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Désinfection-épigraphie. Larousse. La Grande encyclopédie. Tom 7 PDF

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Preview Désinfection-épigraphie. Larousse. La Grande encyclopédie. Tom 7

Volume 7 Cet ouvrage est paru à l’origine aux Éditions Larousse en 1973 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Éditions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 7 Désinfection chimique La désinsectisation jeurs intramusculaires en cas de grande désinfection agitation. Le formol est utilisé pour la désin- C’est la destruction des insectes* nuisibles, fection terminale des locaux (10 g de notamment ceux qui sont vecteurs de Une vitaminothérapie B est particu- Méthode qui a pour but la destruction formol par mètre cube) grâce à des pul- germes. lièrement nécessaire dans les états de des germes pathogènes. (La stérilisa- vérisateurs, à des « bombes » ou fumi- Les procédés physiques comprennent carences alimentaires. L’intensité des tion détruit tous les micro-organismes, le pétrolage des eaux stagnantes (as- douleurs pose un problème difficile, gateurs. Il peut être employé également pathogènes ou non.) phyxie des larves et oeufs), l’action de la car elles ne sont pas calmées par les dans des étuves à formol, où l’on peut L’efficacité de la désinfection est ré- chaleur pour les lingeries et vêtements. antalgiques habituels, ce qui conduit désinfecter des objets fragiles. Les procédés biologiques comportent duite du fait de la fréquence des formes certains médecins à proposer un traite- L’anhydride sulfureux a de nom- la mise en oeuvre des ennemis naturels inapparentes de maladies infectieuses ment substitutif, au moins transitoire, des parasites, tels les poissons man- breux inconvénients. et du grand nombre de porteurs de geurs de larves. Les procédés chimiques par de faibles doses d’opiacés, de dex- germes. (V. contagion.) L’eau de Javel et la solution de emploient le vert de Paris, le pyrèthre, les tromoramide ou de pentazocine. Dakin (hypochlorite et permanganate) dérivés chlorés (D. D. T., H. C. H., chlor- L’utilisation des neuroleptiques pro- Types de désinfection dane, etc.), malheureusement nocifs à la sont très utilisées. voque avec une assez grande fréquence longue (le D. D. T. est interdit dans cer- y La désinfection en cours de maladie Parmi les alcalins, le lait de chaux tains pays pour les cultures), et les dérivés des syndromes dyscinétiques (mouve- est nécessaire dans toutes les affec- à 20 p. 100 sert pour la désinfection organo-phosphorés. ments anormaux) ou extrapyramidaux tions à déclaration obligatoire (sauf le extérieure, la lessive de soude pour les La désinsectisation constitue à la fois une hypertoniques (contractures) et doit tétanos). Il faut agir contre les germes urines, les selles, les crachats. défense et un danger pour la nature. être limitée à de faibles doses, surtout se trouvant sur le malade et sur les ob- chez les sujets carencés. L’hypersensi- Le crésylol sodique est également P. V. jets d’usage courant. Dans la variole, bilité aux neuroleptiques ne s’observe très utilisé. On emploie aussi les ammo- il faut désinfecter la peau, dont les G. Sykes, Disinfection and Sterilization habituellement que chez les sujets niums quaternaires, mais leurs qualités (Londres, 1965). lésions sont source de contamination. ayant reçu de très fortes doses d’opia- bactéricides sont parfois insuffisantes. En cas de typhoïde, on désinfecte les cés, et le sevrage après intoxication selles, où est éliminé le germe, et, en chronique par amphétamines ne donne En cours de maladie cas de scarlatine, la gorge, siège du désintoxication pas de troubles de ce genre. La désinfection du rhinopharynx est streptocoque. La cure de désintoxication elle- souvent indiquée. On emploie les la- Le choix de la désinfection dépend même doit comprendre normalement Traitement conduisant un intoxi- donc de la maladie, mais la désinfec- vages de nez au sérum physiologique et une suite thérapeutique au sevrage, qué chronique à cesser ses habitudes tion du linge est nécessaire dans tous des antiseptiques banals dans la majo- celle-ci consistant en une prise en d’intempérance ou de toxicomanie. les cas. rité des cas. De même, on badigeonne charge médicale et sociale capable de On parle ainsi de cures de désintoxi- la gorge de collutoires antiseptiques. redonner à l’intoxiqué une certaine y La désinfection terminale doit être cation des alcooliques, des héroïno- Les antibiotiques par voie générale possibilité d’adaptation sociale. réalisée en cas de maladies suscep- manes. Le terme doit être étendu aux sont parfois nécessaires. tibles d’être transmises par voie indi- techniques permettant l’élimination du À ce titre, certaines cures de désin- recte. Elle a lieu lorsque l’isolement La désinfection de la peau est indis- toxique par l’intoxiqué, et comprendre toxication à la méthadone utilisent est levé ou lorsque le malade est hos- pensable au cours de certaines fièvres l’évacuation et l’épuration des poisons l’absorption obligatoire quotidienne pitalisé en cours de maladie. éruptives. On emploie la solution de absorbés. d’une dose élevée d’un succédané Dakin, des colorants, rarement des morphinique, et une réadaptation La désinfection terminale, toujours antibiotiques. Les plaies doivent être Désintoxication sociale conditionnelle à l’absorption réalisée de la même façon, cherche à médicamenteuse. Elles ne peuvent nettoyées soigneusement au savon et des toxicomanes détruire les germes pathogènes dissé- être considérées comme de véritables minés par le malade dans les locaux désinfectées à l’alcool. La loi du 31 décembre 1970 prévoit désintoxications. qu’il occupe et sur les objets qui s’y Les crachats peuvent être inciné- cette cure par injonction du procureur trouvent. rés ou traités par formol ou lessive de de la République à une personne ayant Désintoxication La désinfection doit être associée soude. fait un usage illicite de stupéfiants, ou alcoolique à la prophylaxie dans l’entourage du Les urines, les selles sont traitées par par injonction de l’autorité sanitaire malade. après examen médical pour des per- Elle est prévue par la loi du 15 avril l’eau de Javel ou la lessive de soude. sonnes signalées par des services médi- 1954 créant des sections spécialisées Méthodes de caux et sociaux. dans les hôpitaux en vue de la désin- À la fin de la maladie désinfection toxication des alcooliques. La cure de désintoxication est en La désinfection terminale comprend fait limitée habituellement au sevrage, Les habitudes d’alcoolisme peuvent Désinfection par la chaleur le traitement des vêtements et menus qui se présente de manière uniforme, être dans une large mesure inhibées par objets dans les services spéciaux de Le feu est un procédé connu depuis surtout chez les toxicomanes habitués des thérapeutiques dont la plus clas- désinfection, ainsi