ETUDE SUR LA CONCURRENTIABILITE DU SECTEUR DU CIMENT VOLET 2 DONNEESDETERMINANTESETINDICES DECONCURRENTIABILITEET/OUDENON CONCURRENTIABILITEDUMARCHE ETUDESURLACONCURRENTIABILITEDUSECTEURDUCIMENT VOLET II:Donnéesdéterminantesetindicesdeconcurrentiabilité et/oudenonconcurrentiabilitédumarché SOMMAIRE INTRODUCTION................................................................................................................3 MISSION 1:DEGREDECONCENTRATIONDUMARCHE.....................................................6 I. Partsdemarchéetindicedeconcentration...........................................................6 II. Pouvoirdemarchédesentreprisesdominantes..................................................11 MISSION 2:ASPECTSHORIZONTAUXDELACONCURRENCE ........................................... 18 I. Barrièresd’accèsaumarché.................................................................................18 II. Analysedesentréessurlemarché........................................................................22 III. Analysedesmécanismesdelaconcurrence.........................................................29 MISSION3:ASPECTSVERTICAUXDELACONCURRENCE.................................................. 32 I. Chaînedecommercialisation................................................................................32 II. Problèmesetrestrictionséventuelles...................................................................35 MISSION 4: PERCEPTION DE LA CONCURRENTIABILITE DU MARCHE CONCERNE PAR LES OPERATEURS:AVISDESOPERATEURSINTERESSES........................................ 42 CONCLUSION.................................................................................................................. 51 Bibliographie&Webographie..................................................................................................58 ANNEXES ..................................................................................................................... 61 SIS-Consultants Page2 ETUDESURLACONCURRENTIABILITEDUSECTEURDUCIMENT VOLET II:Donnéesdéterminantesetindicesdeconcurrentiabilité et/oudenonconcurrentiabilitédumarché INTRODUCTION Dans le volet I de cette étude, nous avons étudié la structuration du marché du ciment au Maroc à travers un état des lieux. Il se caractérise par plusieurs éléments clés dont notamment le haut niveau capitalistique, la haute technicité de la production, ainsi que la tailleimportantedesentreprisesintervenantdanslesecteur. Historiquement, le marché marocain du ciment est en progression constante, sauf période de crise, avec des taux de croissance rarement vus dans d’autres secteurs (7,2% dans la dernière décennie). Cette croissance est due principalement, aux efforts enregistrés au niveau de deux secteurs, celui de l’habitat, suite à la relance du programme du logement social à travers des mesures fiscales plus incitatives, et celui des travaux publics, grâce aux investissements publics dans les infrastructures lourdes, notamment les ports, les aéroports etlesautoroutes. Le secteur est cependant caractérisé aussi par le faible nombre d’intervenants. Malgré le taux de croissance important et la libéralisation du secteur depuis la fin des années quatre- vingt, il n’y a aujourd’hui que cinq entreprises qui interviennent dans ce secteur. En effet, avant l’arrivée de «Ciment de l’Atlas», filiale du groupe ADDOHA, le secteur comptait quatre opérateurs adossés à des firmes multinationales qui maîtrisent totalement la technologiedeproductionducimentàl’échellemondiale. L’approvisionnementenmatièrespremièresestrelativementsimple,puisqu’essentiellement constitué de produits de carrières de calcaire; mais ces matières premières sont en même temps à l’origine d’une contrainte spécifique, à savoir l’implantation géographique qui obéit entre autres à l’existence de cette carrière. Par ailleurs, le poids du produit fini limite l’aire géographique d’intervention de ces entreprises du fait des coûts de