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Entre la ville, la noblesse et l’Etat: Philippe de Clèves (1456-1528), homme politique et bibliophile PDF

304 Pages·2007·26.124 MB·French
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070957B_001_004 20-11-2007 13:44 Pagina I KATERN 1 ORDER 070957 P1 ENTRELAVILLE, LANOBLESSEETL’ÉTAT: PHILIPPE DE CLÈVES (1456-1528) HOMME POLITIQUE ETBIBLIOPHILE Page 1 070957B_001_004 20-11-2007 13:44 Pagina II ORDER 070957 P1 B URGUNDICA XIII Publié sous la direction de Jean-Marie CAUCHIES Secrétaire général du Centre européen d’études bourguignonnes (XIVe-XVIe s.) Page 2 070957B_001_004 20-11-2007 13:44 Pagina III ORDER 070957 P1 ENTRE LA VILLE, LA NOBLESSE ET L’ÉTAT: PHILIPPE DE CLÈVES (1456-1528) HOMME POLITIQUE ET BIBLIOPHILE SOUS LA DIRECTION DE J H , C V H ELLE AEMERS ÉLINE AN OOREBEECK & H W ANNO IJSMAN H F Page 3 070957B_001_004 20-11-2007 13:44 Pagina IV ORDER 070957 P1 Illustration de couverture: Philippe de Clèves en prière devant son ange gardien; ses armoiries ornent l’initiale,Gand (?), ca1485.(Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, ms. IV40, fol.121v). ISBN978-2-503-51912-8 D/2007/0095/170 F G © 2007, nv, TURNHOUT, BELGIUM All rights reserved.No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without prior permission of the publisher. Printed in the E.U. on acid-free paper Page 4 ORDER 070957 P1 TABLE DES MATIERES MarcBOONE Introduction: Noblesse, politique urbaine et formation d’un Etat: le trajet de Philippe de Clèves, homme d’armes et de lettres, homo burgundicus 1 Jean-MarieCAUCHIES Philippe de Clèves en son temps: féodalité et service des princes 7 JelleHAEMERS Philippe de Clèves et la Flandre. La position d’un aristocrate au coeur d’une révolte urbaine (1477-1492) 21 HansCOOLS Philip of Cleves at Genoa: the Governor who Failed 101 LouisSICKING Philip of Cleves’ Instruction de toutes manières de guerroyer and the Fitting Out of Warships in the Netherlands during the Habsburg-Valois Wars 117 ElyneOLIVIER Philippe de Clèves, le goût et les particularismes artistiques d’un noble bourguignon à travers le Recueil de mandements, d’inventaires et de pièces diverses concernant la succession de Philippe de Clèves 143 KarenDECOENE The Winnow and the Sifted Past. From the Emblem to the Library and back again 161 AnneKORTEWEG La bibliothèque de Philippe de Clèves: inventaire et manuscrits parvenus jusqu’à nous 183 v Page 5 ORDER 070957 P1 Table des matières CélineVANHOOREBEECK Les bibliothèques de Philippe de Clèves (1456-1528), Thomas de Plaine (ca 1444-1507) et Philippe Wielant (1441-1520). Essai de mise en perspective 223 HannoWIJSMAN Politique et bibliophilie pendant la révolte des villes flamandes des années 1482-1492: Relations entre les bibliothèques de Philippe de Clèves et de Louis de Bruges et la Librairie des ducs de Bourgogne 245 FrederikBUYLAERT&JanDUMOLYN Conclusion : L’importance sociale, politique et culturelle de la haute noblesse dans les Pays-Bas bourguignons et habsbourgeois (1475-1525): un état de la question 279 LISTE DES AUTEURS 296 vi Page 6 ORDER 070957 P1 Marc Boone INTRODUCTION NOBLESSE, POLITIQUE URBAINE ET FORMATION D’UN ETAT: LE TRAJET DE PHILIPPE DE CLEVES, HOMME D’ARMES ET DE LETTRES, HOMO BURGUNDICUS Le 22 avril 2005, s’est tenu dans les locaux de la Bibliothèque royale de Belgique, à Bruxelles, un colloque accompagné d’une exposition dévoilant quelques-uns des manuscrits qui y sont conservés et qui ont appartenu à Philippe de Clèves (1456-1528). Le lieu, le moment et la conception de l’événement ne doivent que peu au hasard. La “Royale” s’imposait comme lieu de rencontre, vu la présence d’un certain nombre de manuscrits de Clèves dans ses collections, mais aussi parce que, située sur “le Mont des Arts”, elle est adossée à l’ancien palais des ducs de Bourgogne, princes de Habsbourg, lui- même entouré par de somptueuses demeures habitées par des familles de la haute noblesse très présentes à la cour, tels les Nassau ou les Clèves. Le moment et la conception de