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Hans Blumenberg PDF

239 Pages·2007·5.29 MB·French
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v o ix a l l e m a n d es COLLECTION DIRIGÉE PAR MICHEL ESPAGNE Elias Canetti, O. Agard. Heiner Müller, E Baillet. Friedrich Schiller, S. Fort. Arthur Schnitzler, J. Le Rider. Bertolt Brecht, E Maier-Schaeffer. Alfred Dôblin, M. Vanoosthuyse. Günter Grass, T. Serrier. Wolfram von Eschenbach, R. Pérennec. Paul Celan, A. Lauterwein. Heinrich Heine, M.-A. Maillet. Rainer Maria Rilke, K. Winkelvoss. Franz Kafka, E Bancaud. Johann Friedrich Herhart, C. Maigné. Hans Blumenberg par Jean-Claude Monod BELIN 8, rue Férou - 75278 Paris cedex 06 www.editions-belin.com Photo de couverture: © Photo Suhrkamp Verlag Le code de la propriété intellectuelle n'autorise que « les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation col- lective» (article L. 122-51 ; il autorise également les courtes ciiations effectuées dans un but d'exemple ou d'illustration. En revanche «toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite» [article L. 122-4], Ut loi 95-4 du 3 janvier 1994 a confié alt C.EC. (Centre français de l'exploi- tation du droit de copie, 20, rue des Grands Augustins, 75006 Paris), l'exclusivité de la gestion du droit de reprographie. Toute photocopie d'oeuvres protégées, exécutée sans son accord préalable, constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © Éditions Belin 2007 ISSN 1760-3889 ISBN 978-2-7011-3613-4 Sommaire INTRODUCTION 7 Chapitre 1 Impulsions théoriques : la phénoménologie historique et l'anthropologie des techniques symboliques 17 Chapitre 2 Parcours dans la métaphore 35 Chapitre 3 La lumière de la vérité, le monde comme livre 66 Chapitre 4 Histoire des effets et symbolisation : le malentendu copernicien 95 Chapitre 5 La modernité entre illégitimité théologique et auto-affirmation rationnelle 116 Chapitre 6 Des transformations du concept de réalité et de leurs conséquences poétiques et rhétoriques 146 Chapitre 7 Le mythe au travail 165 Chapitre 8 Temps de la vie, temps du monde et temps de la théorie 183 Chapitre 9 Sous-textes politiques 205 CONCLUSION 218 ABRÉVIATIONS UTILISÉES 223 NOTES 225 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE 235 Introduction Dans l'introduction à son recueil Wirklichkeiten in denen wir leben (Les réalités dans lesquelles nous vivons), Hans Blumenberg rappelle que la formule « il y a plus d'un monde» a suscité une grande excitation dans le courant des Lumières, depuis Fontenelle. C'est qu'elle apparaissait « comme la plus forte contradiction à l'encontre de la métaphysique théologique, qui devait tirer du concept de création l'unité du monde et pouvait en appeler à cet égard à Platon et Aristote, qui avaient trouvé dans la pluralisation du cosmos par Démocrite une destruction de la raison et l'avaient maîtrisée ». Si l'on cherchait maintenant une formule pour les découvertes qui ont provoqué une agitation philoso- phique analogue au xxe siècle, on pourrait avancer celle- ci : « nous vivons dans plus d'un monde ». « On peut lire cela comme la métaphore absolue pour les difficultés que nous rencontrons de façon croissante à rapporter à la réalité quotidienne de notre expérience et de notre capacité de compréhension ce qui est "réalisé" dans les régions devenues autonomes de la science et des arts, de la technique, de l'économie, du système de formation et des institutions confes- sionnelles, et ce qui est "offert" au sujet dans les limites que constituent son monde de la vie et son temps de vie pour lui permettre de saisir simplement dans quelle mesure il "appartient" déjà à tout cela de façon inséparable. 