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Discriminant et loi de réciprocité quadratique [expository notes] PDF

6 Pages·2007·0.13 MB·French
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Discriminant et loi de r´eciprocit´e quadratique Pr´eparation `a l’agr´egation de math´ematiques Universit´e de Nice - Sophia Antipolis Antoine Ducros 9 novembre 2006 1 Le discriminant 1.1 A` propos de la signature Soit n un entier et soit S le groupe des permutations de {1,...,n}. Soit D n le polynˆome en n variables et `a coefficients entiers Y (X −X ). i j i6=j Ilestsym´etrique,c’est-`a-direinvariantsousl’actiondeS .Parailleursonpeut n l’´ecrire Y Y (X −X )(X −X )= (−1).(X −X )2, i j j i i j i>j i>j soit encore (−1)n(n−1)/2(Q(X −X ))2 puisqu’il y a exactement n(n−1)/2 i j i>j Q paires d’entiers compris entre 1 et n. Soit ∆ le polynˆome (X −X ). Comme i j i>j ∆2 co¨ıncideavecDausignepr`es,ilestsym´etrique.Soitσappartenant`aS ;on n a (σ(∆))2 =σ(∆2)=∆2. On en d´eduit qu’il existe un´el´ement ε(σ) de {−1,1} tel que σ(∆) = ε(σ)∆. Il est imm´ediat que σ 7→ ε(σ) est un homomorphisme degroupesdeS dans {−1,1};uncalculexplicitemontrequ’ilprendlavaleur n (−1)surtoutetransposition,etonenconclutqu’ilco¨ıncideaveclasignature(`a moins qu’on ne le prenne pour d´efinition de la signature). 1.2 Un calcul de d´eterminant SoitLuncorps,soitnunentieretsoitMunematricetriangulairesup´erieure de M (L). Soient λ ,...,λ les coefficients diagonaux de M; notez que les λ n 1 n i ne sont pas forc´ement deux `a deux distincts. Soit Q un polynˆome `a coefficients dans L. La matrice Q(M) est triangulaire sup´erieure, et sa diagonale est Q(λ ),...,Q(λ ). En cons´equence, 1 n n Y detQ(M)= Q(λ ). i i=1 1 1.3 D´efinition du discriminant Soit k un corps, et soit P un polynˆome unitaire `a coefficients dans k, dont on note n le degr´e. Il est bien connu (ou il devrait ˆetre bien connu!!) que la k-alg`ebre E :=k[T]/(P) est, en tant que k-espace vectoriel, de dimension n; la n−1 famille (1,T,...,T ) en constitue une base. Soit u l’application k-lin´eaire de E dans E ´egale `a la multiplication par T. On voit aussitˆot par r´ecurrence que pour tout entier m, l’endomorphisme um de E est la mutliplication par Tm; on en d´eduit que pour tout polynˆome Q appartenant`ak[X],l’endomorphismeQ(u)deE estlamultiplicationparQ(T). Le polynˆome caract´eristique de u est ´egal (au signe pr`es) `a P. Pour le voir, on dispose de deux m´ethodes : n−1 • On peut´ecrire la matrice de u dans la base (1,T,...,T ); on voit tr`es facilement que ce n’est autre que la matrice compagnon associ´ee `a P ; il n’y a plus qu’`a calculer son polynˆome caract´eristique. • On peut aussi remarquer que P(u) est nul, puisque c’est la multiplica- tion par P(T); en cons´equence, P est un polynˆome annulateur de u. Par ailleurs, soit Q=Pa Ti un polynˆome de degr´e strictement inf´erieur `a n. i P i P i Supposons que Q(u) = 0; alors Q(u)(1) = ( a T ).1 = a T = 0. i i Le