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Fédération Anarchiste du Royaume-Uni. Au-delà de la résistance. Manifeste révolutionnaire PDF

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Au-delà de la résistance. Manifeste révolutionnaire. Fédération Anarchiste du Royaume-Uni Index: Préface et introduction Partie A: Le monde capitaliste Partie B: Le monde communiste anarchiste Partie C: Le programme révolutionnaire Buts et principes Manifeste révolutionnaire pour l’avenir Cinquième édition - Printemps 2006 Dans Au-delà de la résistance, la Fédération Anarchiste du Royaume- Uni analyse la crise du capitalisme, suggère une alternative de société communiste anarchiste et évalue les forces sociales et les organisations qui jouent un rôle dans tout processus révolutionnaire. Le but de ce manifeste est: 1. D’argumenter de façon convaincante en faveur de la création d’une société libertaire par une transformation sociale et révolutionnaire. 2. De persuader ceux et celles qui partagent notre aspiration à une société juste et libre que la meilleure manière d’y parvenir est par la création d’un mouvement communiste anarchiste mondial et unifié. 3. D’expliquer le rôle des anarchistes de la Fédération Anarchiste dans la création d’un tel mouvement. Anarchist Federation, BM ANARFED, London WC1N 3XX, Angleterre. E-mail : [email protected] Web: www.afed.org.uk Préface à la cinquième édition La quatrième édition de Au-delà de la résistance a été publiée au Printemps 2003 à l’époque d’évènements importants, en particulier de l’invasion de l’Irak et la montée en puissance de la guerre contre le terrorisme. Bien qu’énergique, la réaction de la gauche n’a pas été très efficace. Les politiques de contestation conventionnelles manquent de cohérence et elles ont été en majeure partie ignorées par l’état. Des événements d’ampleur, comme les manifestations contre la guerre, ont souffert d’une grande influence d’idéologies religieuses et patriotiques. Le ‘mouvement’ anticapitaliste continue d’être un mélange confus d’idées, dont certaines s’apparentent d’avantage au protectionnisme -soutien des états-nations et de l’économie locale contre la mondialisation- qu’à une force qui s’intéresserait à la destruction du capitalisme partout dans le monde. Les organisations réformistes telles que Make Poverty History ou bien Live8 ne supprimeront pas la pauvreté qui tue chaque jour, parce que le système capitaliste en dépend. Au Royaume-Uni aujourd’hui, le gouvernement est usé, neuf ans de ‘modernisation’ nous ont laissé-e-s mécontents, d’avantage endetté-e-s, en colère, prêts à mordre. Les soi-disant démocraties occidentales sont de plus en plus précaires et ne se maintiennent que par la répression et le contrôle étatiques. Il est encourageant de voir que l’anarchisme et les idées libertaires gagnent du terrain en tant que moyens viables de vivre et de résister. La vision d’une société future libre, juste, sans autorité, hiérarchie ou pouvoir se répand. La Fédération Anarchiste a continué de croître, en lien étroit avec le mouvement mondial à travers l’Internationale des Fédérations Anarchistes et avec des groupes libertaires du monde entier. Organise! demeure un magazine d’idées communistes anarchistes respecté et de renommée internationale tandis que Resistance! reste l’un des bulletins mensuels les plus recherchés. Des groupes de la FA voient le jour partout dans les îles britanniques et l’Internationale des Fédérations Anarchistes s’étend, en particulier en Europe de l’Est où des groupes, petits mais déterminés, voient le jour et posent un réel défi à l’état. Introduction Alors que nous entrons dans le vingt-et-unième siècle, le monde capitaliste connaît une crise qui n’aurait su être prédite au début du mouvement ouvrier au dix-neuvième siècle ou durant les grandes luttes de classe depuis lors. A ce moment de la lutte, les mouvements desquels nous faisons partie ont besoin d’être aussi clairs que possible sur la question des fins et des moyens. Cette brochure offre notre analyse du chaos actuel ainsi qu’un programme optimiste