Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3è Page 1 Avertissement : Cette mise en ligne des Actes de 1984 tient compte d’une relecture (correction des coquilles) et d’un Index dus à l’initiative de Marie-Josèphe Beaud et Nicole Courtine. Les corrections, l’ajout de l’index des personnes, et la relecture après océrisation ont été accomplis par Élise Fraysse et Agnès Sandras. Nous n’avons pu retrouver tous les auteurs ou les ayant-droits des contributions. Il est possible de nous contacter à l’adresse suivante : [email protected] Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3è Page 2 LECTURES ET LECTEURS AU XIXe SIÈCLE : LA BIBLIOTHÈQUE DES AMIS DE L’INSTRUCTION Actes du Colloque tenu le 10 novembre 1984 sous la présidence de Madeleine Rebérioux réunis et présentés par Marie-Josèphe Beaud, Jean Grigorieff et Georges-Guillaume Kerourédan 1985 Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3e arrondissement Paris Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3è Page 3 En couverture, photographie inédite de Jean-Baptiste Girard fondateur de la bibliothèque, confiée par ses descendants à Ian Frazer : Photographie Richelieu. G. Numa rue de Richelieu 83 au 1er vis-à-vis de la Bourse [1870] Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3e arrondissement 54 rue de Turenne – 75 003 PARIS ISBN 2-9501071-0-9 Dépôt légal : 4e trimestre 1985 Cet ouvrage est protégé par la loi du 11 mars 1957 : toute reproduction autre que celle destinée à l’usage privé du copiste est illicite et constitue une contrefaçon qui sera poursuivie conformément aux articles 427 et suivants du Code pénal. Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3è Page 4 SOMMAIRE Préface 6 Introduction générale Le cadre institutionnel de la lecture au XIXe siècle LE XIXe SIÈCLE DANS L’HISTOIRE DU LIVRE Par Roger CHARTIER 13 L’INSTITUTION DE LECTURE DU PEUPLE Par Noë RICHTER ............................................... 17 MISES EN SCÈNE DE LA LECTURE POPULAIRE Par Jean HÉBRARD ................................... 23 Des représentations culturelles au XIXe siècle LE TOUR DE FRANCE DE DEUX ENFANTS, BEST-SELLER RÉPUBLICAIN Par Mona OZOUF .................................................................................................................................................. 27 IMAGES DE LA CULTURE ET ASPIRATIONS CULTURELLES CHEZ LES OUVRIERS AU XIXe SIÈCLE Par Jacques RANCIÈRE ............................................................................................ 31 LES OUVRIERS DES MÉTIERS D’ART À L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 Par Madeleine REBÉRIOUX ...................................................................................................................... 41 La Bibliothèque des Amis de l’Instruction du IIIe arrondissement. Origines et influences : vers la fondation INFLUENCES DE PROUDHON Par Rosemarie FERENCZI .......................................................... 49 DU CERCLE BOURGEOIS AUX SOCIÉTÉS DE LOISIRS POPULAIRES Par Benoît LECOQ. 55 JEAN-BAPTISTE GIRARD (1821-1900) : FONDATEUR DES BIBLIOTHÈQUES DES AMIS DE L’INSTRUCTION (1861) Par Ian FRAZER ..................................................................................... 61 CONTRADICTION DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE SUR LE MARCHÉ DU SAVOIR ? Par Odile VACHER ..................................................................................................................................... 87 La Bibliothèque des Amis de l’Instruction du IIIe arrondissement : lecteurs et lectures QUELS LIVRES, POUR QUELLE PÉDAGOGIE ? L’ÉVOLUTION DU FONDS Par Pascale MARIE .................................................................................................................................................. 93 LE PEUPLE DU LIVRE ET LES LIVRES DU PEUPLE : Les Amis de l’Instruction et la Communauté Juive du Marais (1861 – 1914) Par Antoine HALFF .................................................. 