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Exemples d’utilisations des coordonnées barycentriques [Lecture notes] PDF

7 Pages·2003·0.304 MB·French
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Preview Exemples d’utilisations des coordonnées barycentriques [Lecture notes]

Pr´eparation a` l’agr´egation de math´ematiques de l’Universit´e de Rennes 1. Ann´ee scolaire 2002-2003. Exemples d’utilisations des coordonn´ees barycentriques Antoine Ducros Dans ce texte on refait en d´etail l’´etude de l’intersection de droites dans le plan du point de vue des coordonn´ees barycentriques, et l’on montre comment appliquercestechniquesauxd´emonstrationsdesth´eor`emesdeCevaetMenelau¨s. On ´evoque ensuite les liens entre les barycentres et la g´eom´etrie projective. Convention pour ce qui suit. On fixe pour toute la suite du texte un corps k. Si (P0,...,Pn) sont des points d’un k-espa(cid:2)ce affine X et si (λ0,...,λn) est unefamilledescalairesde somme 1onnotera λiPi lebarycen(cid:2)tredelafamille ((P1,λ1),...,(Pn,λn)).SiX(cid:2)estunespacevectorielsurk alors λiPi (ausens desbarycentres)est´egal`a λ P (ausensdelastructuredek-espacevectoriel i i sur X). Rappel sur les coordonn´ees barycentriques. Soit X un espace affine sur un corps k et n sa dimension. Soit (P ,...,P ) un rep`ere affine sur X. On sait 0 n alors qu’il existe pour tout point P de X une famille(cid:2)(λi) de scalaires, unique a` multiplicationparunscalairenonnulpr`es,telleque λ (cid:1)=0ettellequeP soit i le barycentre de la famille ((cid:2)(P1,λ1),...,(Pn,λn)). On peut toujours normaliser cette famille de sorte que λ = 1. Les λ sont alors uniquement d´etermin´es i i et l’on dit que ce sont les coo(cid:2)rdonn´ees barycentriques de P dans le rep`ere form´e par les P ; l’on a donc P = λ P . Si Y est un espace affine quelconque alors i i i pour tout (n+1)-uplet (Q ,...,Q ) de points de Y il existe une et une seule 0 n applica(cid:2)tionaffined(cid:2)eX versY envoyantPi surQi pourtouti.Cetteapplication envoie λ P sur λ Q . i i i i On fixe a` partir de maintenant un(cid:2)k-espace affine X et un rep`ere affine (P0,...,Pn) sur X. Lorsq(cid:2)u’on ´ecrira λiPi la famille des λi sera toujours suppos´ee v´erifier l’´egalit´e λ =1 sans que cela soit rappel´e. i Formes affines et hyperplans affines. On appelle forme affine sur X toute application affine de X vers k. Tout hyperplan affine est le noyau d’une forme affine surjective, c’est-`a-dire non constante (puisque l’image d’une telle forme est un sous-espace affine de k, donc est r´eduite a` un point ou bien´egale `a k lui- mˆeme). R´eciproquement le noyau de toute forme affine surjective sur X est un hyperplan affine. Deux formes affines surjectives ϕ et ψ d´eterminent le mˆeme hyperplan si et seulement si il existe un scalaire non nul λ tel que ϕ = λψ. 1 Pour tout (n+1)-uplet (a ,...,a ) il existe une et une seule forme affine ϕ 0 n sur X telle que ϕ(P )=a . De l’unicit´e d’une telle ϕ on d´eduit imm´ediatement i i que ϕ est constante si et seulement si les ϕ(P ) sont tous ´egaux. Se donner i uneformeaffinenonconstanterevientdonca`sedonnerunefamilledescalaires (a ,...,a )nontous´egaux;ondirad’unetellefamillequ’elleestnonconstante. 