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Domestique et fonctionnaire sous le Haut-Empire romain : La condition de l'affranchi et de l'esclave du prince (Annales littéraires de l'Université de Besançon) PDF

376 Pages·1974·9.74 MB·French
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Preview Domestique et fonctionnaire sous le Haut-Empire romain : La condition de l'affranchi et de l'esclave du prince (Annales littéraires de l'Université de Besançon)

CENTRE DE RECHERCHES D'HISTOIRE ANCIENNE VOLUME 9 DOMESTIQUE ET FONCTIONNAIRE SOUS LE HAUT-EMPIRE ROMAIN LA CONDITION DE L'AFFRANCHI ET DE L'ESCLAVE DU PRINCE PAR GÉRARD BOULVERT Professeur à l'Université d'Aix-Marseille PARIS LES BELLES LETTRES 93, boulevard Raspail 1974 Ce deuxième ouvrage queje consacre aux esclaves et affranchis des empereurs romains n'est pas uniquement mon œuvre. Mon maitreJean Macqueron a suivisa rédaction, à lui, auquelje dois tant, encore une fois merci. Monsieur H.-G. Pflaum, qUl~ avec tant d'indulgence et de science, a revu très attentive ment les épreuves de mes deux livres, et a acceptéd'honorer celui-cid'une préface a droit à ma reconnaISsance. Aux divers savants qui m'ont fait bénéficier de leurs conseils, et tout spécialement à./. Gaudemet,./. Kolendo,./. Modrzejewslci, P. Vqne, P. R. C. Weaver, à L.-R. Ménager et à mes amis du Centre d'Histoire économique etsociale de l'Antiquité classique d'Aix-Marseille, avec lesquels j'ai tant parlé de ce livre, merci. A l'équipe du Centre de Recherches d'Histoire ancienne de la Faculté des Lettres de Besançon, et tout spécialement au doyen P. Lévêque quil'anime avectant de d.ynamisme, pour l'accueil si chaleureux en ses colloques annuels sur l'esclavage oùj'ai tant appris, pour la mise à ma disposition des instruments de travailsiefficacement élaborés, pour les longues lettres de discussions relatives à mes conclusions, et enfin pour l'impression de ce livre, tout ma gratitude. La Trinité-Victor, le 10 mal 1973 PRÉFACE Les recherches sur l'esclavage sont à la mode; aussi aucune époque du monde antique n'a échappé aux investigations des historiens, qui se sont intéressés à ces problèmes brûlants. Le Haut-Empire romain leur a fourni grâce aux nombreuses inscriptions un terrain particulièrement fécond et les études grandes et petites ont proliféré. Pourtant il manquait jusqu'ici un travail d'ensemble sur la catégorie la plus importante des esclaves, et partant des affranchis, les Augusti liberti et Caesaris servi. La masse surtout épigraphique des documents souvent lacunaires rebutait les chercheurs. Il faut d'autant plus louer le courage de monsieur Gérard Boulvert, romaniste de profession, qui n'a pas hésité à relever le défi. Fruit d'un travail acharné et de longue durée, le gros volume qui nous est offert comble un vide fortement ressenti de notre information sur une des classes sociales les moins connues de l'Empire romain des trois premiers siècles de notre ère. En effet, l'auteur ne s'est pas borné à faire défiler dans l'ordre de leurs fonctions les plus de quatre mille affranchis et esclaves impériaux, il nous a livré une (~tude complète sur cette couche sociale, qui a constitué l'aristocratie de la populatioll non libre, sans toutefois différer juridiquement de leurs congénères. Mettant en œuvre sans jamais en être submergé cette grande masse de documents, il en a su tirer des conclusions valables sur le rôle non négligeable que ces «fonctionnaires» ont assumé dans la politique et l'administration de l'Empire, rôle qui a varié seloll les époques, mais qui a toujours maintenu la continuité dans le