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Guerriers et moines: Conversion et sainteté aristocratiques dans l’Occident médiéval (IXe-XIIe siècle) PDF

679 Pages·2002·47.28 MB·French
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GUERRIERS ET MOINES ASSOCIATION POUR LA PROMOTION ET LA DIFFUSION DES CONNAISSANCES ARCHÉOLOGIQUES 14 avenue Robert Soleau F-06600 Antibes Secrétariat d'édition, maquette et illustrations Monique CLATar en collaboration avec Christine FLACASSIER et Chantal PERRar Illustration de couverture : Miniature de la fin du x1e siècle illustrant le recueil des Miracles de saint Maur, présenté comme une histoire de la « ruine et de la « restauration » du monastère de Glanfeuil (vsroria euersionis seu restaurationis sancti coenobii : BHL 5775) et dans les années 860 par l'abbé Odon de Glanfeuil : saint Maur, fondateur et abbé défunt de Glanfeuil, armé de sa crosse abbatiale et d'une épée, frappe le puissant seigneur qui avait pris possession de l'abbaye vers 780 et qui y donnait des banquets (ms Paris, BnF latin 3778, f' 117 r0 ). Pour toute information relative à la diffusion de nos ouvrages, merci de bien vouloir contacter LIBRAIRIE ARCHÉOLOGIQUE 1, rue des Artisans, BP 90, F-21803 Quetigny cedex Téléphone: 03 80 48 98 60 -Télécopie: 03 80 48 98 69 Site internet : www.librarch.com © APDCA, Antibes, 2002 ISBN 2-904110-35-6 ISSN 1281-6809 CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Centre d'études Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge COLLECTION D'ÉTUDES MÉDIÉVALES VOLUME 4 GUERRIERS ET MOINES CONVERSION ET SAINTETÉ ARISTOCRATIQUES DANS L'OCCIDENT MÉDIÉVAL (IXe-XIIe SIÈCLE) ÉTUDES RÉUNIES PAR MICHEL LAUWERS Éditions APDCA - Antibes - 2002 AVANT-PROPOS Ce livre reprend et prolonge les travaux réalisés à l'occasion de trois tables rondes portant sur « L'Église et les laïcs : conversion, Miroirs, sainteté (ve xne siècle)», organisées en 1999 au Centre d'études médiévales de Nice (désor mais Centre d'études Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge, UMR 6130) et à Auxerre (en collaboration avec l'UMR 5594). Il constitue le quatrième volume de la Collection d'études médiévales qui publie, depuis quelques années, les recher ches animées par les médiévistes de l'université de Nice sur différentes formes de discours d'autorité émanant de l'Église : prédication, polémiques anti-hérétiques, récits hagiogaphiques. L'ouvrage est l'aboutissement d'un travail collectif : la plupart des chercheurs qui y ont participé se sont réunis régulièrement pour discuter et réélaborer un projet et un questionnaire préalablement conçus par 1' éditeur du volume. Ils ont parfois travaillé sur le même corpus de référence, selon des appro ches distinctes mais complémentaires : le dialogue entre philologues et historiens, spécialistes des textes narratifs et des actes de la pratique, historiens de la « reli gion » et de la « société », a été l'occasion de mettre en œuvre une certaine pluridisciplinarité. Ce travail à plusieurs voix a permis une relative exhaustivité dans le traitement de l'objet, sans nuire cependant à l'homogénéité de l'ouvrage : les multiples renvois d'un chapitre à l'autre aideront le lecteur à reconnaître la trace de débats et à suivre le fil rouge parcourant les différentes études, tandis qu'une postface souligne l'unité du projet. De nombreuses discussions avec Rosa Maria Dessi et Dominique Iogna-Prat ont précédé, accompagné et suivi la préparation des tables rondes : le livre qui en est issu leur doit donc beaucoup. Deux relectures anonymes ont permis d'amé liorer l'ouvrage sur bien des points. L'index des noms de lieux et de personnes a été réalisé par Cécile Caby. Monique Clatot et Christine Flacassier ont assuré la composition et la fabrication de l'ouvrage. MICHEL