0 n La form(cid:2)e d´etermin(cid:2)´ee par une telle famille est l’application de X dans(cid:2)k qui envoie λiPi sur aiλ(cid:2)i.L’hyperplanqu’elled´e(cid:2)finitestl’ensembledes λiPi ou` la famille λ v´erifie a λ = 0, et bien suˆr λ = 1. Notons qu’une telle i i i i famille existe to(cid:2)ujours : en effet comme les ai ne son(cid:2)t pas tous ´egaux la forme lin´eaire (λ )(cid:2)→ λ a n’est pas colin´eaire `a (λ )(cid:2)→ λ et donc leurs noyaux i i i i i respectifs sont deu(cid:2)x hyperplans vectoriels distincts de kn+1. En particulier le n(cid:2)oyau de (λi) (cid:2)→ λiai contient au m(cid:2)oins un ´el´ement (λ0,...,λn) tel que λ (cid:1)=0. En divisant chacun des λ par λ on obtient bien un (n+1)-uplet i i i qui satisfait aux conditions requises. A partir de maintenant on suppose que X est de dimension 2. C’est donc un plan affine, et les hyperplans affines de X sont les droites affines. Donnons-nousdeuxfamillesnonconstantesdescalaires(a0,a(cid:2)1,a2)et(b0,b1,b2). (cid:2)Notons Da (resp. Db) la droite affine de X d’´equation aiλi = 0 (resp. b λ =0). Remarquons que la matrice i i (cid:3) (cid:4) a a a 0 1 2 b b b 0 1 2 est non nulle d’apr`es l’hypoth`ese faite sur les a et les b . i i Cette matrice est de rang 1 si et seulement si la famille de ces deux lignes est li´ee. Comme les lignes en question sont toutes deux non nulles (parce que les a ne sont pas tous´egaux, et les b non plus) ceci´equivaut a` l’existence d’un i i scalaire non nul λ tel que (a ,a ,a ) = λ(b ,b ,b ), c’est-`a-dire a` l’´egalit´e des 0 1 2 0 1 2 droites D et D . a b Supposons que D et D sont distinctes, c’est-`a-dire, d’apr`es ce qui pr´ec`ede, a b que la matrice (cid:3) (cid:4) a a a 0 1 2 b b b 0 1 2 est de rang 2. L’espace D(cid:16) des solutions (dans k3) du syst`eme lin´eaire qu’elle d´efinit est donc de dimension 1. Soit (x ,y ,z ) un ´el´ement non nul de cet 0 0 0 espace de solutions; notons que D(cid:16) =k(x ,y ,z ). Deux cas se pr´esentent : 0 0 0 • Six0+y0+z0 =0alor(cid:2)spourtoutλa(cid:2)ppartenanta`kl’onaλx0+λy0+λz0 = 0;lesdeux´equations aiλi =(cid:2)0et biλi =0n’ontdoncaucunesolution commune (λ ,λ ,λ ) telle que λ =1. En cons´equence D et D ne se 1 2 3 i a b rencontrent pas : elles sont parall`eles. • Si x0+y0+z0 (cid:1)=0 alors il existe un et un(cid:2)seul λ apparten(cid:2)ant a` k tel que λx +λy +λz = 1; les deux ´equations a λ = 0 et b λ = 0 ont 0 0 0 i i i i 2 (cid:2) donc une et une seule solution commune (λ ,λ ,λ ) telle que λ = 1. 1 2 3 i En cons´equence l’intersection de D et D est un singleton. a b Position relative de trois droites. On se donne maintenant trois droites D ,D ,D dans X d’´equations respectives en coordonn´ees barycentriques a b c (cid:5) (cid:5) (cid:5) a λ =0, b λ =0et c λ =0, i i i i i i ou` les familles (a ),(b ) et (c ) sont non constantes. Soit M la matrice i i i   a a a 0 1 2   b b b . 