Le Grand Gatsby, texte légendaire publié en 1925, connu en France sous le titre de Gatsby le magnifique, est le roman le plus accompli de Francis Scott Fitzgerald (1896-1940). Nick Carraway, le narrateur, originaire du Middle-West et diplômé de Harvard, s’installe au printemps 1922 à Long Island dans la banlieue huppée de New York habitée par les nouveaux riches, pour travailler comme agent de change. Il a une vue imprenable sur East Egg, de l’autre côté de la baie, où vit Daisy, sa cousine, à la voix troublante, mariée à Tom Buchanan, un colosse beau et riche issu de l’aristocratie, mais grossier, brutal et volage. Il a pour voisin Jay Gatsby, un millionnaire qui donne dans sa résidence luxueuse des fêtes mondaines et somptueuses, où l’alcool coule à flots, et qui accueille des centaines de convives venus de New York. Mais personne ne sait exactement qui est Gatsby ni quelle et l’origine de sa fortune fabuleuse. Les rumeurs les plus extravagantes courent à son sujet. Le soir, il tend le bras vers une mystérieuse lumière verte de l’autre côté de la baie. Nick, qui brûle de découvrir son secret, est invité un jour à l’une de ses réceptions. C’est le début d’une tragédie moderne où Gatsby, l’incarnation la plus romantique et la plus paradoxale du rêve américain, se consume pour un amour impossible.
Témoin privilégié de ce monde consumériste, clinquant et superficiel, Nick nous fait vivre de l’intérieur les Années folles, marquées par la prohibition, le jazz, le gin et des fêtes débridées où les flappers, ces jeunes femmes modernes des années 20 aux cheveux à la garçonne et aux mœurs libres, comme Zelda Fitzgerald, dansent sur des rythmes endiablés. Il nous fait découvrir également l’envers du rêve américain, les effets dévastateurs de la corruption et de l’argent et surtout la fêlure tragique qui est au cœur des êtres.
Malgré de bonnes critiques, le roman, rhapsodie multicolore qui emprunte aux arts les plus modernes, comme le cinéma, le surréalisme, sans renoncer à sa nature littéraire, n’a pas connu le succès escompté ; il est tombé quasiment dans l’oubli après la crise de 1929. Il faudra attendre les années 1950 pour qu’il soit réédité et connaisse enfin le succès au point de devenir l’un des romans les plus importants et les plus emblématiques de la littérature américaine du vingtième siècle.