99 Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3è Page 5 LE ROMAN DANS LES BIBLIOTHÈQUES POPULAIRES AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE par Marie-Laure MALINGRE ................................................................................................................... 110 LA LITTÉRATURE ET SON PUBLIC : Une bibliothèque parisienne de la Belle-Époque jusqu’aux Années Folles par Éliane TONNET-LACROIX ............................................................................. 119 Débat : Quel avenir pour la Bibliothèque des Amis de l’Instruction ? 129 INDEX DES PERSONNES .............................................................................................................. 131 Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3è Page 6 PRÉFACE En sa 124e année, la Bibliothèque des Amis de l’Instruction reste toujours vivante et dynamique, grâce à la fidélité de ses lecteurs, à l’activité de ses permanents bénévoles et au soutien de la Ville de Paris. La manifestation organisée le 23 mai 1984 pour célébrer le centenaire de son installation au 54 de la rue de Turenne a été une réussite. Une exposition retraçait, en dix-sept panneaux, l’histoire de la bibliothèque depuis sa fondation. Elle fut inaugurée en présence du ministre de la Culture, du directeur du Livre et de la Lecture, de représentants de la mairie du 3e arrondissement, de personnalités amies et de nombreux participants, lecteurs ou non, habitant le Marais. Que soient ici remerciés de leur aide le Ministère de la Culture, la Mairie du 3e arrondissement, le Bureau des Bibliothèques de la Ville de Paris, le Centre National des Lettres, l’Association française pour les Célébrations nationales et tous ceux qui, à titre personnel, ont offert leur concours et donné de leur temps. Dans le cadre de la célébration du centenaire, le colloque, consacré à la lecture et aux lecteurs au XIXe siècle, eut lieu le 10 novembre 1984. Ce fut une journée passionnante. Merci à tous les participants : en premier lieu aux auteurs des communications, mais aussi aux auditeurs qui ont ainsi manifesté leur intérêt. Un merci tout particulier au principal du Lycée d’enseignement industriel de menuiserie sans l’aide de qui fête du centenaire et colloque n’auraient pu avoir lieu, puisqu’il nous a accueillis, en voisin, dans son établissement. Le dernier, mais non le moindre des remerciements sera pour Madeleine Rebérioux qui a assuré la présidence de ce colloque. Grâce à Noë Richter, les actes en sont regroupés dans le présent ouvrage. Denise SAUVAIRE présidente de l’Association des Amis de l’Instruction Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3è Page 7 Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3è Page 8 INTRODUCTION « Voilà comment l’on encourage les goûts studieux de la jeunesse, elle n’a pour toute ressource que les cabinets de lecture presque tous dépourvus de livres utiles ». Ainsi protestait Michelet en apprenant simultanément la mise au concours de toutes les places de la nouvelle université et l’impossibilité d’emprunter des ouvrages à la Bibliothèque royale. Le lendemain de l’ultime épreuve, il note néanmoins : « Dès ce matin je me suis à nouveau inscrit au cabinet de lecture de la rue de Turenne ... " Devenu fonctionnaire et historien, l’ex-petit typographe mènera le combat pour l’émancipation de la lecture des clercs et se montrera soucieux de voir paraître « le livre du peuple ». Quelle n’eût pas été sa surprise si, prolongeant sa vie de neuf années, il avait pu repasser rue de Turenne en 1884. Près de son cabinet de lecture s’installait alors une bibliothèque associative fondée vingt-trois ans plus tôt par un lithographe du quartier, Jean-Baptiste Girard. Après avoir connu divers abris, elle avait reçu de la ville la concession de quatre petites pièces de l’hôtel Montrésor. Ni Girard, ni Michelet n’auraient imaginé que, cent ans plus tard, non seulement elle fonctionnerait toujours dans ce décor sévère et émouvant, mais que cet anniversaire verrait sa consécration par l’historiographie comme « lieu de mémoire de la République » ! * Nous ne pouvions mieux célébrer ce centenaire et cette notoriété nouvelle qu’en organisant une fête de quartier et une exposition