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Écriture de la violence dans le roman africain francophone des années 1990 PDF

433 Pages·2015·2.53 MB·French
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"Écriture de la violence dans le roman africain francophone des années 1990 : une esthétique dans le cri : le cas des deux Congo" Kangulumba Munzenza, Willy Abstract This study explains the way in which six African writers depict and denounce postcolonial violence in Africa in the period 1990 – 2000. In particular, it shows how the narrative strategies used by these novelists support the expression of this violence. The analysis shows that the entire mechanics of fictional writing operate to this end: the theme of violence is built up following a continuous and linear progression of the thematic sub-units which make up the central axis of this violence; the distribution of the narrative roles is directed in relation to the categorization of the characters; the latter are characterized according to specific modalities which are most often borrowed from the traditional African narrative, which assimilates them (especially those wielding power) to monsters or ferocious beings; space and time are designed and described as proper actors in the distribution process of this violence; the narrative system whose variations tend to match, translate and... Document type : Thèse (Dissertation) Référence bibliographique Kangulumba Munzenza, Willy. Écriture de la violence dans le roman africain francophone des années 1990 : une esthétique dans le cri : le cas des deux Congo.  Prom. : Tilleuil, Jean-Louis Availabe at: http://hdl.handle.net/2078.1/104248 [Downloaded 2015/06/11 at 16:13:20 ] Université Catholique de Louvain Membre de l’Académie Universitaire Louvain Faculté de Philosophie, Arts et Lettres Département d’études romanes Écriture de la violence dans le roman africain francophone des années 1990 : une esthétique dans le cri Le cas des deux Congo Thèse présentée par Willy KANGULUMBA MUNZENZA Sous la direction du Professeur Jean-Louis TILLEUIL En vue de l’obtention du grade de Docteur en Langues et Lettres Louvain-la-Neuve 2011 x DÉDICACE À la mémoire de Feue Révérende Sœur et Professeur Bibiane TSHIBOLA KALENGAYI, pour son encadrement et pour m’avoir ouvert le chemin de l’Europe. À tous les membres de ma famille, morts et vivants, parce que ce qui nous unit est plus fort que tout. À ma femme, spécialement, parce qu’elle sait pourquoi. xx AVANT-PROPOS Au bout de ce parcours doctoral, nous voudrions témoigner de notre gratitude envers toutes les personnes qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à notre formation. Nous remercions en premier lieu Monsieur le Professeur Jean-Louis TILLEUIL, pour la spontanéité avec laquelle il a accepté de diriger cette thèse, pour la pertinence de ses remarques et l’utilité de ses suggestions, ainsi que pour le contact humain et correct que nous avons eu au cours de nos échanges. Il est certain que sa voix résonnera encore longtemps dans nos oreilles… Avec lui, nous remercions MM. les Professeurs Georges JACQUES et Jean-Claude POLET, pour l’honneur qu’ils nous ont fait de constituer notre Comité d’accompagnement. Il a fallu aussi la justesse de leurs observations dès le départ pour nous soumettre à l’exigence de la rigueur dans la recherche scientifique. À travers eux, nous témoignons de notre reconnaissance envers tous les enseignants qui, depuis l’école primaire jusqu’à l’université, nous ont transmis ce savoir qui fonde aujourd’hui notre personnalité et qui culmine symboliquement dans la présente thèse. Mais nos études en Europe n’auraient peut-être pas eu lieu sans l’intervention de MM. Marc QUAGHEBEUR (Archives et Musée de la littérature) et Édouard JASON. Le premier a été, avec la Révérende Sœur TSHIBOLA, à l’origine de notre venue en Belgique ; le second, qui est d’une bonté extrême, nous en a offert certaines facilités administratives (dossier visa et renouvellement annuel du séjour). Nous leur témoignons ici de notre profonde gratitude. Nous remercions également nos aînés et nos amis, dans la famille, dans la profession ou dans la communauté. Par des exemples, des gestes