polynˆome Q ´etant de degr´e strictement inf´erieur `a n et la famille n−1 (1,T,...,T ) ´etant libre, on a a = 0 pour tout i; autrement dit, Q i est nul. On vient d’´etablir que P est le polynˆome minimal de u; comme son degr´e est ´egal `a la dimension de E, c’est aussi (au signe pr`es) son polynˆome caract´eristique. n−1 Soit M la matrice de u dans la base (1,T,...,T ). Soit L un corps conte- nant k dans lequel P est scind´e (par exemple une clˆoture alg´ebrique de k ou, n plus simplement, un corps de d´ecomposition de L). E´crivons P = Q(T −λ ) i i=1 avec les λ dans L. La matrice M est semblable, dans M (L), `a une matrice tri- i n angulairesup´erieuredontladiagonaleestλ ,...,λ .Encons´equence,ond´eduit 1 n du calcul fait plus haut que pour tout polynˆome Q de k[X] on a l’´egalit´e n Y detQ(u)= Q(λ ); i i=1 notez que le terme de droite appartient a priori `a L, mais que cette ´egalit´e assure entre autres qu’il appartient `a k. Appliquons ceci lorsque Q est ´egal `a la d´eriv´ee P0 du polynˆome P. Sur le corps L, on peut ´ecrire n XY P0 = (T −λ ), j i=1j6=i d’ou` d´ecoule pour tout i l’´egalit´e Y P0(λ )= (λ −λ ). i i j j6=i 2 De la formule vue ci-dessus on d´eduit donc que Y detP0(u)= (λ −λ ). i j i6=j D’apr`es le 1.1, le terme de droite peut se r´e´ecrire (−1)n(n−1)/2(Q(λ −λ ))2. i j i>j Le discriminant de P est d´efini comme ´etant ´egal `a (−1)n(n−1)/2 Q(λ −λ ); i j j6=i on le note DiscP. Indiquons-en quelques propri´et´es : • DiscP est nul si et seulement si P poss`ede une racine multiple dans L. • DiscP co¨ıncide au signe (1)n(n−1)/2 pr`es avec le d´eterminant de la multi- plication par P0(T) modulo P(T). Il appartient donc `a k, peut s’exprimer commeunefonctionpolynomiale(elle-mˆeme`acoefficientsentiers)desco- efficients de P, et peut ainsi ˆetre calcul´e sans connaˆıtre les λ . i • Disc P est ´egal `a (Q(λ −λ ))2. On en d´eduit que si Q(λ −λ )) ∈ k, i j i j i>j i>j alors Disc P est le carr´e d’un ´el´ement de k; r´eciproquement, si Disc P Q Q est le carr´e d’un ´el´ement x de k, alors x=± (λ −λ ), et (λ −λ ) i j i j i>j i>j appartient donc `a k. 1.4 Exemples Le cas ou` n=2. On´ecrit P =T2+bT +c. Le polynˆome P0 est´egal `a 2T +b. E´crivons la matrice, dans la base (1,T), de la multiplication par P0(T) dans k[T]/(P). L’image de 1 par cette multiplication est b+2T ; celle de T est 2 bT +2T =bT −2bT −2c=−bT −2c. La matrice cherch´ee est de ce fait (cid:18) (cid:19) b −2c 2 −b et son d´eterminant est´egal `a 4c−b2. En cons´equence, le discriminant de P est ´egal `a (−1)2(2−1)/2(4c−b2), soit `a b2−4c; on retrouve la formule bien connue. Le cas ou` n=3.OnsupposepoursimplifierqueP estdelaformeT3+pT+q. LepolynˆomeP0est´egal`a3T2+p.E´crivonslamatrice,danslabase(1,T,T2),de lamultiplicationparP0(T)dansk[T]/(P).L’imagede1parcettemultiplication 2 est p+3T ; celle de T est 3 pT +3T =pT −3pT −3q =−2pT −3q ; 2 celle de T est 2 4 2 2 2 pT +3T =pT −3pT −3qT =−2pT −3qT. La matrice cherch´ee est de ce