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Dynamiques et accompagnement des TPE inventives en espace rural isolé. Entre territoires et ... PDF

360 Pages·2012·11.83 MB·French
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Clermont Université VetAgro Sup Université Blaise-Pascal Campus agronomique de Clermont-Ferrand Ecole doctorale Lettres, UMR 1273 Métafort Sciences Humaines et Sociales Dynamiques et accompagnement des TPE inventives en espace rural isolé. Entre territoires et réseaux. L’exemple en Cézallier, Combrailles et Millevaches. Marie-Anne Lenain Thèse pour l’obtention du Doctorat en géographie. Présentée publiquement le 16 décembre 2011 Membres du jury : Claire Delfosse, Professeur, Université Lumière Lyon II, rapporteur Françoise Ardillier-Carras, Professeur, Université d’Orléans, rapporteur Jean-François Mamdy, Professeur, Clermont Université, VetAgro Sup, directeur de thèse Laurent Rieutort, Professeur, Clermont Université, Université Blaise Pascal, directeur de thèse Lucette Laurens, Professeur, Université Paul Valery Montpellier III Séverine Saleilles, Maître de conférences, Université de Saint-Etienne Jean-Yves Bechler, Commissaire de Massif, DATAR Massif central "Je vais faire preuve d'audace et dire l'importance qu'il faut accorder aux herbes silencieuses, aux herbes humbles et obscures" Pline l'Ancien (23 à 79) REMERCIEMENTS C'est lorsque le travail s'achève que l'on pose les premiers mots. Les miens, ainsi que mes premières pensées, sont destinés à mes enfants, mon mari et mes parents. Merci Perrine et Léopold pour m'avoir permis de changer d'air chaque jour à votre contact, vous m'y avez obligée et ce fut de superbes moments. Roland, tu as toujours été auprès de moi pendant ces trois années, malgré les chagrins et épreuves à affronter, nous avons partagé beaucoup de bonheur ; la vie sans toi serait fade et la thèse aurait été impossible à mener. Merci papa et maman pour tous vos soutiens dans ce travail (j'espère qu'il n'y aura pas d'erreurs dans les remerciements...), vous m'apportez toujours beaucoup en étant là tout simplement. Mais comment aurais-je pu terminer ce travail en trois ans sans Myriam, Jean-Pierre et Franck, nos merveilleux amis, si généreux et toujours présents. Je ne citerai pas les autres amis ou mes sœurs pour les moments de joie partagés, la liste serait bien trop longue et j'aurais peur d'en oublier. Mais la thèse n'est pas qu'un exercice intime et personnel, elle est aussi l'objet d'échanges. Cathy, Magali, Serge, Christian, Xavier, Evelyne, Ludovic, Mathilde... les moments passés avec vous au Crefad à travailler, à confronter, à conforter, à me former, sont autant de pierres apportées au contenu de ce mémoire et autant d'instants permettant de ne pas perdre pied avec la réalité. Les deux Eric, Agnès, Véronique, Cédric, Séverine, vos regards rhône-alpins et aiguisés lors des séminaires CreActE ont questionné et appuyé mes travaux. Les moments d'échanges au sein de l'UMR Métafort, du CERAMAC, de l'école doctorale et des différents colloques auxquels j'ai pu participer ont été l'occasion d'approfondir et de mettre en perspective mes travaux. Et puis la thèse ne se déroule pas pendant trois sans ancrage territorial... le mien était au département Territoires et Société de VetAgro Sup. La bonne humeur et l'entrain de la lingette team, se battant avec différents programmes de recherche, m'a entrainée pour toujours continuer, avec obstination et mauvaise humeur parfois, je m'en excuse. Les heureuses lauréates de cette équipe sont Aurore, Hélène et Marion, avec une mention spéciale à cette dernière car il n'est pas facile de me supporter comme cothurne pendant trois années ! Merci aussi à Christophe, Salma, Sandrine, Philippe, Lucie et tous les autres pour la convivialité des pauses café, des repas, des réunions de département. Enfin, une pensée toute particulière à Céline, Camille, Diane, Jeanne et tous les étudiants que j’ai pu encadrer pour leur stage ou projet, cet encadrement m’a beaucoup appris et toujours épanouie. Au delà de ces appuis, la thèse, d’abord processus personnel, est heureusement accompagnée. Le conseil régional Auvergne a financé ces trois années de recherche, je l’en remercie et j’espère que mes résultats pourront apporter à sa réflexion. J'ai eu la chance d'avoir deux directeurs de thèse très ouverts et répondant toujours à mes sollicitations. Merci Jean-François et Laurent d'avoir su résister à la pression que j'ai pu vous mettre parfois avec mon impatience et mon exigence. Vos éclairages et vos retours ont toujours été essentiels dans mon parcours. Vous avez su me laisser une immense liberté et une grande autonomie tout en apportant vos très nombreuses connaissances, votre grande capacité de recul et un regard toujours aiguisé et exigeant. Enfin, que serait ce travail de thèse sans toutes les personnes que j’ai pu rencontrer et qui m'ont toujours accueillie et répondu très patiemment et sincèrement. Merci aussi à tous les « acteurs » que j'ai pu enquêter, chaque individu a été l'objet d'une très belle rencontre. Merci tout particulièrement à vous, qui menez votre vie et vos activités dans les Combrailles, le Cézallier ou sur le plateau de Millevaches et que j'ai appelé « créateurs de TPE inventives », j'espère ne pas vous avoir trahi dans mes analyses et ne pas trop vous dénaturer à travers ce terme. Sans vous, mon travail serait inutile et sans objet, il serait sans saveur et sans profondeur. SOMMAIRE Introduction générale ................................................................................................................. 