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Discours bithyniens: Discours 38-51 PDF

201 Pages·1994·2.48 MB·French
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DION DE PROSE DISCOURS BITHYNIENS (Discours 38-51) Unité de Recherches Associée au CNRS 0338 Identité, Différences, Intégration dans les Sociétés de !'Antiquité ISDN 2.251.60.520.7 Centre de Recherches d'Histoire Ancienne Volume 129 DION DE PRUSE DISCOURS JBITHYNIENS (Discours 38-51) Traduction avec introduction, notices et commentaire par Marcel CUVIGNY Annales Littéraires de l'Université de Besançon, 520 Diffusé par les Belles Lettres, 95 boulevard Raspail - 75006 PARIS 1994 A vant~propos Cette traduction des Discours Bithy11ienas été faite à partir du texte grec présenté par H. Larnar Crosby dans son édition de la Loeb Classical Library (Dio Chrysostom IV, Disco11rses XXXVIJ LX). Lorsque nous nous écartons de son texte, nous indiquons dans le commentaire les leçons que nous avons cru devoir préférer à celles qu'il a retenues. Notre traduction doit beaucoup à la sienne ainsi qu'aux traductions partielles et aux analyses minutieuses et pénétrantes que contiennent les trois ouvrages suivants : H. von Arnim, Lebenu nd Werked es Dio von Prusa, Berlin, 1898. C.P. Jones, The Roman World of Dio Chrysostom, Harvard University Press, 1978. P. Desideri, Dioned i Prusa, Messina-Firenze, 1978. À Pierre Lévêque qui a bien voulu nous accueillir dans cette collection et à notre ami Jean-Claude Carrière qui s'est tant dévoué pour la réalisation de ce volume, nous exprimons ici notre profonde gratitude. Rectificatif Une permutation est malencontreusement survenue entre les pages 43 et 45. Il convient de rétablir comme suit: -la notice de présentation du Discours3 9 (qui aurait dt1 se situer en page 43) figure à la page 45 ; -la première page du texte du Discours 39 (qui aurait dt1 se situer en page 45) figure en page 43, la suite du texte étant constituée par les pages 46 à 48. Introduction générale Les Discours3 8-51 de Dion de Pruse forment dans la collection de ses oeuvres un ensemble d'un intérêt documentaire exceptionnel. Sauf, peut-être, le Discours4 2, réduit à son seul prologue et dont on ne peut rien dire, ils ont été prononcés devant les corps politiques -conseil ou assemblée - de Nicomédie (D. 38), de Nicée (D. 39), d'Apamée (D. 41) et de Prose (D. 40 et43-51) et ils nous apportent l'écho des conflits parfois aigus qui déchiraient les cités et la province de Bithynie. Dictés par l'actualité politique locale, ils contiennent des informations de premier ordre sur l'atmosphère, les problèmes, les ressorts et les pratiques de la vie municipale et provinciale à la fin du Ier et au début du Ile siècle de l'Empire. Enfin, et là n'est pas leur moindre intérêt, nous y trouvons une image plaisante des tribulations d'un philosophe honnête homme aventuré dans les eaux de la politique. Les Discours 38, 40 et 41 ont été suscités par des querelles entre cités. Dans le premier, Dion s'efforce de mettre fin à un conflit entre Nicomédie et Nicée qui se disputent le titre de "première cité" de la province. D. 40 et D. 41 ont été tenus l'un à Pruse, l'autre à Apamée, à l'occasion de la réconciliation des deux cités qu'opposait depuis longtemps un différend dont la nature nous échappe. Dans D. 39, Dion félicite.les Nicéens de vivre de nouveau en bonne entente. Les autres discours se rapportent aux affaires intérieures de Pruse. D. 46 est antérieur à l'exil de Dion. Celui-ci, alors jeune père de famille, ne doit pas avoir beaucoup plus de trente ans. Il a failli être lynché lors d'une émeute causée par la disette et se défend, devant une assemblée houleuse, d'être un spéculateur et un affameur. Les autres discours datent du règne de Trajan. Auréolé du prestige que lui valent son exi1 et la faveur impériale, Dion joue un rôle de premier plan à Pruse et se dépense sans compter pour transformer matérieJlement et moralement sa patrie dont il veut faire une cité moderne et vraiment grecque. D. 44 fait entrevoir l'accueil triomphal que Pruse réserva à son grand citoyen quand il y reparut après son exil; D. 49 et 51 nous font pénétrer dans la routine de la vie municipale : dans l'un, Dion décline l'archontat auquel