0 1 2 c c c 0 1 2 OnsupposequeD ,D etD sontdeux a` deux distinctescequisignifie,comme a b c on l’a vu plus haut, que les 3 matrices 2×3 qui peuvent ˆetre extraites de M sont toutes de rang 2 (et le rang de M lui-mˆeme est donc 2 ou 3). On note D(cid:16) a,b la droite vectorielle de k3 form´ee des solutions du syst`eme a λ +a λ +a λ = 0 0 0 1 1 2 2 b λ +b λ +b λ = 0 0 0 1 1 2 2 et on d´efinit D(cid:16) et D(cid:16) de mani`ere analogue. a,c b,c Proposition. Avec les hypoth`eses et notations ci-dessus les propositions suiv- antes sont ´equivalentes : i) La matrice M est de rang 2. ii) Les droites D ,D ,D sont concourantes ou parall`eles. a b c D´emonstration.Montronsi)⇒ii).SiM estderang2l’espacedessolutions dans k3 du syst`eme lin´eaire associ´e est une droite vectorielle D(cid:16). Comme cet espace est inclus dans D(cid:16) de mani`ere ´evidente il est en fait ´egal `a D(cid:16) pour a,b a,b desraisonsdedimension;demˆemeilest´egal`aD(cid:16) etD(cid:16) .Soit(x ,y ,z )un a,c b,c 0 0 0 ´el´ement non nul de D(cid:16). Alors D(cid:16) =D(cid:16) =D(cid:16) =k(x ,y ,z ) a,b b,c a,c 0 0 0 et l’´etude de l’intersection de deux droites faite ci-dessus montre alors que si x +y +z (cid:1)= 0 les droites D ,D et D sont concourantes et que dans le cas 0 0 0 a b c contraire elles sont parall`eles. Montronsmaintenantii)⇒i).Silestroisdroi(cid:2)tessontconcourantesilexiste une solution commune (λ ,λ ,λ ), avec de plus λ = 1, aux trois ´equations 0 1 2 i de D ,D et D . Ce triplet (λ ,λ ,λ ) est en particulier une solution non nulle a b c 0 1 2 3 du syst`eme lin´eaire d´efini par M; le rang de cette derni`ere ne peut donc ˆetre ´egal `a 3, et est par cons´equent ´egal `a 2. Si les trois droites sont parall`eles alors D(cid:16) est, toujours d’apr`es l’´etude a,b de l’intersection de deux droites faite ci-dessus, de la forme k(x ,y ,z ) ou` 0 0 0 (x ,y ,z ) est non nul et v´erifie x +y +z =0. De mˆeme D(cid:16) est de la forme 0 0 0 0 0 0 a,c k(x ,y ,z ) ou` (x ,y ,z ) est non nul et v´erifie x +y +z = 0. Les vecteurs 1 1 1 1 1 1 1 1 1 (x ,y ,z ) et (x ,y ,z ) sont donc tous deux dans l’espace P(cid:16) des solutions 0 0 0 (cid:2)1 1 1 de l’´equatio(cid:2)n aiλi = 0. Ils sont aussi tous deux dans le plan vectoriel Q(cid:16) d’´equation λi(cid:2)= 0. Or comme la famille (ai) est(cid:2)non constante la forme lin´eaire (λ ) (cid:2)→ a λ n’est pas colin´eaire `a (λ ) (cid:2)→ λ . On en d´eduit que i i i i i les plans P(cid:16) et Q(cid:16) de k3 sont distincts, et donc que leur intersection est une droite vectorielle. La famille ((x ,y ,z ),(x ,y ,z )) est de ce fait li´ee, et donc 0 0 0 1 1 1 (x ,y ,z ) appartient a` D(cid:16) . Ce triplet non nul annule par cons´equent les trois 0 0 0 a,c lignesdusyst`emed´efiniparM,d’ou`ild´ecoulequeM estderang2.Ceciach`eve la d´emonstration. (cid:1) Le th´eor`eme de Menelau¨s. On se donne un corps k, un plan affine X sur k etuntriangle(ABC)dansX;letriangleestsuppos´enond´eg´en´er´e,c’est-`a-dire que les 3 points A,B et C ne sont pas align´es. On se donne trois points A(cid:1),B(cid:1) et C(cid:1) respectivement situ´es sur (BC), (CA) et (AB), aucun des trois n’´etant ´egal `a A,B ou C. Le th´eor`eme affirme alors l’´equivalence entre les assertions i) Les points A(cid:1),B(cid:1) et C(cid:1) sont align´es. ii) A(cid:1)BB(cid:1)C C(cid:1)A =1. A(cid:1)C