RAPPORT D’ETUDE : Etat des lieux des déchets et sous-produits organiques issus de l’industrie agro-alimentaire bas-normande Objet : Ce rapport, réalisé par le bureau d’étude IVAMER sous la tutelle de l’ANEA, fait un état des lieux des déchets et sous-produits organiques générés par l’industrie agroalimentaire du territoire bas-normand. Cette étude analyse le gisement des déchets et sous-produits, les gestions mises en place et les contraintes rencontrées par les entreprises. Table des matières I. Le cadre de l’étude .......................................................................................................................... 4 A. Démarche de l’étude ................................................................................................................... 4 B. Rappels règlementaires ............................................................................................................... 5 1. Définition règlementaire du terme « déchet » : ..................................................................... 5 2. Définition règlementaire du terme « sous-produit » : ............................................................ 5 II. Etats de lieux des déchets générés dans les entreprises de l’IAA bas-normande. ......................... 7 A. Secteur « Fruits, légumes et dérivés » : ...................................................................................... 9 1. Généralités .............................................................................................................................. 9 2. Sous-produits et déchets générés : approche qualitative et quantitative ............................ 10 3. Gestion et voies de valorisation actuelles du secteur « fruits, légumes et dérivés » ........... 15 4. Contraintes – risques : ........................................................................................................... 19 B. Secteur « Viandes » : ................................................................................................................. 20 1. Généralités ............................................................................................................................ 20 2. Sous-produits et déchets générés : approche qualitative et quantitative ........................... 21 3. Gestion et voies de valorisation actuelles du secteur « Viandes » ....................................... 25 4. Contraintes – risques : ........................................................................................................... 27 C. Secteur « Viennoiserie, pâtisserie, confiserie, additifs alimentaires » : ................................... 31 1. Généralités ............................................................................................................................ 31 2. Sous-produits et déchets générés : approche qualitative et quantitative ............................ 31 3. Gestion et voies de valorisation actuelles du secteur « Viennoiserie, pâtisserie, confiserie et additifs alimentaires » ................................................................................................................... 34 4. Contraintes – risques : ........................................................................................................... 35 D. Secteur « Ovo-produits »: ......................................................................................................... 39 1. Généralités ............................................................................................................................ 39 2. Sous-produits et déchets générés : approche qualitative et quantitative ............................ 39 3. Gestion et voies de valorisation actuelles du secteur « Ovo-produits » ............................... 40 4. Contraintes - risques: ............................................................................................................ 42 E. Secteur « Traiteur » : ................................................................................................................. 44 1. Généralités ............................................................................................................................ 44 2. Sous-produits et déchets générés : approche qualitative et quantitative ............................ 44 3. Gestion et voies de valorisation actuelles du secteur « Traiteur » ....................................... 46 4. Contraintes- risques : ............................................................................................................ 48 F. Secteur « Produits laitiers » : .................................................................................................... 