cette journée s’inscrivent dans la logique d’un programme de recherches lancé et financé par la Politique scientifique fédérale belge, les PAI (Pôles d’attraction interuniversitaires, phase 5, n° 10: La société urbaine aux anciens Pays-Bas, bas moyen âge et XVIe siècle), que j’ai eu l’honneur de diriger et dont les activités se sont déroulées pendant la période 2002-2006.1 La phase suivante (n° 6: Ville et société dans les anciens Pays-Bas. Espace urbain, capital social, culture et savoir) a débuté en 2007.2 Le projet avait pour but d’organiser la recherche en histoire urbaine en mettant l’accent sur l’histoire culturelle, englobant et synthétisant un certain nombre d’aspects des réalités historiques sous l’angle de ce qu’on appelle communément de nos jours le cultural turn. Ces recherches ont été confiées à des équipes appartenant aux universités de Gand, Bruxelles, Anvers et Leyde ainsi qu’au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque royale de Belgique. C’est à l’intersection des équipes impliquées et des thèmes privilégiés que trois jeunes chercheurs à l’œuvre au sein du programme (cid:237) Céline Van Hoorebeeck (Bibliothèque royale), qui a terminé une thèse de doctorat sur les livres et les 1 Pour plus de détails, voir http://www.ulb.ac.be/philo/urbs/ 2 Voir http://www.cityandsociety.be/ 1 Page 7 ORDER 070957 P1 MARCBOONE lectures des serviteurs de l’Etat bourguignon aux Pays-Bas, Jelle Haemers (Université de Gand), qui a lui aussi terminé une thèse de doctorat sur les révoltes des villes de Flandre contre Maximilien d’Autriche, et Hanno Wijsman (Université de Leyde), auteur d’une thèse soutenue en 2003 sur la production et la propriété bibliophiles dans les Pays-Bas bourguignons (cid:237) se sont rencontrés et ont finalement vu leurs discussions aboutir à ce que chaque promoteur d’un projet de recherche en commun ne peut qu’espérer : que les exécutants prennent l’initiative de confronter leurs résultats de recherche entre eux et face à un public plus large. On trouvera dans ce livre les textes présentés à ce colloque, voire même dans un cas précis (Hans Cools, absent à la journée d’études) sollicités après coup, mais tous fortement remaniés afin de tenir compte au maximum des discussions et des échanges scientifiques. Que cette production ait pu être accueillie dans la série Burgundica de la maison d’édition Brepols est également une source de satisfaction. La série dirigée par Jean-Marie Cauchies (Académie royale de Belgique et Facultés universitaires Saint-Louis) est devenue en effet la référence pour les publications concernant la période bourguignonne de l’histoire dite “nationale”. De plus, son directeur étant lui-même l’un des promoteurs d’un programme PAI précédent, il s’est donc très naturellement inscrit dans la logique de la journée d’études qu’il a accepté d’introduire, étant en outre l’auteur d’une biographie récente (2003) de l’archiduc Philippe le Beau (1478- 1506), prince régnant théoriquement pendant la période concernée (son jeune âge l’a, en réalité, longtemps obligé de subir les événements plutôt que de les influencer).3 La collection d’essais qui suit tourne autour d’un personnage de premier rang parmi les grands et les hommes d’influence à la cour du même prince et dans la société urbaine de l’époque : Philippe de Clèves. Non pas dans le but de remplacer la biographie que lui avait déjà consacrée en 1937 Arie De Fouw – biographie qui reste valable, bien qu’elle demande à plusieurs égards à être complétée –, mais avec l’ambition de joindre des aspects à première vue peu compatibles dans le chef du même homme: ses activités politiques et militaires, d’une part, sa passion bibliophile et son intérêt pour les arts, de l’autre.4 Les deux aspects sont relativement faciles à documenter et s’offrent donc à une analyse poussée. Les sources ne manquent pas : au contraire, malgré la crise du régime entamée en 1477, les institutions bourguignonnes – en premier lieu les Chambres des comptes, véritables mémoires vivantes de la société – n’ont cessé de produire et de conserver de précieux témoignages qui permettent de pénétrer les réalités financières et politiques des actions des princes et des grands et de se former ainsi une idée de ce qui a pu les motiver. Les institutions urbaines, elles aussi, ont continué à produire des séries de 3 Voir J.