PRÉAMBULE
Que le lecteur nous suive dans une rue traversière de Bow. Elle est étroite et sombre, les façades des maisons sont hautes et obscures, non dépourvues d’une certaine beauté archéologique. Mais elles ont été négligées depuis de nombreuses années.
La lèpre des pierres les ronge, de hauts perrons ont des marches branlantes, des vitres brisées ont été remplacées par des feuilles de carton.
L’un de ces immeubles qui, aux siècles derniers, devait être une splendide maison de maître, exhibe entre deux fenêtres du rez-de-chaussée une plaque en tôle peinte, couverte d’une écriture barbare :
« Pension de Famille tenue par Mrs. Chullingham. Dîners à prix réduits. Soupers après les spectacles. Cuisine soignée. Cave renommée. La maison n’accepte des pensionnaires que sur référence. »
L’inscription doit dater du temps de Sa Gracieuse Majesté la Reine Victoria, et les règlements d’intérieur ont dû fléchir en sévérité, car Mrs. Chullingham reçoit tout pensionnaire qui peut lui payer dix shillings par semaine, blanchissage non compris.