Guy Pujolle Avec la contribution de Olivier Salvatori © Groupe Eyrolles, 2002 ISBN : 2-212-11086-3 CHAPITRE 1 Les réseaux numériques Ce chapitre introduit les techniques utilisées dans les réseaux pour transporter les données d’un utilisateur vers un autre utilisateur. Il examine les différentes catégories de réseaux, informatiques, de télécommunications et de vidéo et en déduit les objec- tifs d’un réseau multimédia et les fonctions nécessaires pour réaliser le transport de nombreux médias simultanément. Le premier point que nous examinerons concerne le transfert de données, c’est-à-dire le moyen de transférer un paquet d’information de nœud en nœud jusqu’à ce qu’il atteigne le récepteur. Le mot transfert de paquets est un mot réservé, qui indique les moyens mis en œuvre pour acheminer des données mises dans un paquet d’une extré- mité à une autre d’un réseau. LE TRANSFERT DE PAQUETS La technique de transport des données sous forme numérique, c’est-à-dire sous forme de 0 et de 1, que l’on a adoptée depuis la fin des années 60 s’appelle le transfert de paquets. Toutes les informations à transporter sont découpées en paquets pour être acheminées d’une extrémité à une autre du réseau. Cette technique est illustrée à la figure 1.1. Dans cette figure, l’équipement terminal A souhaite envoyer à B un message. FIGURE 1.1 • La technique de transfert de paquets 3 © Groupe Eyrolles, 2002 Partie I • Les éléments de base des réseaux Le message est découpé en trois paquets, qui sont émis de l’équipement terminal vers le premier nœud du réseau, lequel les envoie à un deuxième nœud, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’ils arrivent à l’équipement terminal B. Le paquet peut provenir de différents types de sources. À la figure 1.1, nous avons supposé que la source était un message préparé par l’émetteur, telle une page de texte préparée avec un système de traitement de texte. Le terme message est beaucoup plus vaste et recoupe toutes les formes sous lesquelles de l’information peut se présenter. Cela va d’une page Web à un flot de parole téléphonique représentant une conversa- tion. Dans la parole téléphonique, l’information est regroupée pour être placée dans un paquet, comme illustré à la figure 1.2. Dans cette figure, le combiné téléphonique produit des octets, comme nous le verrons au chapitre 4. Ces octets remplissent petit à petit un paquet. Dès que celui-ci est plein, il est émis vers le destinataire. Une fois le paquet arrivé à la station terminale, le processus inverse s’effectue, restituant des octets régulièrement à partir du paquet pour reconstituer la parole téléphonique. FIGURE 1.2 • Un flot de paquets téléphoniques Le réseau de transfert est lui-même composé de nœuds, appelés nœuds de transfert, reliés entre eux par des lignes de communication, sur lesquelles sont émis les élé- ments binaires constituant les paquets. Le travail d’un nœud de transfert consiste à recevoir des paquets et à déterminer vers quel nœud suivant ces derniers doivent être acheminés. Le paquet forme donc l’entité de base, transférée de nœud en nœud jusqu’à atteindre le récepteur. Suivant les cas, ce paquet doit être regroupé avec d’autres paquets pour reconstituer l’information transmise. L’action consistant à remplir un paquet avec des octets s’appelle la mise en paquet, ou encore la paquétisation, et l’action inverse, consistant à retrouver un flot d’octets à partir d’un paquet, la dépaquétisation. L’archi- tecture d’un réseau est définie principalement par la façon dont les paquets sont trans- mis d’une extrémité à une autre du réseau. De nombreuses variantes existent pour cela, comme celle consistant à faire passer les paquets toujours par la même route ou, au contraire, à les faire transiter par des routes distinctes de façon à minimiser les délais de traversée. 4 © Groupe Eyrolles, 2002 Chapitre 1 • Les réseaux numériques Pour identifier correctement toutes les composantes nécessaires à la bonne marche d’un réseau à transfert de paquets, un modèle de référence a été mis au point. Ce modèle définit une partition de l’architecture en sept niveaux, prenant en charge l’ensemble des fonctions nécessaires au transport et à la gestion des paquets. Ces sept couches de protocoles ne sont pas toutes indispensables à des réseaux qui ne visent pas à être généralistes. Chaque niveau, ou couche, offre un service au niveau supérieur et utilise les services du niveau inférieur, comme nous le verrons en détail au chapitre 3. Pour offrir ces services, les couches disposent de protocoles, qui appliquent les algo- rithmes nécessaires à la bonne marche des opérations. Une telle architecture est illus- trée à la figure 1.3. Dans cette figure, nous avons supposé