Une façade délabrée, des volets qui craquent, peut-être même une silhouette floue à la fenêtre… la maison hantée appartient bel et bien à notre imaginaire commun. Goût pour le bizarre, plaisir de se faire gentiment peur, vague croyance ou curiosité pour les revenants et l’au-delà, si les maisons hantées nous semblent aujourd’hui une superstition frappée d’archaïsme, il n’en était pas de même au XIXe siècle, où elles furent un temps au cœur de débats passionnés et savants. Maisons du diable, maisons habitées par des âmes errantes pullulent alors en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Autant de phénomènes sur lesquels l’Église, d’abord, porte un diagnostic de possession et d’exorcisme, tandis que les scientifiques traitent des problèmes psychiques liés à la hantise. C’est aussi l’âge d’or des chasseurs de fantômes et autres spirites qui proposent à leurs contemporains, que la mort et la spiritualité inquiètent, d’entrer en contact avec les esprits. Lieu repoussoir à l’opposé du « home sweet home », la maison hantée inspire : cinéma, littérature, peinture, nombreux sont les artistes qui s’en sont emparées. Stéphanie Sauget livre un essai brillant sur un sujet neuf, en marge de la grande histoire, mais véritable objet d’histoire culturelle, à travers lequel sont abordés d’une manière différente les enjeux d’un long XIXe siècle, notamment la déchristianisation, la modernisation ou la montée des idéologies.