Aix-Marseille Université Institut des Mondes Africains (IMAF, CNRS – UMR 8171, IRD – UMR 243) Des transhumants entre alliances et conflits, les Arabes du Batha (Tchad) : 1635-2012 Zakinet Dangbet Thèse pour l’obtention du grade de Docteur d’Aix-Marseille Université École doctorale « Espaces, Cultures, Sociétés » Discipline : Histoire Sous la direction de : Francis Simonis : Historien, Maître de conférences HDR, Aix-Marseille Université Membres du jury : Anne Marie Granet-Abisset : Historienne, Professeur, Université Pierre Mendès France, Grenoble II Mirjam de Bruijn : Anthropologue, Professeur, African Studies Center, Leiden Jacky Bouju : Anthropologue, Maître de conférences HDR, Aix-Marseille Université André Marty : Sociologue, Institut de recherches et d’applications des méthodes de développement, Montpellier Francis Simonis : Historien, Maître de conférences HDR, Aix-Marseille Université Aix-en-Provence, décembre 2015 2 3 4 Remerciements La réussite de cette thèse n’aurait pas été possible sans l’appui de l’Ambassade de France au Tchad. A ce titre, j’adresse mes remerciements aux responsables du SCAC qui ont accepté de m’accorder une bourse. Je voudrais citer : Pr. Olivier D’Hont, Sonia Safar, Jean Vignon, Philippe Boumard et Patrice Grimaud. Les mêmes remerciements sont adressés aux responsables de l’Agence Française de Développement, notamment Hervé Kahane, ancien Directeur général adjoint. J’adresse mes remerciements à mon encadreur Francis Simonis qui a accepté de diriger mes travaux. Cette tâche n’a pas été aisée, vu la dimension transversale de mon sujet. Cette attention soutenue pour ma thèse mérite reconnaissance. Je n’oublie pas qu’en 2007, Pr. Anne Marie Granet-Abisset accepta de diriger mes travaux de Master 2. Elle m’a aidé à construire la problématique sur le pastoralisme au Tchad et m’a reçu plusieurs fois dans le cadre de l’avancement de mes travaux de thèse. Je lui témoigne toute ma reconnaissance. Je formule les mêmes remerciements à l’endroit de tous les membres du jury : Mirjam de Bruijn, Anne Marie Granet-Abisset, André Marty et Jacky Bouju. Ils ont consacré leur temps pour examiner avec minutie mon travail. Toute ma reconnaissance au professeur Jean-Louis Triaud pour les nombreuses discussions qui m’ont permis d’enrichir ma réflexion. Je voudrais aussi témoigner ma gratitude à André Marty et son épouse Maryse. Depuis notre rencontre en 2006 dans le cadre de l’étude du suivi d’un campement en transhumance au Tchad central, il n’a cessé de saisir toutes les opportunités pour me trouver une bourse me permettant de continuer mes études supérieures en France. Grâce à lui, j’ai été associé à plusieurs études sur la transhumance. Ces études financées par l’AFD et l’Ambassade de France m’ont permis d’effectuer mes enquêtes de terrain. Je n’oublie pas également les nombreux séjours chez lui pour mes travaux. Je tiens aussi à témoigner toute ma sympathie à la famille Eberscheweiler pour le soutien total à mon égard depuis notre rencontre au Tchad en 2006 dans le cadre de l’étude sur la transhumance au Batha. Merci à Christian Eberscheweiler, à mon collègue Antoine Eberscheweiler avec qui j’ai partagé les peines et les joies dans le campement Salamat Sifera. Cette expérience restera gravée dans nos mémoires. Merci à Marie Christine Eberscheweiler pour la rélecture de ma thèse. Que Clémence Eberscheweiler, Marion Eberscheweiler, Jean Pierre Froud et Karima Antoine Eberscheweiler trouvent ici mes sincères remerciements. Je tiens à remercier les différents responsables de l’Université de N’Djaména pour leur soutien : il s’agit du Recteur Dr. Ali Abderamane Hagar, du Recteur Pr. Djarangar Djita Issa, du vice Recteur Dr. Tchago Bouimon, et du Doyen de la FSHS, Dr. Mindémon Kolandi. Dans ces pages, je voudrais témoigner ma reconnaissance à tous les cadres du PHPTC : Serge Aubague, Christophe Bénard, Bernard Bonnet, Bertrand Guibert, Abdellatif Fizzani, Nodjindang Tokidang, Djimadoum Djialta, Tahir Al Issel et Mahamat Faousi Fizzani. 5 Je tiens à témoigner toute ma gratitude aux responsables de l’IMAF-Aix : Pr. Henri Medard, Jacky Bouju, Cécile Vincenti. Mes remerciements vont également à l’endroit des doctorants : Anaïs Leblon, Sylvie Ayimpam, Sarah Andrieu, Emmanuel Galland, Pierre Prud’homme, Bruno Ngouflo, Simon-Narcisse Sakama, Joaõ De Altaïd, Pauline Bernard et Vanessa Pedrotti. J’ai également bénéficié de l’attention soutenue des responsables de Campus France Marseille. Merci pour leur disponibilité et pour avoir consacré le temps à traiter nos nombreuses sollicitations dans le cadre de cette thèse. Mes remerciements vont également à l’endroit des amis qui m’ont soutenu dans mes travaux : Christian Graeff, ambassadeur de France et son épouse Maria, Sylvain Brunier, Théodore Blanchard, Baohoutou Lahoté, Dingaonarde Faustin, Kodi Mahamat, Mahamat Mey