ebook img

Erotisme et Pornographie PDF

68 Pages·1984·21.88 MB·French
by  
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview Erotisme et Pornographie

«Le Charivari du XX« siècle’ EROTISME ET PORNOGRAPHIE L’érotisme et la pornographie ont envahi la France, notamment par une presse dite spécialisée qui dépasse les bornes de la dé­ cence. Le Charivari dénonce ce scandale. M 8807 - 3 - 20 F - XX —-----------------------------------------------------------1 Notre prochain numéro LES IMMIGRÉS Qui sont-ils, d’où viennent-ils et combien sont-ils ?... Ils sont souvent au centre des débats politiques, mais peu de gens les connaissent... Doit-on les craindre ou les aider ?... Doit-on les garder ou les renvoyer chez eux ?... Quelle est leur vie dans ce pays qui n ’estpas le leur ?... Constituent-ils un obstacle ou une aide à notre vie économique ?... «Le Charivari du XX^ siècle» éditée par la S.A.R.L. Les Editions Jacquemart, au La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de capital de 160 000 francs — R.C. Seine 58 B 11 774. lr'éasretircvléee s4 1à, dl'u'usnaeg ep aprrti,v éq udeu lceosp «iscteo peiet sn oonu dreesptrinoédeusc tiào nusn es turitciltiesmateionnt 19 rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois — cuonl lbeuctt idv’ee x» eemt, pdle'a uettr ed 'ipllaurst,t rqauteio lne,s «a tnoaultyes eresp erté lseesn ctaotuiornte so uc irteaptiroondsu cdtaionns 75039 Paris-Cedex 01 intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite • (alinéa 1er de l’article 40). Tél. : 233 03 00 — Télex SONOEPP 220 802 F — Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, C.C.P. 15185 05 E — Paris csuoinvsatnittuse drua iCt oddoen cp éunnael. contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et Gérant de la Société : Noël Jacquemart. Directeur de la Publication : Noël Jacquemart. Imprimerie de l’Auxerrois, 75001 Paris. SOMMAIRE 3 Si presse porno m’était contée... 10 Hugh Hefner : l’homme qui créa « Playboy » 13 Entretien avec Frank Ténot, vice-président du groupe Filipacchi 14 Jean-Pierre Binchet parle de « Lui » 15 Entretien avec Annick Geille, directrice de « Playboy » 16 Le total look de « New Look » 17 Entretien avec Joseph Mélèze, secrétaire de rédaction de « Union 18 Portrait d’un éditeur 19 Filles des magazines 20 Plaisir et argent de poche 21 Je suis dans « Lui », mais j’aime pas ça 22 Profession : photographe de charme 23 Exemple d’escroquerie aux lecteurs 24 Passage Jouffroy : des difficultés d'une reconversion 25 Un autre langage sur l’érotisme : « Fascination » 27 L’harmonie copulatrice 28 Le sexe made in France de Choron et Cavanna 31 Les petits fascicules de l’érotisme 34 L’érotisme comme discours politique : Georges Pichard, l’anarcho-hédoniste 36 Vie et mort d’un grand du porno ou l’étrange voyage d’Adrian Darmon 39 Eric Losfeld : « La pornographie, c’est l’érotisme des autres » 40 Monsieur l’éditeur porno, expliquez-vous ! 42 Voyage au pays de la fesse triste 43 Le ciné « X » en revues 45 L’amour dans les petites annonces 46 Portraits d’hommes par une dame 47 Le charme vidéo ou les avantages d’un média chaud 48 Porno-radio 49 L'Amérique interdite découvre le téléphone 51 Jeux de l’amour et du hasard électroniques 53 Le difficile parcours de l’amateur de « Sex-Machin 54 La loi : « Mickey » ou « Playboy », il faut choisir 56 Le cas « Détective » : Alimentaire mon cher Beyler 57 Le ministre et le pornographe 59 Le sexe consommé 61 Psyshow : le grand écart Ce dossier a été réalisé 62 Un siècle de frivolité par Philippe JA NNET. 1 I IEROTISME & PORNOGRAPHIE [ I I EROTISME & PORNOGRAPHIE I I Si presse porno m’était contée... ornographie : « Oeuvre à ca­ fameux et magique numéro de com­ n’ont plus rien à voir avec le vulgaire