-M.CAUCHIES, Philippe le Beau. Le dernier duc de Bourgogne (Burgundica, VI), Turnhout, 2003. 4 A. DE FOUW, Philips van Kleef. Een bijdrage tot de kennis van zijn leven en karakter, Groningue, 1937. 2 Page 8 ORDER 070957 P1 Introduction documents qui sont en partie à la base de la renommée des sociétés urbaines des anciens Pays-Bas.5 Pourtant, la période qui a suivi la grande crise de l’Etat bourguignon de 1477 et qui a précédé l’arrivée au pouvoir du prince habsbourgeois Charles Quint en 1515 a souvent été négligée. Pour les uns, le Moyen Age classique s’était arrêté en 1477; pour les autres, les temps dits “modernes” n’ont vraiment commencé qu’en 1500, voire en 1515 (naissance ou début du règne personnel de Charles Quint). A plusieurs égards, l’époque fut pourtant cruciale et transformatrice. La commémoration de la figure de Charles Quint qui a marqué l’année 2000 a mis l’accent sur les transformations que venait de subir la société autour de 1500 : diffusion à une échelle grandissante de découvertes techniques telles que l’imprimerie, élargissement de l’horizon européen par le processus de colonisation de larges parties du monde, mise en question des certitudes religieuses et morales par les esprits réformateurs.6 Dans tous ces domaines, l’homme et la femme des dernières décennies du XVe et du début du XVIe siècle vivaient une époque où les questions concernant les nouveautés et les changements l’emportaient sur les certitudes d’un monde baptisé “médiéval” par ceux qui se mettaient à la tête des mouvements novateurs et qui semblait s’éloigner à grands pas. Qu’on se garde de lire dans ces lignes un retour aux sentiments de perte, de décadence ou de pessimisme qui, depuis la publication par Johan Huizinga du Herfsttij der Middeleeuwen (1919), ont caractérisé un grand nombre de considérations sur la culture de l’époque dite bourguignonne.7 Au contraire : comme tout moment de transition et de changement d’échelle, cette période offrait des possibilités de renouveau et de questionnement intellectuel de première importance. Une analyse des choix qui se sont imposés à Philippe de Clèves permet donc de jeter un regard de l’intérieur, par les yeux d’un contemporain privilégié à plusieurs égards, sur ce 5 Comme le démontre amplement la thèse de Jelle Haemers, soutenue le 6 décembre 2006 à l’université de Gand: J.HAEMERS, “Ende hevet tvolc goede cause jeghens hemlieden te rysene”. Stedelijke opstanden en staatsvorming in het graafschap Vlaanderen (1477-1492), thèse inédite (une publication est en préparation). 6 Pour un aperçu de la littérature abondante qui a vu le jour à l’occasion de cette année de commémorations, voir N.MOUT, Carolus van Europa. Keizer Karel V in 2000 herdacht, inBijdragen en Mededelingen betreffende de geschiedenis der Nederlanden, t. CXVI, 2001, p. 34-44. Une approche radicalement nouvelle a été tentée dans J.DENOLF & B.SIMONS, (Re)constructing the past. Het verleden als instrument. Le passé recomposé. Proceedings of the Colloquium on History and Legitimation organised by the Charles V 2000 Committee, Bruxelles, 2000. Parmi les publications plus récentes avec un parti-pris résolument interdisciplinaire, on citera M. BOONE & M. DEMOOR (éds.), Charles V in Context: the Making of a European Identity, Bruxelles, 2003. 7 Comme la notion de herfsttij (automne) suggère une suite à un printemps et à un été médiévaux, Huizinga, qui s’opposait à l’interprétation logique qui découle de ce constat (cid:237) c’est-à-dire à une vision cyclique de l’histoire (cid:237) a pris soin d’éviter le même malentendu dans les traductions. Le livre s’intitule en effet en français Le déclin du Moyen Age (au moins dans la première traduction tardive de 1932; depuis le livre a été réédité en 1975 sous le titre L’Automne du Moyen Age) et en anglais The waning of the Middle Ages. Pour un survol des traductions et des changements de titre, lire E.PETERS &W.SIMONS,The new Huizinga and the old Middle Ages, in Speculum. A journal of Medieval Studies, t. LXXIV, 1999, p. 587-590. 