7 HANS BLUMENBERG Commenter en détail cette longue phrase implique- rait de «déplier» une part importante de la pensée de Blumenberg : la notion de «métaphore absolue», le rapport entre le « temps de la vie » et un temps méta- individuel qui l'englobe, mais aussi la réflexion sur le rapport entre le développement scientifique moderne et les capacités d'intégration d'un sujet, la question de la pluralité des mondes en tant que problème cosmolo- gique que l'on retrouverait transposée, au xxe siècle, comme une question interne au savoir dans la proliféra- tion de ses « régions » spécialisées et des ontologies différentielles qui s'y articulent, mais aussi comme une question « sociale » ou civilisationnelle portant sur la capacité de sommation d'une expérience déployée dans les champs devenus autonomes de l'art et de la poli- tique, de la religion et de la science, - qui peut encore se rêver encyclopédiste ? Ne sommes-nous pas voués à une dispersion totale, à un savoir minuscule et parcellaire, à un éclatement des expériences en autant de «mondes» incommunicables et étanches les uns aux autres? La question ne doit-elle pas d'ailleurs être radicalisée pour être posée au sein de chaque champ, de chaque espace de l'expérience : la physique grecque, la physique newtonienne sont-elles encore intelligibles au physicien contemporain? Lauditeur actuel de La Passion selon Matthieu, éloigné par quelques siècles de sécularisation du climat théologique dans lequel Bach a élaboré son chef-d'œuvre, peut-il en «recevoir» autre chose qu'une perception amoindrie par la perte de son «sens» reli- gieux originel? Les philosophèmes du passé ne sont-ils pas travestis par le complexe de coordonnées intellec- tuelles et de croyances qui forment notre horizon, profondément différent de celui dans lequel les Grecs anciens, les Pères de l'Église, les penseurs de la Renais- sance ou même les philosophes que l'on tient pour les «pères» de la modernité ont élaboré des notions que 8 INTRODUCTION nous manions sans avoir toujours conscience de l'his- toire sédimentée qu'elles charrient? Et pour finir, si personne n'est plus en mesure d'effectuer la sommation du savoir, l'entreprise savante a-t-elle encore un sens ? Hans Blumenberg aurait peut-être récusé pour lui- même la qualification d'esprit encyclopédique, mais l'ampleur de ses champs d'investigation et d'intérêt en fait assurément l'un des rares esprits du XXe siècle à propos desquels une telle désignation ne paraît pas tout à fait dénuée de sens. Si l'on a été tenté d'appliquer, à son propos, l'image de la «galaxie»2 ou l'idée que son esprit aurait précisément contenu « des mondes »3, c'est assurément parce que la pluralité des domaines abordés, depuis la genèse de la révolution copernicienne jusqu'à l'esthétique de Mallarmé, s'accompagne d'une cohérence dans la démarche qui évite à la pluralité de devenir dispersion pure. Mais avant d'entrer dans cet univers de pensée, rappelons quelques données biographiques à propos d'un philosophe encore peu connu du public français. Hans Blumenberg est né en 1920 à Lübeck, une ville où la Passion selon saint Matthieu de Bach était jouée chaque année dans la cathédrale. Son père était marchand d'art (sacré et profane). Il reçut une éducation catholique, mais sa mère étant d'origine juive, il s'est découvert juif - Halbjude, «demi-Juif», selon la termi- nologie nazie - avec l'arrivée des nazis au pouvoir et les lois raciales de Nuremberg. On interdit alors au jeune Blumenberg de prononcer le discours de congé pour le semestre d'été de 1939, comme cela aurait dû lui échoir en tant que « meilleur élève » (après discussion avec la direction du lycée, Blumenberg est autorisé à écrire le discours, mais non à le lire). Après avoir obtenu le baccalauréat, Hans Blumenberg n'a pu intégrer l'Univer- sité de son choix, mais il a pu poursuivre des études supérieures dans des institutions catholiques : il a étudié 9 HANS BLUMENBERG la philosophie scolastique et