1 Partie I Problématique, posture et démarches de recherche ..................................................... 5 Chapitre I. L’emploi dans les espaces ruraux isolés : une lecture historique pour comprendre les enjeux d’aujourd’hui ........................................................................................................................... 7 Chapitre II. La création de TPE inventive au cœur des enjeux de recherche et de société contemporains .................................................................................................................................. 34 Chapitre III. Problématique et méthodes ......................................................................................... 49 Partie II Dynamiques régionales et cas d’études ..................................................................... 64 Chapitre IV. La création d’activités en espace rural, une question présente et abordée politiquement en Auvergne et Limousin .......................................................................................... 67 Chapitre V. Les terrains d’étude : des caractéristiques, une organisation et des stratégies différentes ......................................................................................................................................... 94 Chapitre VI. Géographie et présentation des TPE enquêtées ........................................................ 113 Partie III Les TPE inventives, des innovations discrètes avec un fort degré d’ancrage territorial ................................................................................................................................ 128 Chapitre VII. Les TPE inventives, des innovations discrètes ........................................................... 130 Chapitre VIII. Un ancrage territorial particulier du fait des représentations du territoire et de la viabilité pour les TPE inventives ...................................................................................................... 159 Partie IV Les TPE inventives dans le développement territorial et liens aux autres acteurs 190 Chapitre IX. Les créateurs et leur TPE inventive, des acteurs du développement territorial ......... 192 Chapitre X. Les acteurs du développement et de l’accompagnement à la création d’activités et les TPE inventives ................................................................................................................................. 222 Partie V Quels rôles pour les acteurs de l’accompagnement et du développement territorial ? ................................................................................................................................................ 247 Chapitre XI. Les spécificités de l’accompagnement et de l’appui aux TPE inventives .................... 249 Chapitre XII. L’ingénierie territoriale comme appui au processus de création et d’ancrage des TPE inventives ........................................................................................................................................ 268 Conclusion générale ............................................................................................................... 285 Bibliographie .......................................................................................................................... 290 Tables ..................................................................................................................................... 310 Annexes ................................................................................................................................... 