transport. C’est ce même facteur qui explique la faiblesse des importations, tandis que la faiblesse des exportations s’explique par la forte demande marocaine, ce qui en fait une industrie éminemment nationale, en plus du court délai de conservation du ciment et des coûts de transportélevés. SIS-Consultants Page3 ETUDESURLACONCURRENTIABILITEDUSECTEURDUCIMENT VOLET II:Donnéesdéterminantesetindicesdeconcurrentiabilité et/oudenonconcurrentiabilitédumarché L’environnement juridique, quant à lui, est simplifié. Du fait de la non-intervention de l’Etat, l’industrieducimentrépondauxmêmesrèglesquen’importequelleautreindustrie;hormis lataxespécialesurlecimentdestinéeàfinancerleFondsdeSolidaritépourl’Habitat. L’essentiel des ventes se fait à travers le négoce, les cimentiers ne pratiquant que pour une faiblepartlaventedirecteauxentrepreneursdelaconstruction. Néanmoins, la particularité de ce secteur réside indéniablement dans le faible nombre de producteursetleurrépartitiongéographique.Cetteparticularitétrouveuneexplicationdans l’histoire du secteur, depuis que l’Etat s’est trouvé dans l’obligation de participer financièrement à leur constitution, générant par là même une politique de zonage destinée àassurerl’approvisionnementdetouteslesrégionsduMaroc. Vient ensuite la libéralisation du secteur depuis1986 avec la politique de privatisation,quia permis l’entrée de groupes internationaux dans le tour de table des cimenteries et la constitution d’entreprises marocaines solides financièrement, capables d’accompagner l’essordelaconstructiondanscepays. Cette mutation s’estaccompagnée cependant defortescritiqueset suspicionsdela partdes clientsdescimentiersquileurreprochentunedominationpartagéedumarché. Il est vrai que ces critiques apparaissent comme fondées au regard de la régularité des prix et surtout des augmentations récurrentes, mais de là à conclure sur une absence de concurrence,voireàuneententeilliciteentrelescimentiers,encorefaudrait-illedémontrer. C’est l’objet de ce deuxième volet, où seront analysés les indices de concentration, les barrièresàl’entréeainsique lescomposantsstructurelsdecetteindustrie. Seront étudiéesaussi, la concurrence dans ses aspects horizontaux et verticaux, ainsi que la chaîne de commercialisation afin de pouvoir conclure sur l’état de la concurrence de ce secteur. SIS-Consultants Page4 ETUDESURLACONCURRENTIABILITEDUSECTEURDUCIMENT VOLET II:Donnéesdéterminantesetindicesdeconcurrentiabilité et/oudenonconcurrentiabilitédumarché Nous verrons ainsi que l’étude des constituants des prix et celle des circuits de commercialisation plaide en faveur d’un marché ouvert. Il faut aussi reconnaître que nous avons été reçus par les staffs respectifs des cimentiers et l’accès aux données nous a été facilité. Le principal échec réside dans la non communication des tarifs de vente, sauf pour Holcimquinouslesamisàdisposition. Mais nous verrons aussi que nous restons face à des questions qui nécessitent de rester vigilants: les prix au Maroc sont élevés et plus qu’ailleurs, les marges dégagées sont très confortables, et le nombre des cimentiers est étonnamment stable depuis l’indépendance du pays et jusqu’en 2010 où on assiste à l’arrivée d’un cinquième producteur et à l’annonce del’arrivéeprochained’unsixièmeetd’unseptième. Ces arrivées devraient changer considérablement la configuration du marché, en le mettant dansunesituationd’excèsdel’offreparrapportàlademande. SIS-Consultants Page5 ETUDESURLACONCURRENTIABILITEDUSECTEURDUCIMENT VOLET II:Donnéesdéterminantesetindicesdeconcurrentiabilité et/oudenonconcurrentiabilitédumarché MISSION 1: DEGRE DE CONCENTRATION DU MARCHE La concentration économique et financière desentreprises est le processus qui permet à un nombre de plus en plus restreint d’entreprises de grande taille d’alimenter une part importantedesmarchés. Autrement dit, la concentration d'un marché est la concentration du nombre d'entreprises etdeleurspartsrespectivesdelaproductiontotaledansunmarché. I. Partsdemarchéetindicedeconcentration