néothomiste, un semestre à l'Académie de philosophie et de théologie de Paderborn, un semestre à l'École supérieure de philosophie et de théologie de Francfort. Il a cependant dû interrompre ces études en 1941. Un industriel (Heinrich Dràger) lui a proposé du travail et l'a protégé un temps, mais il n'a pas pu éviter que Blumenberg soit envoyé dans un camp de travail de l'Organisation Todt4, dont il réussit à s'en- fuir; il trouva alors refuge dans une famille de Lübeck hostile au régime (il épousera d'ailleurs la fille de ses protecteurs à la fin de la guerre). De ce temps de vie caché, comment ne pas entendre un écho métaphorique dans le dernier grand livre de Blumenberg, Sorties de caverne (Höhlenausgänge), qui envisage les cavernes comme des lieux obscurs et protecteurs où les premiers hommes trouvèrent refuge quand leur visibilité les menaçait ? Un court curriculum vitae (Lebenslauf) accompagne sa « dissertation » soutenue à Kiel en 1947 sous le titre Beiträge zum Problem der Ursprünglichkeit der mittelalter- lich-scholastischen Ontologie (Contributions au problème de l'originalité de l'ontologie médiévale-scolastique), Blumenberg y note ceci : «J'ai dû interrompre mes études en 1941, et j'ai continué à travailler en privé jusqu'en 1943, en particu- lier dans le domaine de la philosophie médiévale. Ensuite j'ai obtenu un emploi dans l'industrie. Après la fin de la guerre, j'ai repris mes études philosophiques à l'Université de Hambourg, surtout avec Ludwig Land- grebe, jusqu'à leur terme. » (p. 108). Après la dissertation sur l'ontologie médiévale, Blumenberg soutint sa thèse d'habilitation sur « La distance ontologique. Une recherche sur la crise de la phénoménologie de Husserl» (1950), sous la direction de l'ancien assistant de Husserl, Ludwig Landgrebe. Il enseigna ensuite à Hambourg (1958), Giessen (1960), 10 INTRODUCTION Bochum (1965) et de 1970 à sa retraite (en 1985), à l'Université de Munster. Blumenberg fut également l'un des fondateurs, avec notamment Hans Robert Jauss et Wolfgang Iser, du groupe de recherche, actif à partir de 1963, Poetik und Hermeneutik, dont les travaux sur l'histoire de la réception devaient avoir un retentisse- ment considérable dans le champ des études esthé- tiques; il dirigea avec Jürgen Habermas et Dieter Henrich la collection «Theorie» des éditions Suhr- kamp, entre 1964 et 1967. Uimage qui s'est imposée de Blumenberg est celui d'un homme secret (comme le note E J. Wetz, nous savons beaucoup par lui, mais peu de lui), plongé dans sa caverne-bibliothèque, hostile à toute médiatisation de sa personne, ne dormant que six nuits par semaine, peut-être pour rattraper le temps perdu, notamment le temps d'étude et de pensée dont l'avait privé le régime nazi, mais prenant le temps de déployer une œuvre sinueuse, complexe, à l'écriture « torrentielle » (Gianni Vattimo), et libre vis-à-vis des courants philosophiques comme des idéologies qui ont dominé le xxe siècle. Uœuvre de Blumenberg échappe en effet aux classi- fications usuelles. Elle présente un tour non systéma- tique, parfois proche de l'aphorisme, mais certains de ses ouvrages majeurs obéissent à une structure argu- mentative développée et complexe, toujours liée à une considérable matière historique et «culturelle». Ses racines plongent dans la phénoménologie, mais sur un mode qui assume progressivement de plus en plus nette- ment la volonté de transgresser l'interdit jeté par Husserl sur une « anthropologie » inspirée de sciences positives que la phénoménologie, dans son geste inaugural, met hors circuit en tant qu'éléments du monde naturel. Son érudition et son goût pour « l'histoire des problèmes » le rapprochent d'une tradition académique allemande dont les fleurons au XXe siècle sont sans doute les ouvrages de 11

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