Étude des solides par annihilation de positons Ch. Janot To cite this version: Ch. Janot. Étude des solides par annihilation de positons. Revue de Physique Appliquée, 1976, 11 (1), pp.89-100. 10.1051/rphysap:0197600110108900. jpa-00244048 HAL Id: jpa-00244048 https://hal.science/jpa-00244048 Submitted on 1 Jan 1976 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. REVUE DE PHYSIQUE APPLIQUÉE TOME 11, JANVIER 1976, PAGE 89 ÉTUDE DES SOLIDES PAR ANNIHILATION DE POSITONS Ch. JANOT Laboratoire de Physique du Solide (L. A. n° 155) Université de Nancy I, C. O. n° 140, 54037 Nancy-Cedex, France Résumé. Les paramètres d’annihilation des positons dans la matière s’expriment directement 2014 en fonction des caractéristiques des électrons qui participent à l’annihilation. Dans les solides parfaits, l’expérience peut donc donner des informations sur la densité électronique, la quantité de mouvements des électrons et les structures de bande. La présence d’imperfections (lacunes, dislo- cations, impuretés, surfaces) modifie ces paramètres dont l’évolution constitue donc une traduc- tion des propriétés des défauts de réseau. Cependant, des problèmes théoriques et expérimentaux non totalement résolus de façon satisfaisante limitent parfois les conclusions à un aspect assez qualitatif. Abstract. 2014 The annihilation parameters of positrons in matter can be expressed as functions of the characteristics of electrons which are involved in the annihilation process. Then, in perfect solids, experiments may lead to useful information about electronic density, electron momentum and band structure. In solids containing lattice defects vacancies, dislocations, impurities, 2014 surfaces... 2014 these parameters are sensitively changed so that positron annihilation turns to be a promising method of studying imperfect crystals. However, both theoretical and experimental efforts are still needed to go further on than the sometimes purely qualitative aspect of the results which are obtained. 1. Introduction. - Le positon est l’antiparticule de par la présence d’imperfection dans le cas de solides l’électron dont, par conséquent, il possède la masse cristallisés. Plusieurs articles de synthèses ont été (mo c2 = 0,511 MeV) ; sa charge est égale à + e et il publiés assez récemment [1, 2, 3, 4, 5, 6] ; outre une possède un spin 1/2, avec un moment magnétique information scientifique détaillée, ils contiennent parallèle. un nombre impressionnant de références à des articles Si un positon pénètre dans la matière, il est rapi- originaux que nous ne citerons pas ici en détail. dement thermalisé par collisions élastiques et son Nous nous limiterons à une brève description des énergie décroît jusqu’à une valeur de l’ordre de kB T. bases physiques permettant d’utiliser l’annihilation Le temps de thermalisation dépend du type de maté- de positons dans l’étude de l’état solide, en mettant riau ; il est de l’ordre de 10-12 s dans les solides. Après l’accent sur les problèmes qui, semble-t-il, restent quoi, le positon s’annihile avec un électron assez imparfaitement résolus pour que la méthode puisse éloigné des ions positifs qui repoussent les positons être considérée comme rigoureusement quantitative par interactions coulombiennes ; ainsi, on peut en toutes circonstances. prévoir que l’annihilation se fera préférentiellement avec les électrons de conduction dans les métaux 2. Paramètres caractéristiques de l’annihilation d’une (de préférence au voisinage de zones lacunaires ou paire positon-électron. - 2.1 LES DIFFÉRENTS PROCES- d’impuretés de plus faible valence) avec des électrons SUS D’ANNIHILATION. - 2.1.1 Annihilation libre. - extérieurs des ions négatifs dans les cristaux ioniques, L’annihilation d’une paire positon-électron se fait et près des régions de faible densité dans les solides avec émission de photons dont l’énergie doit être moléculaires. de l’ordre de mo c’ = Q,511 MeV, bien supérieure Dans la plupart des cas, l’annihilation d’une paire à l’énergie initiale de l’électron (quelques eV) et du positon-électron se fait avec l’émission de deux pho- positon (une fraction de eV). Le centre de masse du tons y. Les paramètres caractéristiques du processus système peut donc en première analyse être consi- d’annihilation sont : déré comme au repos et doit