changement. Par ailleurs M. Boulvert a justement insisté sur la pérennité des services de cette classe d'hommes, car c'est ce qui les distinguait essentiellement de leurs supérieurs hiérarchiques, tant sénateurs que chevaliers romains, qui eux n'occupaient leurs postes que pour un temps limité et n'ontjamais été sûrs d'être à nouveau employéS. Il n'a pas échappé non plus à l'auteur que les postes confiés tant aux affranchis qu'aux esclaves n'avaient pas tous le même rang et il a donc essayé et réussi à les classer de sorte que nous pouvons désormais faire état d'une hiérarchie des fonc tionnaires d'origine affranchie et même distinguer une espèce d'ordre de promotion pour les esclaves impériaux. On appréciera d'autant plus ce résultat des travaux de M. Boulvert que le nombre des suites de postes concernant les deux catégories de domestiques impériaux est relativement peu élevé et que son classement de ce fait était particulièrement difficile et délicat. 4 PRÉFACE Le volume de M. Boulvert fait ainsi figure d'œuvre pionnière comportant avan tages et inconvénients de ce genre. Elle sera certainement amendée, maintes con clusions s'avèreront incomplètes, ou même erronées, peu importe: elle marquera une date cruciale dans nos recherches et les savants qui s'occuperont à l'avenir des problèmes de fonctionnement des bureaux impériaux, de leurs cadres supérieurs et inférieurs, et enfin de leurs simples employés, ne pourront pas ne pas avoir recours à cette grande contribution à nos études qui a véritablement ouvert la voie à d'autres travailleurs qui suivront avec enthousiasme les traces de leur éminent devancier. H.-G. PFLAUM INTRODUCTION Le travail servile constitue une des bases essentielles de l'économie romaine à la fin de l'époque republicaine (1). Les affranchis, elite extraite du monde des esclaves, constituent alors un des elements les plus dynamiques de la societé (2). L'affranchi reste etroitement dependant de celui auquel il doit la liberté. Si un cer tain relâchement de ces liens peut être décele sur le plan juridique e), en fait l'af franchi travaille dans un cadre determiné plus ou moins directement par son patron et souvent demeure au service de celui-ci (4). Toute veritable promotion sociale de l'affranchi passe par son patron: ce sont des affranchis proches d'un patron haut place dans la societe qui vont se trouver en haut de la hierarchie des anciens esclaves (5). Auguste cree un nouveau regime politique qui juridiquement n'est qu'une ap plication deformante des principes constitutionnels républicains (6). Il prétendra ne pas avoirjoui d'unepotestas supérieure à celle de ceux qui furent ses collègues dans la magistrature e). Tout comme eux (8) il utilise ces auxiliaires normaux que sont ses propres esclaves et affranchis. Ses successeurs feront de même (9). On peut connaître, spécialement grâce à des inscriptions. plus de quatre mill< esclaves et affranchis impériaux, notre documentation étant surtout loquace sllr ccs (1) J. MACQUERON, Le Iravaildes hommeslibresdans l'anliquiUromaine (2eéd. Aixen Provence, 1958) p. 53 s. ; F. DEMARTINO, Storiadella cosliluzioneromana III (réimp. 1961),p. 105s. Surleprobleme,aviscit"'sdansp. PETIT, La paix romaine, 1957, p. 36. (2) p. PETIT, La paix romaine, 1967, p. 376; S. TREGGIARI, Romanfreedmen dun'ng Ihe laie republlc, 1969, p. 245. (3) J. GAUDEMET, Inslilulions de l'AnliquiU, 1967, p. 561 ; S. TREGGIARI, op. cil., p. 68 s., cf. mon compte rendu dans IURA, XX. 1969. Contra C. COSENTlNI, Siudisui lIberl;, 1. 1948, p. 69-261, critiqué par M. BARTOSEK (in IURA, 1. 1950, p. 461 s.), M. KASER (in ZSS./RA, LXVIII. 