a. Partsdemarché(PDM) La part de marché et la croissance de celle-ci comparée à l'évolution de celles des divers concurrents, sont des critères fondamentaux de performance des entreprises qui nous permettrontdecalculerparlasuitelesindicesdeconcentration. Graphe1:Evolutiondelapartdemarchéducimentdesopérateurssurlapériode2005-2009 (Source:lescimentiers) Le Graphe 1 montre clairement que Lafarge Maroc conserve la première place en tant que leaderdumarchéducimentavecunepartdeprèsde40%. SIS-Consultants Page6 ETUDESURLACONCURRENTIABILITEDUSECTEURDUCIMENT VOLET II:Donnéesdéterminantesetindicesdeconcurrentiabilité et/oudenonconcurrentiabilitédumarché Ciments du Maroc vient en seconde place avec une part de marché égale à 25,6% en 2009. Holcim Maroc quant à elle, occupe la troisième position sur le marché cimentier avec une part de marché de 25,4% en 2009 contre 23,08% en 2005. Les parts de marché perdues par CimentsduMarocsemblentbénéficieràHolcim. AsmentTemaravientendernièrepositionavecunepartdumarchénedépassantpasles9% entre2005et2009. Malgrécesquelquesvariations,cequiestremarquable,c’estlastabilitérelativedespartsde marché de chaque producteur. On a l’impression que les opérateurs du secteur évoluent de manière identique sans qu’il y ait une tendance à la modification des parts du marché du ciment. Il y a quand même une progression d’Holcim qui semble récupérer les pertes de marché du Ciments du Maroc et Asment Temara. Au vu de ces résultats on peut sans hésitationparlerdetendanceoligopolistiquedanslesecteurduciment. Structurationdumarchépartypedeproduit Le produit dominant pour l’ensemble du secteur est le CPJ 45, il représente à lui seul 62% des ventes en 2008 et 2009 (il est passé de 6,85 millions de tonnes en 2009 à 6,61 millions en 2010). Vient ensuite le CPJ 35 avec 34% en 2008 et 32% en 2009 (recul de 5%, à 3,34 millionsdetonnesdûaufléchissementconstatédanslesecteurdel’immobilier). D’autres types de ciment sont commercialisés, mais ils ne représentent qu’une part infime del’activitédesentreprises. On retiendra que les CPJ 35 et 45 représentent 94% des volumesde production et de vente, etl’étudedecesseulesvariétésrevientàétudierlatotalitédusecteur. On retrouvera approximativement la même répartition pour chacun des producteurs. Cette répartition quasiment identique dans les types de produit chez les cimentiers prouve qu’il n’yapasdespécialisationdanstelleoutellegamme. SIS-Consultants Page7 ETUDESURLACONCURRENTIABILITEDUSECTEURDUCIMENT VOLET II:Donnéesdéterminantesetindicesdeconcurrentiabilité et/oudenonconcurrentiabilitédumarché Cependant, nous remarquons qu’en fonction de la taille de l’entreprise il peut y avoir des différencesrelativesàlastructuredelaproductiondechaquecimentier: - Lafarge, le plus gros producteur, commercialise 7 produits du ciment. Même si 95% desaproductionresteconcentréssurleCPJ35,CPJ45etCPJ55,les5%restantsvont auxautrestypesdecimentCPJ45PMetleCPA55; - Holcim et Ciments du Maroc se concentrent exclusivement sur les 3 premiers types deciment(CPJ35,CPJ45etCPJ55); - Quant à Asment Temara de taille beaucoup plus réduite, elle ne fabrique que le CPJ 35etCPJ45. Cetteabsencedespécialisationsignifiequelemarchémarocainresteouvertàtouslestypes deproduitenfonctiondelatailleetdeschoixstratégiquesdechaqueentreprise. b. Indicesdeconcentration La concentration d'un marché se mesure à travers le nombre d'entreprises et de leurs parts respectives de la production totale dans ce marché. Calculer les indices de concentration revientalorsàdéterminerleniveaudeconcentrationdecemarché. Utiliser les indices de concentration peut sembler inutile pour le secteur du ciment compte tenu du faible nombre d’intervenants. Nous verrons qu’en ne prenant qu’un seul opérateur, nous sommes déjà face à 40% de la production et nous sommes face à 90% avec les trois premiers.Cependant,ilnoussembleutiledecalculercesindicesdansunsouciderigueur. Ainsi,nousallonsretenirdeuxindicesdemesuredeconcentrationàsavoir: Leratiodeconcentration(CR )1etL’indicedeHirschman-Herfindahl(IHH)2. K 1 C’estlepourcentagedepartdemarchédétenueparlesgrandesentreprisesdansuneindustrie.CR = .