener contre celui-ci,nousnoussommesefforcésdenouséleverau-dessusdesclichéshabituelset de les démystifier dès qu’ils nous semblaient représenter une déformation des principes marxistes-léninistes amenant à unevision unilatéraleet fragmentairedela réalitécontemporainedusystèmemondialdel’impérialisme. Dans ce travail, nous avons d’emblée écarté une approche exclusivement théoriqueet figée, consistant dansleressassement deprincipes généraux, fussent-ils justes, pour nous concentrer davantage sur leur application vivante à la réalité en mouvement — quecetteréalitéappartienneau passé, au présent, ou au futur —, en vue de démontrer la nécessité actuelle de l’analyse matérialiste dialectique dans la luttepourl’unitédescommunistesmarxistes-léninistes,conscientsquecetteunitéest lapremièreconditionpourréalisernostâchesrévolutionnaires. Bien entendu, vu l’immensité du champ d’investigation et vu la masse quasi- infinie de faits et de documents qui mériteraient de figurer dans une analyse de l’évolution du système mondial de l’impérialisme, prise dans ses aspects économiques,sociaux,politiquesetmilitaires,nousavonsdunousborneràmettreen lumièresestraitslesplusgénérauxainsiquelemoteurfondamentaldesonévolution. Si cette analyse générale est nécessaire pour nous aider à mettre en place le fil directeur nous guidant dans notre travail pratique, afin de ne pas travailler à l’aveuglette, il est certain que d’autres analyses complémentaires et plus approfondies seront tout aussinécessaires pour nous aider à résoudreles problèmes particuliersdurenversementdujougdel’exploitationcapitaliste-impérialiste. Outrel’analyseducaractèrederévolutionsditessocialistes—enChineetàCuba en particulier —,nous avons réservédans cetteétudeuneplaceimportanteà cequi sepasseactuellementen Amériquelatine. D’abordparcequecelanelaissepersonne indifférent. Pour beaucoup de militants de la mouvance se réclamant du communisme et de la lutte anti-impérialiste, les évènements récents tendraient à prouver que les peuples d’Amérique latine seraient en train de commencer à se libérer du joug impérialiste et de prendre leur destin en main. Une étonnante unanimitérègnesur cettequestion,etlespointsdedivergencesontmineurs,comme nous allons le démontrer par la suite. Depuis les démocrates petit-bourgeois en passant par les altermondialistes, les trotskistes, les révisionnistes eurocommunistes et jusqu’à un grand nombre d’organisations seréclamant aujourd’hui du marxisme- léninisme, tous soutiennent (parfois même sans condition) ce «tournant à gauche» et voient en lui, surtout après la défaite provisoire du socialisme qui a marqué la deuxièmemoitiédu20èmesiècle,lapreuvequ’un«autremondeestpossible». En tant que marxistes-léninistes, il nous a semblé essentiel de regarder objectivement les faits et de ne pas céder au sentimentalisme sur ces questions, d’autant qu’elles occupent une grande partie de l’actualité dite «progressiste» et «de gauche», influençant donc grandement la nouvelle génération de jeunes travailleurs qui, en butte au agressions du monde capitaliste, en viennent à s’intéresseràlapolitiqueetaucommunisme. Dansl’étudematérialistedesévènementsquisecouentl’Amériquelatine,ilnous a semblé fondamental de procéder à quelques rappels — basés sur l’expérience 6 négativeetpositivedumouvementcommunisteinternational—,rappelsqui,onaura l’occasion dele voir, sont loin d’êtreinutiles et superflus puisqu’ils nous aideront à démontrerquesil’Amériquelatineestbienenmouvement,cen’estnullement«vers le socialisme», en tout cas avec les gouvernements qui y sont actuellement au pouvoir. C’est dans cette optique que nous expliquerons en quoi consistent les fondementsdel’impérialisme,ducolonialismeetdusocialisme. Nousélargironségalementsensiblementnotrechampd’investigationsàl’analyse destraitsprincipauxdel’évolutionactuelledusystèmeimpérialistemondialetdeses contradictionsinternes. Nousmontreronsainsicommentlesoutilsdecompréhensionmarxistes-léninistes ontétégalvaudésetdéformésparlesrévisionnistesquilesonttransforméesenoutils rouillés,incapablesdenousaideràcomprendrelaréalitéobjective,etparconséquent denousindiquerlesmoyenscapablesdelatransformer. 