le rester après l’anni- hilation, ce qui implique l’émission d’au moins deux la durée de vie du positon, - la corrélation angulaire des deux photons y, photons si aucune autre particule ne participe à la - réaction. le spectre d’énergie des photons y. - L’accroissement d’une unité dans le nombre de Ces paramètres sont sensibles à la structure élec- photons émis ou absorbés implique que la section tronique (densité et symétries) et fortement influencés efficace pour le processus est multipliée par un facteur Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:0197600110108900 90 de l’ordre de grandeur de la constante de structure tion de la parité, l’annihilation libre à 2 y des positons fine se fera avec des électrons de spin opposé.) Théoriquement, l’o.Ps est trois fois plus abondant que le p.Ps, mais certains processus de conversion peuvent modifier les intensités relatives des annihi- Le calcul exact indique que la section efficace Q3Y lations à 2 y et à 3 y : annihilation prématurée de pour le processus à 3 phonons est inférieure à 0,3 % l’o.Ps avec un électron autre que celui de l’atome de la section efficace U2,, pour le processus à deux (effet pick-off), échange de l’électron du Ps avec photons. l’électron célibataire d’une molécule’ paramagnétique champ On peut aussi envisager une annihilation avec (effet de quenching), action d’un magnétique émission d’un seul photon, à condition qu’un troi- qui provoque le mélange des états de nombre quanti- sième corps de masse M (noyau ou électron) participe que magnétique nul par effet Zeeman (la fraction au processus pour absorber le moment de recul. La d’annihilation à 3 y est alors réduite de 1/3 et les section efficace doit alors être multipliée par un annihilations à 2 y sont doublées). facteur de l’ordre de Ac 3 P où À,c est la longueur d’onde Le positonium ne peut se former que si les conditions Compton de l’électron et p la densité du milieu qui énergétiques sont favorables. Le schéma de la figure 1 absorbe le moment de recul. Il en résulte que Qy/Q2Y reste inférieure à 10- 9. En conclusion, l’annihilation libre d’une paire élec- tron-positon se fait pratiquement toujours avec émission de deux photons y. 2.1.2 Etat lié du positon : le positonium (Ps). - Le positon peut former un état lié avec un électron avant l’annihilation. La structure obtenue est alors analogue à celle d’un atome d’hydrogène et est appelée positonium de symbole Ps. Ses caractéristiques sont bien décrites par le modèle simple de Bohr, avec une masse réduite égale à m/2, FIG. 1. - Représentation schématique des conditions énergé- tiques de formation du positonium. donc une énergie d’ionisation de 6,8 eV et un rayon de 1,06 A pour la première orbite. Le Ps peut exister sous deux états : permet de décrire simplement ces conditions. Soit E.+ - un état triplet 3 S 1 ou ortho-positonium où les l’énergie du positon au moment où il rencontre un spins de l’électron et du positon sont parallèles, électron supposé dans un état lié de profondeur ; - et un état singulet ’So ou para-positonium où E+e doit être suffisante pour faire passer l’électron du les spins sont anti-parallèles. puits de profondeur dans un puits de profondeur La conservation de la parité permet de connaître E, - 6,8 eV + e représentant l’énergie de liaison du le nombre n de photons émis lorsque le Ps est détruit. positonium augmentée de l’affinité du matériau pour On a en effet : le Ps, donc Eé > El - EL ; mais Eé doit rester inférieure à EI et même inférieure à Eex, l’énergie du premier état excité de l’électron dans son puits, donc où Pc = (- 1)" est la parité de charge d’un système finalement : contenant n photons, PI = - 1 est la parité interne de la paire d’antiparticules, Pi = (- 1)’ = + 1 est la parité orbitale et P (7 = - (- 1)03C3 est la parité de spin Dans les cristaux moléculaires, E,,. et EI peuvent (- 1 pour le para-Ps et + 1 pour l’ortho-Ps). Il en être très voisins et la formation de Ps est énergétique- résulte que : ment possible, ainsi que dans les gaz. Mais dans les cristaux ioniques et surtout dans les métaux, on aura pratiquement toujours Fex ~ EI - EL et la condition (n pair pour l’annihilation du p.Ps) et de formation du Ps sera impossible à satisfaire, sauf pour les états de surface où El peut être très faible. (n impair