Emploi des liants pour le pressage des aliments des animaux: aspects technologiques et nutritionnels J.P. Melcion To cite this version: J.P. Melcion. Emploi des liants pour le pressage des aliments des animaux: aspects technologiques et nutritionnels. Productions Animales, 1995, 8 (2), pp.83-96. hal-00896106 HAL Id: hal-00896106 https://hal.science/hal-00896106 Submitted on 1 Jan 1995 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. J.P. MELCION Emploi des liants INRA Laboratoire de Technologie le pour pressage Appliquée à la Nutrition, BP 1627, 44316 Nantes Cedex 03 des aliments des animaux : aspects technologiques et nutritionnels Les adjuvants de pressage sont utilisables pour l’agglomération des aliments, raison de leurs propriétés liantes, assurant la cohésion du en granulé, et lubrifiantes, réduisant la consommation d’énergie électrique de la presse. Ils n’ont généralement pas de valeur nutritionnelle propre, mais peuvent modifier les paramètres de la digestion. Le pressage dans la fabrication d’un ali- nu. Produire des granulés de cohésion suffi- ment composé est une opération dont le sante à bas coût demande un équilibre entre résultat est encore aléatoire : le mode d’action les matières premières utilisées, les caracté- des forces qui régissent l’association des par- ristiques des matériels, leur mise en oeuvre ticules entre elles est en grande partie incon- opératoire, et l’addition possible d’adjuvants connus pour leurs propriétés liantes et/ou lubrifiantes (Olentine 1980). Résumé - Ces propriétés liantes / lubrifiantes peu- vent provenir des matières premières utili- sées principalement en raison de leur contri- Les liants (ou adjuvants de pressage) sont des additifs généralement dépourvus bution nutritionnelle - mélasses, amidons de valeur alimentaire qui sont incorporés à faible taux (0,5 à 2,5 %) dans les ali- gélatinisés, glycérides du suif ou sels d’acides ments composés dans le seul but d’augmenter le rendement des presses et la gras - ou bien d’ additifs particuliers, les cohésion des granulés. Ces substances peuvent être d’origine organique ou miné- adjuvants de pressage, qui sont incorporés rale. Parmi les substances organiques, les lignosulfites sont des sous-produits de l’industrie papetière. Les substances minérales appartiennent essentiellement à prioritairement pour leurs propriétés liantes la famille des argiles. D’autres additifs tels que les polysaccharides peuvent être et/ou lubrifiantes, et secondairement pour utilisés dans l’élaboration des aliments pour les animaux aquatiques. leur teneur en éléments nutritifs et les modi- fications nutritionnelles qu’ils peuvent indui- Il existe des tests de laboratoire susceptibles d’évaluer l’aptitude liante ou lubri- re. fdiua nttyep ed ed ece msa atdijèurvea nptresm dieè rper.e sLseasg ee,s seani sf oàn éccthieolnl ep rpiinlcoitep amloenmternetn dte glé’nhéurmaildietmée nett Il nous faut à cet égard établir une distinc- tion entre pouvoir liant et pouvoir lubrifiant. une influence positive de l’addition des lignosulfites sur les propriétés méca- Un lubrifiant » facilite le glissement des niques des agglomérés et une tendance à une réduction de l’énergie consommée « par la presse dans le cas de mélanges riches en céréales (et en amidon). L’effet particules entre elles et influe directement des substances minérales est assez variable en regard des conditions de pressage. sur le rendement de l’agglomération, alors A échelle industrielle, les petites différences observées peuvent être masquées qu’un « liant » tend plutôt à cimenter les par- par les variations aléatoires liées aux essais en usine. ticules, donc à favoriser la cohésion de l’ag- gloméré. En pratique, le terme « liant » Les adjuvants de pressage n’ont pas de valeur nutritionnelle en soi. Les