que l’architecture était découpée en sept niveaux, ce qui est le cas du modèle de référence. Pour expliciter ce schéma, indiquons, par exemple, que le niveau 3 représente le niveau paquet, c’est-à- dire qu’il définit les algorithmes nécessaires pour que les entités de niveau 3, les paquets, soient acheminés correctement de l’émetteur au récepteur. Le niveau 7 est le niveau application. Le rôle du protocole de niveau 7 est de transporter correctement l’entité de niveau 7, le message utilisateur, de l’équipement émetteur à l’équipement récepteur. FIGURE 1.3 • Architecture d’un réseau à sept niveaux La structure en couches simplifie considérablement la compréhension globale du sys- tème et facilite sa mise en œuvre. On peut, par exemple, remplacer une couche par une autre de même niveau sans avoir à toucher aux autres niveaux. On ne modifie de la sorte qu’une partie de l’architecture sans avoir à tout changer. Les interfaces entre couches doivent être respectées pour sauvegarder la simplicité de l’édifice. Nous avons parlé du modèle de référence car, comme son nom l’indique, il sert de repère aux autres architectures. Une autre architecture, l’architecture TCP/IP, a été définie un peu avant le modèle de référence par le ministère américain de la Défense. Son rôle premier était d’uniformiser la vision externe des différents réseaux utilisés dans le département d’État américain de façon à les interconnecter facilement. Cette architecture TCP/IP a été adoptée par le réseau Internet, ce qui lui a offert une diffu- sion particulièrement importante. Nous la détaillons au chapitre 3 et au chapitre 16. Conçues au départ pour des réseaux d’ordinateurs, ces architectures sont en cours de modification pour prendre en charge des applications telles que la téléphonie ou le 5 © Groupe Eyrolles, 2002 Partie I • Les éléments de base des réseaux transport de la vidéo. Une troisième architecture, dite ATM (Asynchronous Transfer Mode), a été proposée par l’UIT-T (Union internationale des télécommunications- standardisation du secteur télécommunications), l’organisme international de norma- lisation des télécommunications, pour les applications utilisant à la fois les données, la téléphonie et l’image. Provenant principalement du monde des télécommunica- tions, cette architecture est particulièrement bien adaptée au transport de flux conti- nus, comme la parole téléphonique. Sous le concept de transfert de paquets, deux grandes techniques se disputent la suprématie : la commutation de paquets et le routage de paquets. Ces deux méthodes sont décrites en détail au chapitre 2. En termes simples, dans le routage, les paquets d’un même client peuvent prendre des chemins différents, tandis que, dans la commu- tation, tous les paquets d’un même client suivent un chemin déterminé à l’avance. De nombreuses variantes de ces techniques ont été proposées, comme nous le verrons dans la suite de ce livre. Certaines applications, comme la parole téléphonique, posent des problèmes spécifi- ques de transport lorsqu’elles sont acheminées sous forme de paquets. La difficulté réside dans la récupération du synchronisme, le flot de parole devant être reconstitué au récepteur avec des contraintes temporelles fortes. En supposant qu’une conversation téléphonique entre deux individus accepte un retard de 150 ms, il n’est possible de resynchroniser les octets à la sortie que si le temps total de paquétisation-dépaquétisa- tion et de traversée du réseau est inférieur à 150 ms. Ce sont les fonctions intelligentes disponibles dans les terminaux informatiques qui permettent cette resynchronisation. Il est évident que si le terminal est non intelligent, cette reconstruction du flux syn- chrone est quasiment impossible après la traversée d’un réseau à transfert de paquets un tant soit peu complexe. Par exemple, les réseaux de type Internet ont du mal à prendre en compte ces contraintes. LES RÉSEAUX INFORMATIQUES Les réseaux informatiques sont nés du besoin de relier des terminaux distants à un site central puis des ordinateurs entre eux et enfin des machines terminales, telles que des stations de travail ou des serveurs. Dans un premier temps, ces communications étaient destinées au transport de données informatiques. Aujourd’hui, l’intégration de la parole téléphonique et de la vidéo sur ces réseaux informatiques devient naturelle, même si cela ne va pas sans difficulté. On compte généralement quatre catégories de réseaux informatiques, différenciées par la distance maximale séparant les points les plus éloignés du réseau (la figure 1.4 illustre sommairement ces catégories) : • La plus petite taille de réseau définit les PAN (Personal Area Network). Ces réseaux personnels