FAIRE VIVRE LES IDENTITÉS : UN PARCOURS EN FRANCOPHONIE Entre composantes données et composantes acquises de l'identité, E I le choix d’une langue et d’une culture pour en faire son métier N O n’a rien d’anodin : qu’elle soit étrangère, seconde ou bien, H P comme on dit, maternelle ou première, la langue, lorsqu’elle est O C vécue au quotidien pour être partagée, transmise, s’insinue dans N A l’intime, de la réalité au rêve. Du coup, c’est toutes les branches R F du métier d’enseignant de français qui s’en trouvent interrogées N FAIRE VIVRE E et vécues autrement, pas seulement de l’extérieur, mais comme S R une partie de soi-même. Littérature, linguistique, anthropologie U LES IDENTITÉS : O culturelle et civilisation, méthodologies et technologies éducatives C R s’interrogent alors non seulement sur un mode professionnel A P mais plus encore, sur ce mode impliqué qui rend si fort l’adjectif N U UN PARCOURS EN FRANCOPHONIE de l’expression sciences humaines. S : É Ce livre réunit quelques unes des communications données à T I T Québec en 2008 à l’occasion du congrès mondial de la Fédération N E internationale des professeurs de français. D I S Sous la direction de : E L E R Jean-Pierre CUQ V VI et E Patrick CHARDENET R I A F Prix public : 30 euros Prix préférentiel AUF - pays en développement : 16 euros HT ISBN : 978-2-813000-41-5 9HSMILD*aaaebf+ FAIRE VIVRE LES IDENTITÉS : UN PARCOURS EN FRANCOPHONIE FAIRE VIVRE LES IDENTITÉS : UN PARCOURS EN FRANCOPHONIE Sous la direction de : Jean-Pierre Cuq Président de la FIPF Patrick Chardenet Directeur délégué « Langue et communication scientifique en français », AUF Conseil scientifique de la publication : Abdellah Beida, École normale supérieure de Rabat Patrick Chardenet, Université de Franche-Comté, AUF Peiwha Chi Lee, Université Tamkan Taïpeh Jean-Pierre Cuq, Université de Nice – Sophia Antipolis, FIPF Moussa Daff, Université Cheikh Anta Diop, Dakar Olivier Dezutter, Université de Sherbrooke Estela Klett, Université de Buenos Aires Marie-Christine Koop, University of North Texas Denise Lussier, McGill University Noriyuki Nishiyama, Université de Niigata Fédération internationale des professeurs de français Copyright © 2010 Éditions des archives contemporaines et en partenariat avec l’Agence universitaire de la Francophonie Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit (électronique, mécanique, photocopie, enregistrement, quelque système de stockage et de récupération d’information) des pages publiées dans le présent ouvrage faite sans autorisation écrite de l’éditeur, est interdite. Éditions des archives contemporaines 41, rue Barrault 75013 Paris (France) www.archivescontemporaines.com ISBN : 9782813000415 Avertissement : Les textes publiés dans ce volume n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Pour faciliter la lecture, la mise en pages a été harmonisée, mais la spécificité de chacun, dans le système des titres, le choix de transcriptions et des abréviations, l’emploi de majuscules, la présentation des références bibliographiques, etc. a été le plus souvent conservée. SOMMAIRE PRÉFACE Jean-Pierre CUQ, Patrick CHARDENET ........................................................................................ 1 SUR L’IDENTITÉ LINGUISTIQUE FRANCOPHONE Bernard CERQUIGLINI ................................................................................................................... 3 LE DEGRÉ D’ACCOMMODATION LINGUISTIQUE DU FRANÇAIS CADIEN DE LOUISIANE Carole SALMON, Sylvie DUBOIS .................................................................................................... 9 LE FRANÇAIS, LANGUE DE LA DIVERSITÉ DES PEUPLES ET DES CULTURES Conrad OUELLON ......................................................................................................................... 17 ENJEUX POLITIQUES, SOCIOLINGUISTIQUES ET IDENTITAIRES DU PARTENARIAT LINGUISTIQUE ET IMPLICATIONS DIDACTIQUES AU CAMEROUN ANGLOPHONE David NGAMASSU ........................................................................................................................ 