et réaliste pour un changement réel. Car tandis que la classe ouvrière opprimée à travers le monde lutte chaque jour contre le capitalisme et l’état, et améliore souvent les conditions de son esclavage qu’est le salariat, elle regarde aussi au- delà de la lutte et vers un monde d’individus libres et égaux, accomplis et qui ont une valeur pour la société. Un tel monde peut seulement s’établir par la destruction complète du capitalisme et de l’état par la révolution. Le processus révolutionnaire comportera nécessairement un degré de violence et de destruction, étant donné que les classes dirigeantes essaieront de protéger leurs privilèges. Mais il s’agira avant tout d’un acte de création ou, encore mieux, de millions d’actes de création. Si la classe ouvrière doit mettre fin à sa condition misérable au cours du nouveau millénaire, les années à venir doivent être des années non seulement de lutte de classe, mais doivent également voir la création d’un mouvement révolutionnaire uni et mondial. Cette brochure, dont nous avons discuté et écrit le contenu collectivement, est notre contribution à ce mouvement en ces premières années du vingt-et-unième siècle. Partie A: Le monde capitaliste La fin de la période capitaliste de l’histoire humaine ne doit pas être comprise comme une transformation instantanée menant d’une phase historique à une autre. En période de changement, des éléments du passé coexistent toujours avec ceux du présents. De nouveaux modes de vie et des tendances émergentes préfigurent les traits possible du futur. Nous pouvons parler d’une nouvelle période de l’histoire à causes de ces traits suivants qui apparaissent simultanément: la profondeur de la crise économique, la fin d’un ‘équilibre’ géopolitique sur le plan international, la crise de l’état en tant qu’instrument de régulation économique, les crises de la pensée et de la culture occidentales et la crise écologique qui s’aggrave et menace de détruire l’écosystème. Nous devons cependant nous montrer vigilants. Bien que la forme jusque là dominante du capitalisme (multinationales basées sur un capital national, marchés nationaux liés à des blocs ‘impériaux’ et domination par deux superpuissances) s’effondre, nous ne pouvons déterminer si nous sommes à la veille d’un ‘nouvel ordre mondial’ avec des modes de fonctionnement établis, ou bien si nous entrons dans une longue période de crise permanente de de désordre général dans le monde entier. La Fin des deux superpuissances La politique des deux superpuissances (Guerre Froide puis coexistence pacifique) reposait sur un accord plus ou moins tacite. L’impérialisme économique serait pratiqué par les deux blocs et leurs conflits se dérouleraient dans et entre des pays intermédiaires du Tiers-Monde ou moins développés. Alors que de nombreuses élites du Tiers-Monde accédèrent au pouvoir sur le dos de mouvements de libération nationale, elles furent bientôt broyées dans les rouages des politiques agressives des intérêts géopolitiques et financiers. La libération nationale céda rapidement place à la coopération avec l’un ou l’autre des deux blocs, puis à la réimposition d’un statut virtuellement colonial. La compétition économique, politique et technologique entre les deux superpuissances prit fin lorsque les États-Unis prirent l’avantage dans la course aux armements et que les élites du bloc soviétique se rendirent compte que leurs idéologies n’étaient plus solvables et ne pouvaient plus contrôler leurs populations rétives. Le bloc soviétique s’effondra. L’extension directe du pouvoir des États-Unis sur le Moyen-Orient, les républiques asiatiques et la Chine n’aurait pas été possible sans la fin de l’URSS en tant que superpuissance. Partout, les États-Unis imposent ses solutions sous des masques de maintien de la paix et de guerres contre le terrorisme. La nouvelle période de l’histoire prend une tournure inquiétante. Les États-Unis sont en déclin économique, mais bénéficient d’une puissance impériale immense. Les communautés nationales s’ouvrent de plus en plus aux compagnies multinationales. L’état-policier