L E Pour le Partenariat sur les Forêts du Bassin du S F Congo (PFBC), réalisé en collaboration par: O R Ê (cid:127) La COMIFAC et les ministères en charge des forêts du Cameroun, de T la Guinée-Equatoriale, du Gabon, de la République centrafricaine, de la S République du Congo et de la République démocratique du Congo, D U B (cid:127) Les ONG de la conservation actives dans les Paysages (African Wildlife A Foundation, Conservation International, Wildlife Conservation Society, World S Wide Fund for Nature/World Wildlife Fund), S I N D (cid:127) Les établissements et bureaux travaillant à la mise en oeuvre de l’exploitation U durable (CIRAD, Forêt Ressources Management), C O (cid:127) Les institutions gouvernementales et non gouvernementales en charge du N suivi par télédétection (Centre Commun de Recherche, Université catholique G de Louvain, Université d’Etat du Dakota du Sud, Université du Maryland, O World Resources Institute). : E t a t d e s F o L E S F O R Ê T S D U B A S S I N D U C O N G O r ê t Etat des Forêts 2006 s 2 0 0 m w.lannooprint.co 6 w w 554719 L E S F O R Ê T S D U B A S S I N D U C O N G O Etat des Forêts 2006 Le Partenariat pour les Forêts du Bassin Partenaires du Congo (PFBC) Etats Le PFBC est un partenariat de type II re- · Afrique du Sud (DWAF) groupant une trentaine d’organisations gouverne- · Allemagne (BMZ, GTZ) mentales et non gouvernementales. Il a été créé · Belgique (MAECECD) en septembre 2002 au Sommet mondial sur le · Cameroun (ONADEF) développement durable tenu à Johannesburg en · Canada (ACDI) Afrique du Sud. Il a pour objectif d'améliorer la · Union européenne (CE, ECOFAC, CCR) communication entre ses membres et la coordina- · USA (DSPI, CARPE-USAID) tion entre leurs projets, programmes et politiques · France (MAE, AFD, MEDD, CIRAD) afi n de promouvoir une gestion durable des forêts · Guinée-Equatoriale du bassin du Congo et d'améliorer la qualité de · Gabon vie des habitants de la région. · Japon (Ambassade du Japon en France) Le Partenariat est animé par un des membres · Pays-Bas (SNV) du PFBC, les Etats-Unis d’Amérique en 2003 et · République centrafricaine 2004, et la France depuis février 2005. Les mem- · République démocratique du Congo bres se réunissent périodiquement et échangent · République du Congo (MEFE) des informations par toutes les voies possibles. · Royaume-Uni (DFID) Ses actions sont concentrées autour de six axes prioritaires: Organisations intergouvernementales · renforcement de la concertation régionale, · Banque mondiale · mise en place d’un groupe de travail sur les méca- · COMIFAC nismes de fi nancement, · FAO · renforcement des capacités humaines du secteur · Mécanisme mondial forêt environnement de la région, · OIBT · renforcement du secrétariat exécutif de la · UNESCO COMIFAC, · GRASP · amélioration de la gouvernance dans le domaine des forêts, ONG, groupes de recherche et associations · promotion et communication sur les activités du · American Forest & Paper Association PFBC et de ses partenaires. · Association technique internationale des bois tropicaux (ATIBT) La trentaine de membres fondateurs du PFBC · Center for International Forestry Research se répartit dans trois grandes catégories: gouver- (CIFOR) nements, organisations intergouvernementales · Conservation International (CI) et organisations non gouvernementales. En tant · Forest Trends que groupe, les organisations partenaires se sont · Jane Goodall Institute engagées à fi nancer et/ou mettre en œuvre des · Society of American Foresters programmes pour la conservation et la gestion · Union mondiale pour la nature (UICN) durable des forêts du bassin du Congo dont le · Wildlife Conservation Society (WCS) montant total s'élève à plusieurs dizaines de mil- · World Resources Institute (WRI) lions de dollars américains et d’euros sur les trois · World Wildlife Fund (WWF-USA) à