1951, p. 576 s.) et LAVAGGI (in Siudi De FrancisCl, II. 1956, p. 75). (4) S. TREGGIARI, op. cil., p. 87 s. (5) S. TREGGIARI, op. cil., p. 227. (6) J. GAUDEMET, op. ciL, p. 460; G. BOULVERT, Esclaves el affranchis imptriaux sous le Haul-Empire romain, rrite poliliqueeladminislralif( = EAI.J, Naples. 1970,p. 7s. et70s. - Pouruneanalysedurégime: F.Df:MARTINO,op. CiL, IV, p. 128 S., p. PETIT, op. cil., p. 209 s., J. GAUDEMET, op. cil., p. 457 s. (7) Res Geslae, 34, 3. (8) S. TREGGIARI, op. cil., p. 152 s. ; G. BOULVERT, EAI., p. 73. (9) G. BOULVERT, EAI., p. 19 s. 6 INTRODUCTION derniers (10). Cet ensemble de documents est exceptionnel, il nous révele un groupe social naissant à l'avenement d'Auguste et disparaissant pratiquement avec le principat, dans la seconde moitié du troisieme siecle (II). Ces textes peuvent être localisés (12). Cette localisation permet de constater la présence d'esclaves et d'af franchis impériaux spécialement là où l'exigent les besoins du prince: à Rome et dans ses environs, mais aussi en province, là où les nécessités de l'administration l'imposent, dans les grands centres de l'administration financiere (13). Il serait évidemment possible de donner un tableau de la répartition géographique de ces inscriptions, mais quelle valeur aurait un tel tableau? Nous ne connaissons qu'un faible pourcentage des inscriptions qui ont pu être gravées, les hasards des découvertes archéologiques nous ont par exemple fait connaître un assez grand nombre d'esclaves et affranchis utilisés à Carthage au premier et au second siecles (14), mais peut-on affirmer que l'Afrique ait compté plus d'esclaves et d'af franchis du prince que d'autres provinces où les intérêts de celui-ci étaient im portants? Un tableau chiffré risquerait avant tout de recouvrird'un voile statistique toutes les lacunes de nos connaissances. En outre, ce qui est plus précieux, nos sources peuvent être datées avec une relative précision. Cette situation chronologique est assez facile pour les sources juridiques, littéraires ou papyrologiques. En ce qui concerne les inscriptions, peu d'entre elles sont datées (15), mais divers criteres de localisation chronologique existent, tenant soit au contenu de l'inscription, et extérieurs à l'esclave ou à l'af franchi (16), soit à l'onomastique (17); ces derniers criteres ont d'ailleurs été récem ment affinés (18). (10)J'ai reJeve toutes les inscriptions relatives aux esclavesetaffranchis imperiauxetmesuisefforced'en utiliser la plus grande partie dans mes diverses etudes. (II) M. CHANTRAINE, FreigelasseneundSklavenimDienstderromischenKaiser, 1967,p. 397 ;G. BOULVERT,EAJ., p. 453. Contra, A.H.M. JONES, The Roman civil service,JRS., 39. 1949, p. 46-47. (12) Frequemment les recueils d'inscriptions regroupent les textes originaires d'une même region, ex. CIL, VI = Rome, ou Inscriptions latines d'Algtrie. (13) Cequej'aipupreciserparailleurs:G. BOULVERT,Esclavesetaffranchisimptriaux, 1971,premitrepartie, titre1. (14) Ce materiel epigraphique a ete fort bien utilisé par R ETIENNE et G. FABRE, Dtmographie et classe sociale, l'exempleducimetitredes'!!Jicialesde Carthage, inRecherchessurlesstructuressocialesdansl'Antiquittclassique, 1970, p.81 97. (15) H. CHANTRAINE, op. cit., p. 56 s. (16) H. CHANTRAINE, op. cit., p. 14 s. Mon ami P. R C. WEAVER m'a fort aimablement communique le manuscritd'un importantarticle intitule"Chantraine: datedinscriptions0/imperialslavesandfreedmen"0(\ il reJeve les diverses omissions commises par M. CHANTRAINE. (17) Voir sur ce point mes EAI., p. 19-20, note 5. Ici aussij'admettrai, saufpreuve contraire, qu'un aftranchi exerce sous le prince dont il porte le nom et dont il a reçu la liberte. (18) ParP. R C. WEAVER, dansdiversarticles, specialementceux publiesdans The ClassicalQuarterly, 14. 