7 PARTIE1▬ Impérialisme et anti-impérialisme : rappels à la lumière du marxisme-léninisme Selon la conception matérialiste marxiste, l’essentiel, ce qui détermine la forme d’unesociété,c’estlareproductiondelavieimmédiate,lamanièredontleshommes produisentetéchangentlesmoyensdesubsistance.1 «Selonlaconceptionmatérialiste,lefacteurdéterminant,endernierressort,dans l'histoire,c'estlaproductionetlareproductiondelavieimmédiate».2 Ce qui reproduit le prolétariat comme prolétariat et la bourgeoisie comme bourgeoisie, ce sont les rapports de production bourgeois, la propriété privée des moyens de production : le prolétariat ne possède en propre que sa force de travail qu’il vend à la bourgeoisie détentrice des moyens de production de son existence contrel’obtention des moyens nécessaires à sa survie. Mais le prolétariat n’obtient jamais plus que de quoi reproduire sa condition d’esclave salarié, tandis que la bourgeoisierenforcesonmonopoleéconomiquesurlesmoyensdeproduction,quand bien même quand elle accorde quelques adoucissements à l’exploitation de ses esclaves. On nous dira certainement quenous énonçons des «banalités». Pourtant, laportéepratiqueréelledeces«banalités»resteincomprisedesrévisionnistes. Un pays impérialiste se pose face à un pays capitaliste plus faible comme un propriétaire des moyens de production, tandis que ces pays économiquement plus faibles se posent inévitablement face à lui comme étant exclusivement possesseurs d’une force de travail. En investissant dans ces pays, l’impérialisme agit comme le capitaliste agit dans le cadre national, tandis que la bourgeoisie indigène liée à l’impérialisme — c’est-à-dire la bourgeoisie compradore — joue un rôle de contremaître et profite donc des retombées de l’exploitation des travailleurs de son pays. Souslecapitalisme,lareproductionélargieduCapitalsocialsefaitdifficilement, par à-coups et demanièredisproportionnée:leterritoirenational offreun débouché tropétroits’ilestlimitéàlaconsommationdesesclavessalariés.Pour«pallier»ces problèmes, la bourgeoisie dispose de plusieurs solutions : 1° l’augmentation de la production des objets de luxe destinés à la consommation parasitaire des classes exploiteuses,2°lamilitarisationcroissantedel’économie,utileautantpourdiminuer la proportion des objets de consommation en surproduction relative, que pour dynamiser la consommation intérieure, puisquela production d’armes, bien quenon productive, engage de nouvelles forces de travail. Ainsi, du fait du déséquilibre croissantentreproductionetconsommation,lecapitalismeatendanceàaugmenterla part du Capital non productif, comparativement au Capital productif, et donc à développer les emplois non productifs. Tout ceci permet certes le plus souvent à la bourgeoisie de réaliser la reproduction élargie du Capital social, mais de manière ralentie, car ces orientations provoquent inévitablement la baisse du taux de profit moyenquidépenddelamassedelaplus-valueproduitedanslesecteurproductif,les autressecteursdel’économienefaisantqueserepartagercetteplus-value. Lénineremarquaittrèsjustementquel’augmentation delaproductivitédutravail impliquaitlahaussedelacompositionorganiqueducapitaletdonclabaissedutaux deprofit.3 Aussi, sous le capitalisme, la bourgeoisien’est contrainted’augmenter la productivité du travail que dans la mesure où les capitalistes individuels doivent diminuer la part du capital variable incluse dans la production afin