LAUWERS ABRÉVIATIONS AASS Acta Sanctorum. AB Analecta Bollandiana. BC Bibliotheca Cluniacensis, éd. M. MARRIER et A. DUCHESNE, Lutetiae Parisiorum, 1614 ; 2e éd. Mâcon, 1915. BHL Bibliotheca Hagiographica Latina. BM Bibliothèque Municipale. BnF Bibliothèque nationale de France. CC Cont.Med. Corpus Christianorum. Continuatio Mediaevalis. CC Ser.Lat. Corpus Christianorum. Series Latina. CCM Cahiers de Civilisation Médiévale. CLU Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, éd. A. BERNARD et A. BRUEL, 1-VI, Paris, 1871-1903 (Collection de documents inédits sur l'Histoire de France). DHGE Dictionnaire d'Histoire et de Géographie Ecclésiastique. GIL Corpus Scriptorum Muzarabicorum, éd. Juan GIL, 2 vol., Madrid, 1973 (Consejo Superior de Investigaciones Cientfficas. Manuales y anejos de Emerita, XXVIII). MGH Monumenta Germaniae Historica. MGHSRG Monumenta Germaniae Historica. Scriptores Rerum Germanicarum. MGHSRM Monumenta Germaniae Historica. Scriptores Rerum Merovingicarum. MGHSS Monumenta Germaniae Historica. Scriptores. PL Patrologia latina (MIGNE). SC Sources Chrétiennes. INTRODUCTION MICHEL LAUWERS Au cours des deux dernières décennies, de nombreuses études ont mis en évidence l'efflorescence de modèles de sainteté singuliers à partir de la seconde moitié du xne siècle, mettant en scène de simples fidèles, des laïcs, souvent pénitents, qui donnèrent leur vie à Dieu tout en demeurant dans le siècle, c'est-à-dire en dehors des cadres ecclésiastiques. Les travaux consacrés notam ment par André Vauchez à la « naissance » d'une « sainteté du laïc » entre le xue et le xme siècle ont contribué à polariser l'attention sur cette période et parfois donné l'impression que, dans le domaine des « pratiques et expériences religieuses » vécues par d'autres que les clercs, tout avait alors changé1. Et ce d'autant qu'à la même époque étaient élaborées des figures de sainteté féminine originales, qui ont suscité, dans les dernières années, une profusion de travaux plus ou moins pertinents, réalisés parfois dans la perspective de la gender history, histoire de la différence entre les sexes particulièrement cultivée aux États-Unis. En l'absence d'analyses historiques précises sur les catégories de « clerc » et de « laïc » durant le haut Moyen Âge, ainsi que sur les formes de partage et de structuration de la société que supposait l'usage de ces catégories, l'histoire des laïcs au Moyen Âge demeure largement tributaire de la chronologie, de la docu mentation (à dominante hagiographique) et des problématiques sous-jacentes aux travaux qui viennent d'être évoqués. Tout au plus s'accorde-t-on à reconnaître aux clercs réformateurs de la seconde moitié du x1e siècle d'avoir, dans le feu des conflits liés à l'application du programme« grégorien», défendu et diffusé l'idée 1. A. VAUCHEZ, Les laïcs au Moyen Âge. Pratiques et expériences religieuses, Paris, 1987 ; « La sainteté du lâic dans l'Occident médiéval: naissance et évolution d'un modèle hagiographique (XII0-début du xme siècle) »,dans Problèmes d'histoire du christianisme, t. 19 («Sainteté et martyre dans les religions du Livre»), Bruxelles, 1989, p. 57-66 (repris en anglais: «Lay People's Sanctity in Western Europe: Evolution of a Pattern ('IWelfth and Thirteenth Centuries) », dans Images of Sainthood in Medieval Europe, éd. R. BLUMENFELD-KOSINSKI, T. SZELL, lthaca, Londres, 1991, p. 21-32); «Une nouveauté du xue siècle : les saints laïcs de l'Italie communale », dans L' Europa dei secoli XIe Xll fra novità e tra dizione. Sviluppi di una cultura. Atti della xa settimana di studi medievali della Mendola, Milan, 1989, p. 57-80. Un certain nombre d'hypothèses avancées dans les travaux précédents sont réexaminées dans « Saints admirables et saints imitables : les fonctions de l'hagiographie ont-elles changé aux derniers siècles du Moyen Âge? », dans Les fonctions des saints dans le monde occidental (llY-Xlll• siècle), actes du colloque organisé par !'