318 INTRODUCTION GÉNÉRALE 1 Introduction générale Le mouvement Peuple et Culture est un mouvement d’éducation populaire fondé en 1945 sur la base d’un manifeste (cf. annexe 1 : Manifeste de Peuple et Culture 1945). Ce mouvement est construit par des associations locales regroupées en une union nationale et adhère aujourd’hui encore aux valeurs de l’éducation populaires telles que (re)définies une charte en 2005 (cf. annexe 2 : Charte de l’éducation populaire). Dans les années 1980, des animateurs de Peuple et Culture Isère, des paysans et des chercheurs ont mené une réflexion commune et fait naître le concept « d’exploitants rural ». Cette réflexion repose sur le fait que, à contre courant du phénomène de modernisation et de spécialisation de l’agriculture, s’installent et persistent des agricultures différentes en zone de montagne (Müller, 1984). Celles-ci présentent des systèmes diversifiés et une place importante du collectif dans la gestion d’outils de travail. Militant pour un milieu rural vivant, Peuple et Culture Isère, s’appuyant sur ces constats, a créé une formation à destination d’exploitants ruraux en cours d’installation. Cette formation a essaimé dans le réseau Peuple et Culture en France, notamment en Auvergne au Crefad Auvergne1 et a peu à peu évolué vers le concept « d’entrepreneur rural ». Prenant acte de l’évolution de la société, des espaces ruraux, en lien avec les acteurs de ces espaces, et des projets portés par les personnes entrant en formation, le terme aujourd’hui employé fait référence à des personnes qui, par choix ou par contrainte, cherchent à articuler un projet de vie avec un projet professionnel, et sont donc amenées à s’inscrire dans le champ économique. J’ai été pendant trois années animatrice et formatrice au Crefad Auvergne auprès de ce public. C’est à travers cette expérience enrichie d’échanges avec les acteurs du monde rural et des chercheurs que se sont construites quelques intuitions quant à la place de ces entrepreneurs ruraux dans la vie des espaces ruraux. A partir d’un besoin, d’une envie de regard réflexif sur ma pratique d’accompagnement, j’ai pu décliner des questions faisant l’objet de ce travail de thèse autour de la création d’activités en espace rural : quel est-elle ? Comment se déroule-t-elles ? Quel est leur intérêt pour les espaces ruraux ? Quels sont les besoins des « créateurs » ? Quel accompagnement est nécessaire ? Pour mieux aborder ces questions, nous avons décidé de conduire une réflexion sur ces espaces ruraux en question et les activités qui y sont menées. Les espaces ruraux, notamment les plus isolés, ont été dans les années 1950 à 1980 principalement occupés par des activités agricoles. Durant ces années, l’agriculture se professionnalise, se modernise et le modèle à 2 UTH2 domine. L’emploi en espace rural est alors principalement agricole et, du fait de l’industrialisation et de la modernisation de la société, l’exode rural s’accentue. Avec une agriculture très présente et pourvoyeuse d’emplois et un exode rural marqué jusque dans les années 1980, la question de l’emploi en espace rural, 1 Le Crefad Auvergne, Centre de recherche, d’études et de formation à l’animation et au développement, est une association d’éducation populaire créée à Clermont-Ferrand en 1964 sous le nom Peuple et Culture Auvergne. Elle mène aujourd’hui des activités d’accompagnement à la création d’activités en espace rural, de formations d’acteurs sociaux, d’action culturelles en espace rural et d’actions en faveur de la lecture et de la lutte contre l’illetrisme 2 Modèle basé sur des exploitations agricoles familiales à deux unités de travailleur homme longtemps porté par la profession mais toujours coexistant avec d’autres systèmes. 2 Introduction générale ne pose pas réellement de problème de société. Cependant, à partir des années 1980 – 1990, la situation évolue progressivement. L’agriculture entre en tension avec la modernisation toujours marquée qui se traduit par la croissance des exploitations couplée à une baisse de population active. De plus, du fait des diverses crises économiques qui suivent le premier choc pétrolier, des difficultés d’emploi naissent en France en général et se cristallisent dans les espaces ruraux. Ces espaces sont aussi le lieu d’un renouveau démographique dont les premières pierres ont été semées au début des années 1970. La question de l’emploi en espace rural commence alors à se poser, notamment pour les espaces les plus isolés, et un certain nombre d’initiatives sont repérées dans le même temps que le travail mené par Peuple et Culture Isère. « Une vitalité cachée se dessine autour de projets professionnels et de solidarités familiales et locales et le travail hors normes se généralise avec la transformation des représentations du travail et des systèmes de valeur. […] Entre les représentations de la ruralité de la société civile (en particulier dans les sphères du développement local) et les dynamiques de l’emploi observées en milieu rural il y a donc une certaine adéquation. Le rural pensé comme ressource, comme lieu de « nouvelles ressources » et « nouveaux emplois » a bien son rôle dans la résistance à la crise, dans le maintien et la création d’emplois dans les espaces qui, pour d’autres sphères, sont encore des espaces du non-emploi et de la résidence. » (Matthieu, 1990). L’emploi en espace rural devient alors une problématique de société marquée et étudiée par la recherche. Dans un premier temps et jusque dans les années 2000, il s’agit de mesurer et comprendre ces phénomènes. Si certains décrivent