que la désinfection l’Antiquité. On l’utilise pour incinérer aux opiacés ou aux produits stupéfiants sique est celle de Jacobson, Martensen pansements, crachoirs, poussières. On des locaux (lavage du sol et formol). succédanés de la morphine. et Larsen, qui, en 1949, ont proposé peut aussi désinfecter par flambage. En France, la désinfection (en cours l’utilisation de disulfirame pour pro- La cure consiste surtout à limiter La chaleur sèche (utilisée pour la de maladie et terminale) est assurée par voquer une réaction physiologique lors les syndromes d’abstinence pratique- stérilisation) est préférable à la chaleur des services publics ou par des mai- de l’absorption concomitante d’alcool ment constants : malaises généraux, humide pour désinfecter les vêtements. sons privées contrôlées par l’autorité et de ce produit. angoisse, agitation, sueurs et surtout Elle est utilisée également pour la sté- sanitaire. Le Conseil supérieur d’hy- douleurs, courbatures, myalgies, lar- La cure elle-même se fait habituelle- rilisation du petit matériel chirurgical. giène réglemente les modalités de ces moiement, rhinorrhée. Le traitement ment de la manière suivante : La chaleur humide est utilisée dans mesures obligatoires. La désinfection habituel comprend l’arrêt de toute a) élimination des sujets porteurs d’une l’ébullition et le lessivage. La vapeur a moins d’importance depuis l’antibio- drogue stupéfiante, la prescription de tare cardiaque par électrocardiographie d’eau sous pression est employée thérapie, et les mesures de désinfection faibles doses ou de doses modérées de (ischémie), d’une tare cérébrale par dans les étuves (vapeur dormante ou terminale sont actuellement moins ri- neuroleptiques ou de tranquillisants, en électro-encéphalographie (tracé épilep- fluente). goureuses pour certaines maladies. s’aidant parfois de neuroleptiques ma- tique), de troubles psychiatriques (ten- 3415 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7 dance délirante, détérioration mentale) des arts décoratifs, où il a pour maître teur de Rodin. C’était la vie matérielle morceau de réception, le bel Autopor- ou hépatiques (signes d’insuffisance Hector Lemaire (1846-1933), ancien assurée, en même temps que la liberté trait en chasseur (avec chiens et gibier) chronique) ; élève d’Alexandre Falguière (1831- de continuer à travailler en toute indé- aujourd’hui au Louvre. b) absorption de disulfirame à la dose 1900) et de Carpeaux*. Après deux pendance, comme il est aisé de s’en Desportes obtient alors une pen- de 0,5 g par jour (certains alcooliques années, Despiau opte pour l’École apercevoir si l’on compare le modelé sion royale et un logement au Louvre, ayant montré des signes psychiques nationale supérieure des beaux-arts et de Despiau, tout en nuances, et le mo- puis, en 1701, la commande de sujets — confusion mentale, désorientation l’atelier de Louis Barrias (1841-1905). delé de Rodin, puissamment contrasté. de chasse pour la Ménagerie. Désor- — ou même neurologiques du fait de Moins conventionnel est toutefois l’en- Auteur de plus de cent bustes, de sta- mais, il travaillera constamment pour l’absorption de doses plus élevées de seignement que Despiau reçoit d’un tues, de plaquettes, de nombreux des- les palais royaux, Versailles, la Muette, ce corps) ; praticien de Levallois qui lui apprend sins particulièrement admirés, Charles Compiègne, etc. Il est le peintre des c) administration de doses tests de la la taille de la pierre ; il se rend aussi Despiau n’a pas tenté d’expliquer théo- chasses et des chenils royaux, le por- boisson alcoolique habituelle du ma- au Louvre, au musée des Monuments riquement son art, mais il pourrait sem- traitiste des chiennes de Louis XIV, lade. La réaction à l’action conjuguée français et achève ainsi sa formation, bler que Bergson pensait à lui lorsqu’il Diane et Blonde, Bonne, Nonne et du disulfirame et de l’alcool provoque grâce aux modestes subsides que lui écrivait : « L’art n’est sûrement qu’une Ponne (Louvre). Il n’excelle pas moins régulièrement, mais de façon variable, fait parvenir sa mère. vision plus directe de la réalité. Mais dans les natures mortes, qui associent une chute tensionnelle, une accéléra- Il débute en 1898 au Salon des ar- cette pureté de conception implique gibier, oiseaux, fleurs et fruits. Il ac- tion du pouls, une vaso-dilatation cuta- tistes français, où il expose le buste une rupture avec la convention utile, un climate en France la grande tradition néo-muqueuse (rougeurs) et surtout de Joseph Biays, un voisin d’atelier, désintéressement inné et spécialement flamande de Jan Fyt (1611-1661) et de un malaise très intense qui contribue représenté en chapeau melon et pardes- localisé du sens ou de la conscience, Snyders*, le goût de la belle matière, indiscutablement à l’arrêt de l’absorp- sus : audace, en un temps où l’art offi- enfin une certaine immatérialité de la l’art de rendre plumages et pelages, tion d’alcool. Après deux tests, la cure ciel considérait le drapé académique vie, qui est ce qu’on a toujours appelé avec peut-être un dessin plus nerveux, de désintoxication proprement dite se comme seul digne d’habiller la figure de l’idéalisme. De sorte qu’on pour- une élégance plus sèche, à coup sûr termine par l’éducation de l’alcoolique humaine. Le même goût s’exprimait rait dire, sans jouer aucunement sur le plus de sobriété ; ses entassements de à la prise régulière de disulfirame et au dans les statuettes qu’il produisit en- sens des mots, que le réalisme est dans victuailles sont moins indiscrets que rappel régulier, au cours d’une psycho- suite et qu’il détruisit pour la plupart, l’oeuvre quand l’idéalisme est dans dans les natures mortes flamandes, thérapie très prolongée, des accidents sauf, notamment, celle pour laquelle l’âme, et que c’est à force d’idéalité voire dans les « tableaux de buffet » qu’il risque lors de la prise d’alcool. posa Rudel (veste tailleur longue, seulement qu’on reprend contact avec français d’un Jean-Baptiste Monnoyer Mlle Une autre technique de désintoxica- col Médicis, vaste chapeau à bords la réalité. » (1634-1699). tion, moins utilisée actuellement, a été plats), devenue sa femme en 1900. M. G. Les animaux conduiront Desportes proposée par Feldman. Elle consiste L. Deshairs, Despiau (Crès, 1930). / M. Gau- En 1901, il se présente au Salon de à la grande composition décorative. en l’établissement d’un réflexe condi- thier, Charles Despiau (les Gémeaux, 1949). / la Société nationale des beaux-arts Appelé d’abord à retoucher et rajeu- W. George, Despiau vivant (Fischbacher, 1953). tionné de vomissements par l’apomor- pour y rejoindre, groupés autour de nir les modèles du Flamand A. Van der phine, chaque fois que le sujet absorbe Rodin*, le Belge Constantin Meunier Eeckhout pour la tapisserie dite « des la boisson alcoolique qu’il préfère. (1831-1905), Dalou*, Bourdelle*, Indes », les Gobelins lui