École française de Rome avec le concours de l'université de Rome «La Sapienza »,Rome, 27-29 octobre 1988, Rome, 1991, p. 161-172. 10 MICHEL lAUWERS d'une nécessaire séparation entre les ecclésiastiques et les fidèles, fussent-ils des princes2, tandis que r on attribue généralement au Décret de Gratien - qui pose, vers 1140, la distinction entre« deux genres de chrétiens » (duo genera christiano rum ), les clercs et les laïcs - la première définition juridique de condition laïque3. Issues de travaux menés à 1' occasion de trois tables rondes qui ont eu lieu à Nice et à Auxerre en 1999, les études réunies dans ce volume se proposent d'exa miner à nouveaux frais la question des modèles de comportement et de sainteté laïques élaborés par l'institution ecclésiale, en privilégiant l'étude des récits hagiographiques, mais en se situant en amont de la période généralement envisa gée, c'est-à-dire entre le 1xe et le xne siècle. Dès I' Antiquité tardive, des traditions légendaires s'étaient développées à propos de quelques figures de saints guerriers : Georges, Sébastien, Maurice et ses compagnons. Par ailleurs, avant de se consacrer à la vie religieuse, la plupart des grands saints de l'époque mérovingienne avaient servi le roi, y compris sur le champ de bataille4. Il n'en reste pas moins que ces derniers avaient changé de vie avant que ne fût déclarée leur sainteté, et que les « saints guerriers » de l' Antiquité - qui allaient être vénérés, au Moyen Âge, comme protecteurs des armées - étaient devenus saints en cessant d'être guerriers ou en rejetant la cons cription : saint Maurice et ses soldats de la légion thébaine furent reconnus comme martyrs « précisément pour avoir refusé de tuer sur ordre d'un empereur païen, mais aussi d'user de leurs armes pour se défendre eux-mêmes contre ceux qui voulaient faire exécuter cet ordre impérial »5. Sans méconnaître ces traditions séculaires et l'enracinement profond des modèles de sainteté laïque, on constate que ce n'est qu'au 1xe siècle, à la faveur 2. La meilleure introduction à r ecclésiologie de la réforme du x1e siècle et aux problèmes complexes que pose larticulation des théories « grégoriennes » aux luttes menées sur le terrain par les réformateurs me semble demeurer l'ouvrage de G. MICCOLI, Chiesa Gregoriana. Ricerche sulla Riforma del secolo XI, Firenze. 1966, réédit. avec une introd. d' A. TILATTI, Rome, 1999. Dans la même perspective, voir éga lement C. VIOLANTE, « 1 laici nel movimento patarino », dans l laici nella " societas christiana » deî secoli XI e XII. Atti della terza Settimana internazionale di studio Mendola, 21-27 agosto 1965, Milan, 1968, p. 597-697, et pour le siècle suivant: G. CONSTABLE, The Refonnation of the Tivelfth Century, Cambridge, l 996. 3. Sur cette distinction nettement établie par Gratien (Décret, C. 12, q. 1, c. 7) · L. PROSDOCIMI, « Chîerici e laici nella socîetà occidentale del secolo Xll. A proposito di Decr. Grat. 12, l, 7 »,dans Proccedings of the 2 International Congress of Medieval Canon Law, t l, Vatican, 1965, p. 105-122. et J. FORNÉS, « Notas sobre el Duo sunt genera christù:morum del Decreto de Graciano », dans C. ALZATI, éd., Cristianità ed Europa. Miscellanea di studi in onore di Luigi Prosdocimi, Rome, Fribourg, Vienne, 1994, p. 463-484. 4. Ainsi que le rappelle A. BARBERO, « Santi laici e guerrieri. Le trasformazioni di un modello nell'agio grafia altomedievale », dans Modelli di santità e modelli di comportamento. Contrasti, intersezioni, complementarità, éd. G. BARONE, M. CAFFIERO, F. SCORZA BARCELLONA, Turin, 1994, p. 125-140. 5. 