ractère explicitement sexuel » mission paritaire et ne provoquant voyeurisme. signifie toute représentation même plus le regard soupçonneux de Ces prétextes sont variés, de l’arti­ graphique ou en trois dimensions la dépositaire. cle-choc à l’analyse sexologique en dépeignant des relations sexuelles en­ Le sexe a découvert l’érotisme et passant par l’esthétisme photogra­ tre êtres humains, masturbation, en drappe vertueusement ses nudités, phique, la grande interview. Cette coïts contre nature (c’est-à-dire bes­ loin des cloaques de la pornographie. image résolument moderniste de la tialité, sodomie et onanisme buccal), Il préfère l’amour à la sexualité, le presse du sexe fin de siècle s’est im­ excitation physique directe de parties licencieux à l’obscène. Il parle posée aujourd’hui comme un média génitales découvertes ou torture ou « soft », se veut artistique et synony­ privilégié : c’est dans les pages de flagellation dans un contexte de me de liberté. Point de pervers et de Playboy que Jimmy Carter annonce sexualité, ou mettant l’accent sur la maniaques, mais de distingués éroto- sa candidature à la Maison Blanche représentation de parties génitales manes. Le sexe s’est glissé dans la pour un second mandat. C’est dans découvertes d’humains adultes : mallette panoplie du jeune cadre, Lui que nombre de stars de la politi­ étant néanmoins admis que les œu­ dans les salles d’attente, sur la plage que donnent leurs plus longues inter­ vres d’art ou de valeur anthropologi­ arrière des voitures à la mode, sur les views. C’est dans Union qu’on dé­ que ne sont pas comprises dans cette guéridons des lofts, des duplex et des couvre les techniques amoureuses les définition. » salons du Vile arrondissement. plus sensuelles, pour ne pas dire les Aseptisé sur papier glacé, il est deve­ plus modes. C’est encore là qu’on La liberté sexuelle, tabou d’an­ nu le symbole d’une appartenance s’extasie sur les portfolio de tel ou nées d’amidon mental, est sociale, accessoire de l’homme mo­ tel artiste, sur des éclairages de rêve sans doute le seul vestige en­ derne — un exemplaire sur trois est ou des maquillages inouïs. core debout de l’éclatement de la fpino urtant lu par une femme — il s’est Cette presse s’oppose donc tout des années soixante. Avec les seven- trouvé des prétextes d’achat qui naturellement à la presse porno, la­ ties, on concubine, on homosexuali- quelle est confinée dans les corps se, on naturisme... librement. Les enchevêtrés, les filles nues et les pu­ seventies seront aussi les années de blicités pour les gadgets les plus va­ l’explosion du porno, de ciné X en riés. Tout ne sera là que vulgarité et live-show, de sex-shop en peepshow, obscénité, ailleurs, tout n’était que une explosion qui concernera aussi et luxe et volupté. surtout la presse du sexe : désormais, En fait, pornographie des uns, éro­ c’est bien connu, on met de la fesse à tisme des autres, tout cela n’est chaque page et ça se vend ! qu’affaire de discours, de montré et Aujourd’hui, le porno est en crise, de suggéré. Ces mots permettent sur­ il est isolé dans les traditionnels quar­ tout une distinction tranchée dans ce tiers chauds et sa presse ne vit plus qui est avant tout la presse du sexe, aussi bien, même si elle a sensible­ qu’on en parle ou qu’on le montre. mhoenntte uéxv oolnuté .l aiLsseés lep ectihtsa mfpa scliibcruel eàs □ □ □ des magazines de luxe pour hommes. Certes, il existe toujours bien une Cette presse du sexe explose dans presse « hard », c’est-à-dire « du­ le courant libertaire des sixties, mais re », essentiellement intéressée par elle était déjà bien ancienne d’im­ les coïts quels qu’ils soient, mais elle plantation puisqu’avant la guerre, la a été supplantée par une presse presse « légère » connaissait une cer­ « clean », bien propre, b.c.b.g., en taine vogue, offrant une gamme va­ vente dans tous les kiosques, chez riée de titres, de Paravent à Paris tous les libraires, jouissant ou non du Sex-Appeal en passant par • At- 3 I ____ ] EROTISME & PORNOGRAPHIE f -------- 1 trayant, Parasol, Pages-folles, l.a souvent maladroits et ridicules. Un Vie parisienne, Fantasio, Séduction, encadré prévenait d’ailleurs le lecteur La Madelon, etc. au début de chacune de ces revues : Les publications étaient épisodi­ « Les artistes et modèles dont les ques et les titres variaient au fil des photos sont reproduites dans ce nu­ censures qui venaient régulièrement méro ne doivent pas être assimilés les frapper. L’exemple le plus typi­ aux personnages imaginaires cités que était celui d’un éditeur du passa­ dans les différents textes. » Seules les ge- Jouffroy qui publiait une revue photographies présentaient donc appelée Minuit et dont il variait le alors le moindre intérêt. Mais d’où titre au fil des interdits en changeant venaient-elles donc toutes ces pin-up tout simplement le sous-titre. On eut qui faisaient rêver et qu’on appe­ ainsi toute une succession de titres : laient « coquines » plutôt que porno­ Minuit Juste, Minuit une. Minuit graphiques ? deux. Minuit moins une... La liste Les sources étaient alors multiples, eût ainsi pu être longue si la loi de de New York à Copenhague en pas­ 1957 n’était pas intervenue pour met­ sant par Paris, Los Angelès et sur­ tre un peu d’ordre dans cet univers tout Londres. En effet, la capitale où il suffisait de modifier le titre britannique s’était alors fait une spé­ pour poursuivre la parution de la cialité de la production à grande revue. échelle de photographies de charme. Parmi les principales usines à clichés s’efforça de maintenir, sur le plan de plaisir, citons les Studio Eva LA PRESSE COQUINE rédactionnel comme au niveau des Grant, Argyle et Harrison Marks, illustrations, une valeur constante. spécialisés entre autres dans la dé­ Après guerre, ces floppées de « pe­ C’est là entre autres qu’on trouvait bauche mise-en-scène et dans l’utili­ tits formats » continuent leurs paru­ les curieux dessins de J. David, pro­ sation d’accessoires les plus divers. tions à éclipses, sous des titres tou­ ches de ceux de Al Capp, quasiment L’un de ces studios était ainsi présen­ jours aussi évocateurs : Paris sensa­ surréalistes. té à l’époque : « En Angleterre, Eva tions, Belles ténébreuses. Fringale, Sans grand intérêt, la plupart de Grant, photographe, dirige une de Régal. Osé, Zou, Oh, Allô, Hep. ces revues proposaient autour des ces institutions modernes où des jeu­ Paris-Broadway. Seule revue à possé­ photographies des textes tentant de nes filles s’instruisent de l’art de po­ der une réelle qualité, V Magazine s’adapter aux clichés, textes le plus ser nues ou habillées ; son école est 4 & PORNOGRAPHIE L ] agréée par le Conseil Municipal de personnalité quelle qu’elle soit, de Londres, ce qui constitue une garan­ Michel Poniatowski à Michel Sar- tie d’honorabilité en même temps dou, en passant par Pierre Mauroy qu’un satisfecit ». ou Raymond Aron, rubrique con­ Les filles se déshabillent en toute sumériste de luxe (La Défonce quiétude, et s’exhibent comme d’au­ du consommateur), photographies tres s’installent derrière une machine d’une star artistiquement déshabillée à écrire. Certaines devinrent même signées d’un grand nom (Giacobetti, de véritables stars du Glamour telles Ionesco, Moreau, Jacques), pages Rita Landre, Anne Walker, Tery mode avec une mise en scène des Martine, June Palmer, Vicky Kenne­ vêtements proposés, articles de dé­ dy, qui furent autant de modèles paysement intellectuel et