pour l’annihilation du o.Ps). pos2i.t1o.n3 pAeuuttr esa uéstsait s sl’iaénsn iohui lpeiré gdéasn sd u dpeoss itéotna.t s- d iLtes Pratiquement, le para-positonium (’S,) s’annihile piégés, lorsque telle région d’un solide se montre avec émission de deux photons y et l’ortho-posito- plus particulièrement attractive, parce que la densité nium (3S1) avec émission de trois photons y. locale de charges négatives y est plus forte que la (Notons que, pour les mêmes raisons de conserva- moyenne. Ces annihilations localisées peuvent se 91 FIG. 2. - Principaux processus d’annihilation du positon. produire par exemple près des ions négatifs, des électron dans un état stationnaire a été calculée par lacunes d’ions positifs, des interstitiels d’ions négatifs Dirac : en ce qui concerne les cristaux ioniques, et près des défauts lacunaires en général dans les solides. Comme pour l’annihilation libre, et pour les mêmes raisons, les états piégés s’annihilent pratiquement avec émission de 2 photons y. La figure 2 résume ces différentes situations, avec leurs caractéristiques essentielles. Nous retiendrons avec que dans la plupart des cas, l’annihilation dans les solides se fait librement ou en états piégés, suivant un processus à 2 y. C’est surtout ce processus que nous allons analyser maintenant avec quelques détails. et 2.2 TEMPS DE VIE DU POSITON. - Dans un pro- cessus à 2 y, le taux d’annihilation À2y ou nombre moyen relatif d’annihilation par unité de temps dans le rayon classique de l’électron. l’unité de volume, peut être exprimé en théorie ciné- Comme v reste très faible devant la vitesse de la tique simple par : lumière, on a une bonne estimation en prenant : 03BB203B3 = (J2y vn- où v est la vitesse relative des deux particules et n - le nombre d’électrons par unité de volume au point soit d’annihilation. Le calcul exact requiert la connais- sance des fonctions d’onde du positon et des électrons en interactions entre eux et avec le milieu. Nous revien- drons plus loin sur cette question dont l’approche La durée de vie du positon est alors définie par dépend en fait du type de matériau où a lieu l’annihila- tion. La section efficace Q2y pour un positon libre et un 92 Même dans les milieux de densité électronique nium avec la matière. Notons enfin qu’un positonium très élevée comme les métaux, on obtient des valeurs isolé peut être considéré comme thermalisé, si bien pour ’t"2y ’" 10-1° s, très supérieures au temps de que l’annihilation se fait pratiquement à vitesse nulle thermalisation du positon (10-12 s). En annihilation du centre de masse du système. libre ou piégée, on peut donc considérer que le positon Mesure des temps de vie : est au repos et que v représente la vitesse de l’électron. La détection des y qui résultent de l’annihilation Pour le positonium, la fonction d’onde dans l’état indique avec précision l’instant de la disparition du fondamental s’écrit positon. Le temps zéro, ou instant de la naissance du positon, peut être obtenu en détectant le rayonne- ment p+ ou, mieux, grâce à un rayonnement y émis avec en cascade avec le fi’ à partir d’un niveau excité dont le temps de vie soit de l’ordre de 10-12-10-11 s. C’est ce qui se passe en particulier avec la source de positon 22Na, dont la figure 3 donne le schéma de ce qui permet de calculer n _ pour r = 0 de façon désintégration. exacte. L’enregistrement du nombre des coïncidences La relation (i) se réduit alors à : retardées en fonction du retard entre les y de nais- soit une durée de vie du para-positonium La durée de vie de l’ortho-positonium peut être déduite du rapport des sections efficaces U3,IU2. ; on obtient ainsi : Ces temps de vie du positonium correspondent à une annihilation de l’atome dans le vide et peuvent être sensiblement abrégés par interaction du posito- FIG. 3. - Schéma de désintégration du 22Na. FIG. 4. - Schéma d’un dispositif de mesure des temps de vie du positon. 