© 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de: Interfaces et sensorialité, Louise Poissant (dir.), ISBN 2-7605-1212-6 COLLECTION ESTHÉTIQUE Les peuples ont déposé leurs conceptions les plus hautes dans la production de l’art, les ont exprimées et en ont pris conscience par le moyen de l’art. Hegel Esthétique des arts médiatiques, tome 1, sous la direction de Louise Poissant 1995, ISBN 2-7605-0808-0, 456 pages dont 16 planches couleur Esthétique des arts médiatiques, tome 2, sous la direction de Louise Poissant 1995, ISBN 2-7605-0838-2,488 pages dont 28 planches couleur Dictionnaire des arts médiatiques, sous la direction de Louise Poissant 1997, ISBN 2-7605-0807-2, 444 pages PRESSES DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC Le Delta I, 2875, boulevard Laurier, bureau 450 Sainte-Foy (Québec) G1V 2M2 Téléphone: (418) 657-4399 • Télécopieur: (418) 657-2096 Courriel: [email protected] • Internet: www.puq.uquebec.ca PUBLICATIONS DE L’UNIVERSITÉ DE SAINT-ÉTIENNE Maison-Rhône-Alpes des sciences humaines (MRASH) 35, rue du Onze novembre 42023 Saint-Étienne Cédex 2 France Téléphone: 04 77 42 16 60 • Télécopieur: 04 77 42 16 75 Distribution: CANADA et autres pays DISTRIBUTION DE LIVRES UNIVERS S.E.N.C. 845, rue Marie-Victorin, Saint-Nicolas (Québec) G7A 3S8 Téléphone: (418) 831-7474 / 1-800-859-7474 • Télécopieur: (418) 831-4021 FRANCE SUISSE DISTRIBUTION SODIS SERVIDIS SA 128, Avenue du Maréchal de Lattre-de- 5, rue des Chaudronniers, CH-1211 Genève 3, Suisse Tassigny Téléphone: 022 960 95 25 77403 Lagny-sur-Marne, France Télécopieur: 022 776 35 27 Téléphone: 01 60 07 82 00 Télécopieur: 01 64 30 32 27 La Loi sur le droit d’auteur interdit la reproduction des œuvres sans autorisation des titulaires de droits. Or, la photocopie non autorisée – le «photocopillage» – s’est généralisée, provoquant une baisse des ventes de livres et compromettant la rédaction et la production de nouveaux ouvrages par des professionnels. L’objet du logo apparaissant ci-contre est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit le développement massif du «photocopillage». © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de: Interfaces et sensorialité, Louise Poissant (dir.), ISBN 2-7605-1212-6 COLLECTION ESTHÉTIQUE Sous la direction de Louise Poissant 2003 2003 C.I.E.R.E.C. Presses de l’Université du Québec Travaux 111, Collection «Arts» Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bur. 450 Publications de l’Université de Saint-Étienne Sainte-Foy (Québec) Canada G1V 2M2 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de: Interfaces et sensorialité, Louise Poissant (dir.), ISBN 2-7605-1212-6 Données de catalogage avant publication (Canada) Vedette principale au titre. Interfaces et sensorialité (Collection Esthétique) Comprend des réf. bibliogr. ISBN 2-7605-1212-6 1. Technologie et arts. 2. Systèmes homme-machine. 3. Sensibilité (Philosophie). 4. Synesthésie. 5. Art interactif. 6. Médias et arts. I. Poissant, Louise. II. Collection. NX180.T4157 2003 700'.1'05 C2002-941953-0 Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition. Mise en pages: INFO 1000 MOTS INC. Couverture: RICHARD HODGSON 1 2 3 4 5 6 7 8 9 PUQ 2003 9 8 7 6 5 4 3 2 1 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés © 2003 Presses de l’Université du Québec Dépôt légal – 2e trimestre 2003 Bibliothèque nationale du Québec / Bibliothèque nationale du Canada Imprimé au Canada © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de: Interfaces et sensorialité, Louise Poissant (dir.), ISBN 2-7605-1212-6 vii E N S E V A G N O Table des matières ul L a P n- a e J Interfaces et sensorialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Louise Poissant Pour une typologie des interfaces artistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Annick Bureaud Esthétique et rhétorique des arts technologiques: les machines interfaces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Jean-Paul Longavesne Culture et médias numériques: les médias et l’architecture de l’intelligence . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Derrick de Kerckhove L’interface informationnelle ou le sensible au sens de l’intelligible . . . . 65 Alain Renaud-Alain Construire l’expérience: l’interface comme contenu . . . . . . . . . . . . . . . 91 David Rokeby L’interface: le bien de la communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Pierre Robert Des interfaces aux médias non symboliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 Ted Krueger Le paysage en fuite: capillarisation du vide et cybermappes . . . . . . . . . 143 Michaël La Chance Vers un nouveau laboratoire des sens et modèle de l’interface humain/machine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 David Tomas L’art transgénique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 Eduardo Kac Interfaces et vie dans le Cyberart . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185 Diana Domingues © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de: Interfaces et sensorialité, sous la direction de Louise Poissant, ISBN 2-7605-1212-6 viii Interfaces internes: peau et vêtement en symbiose numérique . . . . . . . 205 Charles Halary é alit L’interface: le passage d’une philosophie du goût ori à une philosophie de l’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229 s n se Anne Cauquelin et es L’architecture du moment critique: l’espace, l’usager c a erf et les technologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239 Int Fábio Duarte L’image lumineuse et la scène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245 Marc Boucher Le multimédia interactif: entre machine à contenu et audiovisuel cybernétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273 Louis-Claude Paquin Surfer dans un labyrinthe? Pour une ergonomie de l’hypertexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301 Christian Vandendorpe Mythanalyse des interfaces: le mythe de Janus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317 Hervé Fischer © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de: Interfaces et sensorialité, sous la direction de Louise Poissant, ISBN 2-7605-1212-6 Interfaces et sensorialité CANADA Louise POISSANT Toutes les utopies d’hier sont les industries de maintenant. Victor HUGO Outils, instruments et interfaces, nous découvrons que ces extensions dont se dote l’humain pour se relier à son environnement correspondent à une Louise Poissant est professeure à l’École série d’habilitations, de fonctions et de formes de des arts visuels et médiatiques de sensorialité. La fabrication d’outils a permis d’agir l’Université du Québec à Montréal. Elle et de transformer le monde. Le perfectionnement dirige le Groupe de recherche en arts médiatiques (GRAM) depuis 1989 et le des instruments a rendu possible une mesure de doctorat interdisciplinaire en Études et l’environnement, de sa résistance, de son degré de pratiques des arts. Depuis l’an dernier, pénétration, de ses propriétés, ce qui a permis, elle dirige le Centre interuniversitaire depuis des siècles, de raffiner et de spécialiser les des arts médiatiques, le CIAM qui regroupe des chercheurs de Concordia, échanges entre l’humain et son milieu. On sait de l’Université de Montréal et de combien des découvertes techniques ont été déter- l’Université du Québec à Montréal. Elle minantes, comment elles ont affecté l’ensemble du est l’auteure de nombreux ouvrages et tissu social. Et si bien des rapprochements peuvent articles dans le domaine des arts média- tiques publiés dans diverses revues au être qualifiés de réducteurs ou de discutables, ils Canada, en France et aux États-Unis. ouvrent néanmoins une piste de réflexion très sug- Entre autres réalisations, elle a dirigé la gestive. L’horloge, cette machine à découper et à rédaction et la traduction d’un Diction- compter le temps, aurait instauré la temporalité sur naire sur les arts médiatiques publié aux Presses de l’Université du Québec laquelle repose le capitalisme1; l’imprimerie et sa en français et, en anglais, par sections dans la revue Leonardo aux MIT Press. La version électronique disponible depuis 1997 sera prochainement 1. «Permettant la détermination des quantités exactes doublée d’une ontologie. d’énergie (donc la standardisation), l’action automatique 2 dissémination par l’écriture pamphlétaire aurait été l’un des vecteurs de la Révolution française; il y aurait un lien entre l’amélioration de l’attelage des alité chevaux et l’abolition de l’esclavage2; l’eau courante aurait désigné comme ori nauséabonde toute une série de pratiques et de zones du corps et de la ville3; s en l’avion, en disqualifiant la distance, aurait inauguré l’ère de la mondialisation4. s et On réalise déjà depuis un certain temps que les techniques ne sont pas que des s ce assemblages de matériaux. Elles cristallisent des désirs et des aspirations, elles a erf instituent des langages et orientent, pas toujours là où on l’imagine, les destins nt I humains. La technique est un miroir interactif, comme l’a si bien vu Isabelle Rieusset-Lemarié5. Elle nous restitue cette part de nous qui s’engage dans le monde, convertie en matière, cette part de nous déjà transformée par le geste technique. Outils et instruments créent des besoins ou y répondent en procu- rant une extension palpable que l’on s’approprie de façon tangible. Ils ont l’avantage de fournir des indices de leur implantation quand ils ne révèlent pas clairement, parfois brutalement, leurs effets sur les métiers et les pratiques ou leur mode de pénétration dans le tissu social, comme c’était le cas notamment de la machine à vapeur et de l’industrialisation qu’elle a provoquée. et finalement son propre produit: un temps exact, l’horloge a été la première machine de la technique moderne» (p. 24). «La machine-clé de l’âge industriel moderne, ce n’est pas la machine à vapeur, c’est l’horloge» (p. 23). Lewis Mumford, Technique et civilisation, Paris, Seuil, 1950. 