50 2 1. Généralités ............................................................................................................................ 50 2. Sous-produits et déchets générés : approche qualitative et quantitative ............................ 50 3. Gestion et voies de valorisation actuelles du secteur « Produits laitiers » ........................... 53 4. Contraintes – risques : ........................................................................................................... 55 G. Boues et graisses issues du traitement des effluents : ............................................................. 57 1. Boues de traitement des eaux résiduaires ............................................................................ 58 2. Déchets graisseux de traitement des effluents ..................................................................... 61 III. Etats de lieux des déchets inorganiques générés dans les entreprises de l’IAA bas-normande. 63 A. Les cartons ................................................................................................................................. 63 B. Les plastiques valorisables ........................................................................................................ 64 C. Les autres matières valorisées .................................................................................................. 65 D. Les Déchets Industriels Banals (DIB) ......................................................................................... 66 ANNEXE I : Focus sur les voies de valorisation – Prestataires identifiés ............................................... 67 ANNEXE II : Autorisation et restriction d'utilisation des sous-produits animaux en alimentation animale (source: SIFCO) ........................................................................................................................ 73 ANNEXE III : Schématisation de la filière d’élimination des sous-produits animaux de catégorie 1 (+2) (source: SIFCO) ...................................................................................................................................... 74 ANNEXE IV : Schématisation des filières de valorisation des sous-produits de porc et volaille vers l’alimentation animale et le petfood (Source : SIFCO) .......................................................................... 75 ANNEXE V : Schématisation des filières de valorisation des sous-produits animaux graisseux multi- espèces vers l’oléochimie(Source : SIFCO) ............................................................................................ 76 ANNEXE VI : Collecte et traitement de coproduits animaux d’origine alimentaire pour la production de graisse alimentaire (Source : SIFCO)................................................................................................. 77 3 I. Le cadre de l’étude A. Démarche de l’étude L’étude a été réalisée à partir d’un échantillon d’entreprises représentatif de l’industrie agro- alimentaire bas-normande. Cet échantillon a été construit en se basant sur les entreprises ayant répondu favorablement à une sollicitation par questionnaire en 2010, auxquelles ont été ajoutées de nouvelles entreprises de manière à augmenter la représentativité du pool d’entreprises et des filières. Au total ce sont 40 entreprises qui ont été sollicitées, 34 ont répondu favorablement, permettant ainsi la prise en compte de 39 sites de production dans cette étude. Les entreprises sont regroupées en 6 secteurs d’activités : - Fruits, légumes et dérivés (11 entreprises) - Viandes (7 entreprises) - Traiteur (4 entreprises) - Produits laitiers (4 entreprises) - Viennoiserie, pâtisserie, confiserie et additifs alimentaires (6 entreprises) - Ovo-produits (2 entreprises) Remarque : Les entreprises des produits de la mer ne sont pas intégrées dans cette étude. Des études antérieures ayant été réalisées sur une thématique similaire (Etude Normandie Fraicheur Mer, Journal Hors-Bord spécial « valorisation des coproduits »). Les visites d’entreprises se sont déroulées sur une période de 10 mois. Ces rencontres avaient pour objectif d’échanger sur la base d’un questionnaire envoyé au préalable permettant aux entreprises d’anticiper les besoins sur les informations souhaitées. Ce questionnaire avait une trame identique que celui envoyé en 2010, déjà complet, afin de conserver des données comparatives. Le questionnaire portait donc sur l’exercice 2010. Lorsque cela était possible, ces rencontres ont été complétées par des visites des sites de production. Ce rapport peut reprendre comme illustrations des valorisations en alimentation humaine. Il est important de préciser que dans ces cas, on ne parle aucunement de déchet mais bien de produit. Les différentes voies de valorisation peuvent être mises en parallèle pour plus de lisibilité au travers de tableaux de synthèse, mais il est essentiel d’en différencier les logiques de gestion. 