lignosul- couvre ces deux aspects parfois opposés. fites et autres composés organiques peuvent faire exception en raison de leur teneur - bien que limitée - en sucres simples. Les liants minéraux sont considérés usuellement comme des diluants de la ration. Les effets indirects constatés sur l’indice de consommation peuvent être dûs à une augmentation de dureté des 1 / Origines et propriétés des granulés. Un effet de tannage des protéines de l’aliment est possible avec les lignosulfites. Cependant, la structure et le comportement physique des argiles adjuvants de pressage (bentonite, sépiolite) peuvent expliquer certains effets sur la digestibilité de - - l’énergie chez le monogastrique, par une modification de la rétention d’eau et de Les adjuvants de pressage sont, pour la la durée de transit dans l’intestin de l’animal, et sur l’utilisation de l’azote chez le plupart, soit des sous-produits d’origine ruminant. industrielle, soit des produits d’extraction divers, que l’on peut diviser un peu arbitrai- des cations associés, de l’eau intersticielle rement en deux groupes principaux : les sub- peut s’ajouter à la précédente et venir s’insé- stances d’origine minérale d’une part, d’origi- rer entre les feuillets. Cette structure suggère ne organique d’autre part. un effet lubrifiant par le glissement des feuillets l’un sur l’autre. Lorsque la teneur en eau diminue, les particules se rapprochent, chassant l’eau intersticielle puis l’eau adsor- l.i / Adjuvants d’origine bée pour établir des ponts solides. Ainsi, en minérale présence d’eau ou de vapeur, les argiles seraient capables d’une part de prévenir le a / Argiles à structure lamellaire btelro claegse pdaerst ipcruelsesess ,a pertè ds’ aruetfrreo piadrits sdeem ecnitm e(ne-t Les argiles sont des silicates d’aluminium séchage) par un effet de rétraction des hydratés, comprenant des atomes de silice et feuillets. On trouve, dans ce groupe, des pro- d’aluminium en majeure partie, disposés duits pulvérulents (tableau 1), dont la cou- selon une structure en feuillets constitués de leur va du gris au blanc, et dont les appella- mailles cristallines (phyllosilicates). Par suite tions commerciales ne recouvrent pas des substitutions ioniques dans la maille du toujours les noms minéralogiques véritables. minéral, chaque grain d’argile est chargé La clé de l’utilisation des argiles comme d’électricité négative sur sa surface et les adjuvants est la présence de quantités d’eau feuillets qui le composent sont plus ou moins adéquates dans le mélange argile-aliment. reliés fortement les uns aux autres. Chaque L’agglomération (ou pressage ou encore « gra- grain d’argile est enveloppé d’un film d’eau de nulation ») intervient à la fin de la fabrication nature spéciale (eau adsorbée) et, en fonction d’un aliment composé. Elle consiste à com- pacter le mélange dans une presse (figure 1), Kaolinites après généralement injection de vapeur vive Les kaolinites sont également des argiles dans la masse à l’aide d’un conditionneur (David et Lefumeux 1973). Comme les argiles en feuillets. Leur structure (2 feuillets) et leur composition globale sont semblables à n’absorbent pas l’eau liée qui se trouve dans celle des bentonites (tableau 1), mais les l’aliment, celle-ci est apportée par la conden- sation de la vapeur dans le conditionneur, ou feuillets sont liés étroitement par des liaisons par apport direct en amont de la presse dans hydrogène - d’où une capacité d’échange très faible (tableau 2) qui les rendent incapables la mélangeuse, ou par la mélasse. Une basse pression de vapeur est généralement recom- de se gonfler dans l’eau et de donner naissan- mandée, de manière à favoriser une conden- ce à des gels. Une faible surface spécifique et sation plus importante dans le conditionneur. l’absence de charges