Mahamat, Nadoum Natoïngar, Djimingar Djibrine Kamis, Cecile Madiga et Djimet Seli qui m’a mis en contact avec sa directrice de thèse, Pr. Mirjam De Brun. Toutes mes reconnaissances à l’endroit de mes amis Arabes Salamat Sifera, Arabes Misserié et Arabes Djaatné. Je formule les mêmes remerciements à l’endroit de sa majesté, Hassane Mahamat Absakine, sultan du Fitri, Abdelmadjid Mahamat Karchom, chef de canton Salamat Sifera, Abdoulaye Goudge, chef de canton Misserié rouge, Mahamat Fadoul Makaye, chef de canton Misserié noir, Soumayine Allamine, chef de canton Djaatné. Mes remerciements à l’endroit de mon épouse et de mes parents pour leur soutien. Toutes mes reconnaissances aux personnes qui de loin ou de près m’ont aidé dans mes travaux et qui n’ont pas été citées. 6 SOMMAIRE Remerciements .................................................................................................................................. 5 Sigles et abréviations ....................................................................................................................... 17 INTRODUCTION ........................................................................................................................... 21 I. SEJOUR DANS UN CAMPEMENT AU BATHA : DECOUVERTE D’UNE ACTIVITE .... 21 I.1. Bref récit d’une expérience de vie qui change notre regard sur les transhumants ............................ 21 I.2. Une approche de l’intérieur qui nous a permis de construire un thème de recherche ....................... 22 II. BREVE PRESENTATION DU MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN DU BATHA ............... 25 II.1. Le contraste du milieu ..................................................................................................................... 25 II.2. Transhumants et sédentaires au Batha ............................................................................................. 28 II.3. Justification du choix de trois communautés de référence .............................................................. 31 III. PROBLEMATIQUE............................................................................................................... 35 III.1. Les raisons du choix du sujet ......................................................................................................... 35 III.2. Objectifs, questions et hypothèses ................................................................................................. 36 III.3. L’intérêt scientifique et pratique .................................................................................................... 37 IV. ETAT DES LIEUX DES TRAVAUX SUR LA QUESTION DE LA TRANSHUMANCE 38 IV.1. Un sujet qui a fait l’objet d’analyses dans les anciens travaux ...................................................... 38 IV.2. Un thème au cœur des travaux contemporains .............................................................................. 40 V. METHODOLOGIE ................................................................................................................. 43 V.1. Les archives au cœur de la construction du sujet ............................................................................ 43 V.2. Les enquêtes de terrain : une approche in-situ ................................................................................ 45 VI. LES AUTRES ASPECTS DE LA METHODOLOGIE ......................................................... 50 VI.1. Une démarche historique et transversale ....................................................................................... 50 VI.2. Les images contribuent à la construction du discours de l’historien.............................................. 51 VI.3. Les difficultés rencontrées ............................................................................................................. 52 VII. DEFINITION DES TERMES MAJEURS : TRANSHUMANCE, NOMADISME, PASTORALISME, ALLIANCE .................................................................................................. 53 VII.1. Transhumance .............................................................................................................................. 54 VII.2. Nomadisme .................................................................................................................................. 55 VII.3. Pastoralisme ................................................................................................................................. 56 VII.4. Alliances ....................................................................................................................................... 59 VII.5. Plan de la thèse ............................................................................................................................. 