4 B. Rappels règlementaires Etant donné la thématique de l’étude, il convient de faire un point règlementaire concernant les différentes terminologies pouvant être employées, notamment les termes de déchet, sous-produits et coproduit. 1. Définition règlementaire du terme « déchet » : Selon l’article L. 541-1 du code de l’environnement est considéré comme un déchet « tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau ou produit, ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son détenteur destine à l’abandon ». La notion de déchet répond aussi à la règlementation communautaire au sens de l’article 3, point 1), de la directive 2008/98/CE, selon lequel un déchet correspond à toute substance ou tout objet dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire. Selon ce même règlement, les biodéchets sont des déchets biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine issus des ménages, des restaurants, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation des denrées alimentaires. Selon la règlementation, un déchet ultime est un « déchet, résultant ou non du traitement d’un déchet, qui n’est plus susceptible d’être traité dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de son caractère polluant ou dangereux. » (Code de l'Environnement Titre IV 1-1, Art. L. 541-2-1). 2. Définition règlementaire du terme « sous-produit » : Nuance coproduit/sous-produits Le terme "coproduit" n’est pas défini dans la réglementation française, de même que le terme "sous- produit". Le coproduit est inévitable dans un process et répond à des spécifications définies. Il peut, dans certaines filières, être considéré comme un produit à part entière, disposant d’un marché et d’une cotation (exemple : lactosérum). Par opposition, le sous-produit est inévitable mais il a des qualités nutritionnelles variables. Une préparation ou un traitement sont parfois nécessaires avant valorisation. La définition et l’utilisation du terme "coproduit" relève plutôt d’un consensus entre les professionnels et l’on considère généralement que dès lors que le produit est valorisé, il est nommé "coproduit". Le présent rapport ne prendra pas en compte la distinction coproduits/sous-produits. Les sous-produits animaux répondent à une réglementation spécifique stricte en réponse aux épisodes d’encéphalopathie spongiforme bovine des années 1990. Une approche de cette règlementation sera réalisée dans le paragraphe dédié au secteur « Viandes ». 5 Figure 1: Répartition par secteur d'activité des entreprises échantillonnées (nombre d’entreprises ; Pourcentage équivalent) Biscuiterie - Viennoiserie - 2; 6% Confiserie / Additifs 6; 18% Fruit - Légumes / dérivés (cidrerie, sucrerie,…) 7; 20% Traiteur Produits laitiers 10; 29% 5; 15% Viandes 4; 12% Ovoproduits 6 II. Etats de lieux des déchets générés dans les entreprises de l’IAA bas- normande. Tableau 1: Données du gisement de déchets organiques issus de l'échantillon d'entreprises de l'IAA bas- normande Tonnage Dont boues de Dont Graisses Dont Matières Filières déchets et Mobilisable traitement de traitement organiques sous-produits des effluents des effluents 45 315 t 28 255 t 21 745 t 6 510 t 0 t Fruits, légumes et dérivés 100 % 62,3 % 77 % 23 % 0 % 138 895 t 56 840 t 8 410 t 43 745 t 4 120 t Viandes 100 % 40,9 % 15 % 77 % 7 % Viennoiserie, 2 142 t 1 255 t 720 t 324 t 213 t pâtisserie, confiserie, additifs 100 % 58,6 % 57 % 26 % 17 % alimentaires 3675 t 2215 t 915 t 1 300 t 0 t Ovo-produits 100 % 60,3 % 41 % 59 % 0 % 4 150 t 4 150 t 2 310 t 1 800 t 40 t Traiteur 100 % 100,0 % 56 % 43 % 1 % 211 600 t 39 700 t 8 395 t 30 800 t 500 t Produits laitiers 100 % 18,8 % 21 % 78 % 1 % 405 775 t 132 415 t 42 495 t 84 480 t 4 875 t TOTAL 100 % 32,6 % 32 % 64 % 4 % Nb : Les déchets mobilisables sont décomposés pour chaque filière en déchets organiques, boues et graisses de traitement des effluents. Remarque : Pour les déchets liquides, boues et graisses différentes unités de mesures ont été fournies par les entreprises rencontrées. Il était préférentiellement demandé de fournir des données pondérales. Cependant, certains suivis étant réalisés en volume, des conversions ont été nécessaires. 7 Pour ce qui est du sang, les unités de volumes ont été converties en volume pondéral selon la correspondance suivante : 1m3= 1tonne. Pour les graisses, la densité moyenne de la graisse a été utilisée, à savoir 0,92. Ainsi, 1m3 de graisse= 920Kg. Cependant, les graisses étant issues du traitement des effluents, leur teneur en eau peut fortement varier. En ce qui concerne les boues, Il est très difficile de définir une conversion de volume en poids. Le système de traitement des effluents pouvant jouer fortement sur la siccité (pourcentage massique de matière sèche). Il a été convenu de prendre pour référence 1m3= 1 tonne. 