et des encouragements de toutes sortes, ils nous ont aidé à persévérer dans l’exigeant effort au travail, en dépit des conditions improbables pour la recherche doctorale. Par ailleurs, nous avons toujours eu le sentiment de faire ce doctorat aussi pour certains de nos frères et amis méritants qui, pour des raisons généralement d’ordre matériel, n’ont pas eu la possibilité d’aller plus loin dans leur parcours. Cette thèse est donc aussi la leur. xxx Mais nous remercions globalement tous nos amis. La complicité avec certains d’entre eux nous a permis de résister au stress de la vie en Europe. Ensemble, nous avons souvent ri pour ne pas pleurer. Nous pensons enfin à toutes les personnes, à toutes les familles, à toutes les associations ou organisations non-gouvernementales qui nous ont été d’un certain secours durant toutes ces années de séjour en Belgique. Notre situation d’étudiant sans bourse d’études a fait que leur soutien était toujours le bienvenu et vital. Que tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont aidé, trouvent ici l’expression de nos sincères remerciements ! Introduction générale 1. Justification du choix du sujet La présente étude porte sur le thème de l’« Écriture de la violence dans le roman africain francophone des années 90 : une esthétique dans le cri. Le cas des deux Congo ». Le choix de cette problématique procède d’une interrogation sur l’articulation entre phénomène de la violence et écriture romanesque au cours de la décennie 1990. Cette interrogation est, elle-même, la conséquence d’un débat houleux autour de la problématique de l’engagement de l’écrivain africain et de la question esthétique. Il s’agit d’un débat qui a ouvert et marqué les années 1990 et qui, quoique Olivier Barlet s’en défende1, divise aujourd’hui ; un débat dans la suite duquel d’aucuns revendiquent même une « littérature-monde »2. Ceux des écrivains africains favorables à celle-ci arguent que l’élément politique sur lequel se focalise la littérature africaine est un facteur réducteur qui empêcherait l’art de s’exprimer pleinement, esthétiquement s’entend : « Certaines réponses au débat en cours tendent à imposer l’idée que l’inscription du politique au cœur de la démarche de l’écrivain serait préjudiciable à son œuvre »3. Dans ces conditions, sa mission serait « nuisible à son épanouissement »4. Les écrivains revendicateurs s’inscrivent ici dans la logique de ceux qui entendent prendre une « bonne distance » vis-à-vis du « prétexte de l’engagement » pour ne plus « cadenasser encore l’imaginaire au nom du ‘réalisme’ »5. Le poids du conditionnement historique est perçu ici comme une « épine »6 à l’affirmation de la force de l’art. Les nuances restent sans doute possibles dans ce genre de controverse. Mais l’idée de distanciation par rapport à la représentation du réel immédiat et au concept de l’engagement, deux aspects qui ont pourtant contribué au rayonnement de la littérature africaine, suscite quand même des interrogations. Dans quelle mesure en effet la consignation de l’élément politique (comme la violence) dans le roman africain serait-elle incompatible avec une expression convenable de l’art ? En quoi la mise en valeur de l’esthétique littéraire serait-elle compromise par cette pratique? Un tel débat fait qu’on s’interroge sur ses répercussions au niveau de la production romanesque, notamment en ce qui concerne la possibilité d’allier 1 V. le n° 59 de la revue Africultures (avril-juin 2004) consacré au débat sur l’engagement de l’écrivain africain, éditorial, p. 4. 2 Un manifeste en est même né : LE BRIS, M., & alii (s/dir.), Pour une littérature-monde, Paris, Gallimard, 2007. 3 ALEM, K., « Conscience politique, rêveries poétiques : autour de l’engagement », in Africultures. L’engagement de l’écrivain africain, n° 59, avril-juin 2004, pp 26 - 27. 4 MABANCKOU, A., « Le chant de l’oiseau migrateur », in LE BRIS, M., op. cit., p. 62. 5Lire ROUAUD, J., « Mort d’une certaine idée », in LE BRIS, M., idem, pp 7-53. 6 MABANCKOU, A., loc. cit., p. 64. 