cinq années à venir. D'autres gouvernements et · World Wide Fund for Nature (WWF-Int’l) organisations non gouvernementales se sont asso- ciés et s'associeront au Partenariat. Pour plus de détails: http://www.cbfp.org/ 2 Liste des contributeurs Coordination Jeff erson Hall (WCS) Lisa Steel (WWF)* Didier Devers (UMD-OSFAC)* Matthew Hansen (SDSU)* Emma J Stokes. (WCS)* Jean Pierre Vande weghe (UE)* John Hart (WCS)* Tambwe Mutindi Moyo (DGF-RDC) Terese Hart (WCS) Nicodème Tchamou (CARPE)* Comité scientifi que Bas Huijbregts (WWF) Véronique Tshimalanga (CARPE)* Alain Billand (CIRAD) Olly Hymas (WCS)* Richard Tshombe (WCS) Bernard Cassagne (FRM)* Omari Ilambu (WWF) Jacques Tunguni (COMIFAC) Jean-Louis Doucet (FUG) Bili-Isia Inogwabini (WWF) Léonard Usongo (WWF)* Robert Nasi (CIFOR)* André Kamdem Toham (WWF)* Prosper Uwingeri (ORTPN) Th éodore Tréfon (MRAC)* Alain Karsenty (CIRAD)* Françoise Van de Ven (Syndicat des Caroline Tutin Christopher Kernan (CI) Forestiers-RDC)* Léonard Kikukama (WWF) Gretchen Walters (MBG) Contributions diverses Déo Kujirakwinja (WCS) Lee White (WCS) Marcellin Agnagna (IGEFE MEFE) Marc Languy (WWF) David Yanggen (USAID)* Jean-Pierre Agnangoye (RAPAC)* Stéphane Le Duc Yeno Elie Baleke (WWF) Miguel Leal (MBG) Relecture des textes Pyther Banza (WWF) Michelle Lee (SI) Patrice Christy (version française) Alain Bebu (WWF) Raymond Lumbuenamo (WWF)* Conrad Aveling (version anglaise) Lambert Bene Bene (WWF) Marthinique Lusuna (WWF) Paya de Marcken (version anglaise) Christophe Besacier (MAE-France)* Aimée Luzingu (ERAIFT-UNESCO) Yalolo Bisidi (WWF) Fiona Maisels (WCS)* Cartographie Stephen Blake (WCS)* Sébastien Malele (DGF-RDC)* Pierre Defourny (UCL) Didier Bokelo Bile (AWF)* Richard Malonga Didier Devers (UMD-OSFAC) Bruno Bokoto de Semboli (WWF)* Emile Mamfoumbi Kombila (MEFEPPN) Grégory Duveiller (UCL) Juan-Carlos Bonilla (CI) Sami Mankoto wa Mbaelele (UNESCO- Matthew Hansen (SDSU) Romain Calaque (WCS) RAPAC)* Philippe Mayaux (UE-CCR) Matthew Cassetta (US State Department)* Philippe Mayaux (UE-CCR)* Benoît Mertens (WRI) Erica Cochrane (WWF) Déo Mbula (ICCN) Alejandra Colom (Anthropologue)* Patrick Mehlman (CI)* Photos Bryan Curran (WCS) Benoît Mertens (WRI)* AWF: 20.3, 20.4 Emmanuel de Mérode (UE) Pierre Méthot (WRI)* FRM: 4.1, 10.1 Alain Daumerie (SEFCA) Justin Mupanda (WWF) Kim Gjerstad: 2.2, 2.7, 3.4, 3.5, 5.1, 5.3, Brigitte Decadt (Belgique)* Jonas Nagahuedi (COMIFAC) 19.2, 19.5, 21.6, 22.3, 22.4, 23.2, 23.5, Bernard De Schrevel (Ambassade de Tomosaki Nishihara (WCS) 23.6 Belgique en RDC)* François-Basile Ntimba Mpat Teresa Hart: 6.1 Pauwel De Wachter (WWF) (COMIFAC)* Martin Harvey: 23.3 Carlos de Wasseige (UCL)* Zacharie Nzooh (WWF) Filipp Henschel: 1.6 Pierre Defourny (UCL)* Crisantos Obama Ondo (INDEFOR) Emmanuel Mve Mebia: 15.7 Louis Dejo (WWF) Rufi n Oko (COMIFAC)* Richard Oslisly: 15.3 Marc Dethier (WWF) Nicanor Ona Nze (COMIFAC) Rob Ross: 2.1, 14.3, 14.4, 15.2, 17.2, 17.3 Lamert Diowo (MAE-RDC)* Nigel Orbell (WCS) Jean Pierre Vande weghe: 1.5, 1.7, 5.4, 6.2, Guy Patrice Dkamela (CARPE) Han Overman (WCS) 7.3, 12.2, 12.4, 12.5, 13.2, 13.3, 13.5, 13.6, Jacqueline Doremus (CARPE)* Richard Parnell (WCS) 13.8, 14.5, 14.7, 15.5, 15.6, 15.8 Charles Doumenge (CIRAD)* Patrice Passe Sanand (OCDN) Filip Verbelen – Greenpeace: 2.4-2.6, 3.1, Jef Dupain (AWF)* Olivier S.G. Pauwels (SI) 5.5, 5.6, 13.7, 16.3, 18.2, 18.3, 19.4, 20.5 Paul Elkan (WCS)* Hugo Raynay (WCS) WCS-Gabon: 5.2 Jack Etsa (WWF) Doreen Robinson (USAID) John Flynn (USAID)* Micheline Salima (WWF) Modérateur réunion 15-17 mars 2006 à Eric Forni (CIRAD)* Filippo Saracco (UE)* Kinshasa Norbert Gami (WCS)* Jeff rey Sayer (WWF)* Jeff rey Sayer (WWF) Jean Gérard (CIRAD)* Fabien Sordet (UE)* Maryke Gray (IGCP) Malcolm Starkey (WCS) 3 *) ont participé à la réunion de Kinshasa du 15 au 17 mars 2006. Sommaire Préface 5 