entraînent une basse En se fondant sur les pratiques cimentières, capacité d’échange. D’autres argiles comme la l’idéal serait d’ajouter l’argile après humidifi- muscovite ou l’attapulgite peuvent également cation de l’aliment qui adsorbe l’eau et agit se trouver associées à la kaolinite, avec des comportements similaires. comme un concurrent. Une filière dite « peu comprimante », dont le rapport longueur de canal / diamètre de canal est inférieur à 10 Vermiculites est également recommandée en présence d’ar- La vermiculite est une roche formée de gile, ce qui permet d’utiliser davantage de couches micacées séparées par deux molé- vapeur sans bloquer le fonctionnement de la cules d’eau contenant des ions hydratés, qui presse. Les taux d’incorporation sont généra- assurent de faibles forces de liaison entre lement de 1 à 2 %. feuillets. La capacité d’échange et les proprié- tés d’absorption sont importantes et peuvent être accrues par expansion à la chaleur à Les argiles ont une Bentonites 800 &dquo;C. Ces argiles peuvent aussi être utili- structure en sées pour absorber des liquides tels que la feuillets qui Les bentonites (Fort-Benton, USA) sont mélasse, le chlorure de choline ou l’urée. peuvent glisser parmi les premiers liants apparus en alimen- l’un sur l’autre tation animale. Les bentonites contiennent plus ou moins de montmorillonite (Montmo- b / Argiles à structure tubulaire lorsque la teneur rillon, Vienne, France), qui est une argile à Sépiolite en eau est 3 feuillets associée à des composés colloïdaux. suffisante. Plus la teneur en montmorillonite est impor- La sépiolite appartient à une famille d’ar- tante, plus élevées sont les propriétés lubri- giles (Alvarez 1984) dont les feuillets sont fiantes. Les feuillets sont liés par des ponts orientés de manière à modifier le faciès ioniques dûs à la présence de cations. La liai- lamellaire classique en lui faisant prendre son est si faible qu’elle se brise sous la simple une structure tubulaire (« minéral à pseudo- action de l’eau (Caillère et al 1982). La capa- feuillets »). La structure d’ensemble est alors cité d’échange est élevée et décroît dans comparable à une brique creuse (Wolter et al l’ordre suivant (Ça&dquo;, Mg**, K’, H’, N’)a. On 1990). La section de ces micro-canaux, dans utilise le terme bentonite de sodium ou bento- lesquels des liquides et des gaz comme l’eau nite de calcium en fonction de la nature de ou l’ammoniac peuvent s’insérer, est de l’ion échangeable. La bentonite de sodium a 0,38 nm’. Ces canaux sont à l’origine de la généralement une plus grande capacité à se surface spécifique élevée (plus de 300 mz/g) et lier à l’eau que la bentonite de calcium. A de la capacité d’absorption (1 à 1,5 fois son l’état pur, elle peut absorber au moins 5 fois poids d’eau) du minéral. Cette argile est riche sa masse d’eau. Lorsqu’elle est totalement en magnésium (tableau 1) car il y a remplace- saturée, elle expanse : un gel est obtenu, qui ment partiel de l’aluminium par le magné- perd sa plasticité et. se disperse sans former sium. Sa capacité d’échange ionique est faible (tableau 2). de pâte liante. La bentonite de calcium par contre n’absorbe qu’une à une fois et demie sa Par ses mécanismes d’action, la sépiolite masse d’eau (Olentine 1980). peut être classée dans le même groupe d’adju- vants que les autres argiles : il a été démon- substances dérivées de l’industrie papetière tré qu’une humidification correcte de la sur- (Dumée et Michelin 1970). Les copeaux de face en vue de l’agglomération peut être bois sont traités en autoclave sous 8 à 9 bar apportée par 0,5 à 2,0 % d’eau. Son pouvoir de pression à haute température (150 à absorbant peut être mis à profit dans des 162 °C) par une solution aqueuse de bisulfite rations contenant des taux élevés de matières d’ammonium