1 nécessité de représentation du réel immédiat (violence) et préoccupations esthétiques (écriture). L’étude de l’écriture de la violence tend à répondre à cette interrogation, du reste justifiée. Il semble en effet qu’il n’y ait pas de travaux qui traitent de ces deux problématiques au départ d’un corpus déterminé, appartenant à la décennie 1990. On peut donc constater un quasi-manque d’analyse sur le sujet ou, à tout le moins, que peu de travaux ont été menés dans la perspective qui est la nôtre. Dans le cas où l’effort a été tout de même fait, les travaux ne s’attardent pas sur l’articulation entre écriture romanesque et problématique de la violence ; ou alors ils ne donnent pas lieu à une analyse approfondie, détaillée des moyens esthétiques mis en œuvre en vue de l’expression de la violence et ce, dans un ensemble de textes des années 1990 à 2000. Ceux qui abordent les problématiques de la violence ou de l’écriture ne comblent pas le sentiment de manque, pas plus qu’ils n’éliminent le goût du trop peu. Ainsi par exemple, cette remarquable « étude initiatrice » qui fait date7 et dans laquelle SÉWANOU DABLA met en évidence le nouveau visage de la littérature africaine. Celui-ci est façonné par les nouvelles écritures pratiquées par la génération des romanciers qui ont succédé aux précurseurs de l’indépendance. L’auteur y étudie notamment l’évolution du projet romanesque africain, note la mutation des formes narratives ainsi que l’actualisation d’une thématique qui inclut la problématique de la violence. L’ouvrage fait bien percevoir la novation dans l’écriture africaine et montre la tension du roman africain vers sa maturité et son autonomisation. Le corpus qu’il exploite se limite malheureusement à la production des années 1966 à 19838. Pius NGANDU NKASHAMA aborde également les problématiques de l’écriture et de la violence, mais il parle d’écriture de violence plutôt que d’écriture de la violence. Ainsi, dans son ouvrage sur les ruptures et les écritures de violence dans le roman et les littératures africaines contemporaines9, il argumente sur un projet de traité méthodologique en rapport avec les écritures de violence. Il évoque certes la violence dans sa relation entre les hommes et les despotismes des systèmes ; mais il parle surtout de la violence des langages qui caractérisent les nouvelles écritures. À propos de la littérature du Congo- Kinshasa par exemple10, il souligne, pour les œuvres publiées entre 1980 et 1990, ce qui en constitue, selon lui, les traits majeurs : un monde de peur et de terreur, le tragique dans les modalités de narration et l’acte de dérision comme moment d’exorcisme. Mais la perspective 7 DABLA S., Nouvelles écritures africaines. Romanciers de la seconde génération, Paris, L’Harmattan, 1986. V. préface de DA SILVA, G., pp. 7-10. 8 La liste des ouvrages étudiés se trouve à la page 20 du livre concerné. 9 NGANDU N., P., Ruptures et écritures de violence. Etudes sur le roman et les littératures africaines contemporaines, Paris, L’Harmattan, 1997. 10 Idem, v. la deuxième partie du livre, chap. II. 2 clairement théorique de l’ouvrage contraint NGANDU à une démarche plus diachronique. Une telle démarche l’empêche de mener une analyse descriptive approfondie des textes qui illustrerait l’écriture de la violence. Une autre étude, effectuée par Anatole MBANGA11, analyse les mécanismes de création chez Sony LABOU TANSI, un écrivain dans l’œuvre duquel il est difficile de contourner la question de la violence. Mais l’analyse de MBANGA, qui met en lumière les systèmes des interactions dans l’écriture en questionnant constamment la thématique, est malheureusement restreinte à un seul écrivain. L’ouvrage de NGAL sur les phénomènes de création et de rupture en littérature africaine12 est, comme celui de NGANDU, d’orientation théorique. Il ne repose pas sur une analyse détaillée d’une écriture articulée à la thématique de la violence et ce, dans une œuvre donnée, mais insiste sur le renouvellement des formes narratives et sur des considérations méthodologiques dans le cadre d’une élaboration théorique des cadres de l’esthétique africaine. De même, le livre de BOKIBA, qui inscrit du reste la question de l’écriture dans son titre13, examine bien celle-ci dans sa relation avec la notion d’identité sous l’angle de l’historicité de l’émergence d’une littérature africaine d’expression