émerge, basé sur des conceptions autoritaires de la société et de la manière dont elle doit fonctionner. Les communautés nationales et leurs classes dirigeantes perdent toujours plus de pouvoir. Des mouvements conservateurs, réactionnaires et fondamentalistes, basés sur le chauvinisme et la ferveur religieuse, gagnent du terrain. La Profonde transformation du capitalisme La crise capitaliste des années soixante-dix et quatre-vingt entraîna un net changement dans les caractéristiques du système. Entre 1975 et 1990, des restructurations et des réorganisations eurent lieu à tous les niveaux. La croissance dans les pays développés dans les trente années suivant le Seconde Guerre Mondiale reposait sur une forme particulière de développement capitaliste, le Keynesianisme, résumé comme suit: 1. Les salaires de la population, y compris ceux de la classe ouvrière, devaient être suffisants et stables. Différents compromis sociaux eurent lieu: la prolifération des conventions collectives, l’institutionnalisation des syndicats, des mesures de sécurité sociale, etc. 2. L’augmentation de la production signifiait une plus grande productivité, ce qui baissait le coût de production. Le pouvoir d’achat de la classe ouvrière augmentait en même temps que les profits. L’augmentation du pouvoir d’achat devenait elle-même source d’une augmentation des profits. 3. Cela ne pouvait se produire sans que les capitalistes aient un contrôle total de l’organisation de la production, des investissements et des conditions de travail, de manière à augmenter la productivité. Les syndicats acceptèrent en général cela, abandonnant les négociations des conditions de travail en échange de l’augmentation des salaires. 4. L’état était garant de ce consensus social, mais il jouait également un rôle économique très important: marchés publics, financement direct de l’investissement, aide à l’export. Dans plusieurs pays occidentaux, cela mena au développement par l’état des systèmes de transports, de télécommunications, d’aviation, d’énergie, d’énergie nucléaire, des systèmes routiers et au financement de la recherche dans ces domaines. Les nouvelles modifications de l’automatisme, la concentration du capital, la parcellisation accrue du travail et l’internationalisation de la chaîne de production entraîna d’énormes transformations au sein de la classe ouvrière. La base traditionnelle du capitalisme cessa d’être la norme développée au dix-neuvième siècle. Cette situation changea à nouveau au milieu des années soixante-dix vers une politique monétariste, tandis que beaucoup d’états et de classes dirigeantes essayaient de payer les dettes qu’elles avaient contractées par la finance du capital en passant des mesures d’austérité plus sérieuses: gel des salaires, réduction des allocations chômage et baisse des retraites. Le processus de production changea qualitativement. L’utilisation de l’automatisme s’est grandement répandu, dispersion du travail en dehors des usines, containérisation, etc. La publicité, le marketing, les entreprises spécialisée dans le conseil connurent un essor. Le marché devint roi et avec lui la liberté d’exploiter. Flexibilité du travail, travail le week-end, de nuit, heures supplémentaires et temps partiel devinrent la norme, tout comme les contrats de courte durée et les attaques sur les congés et les conditions de travail. La restructuration a mené au chômage de masse, à la retraite anticipée, aux incitations des femmes à retourner au foyer, au gel des salaires, aux attaques sur le salaire minimum guaranti là où il en existait un et à la généralisation du travail temporaire et sous-payé parmi les jeunes. En terme de production, le nombre de travailleurs à temps partiel a augmenté, tout comme le ‘marché gris’ et les crimes qui lui sont liés comme le cambriolage, le vol de voiture, etc. Au niveau international, la restructuration a mis en place une exploitation impérialiste à l’ancienne là où les matières premières étaient le principal objet du pillage. Ce n’est plus nécessairement le cas. Les pays ‘sous- développés’, qui incluent