demandent par Dans l’ensemble, les résultats des Lucien Schnegg (1864-1909) ; il y est Desportes la suite (1735) huit grandes pièces sur cures de désintoxication sont relative- élu associé en 1902, sociétaire en 1904, les mêmes thèmes, mettant en scène (François) ment limités, même chez l’alcoolique, année de la Petite Fille des Landes, Nègres, Indiens et Chinois au milieu et une postcure avec prise en charge dont le style simple, naturel et déli- d’une flore et d’une faune exotiques. et psychothérapie de longue durée cat lui vaut de remporter son premier Peintre français (Champigneul?, dio- Desportes, s’appuyant dans toute la s’avère dans tous les cas nécessaire. succès (épreuve en bronze commandée cèse de Reims, 1661 - Paris 1743). mesure du possible sur une observation E. F. par l’État). Sa Jeune Fille lisant (1907, Célèbre de son vivant comme ani- directe, a réussi, avec ces Nouvelles S. Moeschlin, Klinik und Therapie der Ver- partie du monument à Victor Duruy, au malier, Desportes occupe une place de Indes, des ensembles à la fois luxu- giftungen (Stuttgart, 1952 ; éd., 1956). 2e jardin public de Mont-de-Marsan) a été choix dans cette époque de transition riants et architecturaux. conçue dans le même esprit, ainsi que où le goût flamand de la nature et de Mais un autre trésor, ignoré de ses sa Paulette, exposée à l’état de plâtre la couleur fait face à la doctrine acadé- contemporains, ne sera connu qu’à Desnos (Robert) au Salon de la Nationale (1907). Dans mique : mais c’est surtout par une part partir de 1784, lorsque la direction des le tumulte de ce Salon, a écrit Léon de son oeuvre mineure et quasi secrète, Beaux-Arts, pour fournir des modèles Deshairs, « quel timbre personnel et celle qui annonce le paysage moderne. à la manufacture de Sèvres, achètera en F SURRÉALISME. rare, quelle voix fraîche, juste, pure, Fils d’un fermier, Desportes fut à bloc son atelier. Des études faites à loi- vibrante d’émotion contenue. Cette Paris l’élève du Flamand Nicasius Ber- sir sur le terrain, et qui devaient prépa- voix, quelques-uns l’entendirent qui naerts (1620-1678), en France depuis rer les fonds de paysage de ses grands ne l’ont pas oubliée, et, parmi eux, le 1643 et qui avait participé, comme tableaux, constituent une collection in- Despiau (Charles) maître, Rodin, toujours attentif aux peintre d’animaux, à la décoration de comparable de sites de l’Île-de-France efforts des jeunes. On le vit tourner la Ménagerie de Versailles. À son tour, (auj. au château de Compiègne). Leur Sculpteur français (Mont-de-Marsan longtemps autour de Paulette, exami- le jeune Desportes allait y travailler, charme tient à une authenticité rigou- 1874 - Paris 1946). ner avec délices les suaves passages sous les ordres de l’illustre Claude Au- reuse, à une totale absence d’apprêt : des joues aux lèvres, aux yeux, aux Les premiers modelages de ce petit- dran*. En 1695, il est appelé à la cour coteaux et vallons, chemins entre des tempes, la petite bouche fermée, d’une fils et fils de maîtres plâtriers datent de Pologne pour y faire le portrait des haies, clochers de villages qui pointent gravité enfantine, le nez gourmand. Au de 1889 et sont exécutés sous la sur- souverains. Il s’acquitte avec honneur derrière les arbres, avec de larges nota- lendemain du vernissage, il écrivait à veillance d’un obscur Montois nommé de sa mission ; pourtant, au retour, se tions de valeurs, une lumière humide Despiau pour lui faire ses compliments Morin, qui afait des travaux de pratique croyant incapable de rivaliser avec et nacrée, et la profondeur de l’espace. et l’inviter à venir le voir dans son ate- pour un sculpteur académique, Charles Largillière* ou Rigaud*, il ne pour- Type de paysage nouveau en peinture lier du Dépôt des marbres. » René de Saint-Marceaux (1845-1915). suit pas dans cette voie. C’est comme — il n’est l’apanage, au XVIIe s., que de Il obtient une bourse municipale en Ce fut ainsi que Charles Despiau « peintre d’animaux » qu’il est reçu dessinateurs aquafortistes comme Cal- 1891, part pour Paris et entre à l’École devint, pour cinq années, le collabora- à l’Académie en 1699, avec, comme lot* ou Israël Silvestre (1621-1691) — 3416 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 7 et qui nous paraît beaucoup plus proche lienne, tandis que le palais ducal subit pour l’intérêt qu’elle porte aux arts et tiennent la comparaison avec celles de du style d’un Corot* que des paysages l’influence française. Josquin n’a donc aux artistes ; Hercule possède une cha- la maturité, dans un style différent. idylliques ou architecturaux de Bou- pas suivi l’enseignement des maîtres pelle musicale de grande qualité. En cher* et de Hubert Robert*, pourtant flamands du XVe s. directement, mais 1501, Josquin part pour les Flandres Les chansons postérieurs à Desportes. a connu l’art de Johannes Ockeghem en vue de recruter des chanteurs pour Par ses quelque 70 chansons, Josquin P. G. (v. 1430 - v. 1496) par l’intermédiaire cette cour ; Cambrai était pour l’Italie marque le passage entre l’esthétique du des Gaspar Van Weerbecke, Loyset une vraie « foire aux chantres ». tant XVe s. d’Ockeghem et la grande époque Compère, Alexander Agricola, Jaco- la qualité des chants de la cathédrale de la chanson parisienne des années tin, qui sont en même temps que lui au excitait l’admiration générale. 1530 (Clément Janequin, Claudin de despotisme service du duc. À la mort de ce dernier, Pendant cette période, Josquin Sermisy...). La longueur de sa carrière en 1476, Josquin passe au service du éclairé voyage beaucoup. Il suit Philippe le et ses nombreux voyages expliquent ce cardinal Ascanio Sforza. Le frère de Beau en Espagne, puis entretient des phénomène. Galeazzo a l’heureuse idée de réunir relations avec la cour de France. Les F CATHERINE II, FRÉDÉRIC II, Avec chaque texte littéraire, il com- autour de lui le peintre Pinturicchio précisions manquent malheureusement JOSEPHII. pose une forme musicale originale. (1454?