Avant-Propos 6 Partie I 1. Le massif forestier 9 2. Les humains dans la forêt 14 3. La conservation 17 4. L’exploitation 29 5. Les vecteurs de changements ou menaces 33 6. Les actions prioritaires 42 Partie II 7. Les acteurs de la gestion forestière en Afrique centrale 48 8. Comparaison des législations dans les six pays forestiers d’Afrique centrale 63 9. Cartographie et évolution du couvert forestier en Afrique centrale 80 10. Importance, contraintes et tendances prévalentes de la fi lière bois des six pays forestiers d’Afrique centrale 90 11. La dimension environnementale de l’exploitation industrielle du bois d’œuvre 106 Partie III 12. Paysage Monte Alén-Monts de Cristal 114 13. Paysage Gamba-Mayumba-Conkouati 121 14. Paysage Lopé-Chaillu-Louesse 139 15. Paysage trinational Dja-Odzala-Minkébé (Tridom) 149 16. Paysage trinational de la Sangha 160 17. Paysage Léconi-Batéké-Léfi ni 170 18. Paysage Lac Télé-Lac Tumba 176 19. Paysage Salonga-Lukenie-Sankuru 185 20. Paysage Maringa-Lopori-Wamba 194 21. Paysage Maiko-Tayna-Kahuzi-Biega 199 22. Paysage Ituri-Epulu-Aru 206 23. Paysage Virunga 217 Bibliographie 227 Annexes A. Les indicateurs institutionnels et législatifs 234 B. Les indicateurs de l’exploitation industrielle du bois 236 C. Les indicateurs de la biodiversité 239 D. Fiche par pays, carte de l’état d’avancement de la conservation et de l’exploitation 242 E. Acronymes 254 4 Préface Le Partenariat pour les Forêts du Bassin du Ce premier rapport sur l’état des forêts du bas- Congo (PFBC) qui comprend aujourd’hui sin du Congo est un eff ort commun de l’ensem- 33 membres (gouvernements, secteur privé, or- ble des partenaires pour réunir dans un seul do- ganisations non gouvernementales et groupes de cument toutes les informations disponibles. Nous recherche) a été lancé en 2002 au sommet mon- croyons que l’eff ort de monitoring de cette vaste dial pour le développement durable (SMDD) à ressource renforcera la dynamique du partenariat, Johannesburg pour focaliser l’attention mondiale contribuera à faire émerger une compréhension sur la conservation du deuxième massif forestier commune des défi s à relever, des succès et aussi tropical de la planète. Le PFBC est un appel pour des échecs, et servira de guide pour des appro- s’assurer que les vastes ressources de biodiversité ches de terrain plus concertées. Ce rapport n’est de cette région soient maintenues au bénéfi ce pas conçu comme un document scientifi que au des citoyens d’Afrique centrale et pour le main- sens habituel du terme, mais plutôt comme une tien des équilibres environnementaux globaux. synthèse des informations disponibles suscepti- Ce partenariat a été inspiré par l’initiative des ble de stimuler le dialogue parmi les partenaires, Chefs d’Etat des pays d’Afrique centrale lors de de renforcer les capacités pour le monitoring des la Déclaration de Yaoundé de 1999 dont les prin- ressources naturelles dans la région et, par con- cipes ont également été réaffi rmés dans les réso- séquent, de constituer une source d’inspiration lutions du deuxième Sommet des Chefs d’Etat à pour les membres du Partenariat pour les Forêts Brazzaville en 2005. du Bassin du Congo. Aujourd’hui, peu d’informations objectives Nous espérons qu’avec le développement fu- sur l’état des vastes ressources du bassin du Congo tur de cette expérience, le rapport sur l’état des sont à la disposition des décideurs et des parties forêts évoluera pour prendre en compte de nou- impliquées, rendant l’exécution d’un plan d’action veaux défi s spécifi ques aux forêts du bassin du international concerté diffi cile dans le cadre du Congo. Les partenaires impliqués dans le PFBC Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo. doivent être félicités pour avoir fait face au défi En outre, alors que l’on considère généralement lancé au SMDD pour gérer plus durablement