aujourd’hui l’Europe Centrale et l’Europe de l’Est, sont passés de l’échange inégal à la subordination à l’Occident principalement à cause du contrôle de leur dette et du contrôle des compagnies sur leur main d’oeuvre nationale. En parallèle à cela, il y a eu une mutation des multinationales qui étaient auparavant établies sur des bases ‘nationales’ (basées aux États-Unis, au Japon, en France, en Allemagne...) mais qui par la suite augmentèrent leur degré de coopération internationale à travers des accords commerciaux, des partenariats technologiques, des coopérations de toutes sortes, la création de sociétés-filles communes, etc. Le Monde ‘sous-développé’ L’écart entre pays riches et pays pauvres continue de s’accroître. 40% de la population mondiale partage 3,3% du revenu mondial. Chaque jour, 40 000 enfants meurent de pauvreté. Il y a plus de gens dans le monde qui souffrent de la faim que jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité et leur nombre augmente. Cependant, à la lumière de la restructuration du capitalisme le terme de Tiers-Monde est un peu dépassé. Les termes ‘en voie de développement’ ou ‘sous-développés’ semblent plus appropriés en vues des plans du capitalisme mondial. Par exemple, les ‘Quatre Dragons’ - Taiwan, le Corée du Sud, Singapour et Hong Kong - ressemblent plus à certains pays en voie de développement d’Europe comme le Portugal, la Grèce ou l’Irlande qu’aux pays les plus pauvres tels que l’Ethiopie, la Somalie ou le Bangladesh. A part le pillage des matières premières et la surexploitation de la main d’oeuvre par les multinationales, les pays sous-développés sont contrôlés par des institutions financières telles que le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale. La ‘dette du Tiers-Monde’ s’élevait à 1355 milliards de dollars en 1990. Un crédit sur cette dette est donné systématiquement sous forme de prêt, d’un montant plus élevé que toute forme d’ ‘aide’. En échange de ces prêts, le FMI impose une thérapie de choc aux pays endettés. Cela consiste en une dévaluation, abolissant les contrôle des prix et les garanties salariales, et la ‘rationalisation’ des entreprises publiques: mises à la porte, fermetures, etc. Une fois rationalisées, ces entreprises sont rachetées par des compagnies et la somme obtenue grâce à cette ‘privatisation’ est utilisée pour payer une partie de la dette (et seulement une partie). Les systèmes nationaux de banque de ces pays sont sujets à des enquêtes trimestrielles du FMI et n’ont virtuellement aucun contrôle sur les politiques monétaires nationales (comme l’a montré le chaos financier à long terme en Argentine). Les taux d’interêt fixés par le marché entraîne la spéculation qui mène à la hausse des taux de crédit, accélérant la ruine de l’économie nationale. La chute du bloc ‘communiste’ Depuis les années soixante, l’économie soviétique était ouverte au capitalisme occidental et cette ouverture au capital occidental a augmenté durant les années soixante-dix. Le développement de la division internationale du travail dans les années soixante et l’augmentation des échanges internationaux ont contribué à pousser certains membres de la bureaucratie à demander des ‘réformes’ pour ‘libéraliser’ l’économie. Si Gorbachev n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer! Déjà intégrés dans l’économie mondiale, les pays soviétiques ont souffert toute l’ampleur des conséquences de la direction monétariste prise par l’Occident. Les pays d’Europe de l’Est subirent une récession bien pire que celle que connut l’Occident dans les années trente. Sous la politique ‘d’ajustement structurel’ du FMI, ces pays, qui croyaient être incorporés à l’économie occidentale, souffrent de pauvreté à cause du chômage de masse, de la privatisation, de l’ajustement des prix et de la baisse brutale du niveau de vie et de la production industrielle. Les secteurs les plus rentables de l’économie ont été vendus a des compagnies internationales et l’ ‘aide’ offerte en millions de dollars achète seulement le pouvoir politique et diverses Mafias qui contrôle les