(Oùs est k i lapartdemarchédel'entrepriseietkestlenombred'entreprisesretenues)Pourlecalculer,nousallonsretenirk=2etk=3 SIS-Consultants Page8 ETUDESURLACONCURRENTIABILITEDUSECTEURDUCIMENT VOLET II:Donnéesdéterminantesetindicesdeconcurrentiabilité et/oudenonconcurrentiabilitédumarché Tableau1:EvolutiondesindicesdeconcentrationCR ,CR etIHHsurlapériode2005-2009 2 3 CR CR IHH 2 3 2005 68,1% 91,18% 3010 2006 68,8% 91,43% 3053 2007 69,1% 91,75% 3080 2008 67,1% 92,00% 3035 2009 66,5% 91,90% 3039 Source:CalculSIS-Consultants 1. Leratiodeconcentration(CR ) K Le ratio de concentration (CR ) des deux plus grandes entreprises, mesuré sur la base de 2 leurs parts de marché, s’élève à 66,5 % en 2009, tandis que celui des trois plus grands opérateurscimentiersreprésente91,90%dumarché. Ces résultats montrent à l’évidence un niveau de concentration important: au-delà du seuil de 35% considéré par les autorités américaines de la concurrence, il est remarquable que le secteur soit d’abord dominé par une entreprise qui réalise à elle seule au-delà de 40% sur toute la période étudiée, en l’occurrence Lafarge Maroc. L’autre résultat remarquable est que la 2ème et la 3ème entreprises, à savoir Ciments du Maroc et Holcim, représentent à elles seules 50% du marché. Ce qui explique que le CR dépasse les 90%. La 4ème entreprise, 3 AsmentTemara,nereprésentequemoinsde9%etsapartrelativebaisseenpassantde8,82 à8,10%en2009. 2. L’indicedeHirschman-Herfindahl(IHH) Calculé d’après les parts de marché des opérateurs cimentiers, l’indice Herfindahl-Hirshman («IHH»)s’élèveà3039en2009,unchiffrecaractéristiqued’undegrédeconcentrationélevé. 2 Mesurelaconcentrationdumarchéenadditionnantlecarrédespartsdemarchédetouteslesentreprisesdusecteur considéré.Plusl'IHHd'unsecteurestfort,pluslaproductionestconcentrée.IHH= SIS-Consultants Page9 ETUDESURLACONCURRENTIABILITEDUSECTEURDUCIMENT VOLET II:Donnéesdéterminantesetindicesdeconcurrentiabilité et/oudenonconcurrentiabilitédumarché L’indice IHH montre un niveau de concentration très important puisque le IHH > 2000. On peutdoncparlerd’uneforteconcentration. Par ailleurs,on remarque que cette concentration a eu tendance à augmenter entre 2005 et 2007passantde3010à3080pourbaisserensuiteen2008et2009.Malgrécettetendanceà la baisse, la valeur de l’IHH de 2009 est supérieure à celle de 2005; ce qui prouve que nous sommesdansunmarchéconcentrésanstendanceàladéconcentration. A l’évidence, on assiste à une double concentration: une première concentration qui réside dans le fait qu’il n’existe aujourd’huique quatre opérateurs3 sur le marché marocain,et une deuxième du fait que parmi ces quatre opérateurs, Lafarge détient 41% de parts de marché, viennentensuiteHolcimetCimentduMarocavecplusdelamoitiédesPDMetenfinAsment Temaraavecmoinsde9%. Si les indices tendent à prouver qu’il y a une forte concentration selon les définitions américaines, ces indices sont influencés par le faible nombre d’opérateurs. Par ailleurs, les informationsdontnousdisposonsaujourd’huiindiquentquedeuxnouveauxopérateurssont arrivéssurcemarché,l’unenphasedeproductiondepuislemoisd’avriletl’autreenvoiede l’êtrebientôt.Ilfautnoteraussil’arrivéeimminentedel’espagnolLubasaàSidiKacem. Cesnouveauxarrivantsinspirentdeuxcommentaires: d’une part un changement radical de la configuration de la production du ciment au Marocavecun quasi-doublement du nombre des opérateurs, et d’autre part l’impression que les barrières à l’entrée sont toutes relatives. Il sera très intéressant de recalculer les indices de concentration lorsque les sept seront en production. Tout va se jouer sur la capacité de réaction des producteurs historiques. 3Quatreopérateursducimentaucoursdelapériodedel’étude2005-2009. SIS-Consultants Page10
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