-1513), le poète Serafino Aqui- sur ces dernières : il fournit des com- C’est pourquoi son langage est d’une lano (v. 1466-1500) et notre musi- positions comme le motet Memor esto grande diversité : les phrases mélo- cien. Cependant, à plusieurs reprises, verbi tui, qui doit rappeler des services diques épousent la forme du vers et son Josquin se plaint de son maître pour non payés par le roi, mais il ne semble Des Prés (Josquin) rythme propre, sans rechercher tou- la condition modeste dans laquelle pas avoir résidé à la Cour d’une ma- tefois une traduction symbolique très il le laisse ; il compose à cet effet In nière suivie. poussée. Compositeur français (près Saint- te domine speravi per trovar pietà in En 1503, il devient maître de cha- Quentin [Beaurevoir?] v. 1440 - eterno, El grillo è buon cantore et en- Le langage courtois, un peu conven- pelle à Ferrare. En concurrence avec Condé-sur-l’Escaut 1521 ou 1524). core Lassa fare a mi (Laisse-moi faire), tionnel, de la dernière génération des Isaak, Josquin lui est préféré pour ses qui pouvait être la réponse d’Ascanio rhétoriqueurs tient une grande place qualités de compositeur, bien qu’on lui à ses suppliques. Son ami, le poète dans le choix des textes : Jean Moli- Sa vie Aquilano, lui adresse alors un poème reproche son mauvais caractère : il ne net, Guillaume Crétin, Jean Lemaire Pendant plus de quarante-cinq ans de plein d’encouragements, l’exhortant veut point composer sur commande, de Belges figurent à côté de nombreux sa vie, Josquin Des Prés est établi en à remercier le ciel qui l’a comblé de mais à son gré ; surtout, ses prétentions auteurs restés anonymes. C’est peut- Italie. Il participe ainsi à l’un des phé- tant de dons. En effet, la renommée financières sont élevées. Pourtant, être Marguerite d’Autriche qui écrit : nomènes les plus originaux du temps : l’estime qu’il a de son talent est justi- du musicien est déjà bien établie ; Playne de dueil et de mélancolye, la rencontre entre la science des musi- fiée : il dirige cette chapelle au moins L. Compère le cite en compagnie des Voyant mon mal qui tousjours ciens du Nord et le génie propre des plus fameux dans son motet Omnium jusqu’en 1504 et peut-être 1505, date à multiplye... Italiens. laquelle Brumel lui succède. bonorum plena. En traitant ce poème en canon, Jos- Il n’a guère plus de vingt ans quand Tout en restant attaché à la personne La dernière période de sa vie se quin abandonne les grands mélismes il est engagé en 1459 comme « biscan- d’Ascanio, avec lequel il vient à Rome, déroule dans son pays natal. Les do- ou vocalises sur un mot en faveur d’un tor », c’est-à-dire chanteur adulte, à Josquin s’engage en 1486 à la chapelle cuments font quelque peu défaut pour syllabisme plus grand. Le naturel et la la cathédrale de Milan. Pendant plus du pape ; il rejoint donc un des centres situer son activité : il célèbre l’alliance clarté y gagnent : plus de rythmes com- de treize ans, sa situation est stable les plus importants de la vie musicale anglo-néerlandaise (déc. 1507) dans la pliqués superposés ; le début et la fin mais modeste. Il s’initie à la culture de l’époque. Son séjour de treize ans chanson Plus nulz regretz et rencontre des phrases sont nets. musicale italienne en compagnie des est interrompu par quelques voyages le théoricien Pietro Aaron (v. 1480- Il lui arrive aussi d’adapter des mé- six autres chantres, tous Italiens, de la à la suite d’Ascanio dans les villes 1545) à Florence en 1516. Enfin, grâce lodies populaires. Une des techniques chapelle. d’Italie centrale. Mais sa place est au à l’estime de Marguerite d’Autriche, qu’il utilise alors le plus volontiers est Ce sont des années décisives où coeur de la chrétienté, dans cette cha- il obtient de l’empereur Maximilien Ier celle du canon : à deux voix détermi- son esprit se forme en assimilant des pelle où, depuis le retour de la papauté le prieuré de l’église Notre-Dame à nées dans leur déroulement, il oppose la influences diverses. En effet, d’autres d’Avignon à Rome, l’élément franco- Condé-sur-l’Escaut. liberté d’une paraphrase en contrepoint « Franco-Flamands » ne tardent pas flamand a toujours été prépondérant. Jusqu’à la fin, son activité musi- confiée aux autres ; ou, d’une manière à arriver et transforment Milan en un Rome possède un prestige incontesté cale sera intense ; c’est un octogénaire savamment construite, il superpose creuset où le génie de deux peuples dif- dans le domaine de la musique sacrée qui remet en 1520 un recueil intitulé deux canons différents (En l’ombre férents se rencontre : l’art de chanter polyphonique ; aussi, l’oeuvre de Jos- Aucunes chansons nouvelles à Charles d’un buissonnet). Un plus grand natu- la polyphonie savamment construite quin, à cette époque, se répartit-elle Quint ! Selon deux sources contradic- rel domine dans les airs où la strophe appartient à ces étrangers « ultramon- essentiellement entre messes et motets, toires, on situe sa mort soit en 1521, libre est préférée aux formes fixes des tains » ; le « goût italien » s’exprime exécutés durant les cérémonies impor- soit après 1524. rondeaux, ballades et bergerettes (Si davantage dans l’improvisation en so- tantes de l’Église. À Rome, son inspi- j’ay perdu mon amy). La chanson Mille liste de mélodies vivantes, expressives, ration pouvait se nourrir des oeuvres de Son oeuvre Regretz est un point d’aboutissement pleines de naturel. ses compatriotes ainsi que du répertoire pour sa liberté de langage. Une com- Le duc Galeazzo Maria Sforza dé- qu’ils avaient apporté avec eux : pièces Son oeuvre se répartit assez exactement position simultanée des voix donne veloppe la vie musicale de Milan en de Guillaume Dufay, G. Van Weer- entre les trois périodes de sa vie : sa jeu- une perception déjà « verticale » du créant en 1471 une chapelle pour son becke, de Marbrian Orto, Bertrandus nesse milanaise jusqu’en 1486, sa for- cheminement musical et contribue à la Vaqueras, mais aussi J. Ockeghem, mation à Rome puis à Ferrare jusqu’en palais qui ne comprend pas moins de clarté de l’audition. La mesure binaire quarante chanteurs (22 chantres « da Antoine Brumel, L. Compère, Antoine 1503 (ou 1505), sa maturité accomplie remplace la mesure à trois temps et de Févin, Jacobus Obrecht, Heinrich en France et dans les Flandres. capella » et 18 « da camera »). Pour favorise des rythmes plus « carrés » Isaak, Pierre de La Rue, etc. cela, il attire tous les musiciens ultra- L’évolution est nette, et pourtant on (12 chansons possèdent déjà une entrée montains attachés à la cathédrale, Maître de son style, Josquin quitte ne saurait parler de progrès, car, dans sur la formule : 1 blanche, 2 noires, parmi lesquels Josquin, vraisemblable- Rome, vers 1499, et rencontre Her- chacune des formes qu’il a cultivées, 1 blanche, qui sera une caractéristique ment dès 1473. La cathédrale demeure cule (1433-1505), duc de Ferrare. que ce soit la chanson, la messe ou de la chanson parisienne). L’augmen- Ier un foyer de culture typiquement ita- Toute la famille d’Este est renommée le motet, les oeuvres de jeunesse sou- tation du nombre des voix permet une 3417 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7 dique et utiliser la construction poly- celui de la chanson et le texte n’est pas phonique dans laquelle cet élément imposé comme celui de la messe. s’insère. Ainsi, Josquin s’inspire du Josquin choisit ses textes dans la motet à 3 voix de Brumel Mater Patris Bible, parmi les Psaumes (Laudate dans la messe du même nom ; dans pueri, Qui habitat in adjutorio), les certains passages, les citations sont récits (Absalon fili mi), le Cantique des presque littérales, mais notre compo- cantiques (Ecce tu pulchra es, amica siteur ajoute 2 voix supplémentaires. mea) ; il utilise aussi des hymnes et des séquences : Conditor alme siderum, Avant d’en arriver à cette