chaînes de distribution et de commerce. Une grande partie de l’ ‘économie réelle’ en Russie et en Europe de l’Est n’est rien d’autre qu’une ‘économie de marché de rue’, sans contrôle, sans taxes et improductive. Tandis que là où les élites politiques et économiques se réunissent l’argent coule à flots, ailleurs la société dégénère à des niveaux d’activité et d’organisation économiques comparables au Tiers-Monde. Chute du ‘communisme’, ou du capitalisme d’état La fin de ce que l’on a appelé ‘communisme’ (et qui, comme beaucoup de gens se rendent compte aujourd’hui, n’était rien de plus que le capitalisme d’état ou une forme bâtarde de socialisme) signifiait le triomphe idéologique du capitalisme occidental, de son économie de marché et de son éthique individualiste. L’Occident a pu prouvé que sa forme de capitalisme était indéniablement supérieure à la copie ‘communiste’. Cette chute fournit également un exemple pour décourager ceux d’entre nous qui voudraient changer le système. La stratégie défensive de mise en quarantaine politique et militaire, tandis que ses combinats industriels et ses maisons financières consolidaient le contrôle économique de son ‘empire’ (les Amériques, l’Europe, les états arabes pétroliers et les pays en bord du Pacifique), a été remplacée par une expansion agressive et triomphante dans de nouvelles économies (souvent anciennement publiques). La vitesse avec laquelle les anciens ennemis du capitalisme -l’URSS, la Chine, l’Europe de l’Est, le Viêt-Nam et le Mozambique par exemple- sont intégrés au système financier et économique que contrôle le FMI et l’OMC ne fait que confirmer ce qu’étaient réellement ces sociétés: des sociétés de consommation sans rien à consommer, des formes imparfaites et sans issue du capitalisme aux hideuses malformations et aux dysfonctionnements paralysants. Leurs modes d’exploitation de la main d’oeuvre n’était plus efficaces et leur mode de domination et d’administration, datant des années trente, étaient archaïques par rapport la modernité occidentale. La fin du ‘communisme’ signifie également la chute d’un mouvement ‘ouvrier’ lié à ce modèle dans le reste du monde, et à la chute du Léninisme et de la social- démocratie ‘historique’, non seulement en Occident, mais également dans les pays ‘sous-développés’. Ce processus est encore en cours. Crise occidentale La victoire de l’Occident sur le capitalisme d’état a coûté cher. Une crise structurelle profonde et durable menace de déstabiliser l’économie. L’une des principales contradictions structurelles du capitalisme est aujourd’hui celle entre la tendance à établir un marché et une économie mondiale et le maintien de l’ ‘état-nation’ comme instrument de régulation. Les états-nations du monde ‘développé’, sous la pression des entreprises, établissent consciemment la libre circulation du capital international. Ils sont dépourvus des moyens de contrôler la spéculation et d’une partie importante de leurs pouvoirs. Une stratégie économique nationale ne peut fonctionner aujourd’hui que si elle correspond aux intérêts des marchés financiers mondiaux. Mais la mondialisation de l’économie ne mène pas forcément à un ordre économique uniforme. Les négociations de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), aujourd’hui gérées par l’OMC, montrent que la guerre économique (la baisse des coûts de production et le contrôle de technologies rentables menant à l’accumulation de capital) reste la force motrice de l’économie mondiale. Les négociations de l’OMC (et les cadres régulateurs parallèles tels que les accord de Kyoto et de Doha) continuent d’être dominés par les compagnies occidentales et par leur penchant à envahir et dominer des marchés à travers le globe là où il reste des ressources abondantes ou une main d’oeuvre assujettie ou les deux. La fin du capitalisme d’état ne signifie ni une défaite, ni une victoire pour les révolutionnaires. Elle est pleine de dangers potentiels créés par la réémergence de mouvements qui avaient été supprimés et masqués. Elle marque également la fin d’une ère glacière de la