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Haddadou_vocabulaire amazighe commun PDF

540 Pages·2012·2.57 MB·French
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à la mémoire de mes parents, à Nadia, Ndjima et Mehdi, à ma sœur Abréviations Cha : chaoui Chl : chleuh coll. : collectif conj. : conjonction dim. : diminutif Djer : dialecte de l’île de Djerba (Tunisie) fém. : féminin Ghd, ghadamsi, dialecte de Ghadamès (Libye) int. : intensif K : kabyle MC : dialecte tamazi$t, parlers du Maroc central msc. : masculin Mzb : mozabite n. d’un. : nom d’unité Nef : néfoussi, dialecte du Djebel Nefousa (Libye) p. ext. : par extension pl. coll. : pluriel collectif pl. : pluriel pl. div. : pluriel divergent (base différente de celle du singulier) plssg : pluriel sans singulier pré. : préposition R : rifain (parler du Rif proprement dit) R Izn: rifain, parler des Iznacen R Ket : rifain, parler des Ketama R Snh : rifain, parler des Senhadja R, Tz : rifain, parler des Touzin sg. : singulier Snd : dialecte de Qalaat Sned (Tunisie) Skn : dialecte de Sokna (Libye) sngspl : singulier sans pluriel Siw : dialecte de l’oasis de Siwa (Egypte) To : touareg, parler de l’Ahaggar T Ad : touareg, parler d’Adrar T Ghat : touareg, parler de l’oasis de Ghat (Libye) T N : touareg, taneslemt, parler du Mali T Tay : touareg, parler desTaytoq T Touat : touareg, parler du Touat Wrg : dialecte de Ouargla Zng : zénaga, dialecte de Mauritanie Système de transcription Consonnes : Chuintantes : j, c (français ch) Emphatiques : v, û, ô, î, é Labiovélarisées : b°, g°, k°, q°, x° Vélaires : $, x (traditionnellement kh), q Uvulaires : ê,  Laryngale : h Affriquées : nous n’avons noté que o (français dj) ç (tch) et, occasionellement p (ts), qui apparaît en kabyle et en chleuh Nasale palatalisée : n du touareg (ng) Spirantes : le spirantisme, sans incidence notable sur la signification des mots, n’a pas été noté Les autres consonnes sont notées comme en français : b, d, f, g, , k, l, m, n, r, s, t, z La tension consonantique est notée par une lettre doublée Semi –voyelles : w, y Voyelles a, i, u, voyelle neutre : e et pour le touareg : i, e, a, u, o, pour les brèves et, î, ê, â, û, ô, pour les longues INTRODUCTION Introduction L’aire linguistique du berbère s’étendait, autrefois, sans discontinuer, de l’Océan atlantique à l’Egypte et du nord du Maghreb aux confins du désert, jusque en Afrique noire. Puis cette aire a éclaté, se réduisant à des blocs et à des îlots , traversés de zones arabophones, d’abord restreintes puis de plus en plus importantes, jusqu’à devenir majoritaires. Certes, la berbérophonie n’est guère négligeable avec plusieurs millions de locuteurs et des dialectes comme le kabyle, en Algérie, connaissent même un certain renouveau, né des mouvements de revendications linguistiques et culturelles, mais le domaine du berbère ne cesse de se restreindre devant le processus d’arabisation, commencé au 8ième siècle de l’ère chrétienne et poursuivi aujourd’hui par les Etats maghrébins dont le centralisme s’accommode mal de l’existence d’une autre langue que la langue officielle. L’administration mais aussi l’école et les moyens de communication modernes, comme la radio et la télévision, sont de puissants facteurs de déstabilisation du berbère au profit de l’arabe. Confinée dans des usages essentiellement oraux, éparpillée sur des territoires très vastes et coupés les uns des autres, le berbère a peu de moyens de défendre son existence. Il faudrait un changement total des conceptions politiques et linguistiques des pouvoirs en place pour que la vieille langue ne connaisse pas ce que U. WEINREICH (1968, p. 683) appelle « le destin des langues perdantes » , réduite à disparaître devant la langue dominante, appelée ici langue officielle, langue nationale ou encore langue commune. 1.Un processus de dialectalisation ancien S’il est légitime de penser que la langue berbère a été, à l’origine, une langue unifiée, il est illusoire de croire que sa fragmentation en dialectes est imputable aux Arabes dont la langue a progressivement conquis l’espace berbère, isolant les locuteurs et précipitant l’apparition de systèmes locaux. En fait, la dialectalisation du berbère doit remonter à une époque très ancienne. Dans l’antiquité déjà, le problème de l’unité de la langue se posait. Le poète Corippus, né en Afrique et peut-être lui même d’origine africaine, signale que les tribus berbères parlaient des langues différentes. A l’époque chrétienne, saint Hippolite signale également que chaque tribu avait sa langue. Ces témoignages sont contredits par Saint Augustin qui, lui, mentionne que les mêmes tribus parlaient une seule et même langue. Mais comme le fait remarquer S. Gsell, qui cite tous ces auteurs : « les termes dont (Saint Augustin) se sert ne permettent pas de savoir s’il fait allusion à la langue libyque dont il aurait connu