1964, p. 134s. et311 s.,JRS., 58. 1968, p. 110s. (voirlistedes travaux de cesavantdansEAJ., p. 485 s.). Decetauteur INTRODUCTION 7 Nous pouvons retracer l'évolution de ce groupe social. L'étude de celui-ci ne peut en effet qu'être dynamique. Les esclaves et affranchis impériaux sont trop liés au régime politique pour que l'évolution de celui-ci ne les affecte pas. Par ailleurs, en ce qui concerne l'histoire des structures sociales, l'époque à laquelle vivent les esclaves et affranchis impériaux est marquée par un autre phénomène important: vers la fin du deuxième siècle se produit le déclin de l'esclavage et celui de l'importance de la production fondée sur le travail ser vile (19). Le premier des deux phénomènes a conduit à la constitution d'une véritable ad ministration impériale dont le personnel d'exécution et en partie celui de direction sont composés d'esclaves et affranchis impériaux. Ces esclaves et affranchis du prince, ces domestiques, en fait de véritables «fonctionnaires impériaux», sont toujours plus nombreux au sein d'une administration toujours plus importante en raison de ses attributions en expansion constante (20). Cette utilisation croissante par le prince de l'activité de ses esclaves et affranchis semble en contradiction avec le second des phénomènes auxquels nous venons de faire allusion: le déclin de l'esclavage. Dans cette mesure on peut parler du main tien artificiel de cette catégorie par volonté du titulaire du pouvoir. Mais les esclaves et affranchis impériaux se caractérisent-ils seulement par l'évolution de leur importance numérique relative dans l'univers des esclaves et af franchis? On peut en douter. En effet, l'importance de ces esclaves et affranchis dans la vie de l'Etat ne va-t-elle pas leur donner un statut et en tout cas une situation sociale particuliers ? Nous savons en effet par ailleurs que les esclaves publics, liés au populus Romanus, ont eu un mode de vie autonome les favorisant (21) et cette situation privilégiée a eu un reflet juridique: les règles d'Ulpien indiquent vientdeparaîtreFamiliaCaesarir, Cambridge1972,330p. ;jen'aipuentenircompteici maisenrendraicomptepar ailleurs. EtaussiparH.CHANTRAINE,op. cit., p.328s.Malheureusementcescriteresnesontsouventpasassezprecis. Ainsi le fait de savoirqu'une inscription relative à un Caesarn rwstriservus ne peutêtre antérieure aux Flaviens ni postérieureà 170 (CHANTRAINE, op. cil. p. 399) ne peut nous en permettre l'utilisationdans l'étuded'uneévolution pour laquelle les tranches chronologiques seront de 20 ou 30 ans. (19) J. MACQUERON, op. cit., p. 159 s. ; E. M. SCHTAERMAN, Die Krire der Sklavenhalterordnung (ed. allemande 1964). p. 253 s.;J. VOGT.SklavereiundHumaniMt(Wiesbaden. 1965).p. 104;F. DEMARTINO, Staria, IV, p. 300s. ; P. PETIT, op. cit., p. 374 s. Cette diminution d'importance ne veut pasdire disparition, loin de là; M.]AcarA, Les transformations de l'tconomie romainependantlespremierssiteles ile notrehe etla condition de l'eselaveagriculteur, in Etudes Macqueron (Aix-en-Provence, 1970), p. 375 s. (20) G. BOVLVERT, EAI., p. 18-22. Peu importeque les postes les plus importantsde l'administration impériale aient peu à peu échappé aux affranchis impériaux. (21) G. BOVLVERT, EAI., p. 10s. ;N. ROVLAND,Lesservipublicidanslemondeoccidentalromain (mémoireD. E. S. dactylographié, Aix-en-Provence, 1970), p. 281 s. Voiren outre l'ouvrageancien deL. HALKJN, Lesesclavespublics chez les Romains (1897). 