B(cid:1)AC(cid:1)B(cid:1) Comme (ABC) est non d´eg´en´er´e il constitue un rep`ere affine, dans lequel on va travailler. Le point A(cid:1) ´etant situ´e sur la droite (BC) on peut ´ecrire A(cid:1) = λA(cid:1)B+νA(cid:1)C et de mˆeme B(cid:1) =λB(cid:1)A+νB(cid:1)C et C(cid:1) =λC(cid:1)A+µC(cid:1)B. Les points A(cid:1),B(cid:1)etC(cid:1)sontalign´essietseulementsiilexisteuneformeaffinenonconstante annulant chacun de leurs syst`emes de coordonn´ees barycentriques, autrement ditsietseulementsiilexisteuneformelin´eairenonnulleannulantchacunedes lignes de la matrice   0 µA(cid:1) νA(cid:1)   λB(cid:1) 0 νB(cid:1) . λC(cid:1) µC(cid:1) 0 LespointsA(cid:1),B(cid:1)etC(cid:1)sontencons´equencealign´essietseulementsiled´eterminant delamatriceci-dessusestnul.Enled´eveloppantparrapporta`l’unedescolonnes on voit que cette annulation ´equivaut a` l’´egalit´e λB(cid:1)µC(cid:1)νA(cid:1) =−νB(cid:1)λC(cid:1)µA(cid:1). 4 Comme A(cid:1) =µA(cid:1)B+νA(cid:1)C un calcul simple montre que A(cid:1)B =−νA(cid:1). A(cid:1)C µA(cid:1) On´etablitdeuxautres´egalit´esanaloguesd’ou`l’ontireimm´ediatementl’´equivalence des formules λB(cid:1)µC(cid:1)νA(cid:1) =−νB(cid:1)λC(cid:1)µA(cid:1) et A(cid:1)BB(cid:1)C C(cid:1)A =1. A(cid:1)C B(cid:1)AC(cid:1)B(cid:1) Le th´eor`eme de Ceva. On part de la mˆeme situation que ci-dessus : (ABC) est un triangle non d´eg´en´er´e d’un plan affine X sur un corps k et l’on d´esigne par A(cid:1),B(cid:1) et C(cid:1) trois points de X respectivement situ´es sur (BC), (CA) et (AB), aucun des trois n’´etant ´egal `a A,B ou C. Le th´eor`eme de Ceva affirme alors l’´equivalence des assertions suivantes : i) Les droites (AA(cid:1)),(BB(cid:1)),(CC(cid:1)) sont parall`eles ou concourantes. ii) A(cid:1)BB(cid:1)C C(cid:1)A =−1. A(cid:1)C B(cid:1)AC(cid:1)B Le triangle (ABC) ´etant non d´eg´en´er´e on travaille la` encore dans le rep`ere affine qu’il d´efinit. Exactement comme lors de la d´emonstration du th´eor`eme de Menelau¨s l’on peut ´ecrire A(cid:1) = µA(cid:1)B +νA(cid:1)C,B(cid:1) = λB(cid:1)A+νB(cid:1)C et C(cid:1) = λC(cid:1)A + µC(cid:1)B. Cherchons l’´equation de la droite (AA(cid:1)) dans le rep`ere affine (ABC); il suffit de trouver une forme affine non constante nulle en A et en A(cid:1). Or les coordonn´ees de A sont (1,0,0) et celles de A(cid:1) sont (0,µA(cid:1),νA(cid:1)). On remarquequelaforme(λ,µ,ν)(cid:2)→νA(cid:1)µ−µA(cid:1)ν satisfaitauxconditionsrequises; sonnoyauestdoncladroite(AA(cid:1)).Onraisonnedemˆemepour(BB(cid:1))et(CC(cid:1)), et l’on voit que les trois droites ´etudi´ees peuvent ˆetre d´efinies par trois formes affines qui sont les trois lignes de la matrice   0 νA(cid:1) −µA(cid:1)  νB(cid:1) 0 −λB(cid:1) . µC(cid:1) −λC(cid:1) 0 Comme ces droites sont deux `a deux non confondues (cela r´esulte du fait que chacun des trois points A(cid:1),B(cid:1) et C(cid:1) est par hypoth`ese diff´erent de A, B et C) elles sont parall`eles ou concourantes si et seulement si le d´eterminant de la matrice ci-dessus est nul (d’apr`es l’´etude de la position relative de trois droites men´ee plus haut). On conclut en d´eveloppant le d´eterminant en question et en