française. Cependant, ce propos par ailleurs centré sur la création des seuls écrivains congolais de Brazzaville, n’aborde pas la question de la violence. Une autre série de travaux, des articles, ne modifient pas la donne : Théophile MUNYANGEYO, qui étudie la violence sous la forme du musellement au cours de la décennie nonante14, se limite à des développements thématiques et effleure à peine le rapport aux moyens langagiers mis en œuvre par les écrivains pour dire cette violence. En outre, la revue Notre Librairie, spécialisée en littératures du Sud, consacre le numéro 148 de sa livraison exclusivement à la problématique de la violence15. Plusieurs articles qui y sont rassemblés abordent la thématique de la violence, mais ne mettent pas forcément d’accent sur l’aspect de l’écriture. Exceptés les articles respectifs de Xavier GARNIER, qui, comme NGANDU, épilogue sur l’écriture de violence et établit notamment que cette écriture de violence est une question de formes16 ; de Patricia CÉLÉRIER, qui examine le rapport entre le concept d’engagement et la mise en œuvre d’une esthétique du cri17, ainsi que de NGALASSO qui traite du rapport entre langage 11 MBANGA, A., Les procédés de création dans l’œuvre de Sony Labou Tansi, Paris, L’Harmattan, 1996. 12 NGAL, G., Création et rupture en littérature africaine, Paris, L’Harmattan, 1994. 13 BOKIBA, A-P., Ecriture et identité dans la littérature africaine, Paris, L’Harmattan, 1998. 14 MUNYANGEYO, T., « la politique du musellement dans la littérature africaine francophone de 1990 à 1998 », en ligne : http://www.mlpa.nottingham.ac.uk/archive/00000056/01/TeC_Munyngyo.pdf+litterature+africaine+et+; page consultée le 07 décembre 2009. 15 Notre Librairie. Penser la violence, n° 148, juillet-septembre 2002. 16 GARNIER, X., « Les formes ‘’dures’’ du récit : enjeux d’un combat », in Notre Librairie, n° 148, pp. 54-58. 17 CÉLÉRIER, P., « Engagement et esthétique du cri », in Notre Librairie, n° 148, pp. 60-63. 3 et violence dans la littérature africaine18. Ces articles expliquent dans l’ensemble que la violence dans le roman africain n’est pas que politique, c’est-à-dire qu’elle ne peut être envisagée que sur le plan thématique. Elle concerne aussi l’écriture elle-même, c’est-à-dire les langages que les romanciers produisent pour la dire. Malheureusement, ces textes limités dans leur format ne vont pas plus loin dans l’illustration de l’articulation des deux notions évoquées. On pourrait encore indiquer d’autres travaux qui, comme le dossier « Rwanda 2000 : mémoires d’avenir », publié dans la foulée du projet « Ecrire par devoir de mémoire », évoquent la problématique de la violence. Tous ces articles n’étudient donc pas en profondeur l’écriture de la violence comme nous envisageons de le faire au départ d’un corpus bien déterminé, de la décennie 1990. Ils débordent d’ailleurs notre ère d’investigation (hormis l’article de MUNYANGEYO). On voit bien que la plupart des travaux portent soit sur l’écriture, soit sur la problématique de la violence. Il manque ou une articulation de l’une à l’autre, ou un approfondissement des rapports possibles entre les deux. De plus, ces travaux ne couvrent pas toujours la décennie 1990 ou ne sont donc pas toujours représentatifs de l’aire circonscrite par notre projet. Une pratique longtemps de mise en littérature africaine pourrait expliquer cet état de choses: « De nombreux chercheurs et critiques ont en grande partie consacré leurs travaux à l’analyse du texte francophone envisagé sous l’angle de la thématique […] plusieurs critiques ont longtemps traité des questions relatives à l’exclusivité des thèmes et enfin à l’appropriation de la langue française par les francophones (hors de l’Hexagone…). Mais il est important de démontrer qu’une mise en scène des mécanismes de cet accaparement se produit de plus en plus dans les œuvres de fiction »19. Il semble donc que, pour ce qui est de la violence, la « démonstration » ou le démontage des mécanismes de l’écriture romanesque ne soit pas fait, ou pas suffisamment, du moins pour la période déterminée. Or, les années 1990 à 2000 constituent une période très intense tant sur le plan de la pratique de l’écriture romanesque que sur