1. fLORI, La guerre sainte. La formation de l'idée de croisade dans l'Occident chrétien, Paris, 200!, p. 127-128. INTRODUCTION 11 d'une vaste mise en ordre de la société entreprise par les autorités ecclésiastiques, que furent élaborées les premières réflexions et rédigés les premiers traités pasto raux prenant en considération les comportements que devaient observer les « laïcs ». Deux contributions de ce livre portent sur ces traités carolingiens com posés à l'intention des puissants, qu'il serait préférable de nommer Admonitiones, selon le titre qu'ils ont dans plusieurs manuscrits, plutôt que« Miroirs» (le terme speculum n'est pas absent de ces textes, mais n'en constitue pas le titre). L'un d'entre eux, rédigé par l'évêque Jonas d'Orléans (t 843), est même intitulé, sans ambiguïté, « De l'institution laïque » (De institutione laicali). Le schéma tripar tite d'organisation sociale élaboré par les Pères de l'Église, selon lequel l' Ecclesia est constituée de « recteurs » (rectores, predicatores ou doctores), de « continents » (continentes) et de << conjoints » (coniugati), fut alors traduit dans les termes plus concrets de « clercs », « moines » et « laïcs »6. Les autorités ecclésiastiques du 1xe siècle instituèrent de cette manière, de façon explicite, un « ordre des laïcs » (ordo laicorum), caractérisé par le mariage, le gouvernement de la famille et la militia, ainsi que par un certain nombre d'obligations vis-à-vis de l'Église (dîmes, aumônes). Les modèles carolingiens de comportement ou de perfection laïque ont connu une certaine diffusion, notamment par l'intermédiaire des textes conciliaires, sans doute aussi à la faveur d'une éducation aujourd'hui inaccessible, mais encore per ceptible, de manière discrète, dans certains prologues d'Admonitiones et de flori lèges7. Une incursion dans le domaine ibérique, proposée dans cet ouvrage, montre cependant que les formes de relation entre clercs et laïcs valorisées dans 6. Le 1x• siècle marqua donc un tournant, au moins du point de vue ecclésiologique, dans la prise en charge des « laïcs » par l'Église. Encore convient-il d'apprécier tout le substrat tardo-antique des modèles caro lingiens: Martin Heinzelmann s'y était employé, lors de la table ronde de Nice, en mars 1999, mettant notamment en évidence le passage d'une réflexion sur les « genres » (genera) à une réflexion sur les « ordres » (ordines) de la société, soulignant les échanges entre noblesse et modèle épiscopal, ainsi que la valorisation de la conversion (à l'état clérical). En attendant la publication d'une étude sur ces ques tions, voir déjà M. HEINZELMANN, « "Adel'' und "Societas sanctorum": Soziale Ordnungen und christli ches Weltbild von Augustinus bis zu Gregor von Tours », dans Nobilitas. Funktion und Repriisentation des Adels in Alteuropa, éd. 0. G. ÜEXLE, W. PARAVICINI, Gèittingen, 1997, p. 216-256. 7. Au titre des ouvrages destinés aux grands laïcs (et précédant les récits hagiographiques les mettant en scène), on peut citer un florilège de la première moitié du 1xe siècle (éd. dans Pl, t. 118, col. 875-958), adressé à un« père Guillaume», qualifié de «bienheureux »et de «saint», dont la carrière est évoquée dans le prologue: ce Guillaume aurait mené une vie séculière au palais, qu'il abandonna ensuite pour entrer dans un monastère. Le destinataire de ce florilège a été identifié à Guillaume de Gellone (cf. A. WILMART, « Lettres de l'époque carolingienne », dans Revue bénédictine, t. 34, 1922, p. 236-238, et B. JUDIC, « La tradition de Grégoire le Grand dans l'idéologie politique carolingienne », dans R. LE JAN, éd., la royauté et les élites dans l'Europe carolingienne {du début du 1xe aux environs de 920], Lille, 1998, p. 17-57, ici p. 29-38). Le deuxième prologue (avant le livre II) du florilège revient sur l'entrée de Guillaume au monastère: celui-ci est présenté comme un nouus tyrunculus à la recher che d'armes invisibles, c'est-à-dire de préceptes divins, pour combattre contre !'Ennemi du genre humain. 