interconnectent sur quelques mètres les équipements personnels tels que GSM, portables, organiseurs, etc., d’un même utilisateur (voir le chapitre 23). • Les réseaux locaux, également appelés LAN (Local Area Network), correspondent par leur taille aux réseaux intra-entreprise. Ils servent au transport de toutes les 6 © Groupe Eyrolles, 2002 Chapitre 1 • Les réseaux numériques informations numériques de l’entreprise. En règle générale, les bâtiments à câbler s’étendent sur plusieurs centaines de mètres. Les débits de ces réseaux vont aujourd’hui de quelques mégabits à plusieurs centaines de mégabits par seconde. Leur topologie est présentée en détail au chapitre 19. • Les réseaux métropolitains, ou MAN (Metropolitan Area Network), permettent l’interconnexion des entreprises ou éventuellement des particuliers sur un réseau spécialisé à haut débit qui est géré à l’échelle d’une métropole. Ils doivent être capa- bles d’interconnecter les réseaux locaux des différentes entreprises pour leur donner la possibilité de dialoguer avec l’extérieur. Ces réseaux sont examinés essentielle- ment au chapitre 21. • Les réseaux étendus, ou WAN (Wide Area Network), sont destinés, comme leur nom l’indique, à transporter des données numériques sur des distances à l’échelle d’un pays, voire d’un continent ou de plusieurs continents. Le réseau est soit terres- tre, et il utilise en ce cas des infrastructures au niveau du sol, essentiellement de grands réseaux de fibre optique, soit hertzien, comme les réseaux satellite. FIGURE 1.4 • Les différentes catégories de réseaux informatiques • Les techniques utilisées par ces réseaux informatiques proviennent toutes du trans- fert de paquets, comme le relais de trames, Ethernet, les réseaux IP, etc. Elles sont étudiées tout au long de ce livre. • Une caractéristique essentielle de ces réseaux informatiques, qui les différentie tota- lement des autres catégories de réseaux que nous allons aborder dans la suite de ce chapitre, provient de la gestion et du contrôle du réseau qui sont effectués par les équipements terminaux. Par exemple, pour qu’il n’y ait pas d’embouteillage de paquets dans le réseau, l’équipement terminal doit se réguler lui-même pour ne pas inonder le réseau de paquets. Pour se réguler, l’équipement terminal mesure le temps de réponse aller-retour. Si ce temps de réponse grandit trop, le terminal ralen- tit son débit. On peut traduire cette fonction par le fait que l’intelligence du réseau se trouve dans les machines terminales, c’est-à-dire dans les machines commercia- lisées par l’industrie informatique, d’où leur nom de réseau informatique. L’inté- rieur du réseau est généralement des plus simple, constitué de nœuds de transfert élémentaires et de lignes de communication. Le coût du réseau est surtout repré- senté par les équipements terminaux, qui possèdent toute la puissance nécessaire pour réaliser, contrôler et maintenir les communications. 7 © Groupe Eyrolles, 2002 Partie I • Les éléments de base des réseaux • Les réseaux informatiques forment un environnement asynchrone. Les données arrivent aux récepteurs à des instants qui ne sont pas définis à l’avance, et les paquets peuvent mettre un temps plus ou moins long à parvenir à leur destinataire en fonction de la saturation du réseau. Cette caractéritique explique la difficulté de faire passer de la parole téléphonique dans ce type de réseau, puisque cette applica- tion, fortement synchrone, nécessite de remettre au combiné téléphonique des octets à des instants précis. Nous verrons dans la suite de ce livre les moyens de retrouver cette synchronisation dans un réseau asynchrone. • Aujourd’hui, le principal réseau informatique est représenté par Internet. Le réseau Internet transporte des paquets dits IP (Internet Protocol), qui ont une structure pré- cise, que nous détaillons au chapitre 6. Plutôt que de parler de réseau Internet, nous préférons parler de réseau IP, qui marque une plus grande généralité. Les réseaux IP sont des réseaux qui transportent des paquets IP d’une machine terminale à une autre. En un certain sens, Internet est un réseau IP particulier. D’autre réseaux, comme les réseaux intranet, transportent également des paquets IP, mais avec des caractéritiques différentes d’Internet. LES RÉSEAUX DE TÉLÉCOMMUNICATIONS Les opérateurs et les industriels des télécommunications ont une vision des réseaux très différente de celle des informaticiens. En effet, les contraintes de l’application de base, la parole téléphonique, sont très sévères en ce qui concerne la synchronisation aux extrémités et le temps de traversée du réseau, qui doit être limité. Au lieu de partir d’un environnement asynchrone, comme dans le cas des réseaux