que la forêt se dégrade rapidement et que la bio- les écosystèmes forestiers du bassin du Congo et, diversité diminue de façon alarmante, il n’y a pas contribuer ainsi à la réduction de la pauvreté pour encore de système en place largement disponible les millions d’habitants d’Afrique centrale qui dé- pour aider les diff érentes parties prenantes intéres- pendent de ces ressources pour leur bien-être. sées à la conservation à comprendre l’état et l’évo- Finalement, le niveau de collaboration atteint lution de ces ressources naturelles, l’importance et aujourd’hui pour assurer la gestion durable des l’origine des menaces ainsi que les impacts, posi- forêts tropicales du bassin est appréciable. Nous tifs et négatifs, de l’action humaine sur le massif croyons que les futures éditions du rapport sur forestier. Ces éléments sont pourtant indispen- l’état des forêts du bassin du Congo serviront à sables pour que les partenaires puissent mesurer solidifi er le partenariat et à renforcer la résolution l’effi cience et la priorité des ressources disponibles commune pour conserver la riche fl ore et faune pour la conservation et la gestion durable des éco- du bassin du Congo tout en aidant ses citoyens et systèmes forestiers d’Afrique centrale. leurs enfants à bénéfi cier d’un futur plus prospère. Jonas Nagahuedi Mbongu Sodi Denys Gauer Robert Hellyer Ambassadeur Carlo De Filippi Secrétaire exécutif Ambassadeur Français délégué Mission Director Chef de délégation de la COMIFAC à l’environnement USAID Commission européenne en Facilitateur du PFBC République démocratique République démocratique du du Congo Congo 5 Avant-propos Ce rapport 2006 sur l’état des forêts du bassin mes de gestion diff érentes et méritent d’avoir leur du Congo (EdF) constitue la suite du rap- place à part entière à côté des forêts d’une part et port pré liminaire, distribué lors de la conférence des déserts d’autre part. Ce rapport sur l’état des des chefs d’Etat d’Afrique centrale tenue en fé- forêts concerne donc uniquement les forêts denses vrier 2005 à Brazzaville. Dès 2004, le WWF et humides. WCS avaient lancé l’idée de publier un « Etat des Forêts » dans le cadre du PFBC qui s’était concré- Les objectifs tisé dès janvier 2003. Cette idée avait été reprise par le programme CARPE et initialement ce rap- Ce rapport 2006 se veut avant tout un rapport port devait paraître en deux étapes : un résumé « zéro », un point de départ et de comparaison préliminaire d’une quarantaine de pages devait pour tous les rapports ultérieurs à paraître périodi- être suivi quelques mois plus tard d’un rapport quement. Dans cette optique, il est un document plus exhaustif. Le résumé fut réalisé dans la secon- de travail, de suivi et de diagnostic. Mais au-delà, de moitié de 2004 et sortit de presse fi n janvier il doit aussi être un instrument de coordination 2005. Sa rédaction fut coordonnée par un comité pour le PFBC. de rédaction composé essentiellement d’experts américains regroupés autour de CARPE. C’est Les contraintes temporelles ainsi que ce rapport était centré en majeure par- tie sur les actions et les résultats du program me Le rapport est centré sur l’état des forêts en CARPE, fi nancé par l’USAID. Toutefois, l’Union 2004 et 2005. Les données et événements venus européenne contribua également à ce rapport après le 31 décembre 2005 n’ont pas été incor- préliminaire en fi nançant l’appui d’un expert et la porés. traduction en français. Le rapport 2006 représente la suite exhaustive Le public ciblé au rapport préliminaire. Il est l’œuvre de l’ensem- ble des partenaires du PFBC et son élaboration a Le rapport est avant tout destiné aux partenai- été initiée en septembre 2005. Plus de 110 experts res du PFBC, tant au niveau des décideurs poli- y ont contribué. En février 2006, une première tiques et administratifs, que celui des techniciens