celui des événements sociopolitiques, notamment les faits de violence qui accompagnent les tentatives de démocratisation des pays africains. C’est une décennie considérée comme un moment de rupture ; une période émaillée de mouvements de revendications sociales et de turbulences politiques souvent dissous dans le sang des répressions policières et des guerres fratricides. C’est donc une décennie qui présente un double intérêt politique (problématique de la violence) et littéraire (débat sur l’engagement, questionnement esthétique). Il faut certes dire que les problématiques de l’écriture et de la violence ne datent pas des années 1990 et que l’écriture de la violence a été 18 NGALASSO M. M., « Langage et violence dans la littérature écrite en français », in Notre Librairie, n° 148, pp. 72-79. 19 MBANGA, A., op. cit., p. 5. 4 pratiquée déjà durant les décennies précédentes, comme l’illustrent notamment Les Soleils des indépendances d’Ahmadou KOUROUMA (1968), La vie et demie de Sony LABOU TANSI (1979), Le pleurer-rire d’Henri LOPES (1982), La mort faite homme de Pius NGANDU NKASHAMA (1986) ou encore Les feux des origines d’Emmanuel DONGALA (1987), etc. Mais le phénomène semble avoir pris beaucoup plus d’ampleur (extension) encore au cours des années 1990 à 2000. S’agissant de l’évolution de l’écriture, les écrivains sont montrés « au seuil de la découverte majeure de la fin du siècle, découverte d’un nouveau monde, celui de l’écriture » 20. C’est qu’ici, les écrivains établissent « une relation autarcique à l’écriture qui sera la modalité dominante de la fin du siècle et l’épée de chevet de l’avant- garde littéraire »21. Il semble donc que « les auteurs ne se [reconnaissent] qu’une seule communauté, celle de l’écriture »22. Dans le même temps, la critique relève toute une variété thématique, une grande diversité des problématiques qui caractérisent la production littéraire23. Au nombre de ces expressions, « la dramaturgie de la violence se confirme comme le point nodal de la littérature francophone africaine »24. En fait, au cours de la dernière décennie du vingtième siècle, le phénomène de la violence politique en Afrique ainsi que sa représentation dans le roman ont atteint des proportions telles qu’on a pu dire que la réalité de cette violence a dépassé la fiction. La récurrence de cette problématique n’a pas manqué d’entraîner l’opinion dans une certaine banalisation de cette violence25. La critique confirme entre-temps que la récurrence de la confrontation avec la violence est le trait le plus évident des textes récents26. La question de l’articulation entre phénomène de la violence et écriture s’impose donc : comment s’écrit cette violence environnante qu’il est impossible de ne pas voir même les yeux fermés ? Question cruciale d’autant que la réflexion porte sur une aire géographique où les deux notions en présence (violence et écriture) ont une résonance particulière. En effet, pour commencer par l’écriture, la place des deux Congo dans la production romanesque de l’Afrique centrale est tout à fait remarquable. Ces deux pays constituent, avec le Cameroun, le trio des pays les plus productifs en matière de littérature au niveau de la région. À titre indicatif, on peut faire foi aux données bibliographiques fournies par Virginie 20 OBIANG E., L., « Fiction littéraire et représentation du monde dans le roman francophone subsaharien : le silence des oiseaux de pluie », in Notre Librairie, n° 144, avril-juin 2001, p. 36. 21 Idem. 22 Ibidem, p. 38. 23 Ibidem, p. 33. 24 CELERIER, P., loc. cit, p. 61. 25 Lire à cet effet BONI, T., « Violences familières dans les littératures francophones du sud », in Notre Librairie, n° 148, pp. 110-115. 26 JOUBERT, J-L., « Quelque chose a changé », in Notre Librairie, n° 146, octobre-décembre 2001, p. 9. 5

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spontanéité avec laquelle il a accepté de diriger cette thèse, pour la pertinence de ses remarques et .. pays subissent les contrecoups d'une même histoire : ils constituent un univers de violence instituée seulement linguistique et culturelle (usage de langues communes : lingala, kikongo ou
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