93 sance (1,28 MeV) et les y d’annihilation (0,511 MeV) détectés par deux compteurs fournit le spectre de temps de vie du positon. La figure 4 donne le schéma de principe d’un dispositif de mesure du temps de vie. S’il existe un seul processus d’annihilation carac- térisé par un taux 03BB, la loi de répartition des annihila- tions dans le temps s’écrit : FIG. 5. Formes typiques de spectres de temps de vie du - positon N(t) ; P(t) est la courbe de résolution : a) une seule vie moyenne, b) deux vies moyennes. En représentation semi-logarithmique, la courbe N(t) est une droite de pente 03BB = -r - 1. Cependant, tionne en fait la possibilité d’analyser avec précision ce calcul suppose une résolution parfaite du système les spectres de temps de vie en leurs diverses compo- de détection. En pratique, la courbe obtenue doit santes éventuelles. être analysée comme le produit de convolution de Z . 3 DISTRIBUTION ANGULAIRE ET ÉNERGÉTIQUE DES Nd(et )l ’paappra rleai lfloangcet.ion de résolution dans le temps P(t) PHOTONS D’ANNIHILATION. - Dans le processus à 2 y, outre la vie moyenne du positon thermalisé, En présence de plusieurs processus d’annihilation l’annihilation libre peut être caractérisée par les dis- caractérisés par des taux Âi différents, le nombre tributions angulaire et énergétique des photons émis d’annihilations global sera donné par : au cours de l’annihilation. Si l’électron et le positon s’annihilaient au repos, les deux photons y seraient émis strictement à 1800 l’un de l’autre et emporteraient chacun une énergie Outre les valeurs des temps de vie 1: _ Ai- 1, la égale à mo c2 = 0,511 MeV. méthode de la pente permet en principe de déterminer Le positon thermalisé peut bien être considéré les intensités relatives li donc les proportions relatives comme s’annihilant au repos, mais l’électron possède des divers processus d’annihilation ; le nombre d’événe- une quantité de mouvement p-, si bien que les deux ments enregistrés pour chaque processus est en effet photons seront émis à 03C0 - 03B8 l’un de l’autre et pos- directement proportionnel à la surface Si située sous séderont une énergie mo c2 + AE de façon à ce que la droite qui lui correspond dans le spectre de temps soient respectées les lois de conservation. de vie. La figure 5 montre le type de courbes N(t) La technique de corrélation angulaire permet de et P(t) obtenues généralement. mesurer un taux d’annihilation N(8) en fonction de La mesure de temps de vie de l’ordre de 10-" s l’angle de divergence 6 entre les deux gammas. est actuellement presque à la limite des performances La figure 6 schématise un dispositif de corrélation techniques. L’amélioration dans ce domaine condi- angulaire. Deux détecteurs, l’un fixe, l’autre mobile FIG. 6. Représentation schématique d’un dispositif de corrélation angulaire. - 94 en rotation, sont disposés de part et d’autre de l’ensemble source-échantillon. Deux longues fentes parallèles collimatrices définissent l’angle solide sous lequel est vu l’échantillon par les détecteurs et la résolution (- 0,1 milli-radian) de l’appareil. On enregistre les coïncidences en fonction de l’angle 9. Comme p- ,...., 10- 2 Mo C@ 0 varie sur un intervalle de quelques dizaines de milli-radians. La figure 7 indique comment 8 peut être relié à la composante Pz de la quantité de mouvement de FIG. 8. Distribution angulaire des photons d’annihilation - dans 1"aluminium : 0 points expérimentaux ; ajustement - par une parabole plus une gaussienne. Remarque : Si l’annihilation à 2 y est précédée par FIG. 7. - Expression de la conservation de la quantité de la formation d’un atome de p.Ps, la quantité de mouvement. mouvement de la paire électron-positon est nulle au moment de l’annihilation. La courbe de corréla- tion angulaire s’enrichit alors d’un pic à 0 0 dont la l’électron annihilé, portée par la direction perpen- = surface relative donne la proportion de p.Ps formé diculaire aux fentes. On a (Fig. 9). On peut donc dire que le nombre de coïncidences N(e) correspond au nombre d’électrons annihilés avec une composante P,, = mo c6, quelles que soient les composantes Px et Py, soit où p(p) est la densité dans l’espace des moments des paires d’annihilation électron-positon. Si la distribution p(p) est isotrope, on a : FIG. 9. - Courbe de corrélation angulaire avec composante étroite à 0 = 0 due à la présence de positonium. Dans le cas où, de plus, p(p) = po est constante à l’intérieur de la surface de Fermi et nulle à l’extérieur La mesure de la distribution en énergie donne en principe les mêmes informations que les résultats obtenus par corrélation angulaire. Si l’on reprend, en effet, les schémas des figures 6 et 7, la conservation de la quantité de mouvement dans la direction Oy de l’émission des photons permet d’écrire : La courbe de corrélation angulaire est alors une parabole inversée, s’annulant pour l’angle où Py est la composante, dans la direction d’émission des gammas, de la quantité de mouvement de la où kF est le rayon de la sphère de Fermi. La figure 8 paire positon-électron avant annihilation. L’énergie montre l’écart à cette distribution dans le cas d’un des photons est donc échantillon d’aluminium. Dans le cas général, il faut connaître la fonction p(p) pour pouvoir inter- préter les données de corrélation angulaire. 