version a été soumise à un comité scientifi que et et gestionnaires. Par esprit de transparence, il est du 15 au 17 mars 2006 celle-ci a été présentée toutefois souhaitable qu’il ait une large diff usion lors d’une réunion à Kinshasa à une cinquantaine au-delà de ce public « spécialisé ». A ce titre, il a d’experts représentant les membres du PFBC et été proposé lors de la réunion de Kinshasa de « dé- le comité scientifi que. Le but de cette réunion cliner » ce rapport en diff érentes versions s’adres- n’était pas tant de discuter dans les détails le con- sant à des publics diff érents. tenu du rapport 2006, mais de tirer les leçons uti- les de la rédaction du rapport et de réfl échir sur La structure et le contenu 1 Les forêts sont des milieux le processus à mettre en place pour sa production arborescents où les cimes des arbres périodique, sur les orientations à lui donner et les Le rapport comprend trois parties principales : forment une couverture généralement thèmes à traiter dans les rapports suivants. · Les chapitres 1-6 off rent une présentation continue ou entrelacée et où les très synthétique du massif forestier, des hu- graminées sont absentes ou quasi Les forêts ciblées mains dans la forêt, de l’exploitation indus- absentes de la strate inférieure. Les rares trielle, de la conservation, des menaces qui graminées présentes ont des feuilles Le terme forêt est utilisé dans beaucoup de pèsent sur la biodiversité et les ressources de larges et ne ressemblent pas aux espèces sens diff érents et certaines défi nitions juridiques la forêt ainsi que des actions les plus impor- des savanes. Les forêts sont des milieux ou utilitaristes extrêmement larges englobent tantes à entreprendre. sensibles au feu. aussi bien les forêts proprement dites, au sens bio- · Les chapitres 7-11 donnent des informations 2 Les savanes sont des milieux logique du terme1, que les savanes arborescentes plus détaillées sur certains thèmes transversaux. essentiellement herbeux, donc et boisées. Or les savanes ne sont pas, comme on · Les chapitres 12-23 traitent des Paysages. dominés par les graminées, avec ou l’entend trop souvent, des forêts dégradées : elles sans végétation ligneuse plus ou moins forment un biome très riche et, même si certaines Il reprend en partie le rapport préliminaire dense. La végétation ligneuse présente produisent eff ectivement du bois, elles constituent 2005, mais en développant plus en détails certains est dans une large mesure résistante au un écosystème très diff érent de celui des forêts2. aspects jugés importants, tant pour faciliter l’inter- feu. Elles nécessitent une approche diff érente, des for- prétation des autres parties du rapport 2006 que 6 pour la compréhension des rapports ultérieurs. Les leçons apprises Ces rapports ultérieurs, dont la périodi cité reste à défi nir par les partenaires du PFBC, développe- L’élaboration du rapport 2006 s’est avérée ront d’autres thèmes transversaux – il n’en man- plus complexe que prévu et a révélé de nombreu- que pas – mais ne reprendront les Paysages que de ses diffi cultés dans le fonctionnement actuel du manière plus condensée et à intervalles de 2, 3 ou PFBC sur le terrain. Elle a montré que les com- 5 ans. Ces rapports pourront donc être plus brefs munications entre les secteurs d’un même Paysage et se focaliser sur les changements et les actions ou entre les ONG agissant dans un même Paysage prioritaires à en déduire. devraient être améliorées, en particulier les rela- Dans la mesure du possible, le rapport 2006 tions transfrontalières dans plusieurs Paysages a été basé sur des indicateurs mesurables refl étant transfrontaliers. Elle a aussi montré que les gestion- (1) les pressions que subissent la forêt et ses res- naires des Paysages et les responsables dans les ad- sources renouvelables, (2) leur état et (3) les me- ministrations