Histoire du XXe siècle 4 TOME Vers le monde nouveau du XXle siècle 1990 Serge Berstein À NOS JOURS Pierre Milza Histoire du XXe siècle des années 1990 à nos jours : vers le monde nouveau Tome 4 du XXIe siècle Édition 2010 Sous la direction de Serge Berstein et Pierre Milza Serge Berstein, Gisèle Berstein, Yves Gauthier, Jean Guiffan, Pierre Milza H AT I E R mmaire n CHAPITRE 1 / Croissance et crises du capitalisme mondialisé (2000-2010)(cid:9) 5 Un monde plus petit et étroitement interdépendant (cid:9) 6 Un début de siècle difficile : l'éclatement de la bulle informatique(cid:9) 13 La première grande crise du capitalisme mondialisé (2008-2010...) 18 La mise en question de la mondialisation(cid:9) 31 n CHAPITRE 2 / Les nouveaux rapports de force internationaux(cid:9) 36 Vers un nouVel ordre mondial ?(cid:9) 37 L'nyperpuissance contre « l'Empire du mal »(cid:9) 54 n CHAPITRE 3 / À la recherche d'un nouvel équilibre : l'Amérique de Bill Clinton (1993-2000)(cid:9) 66 La fin du conservatisme ? (1993-1996)(cid:9) 67 Le second mandat de Bill Clinton (1997-2000)(cid:9) 73 n CHAPITRE 4 / L'Amérique de George W. Bush sous le signe du 11 septembre (2001-2008)(cid:9) 78 L'élection présidentielle de noVembre 2000(cid:9) 79 Le cnoc du 11 septembre(cid:9) 83 Un 11 septembre financier ? Faillites et scandales dans les grandes entreprises(cid:9) 89 Le second mandat de George W. Busn (cid:9) 95 n CHAPITRE 5 / Le tournant Obama (2009-...)(cid:9) 113 Un scrutin historique(cid:9) 114 Refaire l'Amérique ?(cid:9) 119 Hatier, Paris, 2005 — ISBN : 978-2-218-94738-4 Toute représentation, traduction, adaptation ou reproduction, même partielle, par tous procédés, en tous pays, faite sans autorisation préalable est illicite et exposerait le contrevenant à des poursuites judiciaires. Réf. : loi du 11 mars 1957, alinéas 2 et 3 de l'article 41. une représentation ou reproduc- tion sans autorisation de l'éditeur ou du Centre Français d'Exploitation du droit de Copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris) constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal. 2 n CHAPITRE 6 / L'Europe de l'Est à l'heure du post-communisme (1991-2000)(cid:9) 136 Les difficultés de la démocratie et la montée des nationalismes(cid:9) 137 Le difficile passage au marcné(cid:9) 141 La Russie de Boris Eltsine(cid:9) 147 De Eltsine à Poutine(cid:9) 156 n CHAPITRE 7 / La Russie de Vladimir Poutine (2000-...)(cid:9) 162 Vladimir Poutine et le retour d'un pouvoir fort en Russie(cid:9) 163 Le second mandat de Vladimir Poutine et le renforcement du pouVoir présidentiel(cid:9) 170 La Russie à l'heure du tandem MedVedev-Poutine (2008-...)(cid:9) 181 n CHAPITRE 8 / La Ve République à l'heure du quinquennat (depuis 2002)(cid:9) 189 Le second mandat de Jacques Chirac (2002-2007)(cid:9) 190 L'expérience Sarkozy (2007-...)(cid:9) 205 a CHAPITRE 9 / L'Union européenne : une puissance en devenir ?(cid:9) 224 Le Royaume-Uni du « Tnatcherisme » au « Blairisme »(cid:9) 225 L'Allemagne de Helmut Kohl à Angela Merkel(cid:9) 229 L'Europe méridionale(cid:9) 237 L'Union européenne de Maastricnt à Lisbonne(cid:9) 244 n CHAPITRE 10 / Un Japon en proie au doute (1992-2010)(cid:9) 251 Un « modèle économique » en crise(cid:9) 252 Une rupture politique et sociale ?(cid:9) 253 Mi CHAPITRE 11 / L'essor de la Chine (fin du XXe-début du XXIe siècle)(cid:9) 257 La Chine, nouVelle super-puissance économique(cid:9) 258 Mutations sociales et immobilisme politique(cid:9) 261 Un nouveau « super-grand » sur la scène internationale(cid:9) 263 n CHAPITRE 12 / Du tiers-monde aux puissances émergentes dans l'économie mondialisée(cid:9) 265 Un tiers-monde à redéfinir dans la mondialisation(cid:9) 266 Croissance économique et développement inégal(cid:9) 272 Pays pauvres et puissances émergentes à l'épreuve de la crise mondiale (2008-2010)(cid:9) 284 3 n CHAPITRE 13 / Des sociétés en recomposition(cid:9) 293 Populations et migrations dans l'espace européen(cid:9) 294 Urbanisation et nouvelles mobilités(cid:9) 303 Les transformations de la société européenne depuis les années 1980(cid:9) 309 n CHAPITRE 14 / Pratiques sociales, idéologies et croyances au début du XXIe siècle(cid:9) 318 Apogée et crise de la société de consommation(cid:9) 319 Recul des idéologies, retour du religieux(cid:9) 324 Index(cid:9) 348 4 CH A P I T R E(cid:9) 1 Croissance et crises du capitalisme mondialisé (2000-2010) Avec l'ouverture des économies naguère planifiées des pays communistes, le développement des relations économiques et financières internationales aboutit à la fin du XXe siècle à une véritable « mondialisation » dans laquelle s'imbriquent tous les continents de la planète par l'intensité de leurs échanges réciproques et l'interconnexion de leurs économies. Les