informatiques, et de l’adapter pour accepter des applications synchrones, le monde des télécommunica- tions s’est avant tout soucié du passage d’applications fortement synchrones. La parole étant de surcroît une application temps réel, les signaux doivent être remis à des instants précis dans le temps. On dit que cette application est isochrone pour bien préciser cette demande de forte synchronisation. La solution utilisée pour le moment pour résoudre ce problème de synchronisation est la commutation de circuits, c’est-à- dire la mise en place, entre l’émetteur et le récepteur, d’un circuit physique n’apparte- nant qu’aux deux utilisateurs en relation. La synchronisation correspond à la remise d’un octet à intervalle régulier. En réception, un équipement, le codec, ou codeur- décodeur, transforme la parole en octet à l’émetteur et fait la démarche inverse au récepteur. Ce codec doit recevoir les échantillons, composés d’un octet, à des instants précis. La perte d’un échantillon de temps en temps n’est pas catastrophique, puisqu’il suffit de remplacer l’octet manquant par le précédent. Cependant, il ne faut pas que ce processus de perte se répète constamment, faute de quoi la qualité de la parole se détériore. Les réseaux de télécommunications orientés vers le transport de la parole téléphoni- que sont relativement simples et n’ont pas besoin d’une architecture complexe. Ils uti- lisent des commutateurs de circuits, ou autocommutateurs. Il y a plus d’une vingtaine d’années, lorsqu’on a commencé à imaginer des réseaux intégrant la téléphonie et l’informatique, la seule solution proposée se fondait sur des circuits, un circuit pour la 8 © Groupe Eyrolles, 2002 Chapitre 1 • Les réseaux numériques parole téléphonique et un autre pour faire circuler des paquets de données. Les réseaux numériques à intégration de services (RNIS) commercialisés aujourd’hui uti- lisent toujours la commutation de circuits. La figure 1.5 illustre un réseau à commuta- tion de circuits et une ligne de communication RNIS, qui possède deux circuits. FIGURE 1.5 • Réseau à commutation de circuits et RNIS Le coût de ces réseaux à commutation de circuits, dans lesquels le taux d’utilisation des circuits est faible lorsque des paquets de données circulent à l’intérieur, est bien supérieur à celui d’un réseau informatique à transfert de paquets. Il faut cependant résoudre le problème du temps réel imposé par la parole téléphonique. Les recherches menées au début des années 80 ont conduit les industriels et les opérateurs de télé- communications à réaliser que le transfert de paquets était peut-être la bonne solution pour le transport intégré de l’information. C’est de là qu’est né un transfert de paquets très particulier, appelé ATM (Asynchro- nous Transfer Mode), ou mode de transfert asynchrone, qui n’est autre qu’un transfert de paquets dans lequel tous les paquets ont une longueur à la fois fixe et très petite. Le monde des télécommunications a connu une véritable révolution avec l’adoption, en 1988, de cette technique de transfert ATM. La technique ATM n’a cependant pas su complètement résister à l’arrivée massive d’Internet et de son paquet IP (Internet Protocol). Les raisons en sont simples. Toutes les machines terminales provenant du monde informatique ont adopté l’interface pro- posée par l’informatique, c’est-à-dire justement la solution IP. Ces machines termina- les fabriquant des paquets IP, la vraie question est devenue : comment transporter des paquets IP ? Le monde des télécommunications admet, depuis le début des années 2000, que les réseaux doivent posséder des interfaces IP, mais le débat com- mence lorsqu’on souhaite définir comment les paquets IP doivent être transportés d’un terminal à un autre. Le monde des télécommunications propose, comme nous l’examinerons en détail, d’encapsuler le paquet IP dans une autre structure, telle que le paquet ATM, puis de transporter le nouveau paquet et de décapsuler ce paquet à l’arrivée pour retrouver le paquet IP. Nous avons illustré cette technique à la figure 1.6 dans un cas général, où le paquet IP est encapsulé dans un autre paquet, qui, lui- même, est transporté dans le réseau de transfert. Le cas de l’encapsulation dans un 9 © Groupe Eyrolles, 2002 Partie I • Les éléments de base des réseaux réseau ATM demande une étape supplémentaire, consistant à découper le paquet IP, puisque que le paquet ATM est beaucoup plus petit que le paquet IP. FIGURE 1.6 • Encapsulation d’un paquet IP LES RÉSEAUX DES CÂBLO-OPÉRATEURS Les opérateurs vidéo, ou encore les câblo-opérateurs pour la partie terrestre câblée, sont les opérateurs chargés de la mise en place des réseaux câblés ou hertziens, avec pour objectif immédiat de