95 En mesurant la distribution N(E) des photons émis en fonction de leur énergie, on obtient alors le nombre d’électrons annihilés avec une composante Py déterminée par (iv), quelles que soient les composantes Px et Pz, soit Pour des électrons ayant une énergie de quelque 10 eV, E - mo c2 est de l’ordre de 1,5 keV. L’utili- sation de détecteurs solides Ge (Li) permet d’avoir une résolution limite voisine de 1 keV pour les énergies de 0,511 MeV. Ceci est équivalent à une mesure de corrélation angulaire avec une résolution de quelques milliradians, soit une précision qui est moins bonne d’un ordre de grandeur. En dépit de cela, la techni- FIG. 10. - Distribution angulaire des photons d’annihilation dans le cuivre. que pourra être préférée dans certaines études à cause de sa grande simplicité de mise en oeuvre (un seul détecteur, pas de dispositif mécanique complexe Les spectres de temps de vie dans les solides dits comme en corrélation angulaire), la faible activité moléculaires comportent en général trois composantes des sources nécessaires (quelques mCi contre plusieurs bien distinctes, allant de 0,1 à 10 ns et qui sont curies en corrélation angulaire) et la possibilité d’avoir généralement interprétées commes dues à l’annihila- une accumulation rapide des données. tion accélérée par effet pick-off d’ortho-positonium Les progrès passent ici par la mise au point de pour le temps de vie le plus long, l’annihilation nor- détecteurs de très grande résolution. male de para-positonium pour le temps de vie le plus court, l’annihilation libre pour le temps de vie inter- 3. Annihilation de positons dans les solides. - médiaire ; le positonium se formerait dans les espaces 3.1 GÉNÉRALITÉS. - Dans un solide, le positon intermoléculaires où la densité électronique est très peut s’annihiler soit avec des électrons de conduction, faible. Bien qu’aucune théorie quantitative de ces soit avec des électrons liés, la première possibilité effets n’existe, la méthode peut être utilisée par exemple étant surtout particulière aux systèmes métalliques. dans le cas de changement de phases de polymères En effet, dans les métaux, le positon est fortement à l’état solide, par une sorte de mesure de l’évolution repoussé par les ions positifs du réseau, si bien que du volume libre intermoléculaire. la probabilité de trouver le positon est maximale Dans les solides ioniques, il existe aussi plusieurs dans les espaces compris entre les coeurs des ions où composantes dans le spectre de durée de vie. Mais les électrons de conduction se comportent prati- ici, la formation de positonium est exclue. Les dif- quement comme des électrons libres. Dans les métaux férents temps de vie sont souvent si proches l’un de alcalins, l’aluminium ou le gallium, par exemple, l’autre que l’analyse des résultats est très difficile. les courbes de corrélation angulaire mesurées sont L’ordre de grandeur de ces temps de vie est de 200 ps. bien des paraboles inversées, en bon accord avec la Les courbes de corrélation angulaire semblent indi- relation (iii) et les spectres de temps de vie donnent quer que dans des cristaux ioniques sans défauts, une seule composante avec 1 - 200 ps. Dans d’autres le positon s’annihile avec les électrons périphériques métaux cependant, tels le cuivre (Fig. 10) ou les des ions négatifs, mais l’hypothèse d’une fonction métaux de transition, la courbe de corrélation angu- d’onde du positon sous forme d’onde plane ne peut laire est en forme de cloche, avec une distribution être totalement rejetée. La localisation ou délocali- montrant une queue prolongée dans la région des sation du positon n’est donc pas, ici, un problème moments où p > PF. On attribue généralement résolu. cette composante large à l’annihilation des positons Le comportement du positon dans un métal avec les électrons dit de coeur ; cette notion est assez sans imperfection fait, comparativement, l’objet vague et contient en fait toute contribution électro- d’approches plus précises dont le paragraphe suivant nique ne participant pas à la composante parabolique. tentera de donner l’essentiel. L’analyse théorique en ce domaine n’est pas satisfai- sante et, de ce fait, l’exploitation des courbes de cor- 3. 