35 L’ENSEIGNEMENT DU ET EN FRANÇAIS AU LIBAN DANS LES ÉTABLISSEMENTS PRIVÉS FRANCOPHONES Mireille TAHAN .............................................................................................................................. 45 L’APPROPRIATION SINGULIÈRE DE LA CULTURE LITTÉRAIRE COMME FONDEMENT D’UNE IDENTITÉ FRANCOPHONE VIVANTE Annie ROUXEL .............................................................................................................................. 51 ÉCRIRE EN FRANÇAIS LE CAS DE LA LITTÉRATURE ÉGYPTIENNE D’EXPRESSION FRANÇAISE Rania FATHY .................................................................................................................................. 61 LA DÉCOUVERTE DE L’AUTRE, LA DÉCOUVERTE DE SOI, PAR LA LITTÉRATURE FRANÇAISE ET FRANCOPHONE Isabelle GRUCA ................................................................................................................................ 71 L’IDENTITÉ À L’ÉPREUVE DE L’ALTÉRITÉ Geneviève CHOVRELAT-PÉCHOUX .......................................................................................... 79 PLAIDOYER POUR L’INSERTION DE LA LITTÉRATURE MIGRANTE A L’ÉCOLE : UNE EXPÉRIENCE DE LECTURE Luc COLLES .................................................................................................................................... 87 LA REPRÉSENTATION ET LE RÔLE DE L’ÉTRANGER DANS LA LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE DE LA MIGRATION Monique LEBRUN ........................................................................................................................... 97 PROBLÉMATIQUES IDÉOLOGIQUES ET LINGUISTIQUES DE L’IMMIGRATION Jean-Louis CHISS ............................................................................................................................105 L’INTERCOMPRÉHENSION ENTRE LANGUES APPARENTÉES : UNE NOUVEAUTÉ DIDACTIQUE POUR RENFORCER L’ÉVEIL AUX LANGUES ET LA PRÉSENCE DU FRANÇAIS Pierre JANIN ..................................................................................................................................111 L’IDENTITÉ FRANCOPHONE ET SES LIMITES DANS L’ENSEIGNEMENT PLURILINGUE Anna KRUCHININA ...................................................................................................................119 HISTOIRE DE LA NOTION DE DIDACTIQUE PLURILINGUE EN RUSSIE ET SES IMPACTS SUR L’ACQUISITION DU FRANÇAIS SECONDE LANGUE ÉTRANGÈRE Svetlana TYAGLOVA ...................................................................................................................129 IMPACT DU DISCOURS EXPLICATIF DE L’ENSEIGNANT EN CLASSE DE FLE : RÉFLEXIONS SUR LA FORMATION DES ENSEIGNANTS Julie RANCON, Marie-Ange DAT, Nathalie SPANGHERO-GAILLARD, Michel BILLIÈRES ...................................................................................................................................137 LIRE EN FLE A L’UNIVERSITÉ : UN ENJEU POUR SAUVEGARDER LE FRANÇAIS Estela KLETT .................................................................................................................................147 LE RAPPORT A L’ÉCRITURE EN FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE. LE CAS DES ÉTUDIANTS UNIVERSITAIRES Olivier DEZUTTER, Vicky POIRIER, Françoise BLEYS, Yvonne CANSIGNO, Ociel FLORES, Haydée SILVA .............................................................................................................155 STRATÉGIES D’ENSEIGNEMENT DE LA COMMUNICATION À L’ORAL EN LANGUE SECONDE OU ÉTRANGÈRE Claude GERMAIN, Joan NETTEN ............................................................................................163 CULTURE ET TRADUCTION Sonia VAUPOT..............................................................................................................................173 NOS DÉBUTANTS APPRENNENT-ILS AUSSI BIEN EN LIGNE QU’EN CLASSE ? Kerry LAPPIN-FORTIN, Cynthia TREMBLAY ........................................................................183 FRANCOPHILIE - MALADIE AFFECTIVEMENT TRANSMISSIBLE