le conseil veut le porter, dans l'autre, il commente une é]ection à laque1le on vient de procéder. Les harangues les plus intéressantes sont Jiées à 10 Introduction des crises provoquées par la résistance à sa politique de constructions (D. 40, 45, 47, 48), par des conflits entre l'assemblée et le conseil, le peuple et les notables (D. 48 et 50)) et par une répresssion conduite par le proconsul avec l'accord et peut-êtTe sur les instances de Dion (D. 43). L'intérêt historique de ces oeuvres, qui ne représentent qu'une petite partie des interventions que Dion fit à l'assemblée ou au conseil, en qualité de magistrat, de commissaire ou de simple citoyen, fait d'autant plus regretter que certaines nous soient parvenues incomplètes. Si D. 40 n'a perdu que la fin de sa conclusion, D. 43 s'interrompt à un moment capital, alors que Dion, accusé de s'être associé au proconsul pour terroriser la ville, va présenter sa justification ; D. 44 s'arrête alors que Dion s'apprête à lire la lettre qu'il a écrite à l'empereur et la réponse qu'il en a reçue ; peut-être ces deux documents ne figuraient-ils pas dans ses papiers, à moins qu'on n'ait pas jugé opportun de les publier. Enfin, D. 45 a été amputé d'un développement où Dion rappelait les tracas que lui avaient causés ses consbuctions. Ces lacunes sont d'autant plus dommageables que, du fait de leur caractère circonstanciel, ces discours sont beaucoup moins limpides pour nous qu'ils ne l'étaient pour les auditeurs du moment. S'adressant à un public parfaitement informé, Dion est forcément allusif et imprécis. Il cite sans les désigner par leur nom l'empereur et les proconsuls qui ont appuyé son action et ce n'est que grâce à Pline le Jeune que nous pouvons décider que le gouverneur à poigne du Discours 43 est Varénus Rufus, dont le nom est exceptionnellement cité au début du Discours4 8, œ qui permet de dater ces deux oeuvres à une année près. Dion rapporte en D. 45 qu'une fois connue la chute de Domitien, il se mit en route pour rencontrer son ami Nerva, le nouvel empereur; mais il le fait dans des termes tels qu'on discute encore pour savoir s'il put le joindre ou non et s'il séjourna ou non à Pruse avant de partir pour Rome. Il fait allusion en D. 44 aux revendications de Prose, mais d'une façon si ambiguë qu'on se demande si elles sont satisfaites ou non. Il évoque à deux reprises (40, 14-15 et 45, 3) les entrevues à la faveur desquelles il obtint de Trajan les privilèges qu'il sollicitait pour sa patrie ; agissait-il alors en qualité d'ambassadeur dfiment mandaté ou à titre seulement personnel ? Sur ce point, encore, les avis sont partagés. De même, bien qu'il porte tout entier sur la dispute qui oppose Nicomédie à Nicée pour le titre de "première cité", le Discours3 8 s'achève sans qu'on ait pu bien saisir si Nicomédie veut récupérer un titre qu'elle a perdu ou Dion de Pruse 11 si, le possédant, elle refuse de le partager avec sa vo1sme. La question a de l'importance, puisque la date du discours dépend de la réponse qu'on lui donne. D'éminents chercheurs, à commencer par le grand von Arnim, ont tenté de dater ces discours en s'aidant des recoupements qu'ils peuvent fournir. Dion revient en effet souvent sur les remous causés par ses constructions comme sur les conflits de l'assemblée et du conseil ; à plusieurs reprises, il annonce un prochain départ. On a pu espérer, en comparant ces différents passages, suivre les progrès de son entreprise édilitaire, déterminer l'évolution de la situation à Pruse et, du même coup, classer chronologiquement les discours et les situer approximativement dans le temps. Mais les rapprochements peuvent être trompeurs. Il est certain que le portique de D. 40 ( § 9) est identique à celui de 47, 17 ; d'autre part le bâtiment dont Dion promet l'achèvement prochain en 48, 11, est sans doute lui aussi un portique: s'agit-il toujours du même édifice? On peut hésiter, car on peut tirer de 45, 12 (". .. je voulais embellir la ville et la doter de portiques et d'aqueducs ..." ) la conclusion que les projets de Dion comportaient la construction de plusieurs colonnades et, en outre, le Discours 40, que l'on juge en général antérieur au Discours 48, donne l'impression que le problème du portique