Éditions RAISONS D'AGIR 5, rue de Charonne, 75011 Paris ©Éditions Raisons d'agir, avril2016 www.raisonsdagir-editions.org [email protected] ISBN: 978.2.9121.0782.4 BRUNO TINEL Dette publique: sortir du catastrophisme RAISONS D'AGIR ÉDITIONS Ce livre n'aurait pas vu le jour sans le soutien bienveillant et les commentaires éditoriaux de Jérôme Bourdieu. Le manuscrit de cet ouvrage a été relu à différentes étapes par plusieurs personnes: Alice Martin, Étienne Boisserie, Nadine Thévenot, Jérôme Maucourant, Julien Kieffer, Muriel Pucci, Dominique Lévy, Jean-Michel Dejenne, Nicolas Canry. Leurs remarques ont beaucoup contribué à améliorer le fond et la forme de ce texte, qu'ils en soient chaleureusement remerciés. Je demeure seul responsable des erreurs et omissions que comporte ce document. «Les soi-disant progressistes qui préconisent des budgets en équilibre ne sont pas de simples perroquets des conser vateurs; ils sont les perroquets de conservateurs morts, qui n'ont aucun descendant vivant et dont les thèses sont concrètement inapplicables dans le monde moderne.» JAMES K. GALBRAITH, L'État prédateur, Seuil, 2009, p. 103. PROLOGUE Pour une bonne partie des médias et de la classe politique, l'État serait comparable à un ménage ou à une entreprise ayant vécu au-dessus de ses moyens pendant des décennies. La dissipation et les gâchis auraient mené à l'explosion des dépenses, des déficits et donc de la dette publique. Nous serions ainsi en train de léguer un terrible fardeau aux générations futures. Pour éviter la ruine, nous devrions alors, «en bons pères de famille», nous serrer la ceinture. Pour sauver ce qui peut l'être de notre modèle social, il n'y aurait pas d'autre solution que de le corroder. Pourtant, l'analogie familiale est fausse: l'État ne peut être comparé à un ménage-pas plus qu'à une entreprise. Il n'a pas la même nature, ni les mêmes finalités. Son fonctionnement et ses caractéristiques, ses contraintes économiques même sont d'un tout autre ordre. Pourquoi l'État s'endette-t-il? Comment s'y prend-il? Quelles sont les contreparties de la dette publique? S'agit-il uniquement d'une question financière mettant en jeu des principes de bonne gestion, ou bien cela relève-t-il d'enjeux politiques? Pourquoi nos responsables politiques procèdent-ils à un tel rabâchage et à de tels assauts de vertu concernant les finances publiques? Est-il d'ailleurs vraiment souhaitable d'obtenir un équilibre des finances publiques? Le présent ouvrage tente de répondre à ces questions en présentant la dette publique sous un angle à la fois critique et didactique. Il s'appuie sur des données statistiques nationales et internationales pour aborder la question de 8 DETTE PUBLIQUE: SORTIR DU CATASTROPHISME l'endettement public sans moralisme et mettre en lumière ses dimensions politiques. Le premier chapitre revient sur la spécificité des administrations publiques au regard des autres agents économiques et rappelle que la dette publique a pour contre partie financière les créances que possèdent les épargnants sur les administrations publiques, et pour contrepartie réelle les infrastructures publiques ainsi que l'ensemble des autres réalisations économiques que la dette a contribué à financer. Le deuxième chapitre s'attarde sur un ensemble de mécanismes qui permettent de comprendre le rôle très particulier que joue la dette publique dans l'économie. Le troisième chapitre fait apparaître que ce sont les déséquilibres macroéconomiques qui se sont déployés dans l'ensemble des pays capitalistes avancés depuis les années 1980 qui ont causé la hausse des ratios d'endettement public. Dans le quatrième chapitre, nous décrivons que ces trajectoires et ces déséquilibres se sont exacerbés depuis 2008; aussi étrange que cela puisse paraître, la crise n'a en effet pas mené à une remise en cause des principaux choix de politique économique opérés depuis trente ans. Ainsi, la« règle d'or» ne peut répondre au problème qu'elle est censée résoudre. Nous montrons également qu'une réduction du ratio d'endettement public est en réalité moins difficile à obtenir qu'on le prétend. Le dernier chapitre rend compte comment les conflits politiques autour de la dette publique sont déterminés par les rapports de classe plutôt qu'entre générations. La dette et ses contreparties
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