Jolanta ZAJAC, ...............................................................................................................................191 INSTRUMENTS DE RÉFÉRENCE POUR L’ENSEIGNEMENT LANGUES ET MÉTHODOLOGIES D’ENSEIGNEMENT Jean-Claude BEACCO ....................................................................................................................203 PRÉFACE Jean-Pierre CUQ Patrick CHARDENET Tous les congrès donnent lieu à l’édition d’actes et celui qui s’est déroulé à Québec en juillet 2008 ne fait bien sûr pas exception à la règle. C’est un coffret de trois volumes et près de 1 800 pages qui rendent compte, à travers la richesse et la diversité des communications, de l’activité pédagogique, intellectuelle et militante des professeurs de français tout autour du monde. Mais la Fédération internationale des professeurs de français, en collaboration avec son partenaire scientifique privilégié l’Agence universitaire de la Francophonie, a voulu faire plus. Du bouquet de paroles multicolores nous avons voulu tirer quelques-unes des communications les plus subtiles et les donner à comprendre dans un volume plus accessible et emblématique de la qualité des travaux du congrès. Un volume qui soit aussi comme un hommage intellectuel à la cité qui fut notre hôte. Car cette identité francophone fut vécue à Québec en communion avec une ville qui fêtait cette année-là son quatre centième anniversaire. Là, une composante de l'appartenance francophone s’inscrit dans la longue durée, dans des résistances mais pas dans la nostalgie : simple- ment dans la vie de tous les jours, dans une tranquille conscience de soi et de cette société dans les Amériques. Le thème du congrès « faire vivre les identités francophones dans le monde » fut, comme nous l’espérions, déclencheur d’inépuisables réflexions car il est au cœur même de notre métier. Qui en effet peut être plus francophone qu’un enseignant de français, constituant ainsi un espace humain de référence entre francophonie et Fran- cophonie ? Mais appartenir à cette communauté des professeurs de français relève-t-il autant de l'identité, que ce qui fait que l'on naît un jour, quelque part, de parents géni- teurs, traces ineffaçables, que le choix d'une langue à enseigner ? C’est que, entre composantes données et composantes acquises de l'identité, le choix d’une langue et d’une culture pour en faire son métier n’a rien d’anodin : qu’elle soit étrangère, se- conde ou bien, comme on dit, maternelle ou première, la langue, lorsqu’elle est vécue au quotidien pour être partagée, transmise, s’insinue dans l’intime, de la réalité au rêve. Du coup, c’est toutes les branches du métier qui s’en trouvent interrogées et vécues autrement, pas seulement de l’extérieur, mais comme une partie de soi-même. Littéra- ture, linguistique, anthropologie culturelle et civilisation, méthodologies et technologies éducatives s’interrogent alors non seulement sur un mode professionnel 2 | Préface mais plus encore, sur ce mode impliqué qui rend si fort l’adjectif de l’expression sciences humaines. Comme tout choix, la sélection de ce livre est marquée de subjectivité. Il a été marqué toutefois par la volonté unique de témoigner de la qualité de la réflexion profession- nelle et scientifique des enseignants de français. Les éditeurs en assument bien entendu la responsabilité. Cette réflexion s’exerce bien sûr sur la langue française elle-même, comme premier lieu de cette identité d'appartenance (B. Cerquiglini), et nous avons choisi de l’illustrer d’un exemple mal connu de sa diversité : celui du parler cadien (C. Salmon et S. Dubois). Elle s’exerce aussi sur la diversité des peuples et des cultures que le français irrigue (C. Ouellon). Là encore, nous l’avons illustrée, sous des angles différents, par les exemples du Cameroun (D. Ngmasu) et du Liban (M. Tahan). Mais en francophonie, il n’est pas de culture ni d’enseignement sans littérature (A. Rouxel ; R. Fathy) : c’est que la littérature est le miroir privilégié de l’altérité (I. Gruca ; G. Chovrelat-Péchoux), y compris quand l’étranger vient à soi, migrant dans, vers ou de l'espace francophone (L. Collès ; M. Lebrun ; J.