60 7 PREMIERE PARTIE LES ARABES DU BATHA DE L’EPOQUE PRECOLONIALE A LA FIN DE LA CONQUETE FRANÇAISE DU OUADDAI (1635-1910) CHAPITRE I : LES MIGRATIONS ARABES AU TCHAD ET LEUR PLACE DANS L’ORGANISATION DES CHEFFERIES SEDENTAIRES : L’EXEMPLE DU ROYAUME DU OUADDAÏ ET DU FITRI ........................................................................................................ 65 I. MIGRATION DES ARABES AU TCHAD ............................................................................. 65 I.1. Les Arabes et le royaume du Ouaddaï .............................................................................................. 65 I.2. Les Arabes Misserié dans le royaume du Ouaddaï ........................................................................... 69 I.3. Les Arabes Salamat Sifera dans le royaume du Ouadaï ................................................................... 71 II. LES ARABES ET LES CHEFFERIES PRECOLONIALES : LE CAS DU OUADDAÏ ET DU FITRI ..................................................................................................................................... 72 II.1. Les Arabes dans l’organisation précoloniale du Ouaddaï ............................................................... 73 II.2. Les gouverneurs des provinces Ouaddaïenne et les Arabes ............................................................ 79 III. LES ARABES ET LA QUESTION DES REDEVANCES COUTUMIERES AU OUADDAI ...................................................................................................................................................... 81 III.1. Les redevances coutumières : la zaka et la fouttra ......................................................................... 81 III.2. L’esclavage comme ressource du sultan ........................................................................................ 84 III.3. Le droit d’accès au pâturage comme ressource du sultan .............................................................. 85 IV. LE FONCTIONNEMENT JUDICIAIRE PRECOLONIAL .................................................. 89 IV.1. Une diversité de pratiques de justice coutumière........................................................................... 89 IV.2. Les pratiques du droit pénal ........................................................................................................... 90 V. LES ARABES DJAATNE DANS LE SULTANAT DU FITRI ............................................. 99 V.1. Brève présentation de l’organisation du royaume Fitri ................................................................... 99 V.2. Sédentaires Bilala et transhumants Djaatné s’approprient l’histoire du Fitri : revendication et controverse ............................................................................................................................................ 101 Conclusion .................................................................................................................................. 106 8 CHAPITRE II : LES ARABES ENTRE LES ROYAUMES DU TCHAD ORIENTAL ET CENTRAL : MISE EN PLACE DES ALLIANCES ................................................................. 108 I. LES ARABES ET LE ROYAUME DU OUADDAI .............................................................. 108 I.1. La conquête du Ouaddaï par Abdel-Kerim Ben-Djamé ................................................................. 108 I.2. Les Misserié et les sultans du Ouaddaï ........................................................................................... 110 II. LES ARABES DJAATNE ET LE SULTANAT DU FITRI ................................................. 113 II.1. Le Fitri : une zone convoitée depuis l’époque précoloniale par les royaumes voisins et les transhumants ......................................................................................................................................... 113 II.2. Le Fitri et le royaume du Kanem................................................................................................... 116 II.3. Le Fitri et le royaume du Baguirmi ............................................................................................... 118 II.4. Le Fitri et le Ouaddaï : le rôle des aguids arabes Djaatné ............................................................. 120 III. LA MISE EN PLACE DES ALLIANCES ENTRE TRANSHUMANTS ET SEDENTAIRES : CAS DU FITRI ............................................................................................. 123 III.1. Le droit du sang comme forme d’alliance depuis le XVIIème siècle .......................................... 123 III.2. L’alliance entre transhumants et sédentaires pour l’accès aux ressources du lac Fitri avant la colonisation ........................................................................................................................................... 