d’en abaisser le coûtetdevendreleursmarchandisesfaceauxconcurrents.Maisendiminuantlapart 8 du Capital variable, ils diminuent le nombre des ouvriers ou leurs revenus individuels.Aufinalcettetendanceentreencontradictionaveclahausserapidedela demandesolvableetcontribueàaggraver encorelalutteconcurrentielle,outrelefait qu’ellecréelapossibilitéderupturesbrutalesentrelasphèreproductiveetcelledela consommation(crises). Aussi sous le capitalisme,lahaussedela demandeest d’ordinaireréaliséegrâce «à la consommation parasite des capitalistes » et à l’augmentation «des dépenses improductives» : ainsi une part croissante du revenue national «est transmise, par voie de paiement de ce qu'on appelle les services, dans les branches non productives», évidemment au détriment du «volume de l’accumulation», sous dimensionnéparrapportauxpossibilitésetauxbesoinsdelasociété.Pour limiterla concurrenceetéviter labaissedutauxdeprofit,cartoutleresteestsecondairepour lebourgeois individuel, les capitalistes essaient dès qu’ils lepeuvent deréaliser des ententes commerciales, évidemment au détriment des travailleurs. L’impérialisme caractérisé par la domination d’une poignée d’entreprises monopolistes offre des conditionsparticulièrementfavorablesà ces ententesausommet:Lénineen donnait de nombreux exemples et aujourd’hui il nous suffira de citer le secteur des entreprises de «nouvelles technologie» où les ententes illicites sur les prix sont monnaiescourantes:en2006denombreuxcasdepratiquesanti-concurrentiellesdes plus grandes marques ont étérapportés par des sites d’actualités informatiques, que ce soit dans le domaine de la fabrication de composants informatiques (mémoire vive, CPU, puces graphiques) avec des ténors comme Hynix et Samsung, Intel et AMD, Nvidia et Ati, ou celui de la téléphonie mobile (en décembre 2006, la Cour d’appel de Paris a confirmé la condamnation d’Orange, Bouygues et SFR à une amende d’un demi milliard d’euros pour s’être entendus afin de «fixer des prix artificiellement élevés au détriment de tous les utilisateurs»). Même avec cette amende, les fraudeurs restent gagnants puisque l’UFC a estimé «le préjudice», c’est-à-dire les surprofits, à environ 1,4 milliards d’euros… Tous les procès du monden’arriverontjamaisàbannircespratiquesanti-concurrentiellesdesentreprises monopolistes,etpasdavantageleurformation: «Le parlement desEtats-Unisa misaupointtoutuncode destinéà empêcherla formation des grandstrusts. Aucun autre pays ne disposedetextes aussisévères. Etbiensûr,l'Amériquen'enestpasmoinsleparadisdesmonopoles».4 Seules l’économie et la société socialistes, en éliminant les classes exploiteuses, permettent d’accroître dans des proportions voisines la production et la consommation. Durant la période 1950-1983, le budget de l’Etat socialiste albanais est passéde 0,85 à 8,20milliards deleks. Durant lemêmetemps, la circulation des marchandises destinées à la consommation intérieure est passée de moins de 0,60 à plus de 6,90 milliards de leks. Déjà dans le Manifeste du Parti communiste, Marx remarquait qu’une fois le capitalisme renversé, l’accumulation servait à élargir, enrichir et embellir l’existence des travailleurs. Marx remarquait que sous le capitalisme, lahausse de la composition organique du Capitalrendait superflue une partie sans cesse croissante du prolétariat et que par conséquent tandis que les richesses s’accumulent dans les mains d’une minorité d’exploiteurs, s’accumulait parallèlement «au pôle opposé, de misère, de souffrances, d'esclavage, d'ignorance, d'abrutissement et de dégradation morale».5 On comprend parfaitement les proportions colossales que prend le chômage dans les pays dépendants qui ne disposent pas de surprofits pour occuper leur main d’œuvre à des tâches improductives destinées à satisfaire les