physique, idéaux de la fameuse « Pin up ». dessins d’humour, plusieurs sujets Quelques-unes de ces stars, Lorraine charme, quelques histoires drôles, Burnett, Paula Page, Georgine Ra- l’essai d’une superbe voiture, un test vell, Honey Bee, Virginia Bell, n’ac­ parfois. La formule est simple mais cédèrent à la célébrité que par leur efficace et sera dès lors bien souvent forte poitrine. Les adeptes les appe­ copiée à son tour. laient « PO. », c’est-à-dire Poitrines Opulentes, traduction française de □ □□ l’américain Big Bosoms (B and B). L’apparition de Playboy aux Etats-Unis dès 1953 allait révolution­ ner tout cet univers un peu désuet commercialisé aux U.S.A, sous le aujourd’hui, qui se prolongea toute­ titre Oui, et ayant une formule assez fois en France jusqu’au début des identique, Playboy et ses playmates, années soixantes, avec entre autres le l’ancêtre, Mayfair et Penthouse succès de Paris-Hollywood. beaucoup plus osé dans ses clichés. En 1973, Daniel Filipacchi, cou­ pant ainsi l’herbe sous le pied d’éven­ LA FORMULE IDEALE : tuels concurrents, achète les droits de LUI coproduction de Playboy à Hugh Hefner. En fait, cette édition françai­ C’est donc des Etats-Unis que se ne sera jamais rien d’autre que la vient le vent de ce formidable Citi- traduction à peine aménagée de l’édi­ zen-sex et c’est en 1963 que tout tion américaine. bascule avec la naissance de Lui, Face au succès de cette formule, copie conforme made in France de celle qui connaît les plus forts tirages, Playboy, lancé par Daniel Filipacchi la concurrence ne manquera guère. et Frank Ténot, grâce aux bénéfices Dès les premières années des seven­ de Salut les Copains. A l’origine, les ties, outre l’éphémère Moi (Belle- filles sont en maillot de bain et si vue), deux magazines apparaissent : parfois elles ôtent le haut, jamais on ne verra la pointe d’un sein. Pour­ tant, au septième numéro, une pho­ tographie de Valérie Lagrange nue provoque le scandale. Lui est interdit puis autorisé sous l’étroite surveillan­ ce du Ministère de l’intérieur. C’est le succès auprès du grand public ! La première formule de magazine érotique était née avec le premier prétexte d’achat : une interview et des articles d’une réelle qualité, le tout encadré de photos de charme. Depuis, la formule s’est encore beau­ coup améliorée mais Lui modèle 1983 ressemble encore beaucoup à son aîné de vingt ans. Sur papier de qualité, avec d’excellents clichés, Lui a su dresser un inventaire de ce qui demeure la formule idéale du maga­ zine érotique : interview-choc d’une 5 1 I EROTISME & PORNOGRAPHIE Privé et Absolu. Privé lancé par Jean alors qu’il est une idole des jeunes et politique rédactionnelle identique à Quentin-Gérard n’est qu’un pâle qu’en plus, il sort un journal pour celle qui avait été celle du journal avatar de Lui et pourtant son succès jeunes, Podium. Alors, ils sont partis jusque là. est immédiat. Les importants tirages du principe que c’était une incitation du départ ne tarderont pourtant pas des mineurs à la débauche, qu’il y à s’effondrer peu à peu tandis que la avait risque de confusion », expli­ DES REVUES EPHEMERES revue quitte le rang envié des revues quait alors Geneviève Leroy, la ré­ érotiques pour rejoindre celui des dactrice en chef du journal. Quelques Entre temps, de nombreuses re­ revues pornographiques : elle n’a mois plus tard, l’interdiction est levée vues se sont créées et n’ont bien plus de prétexte d’achat. sans qu’elle ait été très bien compri­ souvent vécu qu’un seul numéro, de Lancé en 1974 par Claude Fran­ se. Daniel Filipacchi éditait déjà Club à Men only en passant par Or, çois, Absolu va connaître un sort alors Lui et Playboy en même temps Blue Book, autant de titres vite ou­ identique. « Revue de toutes les que Salut les Copains et Mademoisel­ bliés. sexualités qui n’est liée, bornée, rete­ le Age Tendre, et Jean Quentin- C’est le même oubli qui pèse au­ nue par rien », Absolu est alors tiré à Gérard Privé et Stéphanie. Absolu jourd’hui sur toutes les tentatives de 300 000 exemplaires et vendu à n’arrivera dès lors jamais à réaliser sa création d’une presse érotique desti­ 165 000. Il introduisait quelques in­ percée. née aux femmes. Là encore, c’est des grédients nouveaux à la formule de En 1978, Absolu est racheté par Etats-Unis que vient cette nouvelle base, ingrédients issus de la presse Michel Buh, patron de l’agence de vague, avec Playgirl, bien vite copié underground, la perversion et les dé­ photos Team International, et de­ par Amour, lancé en 1972 par Daniel viations sexuelles. Outre de jolies vient, sous le coup d’une nouvelle Filipacchi, reprise des recettes habi­ filles nues, on croise au hasard des interdiction, Absous, « le magazine tuelles de la presse féminine. Seule pages quelques jeunes gens aussi peu absolu de l’homme ». 11 atteint au­ différence, des hommes mûrs, poi­ habillés et même des enfants. Dès le jourd’hui une diffusion de 50 000 lus, mâles, y dévoilent leurs char­ second numéro, Absolu est interdit : exemplaires chaque mois, avec un mes. En juillet 1974, c’est au tour de « Le Ministère responsable a été cho­ contenu d’une bien médiocre qualité. Rhodos Presse de lancer Chamade, qué par le fait que Claude François C’est encore Michel Buh qui rachète­ plus indécent qu’Amour et plus axé ait sorti une publication de ce genre ra en 1980, Privé, poursuivant une sur les minets que sur les mâles. & PORNOGRAPHIE [ Playgirl trouvera quelques temps ques excellentes photos érotiques scientifiques et socio-éducatifs, ces plus tard une édition française. Le mais aussi à des gravures dont l’art revues érotiques techniques s’intéres­ demi-succès de ces revues n’était en n’excuse en rien la salacité. sent à tout ce qui traite de sexualité. grande partie assuré que par une Cette ouverture au sexe d’un ma­ C’est en 1973 qu’elles apparaissent clientèle d’homosexuels. Aussi gazine n’y étant pas originellement en France avec Union, édité par Da­ l'échec total et la disparition rapide destiné, constitue un nouveau cou­ niel Filipacchi, copie conforme de de ces revues érotiques destinées aux rant dans le domaine de la presse du modèles depuis longtemps implantés femmes ne sera pas une surprise. charme. Il, Photo, L’Echo des Sava­ aux Etats-Unis et en Grande- nes, supports pourtant très diffé­ Bretagne. Dans cette nouvelle voie, rents, ont tous en commun de faire la s’engouffreront bien vite plusieurs part belle à des clichés représentant éditeurs dont Bellevue avec Couple quelques jolies femmes nues. C’est là 2000, Rhodos Presse avec Alliance et une façon détournée de « faire dans Beaulieu avec Partner. Sur des thè­ le porno » sourcilleront les censeurs. mes absolument invariables, les posi­ C’est aussi là, la meilleure manière de tions, la fellation, la masturbation, dédouaner l’amateur aux yeux de la société. Le prétexte d’achat va donc encore bien plus loin dans ce type de journaux, au point que l’on pourrait parler là de krypto-pornographie. La pornographie peut même être involontaire de la part d’un journal. Ainsi, La Vie au soleil, la revue tri­ mestrielle de la très sérieuse Fédéra­ tion Française de Naturisme offre bon nombre de photographies de femmes et d’hommes nus, suscepti­ bles de satisfaire bien des curiosités. D’ailleurs l’homologue allemand de cette revue, H et E ne se prive pas Aujourd’hui, c’est dans les pages d’exhiber, à des fins purement com­ de Gai-pied ou de Samouraï que les merciales, les corps dévêtus des