ou de calcium contenant de l’an- grasses (Lopez et Alvarez 1991) pour en hydride sulfureux libre. Pratiquement tous accroître la durabilité. les composants ligneux du bois sont solubili- sés pour ne laisser subsister que la cellulose. c / Aluminate de calcium Il y a également hydrolyse partielle des hémi- celluloses et solubilisation des composés rési- L’aluminate de calcium est le résultat de la neux du bois. La solution est séparée par fusion de minerai d’aluminium mélangé à du pressage et, après neutralisation par la soude carbonate de calcium à très haute températu- ou la magnésie, la « liqueur » obtenue qui re (> 1 500 °C) produit par l’industrie cimen- contient 50 à 55 de matière sèche est alors tière. Après un broyage très fin (100 % concentrée et séchée. Elle se présente com- < 100 um), il se présente comme une poudre mercialement sous forme de poudre brune foncée et de masse volumique élevée très hygroscopique. Selon le procédé et le (tableau 2) qui contient environ 38 % d’équi- type de bois traité, la matière sèche contient valent CaO. La cristallisation du produit 40 à 53 % de lignine, 23 à 41 % d’oligosaccha- après hydratation (40 % en masse par rap- rides, principalement des hexoses (fermentes- port au produit sec) semble être la clé du cibles) et des pentoses (non fermentescibles), comportement liant. La chaleur est générale- 2 à 13 % de matières minérales (Hogan 1974, ment un catalyseur de la réaction de cristalli- Kivimâe 1978 : tableau 3). La teneur en sation, qui peut s’effectuer de manière lente soufre varie de 2 à 5 %. et différée après incorporation dans un ali- La structure moléculaire de la lignine sul- ment aggloméré. L’enrobage des particules par la matière grasse dans certains aliments fioonn éseu nl’feosnta tpea sc hbairegné cnoéngnuaet.i vLeam epnrté spernècse dde’ ulna edx’eirncceo,r speomrbalet-ito-ni l,r eucno emffmeat ncodnét raeisrte .d eL e0 t,6a uàx surface de la molécule peut expliquer ses pro- priétés hydrophiles et tensio-actives (Chan et 1,0 %. al 1976). Dans les aliments, ces propriétés expliquent l’effet lubrifiant des lignosulfites. 12 . / Adjuvants d’origine Leur viscosité, associée à celle des composés organique glucidiques, accroît les forces de liaison entre les particules d’aliment. Le taux d’incorpora- tion recommandé est de 1 à 2,5 %. a / Lignosulfites De plus, les groupements aminés des pro- Les lignosulfites (ou lignosulfonates pour téines de l’aliment peuvent se combiner aux les anglo-saxons) constituent un groupe de groupements sulfonates par une véritable réaction de tannage. Un tiers de ces liaisons comme liants ou lubrifiants. L’un des plus seraient irréversibles selon Gustavson (1956), connus est une association de carboxy- principalement avec les lignines sulfonées de méthyl-cellulose (CMC), d’hydrolysats pro- haut poids moléculaire. téiques et d’extraits de sassafras (lauracée de Chine et d’Amérique du Nord). Le taux d’in- b / Extraits d’hémicellulose corporation du mélange est plus élevé que celui de la CMC pure (1,25-2,5 %). Les pro- Les « extraits d’hémicellulose » sont des priétés filmogène et lubrifiante de la CMC produits issus de la production des panneaux sont associées à l’odeur agréable de petites de particules de bois, disponibles essentielle- quantités de sassafras. L’eau et la températu- ment sur le marché nord-américain. Les re sont, là aussi, essentielles à une pleine effi- copeaux de bois sont dilacérés par action de cacité du mélange, mais cette efficacité la vapeur à hautes pression et température, décroît avec des aliments riches en fibres ou puis lavés à l’eau. Les produits solubles contenant des proportions élevées de liquides entraînés par les eaux de ruissellement sont (mélasse, matières grasses) selon Olentine recueillis, concentrés et séchés. L’extrait se (1980). présente sous forme d’une poudre brun clair qui contient 80 à 84 % de polysaccharides et peu de lignine (tableau 3). Leur viscosité en présence d’eau peut expliquer leur effet liant dans un aliment. 