technique Veni Sancte Spiritus, Stabat Mater... de « parodie », une longue évolution Le psaume Miserere mei Deus, écrit a eu lieu. Au départ, la phrase mélo- pour Hercule Ier, est le plus justement dique est présentée au ténor, en valeurs célèbre. Un thème sur deux notes rap- longues ; répétée à chaque section de pelle la psalmodie ; présenté en imita- la messe, elle lui donne son identité et tion au début, il est repris en ostinato son unité. par le ténor, baissé d’un ton à chaque Sur cette ossature solide, les autres reprise ; après avoir descendu une voix peuvent évoluer en paraphrasant octave, il suit le chemin exactement en un « contrepoint fleuri » les notes inverse pour reprendre dans une 3esec- du thème sur un rythme plus rapide. La tion la descente du début jusqu’au la. messe Hercules dux Ferrariae emploie La progression de l’ensemble, avec son cette technique. introduction dans les graves qui s’élève peu à peu, est très symbolique de Ailleurs, le cantus firmus passe à l’homme qui se tourne vers Dieu dans d’autres voix que le ténor ou se pré- un mouvement d’espérance. Rien n’est sente en canon. Une évolution nette vraiment novateur dans cette technique se fait jour dans les pièces où, au lieu de cantus firmus en ostinato, mais l’ex- d’être en valeurs longues, son rythme pression est extrêmement puissante et est de même nature que celui des autres maîtrisée. voix. Rien n’empêche alors de le traiter Josquin emploie le même langage en imitation d’une voix à l’autre sans technique que dans ses messes ou ses que l’une d’elles ait un rôle mélodique chansons, mais lui donne souvent une privilégié. C’est le cas de la messe Ave richesse inaccoutumée. Ainsi, l’écri- maris stella. ture verticale est plus nette : O Domine Lorsque le thème est morcelé en Jesu Christe, Tu solus qui facis mira- motifs soumis à des imitations, à des bilia montrent le goût du composi- déformations mélodiques ou ryth- teur pour la couleur des accords et sa grande diversité dans la construction hymne ou une séquence fournissent miques, nous arrivons au terme de science harmonique ; la présence fré- de la polyphonie. Une partie peut en général une phrase qui fonde l’évolution : c’est l’imitation continue. quente de la tierce finale ajoute encore s’opposer aux 3 autres ; plus sou- chaque partie de l’office : l’Ave maris La mélodie est partout présente, mais à ce sentiment harmonique. vent, 2 duos imitatifs se répondent ou stella, l’introït Gaudeamus... Mariae jamais citée en entier ; elle commu- Le motet Vultum tuum deprecabun- se partagent la même phrase, pour se transposé, ornementé et mesuré, par nique à l’ensemble de la polyphonie tur contient 5 sortes de duos imitatifs ; joindre finalement en un choeur homo- exemple. l’esprit du plain-chant et non la lettre. on trouve des cantus firmus en canon rythmique où les mêmes mots, chan- La Missa de Beata Virgine ne pos- tés ensemble, acquièrent une grande La messe Pange lingua est à cet égard dans Sic Deus dilexit et un double sède pas la même unité mélodique, car force. Mille Regretz possède un motif Josquin utilise des parties différentes un sommet. canon accompagné par 2 voix libres dans In nomine Jesu. de quatre notes descendantes, mis en de l’« ordinaire ». Dans deux cas, il Le cantus firmus est devenu un vrai évidence au centre de la composition invente des thèmes qui gardent une thème capable d’engendrer d’autres Le compositeur rejoint un usage de et placé dans des contextes très variés allure grégorienne, à partir du titre ; motifs : il peut se prêter aux dévelop- son temps lorsqu’il place au ténor de avec beaucoup d’imagination. ainsi, Hercules dux Ferrariae donne pements les plus libres. Le symbolisme son oeuvre un texte différent de celui À la fin, Josquin rassemble en un les notes ré ut ré ut ré fa mi ré ; Lassa musical traduit les mots du texte (notes des autres voix, mais qui le commente : raccourci saisissant ce qui a été dit fare a mi, la sol fa ré mi. descendantes en imitation pour la le ténor du motet Missus est Gabriel fait allusion par sa mélodie à la chan- auparavant ou prolonge les derniers Hormis ces éléments anecdotiques, venue de l’Esprit-Saint sur le monde) son d’Antoine Busnois À une dame j’ai mots du texte par une longue « coda » des airs de chansons, populaires ou et met en valeur son sens même. fait voeu. ornementale. Une technique fondée courtoises, sont souvent retenus pour Grâce à l’assouplissement et à la sur la répétition, sur le balancement de servir de thème à certaines messes et Le triple motet O bone et dulcis liberté que Josquin communique aux sections identiques devient le principe donnent des titres aussi amusants que Domine Jesu est bâti sur deux cantus formes de son temps, son expression formel central, sans que les symétries Missa l’ami Baudichon, l’Homme firmus superposés : le ténor énonce le personnelle d’un grand lyrisme trouve ou les canons aient jamais le caractère armé ou encore Malheur me bat, Una Pater noster, tandis que la basse chante d’une machine bien montée. musque de Buscaya... à se manifester. Ave Maria. Tous ces procédés étaient très cou- Certaines chansons, en fait, sont desmo- Les messes Les motets rants à l’époque et un tel mélange tets. Dans l’émouvante Déploration sur la Parmi ses 29 messes (dont 7 sont des genres ne choquait point l’esprit C’est cependant dans ses motets qu’il mort d’Ockeghem, le ténor chante l’introït incomplètes), certaines puisent leur religieux du temps. Les emprunts pou- peut le mieux donner cours à son ins- Requiem aeternam et, à la fin, Requiescat inspiration dans le plain-chant ; une vaient même dépasser l’élément mélo- piration : le cadre est plus vaste que in pace ;les autres voix appellent, en fran- 3418 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 7 formes graphiquement exprimées ; et savons néanmoins qu’au cours des pé- le dessin mène du trait à la peinture, à riodes historiques les pointes de métal, partir du moment où celle-ci n’est plus le bois carbonisé, de menus fragments seulement remplissage coloré de sur- de roches colorantes, la plume et le faces circonscrites par des lignes, mais pinceau ont constitué les plus anciens association de formes colorées, men- instruments de dessin. On notera tout talement organisées en un ensemble. de suite leur surprenante pérennité L’idée de représenter, d’engendrer une dans la mesure où ils demeurent le plus forme et d’en associer plusieurs en une simple prolongement de la main et le seule représentation — sinon en une complément expressif le plus direct « présentation » commune —, tel un et le plus nuancé du doigt lui-même, nouvel organisme, constitue un phéno- comme du geste. Cette « gestualité » mène fondamental. Question de vision, immédiate du dessin, plus ou moins tri- de conception, mais aussi de procédé ; butaire d’habitudes acquises et régle- car, de la pointe qui incise une surface mentées, ou, au contraire, de