gouvernementales souff rent de pro- sures de gestion entreprises pour parer autant que blèmes d’accès aux informations, que les informa- possible aux impacts négatifs de ces pressions. A tions disponibles sur un même sujet sont souvent cet eff et, un choix préliminaire d’indicateurs a incompatibles entre elles, et que les connaissances été compilé sur base de documents existants du historiques des experts et des projets sont peu pro- programme CARPE, du programme ECOFAC fondes et remontent diffi cilement au-delà d’une (Pabanel & Pedrono, 2003), du WWF et de la dizaine d’années. Elle a révélé certaines lacunes au Banque mondiale. Lors d’une réunion tenue à niveau des connaissances techniques et montré la Kinshasa les 3 et 4 novembre 2005, ce choix a nécessité d’élaborer une base de données ou un été présenté à un panel d’experts représentant les réseau de bases de données pour pallier tous ces principaux membres du PFBC pour discussion et inconvénients. Enfi n, elle a clairement montré amendement. que beaucoup de travail doit encore être accompli Le choix défi nitif retenu comprend trois séries pour parvenir à un choix réellement signifi catif d’indicateurs: d’indicateurs mesurables et réalistes. • des indicateurs institutionnels et législatifs à Le rapport 2006 comprend donc de nom- l’échelle des pays (Annexe A), breux vides et, en beaucoup d’endroits, il manque • des indicateurs de l’exploitation industrielle du certainement de précision. Toutefois, le seul fait bois à l’échelle des pays (Annexe B), de parvenir à le réaliser dans des délais relative- • des indicateurs concernant la biodiversité à ment courts pour un eff ort d’une telle envergure l’échelle des Paysages (Annexe C). est une réussite majeure. C’est en eff et la première fois dans l’histoire de la conservation en Afrique Ensuite, des formulaires de collecte de données centrale qu’un aussi grand nombre de partenai- ont été transmis aux responsables des Paysages et res et d’acteurs, éparpillés sur une telle superfi cie à la COMIFAC. Les résultats obtenus sont syn- de forêts et sur trois continents, et souff rant de thétisés sous formes de tableaux dans les annexes problèmes chroniques de communication dus en A-C, mais certains chiff res ont été repris dans les grande partie aux diffi cultés logistiques inhérentes divers chapitres du rapport, ainsi que dans les fi - à la région, sont parvenus à mettre ensemble leurs ches synthétiques par pays (Annexe D). idées dans un document unique. Le processus EdF Le rapport 2006 constitue le début d’un pro- cessus qui doit être développé à long terme. Il s’est avéré indispensable pour coordonner et évaluer les actions des nombreux partenaires du PFBC, surtout pour dégager périodiquement les orienta- tions à suivre et les actions prioritaires à mettre en œuvre pour la gestion, la conservation et l’exploi- tation durable des ressources naturelles renouvela- bles des forêts du bassin du Congo. Ce processus impliquera donc tous les acteurs du PFBC. 7 5 11 4 1 9 7 12 10 3 2 8 6 Figure 1.1 Le massif forestier d’Afrique centrale (Source: CCR) 1. Paysage Monte Alén-Monts de Cristal 2. Paysage Gamba-Mayumba-Conkouati 3. Paysage Lopé-Chaillu-Louesse 4. Paysage trinational Dja-Odzala-Minkébé (Tridom) 5. Paysage trinational de la Sangha 6. Paysage Léconi-Batéké-Léfi ni 7. Paysage Lac Télé-Lac Tumba 8. Paysage Salonga-Lukenie-Sankuru 9. Paysage Maringa-Lopori-Wamba 10. Paysage Maiko-Tayna-Kahuzi-Biega 11. Paysage Ituri-Epulu-Aru 12. Paysage Virunga 8 1. Le massif forestier Généralités Après celles de l’Amazonie, les forêts du bas- sin du Congo constituent le deuxième plus grand massif de forêts tropicales denses et humides au monde. Elles s’étendent des côtes du golfe de Guinée à l’ouest, aux montagnes du rift Albertin à l’est1, et couvrent près de sept degrés de latitude de part et d’autre de