rétrospective mettant en valeur ce témoin primordial des luttes pour l’émancipation de la lecture. Dans le cadre de ces manifestations, et sous la présidence de Madeleine Rebérioux, se tint, le dix novembre 1984, le colloque dont on lira ici les actes. Alors que le professeur Michelet attendait de l’État un remède à la carence en bibliothèques de prêt dont souffrait « la jeunesse studieuse », c’est par voie associative que J.B. Girard et ses amis entreprirent de fournir en livres la classe laborieuse. Qui étaient-ils ? Quels obstacles et conflits rencontrèrent-ils et pour quel résultat ? D’où venait ce projet ? C’est à ces multiples questions que s’est efforcé de répondre le colloque. I1 aura ainsi permis de mieux cerner le caractère novateur de cette création originale et d’en préciser l’impact social au siècle dernier. Dans la trace ouverte par Pascale Marie et lan Frazer, les chercheurs attachés au passé de notre bibliothèque ont pu confronter leurs points de vue sur des épisodes mal élucidés. Leur tâche est ardue. Derrière la légende républicaine, les sources d’une réminiscence moins édulcorée sont rares et dispersées. Voici cependant que resurgit un chaînon manquant à notre connaissance du siècle dernier, la première bibliothèque populaire de prêt. S’y croisent le lithographe et le ministre, l’ouvrier et le directeur des Chemins de Fer, le militant de la première Internationale (qui aura son siège dans la proche rue des Gravilliers) et le général d’Empire. L’architecte fouriériste y rencontre Rodin, Proudhon refuse d’y envoyer ses œuvres... De cette confrontation sortira la « Ligue de l’Enseignement » et le « Syndicat des Bibliothèques libres ». Quelle foule, soudain, dans ce modeste lieu ? Quittant le XIXe siècle pour un débat prospectif, le colloque ne s’est pas arrêté au présent de sa signification. Cette réflexion, jusque-là absente, engage une part de l’évolution de nos activités. S’il y a « lieu » aujourd’hui dans cette bibliothèque, c’est qu’à l’instruction de ses livres elle joint la leçon de son histoire. II est désormais impossible de se pencher sur son passé sans prendre en compte la manière dont lui furent soustraits puis restitués ses souvenirs. Cette histoire-là, il faudra que les « amis de l’instruction » l’écrivent, l’éditent, la méditent. Pour inscrire les actes dans la continuité historique de la bibliothèque, nous pouvons déjà y relever deux silences corrélatifs. Comment n’être pas attentif à l’absence de référence à Michelet et à la situation symbolique de notre lieu ? Un des enjeux de cette Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3è Page 9 commémoration fut la relation entre la politique de la lecture et l’écriture de l’histoire. C’est à son approfondissement que souhaite pouvoir contribuer notre association dans son évolution comme lieu de savoir, centre original de recherche sur l’histoire des bibliothèques populaires : le détour par « le moment Girard » n’est pas moins nécessaire à l’intelligence du présent que celui requis par le « moment Michelet ». « Bibliothèque-bistrot » ? Cette pittoresque suggestion du débat conclusif nous ramène aux racines mêmes de l’instruction populaire lorsque les « instituteurs-bistrots » n’avaient pas encore été remplacés par les « hussards noirs » et leur « petit livre gris ». Éditeur-bistrot, nous nous efforçons en tous cas de donner à ces actes une audience plus vaste que celle du Procope, afin que la parole historienne alimente le débat de tous ceux qu’inquiète l’avenir de la lecture. Pour avoir restitué à Jean-Baptiste Girard l’intégralité de sa figure et de son œuvre, « 1984 » sera non plus seulement ce titre menaçant, mais aussi l’espoir de voir « bibliothèque libre » devenir un pléonasme aussi criant que « bibliothèque de livres ». Georges-Guillaume KÉROURÉDAN *Pascale Marie, La Bibliothèque des Amis de l’Instruction du IIIe arrondissement, in Les lieux de mémoire. Sous la direction de Pierre Nora. Tome I. La République. – Paris, Gallimard, 1985. Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3è Page 10
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