pulsions au pinceau qui appose des signes et propres aux grandes individualités, des taches, l’univers du dessin apparaît constitue le fonds de l’histoire du des- comme très vaste. De plus, n’oublions sin ; on peut en suivre facilement la pas que le signe ou la forme dessi- passionnante dialectique tout au long nés sont à l’origine de la symbolique des civilisations, un des aspects essen- transmissible du langage ; et le dessin tiels de ces divergences — ou confron- conserve des valeurs très proches de tations — étant l’alternative engendrée celles qui sont fournies aux grapholo- par l’usage d’un dessin préparatoire à gues par la « graphie ». Il resterait à la peinture ou d’un dessin tendant plu- observer que, à travers les divergences tôt à sa propre autonomie. d’évolution, un caractère commun s’est Après l’Égypte, qui distinguait le affirmé : l’expression de l’individualité « scribe aux contours » de celui auquel de celui qui tient entre ses doigts l’ins- incombait la charge de la coloration, trument adéquat. Toute la variété de c’est la Grèce surtout qui nous confirme l’histoire du dessin et des expressions l’importance propre à laquelle peut graphiques actuelles dépend du choix prétendre le dessin. Elle est remarqua- de cette instrumentation. blement mise en valeur par la simplifi- cation des couleurs (surtout le rouge et Historique le noir) sur les parois des vases. Mais Constatons tout d’abord que, dès la plus encore, sur les lécythes funéraires préhistoire, deux types d’instruments des Ve et IVe s. av. J.-C., un style de çais, Brumel, La Rue, Compère à prendre omnia, Amsterdam, 1957 et suiv.). / H. Osthoff, Josquin Des Prez (Tutzing, 1962-1965 ;2 vol.). ont été utilisés, et deux techniques croquis révèle une grande capacité de le deuil de leur « bon père ». mises en oeuvre. Avec une pointe dure notation dessinée, associée il est vrai La composition est symboliquement de silex ou de tout autre matériau équi- à la notion de ligne colorée par rapport écrite en notes noires ; la partie reprend 1re valent, en attendant le bronze, on a pu au fond blanc et aux quelques surfaces le style d’Ockeghem en souvenir de lui, dessalement tracer des signes ou des représenta- plus nettement affirmées en rouge, bleu tandis que la a des phrases plus claires 2e tions naturelles d’animaux et d’êtres ou noir. et une progression davantage par accords. F EAU. humains, tandis qu’un pinceau fait de Ce dessin linéaire n’est toutefois pas Nicolas Gombert utilisera un symbolisme fibres végétales ou de poils a servi à le seul que l’Antiquité ait connu. Un semblable lorsque, sur le thème du motet véhiculer un liquide coloré avec lequel dessin en modelé — par l’ombre et la de Josquin Christus mortuus à 6 voix, il on a dessiné de grandes formes sur les lumière — peut se substituer au seul pleurera la mort du grand compositeur. dessin parois des cavernes. Dans ce dernier contour pour définir un drapé ou un vi- De son vivant déjà, Josquin fut célébré cas, le doigt a dû servir largement. sage. Mais la manière en « hachures » par tous : son élève Adrien Petit Coclico, Mais, dès ces époques lointaines, de certaines peintures nous révèle aussi Mode d’expression plastique utilisant ses collègues Compère et Pierre Moulu, le dessin n’a pas consisté seulement combien l’Antiquité, évoluant, a pu le trait et éventuellement le modelé par les théoriciens Aaron et Glarean, des écri- en tracés linéaires de contour, sans découvrir bien avant la Renaissance priorité sur la couleur. vains, même, comme Luther, lui réservent que soit transmise une certaine sen- des modes d’expression « dessinés », la première place. sibilité à l’allure de la ligne par des preuve de l’évolution réciproque des Introduction « inflexions » plus ou moins larges ; techniques de la peinture et du des- Longtemps après sa mort, son oeuvre a Que le dessin ambitionne de représen- de même rencontre-t-on des « mouve- sin. De même, elle préfigurait diverses été recopiée ou transposée pour les instru- ter une forme extérieure ou de faire ments » de modelé, comme à Altamira expressions que la Renaissance allait ments. Fait exceptionnel pour l’époque, exister une forme non identifiable ou à Lascaux. Et, par là, coloration et mettre particulièrement en valeur : à le Vénitien Petrucci consacre trois vo- à un objet ou à une figure extérieure définition d’une forme se trouvent de côté du dessin lié à la peinture, celui lumes entiers à l’édition de ses messes. (c’est-à-dire imaginée), il demeure bonne heure nettement associées. Deux plus libre de l’esquisse ou de la nota- Au XVIIIe s., Adami saluera encore celui avant tout un procédé technique né aspects fondamentaux de la conception tion personnelle, conférant au dessin « dont parle et parlera éternellement la d’un tracé, d’une graphie, qu’elle du dessin ont donc été exprimés dès la son autonomie. renommée ». apparaisse sous forme de ligne ou de préhistoire. Le Moyen Âge a surtout insisté sur M.-M. K. tache. L’acte de dessiner engage un S’il nous est impossible de bien le dessin-contour, conçu comme un A. Smijers, Werken van Josquin Des Prez travail d’équivalence symbolique qui déterminer l’ancienneté relative des accompagnement, comme une défini- (Amsterdam, 1925-1957 ; nouv. éd. par A. Smi- jers et M. Antonowycz, Josquin Des Prez Opera traduit une forme ou une association de instruments et des techniques, nous tion de la peinture. C’est la circons- 3419 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7 cription de la forme, pour reprendre l’expression d’Alberti* au XVe s. En- core convient-il de noter que le modelé apparaît dans le dessin préparatoire à la peinture. Du dessin proprement dit, nous ne connaissons que peu d’expres- sions, en dehors du célèbre album de l’architecte Villard de Honnecourt, au XIIIe s., comptant des dessins linéaires soumis à une stylisation que vont mo- difier peu à peu ses successeurs. Ceux- ci, d’ailleurs, évolueront plus rapide- ment, sans doute, lorsqu’ils feront une esquisse que lorsqu’ils dessineront « définitivement » pour la peinture, comme le montre bien la liberté de dessin des sinopie italiennes exécutées sur l’avant-dernier enduit de la fresque. Moyens techniques À mesure que se développent le des- sin de notation et le dessin de prépa- ration pour les peintures, les moyens techniques prennent également plus d’ampleur. Sont alors utilisés la plume, le pinceau et des produits minéraux ou 3420 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 7 C’est ce que, parallèlement, devait aussi démontrer l’usage de procédés à base de crayons du genre sanguine, pierre d’Italie, craie, mine de plomb, fusain. Argile ferrugineuse connue dès l’Antiquité, la sanguine a été utilisée surtout au cours des XVIe et XVIIIe s., en même temps que se développait le goût pour un dessin autonome, recher- chant des effets de clarté et de grande sensibilité dans le rendu de la chair et l’expression de