natu­ homosexuels trouvent parfois leur ristes d’outre-Rhin. plaisir. □ □ □ LE PRETEXTE SEXOLOGIQUE l’orgasme ; quelques médecins plus Le groupe Filipacchi, face à la Le prétexte d’achat trouvera une ou moins sexologues donnent des chute sensible de la diffusion de nouvelle expression avec l’essor de la conseils et accréditent par leur pré­ Playboy et même de Lui, a lancé ces sexologie. Sans photos, mais avec des sence de la qualité scientifique du dernières semaines un nouveau ma­ textes autrement plus évocateurs, cet­ produit. Il faut toutefois savoir gazine, suivant les recettes tradition­ te presse n’atteindra pas des tirages qu’en France, aucun diplôme de nelles des revues érotiques : Newlook aussi importants que ceux de la pres­ sexologie n’existe et que n’importe dont le projet initial était Chéri. Seu­ se érotique. Auréolées de préceptes qui peut par conséquent se déclarer le nouveauté par rapport à ses sexologue du jour au lendemain. Les deux aînés, les photos sont en rédacteurs de ces revues ne se font double-page et les sujets charmes d’ailleurs aucune illusion sur le ca­ sont plus osés. Avec un tirage de ractère scientifique de leurs revues : départ de 350 000 exemplaires, New- « Honnêtement, explique l’un d’eux, look se présente déjà comme un il faut avouer que l’intérêt du public outsider de choix pour Lui. Autre pour nos publications n’est pas sou­ nouveauté de cette rentrée, Fairplay tenu. Je veux dire qu’on voit rare­ édité par APIS qui préfère le suggéré ment une personne les suivre réguliè­ à l’exhibé, donnant un certain cachet rement et longtemps. Ce qui nous esthétique à ses clichés sans avoir permet de remettre éternellement les toutefois le confort financier de New- mêmes sujets. Les autres, ceux qui look. Entre fesses en dentelle et s’abonnent (ils sont assez rares), ont fesses en évidence, les paris sont ou­ besoin qu’on leur explique chaque verts, mais l’argent risque bien de fois à nouveau en d’autres termes, ce faire une fois de plus pencher la qu’est la masturbation féminine ou balance en faveur de Newlook alors l’orgasme. » que Alain Lefebvre annonce déjà son Ces revues ont cependant permis la intention de créer lui aussi un maga­ sensibilisation du grand public sur les zine de charme courant 1984. Parmi problèmes de la sexualité et donc | les nouveautés du moment, la surpri- l’apparition de revues beaucoup plus ! se est aussi venue de Nouvel Homme sérieuses. Le docteur Waynberg, mé­ I Magazine qui ouvre ses pages à quel­ decin spécialisé en sexologie, leur 7 I I EROTISME & PORNOGRAPHIE I ---------1 rend d’ailleurs cet hommage : « Seul La grande vogue des sex-shops le prétexte, la vente de papier, est éclate au début des années soixante- négatif, mais ces revues ont un im­ dix. A l’époque, des revues montrant pact considérable sur l’information des cuisses écartées ou des sexes en sexuelle depuis dix ans. Le grand érection constituent la seule forme de public a un vocabulaire, des connais­ presse porno et sont généralement sances sexologiques désormais suffi­ importées plus ou moins clandestine­ samment élaborés pour que les moti­ ment de Scandinavie. C’est Richard vations à demander conseil à un mé­ Fahl qui, le premier prend le risque decin deviennent spontanées ». d’éditer des revues et des livres por­ C’est aussi le calcul qui a été fait nos en France. Les Editions Con­ chez Hachette et qui, explique la corde étaient nées. Fahl dirige les sortie d’Harmonie du Couple, formi­ séances de photos, rédige les scéna­ dable succès de presse pour une revue rios, édite le tout et en assure la parvenant à la vulgarisation sans vul­ distribution par l’intermédiaire des garité aucune. Harmonie du Couple, sex-shops. Il en possède alors une