grandes firmes transnationales tendent à devenir « globales » en organisant leurs fonctions de conception, de promotion, de production, de commercialisation dans des réseaux complexes qui couvrent tout l'espace économique mondial. Après la récession du début du nouveau siècle, suivie de quelques années d'euphorie, la grande crise financière, économique, sociale qui ébranle le monde depuis l'été 2008 fait prendre conscience des risques d'une mondialisation sans régulation institutionnelle supranationale. Chaque État lutte contre les effets de la crise par ses propres moyens, en protégeant ses intérêts nationaux, au risque de réveiller des réflexes protectionnistes. La crise a remis en lumière les contradictions que recèle la mondialisation. 5 Un monde plus petit et étroitement interdépendant • Qu'est-ce que la mondialisation ? La rénovation du capitalisme libéral depuis le début des années 1980 (voir tome 3, chapitre 2) se développe dans un cadre géographique élargi qui tend à dépasser l'internationalisation (c'est-à-dire l'inten- sification des relations entre les économies nationales) pour aller, à la charnière des deux siècles, vers la mondialisation qui assimile la planète à un unique marché global, ignorant de plus en plus les frontières politiques et économiques des États. Les anciens pays communistes qui ont commencé à s'ouVrir sur l'extérieur dans la dernière décennie du XXe siècle sont, vingt ans plus tard, largement intégrés dans les flux d'échanges internationaux, et de plus en plus présents dans les institutions qui 1es supervisent (F.M.I., O.C.D.E., O.M.C. et même G20), à l'exemple des dix pays ex-communistes de l'Europe orientale (P.E.C.O.) qui sont devenus membres de l'Union européenne en 2004 et 2007. Quant aux anciennes colonies, dont l'accession à l'indépendance s'était accompagnée d'un retour au protectionnisme, en réaction contre la sujétion auX anciennes métro- poles, elles sont pour la plupart d'entre elles revenues à une économie ouverte après avoir constaté les limites du développement autocentré. Ce que l'on appelle la mondialisation repose donc sur une suppres- sion des entraVes à la circulation internationale des hommes, des capitaux et des produits permettant une interconnexion de plus en plus étroite entre des espaces géographiques de dimensions fort différentes, et des sociétés qui se situent à des niveaux très inégaux de développement et de richesse. Ces relations complexes, commer- ciales, financières mais aussi humaines et culturelles rendent les grandes régions du monde de plus en plus interdépendantes les unes des autres, en période de croissance comme lors des récessions économiques. La mondialisation a aussi un contenu idéologique, qui corres- pond à l'expansion planétaire du capitalisme d'origine occidentale réformé depuis un quart de siècle dans 1e cadre du néolibéralisme. On en résume parfois les règles sous la forme des dix comman- dements du « consensus de Washington » édictés sans nuances par l'économiste américain John Williamson : discipline budgé- taire, libéralisation du commerce extérieur et des investissements directs à l'étranger, privatisation des entreprises, dérèglementation 6 CHAP. 1 / Croissance et crises du capitalisme mondialisé (2000-2010) des marchés et abolition des monopoles publics, protection de la propriété privée y compris la propriété intellectuelle (en particulier les brevets nés de l'innoVation). Elle est parallèlement le fruit de la rénovation des moyens de communication par l'informatique et de la nouvelle organisation des entreprises qui étendent leurs réseaux de production et de distribution bien au-delà de leurs frontières nationales. Il en résulte une concurrence intense entre des économies très différentes à l'intérieur d'une construction globale hiérarchisée selon la puissance de chaque pöle, avec des possibilités de reclassement en fonction du dynamisme économique de chacun d'entre eux. Les effets de la mondialisation sont susceptibles de déplacer les centres de graVité de l'économie mondiale. • L'intensification des échanges La mondialisation de l'économie implique nécessairement une inten- sification des échanges de toutes sortes (hommes, produits, capitaux) à l'échelle du globe. Si la libre circulation des individus reste entravée par des législations qui visent à réduire les flux migratoires en direction des pays industriels développés, 1es biens, les services et les capitaux bénéficient d'une réglementation beaucoup plus libérale. Poursuivant l'oeuvre de désarmement douanier menée par le G.A.T.T jusqu'aux accords de Marrakech en 1994, l'O.M.C. (Organisation mondiale du commerce) présidée depuis 2005 par Pascal Lamy devrait, selon ses fondateurs, permettre d'atteindre des objectifs