2 / Aspects technologiques c / Celluloses substituées 2.i 1 Evaluation du Les éthers de la cellulose (carboxy-méthyl- comportement liant et cellulose par exemple), couramment employés lubrifiant en industrie alimentaire comme agents épais- sissants ou gélifiant.s, ont été adaptés à l’ali- mentation animale. Plus le degré d’éthérifica- a / Méthode par compaction tion est élevé (0,2 à 0,8), plus leur affinité pour l’eau est élevée et plus basse est leur L’aptitude d’une substance à cimenter les viscosité en phase hydratée. Ils sont capables particules peut s’évaluer indépendamment de d’absorber l’eau en proportions très élevées la variabilité des conditions propres du pres- jusqu’à se solubiliser. Ceci explique leurs pro- sage : substrat, type de filière, vapeur ajou- priétés filmogènes et lubrifiantes en présence tée, vitesse de rotation, etc. Dans le principe, d’une proportion d’eau suffisante ajoutée lors du conditionnement. Le taux d’incorporation le liant est ajouté à un mélange de sable et d’eau (10 %), qui est compacté sous une pres- recommandé est bas (0,1 %) en partie pour sion connue dans un moule cylindrique. limiter les inconvénients physiologiques. Un Après extraction de la carotte ainsi formée et Les lignosulfites effet inhibiteur sur l’hydrolyse par la pepsine stabilisation à 25 &dquo;C pendant 24 heures, la sont les adjuvants de protéines pures a été mis en évidence cohésion est évaluée par la résistance à d’origine (Valaris et Harper 1973). l’écrasement. organique les plus d / Gommes végétales Un dispositif dérivé (Le Deschault de Mon- utilisés. Ils redon 1990) consiste à comprimer de la même contiennent Les « gommes » végétales sont des polysac- manière le mélange additif-farine entre deux notamment de la charides de haut poids moléculaire extraits poinçons (figure 2a) à une pression fixée d’algues (alginates, caraghénanes), ou de (200 MPa) et à enregistrer la courbe force- lignine sulfonée. graines de légumineuses (guar, caroube). déplacement. Le comportement de la farine La présence d’un Elles sont traitées chimiquement pour (pouvoir lubrifiant) est caractérisé par un ion sulfonate en accroître leur affinité pour l’eau ainsi que seuil de plasticité repéré sur la courbe et par surface de cette leurs pouvoirs gélifiant et épaississant. En le travail de compression (figure 2b). Le seuil raison de leur prix et de leur relative ineffica- de plasticité représente la pression théorique molécule peut cité en milieu peu hydraté, elles sont utilisées requise pour passer de l’état divisé à un état expliquer ses davantage en milieu humide (40-45 % d’eau) cohérent semi-continu. La masse volumique, propriétés pour des applications particulières. Leur le module d’élasticité apparent et la résistan- hydrophiles et emploi est bénéfique dans les aliments pour ce à l’écrasement sont mesurés sur la carotte poissons et crustacés en vue d’accroître leur obtenue (pouvoir liant). La valeur prédictive tensio-actives. stabilité à l’eau et de réduire la pollution des des critères mesurés à l’aide de cette méthode bassins d’élevage (Storebakken 1985, Meyers a été validée par comparaison avec le pressa- 1991). Elles peuvent également se trouver ge à échelle pilote (Le Deschault de Monre- sur le marché en association avec d’autres don et al 1993). L’énergie spécifique absorbée composés (pâtes de neutralisation issues de par la presse est corrélée au travail de com- l’huilerie). pression, sauf avec des aliments riches en fibres qui sont plus élastiques, et la dureté e / Mélanges des granulés avec la résistance à l’écrasement des carottes. Un