60000 50000 Graisses Boues 40000 Déchets 30000 organiques 20000 10000 0 Fruits, Patisserie, Viandes Ovoproduits Traiteur Produits légumes et viennoiserie laitiers dérivés et additifs Figure 2: Typologie des déchets organiques mobilisables par secteur de l'IAA bas-normande - Echantillon d'entreprise) Sur les 405 800 t de déchets et sous-produits organiques identifiées, environ 1/3 seulement est mobilisable. Certains secteurs génèrent des sous-produits pour lesquels il existe déjà des filières commerciales, comme par exemple le lactosérum dans les produits laitiers. Ces sous-produits, bien que résidus d’activité de production, ne sont pas assimilables à des déchets et ne sont pas mobilisables. Ce rapport reprendra ultérieurement une analyse secteur d’activité par secteur d’activité. Cependant, il est possible de constater que les trois filières majeures dans la production de déchets sont par ordre d’importance : « Viandes », « produits laitiers » et « fruits, légumes et dérivés ». Un peu moins des 2 tiers des tonnages mobilisables sont constitués par les boues issues du traitement des effluents avec près de 84 500 tonnes. Les différents déchets organiques 8 représentent environ 1 tiers de tonnages avec 42 500 tonnes. Les déchets graisseux de traitement des effluents constituent environ 4 900 tonnes. Pour plus de lisibilité, les boues et graisses issues du traitement des effluents seront traitées dans un chapitre spécifique étant donné qu’ils constituent une problématique transversale et ne seront donc pas intégrés dans les analyses d’orientation des sous-produits et déchets des différents secteurs d’activité. A. Secteur « Fruits, légumes et dérivés » : 1. Généralités L’étude de ce secteur a été réalisée au travers de 11 entreprises questionnées, représentant 15 sites de production. Cette filière regroupe les activités de transformation et conditionnement des légumes, de production de soupe, de cidrerie et de sucrerie. La particularité de cette filière est de travailler des produits végétaux bruts, ces derniers devront être apprêtés avant utilisation en interne ou commercialisation, dans le cadre des activités de conditionnement. Ce secteur est caractérisé par une forte saisonnalité de son activité qui va indubitablement se refléter sur les déchets générés, tant qualitativement que quantitativement. - La production cidricole se limite à la période entre les mois de Septembre/Octobre à Décembre/Janvier. Le reste de l’année présente une activité plus réduite à l’exception des sites assurant la production de jus de fruits, qui auront une seconde campagne au printemps. - La campagne de production sucrière s’effectue entre la mi-septembre et fin décembre/ début janvier ainsi qu’un mois de production au printemps. Le reste de l’année est consacrée à la maintenance et à l’expédition des produits. - Les activités de conditionnement des produits maraichers sont calquées sur la saisonnalité de ces derniers. Approximativement, on peut considérer que près de la moitié de l’activité de conditionnement des produits maraichers se concentre sur la période septembre-décembre, un tiers sur la période avril-août et le reste, soit environ 20%, de janvier à mars. - L’activité de production de soupe présente elle aussi un pic d’activité sur les mois d’hiver. Alors que la saisonnalité des activités de conditionnement et transformation des produits maraichers se traduit plus par une variation qualitative, les activités cidricoles et sucrières vont présenter une variation quantitative associée à un pic de production court et intense. Localisation : - Activités maraichères : Créance, Val de Saire - Activités cidricoles : répartition hétérogène 9 2. Sous-produits et déchets générés : approche qualitative et quantitative Typologie des déchets et sous-produits organiques générés : 3% Salade 1% 2% 0% - Légumes déclassés : carotte, 3% Divers déchets végétaux poireau, navet, salade Poireaux - Epluchures et pulpes de légume 10% Pulpe de betterave 34% - Marc de pomme Marc de pomme - Pulpe de betterave humide - Mélange de déchets végétaux 15% Navets (dégrillage) Terres de filtration - Terres de filtration Pulpe végétaux - Rétentats 15% 17% rétentat refus de dégrillage L’ensemble des sous-produits et déchets de cette filière représente un tonnage global de 45 315tonnes, dont environ 62% sont mobilisables soit 28 250 tonnes. Ces 28 250 tonnes se décomposent en 21 740 tonnes de matières organiques (intégrant aussi les terres de filtration) et 6 510 tonnes de boues issues du traitement des effluents. 10
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