ambitieux tels que l'élévation générale du niveau de vie, le plein emploi, la croissance de la production, la préservation de l'environnement, l'intégration des pays en développement dans le commerce mondial. En 2001, la conférence de l'O.M.C. qui s'est tenue à Doha au Qatar a réuni 145 pays qui se sont mis d'accord pour engager des discussions sur le programme ambitieux d'un nouvel abaissement des tarifs douaniers (réduits à 4 % en moyenne), de la suppression des subventions aux exportations agricoles et de la libéralisation des échanges de services. Supports indispensables de la mondialisation, les nouveaux progrès des transports permettent d'en abaisser le prix, d'abord pour les transports maritimes dont le coût principal est désormais celui du chargement et du déchargement des cargos (le prix du carburant représente une part infIme du coût total, bien que variable en fonction des cours du pétrole), mais aussi pour les transports aériens de plus en plus utilisés pour les passagers mais aussi pour le commerce de produits légers à haute Valeur comme les composants électroniques ; en 2010 le fret 7 aérien ne représente certes que l % du volume du commerce mondial de marchandises mais déjà 40 % de sa valeur. En parallèle, la trans- mission planétaire des informations a franchi un nouveau pas avec l'utilisation des satellites de télécommunication. En quelques coups de téléphone ou de clics sur un clavier d'ordinateur, des sommes d'argent considérables peuvent aller d'une place à l'autre en quelques minutes, et les bourses du monde entier restent interconnectées en permanence. Ces facteurs convergents ont favorisé une forte expansion des échanges mondiaux. Depuis un quart de siècle, 1e commerce mondial a connu une crois- sance double de celle de la production, sa valeur globale étant passée de 5 195 milliards de dollars en 1997 à près de 15 000 milliards de dollars en 2008 soit alors environ 20 % du P.I.B. mondial, avec cependant de grands écarts entre les pays (le degré d'ouVerture est seulement de l'ordre de 10 % aux États-Unis et au Japon, mais de 35 % en Allemagne et 174 % à Singapour, Véritable entrepöt de réex- portation). La croissance des échanges commerciaux a en moyenne un rythme double de celui du P.I.B., mais elle se réVèle très sensible à la conjoncture, alternativement en vive expansion en 2000 et 2004 puis en forte rétraction en 2001 et 2008. En parallèle, la libéralisation des marchés financiers s'est accélérée depuis le milieu des années 1980, sous le double aspect de l'allégement des contröles boursiers et de l'internationalisation des transactions. En conséquence, les flux d'investissements directs à l'étranger (I.D.E.) qui se montaient à 50 milliards de dollars en 1985 ont approché en l'an 2000 le pic de l 500 milliards de dollars au terme d'un puissant mouvement d'internationalisation des capitaux, mais la récession des premières années du XXIe siècle a ramené ces flux à 565 milliards de dollars en 2003 ; quant aux stocks d'I.D.E. dans le monde, ils représen- tent eux aussi environ 20 % du P.I.B. planétaire. L'internationalisation des investissements constitue un élément majeur du capitalisme contemporain, au cœur du phénomène de mondialisation de l'éco- nomie, car la mobilité des capitaux est plus dynamique que celle des produits et des personnes. Les I.D.E., dont le volume a triplé entre 2003 et 2008, proviennent pour 80 % des pays développés qui ont cependant connu un recul au profit des pays en déVeloppement, bien que les mouvements de capi- taux s'opèrent encore majoritairement au sein des pays anciennement industrialisés. On remarque aussi que le mouVement des capitaux internationaux traduit, comme celui du commerce, 1es évolutions conjoncturelles entre 1995 et 2008 (cf. tableau page 9). 8 CHAP. 1(cid:9) Croissance et crises du capitalisme mondialisé (2000-2010) Croissance du volume du commerce mondial des marchan- dises et du P.I.B. mondial 1998-2008 Variation annuelle en % 12 PIB 10 n Exportations de marchandises 8 Croissance moyenne des exportations 1998-2008 6 C"ro7SsZnc7 rrioenle ... du PIB 4 1998-2008 Ir rai 2 o 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2 Source : OMC dans Problèmes économiques n° 2985 « Le bilan de l'économie mondiale 2009 », p. 28. Répartition des importations et des exportations d'IeDeEe en pourcentage du total mondial Pays développés 1995-2000 (moyenne 2003 2004 2007 2008 annuelle) Entrées d'I.D.E. 73 64 56,4 68,7 56,7 Sorties d'I.D.E. 89,1 90 85,5 84,3 81,1 Pays en développement Entrées d'I.D.E. 25,8 32,6 39,5 26,8 36,6 Sorties d'I.D.E. 10,6 8,1 13 13,3 15,8 Total(cid:9) 730 565 735 1979 1700 (en milliards de dollars) Source : CNUCED, World lnvestment Report 2009, dans Problèmes économiques n° 2985 p. 33. 9