125 III.3. Alliance pour l’accès aux résidus des récoltes à l’eau et à la terre............................................... 132 III.4. Le système de confiage et transport des récoltes ......................................................................... 134 III.5. L’exemple des alliances entre Salamat Sifera et sédentaires sur l’axe central de la transhumance à l’époque précoloniale ............................................................................................................................ 137 Conclusion .................................................................................................................................. 141 CHAPITRE III : LES ARABES A L’EPOQUE DE LA CONQUETE FRANÇAISE DU TCHAD .......................................................................................................................................... 143 I. LES ENJEUX DE LA CONQUETE DU TCHAD ................................................................. 143 I.1. Les Français sur la route du lac Tchad (1800-1900)....................................................................... 143 I.2. La conquête des royaumes du bassin tchadien ............................................................................... 147 I.3. Les débuts de la conquête au Sud du Tchad ................................................................................... 149 I.4. Le traité entre l’armée française et le sultan du Baguirmi .............................................................. 153 II. CONQUETE DU KANEM ET DU OUADDAÏ : ROLE DES COMMUNAUTES NOMADES (1900-1909) ................................................................................................................................ 156 II.1. Conquête du Kanem : les Arabes Oulad Sliman et les Touaregs .................................................. 156 II.2. La conquête du Ouaddaï ................................................................................................................ 161 9 II.3. L’entrée en jeu des Arabes du Batha ............................................................................................. 164 Conclusion .................................................................................................................................. 170 DEUXIEME PARTIE LES ARABES DU BATHA ET L’ADMINISTRATION COLONIALE : 1910-1947 CHAPITRE IV : L’ADMINISTRATION COLONIALE ET LA QUESTION DE LA TRANSHUMANCE ...................................................................................................................... 175 I. LES DIFFERENTES REFORMES ......................................................................................... 175 I.1. Evolution du territoire du Tchad à l’échelle de l’AEF ................................................................... 175 I.2. Les transhumants surveillés par l’administration coloniale ............................................................ 182 I.3. L’administration militaire et la question de la sédentarisation des transhumants ........................... 186 II. L’ADMINISTRATION DES NOMADES ............................................................................ 188 II.1. La question du commandement des transhumants ........................................................................ 188 II.2. Les commandants et leurs multiples fonctions .............................................................................. 195 II.3. La réorganisation administrative de 1934 ..................................................................................... 198 III. TRANSFORMATION DES CHEFFERIES A L’EPOQUE COLONIALE ........................ 200 III.1. L’administration coloniale et la question des chefferies .............................................................. 200 III.2. Les chefferies traditionnelles et l’administration coloniale ......................................................... 201 III.3. La transformation du sultanat du Ouaddaï ................................................................................... 204 III.4. Le renforcement du contrôle des provinces par le sultan du Fitri à partir de 1943 ...................... 206 IV. MISE EN PLACE DES CHEFFERIES NOMADES ........................................................... 208 IV.1. La chefferie arabe Misserié du Batha .......................................................................................... 208 IV.2. La destitution du cheik Adoudou en 1943 ................................................................................... 212 IV.3. Le canton arabe Salamat Sifera et Djaatné .................................................................................. 216 Conclusion .................................................................................................................................. 219 10
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