Description:Dans le Harlem des années 50, se nouent les destins de quatre adolescents: Julia, l’évangéliste-enfant, le mystérieux petit prodige, enflamme les foules en mal de salut;
Arthur, la vedette des «Trompettes de Zion», un groupe formé avec ses compagnons de rue, montre déjà le talent du fabuleux chanteur de gospel qu’il deviendra ;
Jimmy se contente sans plaisir d’être le petit frère souffre- douleur de Julia,
tandis que Hall, l’aîné d’Arthur, s’apprête à partir pour la Corée défendre une civilisation qui s’obstine avec arrogance à le rejeter.
Trente ans après, dans une sorte d’effort pour se réconcilier avec la récente mort d’Arthur, Hall entreprend de remonter le cours du temps et de découvrir, à travers ses souvenirs — et la souffrance qu’est la mémoire — l’inéluctable et folle logique qui a conduit la vie de ces êtres remarquables, liés à tout jamais.
Pourquoi Julia, cette beauté « à la voix venue du fond des âges et au regard vieux comme l’Egypte», a-t-elle subitement cessé de prêcher avant de disparaître dans le Sud, puis d’en revenir pour vivre un grand moment de passion avec Hall, et chercher refuge en Afrique en compagnie d’un chef de tribu ?
Pourquoi Arthur, l’empereur du soul, n’a-t-il jamais vraiment trouvé le bonheur malgré le fidèle Jimmy, son dernier amant et le responsable de son succès ? Pourquoi ses copains, Crunch, Red et Peanut, ont-ils disparu de sa vie ?
Dans ce bouleversant roman dont la violence et l’érotisme sont constamment maîtrisés par la prodigieuse tendresse du poète (et l’humour du vieux sage rebelle qui sait refuser l’amertume pour n’en crier que mieux son indignation), James Baldwin nous entraîne de New York à Abidjan, de Paris au cœur du Sud des Etats-Unis, dans un vertigineux voyage rythmé par les cadences et les cris poignants du gospel, à travers la passion des hommes et la cruauté d’un monde pas encore réconcilié avec tous ses enfants.
"J'aimerais me servir du temps qu'il me reste pour changer le monde, pour enseigner aux enfants ou transmettre aux gens qui ont des enfants l'idée que la vie est sacrée. J'espère convaincre qu'un langage nouveau est concevable ainsi qu'une nouvelle morale, dans notre manière d'appréhender le monde." James Baldwin
James Baldwin (2 août 1924 à Harlem, New York - 1er décembre 1987 à Saint-Paul-de-Vence) est un écrivain noir américain, romancier, poète, auteur de nouvelles, de théâtre, d’essais. Son œuvre la plus connue est Go Tell it on the Mountain (« Va le dire sur la montagne », en français La Conversion) parue en 1953.
Très marqué par la situation des Noirs dans son pays et par son expérience individuelle dans la misère de Harlem, James Baldwin deviendra une figure du mouvement pour les droits civiques. Le thème de la discrimination est récurrent dans ses œuvres, qu'elle soit d'ordre racial ou sexuel. Baldwin s'emploie à montrer l'isolement du Noir dans la société mais aussi la solitude, conséquence des ambigüités qui sont inhérentes à chacun (homosexualité, désir d'être intégré).
Baldwin est né en 1924, l'aîné des neuf enfants d'Emma Berdis Jones. Il ne connut jamais l'identité de son père biologique. Il était encore tout jeune lorsque sa mère épousa David Baldwin, ouvrier d'usine et prédicateur, qui adopta l'enfant. La famille était pauvre et les relations entre le père et le fils n'étaient pas bonnes. James fit ses études secondaires au lycée DeWitt Clinton, dans le Bronx, et devint membre de l'église pentecôtiste de Harlem où il commença à prêcher dès l'âge de quatorze ans. Alors que son père s’opposait à ses aspirations littéraires, Baldwin trouva un soutien auprès d’un professeur ainsi qu’auprès du maire de New York, Fiorello H. LaGuardia. Il quitta sa famille pour s'installer à Greenwich Village, quartier de New-York célèbre pour son milieu d'artistes et de libres-penseurs. Au début des années 40, il abandonna sa foi religieuse pour la littérature. Vivant de petits boulots, il avait commencé à écrire des nouvelles, des essais et des critiques de livres. Ces premiers textes furent ensuite publiés dans Notes of a Native Son en 1955.
Entretemps Baldwin avait fini par prendre conscience de son homosexualité. En 1948, écœuré par les préjugés contre les noirs et les homosexuels, il quitta les États-Unis pour Paris, où il devait passer pratiquement le reste de son existence.