le nombre et l’évolution des emplois ruraux, notamment les emplois industriels, en travaillant sur l’appariement et la stabilité des relations d’emploi dans l’espace rural, d’autres approches privilégient des analyses en termes d’écart de rémunération, en facteurs de localisation avec le développement des théories d’agglomération et les mécanismes keynésiens par exemple. Puis, petit à petit, les problématiques liées à l’emploi en espace rural évoluent, les tendances de renversement démographique se confirment et l’espace rural n’est plus seulement agricole ou industriel. La majorité des emplois présents sont des emplois de service et les recherches s’orientent vers les concepts d’économie résidentielle puis d’économie présentielle (Davezies, 2008, 2009) et les phénomènes d’induction liés à ces nouvelles populations. Ces recherches sont très centrées sur les fonctionnements de masse des emplois industriels et résidentiels ruraux. Face aux faiblesses de ces théories pour expliquer certains phénomènes locaux en espace rural isolé, quelques conclusions sont proposées : « Au total, les spécificités du fonctionnement des marchés du travail des espaces ruraux ne semblent pas constituer un atout décisif pour leur développement économique futur. Mais cela ne signifie nullement qu’ils soient condamnés à la régression ou même à la stagnation économique. En particulier, tant qu’ils continueront à attirer de nouveaux résidents […], des entreprises de très petite taille, reposant essentiellement sur les compétences de leurs propriétaires et de leurs familles, pourront se développer dans les activités n’exploitant pas les économies d’agglomération » (Blanc M., Aubert F., Détang-Dessendre C., 1999). 3 Introduction générale A la croisée des caractéristiques actuelles d’emploi en espace rural et des résultats des recherches à l’échelle locale, nous voyons donc l’intérêt des créations d’entreprises de petite taille, hors des modèles dominants, pour traiter de cette problématique de l’emploi dans les espaces ruraux, notamment les plus isolés. La thèse s’articule autour de deux objets : d’une part l’espace rural isolé, comme lieu de renaissance rurale possible mais aussi comme espace où se cristallisent plus particulièrement les questions d’emplois ; d’autre part, les très petites entreprises inventives, comme archétype des entreprises de très petite taille hors des modèles dominants. Nous nous attacherons alors à répondre à deux questions centrales par rapport à ces objets : quel intérêt des TPE « inventives » pour l’emploi en espace rural isolé et plus généralement pour cet espace ? Et comment accompagner au mieux ces créations d’activités ? Pour répondre à ces questions la thèse s’organise en cinq parties permettant de cerner la problématique et la manière de la traiter, puis de comprendre la place et le rôle des TPE inventives dans les espaces ruraux isolés et enfin d’interroger les pratiques d’accompagnement des créations. La première partie positionne la recherche dans son contexte social et scientifique. En nous appuyant sur une triple lecture (sociétale, procédurale et savante) de l’évolution des espaces ruraux et de leurs emplois et sur une revue de littérature pluridisciplinaire, nous posons la problématique de recherche et son cadre théorique et méthodologique associé. Un élément central de ce cadre théorique étant la notion d’ancrage territorial des TPE inventives, nous choisissons de développer principalement les méthodes qualitatives, chères à la géographie sociale. La deuxième partie décrit les régions, territoires et les cas de TPE étudiés à travers des données statistiques cartographiées, des données géographiques et des aspects politiques. Après avoir posé le cadre théorique et analytique ainsi que les données principales concernant les terrains d’étude, les trois parties suivantes constituent le cœur des résultats de la thèse sur l’intérêt des TPE inventives pour les espaces ruraux isolés et les modalités d’accompagnement de leur création. La troisième partie s’attache alors à décrire plus précisément les TPE inventives et leur ancrage territorial ; elle est fondée sur les données qualitatives de terrain et permet d’apporter les premières réponses quant à l’intérêt de ces entreprises pour les espaces ruraux isolés. Puis la quatrième partie fait passer la réflexion sur l’intérêt des TPE inventives à leur place dans ces territoires et à leur rôle dans le développement territorial ; elle est fondée principalement sur l’étude du processus de création et d’ancrage des TPE inventives. Forts des résultats sur les spécificités de ces entreprises et sur leurs liens au développement territorial et aux autres acteurs, nous abordons alors en cinquième partie les modalités d’accompagnement et d’appui aux TPE inventives ainsi que le rôle des collectivités territoriales et territoires de projet dans cet appui. 4

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