8 INTRODUCTION en effet que l'esclave du peuple romain peut disposer par testament de la moitie de son pecule (22). D'autre part, l'intervention de la puissance publique a permis au populus Romanus d'acquerir des esclaves par des moyens inaccessibles aux par ticuliers et de les affranchir selon une forme speciale (23). Le prince, qui occupe une fonction telle qu'il ne peut plus desormais être assimile à un particulier, va-t-il disposer de prerogatives exorbitantes du droit com mun sur ses propres esclaves et affranchis, dont l'activite lui est necessaire dans son systême d'administration? Dans la societe romaine l'esclave bien entendu, mais aussi l'affranchi, individus inferieurs et dependants, n'ont de situation que dans le sillage de leur maître ou patron (24), ceci va-t-il se produire egalement pour les esclaves et affranchis du prince, prince dont l'importance dans la societe devrait normalement rejaillir sur ses esclaves et affranchis ? L'etude du lien de dependance lui-même doit donc preceder celle de la situation des esclaves et affranchis imperiaux dans le cadre plus general de la societe romaine. (22) Reg. Ulpien, XX, 16. N. ROULAND, op. cil., p. 244. (23) G. BOULVERT, EAI., p. Il ; N. ROULAND, op. cil., p. 262 s. (24) S. TREGGIARi, op. cil., p. 87 s. Nola ; les notes seront numerotees de 1à l'infini à l'interieurde chaque chapitre. Lorsqueje ferai renvoi à une note sansspecifierla pageou ellese trouve, il s'agirad'une note situeedans le mêmechapitreque lepassageou se trouve le renvoi. En cequi concerne les inscriptions, referenceseraen general faite à un ou deux recueils facilementaccessibles, voir pourd'autres references lesindicesen fin de l'ouvrage.Je nedaterai et localiserai les inscriptionsque lorsquece sera nécessaire. Les ouvrages etarticles seront souvent cites de façon abregee ou incomplète, pourune rHerence pluscomplete, voir ma «bibliographie sommaire". PREMIERE PARTIE LES ESCLAVES ET AFFRANCHIS IMPÉRIAUX ET L'EMPEREUR L't':volution du Principat vers un rt':gime monarchique se traduit par l'in troduction progressive du prince en tant que tel dans les institutions publiques. Corrt':lativement à cette introduction, la personne du prince tend de plus en plus à être absorbt':e par sa fonction, à prendre elle aussi un caractêre public (1). Une telle modification dans la situation du dominant aura-t-elle quelque effet sur la nature du lien qui l'unit aux domint':s : ses esclaves et affranchis? Leurs rapports seront-ils rt':gis par des rêgles difft':rentes de celles du droit commun ? La rt':ponse à ces questions est primordiale lorsque l'on veut examiner la con dition juridique des esclaves et affranchis impt':riaux pour les spt':cifier dans la socit':tt': romaine. Elle formera le premier objet de la prt':sente t':tude. L'esclavage est une institution avant tout domint':e par la mise à la disposition d'un particulier de l'activité d'un esclave, et ceci même aprês son affranchissement; importantes sont donc les règles garantissant les droits du maître ou du patron ;) cette jouissance. L'existence d'esclaves et affranchis impt':riaux est sans nul doute lit':e à la nt':cessitt': de leur faire remplir les diverses fonctions dont j'ai tract': un tableau dans mes «Esclaves et affranchis impt':riaux». Or, cette activitt': se dt':ploie au sein de services essentiels à la vie de l'Etat, de façon souvent fort difft':rente de celle en usage chez les particuliers et le pouvoir de juridiction en matiêre financiêre reconnu aux procurateurs en est l'indice le plus typique (2). Cette situation