la grâce. De ce point de vue, la sanguine représente une des toutes premières démarches d’un dessin de couleur, également envisagé par le XVIe s. italien avec la craie et le papier de couleur. De plus, la sanguine, qui s’écrase facilement (comme le fu- sain) et s’accroche bien aux surfaces légèrement rugueuses, permettait de « passer » de la ligne à la tache plus ou moins dense grâce à la fusion de traits rapprochés. Un modelé était donc créé, suggérant des effets de clair-obscur en rapport avec le raffinement optique auquel on était parvenu vers la fin du XVe s. On a pu facilement tirer de ces techniques de la sanguine des effets d’« ombre vivante », comme on peut le voir dans les dessins de Michel-Ange* ou de Watteau*. Ce dernier devait particulièrement mettre en valeur une technique « à trois crayons », où la sanguine est associée à la pierre noire d’Italie (ou à la pierre noire artificielle) végétaux qui fournissent eux-mêmes les encres de Chine ou la sépia, qui se Le pinceau, répondant à la moindre et à la craie, conformément aux pre- la matière traçante : pointes d’argent, substituera au bistre à partir du XVIIIe s. pression de la main, permet autant miers essais italiens et français (Fou- pierres diverses ou petites branches de le trait que la tache ou le badigeon- La plume, qui sert aussi bien à des- quet* : sanguine et pierre noire). Selon nage. Selon la quantité d’eau mêlée à charbon de bois. siner qu’à écrire, donc à tracer toutes son origine, la sanguine présente des l’encre, on peut nuancer, modeler au La pointe d’argent, pratiquement sortes de signes de portée différente, a teintes différenciées allant jusqu’au lavis la moindre forme. De même avec disparue aujourd’hui, représente un été empruntée dès l’Antiquité au règne brun. du bistre et de la sépia. On connaît les procédé de compromis entre la gra- végétal (roseau, bambou) ou à l’animal merveilleux résultats que les Chinois, La pierre d’Italie, que nous venons vure et la trace, obligeant à recouvrir (oie, coq, cygne), en attendant que le et les Japonais ensuite, purent tirer de citer, est un schiste argileux, relati- le subjectile — parchemin ou velin en XIXe s. y ajoute la plume métallique, le d’une peinture qui associe si bien le vement tendre, mais dont la section per- général — d’un enduit fait de raclures XXe s. le système « à bille » et le feutre geste du dessinateur à celui du peintre. met, avec la pointe ou le biseau, de tra- d’os et de gomme arabique. Le tracé durci. La plume fournit par excellence En Occident, une longue suite de cer une ligne d’une grande finesse, en obtenu, légèrement incisé, est d’une un dessin au trait, qui a mené à définir chefs-d’oeuvre fut engendrée par des même temps qu’elle autorise la largeur couleur grise, alors que la pointe d’or, par convention optique diverses com- peintres à qui le procédé permit éga- du trait et le modelé. Cette souplesse plus rarement utilisée, donnait un trait binaisons de « hachures » pour suggé- lement l’esquisse rapide, ainsi que la d’utilisation fait que la pierre d’Italie plus noir. C’est à ces procédés qu’on rer l’ombre et substituer un dessin « de création d’un genre particulier en rap- s’est substituée tout naturellement à la substituera d’abord le dessin à la mine valeur » à celui de contour. Van Gogh* port avec la technique du sfumato dans pointe d’argent à partir du moment où de plomb sur papier, puis, au XVIIIe et en a donné toute une série de variantes la peinture à l’huile. De plus, comme la sensibilité artistique s’est orientée surtout au XIXe s., le dessin au crayon de remarquables. dans ce cas bien illustré par Léonard* vers une expression plus large, vers de Vinci, des « reprises » à la plume un modelé jouant avec les lumières, graphite, dont la poussière est mêlée à Mais, avec un peu d’eau, on a pu permettaient d’apporter à l’ensemble que soulignera encore l’usage de la la « terre de pipe » comme pour le pas- également utiliser l’encre sous forme une animation ou même des précisions gouache ou de la craie (Signorelli*, Fra tel ; le crayon actuel, du type « Conté », de lavis, véritable aquarelle mono- nouvelles. Mais beaucoup d’artistes, Bartolomeo, Véronèse* notamment). remonte à la Révolution. Beaucoup chrome qui, menée au pinceau et comme Poussin*, dans leurs esquisses Très largement utilisée dans les dessins plus courants étaient les procédés de parfois combinée avec un dessin à la pour des tableaux, ont dessiné directe- préparatoires à la peinture, la pierre dessin à la plume et au pinceau, per- plume, engendrera à partir du XVe s. ment au pinceau selon le principe d’un d’Italie intervient au cours d’une évo- pétués jusqu’à nos jours. Ils permet- une suite d’étonnants chefs-d’oeuvre, contraste ombre-lumière, la forme étant lution marquée par le développement taient l’usage d’une matière colorante comme ceux de Rembrandt* au XVIIe s. dans certains cas préfigurée légèrement des valeurs « spatiales » dans la nou- à base d’encre issue de la noix de gale, Notons que la combinaison plume et à la mine de plomb. Ainsi s’affirmait velle peinture à l’huile, qui insiste sur de bistre fait avec du noir de fumée aquarelle, de son côté, fournira une encore avec le lavis cette conception les effets de « relief » comme le suggé- ou de la suie ; ces produits ayant ten- nouvelle série d’expressions artistiques d’un dessin porté sur le rapport des rait Léonard de Vinci dans ses écrits. dance à pâlir, ils furent remplacés par très appréciées. valeurs au-delà de la ligne. À partir du moment où le dessin prend 3421 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7 leront dans le genre, qui est également effets étonnants qu’en ont tirés tant de une preuve de l’extension du dessin di- peintres, de Titien* à Prud’hon* (ce- rect, de notation « alla prima », comme lui-ci lui associant la craie, sur papier source des compositions de tableaux. bleuté). Avec le pastel, le fusain devait trouver une alliance particulièrement En ce sens, avant de devenir un heureuse, surtout au XVIIIe s. genre de dessin pour collectionneurs, le fusain a été très largement utilisé Cette technique de « peinture sèche » dans les esquisses les plus libres pour correspond à l’évolution des diverses suggérer rapidement l’essentiel d’une combinaisons peu à peu établies entre forme, d’une composition, parallè- le dessin proprement dit et la couleur, lement à l’usage du pinceau ou de la depuis que le dessin a été « rehaussé » plume. Mais le fusain ne pouvait être d’aquarelle*. Poudre de couleur mêlée que d’un usage provisoire, à cause de à de l’argile et de l’eau gommée, le pas- son incapacité à rester longtemps fixé tel, connu dès le XVe s., a surtout pris de sur son support. À partir du moment l’importance au XVIIIe s., au moment où où des pulvérisations d’eau gommée la qualité du matériau et les procédés lui ont assuré une certaine stabilité, de fixation ont progressé. Trait, ha- le