Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. ‘Des vents contraires’ met en scène le départ soudain, inconcevable d’une femme et sonde la vertigineuse absence qu’il engendre. Avec ce sixième roman, Olivier Adam s’impose définitivement comme l’une des plumes majeures de la littérature française. On y retrouve les thématiques essentielles de son oeuvre poussées à l’extrême, fouillées dans les moindres détails. Une fois encore, il compose un héros iconique et misérable qui confronte son bouleversement intérieur au tumulte de la mer, éprouve ses limites, s’agrippe aux fils ténus qui le maintiennent en vie. A des journées fiévreuses, animées de l’énergie du désespoir et rythmées de tentatives ultimes, il oppose des nuits sans sommeil, glacées, hantées par le doute, la culpabilité et le désespoir. L’écrivain trouve ici le juste équilibre entre une intrigue saisissante et une langue exaltée. Sa prose, toujours extrêmement dépouillée et incroyablement précise, se nourrit d’un vocabulaire proprement pictural. Ainsi, mêlant touches subtiles et aplats volontairement criards, il plante un décor de bord de mer balayé par le vent à la saison morte et en restitue l’atmosphère avec un réalisme renversant. Peuplé d’âmes dévastées, gonflé par un lyrisme puissant, ‘Des vents contraires’ est sans doute le roman le plus abouti d’Olivier Adam