tenant à la condition des esclaves et affranchis impt':riaux joindra-t-elle ses effets à ceux de la position publique du prince pour transformer plus profondt':ment les rêgles tenant à la dt':pendance de l'affranchi ou de l'esclave quant à son activitt': professionnelle? Telle est la question à laquelle je m'efforcerai de rt':pondre en second lieu. (1) Augustedejà a tendanceà considererl'ensemblede sespotestatescomme une magistrature(MA(;l)ELAIN. Aur toritasprincipis, 1947, p. 75 s.) Les premierseffetsdecettetendancesurles institutionssont: toutd'abord l'assomp tion de l'auetoritasau rang d'institution lorsqu'en 13 aprêsJ.-C. un senatusconsultereconnaitaux edits impêriaux la mêmevaleurque si lesenatlesavaitapprouves (MAGDELAIN, op. cit., p. 89-90), puis, sousTibêrel'application d~ la loide Majeste aux atteintes contre la personne du prince: ARANGlo-Rulz, Storia deidiritlo romano, 7" ed. 1957, p. 257; GAUDEMET, MaiestaspopuliRomanz; Synteleia Arangio-Ruiz, II 1964, p. 708 et Imt. de l'Antiquitt, 1967, p. 460. (2) TACITE, Ann., XII, 60; SUETONE, Claude, XII. BOULVERT, EAI., p. 410 s. Rapprochons de ce pouvoir UII veritable pouvoird'authentificationdecertainsactesexistantau profitdu eommentariemis (PAUL, D., 49, 14,45,7)ou la valeur de la subnotatio de reçus par le tabularius (VALERIEN et GALLIEN, CI." 10, 2, 2). 10 PREMIÈRE PARTIE CHAPITRE 1 LE LIEN DE PROPRIÉTÉ OU DE PATRONAT QUI UNIT L'EMPEREUR A SES ESCLAVES ET AFFRANCHIS Etre l'esclave ou l'affranchi de quelqu'un c'est être attaché à lui par un lien de sujétion. Etudier si la situation des esclaves et affranchis impériaux vis-à-vis de leur martre ou patron est identique à celle des esclaves ou affranchis de particuliers nous conduira tout d'abord à examiner en quoi les caractêres du lien de proprieté ou de patronat sont spécifiques en ce qui les concerne, eux et l'empereur. Puis nous étudierons si les rêgles et usages tenant à ce lien et régissant les rap ports des esclaves et affranchis impériaux etdu prince seront eux aussi modifiés, et, dans l'affirmative, dans quelle mesure leur transformation seradue à l'évolutior des caractêres du lien. SECTION 1. - CARACTÈRES DU LIEN L'esclave est un bien, le droit de patronat a lui aussi des effets de caractêre patrimonial. Un des indices les plus nets de l'évolution du Principat est la trans formation profonde de l'organisation des finances dépendant du prince. A l'origine, celui-ci, en dehors des diverses magistratures qu'il assume, est encore un privatus, la piêce essentielle de ses finances est son patrimonium, sa caisse privée, à côté de laquelle existent diverses caisses de fonds publics qu'il tient pour le compte de ['aerarium ; au deuxiême siêcle, par contre, toutes les finances impériales tendent à se grouper autour dufiscus, la caisse publique impériale, età prendre un caractêre public. Le problême de l'appartenance a un ensemble financier du droit de propriété sur les esclaves ou du droit de patronat sur les affranchis ne se pose donc pas de façon semblable aux deux époques. Il nous appartient donc d'etudier si le caractêre d'abord essentiellement privé puis surtout public des finances impériales se répercute sur la situation des esclaves et affranchis de l'empereur (3). (3) Pour une telle étudej'utiliserai souvent des ~I~mentsde l'onomastique des esclaveset affranchis impériaux, sansmelivrerpourcelaà une~tudegénéraledeleurnomenclature.JerenvoiepourcelaauxexcellentsarticlesdeP. R C. WEAVER(EA/., p. 485 s.)età l'ouvragede H. CHANTRAINE(citésupra, introduction, note 10). Lesquestions

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