3 Page 9 ORDER 070957 P1 MARCBOONE qui était en train d’évoluer et de muter pendant ces années qui ont vu, pour n’évoquer qu’un exemple bien connu, le glissement net et irréversible du centre de gravité économique de la ville flamande de Bruges vers la ville portuaire brabançonne d’Anvers. Sur ce terrain économique que l’on peut juger suffisamment connu, des changements importants d’ordre social et culturel se sont pourtant aussi manifestés.8 Philippe de Clèves peut apparaître à première vue comme le représentant d’un monde révolu, le soutien politique et militaire qu’il a apporté aux villes flamandes (Bruges en particulier) comme un combat d’arrière-garde, perdu d’avance, bref un personnage peu en phase avec son temps. Mais comment expliquer alors qu’il ait été si utile au roi de France Louis XII comme élément essentiel de sa politique italienne et méditerranéenne ? L’amiral de Gênes et de Naples, le croisé peu chanceux contre les Turcs en 1501, l’auteur d’un manuel de guerre sur mer : l’image s’accorde mal avec celle du défenseur des privilèges particularistes des villes flamandes, engagées dans un combat perdu d’avance contre un adversaire de taille, Maximilien d’Autriche. Philippe de Clèves est loin d’être le seul personnage important de cette époque (cid:237) les débuts de la Renaissance (cid:237) qui, par ses choix politiques et de société, dérange et ne se laisse pas facilement confiner dans une case bien définie. On pense au chroniqueur Philippe de Commynes (homme de lettres, diplomate et noble comme lui) ou encore au connétable Charles de Bourbon.9 Tout comme ses deux contemporains, Philippe de Clèves est le représentant d’une noblesse, terreau de serviteurs de l’Etat absolu naissant et mangée progressivement par l’appétit de ce dernier. Face à une monarchie se posant comme détentrice d’un pouvoir sacralisé, renforcé par des armes juridiques de taille comme le crime de lèse-majesté, offense à la fois au pouvoir temporel d’un monarque et au pouvoir divin, ne faut-il pas appliquer à Philippe de Clèves ce que Denis Crouzet a dit du connétable de Bourbon : “Il y eut un temps où, de manière très volontariste, une théâtralité tragique du sublime envahit la scène politique dans une nouvelle exaltation du moi, par laquelle il s’assure lui-même contre les injures du destin. Mais cette exaltation n’est que le jeu simultanément refaçonné et retrouvé de gloire du connétable, dans un contexte où ressurgit une obsessionnelle amertume aristocratique face à un pouvoir soupçonné d’ingratitude et d’injustice. “Plus je les servirai, plus je serai coupable”, s’exclame tristement Suréna persécuté par la famille royale…”.10 Peut-être 8 Voir B. Blondé, O. Gelderblom & P. Stabel, Foreign merchants communities in Bruges, Antwerp and Amsterdam, c. 1350-1650, in D. Calabi & S. Christensen (éds.), The sites of exchange. Cities, Foreigners and cultural Transfers in Europe, 1400-1700, Cambridge, 2007, p. 154-174. 9 J. BLANCHARD, Commynes l’Européen. L’invention du politique, Genève, 1996; IDEM, Philippe de Commynes, Paris, 2006 ; D. CROUZET, Charles de Bourbon, connétable de France, Paris, 2003. 10 Ibidem, p. 629. La citation (“dans une nouvelle exaltation…”) est extraite de P.BÉNICHOU, Morales du Grand Siècle, Paris, 1948, p. 34. Les fondements idéologiques du pouvoir royal/impérial bénéficient d’une attention grandissante de la part des historiens influencés par les approches discursives et culturelles relativement modernes; voir parmi la production historiographique récente A.-H. ALLIROT, G. LECUPPRE & L. SCORDIA (éds.), Royautés imaginaires (XIIe-XVIe siècles). Actes du colloque organisé par le Centre de recherche 4 Page 10

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