2 ANNIHILATION DE POSITONS DANS LES MÉTAUX. - Dans la théorie simple qui conduit à l’expression (iii) rélation angulaire est parfois difhcile. Da ns les solides non métalliques, où presque tous d’une distribution parabolique pour la courbe de les électrons peuvent être considérés comme liés, corrélation angulaire, les hypothèses suivantes sont faites : il n’existe pas de théorie générale permettant d’inter- préter la distribution angulaire des gammas d’annihi- - l’annihilation se fait uniquement avec les lation. électrons de conduction, 96 - ces électrons de conduction sont totalement tion, la probabilité d’annihilation par unité de temps libres et représentés par une fonction d’onde à une avec émission d’une paire de photons de moment particule du type compris entre k et k + d’k est donnée par : - le positon est aussi une particule libre, sans interaction ni avec le réseau, ni avec les électrons, dans l’état k+ = 0 et, par conséquent, de fonction d’onde V1+(r) V-1/2. = où 03C8-(x) et 03C8+(x) sont les opérateurs de champ On peut s’étonner que, même pour les métaux d’Heisenberg, i > représente l’état initial de 1 posi- tels que les alcalins ou l’aluminium, l’accord entre ton et n électron, |f > tout état final possible conte- un modèle aussi simpliste et l’expérience puisse être nant les n - 1 électrons restant après l’annihilation, somme toute assez satisfaisant. Cet accord n’est V est le volume de normalisation. qu’apparent : En effectuant la somme sur les f >, on obtient En effet, de la relation (iii) on peut tirer la probabilité totale d’annihilation Le taux d’annihilation totale est obtenu en sommant sur toutes les valeurs de k, soit : soit ce qui exprime bien que la probabilité d’annihilation où aB est le rayon de Bohr et rs le rayon de la sphère est proportionnelle à la densité électronique sur le correspondant au volume libre occupé par un élec- positon, moyennée pour toutes les positions du positon. tron. Ce résultat appliqué à l’aluminium donne Dans le cas simple où l’état de chaque électron est 03C4 = 7,5 10-10 s, alors que l’expérience conduit décrit par une fonction #;(r) et l’état du positon par à 1,7 x 10- lOS. Pour les alcalins, le désaccord est une fonction 03C8+(r), la probabilité d’annihilation avec encore plus important, comme l’indique la courbe le 1 er électron est simplement proportionnelle au carré (a) de la figure 11. du module de la transformée de Fourier du produit des fonctions d’onde, soit La probabilité totale d’annihilation est obtenue en sommant sur tous les états et sur tous les électrons FIG. 11. - Comparaison entre les valeurs mesurées du taux On retrouve alors la valeur de à si on se place d’annihilation dans les métaux et les estimations théoriques : dans le modèle de Sommerfeld avec e points expérimentaux ; a) calcul sans interactions, b) calcul avec interaction directe et écrantage en R. P. A., c) influence des diffusions multiples, d), e) introduction de la self-consistance. Un calcul plus précis des = i-1 en introduisant On peut reprendre l’expression (viii) de A sous la successivement différents types d’interactions per- forme équivalente : met de mesurer l’importance de ces interactions pour la description correcte du positon dans le métal. En utilisant la notation de la seconde quantifica- 97 où Gep est la fonction de Green au zéro absolu de la que représente la courbe (c) de la figure 11 ; l’amélio- paire de particules électron-positon ration est sensible, au moins tant que rs reste inférieur à 5 UA. Pour les plus faibles densités électroniques, le modèle exagère l’effet des diffusions multiples ; ceci est certainement dû au fait qu’aucune relation de self-consistance n’est introduite entre les charges que l’on peut écrire déplacées autour du positon et l’écrantage de