l’unité sous ses divers dialectes ou à quelque dialecte fort répandu. » (S. GSELL,1913, p. 311) Les Musulmans ont dû être confrontés, au début de la conquête, à la même diversité, mais singulièrement, ils ne parlent pas de dialecte mais de langue berbère et se comportent comme si celle-ci est une langue unie. C’est ainsi, qu’ Ibn Khaldoun qui signale pourtant la « variété des dialectes berbère » ne fait aucune allusion aux spécificités de ces mêmes dialectes qui devaient pourtant être fortes. Et quand il lui arrive d’employer le mot « dialecte », ce n’est pas pour citer une variante de la langue berbère mais pour stigmatiser celle-ci : langue de barbare, jargon incompréhensible. ((IBN KHALDOUN, ed. 1978, voir tome 1, p. 168, tome 2, p. 168 et tome 4, p. 30) En fait, la diversité linguistique n’est pas propre au berbère mais se relève dans toutes les langues. On peut supposer que le point de départ est une langue unique qui se diversifie dans l’espace . La variation se fait progressivement et si, de localité proche en localité proche, l’intercompréhension est assurée, elle diminue fortement jusqu’à disparaître entre deux points éloignés . Cette situation a dû être celle du berbère où la langue, d’abord unie, s’est éparpillée progressivement, en s’étendant dans l’espace, en une multitude de dialectes. L’intercompréhension, aisée, à l’intérieur d’une même aire dialectale, diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne. Si aujourd’hui un Kabyle de Tizi Ouzou comprend sans difficultés majeures un Kabyle de Bouira ou de Béjaïa, il comprend beaucoup moins, mais sans qu’il y ait rupture totale de l’intercompréhension, un Chaoui de l’Aurès, alors qu’il ne parviendra pas à communiquer avec un Touareg de l’Ahaggar. 2.Une ou plusieurs langues berbères ? Si l’intercompréhension est le critère de délimitation des langues, il faut alors poser, dés que celle-ci devient impossible entre deux aires linguistiques voisines, des langues séparées. Dans le cas du berbère, on peut postuler, en dégageant les traits communs aux dialectes, l’existence d’une langue première transcendant ces dialectes, et les locuteurs eux-mêmes peuvent avoir conscience de l’unité originelle de la langue, en relevant ces traits communs, mais ils ont surtout conscience des différences qui les séparent et qui les empêchent de se comprendre. Cette réalité a poussé certains auteurs à envisager les dialectes berbères non plus comme des variétés d’une même langue mais comme des langues autonomes. Ainsi, depuis quelques décennies déjà, des berbérisants anglophones et germanophones parlent non plus de langue berbère au singulier mais de langues berbères au pluriel. A titre d’exemple, l’étude de J.R Applegate, publiée en 1970, porte le titre significatif de Berbers languages . Mais il faut signaler que les mots anglais, language et le mot allemand sprach ont une extension de sens plus large que le français langue et sont même employés parfois avec le sens de parler. L’innovation, selon S.CHAKER (1991-1996, p.9) vient des auteurs de langue française qui rompent avec la tradition établie, chez les berbérisants français, d’une langue berbère unie, divisée en dialectes. S. Chaker cite expressément L. Galand qui, en 1985, dans un article au titre évocateur « La langue berbère existe-t-elle ? » , préfère à l’appellation de langue berbère «introuvable » celle, plus conforme à la réalité, de langues berbères. Cette position est aujourd’hui partagée par quelques auteurs et, récemment, L. BOUGDICHE a publié un Index bibliographique sous le titre de Langues et littératures berbères (1997). En réalité, bien avant, le linguiste danois, K.G. PRASSE, qui écrit en français, proposait de considérer le touareg comme une langue à part, distinct du reste du berbère (1969, p. 4 ). Dans la plupart de ses travaux de linguistique diachronique, publiés en français et en anglais, A. ACKENWALD emploie également l’expression langues berbères (voir Index bibliographique, S. CHAKER, 1990, p. 42-44) . C’est la diversité linguistique et surtout la rupture de l’intercompréhension qui justifient cette nouvelle terminologie. Pour reprendre l’expression de Sorensen, la mutuelle inintelligibilité des locuteurs est telle qu’on a l’impression de se retrouver non pas devant deux variétés d’une même langue, dont les différences peuvent être surmontées au bout d’un temps d’adaptation, mais de deux langues à part entière (voir J. GARMADI,1981 p. 114 ) . Cette position de principe ne remet pas en cause l’unité fondamentale de la langue berbère que l’on peut percevoir à travers des structures communes aux dialectes. C’est ainsi qu’en traitant de la négation, L. Galand revient à la dénomination traditionnelle de langue berbère (L. GALAND, 1994) . Pour ce qui nous concerne, nous parlerons de langue berbère, en ayant à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une langue au