2. Richard Lefebvre des Noëttes, Le cheval de selle à travers les âges: contribution à l’histoire de l’esclavage, Paris, 1931. D’abord publié en 1924, cet ouvrage soutenait que l’esclavage n’aurait pas eu cours au Moyen-Âge parce que l’on serait alors arrivé à améliorer l’attelage des chevaux, ce qui leur permettait de tirer de très lourdes charges. Les attelages romains et égyptiens auraient blessé les chevaux, obligeant ainsi à utiliser des hommes pour les plus lourdes tâches. Cette théorie, qui souleva de nombreuses controverses entre médiévistes et spécialistes de l’Antiquité ne fut écartée que dans les années 1970, lorsque l’on réalisa que Lefebvre des Noëttes n’avait pas eu accès à toutes les illustrations romaines. Sa thèse reste néanmoins suggestive et sans doute partiellement juste dans la mesure où il est probable que l’améloration des conditions de traitement des animaux est sans doute plus ou moins contemporaine d’une reconsidération du sort des humains. Cf. les sites de Paul J. Gans, <scholar.chem.nyu.edu/~tekpages/texts/harncont.html>; et de Dr. Judith A. Weller, <www.humanist.de/rome/rts/harness.html>; la controverse est aussi citée par Gilles Bertrand, «Prolégomène à une histoire des techniques», Histoire des techniques, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1978, p. 3. 3. Philippe Perrot, Le Travail des apparences, Paris, Les Éditions du Seuil, 1984, 280 pages. 4. Paul Virilio, «L’ère du gothique électronique», Esthétique des arts médiatiques, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 1995, tome I, p. 353-363. 5. Isabelle Rieusset-Lemarié, La Société des clones à l’ère de la reproduction multimédia, Arles, Actes sud, 1999, p. 17. © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de: Interfaces et sensorialité, sous la direction de Louise Poissant, ISBN 2-7605-1212-6 Mais depuis une quarantaine d’années, les interfaces, ces intermédiaires 3 entre deux langages ou entre deux systèmes, prennent massivement le relais. Ces agents de liaison ou de passage, ces filtres de traduction entre l’humain et NT A S la machine annoncent des changements dont il est encore bien difficile de OIS P sonder la profondeur bien que l’on anticipe déjà qu’ils seront substantiels. Les e s interfaces se multiplient, s’incorporant à divers dispositifs dont elles rendent ui o L l’usage de plus en plus naturel. Les portes s’ouvrent toutes seules, les trains et les avions trouvent eux-mêmes leur chemin, des cœurs d’acier battent la cha- made. Bientôt nos vêtements vont s’ajuster à nos états d’âme et notre mémoire va se glisser dans nos poignées de main, enregistrant ou nous rappelant tout ce qui touche notre interlocuteur. Plus besoin de boutons ou de manivelles. Les écrans seront transparents, les commandes invisibles. Assez paradoxalement, cette invasion massive se fait très discrètement, tout en douceur. On est bien loin du bruit assommant de la machine à vapeur ou de la chaleur suffocante des grands fours de métallurgie. La technologie s’efface en s’infiltrant partout. Une véritable main invisible. Pas celle dont parlait Adam Smith, censée régler un flot global d’intérêts et de transactions. Non. Plutôt une main invisible appliquée à mille et une petites choses, adaptée à chaque fonction, calquant chaque aptitude, se substituant ou amplifiant des savoir-faire, opérant des manipulations communes ou singulières. Ces interfaces protéiformes dispa- raissent non pas parce qu’elles seraient banalisées comme on le dit des agents de sécurité qui se fondent dans la foule, ni parce que l’on cesserait de les voir tant elles sont répandues. Elles disparaissent en se miniaturisant et en s’incor- porant dans des objets dont elles ne transforment que très peu l’apparence. Dans bien des cas, elles sont véritablement invisibles. Or, on découvre peu à peu que de nouvelles formes de sensorialité sur- gissent à travers les échanges que l’on entretient avec les choses. En touchant l’écran, on peut faire apparaître des images, un souffle active un dispositif, un mouvement engendre de la musique. Les interfaces introduisent subrepti- cement d’autres façons de se relier aux autres et au monde et, par voie de con- séquence, d’autres façons de sentir et de se percevoir. On découvre des terminaisons inattendues, des zones de sensibilité encore inexpérimentées. Les technologies qui menaçaient de nous rendre grabataires, branchés mais inertes, comme le craint Virilio6, semblent au contraire réhabiliter des formes de sensibilité oubliées ou faire naître des dispositions et des synesthésies inat- tendues. On est à l’ère des mélanges et des rencontres surprenantes. Des ren- contres qui ont la propriété de remettre en question très immédiatement notre propre texture, notre rôle et, en définitive, notre identité. 6. Paul Virilio, L’Inertie polaire, Paris, Éd. Christian Bourgois, 1990. © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de: Interfaces et sensorialité, sous la direction de Louise Poissant, ISBN 2-7605-1212-6