fusain a pu être largement diffusé chures, empâtements, frottis : le pastel au cours du XVIe s. et être associé, lui permettait toutes sortes d’effets comme aussi, à d’autres matériaux, avant de le montrent les oeuvres d’une Rosalba devenir un moyen courant d’étude dans Carriera ou d’un Maurice Quentin de les académies. La Tour. Au XXe s., un Rouault* jouera avec les empâtements en ajoutant de Le fusain offrait d’innombrables l’eau. Depuis, on fabrique des pastels avantages du fait de sa matière friable à l’huile, de même qu’on mêle parfois et du travail auquel on peut soumettre de l’huile au fusain pour en obtenir des sa substance avec l’estompe, avec le effets veloutés et s’assurer une fixation doigt, ou en reprenant en hachures des directe. parties à moitié effacées. À bien des égards, il se rapprochait nettement de Enfin, à ces différents moyens tech- la sensibilité requise par la peinture à niques, l’époque contemporaine a l’huile avec ses effets divers, de la ligne ajouté une méthode par pulvérisation à l’empâtement en passant par le glacis à l’aide d’aérographes, surtout utilisée ou la surface à peine teintée. D’où les dans le dessin publicitaire. 3422 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 7 Le langage du dessin Ce dernier s’adresse davantage à l’or- ganisation de l’ensemble des formes Toutes ces techniques doivent leur dans une page et, partant, peut être le prodigieux développement à la fois à guide d’une recherche organique appli- une modification dans les conceptions cable à toutes sortes d’expressions. visuelles de la forme, mise en avant par Ces nuances de sens n’affectent la peinture, et à la diffusion du papier, pourtant que très peu les habitudes de dont la fabrication s’améliore dès le travail qui ont été acquises au cours début du XVe s. Il s’y ajoutera, durant des siècles : et, même si aujourd’hui le XVIe s., une demande particulière des le refus de pratiques antérieures s’af- collectionneurs, à la recherche de des- firme chez certains comme la première sins « d’inspiration ». démarche d’un art « autre », le dessin Mais il faut également accorder une utilise toujours des moyens techniques attention particulière au rôle joué par le « anciens ». À bien des égards, l’art dessin dans la composition, depuis l’or- abstrait, en particulier, aura plutôt ganisation schématique d’un ensemble mis l’accent sur l’importance des élé- fondée sur une « mise en place » pers- ments constitutifs, comme l’a montré pective et sur un schéma géométrique Klee*, jusque dans la pédagogie du d’équilibre et de direction des formes, dessin. Une foule de nuances ont été Masters Drawings ; a Handbook (New York, cemment J. Piaget, H. Wallon, L. Bender, jusqu’à la définition réciproque de ces apportées, aboutissant à l’élaboration 1943). / P. Lavallée, les Techniques du dessin, R. Zazzo. formes par association et proximité. leur évolution dans les différentes écoles de d’un véritable langage fondé sur le Les premières manifestations gra- l’Europe (Éd. d’art et d’histoire, 1949). / H. Hut- Autant d’opérations qui ont nécessité point, le trait, la ligne, les hachures, la ter, Die Handzeichnung, Entwicklung, Technik, phiques se situent à douze mois : taches une instrumentation particulière, àbase tache, le frottis, etc. Ainsi, depuis les Eigenart (Vienne, 1966 ; trad. fr. le Dessin, ses puis traits, gribouillages conditionnés par de « réticules » transparents, de boîtes techniques, son évolution, Hachette, 1969). les progrès moteurs de l’enfant. Après une propositions d’un Degas* ou les jeux optiques, de « chambres obscures » / C. Hayes, Grammar of Drawing for Artists période de « réalisme manqué » (Luquet) d’un Seurat* avec le grain du papier and Designers (Londres, 1969). / G. Linde- ou d’« incapacité synthétique » contem- dont nous parlent les anciens traités. jusqu’aux collages* et aux frottis de mann, Prints and Drawings, a Pictorial History poraine de la troisième année, les caracté- Le dessin est ainsi devenu une science, (Londres, 1970). / C. Eisler, Dessins de maîtres Max Ernst*, issus d’un certain automa- ristiques cliniques du dessin apparaissent que la pratique du dessin d’anatomie du XIVe au XXe siècle (Edita-Vilo, 1975). tisme*, le dessin contemporain a sur- vers trois ou quatre ans sous forme d’un rendra encore plus complexe, et cela tout amplifié le champ de ses investiga- « réalisme intellectuel ». L’enfant dessine d’une manière abusive dans l’ensei- tions, devenant un moyen d’expression Le dessin chez l’enfant ce qu’il sait de l’objet et non ce qu’il en gnement, par suite d’une confusion voit, selon un modèle interne qu’il projette du « psychisme des profondeurs ». Ce entre dessin d’application scientifique Le dessin est une activité spontanée, privi- sur la feuille de papier ;les objets sont ainsi qui, somme toute, correspond bien à légiée de l’enfant, qui aime projeter sur la figurés transparents (fig. 1 :mobilier d’une et dessin de création artistique. cette tendance a l’autonomie que nous feuille de papier toute une fantasmagorie maison dessiné sur une façade), les verti- De son côté, l’autonomie acquise constatons dans l’histoire du dessin : en noir et en couleur. Les observateurs, cales sont rabattues latéralement ;la pers- par le dessin au cours des siècles a eu celle-ci est un peu, également, l’his- depuis la fin du siècle dernier, étudient pective est méconnue ; les plans ne sont comme conséquences des « querelles » toire de la conquête d’une individua- dessins et peintures en tant qu’expressions pas coordonnés ; les objets ont la taille de privilégiées de la vie enfantine. leur intérêt qualitatif aux yeux de l’enfant ; répétées sur la primauté du dessin ou lité chez l’homme, comme le signe de on remarque en outre la juxtaposition de la couleur, depuis la plus célèbre, son appartenance à tel ou tel type de LE DESSIN EN TANT QU’EXPRESSION sur une même feuille de détails narratifs, survenue au cours du XVIIe s. En fait, la société. DU DÉVELOPPEMENT DE l’usage de couleurs variées, riches, sans L’INTELLIGENCE vraie querelle apparaît plutôt au niveau J.R. corrélation avec la réalité (fig. 2). À cette de la conception, du « dessein », en F Caricature / Peinture. L’organisation du dessin et des données période, deux directions vont s’offrir à jouant sur l’orthographe du mot primi- perceptives est fonction des stades du l’enfant qui peuvent valoriser soit le dyna- J. Meder, Die Handzeichnung, ihre Technik développement intellectuel, comme l’ont misme, le mouvement des objets figurés, tif et sur le sens qu’il a pris désormais und Entwicklung (Vienne, 1919 ; 2e éd., 1923). montré G. H. Luquet, F. Goodenough soit leur représentation statique ; ces deux par rapport au mot anglais « design* ». / C. De Tolnay, History and Technique of Old (1926), H. Fay, A. Rey (1947) et plus ré- styles ne sont pas sans rapprochement, 3423

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