12 MICHEL LAUWERS les Admonitiones n'ont pas été partout reçues, et que se sont imposées en certains lieux des conceptions ecclésiologiques assez différentes de celles mûries dans l'entourage des souverains carolingiens; en accordant une attention au monde anglo-saxon, sans doute aurait-on fait un constat semblable. Les Carolingiens ont sacralisé la royauté, mais pas élaboré de figure de sain teté aristocratique. Du moins aucun récit hagiographique ne fut-il alors rédigé pour célébrer d'autres laïcs que des rois; or les souverains étaient, en vertu notamment du sacre, des « laïcs » très particuliers8. C'est au cours du xe siècle que cette situation changea: un certain nombre de préoccupations, de recomman dations ou de modèles figurant jusqu'à cette époque dans les Admonitiones se retrouvèrent alors dans des Vitae mettant en scène de puissants aristocrates, géné ralement qualifiés de« comtes». Les plus anciennes de ces Vies, dont la diffusion fut nettement supérieure à celle des Admonitiones, remontent à la première moitié du xe siècle ; par la suite, plusieurs récits célébrant la mémoire de seigneurs laïques, le plus souvent « convertis » sur le tard, furent composés entre le milieu du x1e et le milieu du xne siècle. Ce sont ces Vies ou biographies pieuses - il n'est guère aisé d'établir ici une frontière entre les genres hagiographique et biogra phique - qui constituent la matière principale de ce livre. La « conversion » de leur protagoniste est le thème central de ces récits, en même temps qu'elle était une condition sine qua non de leur mise par écrit. En se convertissant, les aristo crates se trouvaient, en effet, pleinement et parfaitement inclus au sein de l'Église. Après le milieu du xne siècle, toutefois, la conception même de la « conversion », le statut social des convertis et le rôle des récits hagiographiques évoluèrent forte ment ; c'est alors que se développèrent les nouveaux modèles de sainteté laïque évoqués plus haut, dont l'émergence constitue le terme de notre enquête. Il est difficile de ne pas reconnaître dans le développement simultané d'une hagiographie des laïcs et d'un idéal de conversion des puissants le signe d'une réorganisation des rapports sociaux, que plusieurs auteurs de ce volume tentent d'apprécier. Celle-ci serait caractérisée par une affirmation des pouvoirs aristo cratiques (dont témoigne, à sa manière, l'évolution du roi saint à l'aristocrate saint) et par de nouvelles formes de prise en charge des laïcs par l'Église. Sans oublier que les biographies de seigneurs laïques renvoient d'abord aux modalités de l'intervention des ecclésiastiques au sein de la société, certains auteurs de ce livre se sont aussi interrogés sur le genre de « conscience de soi » aristocratique que permettent d'entrevoir ces récits, souvent composés par des témoins des faits rapportés. 8. Cf. R. FOLZ, les saints rois du Moyen Âge en Occident, Bruxelles, 1984, qui distingue toutefois, p. 19, la « sacralité » de la fonction et la « sainteté » de la personne. Il n'en reste pas moins qu'à partir du vme siècle, le sacre assimile le souverain aux rectores autant ou plus qu'aux coniugati. Les problèmes très spécifiques que pose la question de la sainteté royale ne seront pas étudiés dans ce livre.

Description:
Dans l'Occident du IXe siècle, les clercs se mirent à rédiger des traités pour définir la conduite que devaient observer les grands aristocrates, désormais envisagés comme les membres d'un « ordre des laïcs ». Un siècle plus tard, les modèles et recommandations proposés dans ces traité
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