transmettre des images de télévision par la voie terrestre ou hertzienne. Cette infrastructure de communication fait transiter des canaux vidéo vers l’utilisateur final. L’amortissement du câblage ou des relais hertziens passe par la mise à disposition des utilisateurs de nombreux canaux de télévision. Les opérateurs hertziens sont présents depuis de longues années avec la diffusion de canaux de télévision, qui a ses avantages et ses inconvénients. La numérisation de ce réseau, essentiellement analogique jusqu’au début des années 2000, est en cours, aussi bien par satellite que par des relais terrestres numériques. Il existe de nombreuses qualités d’image pour la vidéo, depuis les images saccadées et de faible définition jusqu’aux images animées de très bonne qualité. La classifica- tion est généralement la suivante : • La visioconférence, qui possède une définition relativement faible et dont la fonc- tion est de montrer le visage du correspondant. Pour gagner en débit, on peut dimi- nuer le nombre d’image par seconde. La visioconférence se transporte aisément sur 10 © Groupe Eyrolles, 2002 Chapitre 1 • Les réseaux numériques un canal numérique à 128 Kbit/s avec une compression simple à réaliser. On peut abaisser le débit jusqu’à 64 Kbit/s, voire en deçà, mais, dans ce cas, la qualité est sérieusement affectée ou bien les codeurs-décodeurs correspondants sont à prix trop élevé. • La qualité télévision ordinaire représente un canal de 4 ou 5 MHz de bande passante en analogique. La numérisation brutale de ce canal produit un débit de plus de 200 Mbit/s. Une fois compressé, ce débit peut descendre à 2 Mbit/s, pratiquement sans perte de qualité. On peut, avec une compression poussée, aller vers des débits de quelques centaines de kilobits par seconde, mais la qualité s’en trouve parfois dégradée. De plus, à ces débits, les erreurs en ligne deviennent gênantes, car elles perturbent l’image au moment de la décompression. Le mieux est de trouver un compromis entre une forte compression et un taux d’erreur de 10–9, qui ne détruit qu’une infime fraction de l’image et ne gêne pas sa vision. Le standard pour la transmission d’un canal de télévision numérique est aujourd’hui MPEG-2 (voir le chapitre 32). Les progrès des codeurs-décodeurs devraient permettre, dans quelques années, de faire passer un canal de télévision sur une bande encore plus restreinte, en y ajoutant de nouvelles fonctionnalités. Les standards MPEG-4 (2 000) et MPEG-7 (2 003) proposent de nouvelles solutions de codage et de compression pour toutes les sortes de transmissions d’images animées, avec des possibilités de reconnaissance d’image par des codages par objet. • La qualité télévision haute définition demande des transmissions à plus de 500 Mbit/s, si aucune compression n’est effectuée. Après compression, on peut obtenir une valeur de 35 Mbit/s, voire descendre vers les 4 Mbit/s. • La qualité vidéoconférence, qui se rapproche du cinéma, requiert des débits consi- dérables. Étant donné les débits demandés, ce type de canal ne sera intégré que beaucoup plus tard dans les applications multimédias. Les câblo-opérateurs se préoccupent en premier lieu de diffuser des images animées. Les structures de câblage mises en place correspondent à l’arrivée chez l’utilisateur de nombreux canaux de télévision, qui se comptent aujourd’hui par centaines. Les applications vidéo qui peuvent être développées sont nombreuses. Elles vont de la télésurveillance à la vidéo à la demande, ou VoD (Video on Demand), en passant par la messagerie vidéo. Pour le moment, les industriels de ce secteur effectuent encore souvent la transmis- sion sous forme analogique pour optimiser le coût de l’infrastructure. La transmission numérique est en train de prendre la relève pour le transport des applications multimé- dias. On peut citer l’architecture de transport vidéo du groupement DAVIC (Digital Audio VIsual Council), fondé en 1994 (voir le chapitre 32). Les réseaux câblés, utilisés par les diffuseurs sur la partie terminale du réseau de dis- tribution, sont réalisés avec comme support physique le CATV, ou câble d’antenne de télévision, qui n’est autre qu’un câble coaxial de 75 Ω, dont la largeur de bande dépasse 1 GHz. C’est un support unidirectionnel, qui implique d’envoyer le signal vers un centre, qui le rediffuse à toutes les stations connectées, contrairement à ce qui se passe, par exemple, dans le réseau Ethernet, où le signal est diffusé dans les deux sens du support physique. De ce fait, dans un réseau de CATV, il faut diffuser soit à partir du centre vers la périphérie — la transmission ne se fait alors que dans un seul 11 © Groupe Eyrolles, 2002
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