sens propre du terme, c’est à dire d’un code complet, employé comme tel par des locuteurs pour communiquer, mais d’une somme de traits communs aux dialectes berbères, dégagés par l’analyse. Nous utilisons le mot dialecte dans le sens de variante du berbère commun qui, tout en partageant un faisceau de traits communs avec d’autres variantes, s’en différencie. Nous employons enfin le mot parler dans le sens de subdivision d’un dialecte. Ainsi, le parler de Tizi Ouzou, celui de Bouira, celui de Béjaïa pour le kabyle, les parlers de Ida Gounidif, des Ida Oukensous, des Aït Baamrane etc. pour le chleuh. Les berbérophones, qui ne connaissent pas ces distinctions, emploient pour parler de leurs variantes divers termes : tameslayt, au propre « langue » , awal , littéralement « mot, parole » ou encore iles, au propre « langue (organe) », awal amazi$, iles amazi$, notamment en chleuh. Dans certains dialectes, le nom de la variété est dérivé de dénominations géographiques : tacenwit (chenoui), dialecte du mont Chenoua, à l’ouest d’Alger, tarifit (rifain), dialecte du Rif, dans le nord du Maroc, siwi ou jilan n Isiwan, dialecte de l’oasis de Siwa, en Egypte. Certains dialectes tirent encore leur dénomination d’appellations ethniques , d’origine berbère ou arabe : tamazi$t, dialecte du Maroc Central (dénomination arabe, brabir, d’où le français beraber, aujourd’hui abandonné) tazenatit, dialecte du Gourara, dans le Sud algérien, par référence à la grande tribu berbère des Zenata, taqbaylit (kabyle), de l’arabe lqbayel, littéralement « les tribus ») , tacawit (chaouia) , de l’arabe ccawi « berger » etc. (Sur les différentes appellations des dialectes berbères, voir L. BOUGDICHE, 1997, p. 43 et s. ) Le mot tamazi$t , porté par le mouvement de revendication linguistique kabyle, a tendance à être employé dans divers dialectes, en Algérie et au Maroc, pour désigner la langue berbère en général. Le mot figure même dans les textes constitutionnels et il est devenu d’un emploi courant dans la presse arabophone et francophone des deux pays. (M.A. HADDADOU, 1997, p. 80-81 ) En dépit des divergences, parfois très fortes, qui les caractérisent, les dialectes berbères présentent des traits communs à tous les niveaux : phonétique et phonologie, morphologie, syntaxe. Le lexique , dans lequel on a reconnu, très tôt, un « fonds commun » n’est pas en reste et des investigations poussées devraient montrer, que malgré l’éparpillement dialectal, il existe non seulement un vocabulaire commun mais aussi des procédés de formation et une organisation de la signification au moins en partie communs. 3.Le lexique facteur d’unité et de diversité Si le lexique est si foisonnant et surtout s’il est changeant, c’est parce qu’il est en rapport avec l’univers extra-linguistique. Les mots sont les véhicules des concepts, des moyens qui permettent à l’homme de connaître le monde et d’agir sur lui. A l’inverse des éléments grammaticaux qui connaissent une stabilité dans le temps et qui sont en nombre limité, le lexique est formé d’éléments à la fois nombreux et hétérogènes, donc irréductibles à un système. Ces caractéristiques, on le sait, ont suscité la méfiance d’un linguiste comme L. Bloomfield qui a vu dans le lexique une irrégularité fondamentale , donc un domaine de la langue rebelle à toute structuration (cité par A. RAY, 1970, p.72). Si le lexique présente un caractère illimité, c’est parce que l’expérience que le locuteur a de l’univers est également illimitée. Les auteurs anciens voyaient volontiers dans le lexique une liste, un inventaire de l' univers, reflétant les expériences humaines. (A. REY, opus cité, ) .La notion de reflet, reprises par les analyses ethnolinguistiques (WHORF, 1940, FISHMAN, 1960), a été l’objet de nombreuses critiques, mais si on ne croit plus aujourd’hui que les langues déterminent l’expérience de la réalité acquise par les locuteurs, on pense que les langues, surtout les vocabulaires, reflètent les réalités socio-culturelles d’une communauté (FISHMAN, 1969-1971, p. 105) Il faut cependant préciser qu’on ne saurait poser une corrélation parfaite entre les faits de lexique et la réalité extérieure et qu’en lexicologie comme en phonologie et en syntaxe, un certain nombre de faits peuvent être décrits indépendamment de la réalité extralinguistique (nature du mot, procédés de formation lexicale etc.) .Si le lexique peut être envisagé comme un reflet (partiel et imparfait) de la réalité , c’est essentiellement parce qu’il est un réceptacle et surtout un moyen de transmission de la réalité. Il est vain de chercher à établir des liens entre la langues et les types raciaux, la langue et les mentalités ou même la langue et les types d’adaptation au milieu. Tout au plus est-il permis d’avancer qu’une langue développe les secteurs de son vocabulaire les plus en

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