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Figures d'Israël PDF

256 Pages·1997·7.123 MB·French
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Figures d’Israël Du même auteur Le Marxisme introuvable, Calmann-Lévy, 1975. Luàen Herr, le soàalisme et son destin (avec P.-A. Mayer), Calmann-Lévy, 1977. Les Années souterraines - 1937-1947, La Découverte, 1990. DANIEL LINDENBERG Figures d’Israël L'identité juive entre marranisme et sionisme (1648-1998) BIBLIOTHÈQUE^ 175 rue Main OTTAWA Kl S 103, Ont., Ci HACHETTE Littératures Collection FORUM Un espace pour les débats contemporains Bruno Berthon, Dans quelle entreprise travaillerons-nous demain ? Ouvrage publié sous la direction d’Olivier Mongin © Hachette Littératures, 1997. 74, rue Bonaparte, 75006 Paris. À la mémoire de mon grand-père Shaül Stupnicki, auteur d’un livre en langue yiddish sur Spinoza. Introduction En 1997, le monde juif n’est plus sûr de rien. Il n’est même plus sûr de s’entendre sur sa propre définition. La question « Qui est Juif? » devient si aiguë qu’elle risque de provoquer un véritable schisme entre Juifs «orthodoxes*», «conserva­ teurs*», «libéraux*» ou «laïques», si tant est que cette dernière catégorie puisse être aisément définie. Il est vrai que le monde juif a constamment vécu des déchirements graves et que c’est toujours « un petit resté » qui a permis la survie d’une communauté. Comme « millésime » particulier, l’année 1997 a connu le centenaire du sionisme politique et le cinquantenaire du vote par l’ONU du partage de la Palestine, qui ouvrit la voie, en 1948, à la nais­ sance de l’Etat d’Israël. Le congrès de Bâle fut l’aboutissement des efforts d’un célèbre journa­ liste et auteur dramatique autrichien, qui en 1896 avait publié un livre1 portant sur la « recherche d’une solution moderne de la question juive ». Il y préconisait l’acquisition par une « Society of Jews », constituée à cet effet avec l’apport des riches philanthropes comme le baron de Rot- schild, d’une terre destinée à devenir un Etat. Cette terre sera-t-elle la Palestine, « notre inou­ bliable patrie historique » ou « un morceau » inhabité de la République d’Argentine ? Theodor Herzl ne tranche pas. Il entreprend aussitôt de rassembler tous les groupes qui poursuivent peu ou prou le même but, ce qui avait déjà été tenté par d’autres, mais en vain. Il touche au port, quand deux cent quarante six délégués, représen­ tant les « Amants de Sion * », issus de soixante- neuf pays ou communautés, de l’Algérie aux Etats-Unis d’Amérique, se réunissent au Grand Casino de Bâle. On aura commémoré cette année aussi un autre centenaire, plus discret, mais pas moins important, celui du Bund, c’est-à-dire de ce puis­ sant mouvement socialiste ouvrier qui disputa longtemps, en Europe de l’Est, l’hégémonie au sionisme dans les rues, les ateliers, les universités et dama quelque temps le pion à Lénine lui- même dans le mouvement révolutionnaire russe. Du 7 au 9 octobre 1948, treize représentants des groupes socialistes juifs locaux se réunirent dans le grenier d’un chalet de la campagne avoisinant Vilna, « la Jérusalem de Lithuanie ». La date avait été choisie pour des raisons de sécurité. En effet, elle coïncidait avec les fêtes juives de Rosh Hashana\ et de Kippour. La réunion clandestine avait toutes les chances de passer inaperçue3. Les groupes en question sont tous issus du popu­ lisme russe dont ils partagent les idées généreuses (l’intelligentsia doit « aller au peuple », s’immer­ ger en lui ; les ouvriers doivent « s’organiser » pour lutter contre l’autocratie et les patrons). L’organisation nouvelle n’est pas un Parti, c’est une « alliance » (Bund en allemand et en yiddish*). On sait la signification et la résonance de l’« Alliance » dans le judaïsme (en hébreu : brit'). Comme toutes les créations analogues du xixe siècle, « l’Alliance des ouvriers juifs de Russie et de Pologne » (on y ajoutera... « et de Lithua­ nie » en 1901) rassemble des « cercles » d’études ou de conspiration clandestins, des journaux, des syndicats, des mutuelles, des coopératives, et quel­ ques individus isolés, rompus à la lutte souter­ raine contre le tsarisme. Les antinomies du Bund, dans sa longue histoire, seront celles du siècle qui va s’ouvrir. Contrairement à ce que tout le monde croit aujourd’hui de bonne foi, c’est le Bund et non les sionistes qui avaient la confiance des populations juives dans leur majorité, avant 1939. Le Bund en effet, surtout à partir des années 1910 en Russie, n’était pas un simple parti politique. Ce fut aussi une « contre-société », organisant tous les aspects de la vie juive dans les quartiers, luttant contre l’alcoolisme, la prostitution, répandant des idéaux éthiques qui n’étaient en rien moins exi­ geants que ceux des prédicateurs rabbiniques. C’est dans la Pologne de l’entre-deux-guerres que le Bund connut, dans des conditions extrême­ ment difficiles (répression policière, heurts san­ glants avec les communistes) son « âge d’or ». Il put en effet développer un réseau scolaire (en langue yiddish*) et parascolaire, des activités sportives, théâtrales, voire cinématographiques. La contre-culture bundiste, très « laïque » et ouvriériste - le drapeau rouge et la fête du 1er mai y étaient particulièrement à l’honneur -, entrete­ nait des rapports subtils avec la tradition juive, telle qu’elle avait été réinterprétée par la Has- kala*. Un bundiste, qui avait reçu la plupart du temps une éducation religieuse traditionnelle, savait que la Justice est une catégorie fondamen­ tale de la Tora*. Il connaissait l’aspect « social » et universaliste des grands prophètes. Certes, il y avait des contradictions dans l’idéologie du Bund. Certains de ses militants insistaient plus sur l’aspect révolutionnaire international. Ils étaient donc plus sensibles aux sirènes du bolchevisme (surtout dans la période de 1918-1920). D’autres s’intéressaient plutôt aux problèmes culturels, au développement d’une civilisation centrée sur la langue yiddish*, et se rapprochaient insensible­ ment des « yiddishistes » non socialistes, ce qui était un grave péché aux yeux des orthodoxes sourcilleux de défendre la lutte des classes. Mais il faut le dire avec force : si le Bund a disparu de la

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