caprices de la grande bourgeoisie. Sous le 9 capitalisme, le travail ne sert qu’à enrichir les exploiteurs et ne profite qu’accessoirement à ceux qui créent la richesse, tandis que sous le socialisme les fruits du travail profitent réellement aux travailleurs. Sous le capitalisme, les travailleurs sont donc des esclaves enchaînés à un travail au profit d’autrui, tandis que sous le socialisme, le travail devient le moyen de leur libération économique, politiqueetsociale. «… les capitalistes n'ont jamais travaillé eux-mêmes et ils n'ont jamais rien produit, car seuls les ouvriers et les paysans travaillent et produisent. Sous cet angle, ce sont des parasites, ils vivent aux dépens des autres, ils exploitent le travail et les talents de l'ouvrier et du paysan travailleurs, et s'en approprient les fruits».6 Souslecapitalisme,lahaussedelaproductivitédutravailaboutitàjeteruneplus grande masse de marchandises sur le marché en employant toujours moins de travailleurs, aggravant la disproportion entre consommation et production. Au contrairesouslesocialisme,lahaussedelaproductivitédutravailpermetd’accroître la production sociale et de réduire les tourments du travail excessif tout en envisageantla satisfaction denouveaux besoins: la croissancedelarichessesociale sert à l’élévation du bien-être matériel et culturel de ceux qui la produisent. Ainsi, des choses revêtant une forme identique peuvent avoir deux contenus fondamentalementdifférents,toutdépenddesconditionséconomiquesetsociales.Ce n’estpasletravailquiestabolisouslesocialisme,maisletravailexploitéparautrui: seul le but de la production change car l’activité sociale reste nécessaire à la reproduction de la vie des êtres humains, même sous le socialisme et le communisme. S’appuyant sur les travaux de Marx sur la reproduction élargie de la production sociale, Lénine soulignait que la condition nécessaire de cette accumulation résidait dans la nécessité «de produire d'abord des moyens de production» et donc «d’élargir la section de la production sociale qui fournit les moyens de production».7 Souslesocialisme,lasatisfaction croissantedes besoinsmatérielset culturels des travailleurs n’entre nullement en contradiction, mais présuppose au contraire la nécessité de procéder à «l’accroissement prioritaire (plus rapide) de la production des moyens de production par rapport à la production des objets de consommation»8, puisqu’un volume d’accumulation élevé permet d’accroître les futures capacités productives de l’ensemble des branches de l’économie dont le développement accéléré satisfait toujours mieux les besoins des travailleurs. Les tenants anti-staliniens (c’est-à-dire anti-communistes) de la théorie du «capitalisme d’Etat»etde«l’Etatouvrierdégénéré»nesontriend’autrequedespetit-bourgeois keynésiens qui admettent possible pour le Capital de réaliser l’accroissement accéléré de la richesse sociale au moyen des dépenses non productives, et qui cherchentàappuyerlacroissanceéconomiqueaumoyendugonflementd’unsecteur étatique non socialiste. Une telle conception est en contradiction flagrante avec les travaux de Marx et Lénine sur la reproduction élargie de la richesse sociale: cette orientation,siellepermetbiendedépensercedontlestravailleurssontdépouillés,ne résout pas la contradiction entre Travail et Capital ni ne peut enrayer la baisse tendancielledutauxdeprofit. Cettetendancegénéraledelaproductioncapitalistereflètelefaitquesonbut, «…leprofittoujoursplusgrand,entreencontradictionaveclemoyend'atteindre cebut,l'élargissementdelaproduction».9 10

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IMPERIALISME. ET. ANTI-IMPERIALISME. VINCENT GOUYSSE. Mai 2007. Pour le 90ème anniversaire de la Révolution Socialiste d'Octobre !
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