sans originalité, mais sans facilité, demi-douzaine et devient même pré­ aura eu le mérite d’être la première sident du Syndicat des exploitants de revue de sexologie grand public vi­ sex-shop, ce qui ne l’empêche pas de sant à autre chose qu’à la masturba­ connaître des ennuis continus avec la tion de sa clientèle. Depuis son lance­ Préfecture de Police. Il s’est aujour­ ment, la chute de la vente est assez d’hui spécialisé dans la vidéo et le importante. roman-photo pornographique. Quel­ Dans ce même esprit, Tonus offre ques éditeurs n’en suivront pas moins chaque mois à ses lecteurs médecins l’exemple des éditions Concorde et un encart « Le Journal de la Sexolo­ les sex-shops alors triomphants ver­ gie » destiné à les informer sur ces ront affluer vers eux diverses produc­ problèmes. « Par souci de moralisa­ tions « made in France ». tion, Tonus s’intéresse à la sexologie. Leurs étals offrent aujourd’hui Jusqu’alors, les généralistes ne sa­ quatre types de presse à une clientèle vaient guère répondre aux patients masculine très variée : qui allaient alors consulter un quel­ • Des revues françaises telles que conque sexologue, plus ou moins es­ Galant, Chic, Dames, d’une qualité croc. Les carences des médecins en­ photographique médiocre et n’ayant courageaient cette escroquerie. Nos absolument pas l’imagination des efforts vont donc dans le sens d’une magazines danois offrant assurément totale information du généraliste qui le meilleur rapport qualité/prix. Edi­ pourra ainsi répondre aux questions tées en trois langues, ce qui assure un de ses patients », explique Evelyne prix de revient bien moins élevé en Gogien, responsable de ce Journal de permettant une diffusion plus large, la Sexologie. ces revues présentent l’avantage de bonnes photos et de scénarios plus travaillés. Les revues américaines LE PORNO connaissent elles aussi un certain suc­ PORNOGRAPHIQUE cès même si elles demeurent de moins bonne qualité que leurs soeurs Scan­ Toute cette presse est disponible en dinaves. Citons pour mémoire Punis- kiosque, distribuée en toute liberté hed spécialisée dans le sado­ par les messageries. Elle a su acquérir masochisme et Bishop plus variée. Le une certaine légitimité grâce au pré­ prix moyen d’une de ces revues est de texte d’achat et à une certaine rete­ quatre-vingt francs et la hausse cons­ nue dans ses photographies. Elle ré­ tante du dollar a entraîné ces derniers pond pourtant parfaitement à la défi­ mois une inflation sans précédent sur nition de la pornographie : « Mettant les revues d’importation. l’accent sur la représentation de par­ • Des romans-photos français pour ties génitales découvertes d’humains la plupart, généralement produits par adultes ». Elle échappe néanmoins Concorde ou par Marc Dorcel Edi­ au ghetto d’infâmie dans lequel est tions. De Bambou à La Femme aux tenu le porno. bas noirs en passant par Les culottes La distinction est ici introduite par de Charlotte (hum !), ils sont d’une la loi elle-même (Loi de juillet 1949 réelle qualité technique mais se con­ sur la presse destinée à la jeunesse — tentent de reprendre des films vidéo. article 14). Cela en assure un moindre prix de La presse porno, c’est en fait la revient puisque film et roman-photo, presse érotique sans prétexte d’achat traditionnels de distribution. Des cas réalisés avec le même matériel seront autre que le porno, qui s’est heurtée à de piraterie existent certes, mais le vendus séparément. Un seul de ces plusieurs interdictions et se trouve circuit de diffusion traditionnel du romans n’en atteint pas moins la donc en principe exclue des circuits porno reste celui des sex-shops. somme de cent francs I 8

See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.