fait   p −3q 0  0 −2p −3q  3 0 −2p 3 et son d´eterminant est´egal `a 4p3+27q2. En cons´equence, le discriminant de P est ´egal `a (−1)3(3−1)/2(4p3+27q2), soit `a −4p3−27q2. Discriminant de Tq−1, ou` q est un entier non nul. La d´eriv´ee de Tq−1 est qTq−1. Dans k[T]/(Tq −1) on a ´evidemment Tq = 1. En cons´equence, la q−1 q−1 i i−1 multiplicationparqT envoie1surqT etT surqT pourtouticompris entre 2 et q. La matrice de cette application lin´eaire a donc tous ses coefficients nuls, `a l’exception de celui en bas `a gauche et de ceux de la surdiagonale qui sont tous ´egaux `a q; en faisant un d´eveloppement par rapport `a la premi`ere colonne, on voit que son d´eterminant est´egal `a (−1)q−1qq. On en d´eduit que le discriminant de Tq−1 vaut (−1)q−1+q(q−1)/2qq =(−1)(q−1)(q+2)/2qq. Attention : l’expression qq est un abus de notation pour (q.1 )q, ou` 1 k k est l’´el´ement unit´e de k. 2 La loi de r´eciprocit´e quadratique 2.1 Le symbole de Legendre Soit q un nombre premier diff´erent de 2. Si x appartient `a F∗, alors x(q−1)/2 q a pour carr´e 1, puisque xq−1 = 1; en cons´equence x(q−1)/2 vaut 1 ou −1. On d´emontre qu’il vaut 1 si et seulement si x est le carr´e d’un ´el´ement de F . q (cid:18) (cid:19) x L’´el´ement x(q−1)/2 de {−1,1} est not´e . Si y est un entier premier `a q, on q (cid:18) (cid:19) (cid:18) (cid:19) (cid:18) (cid:19) y y x ´ecrira au lieu de . Par contruction, x 7→ est un morphisme de q q q groupes de F∗ vers {−1,1}. q Un calcul de signature. Soit x un ´el´ement de F∗. La multiplication par x q induit une bijection σ de F sur lui-mˆeme. Elle poss`ede un unique point fixe, x q `a savoir 0, et tout cycle non trivial de la d´ecomposition de σ est de la forme x (λ,xλ,x2λ,...,xd−1λ) ou` λappartient`aF∗ etou` destl’ordredexdansF∗.Lalongueurd’untelcycle q q est d, et il y en a donc exactement (q−1)/d. La signature de σ vaut d`es lors x (cid:18) (cid:19) (cid:18) (cid:19) x x (−1)(d−1)(q−1)/d.On va montrerqu’elle est´egale `a ; comme et ε(σ ) q q x sont deux ´el´ements de {−1,1}, il suffit d’´etablir l’´equivalence (cid:18) (cid:19) x =1 ⇐⇒ ε(σ )=1. q x (cid:18) (cid:19) x • Si = 1 alors x(q−1)/2 = 1, donc d divise (q−1)/2; ceci signifie que q (q−1)/2s’´ecritdmavecmdansN.Danscecas(d−1)(q−1)/d=(d−1)2m qui est pair, et ε(σ )=1. x 4 • Siε(σ )=1alors(d−1)(q−1)/destpair.Onestdoncdansl’undesdeux x cas suivants : - Premier cas : d−1 est pair. Ceci entraˆıne que d est impair; or il divise q−1, c’est-`a-dire 2.(q−1)/2; par le lemme de Gauß, il divise (q−1)/2 (cid:18) (cid:19) x et =1. q - Second cas : (q−1)/d est pair. Cela signifie que (q−1) est de la forme 2dm pour un certain entier m; d`es lors (q−1)/2 est ´egal `a dm et est (cid:18) (cid:19) x donc multiple de d. En cons´equence, =1. q Remarque.SoitGungroupecycliquedecardinalqnot´emultiplicativement etsoitxunentierpremier`aq.Soitϕl’appplicationg 7→gx deGdanslui-mˆeme. Parhypoth`ese,ilexisteunisomorphismedegroupesentre(G,×)et(Z/qZ,+); et ϕ s’identifie via cet isomorphisme `a la multiplication par x de Z/qZ dans lui-mˆeme; on d´eduit de ce qui pr´ec`ede que ϕ induit une permutation de G de (cid:18) (cid:19) x signature . q 2.2 Parit´e de l’automorphisme de Frobenius et symbole de Legendre du discriminant SoitpunnombrepremierimpairetsoitP unpolynˆomeunitaire`acoefficients n dansF .SoitLuncorpsded´ecompositiondeP surF ;´ecrivonsP = Q(T−λ ) p p i i=1 aveclesλ dansL;supposons-lesdeux`adeuxdistincts.Ona´etabli`alafindu1.3 i l’´equivalence Y «DiscP est le carr´e d’un ´el´ement deF » ⇐⇒ (λ −λ )∈k. p i j i>j On peut la r´e´ecrire (cid:18) (cid:19) DiscP Y =1 ⇐⇒ (λ −λ )∈k. p i j i>j Par ailleurs, soit σ l’automorphisme de Frobenius x 7→ xp de L. Comme P est `a coefficients dans F , si λ est une racine de P alors σ(λ) l’est aussi; on en p d´eduitqueσ induitunepermutationdel’ensembledesλ ,quel’onvanoterσ . i P Un ´el´ement x de L appartient `a k si et seulement si il est ´egal `a σ(x). Par ailleurs, Y Y σ( (λ −λ ))=ε(σ )( (λ −λ )) i j P i j i>j i>j d’apr`es le 1.1. En cons´equence, comme 16=(−1) dans k (puisque p est diff´erent de 2) et comme Y (λ −λ )6=0 i j i>j 5 (puisque les λ sont par hypoth`ese deux `a deux distincts), i Y σ( (λ −λ ))∈k ⇐⇒ ε(σ )=1, i j P i>j ce que l’on peut traduire, en vertu de ce qui pr´ec`ede, par l’´egalit´e (cid:18) (cid:19) DiscP =ε(σ ). p P 2.3 Preuve de la loi de r´eciprocit´e quadratique Ongardelesnotationsintroduitesci-dessus,ensupposantdeplusqueP est ´egal `a Tq−1, ou` q est un nombre premier impair distinct de p. Pour appliquer ce qui pr´ec`ede, il faut v´erifier que les racines de P dans L sont simples. Or la d´eriv´ee de P est qTq−1, dont la seule racine dans L est 0, puisque q est premier `a p; comme 0 n’est pas racine de P, aucune racine de P dans L n’annule P0; les racines de P dans L sont donc simples. L’ensemble des racines de P dans L a de ce fait exactement q ´el´ements. Par ailleurs, c’est l’ensemble des racines q-i`emes de l’unit´e dans L, et c’est donc un sous-groupe de L∗; il est en cons´equence isomorphe `a Z/qZ (parce que q est premier, ou bien parce que de toutes fa¸cons tous les sous-groupes de L∗ sont cycliques). La permutation σ de ce groupe est induite par l’´el´evation `a la P puissance p. Par la remarque qui clˆot le paragraphe 2.1, la signature de σ est P (cid:18) (cid:19) p ´egale `a . q (cid:18) (cid:19) DiscP D’autre part elle s’identifie, comme on vient de le voir, `a ; or p DiscP ´et´ecalcul´e,`alafindu1.4;ilvaut(−1)(q−1)(q+2)/2(q.1F )q.Onend´eduit p l’´egalit´e (cid:18)DiscP(cid:19) (cid:18)−1(cid:19)(q−1)(q+2)/2(cid:18)q(cid:19)q = . p p p (cid:18)q(cid:19)q (cid:18)q(cid:19) Comme q est impair, = . Comme q+2 est impair, p p (cid:18)−1(cid:19)(q−1)(q+2)/2 (cid:18)−1(cid:19)(q−1)/2 = =(−1)(p−1)(q−1)/4. p p On a finalement d´emontr´e que (cid:18) (cid:19) (cid:18) (cid:19) q p (−1)(p−1)(q−1)/4 = p q et c’est ce qu’on voulait. 6

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