théorie, durant laquelle on ne pouvait penser au- delà de l’état et du développement infini des forces de production. La disparition du capitalisme d’état doit être l’occasion d’accélérer la tâche de la réévaluation révolutionnaire et de développer un mouvement et des idées ancrés dans le présent. Nous décrivons maintenant et réévaluons les réponses à la crise qui émergent. Sur les ruines du capitalisme d’état La Crise de la pensée humaniste en Occident La pensée humaniste considère que la nature, et non pas Dieu, organise le monde. Sous son organisation de la pensée, ‘l’Homme’ est au centre. Elle est née à la Renaissance, s’est civilisée à l’époque des Lumières et s’est propagée à toute la société grâce au positivisme dix-neuvième et au triomphe du capitalisme. Mais l’humanisme est en déclin, suite à la fin officielle des utopies. La crise de la pensée occidentale a deux origines distinctes, toutes deux liées à la crise de civilisation: la relation des êtres humains à la nature et les relations entre humains. La crise écologique est le résultat d’une économie planétaire où le rythme d’exploitation imposé par le marché mondial est incompatible avec le rythme naturel du renouvellement de l’eau, des lacs, des forêts et des sols. La crise écologique mondiale sonne le glas de l’école de pensée qui conçoit le monde comme fait pour l’Homme, pour son bonheur, son plaisir et sa délectation. Les Lumières et la Démocratie annonçaient l’Age de l’Homme, qui créerait un monde rationnel basé sur la Liberté et l’Egalité. On en est loin. La pensée humaniste, instrument de guerre contre l’obscurantisme et les idées réactionnaires et bien ancrées de l’ancien régime, a créé ses propres mythes de Science et de Progrès. Elle sert à voiler la violence de la domination dans tous les aspects de la vie quotidienne, depuis la naissance artificielle jusqu’à la mort elle-même (les dernières dispositions n’échappent pas à la loi de l’offre et de la demande). L’idéologie des droits de l’homme, l’une des pierres angulaires de l’humanisme, présente dans tous les médias, parmi les intellectuel-les et les politicien-nes, est maintenant atténuée via l’humanitaire. L’humanitaire ne cherche pas à se débarrasser des horreurs de la guerre et de la famine, mais à les rendre plus tolérables. Il n’est pas surprenant que les entreprises financent des œuvres caritatives. Le cirque médiatique, depuis Band Aid jusqu’à la distribution télévisée de vivres, n’est pas innocent. On ne se préoccupe pas du monde ‘sous-développé’ et des causes de son sous-développement, mais d’avoir bonne conscience. L’occident profite sur le plan symbolique de son intervention charitable. La pauvreté des autres devient un monde d’aventures médiatiques. En Occident, la décadence sociale, la peur de la pauvreté grandissante et l’absence de toute pensée ou alternative politique a mené à l’avénement d’un nouveau totalitarisme fondé sur l’irrationel et l’obscurantisme: tribalisme, ethnocentrisme, fondamentalismes chrétiens et musulmans. Dans nos riches cités, de nouvelles religions émergent: des adeptes du travail qui vénèrent les dieux jumeaux de l’argent et du statut social, celles-ceux du spiritualisme, de la recherche désespérée de la jeunesse et de la beauté, de l’astrologie, des conspirations et des cultes de l’espace. Ce glissement de paradigme s’accompagne de l’aliénation, de l’anomie, de la perte du sens, de l’alcoolisme, de l’usage de drogues, de maladies mentales et de suicides. Pour finir, la crise de la pensée humaniste et la confusion générale favorisent les essais de réintroduction d’un ordre moral réactionnaire. Les majorités morales et la nouvelle droite sont deux faces de la même pièce. La crise de la pensée qui ne peut concevoir le futur que comme la persistance du présent ou comme une catastrophe mène à un curieux phénomène où des éléments du passé sont recyclés dans le présent. Il semble que la société essaie de battre en retraite en même temps qu’elle avance: mode, style, looks, art, tout est revisité et ravivé

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