appartient au passé. Pour passer à un autre problème, il est évident que durant ses dix années d'engagement au service de Pruse, Dion s'est absenté plusieurs fois, soit pour rencontrer l'empereur, soit pour des tournées de conférences ou des missions de conciliation. Il y a donc de la hardiesse à décider, comme le fait von Arnim, que tous les départs que Dion annonce à ses concitoyens se rapportent au même voyage continuellement reporté. De même, si l'on rapproche les endroits où il est question de sa participation au financement des constructions, on se trouve confronté à une véritable aporie et on est en droit de se demander si les retards de versement mentionnés en 40, 3 et 48, 11 se rapportent bien au même engagement. Un rapprochement que nous pensons avoir été le premier à faire pourrait, s'il était fondé, régler l'importante question de la \ datation du Discours4 7 par rapport au Discours4 0. Dion rappelle en 40, 12 les avanies dont l'ont abreuvé ses adversaires et l'envie qu'il eut de quitter Pruse. Or, en 47, 20, voyant ses travaux arrêtés par les défaillances des souscripteurs, il somme ses auditeurs de dire clairement ce qu'ils veulent. Sinon, déclare+il sans ambages, "je m'en irai" et il évoque ensuite longuement (47, 22-23) l'existence agréable et enrichissante qu'il mènerait loin de son ingrate patrie. Est-ce à cet épisode qu'il fait allusion dans le Discours 40 ? Si tel 12 Introd uc:tion était le cas, D. 47 serait antérieur à D. 40, mais il est parfaitement concevable que, comme les travaux sont tombés plusieurs fois en panne, Dion ait dû se livrer à plusieurs reprises à ce chantage pour imposer ses volontés. Au reste la diversité des résultats obtenus par ceux qui ont tenté de classer chronologiquement les DiscoursB ithyniens1 montre, sinon l'impossibilité, du moins l'extrême difficulté de l'entreprise. Cela ne veut pas dire que, bien qu'ils aboutissent à des conclusions inconciliables, les efforts des chercheurs aient été vains. L'étude minutieuse des discours, leur mise en parallèle avec d'autres textes ou avec des documents archéologiques ont permis des avancées définitives et importantes. Ainsi C. Vielmetti a démontré que Dion exerçait l'archontat lorsque Varénus Rufus était proconsul et que c'est de lui-même et non, comme le croyait von Arnim, de son fils qu'il parle en 48, 17. C. P. Jones a brillamment établi en s'appuyant sur une inscription, que la cité d'Asie que Trajan a comblée de ses faveurs à l'égal de Pruse (45, 4), est Milet, à laquelle nul n'avait songé et, bien que certains en doutent encore, il nous semble assuré que le portique qui donna tant de soucis à Dion et dont la construction s'étala certainement sur plusieurs années, doit être distingué de la bibliothèque mentionnée par Pline le Jeune (10, 81), dont il dirigea également la construction. Mais il faut renoncer à imiter von Arnim et à faire des activités de Dion après son exil un récit suivi, où les données fournies par les Discours Bithyniens s'inséreraient à leur place comme les pièces d'un puzzle et s'ajusteraient aux renseignements tirés d'autres discours et du récit de Philostrate. Même C. P. Jones qui se contente d'esquisser la trajectoire politique de Dion à Pruse et décide qu'après une courte période de succès elle se réduit à une descente dans l'impopularité, nous paraît bien hardi. Voici ce que, à notre avis, on peut tenir au moins pour assuré. Lorsque Dion revoit Pruse et la Bithynie après son exil, il a au moins la cinquantaine (il se déclare lui-même vieux en 40, 19) et sa santé n'est pas brillante (cf. 40, 2; 47, 23 ; 48, 8 et 39, 7 si ce dernier discours est bien postérieur à l'exil). Il retrouve une famille diminuée et un patrimoine sérieusement écorné. Il parle en 44, 3 de frères et de parents que Pruse a honorés dans le passé et un peu plus loin (§ 5), il 1. Voici les classements auxquels ont abouti H. von Arnim, C. Vielmetti, C. P. Jones, P. Desideri et A. R. Sheppard. Von Arnim : 44, 40, 41, 47, 48, 45, 43, 50, 49 ; Vielmetti : 44, 47, 39, 48, 43, 45, 49, 40 ; Jones : 40, 41, 44, 45, 47, 49, 48, 50, 43; Desideri: 44, 48, 40, 41, 47, 50, 49, 43, 45; Sheppard : 44, 40, 41, 47, 45, 50, 49, 48, 43.

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