exemple de relation sur des Plusieurs types de mélanges, qui visent à aliments contenant différents taux de sépioli- combiner les propriétés des adjuvants te et de matière grasse est donné dans la simples décrits ci-dessus, sont commercialisés figure 3. pérature fixée. Le déplacement du piston ainsi que la force appliquée sont enregistrés par l’intermédiaire de capteurs et servent à définir un travail spécifique d’extrusion (pou- voir lubrifiant) représenté par l’aire sous la courbe force-déplacement. La farine peut être traitée à la vapeur ou non. La dureté des gra- nulés obtenus à la sortie de la filière, iden- tiques d’aspect à ceux élaborés à l’aide d’une presse classique, peut être mesurée à l’issue d’une période de stabilisation à température et hygrométrie contrôlée (pouvoir liant). A titre d’exemple, ce test a permis de mettre en évidence un effet lubrifiant du lignosulfite et de la kaolinite dans des matières premières pures riches en amidon telles que l’orge, le maïs ou le son. Cet effet est réduit avec des matières premières cellu- losiques comme la farine de luzerne et peut être négatif avec des tourteaux (soja), en par- ticulier avec la kaolinite (figure 4). L’effet lubrifiant est rapidement tamponné en pré- sence d’eau ajoutée au mélange. 22 . / Evaluation à échelle pilote et industrielle a / Précautions méthodologiques Les lubrifiants sont utilisés dans le but de réduire la consommation d’énergie et d’ac- croître, si possible, le débit horaire. L’opéra- teur doit mesurer ces deux critères avec la meilleure précision possible. En particulier, l’intensité électrique absorbée par la presse doit être enregistrée afin d’obtenir des infor- mations supplémentaires sur la régularité du fonctionnement de la machine durant l’essai. De plus, il est nécessaire de prendre en comp- te les particules fines séparées par tamisage à la sortie du refroidisseur et habituellement recyclées sur la presse. Bien des informations disponibles sont rendues inutilisables (ou partiales) en raison de l’absence de certains de ces critères. Les liants sont utilisés dans le but d’ac- croître la cohésion du granulé, c’est-à-dire sa dureté et sa durabilité. La durabilité semble être le principal facteur à mesurer : un indus- triel souhaite obtenir des granulés qui ne se brisent pas lors des manutentions, du trans- port et de la distribution à la ferme. La méthode la plus connue est celle dite des « caissons tournants » qui fait l’objet d’une b / Méthode par extrusion norme américaine ASAE S358 (Pfost et Allen 1962), ainsi que la méthode pneumatique Un dispositif de principe différent a été développée par la firme suédoise Holmen construit (Melcion 1974) et adapté à l’étude (Payne 1979). Les termes durabilité ou friabi- de l’efficacité des liants (Melcion et Delort- lité peuvent être utilisés indifféremment : la Laval 1977). Entre les deux plateaux d’une friabilité, qui est le pourcentage de particules presse hydraulique de laboratoire, un disposi- arrachées à l’aliment après abrasion est égale tif d’extrusion a été mis en place. Il se compo- à (100 - durabilité). Il faut cependant prêter se d’un cylindre percé à sa partie inférieure attention à la manière d’exprimer les résul- d’un orifice de dimensions données (la « filiè- tats qui peut conduire à une interprétation re »). A travers cet orifice s’écoule la poudre parfois « optimiste » de l’addition d’un liant : comprimée par un piston mobile dans l’axe une réduction de friabilité de 10 à 5 % équi- du cylindre. Un manchon chauffant thermo- vaut à un accroissement de durabilité de 90 à régulé peut maintenir le cylindre à une tem- 95 %. Il s’ensuit que l’efficacité relative obtenue Le lignosulfite et la kaolinite ont un effet lubrifiant surtout dans les matières premières riches en amidon comme l’orge