-L. Chiss). À Québec, les professeurs de français se sont aussi interrogés sur les spécificités de leur formation (J. Rançon et al.), sur leurs méthodologies d’enseignement, que ce soit dans ses parties fondamentales comme la lecture (E. Klett), l’écriture (O. Dezutter et al.), la communication orale (C. Germain et J. Nettin) ou encore de la traduction (S. Vaupot) mais aussi dans l'usage des technologies de l'information et de la commu- nication (K. Lappin-Fortin et C. Tremblay), qui contribuent à déterritorialiser les espaces physiques pour construire des espaces virtuels qui questionnent les conti- nuums et les ruptures entre les langues et entre les cultures sur lesquelles se formaient jusqu'ici, les identités d'appartenance. Toutes ces réflexions sont lucides, souvent sans complaisance mais toujours marquées par une force étonnante de proposition et finalement, par un optimisme profession- nel où l’amour n’est jamais absent : et si la francophonie, comme le dit si joliment J. Zajac, à propos de la francophilie, était une maladie affectivement transmissible ? SUR L’IDENTITÉ LINGUISTIQUE FRANCOPHONE Bernard CERQUIGLINI Professeur à l’Université Paris-VII – Denis-Diderot Recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie Notre congrès se tenant à Québec, et ayant pour thème « Faire vivre les identités fran- cophones » se devait d’aborder la question de la langue française. C’est un grand honneur pour moi d’en avoir été chargé. J’essaierai d’y répondre selon trois points de vue. En tant que recteur de l’Agence uni- versitaire de la Francophonie, à ce titre responsable d’une association de près de sept cents universités dans le monde ; celles-ci trouvent dans le français un véhicule pour la production et la transmission du savoir : il s’agit d’un vecteur identitaire, celui d’une francophonie académique mondiale. En tant qu’historien de la langue, et donc assez au fait de l’institution sociale du français, du rôle qu’y joue la norme, des conditions de son évolution. En tant qu’auteur, enfin, d’une brève émission quotidienne, diffusée sur la chaîne de télévision TV5 Monde, consacrée à la langue française ; par-là même, rece- vant via l’Internet près d’une centaine de questions par jour1. Ces questions que posent les téléspectateurs font toucher du doigt l’ampleur et la profondeur de l’attachement porté à cette langue ; des millions de téléspectateurs s’y reconnaissent, d’une façon que l’on peut qualifier d’identitaire ; le secrétaire général M. Abdou Diouf, ouvrant ce Congrès, pouvait à bon droit parler d’un « acte d’amour » envers la langue française. Mais d’autre part, ces interrogations font apparaître l’inquiétude, pour ne pas dire l’inconfort de cet attachement, pris entre l’amour de sa propre parlure et un respect quasi religieux de la norme. « Ai-je le droit », me demande-t-on, de dire une ministre, présentement, septante-trois ? Cette identité linguistique que partagent les téléspectateurs se trouve à la fois constituée et malmenée par le purisme. Que la langue française participe, de façon fondamentale, à l’identité francophone, est dans le même temps : un pléonasme (francophone signifiant « qui parle français », l’identité francophone est par définition linguistique) ; une évidence (sous nos yeux le Québec montre, avec ardeur, comment une nation fait de sa langue le fer de lance de sa revendication identitaire ; le « Je me souviens » des plaques d’immatriculation qué- bécoises est un acte performatif d’affirmation de la langue) ; mais c’est aussi un paradoxe. Car notre congrès a pour thème « Faire vivre les identités francophones ». Ce titre est pertinent ; la Francophonie porte en effet dans le monde les couleurs de la diversité culturelle et linguistique : le président Diouf rappelait hier le rôle de premier 1 B. Cerquiglini, Merci professeur ! Chroniques savoureuses sur la langue française, Paris, Bayard, 2008.
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