l’équateur. En majeure partie, elles appartiennent à l’ensemble des forêts guinéo- congolaises dont elles constituent plus de 80% de la superfi cie totale. Dans l’ouest du Cameroun et dans l’est de la République démocratique du Congo elles englobent aussi des forêts afro monta gnardes. Ce rapport est centré sur les forêts des pays faisant partie du PFBC: Cameroun, Guinée- Equatoriale, Gabon, République centrafricaine, Figure 1.3. Pluviométrie République du Congo et Répu blique démocrati- en dessous de 300 m surtout au Cameroun et au sur l’Afrique centrale que du Congo. Leur superfi cie approche des 200 Gabon, ne couvrent que 7% du massif (page 82). (sources : ESRI, millions d’hectares (Figure 1.1), mais les estima- Les forêts submontagnardes, situées entre Worldclim data, tions varient considérablement. Certains chif- 1.000 et 1.600 m, ne couvrent que 2,8% de la University of California, fres avancés sont pour le moins étonnants2, mais superfi cie et les forêts montagnardes, au-dessus Berkeley, USA). même les estima tions les plus fi ables varient en de 1.600 m, couvrent 0,8% (page 82). Ces der- fonction de ce qu’on considère comme étant de nières surtout sont réparties sur deux blocs plus la forêt. D’après la FAO (2005), qui adopte une ou moins morcelés, séparés de plus de 2.000 km. défi nition très large, elle était de 227,61 millions Les forêts similaires d’Amérique du Sud forment d’hectares en 2005. D’après les cartes MODIS et au contraire une bande quasi ininterrompue tout GLC2000, cette superfi cie était de 180,46 mil- au long de la chaîne des Andes. Des forêts mon- lions d’hectares en 2000 (page 82). trant de nettes infl uences submontagnardes s’ac- crochent cependant aux reliefs de moyenne alti- Relief et altitude tude (650-1.200 m) qui s’étendent parallèlement à la côte du golfe de Guinée à 100-200 km dans Contrairement aux forêts tropicales du sud-est l’intérieur du continent et qui captent les nuages de l’Asie ou d’Afrique de l’Ouest et comme celles de l’Atlantique, surtout en saison sèche. Dans d’Amazonie, les forêts d’Afrique centrale forment l’optique des variations climatiques continuelles encore un vaste massif plus ou moins continu. qui ont aff ecté dans le passé et aff ec teront encore Mais alors que les forêts amazoniennes sont en l’Afrique centrale, cette confi guration spatiale du grande partie situées juste au-dessus du niveau de massif forestier a joué un rôle impor tant dans la mer, 80% des forêts d’Afrique centrale s’étalent l’évolution de sa fl ore et de sa faune3. 1 Les massifs forestiers reliques entre 300 et 1.000 m d’altitude (Figure 1.2). Les d’Ouganda et du Kenya occidental forêts des bassins sédimentaires côtiers, situées Climat appartiennent également aux forêts guinéo-congolaises. Figure 1.2. Répartition des principaux types de végétation Les précipitations sont le principal facteur dé- 2 L’état de l’Afrique 2006 avance une (Source: CCR). terminant pour la végétation en milieu tropical. superfi cie de 520 millions d’hectares Elles varient dans l’ensemble entre 1.600 et 2.000 (Maury, 2006). mm par an en moyenne, mais trois zones de plus 3 Lors des changements climatiques, haute pluviosité peuvent être reconnues: le bord les espèces des forêts andines ont pu se oriental de la Cuvette centrale et le centre de la déplacer à la fois en altitude et dans un Cuvette congolaise avec des précipitations de l’or- sens nord-sud, tandis que les espèces dre de 2.000 à 2.500 mm par an en moyenne, africaines n’ont pu se déplacer qu’en la zone côtière allant de Libreville, au Gabon, altitude. Même le rift Albertin n’est pas au pied du mont Cameroun avec des précipita- assez étendu pour que des diff érences tions de l’ordre de 3.000 à 11.000 mm par an en marquées liées à la latitude puissent moyenne (Figure 1.3). apparaître. 9
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