utilisantlemˆemeargument(surlesmesuresalg´ebriques)qu’a`lafindelapreuve du th´eor`eme de Menelau¨s. 5 Barycentres et g´eom´etrie projective. Le lecteur attentif aura peut-ˆetre re- marqu´equ’uncertainnombredepointsmentionn´esicifontpenser`alag´eom´etrie projective:parexemple,lefaitquelebarycentred’unefamilledepointspond´er´es nechangepassionmultiplielalistedespoidsparunscalairenonnul,oubienle fait que la th´eorie traite de mani`ere analogue les triplets de droites parall`eles et de droites concourantes... Le but de ce qui suit est de comprendre le lien entre les points de vue barycentrique et projectif. SoitX unespaceaffinededimensionn.Identifions-lea`unsous-espaceaffine non lin´eaire d’un espace vectoriel E de dimension n+1; par exemple on se donne un rep`ere affine sur X et on envoie X dans kn+1 par l’application “liste des coordonn´ees barycentriques”, application(cid:2)qui induit un isomorphisme entre X et l’hyperplan affine de kn+1 d’´equation x = 1. D’une mani`ere g´en´erale i si X estunhyperplanaffinenon lin´eairede E ilpeuttoujoursˆetre´ecritcomme le lieu des points en lequel une certaine forme lin´eaire ϕ (a` laquelle on peut penser comme `a un poids) vaut 1. Le noyau de ϕ est alors isomorphe `a l’espace directeur X(cid:16) de X. Une famille (Q ) de points de X est un rep`ere affine de X si i et seulement si elles constitue une base de E. Si (Pi) est une fami(cid:2)lle de points de X et (αi) un(cid:2)e famille de scalaires preque tous nuls la somme αiPi a un sensdansE;si αi =1cettesommeestd(cid:2)ansX (appliquerϕ)etl’onretrouve l(cid:2)e barycentre de la famille des (Pi,αi). Si αi est un scalaire λ n(cid:2)on nul alors α P est´egal`aλGou`Gestlebarycentredelafamille(P ,α ).Si α =0on i i i i i trouveun´el´ementdeX(cid:16) (parexemplesiP etQsontdeuxpointsdeX l’´el´ement Q−P de E est bien suˆr le vecteur P(cid:16)Q de X(cid:16)). Consid´erons maintenant l’espace projectif P(E), quotient de E−{0} par la relation de colin´earit´e. L’espace X est inclus dans E−{0} et la restriction a` X de l’application quotient E−{0}→P(E) est injective. Ainsi X s’identifie a` un espaceaffinedeP(E).L’imaged’un´el´ementxdeE−{0}dansP(E)appartient `aX sietseulementsiϕ(x)(cid:1)=0;etdanscecasl’imagedexdansP(E)est´egale `a celle de l’´el´ement x/ϕ(x) de X. Le compl´ementaire de X dans P(E) est donc l’hyperplan projectif P(X(cid:16)). Soit (Pi) une(cid:2)famille de points de X et (αi) une famille de scalaires presqu(cid:2)e tous nuls. Si (cid:2)αi (cid:1)= 0 le barycentre de la famille (P ,α ) est bien d´efini. Si α =0 mais si α P (cid:1)=0 dans E, ce qui sera par i i i i i exemple le cas si les P forment un rep`ere affine de X et si les α sont non tous i i nuls,onpeutencored´efi(cid:2)nirle“barycentre”d(cid:2)elafamille(cid:2)depoints(Pi,α(cid:2)i)comme l’image dans P(E) de α P . Comme ϕ( α P ) = α ϕ(P ) = α = 0 i i i i i i i cette image appartient `a l’hyperplan projectif P(X(cid:16)). Elle est donc “rejet´ee `a l’infini” et ne change pas si l’on multiplie chacun des α par un scalaire non i nul. Exemples. Si P et Q sont deux points distincts de X le “barycentre” de ((Q,1),(P,−1)) correspond d’apr`es