ou le maïs. est de 50 % dans le premier cas et seulement Delort-Laval 1977). D’autre part, il n’y a de 5,6 % dans le second. La dureté, évaluée généralement pas de proportionnalité appa- par la résistance à l’écrasement des granulés rente entre le pourcentage de liant ajouté, (Delort-Laval et Drevet 1970) a une connota- quel qu’il soit, et le résultat technologique. tion quelque peu différente et se relie davan- En vue d’éviter la variabilité due à la com- tage au comportement alimentaire de l’ani- plexité des mélanges, kaolinite et lignosulfite mal (durée de repas ou de mastication, prise ont été ajoutés à des matières premières d’aliment). pures agglomérées à sec (sans vapeur). Par La production de granulés est connue pour rapport aux témoins sans adjuvants, la dépendre de nombreux paramètres : débit consommation d’énergie est réduite avec les d’alimentation de la presse, quantité de céréales et le son de blé, identique avec la vapeur incorporée, type de matière première, farine de luzerne et accrue avec le tourteau géométrie et usure de la filière. En raison des de soja quels que soient les adjuvants testés. interrelations entre ces paramètres, il semble La friabilité des granulés est réduite, davan- nécessaire de procéder à une comparaison tage avec le lignosulfite qu’avec la kaolinite, avec ou sans liants dans les mêmes condi- sauf pour les matières premières (luzerne, tions de fonctionnement dans un premier soja) dont les produits sont déjà très peu temps, avant d’optimiser les résultats pour friables (Melcion et Delort-Laval 1977). une substance donnée dans un second temps. En raison de leur capacité d’absorption éle- Il est connu par exemple qu’un débit d’ali- vée des liquides, certaines argiles (bentonite, mentation plus élevé, donc un temps de sépiolite) peuvent être utilisées comme sup- séjour plus faible dans la filière, conduit à port d’incorporation des matières grasses en une détérioration de la qualité des granulés : limitant la perte de cohésion du granulé l’influence propre du débit peut alors interfé- (Lopez et Alvarez 1991). A débit d’alimenta- rer avec celle du liant que l’on souhaite tion constant sur des aliments pour volaille mettre en évidence. Les performances du contenant 3 ou 6 % de matière grasse (suif), matériel aux plans technique et économique on note, sur la dureté, un effet significatif de (production spécifique et débit horaire) l’addition de 2 ou 4 % de sépiolite (+ 28 et seraient à établir sur la base d’une durabilité + 74 % en moyenne respectivement en valeur de référence, 96 % par exemple selon Friedrich relative par rapport aux témoins dont la (1983). De plus chaque test en atelier pilote cohésion est bien connue pour être médiocre) ou en usine devrait être effectué en double ou (figure 3 déjà citée). Par contre, la durabilité en triple. des aliments est peu modifiée. Le prémélange de la graisse à l’argile avant de l’ajouter à b / Tendances technologiques l’aliment n’apporte pas d’avantage supplé- mentaire. - essais au stade pilote : soDn’tu neen cfoarçeo nf gréangémraelnet,a ilerse sré seutl tdaetsm aonbtdeennuts Les études complètes évaluant l’efficacité d’autres recherches. technologique des liants ne sont pas nom- bsreentu sceesp. eLndaa nptl uapuaxr tl idgenso sualuftietuesr su nree cionnfnlauiesn-- - essais au stade industriel: ce favorable lorsque ceux-ci sont ajoutés à des A l’échelle industrielle, avec différents mélanges riches en matières premières amy- types d’aliments, plus le niveau d’énergie lacées, à la fois sur la durabilité et sur la consommée est bas (la production spécifique consommation d’énergie, avec une interaction de la presse exprimée en kg/kWh est plus éle- positive entre le taux de vapeur incorporée et vée), et plus l’efficacité relative de l’addition le taux de liant (Friedrich et Robohm 1970, d’adjuvants paraît faible. C’est le cas avec Payne 1979) surtout en ce qui concerne l’aluminate de calcium (Nivet 1993, tableau 4). l’énergie spécifique. Cette influence disparaît D’un autre coté, les différences constatées en présence de sucres ou de lait en poudre en milieu industriel sont souvent limitées dans les aliments pour porcelets (Bruggeman (tableau 5) et peuvent être masquées par des et al 1964), ou si la proportion de tourteau de événements aléatoires difficiles à éviter pen- soja par rapport aux céréales et au manioc dant les essais en usine. (Pfost 1964) croît. Leur effet en présence de matière grasse est plus incertain. Dans les essais conduits à débit constant, et pour des taux d’incorporation de 1 à 2 %, la réduction d’énergie spécifique est plus faible, inférieure 3 / Efficacité zootechnique des àd ’e1a0u %o, ue td es ovuavpeeunrt. mLaes qluiégneo spualfri tle’ asd’daivtèiroen adjuvants de pressage souvent être davantage un liant qu’un lubri- fiant. La kaolinite et une carboxy-méthyl-cel- Les adjuvants minéraux ne possèdent lulose dans un aliment pour lapin plus riche aucune valeur alimentaire par eux-mêmes. en fibres, n’ont pas entraîné d’effet pratique Les lignosulfites, qui contiennent 11 à 35 % significatif sur la consommation d’énergie de glucides, peuvent avoir une certaine spécifique. Exprimée en termes de friabilité, valeur énergétique. La variabilité de la la cohésion de l’aliment a été cependant réponse animale décrite dans la littérature réduite de façon plus marquée (Melcion et est reliée au type d’animal, à la composition de l’aliment et au type d’adjuvant, y compris sorte d’enrobage des protozoaires ciliés. La dans une même famille de produits, et à ses bentonite apparaîtrait finalement comme un propriétés physiques face à la mise en ceuvre moyen de réduire partiellement l’activité de la technologique. Ces dernières informations micro-faune, conduisant ainsi à une augmen- sont d’ailleurs souvent absentes. tation du flux de protéines sortant du rumen. Les lignosulfites sont utilisés depuis long- 31 . / Chez le ruminant temps dans les aliments du ruminant, soit comme liants, soit comme additifs dans les L’addition de La bentonite a été utilisée chez le ruminant compléments liquides. La vache laitière lignosulfite, à un comme un moyen de contrôle du pH dans le demande un certain délai d’accoutumance taux < 2%, aux rumen, comme source de minéraux, ou comme (3 jours) à une ration contenant 2 % de ligno- rations des agent liant. Un mélange (en milieu humide) de sulfite, mais en aucun cas il n’a été observé bentonite de sodium et de tourteau de soja une diminution des quantités de matière ruminants a très accroît l’utilisation de l’azote chez l’agneau sèche ingérées. Les essais in vitro menés au peu d’effet sur la (Britton et al 1978). Cet effet bénéfique a été Grassland Research Institute (1968) suggè- digestibilité des attribué à des interactions d’adsorption entre rent que les sucres du lignosulfite de calcium fourrages. Au-delà les protozoaires ciliés du rumen ou leur sub- sont fermentés pour produire des acides gras de 2 %, le strat de croissance, et la bentonite. A l’aide volatils avec très peu d’influence sur la diges- d’une technique de simulation in vitro du tibilité des fourrages lorsque le lignosulfite lignosulfite rumen (Rusitec), Wallace et Newbold (1991) est ajouté à 2,5 %. A taux plus élevés (2 à 8 % d’ammonium ont mis en évidence une réduction du nombre MS), le lignosulfite d’ammonium devient une devient une source de protozoaires accompagnée d’une baisse de source d’azote non protéique pour le mouton la production d’ammoniac, attribuée à une et le bovin à l’engrais. La valeur alimentaire d’azote non protéique.
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