l’interac- tion électron-positon. - Un calcul self-consistant peut être fait en expri- mant la constante diélectrique du milieu en fonction du facteur de structure ou transformée de Fourier de la fonction statique de distribution de paire. Le calcul est classique pour un système d’électron. Son où extension à un système à deux composantes (positon- électron) [9] donne un résultat très proche du cas précédent (courbe « d » de la Fig. 11). Une améliora- tion est apportée [10] en tenant compte du changement de la fonction de corrélation de paire sous l’action sont les fonctions de Green des particules libres pour d’un faible potentiel extérieur. Le résultat est repré- le système sans interaction. En ne conservant que le senté par la courbe « c » de la figure 11. terme Go Go dans Gep, on obtient le résultat donné par le modèle de Sommerfeld. 1«(r¡ ; (’ r¡’) caractérise Il n’existe pas actuellement de théories qui per- l’interaction et s’exprime en fonction de Gep et d’autres mettent de rendre compte de l’annihilation avec les propagateurs à plusieurs particules. Sans entrer dans électrons non libres du métal. On remarque générale- les détails, nous allons signaler successivement les ment, par une comparaison entre le temps de vie approches qui ont été proposées : directement mesuré et celui que l’on peut déduire de l’aire située sous les différentes composantes de la - la première correction consiste à tenir compte courbe de corrélation angulaire, que la différence de l’interaction directe de Coulomb entre positon entre la courbe o e » et les points expérimentaux et électron, tout en tenant compte de l’écrantage que de la figure 11 correspond bien à la fraction d’annihila- produit le gaz d’électron environnant. L’effet d’écran- tion avec les électrons de la composante non parabo- tage peut être évalué en sommant les excitations d’un lique. nombre quelconque de paire électron-trou dans le Dans le cas d’alliage, le problème est encore compli- gaz d’électron, par la méthode R. P. A. Cette première qué par le fait que la fonction d’onde du positon n’est correction, qui augmente la densité électronique au plus simplement périodique sur le réseau cristallin voisinage du positon, doit donner un taux d’annihila- si l’annihilation se produit préférentiellement sur un tion à > Âo. C’est ce que montre la courbe (b) de type d’atome [11]. Nous rencontrerons un effet la figure 11, calculée numériquement en ne gardant similaire dans le cas de cristaux comportant des que la correction du premier ordre dans Gep (c’est-à- imperfections. dire en remplaçant Gep par Go Gp dans le terme d’interaction) et en tenant compte à la fois de l’écran- 3.3 ETUDE DES ÉTATS ÉLECTRONIQUES DANS LES tage à courte distance et des excitations de plasmon. SOLIDES PAR ANNIHILATION DE POSITON. - En dépit Il est clair que les valeurs obtenues sont encore beau- de la situation théorique qui vient d’être décrite, des coup plus faibles que ce que fournit l’expérience [7] ; informations de type quantitatif sur les états électro- - une seconde correction par rapport à la précé- niques dans les solides peuvent être déduites des dente consiste à tenir compte des diffusions mul- expériences d’annihilation de positon. tiples qui peuvent apporter une contribution impor- La première information, globale, est la détermi- tante à l’annihilation. Le calcul est difficile à faire, nation des densités électroniques aux points d’anni- sauf si on se limite au terme statique u(q, 0) de la hilation, à partir de la relation (i), par mesure des transformation de Fourier du terme d’interaction temps de vie. Si on sait par ailleurs où se produit dans Gep. On obtient ainsi [8] un taux d’annihilation l’annihilation, ces densités peuvent alors être attribuées qui peut se mettre sous la forme : à des points bien précis du solide. Ceci peut être par- ticulièrement intéressant par exemple pour étudier la charge électronique dans des sites interstitiels, ou avec sur un des composés d’un alliage, etc. Les courbes de corrélation angulaire donnent le même renseignement à partir de l’aire totale. L’analyse en différentes composantes permet de. donner les où a, b et c sont coefficients numériques. C’est ce proportions relatives de différentes classes d’électrons
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