ce qui pr´ec`ede `a l’image de P(cid:16)Q dans l’hy- perplan a` l’infini P(X(cid:16)). Si l’on voit “l’hyperplan a` l’infini” en question comme l’ensemble des directions de droites vectorielles de X, le “barycentre” de la famille ((Q,1),(P,−1)) est donc le point correspondant a` la direction de la droite (PQ); c’est encore si l’on pr´ef`ere le “point a` l’infini” de cette mˆeme 6 droite. Ph´enom`enes amusants en caract´eristique 2 et 3. Notons que si la caract´eristique de k est 2 on a 1 = −1 et ce que l’on vient de d´efinir est en quelquesortel’“isobarycentre”deP etQ:en caract´eristique 2 le “milieu” d’un bipoint(P,Q)avecP etQdistinctsestdonclepoint`al’infinideladroite(PQ). Ainsi dans un triangle (ABC) en caract´eristique 2 la “m´ediane” issue de A est ladroitepassantparAetparall`ele`a(BC),etidempourlesdeuxautres.Atitre d’exercice donnez-vous explicitement (avec des coordonn´ees) un tel triangle et v´erifiez que les “m´edianes” ainsi d´efinies concourent bien en l’isobarycentre (au sens classique cette fois car 1+1+1(cid:1)=0 en caract´eristique 2) du triangle. Sil’onestencaract´eristique3lemilieud’unbipointestbiend´efini(caralors 1+1 (cid:1)= 0), et l’on peut donc parler de m´ediane au sens classique... par contre l’isobarycentre d’un triangle (en lequel les m´edianes sont cens´ees concourir) est rejet´e `a l’infini puisque 1+1+1 = 0. On peut v´erifier que les m´edianes d’un triangleencaract´eristique3serencontrenteffectivementencet“isobarycentre” maiscommeilest`al’infinicelasignifiequ’ellessont...parall`elessil’onrestedans le plan affine! La` encore, vous pouvez le v´erifier par un calcul explicite sur un exemple de votre choix. Remarque. Si la caract´eristique de k est diff´erente de 2 le milieu d’un bipoint (AB) est l’unique point C(cid:1) tel que AC(cid:1) +BC(cid:1) = 0. Si A(cid:1), B(cid:1) et C(cid:1) sont les milieux des cˆot´es d’un triangle non d´eg´en´er´e (ABC) alors le th´eor`eme de Ceva permetdeconclurequelesm´edianessont...concourantesouparall`eles!Etcequi pr´ec`ede montre qu’il faut se garder d’exclure ce dernier cas, ce qu’on pourrait avoir tendance a` faire spontan´ement. Un dernier exercice. Si vous le souhaitez vous pouvez faire l’exercice suivant qui montre que “faire de la g´eon´etrie affine, c’est la mˆeme chose que faire de l’alg`ebre lin´eaire en dimension un de plus, en s’´etant fix´e une forme lin´eaire.” Vousaviezpeut-ˆetred´ej`afaitceconstat,lecalculencoordonn´eesbarycentriques consistant essentiellement en de l’alg`ebre lin´eaire en dimension “un de plus”, avec une attention toute particuli`ere apport´ee `a la forme lin´eaire “somme des coordonn´ees”. Voici l’exercice : soit k un corps, soient E et F deux k-espaces vectoriels, et soient ϕ (resp. ψ) une forme lin´eaire non nulle sur E (resp. F). On note X (resp. Y) le sous-espace affine de E (resp. de F) form´e des x en lesquels ϕ (resp. ψ) vaut 1. Montrez que l’application u (cid:2)→ u|X ´etablit une bijection entre l’ensemble des applications k-lin´eaires de E dans F v´erifiant ψ◦u = ϕ et l’ensemble des applications affines de X vers Y. 7

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