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Des Alpes au Léman PDF

360 Pages·2017·23.88 MB·French
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Des Alpes au Léman Images de la préhistoire Musée cantonal d’archéologie (Sion) Musée cantonal d’archéologie et d’histoire (Lausanne) Musée d’art et d’histoire (Genève) Département d’anthropologie et d’écologie (Université de Genève) Muséum d’histoire naturelle (Genève) Avec la collaboration des services cantonaux d’archéologie : Archéologie cantonale (Valais) Section de l’archéologie cantonale (Vaud) Service cantonal d’archéologie (Genève) L’exposition « Des Alpes au Léman » Musée cantonal d’archéologie, Sion (21.05 – 17.09.2006 / 01.02. – 31.12.2007) Musée cantonal d’archéologie et d’histoire, Lausanne (23.09.2006 – 15.01.2007) Musée d’art et d’histoire, Genève (14.03.2008 – 2.11.2008) Code de citation préconisé Gallay, A. dir. 20082. Des Alpes au Léman. Images de la préhistoire. Infolio, Gollion. Illustrations des scènes de la préhistoire André Houot (dessin), Jocelyne Charrance (mise en couleur) Conception graphique et mise en page Wladimir Dudan Conception de la couverture Anne-Catherine Boehi Photolithographie Karim Sauterel, Alexandre Moser Impression Sicop, Bischheim (France) © 2008, 2e édition revue et corrigée, Infolio éditions, CH-1124 Gollion, www.infolio.ch © 2006, Infolio éditions pour la 1ère édition ISBN 978-2-88474-125-5 Des Alpes au Léman Images de la préhistoire Textes réunis par Alain Gallay Sommaire Avant-propos 6 Alain Gallay Remerciements 8 Introduction 9 Alain Gallay l’environnement 15 Pierre Corboud, Anne-Marie Rachoud-Schneider, Jacqueline Studer les chasseurs-cueilleurs du paléolithique au mésolithique 49 Jérôme Bullinger, Pierre Crotti, Gervaise Pignat les premiers paysans 99 Alain Gallay, avec la collaboration d’Anne-Marie Rachoud-Schneider et de Jacqueline Studer l’âge du bronze 191 Mireille David-Elbiali, avec la collaboration de Christiane Kramar et Jacqueline Studer les celtes de l’âge du fer 261 Philippe Curdy, Gilbert Kaenel Les sites du Valais et du Bassin lémanique 326 Quelques sites de référence 339 Bibliographie 349 Provenance des illustrations 358 Adresses des auteurs 360 avant-propos on trouvera l’écho dans les références bibliographi- ques accompagnant la liste des sites figurant en fin de volume. Rappelons néanmoins certains points marquants. Genèse du projet Des interventions d’urgence Cet ouvrage est l’aboutissement d’un travail considé- Le développement rapide des espaces urbains a rable. Un grand nombre de chercheurs – et de nom- entraîné, au cours des trois dernières décennies, de breuses bonnes volontés – ont permis que cette syn- nombreuses interventions d’urgence et de sauvetage thèse voie le jour : à toutes et à tous, et bien au-delà en ville de Sion, dans le Chablais vaudois, sur le littoral des noms qui figurent au bas des présentes contribu- ou dans les eaux du Léman, à Lausanne, à Genève et, tions, nous aimerions rendre hommage. bien sûr, à Waldmatte près de Brigue en Valais, où des Ce livre est aussi le fruit de plus de trente années fouilles exemplaires ont été planifiées en relation avec de recherches en archéologie préhistorique ; nous les travaux de l’autoroute A9. souhaitons rappeler ici quelques étapes, et en parti- culier deux dates qui marquent, à titre personnel, le Une vision à long terme : la gestion du patrimoine début de cette aventure : archéologique En 1969, l’Université de Genève entreprend une Dans ce contexte d’interventions d’urgence, l’idée d’une réforme des études de la Section de biologie. Persua- gestion à long terme du patrimoine archéologique dés que l’archéologie préhistorique mérite sa place permettant une meilleure planification des travaux sur l’échiquier des filières académiques, nous obte- s’est développée : politique de prospection des secteurs nons la création d’une formation spécifiquement susceptibles de receler des vestiges, délimitation des consacrée à cette discipline. Plusieurs collègues ont zones sensibles, inventaires systématiques… Les services assuré à nos côtés la formation et l’encadrement des archéologiques cantonaux jouent dès lors un rôle essen- étudiants, dont plus de quatre-vingt ont obtenu un tiel. Illustrons cette démarche par un seul exemple : la diplôme depuis 1973 ; plus de dix thèses, consacrées réalisation d’un inventaire exhaustif des sites du Léman de près ou de loin au Valais et au Bassin lémanique, dans le cadre d’une prospection systématique conduite sont issues de cette filière universitaire. Les résultats au sein du GRAL (Groupe de recherches archéologiques présentés dans ce livre sont, en grande partie, le lémaniques) durant plus d’une décennie. fruit de ces travaux. En 1971, nous reprenons la direction des fouilles Périodes archéologiques et faciès culturels : des du Petit-Chasseur à Sion suite au décès survenu en lacunes sont comblées été 1970 de notre ami Olivier-Jean Bocksberger, l’in- Au début des années 1970, notre connaissance de la venteur du site et son premier fouilleur. Cette expé- préhistoire lémanique présentait de très nombreuses rience, menée en collaboration avec Sébastien Favre zones d’ombre. Aujourd’hui, un tout autre tableau de qui a participé activement aux premières fouilles et à l’évolution des sociétés préhistoriques s’est imposé, qui l’on doit les magnifiques relevés des stèles décou- grâce à de nouvelles découvertes et au développe- vertes sur le site, nous incitera à poursuivre l’œuvre ment des méthodes de datation (dendrochronologie initiée en Suisse romande (notamment en Valais et à et calibration des dates obtenues par la méthode du Genève) par notre maître Marc-Rodolphe Sauter. carbone 14) : des témoins de l’homme de Néandertal Il est impossible de mentionner ici tous les travaux (du Paléolithique moyen) sont reconnus pour la première de terrain réalisés depuis lors, ni les multiples axes fois dans le Chablais, des hiatus ont pu être comblés de réflexion qui ont présidé à la recherche, et dont (le Mésolithique, par exemple, ou la fin du Néolithique), 6 des alpes au léman et la compréhension de l’évolution culturelle de cer- eu d’importantes répercussions dans le monde scien- taines périodes (comme l’âge du Bronze et l’âge du tifique, bien au-delà des frontières helvétiques. Fer) renouvelée. Néanmoins, c’est pour l’étude des sépultures néo- lithiques plus anciennes (en cistes) et des tombes de la L’approche écologique : géologie, végétation, fin de l’âge du Bronze que les acquis de la recherche faune et sols seront les plus déterminants : on le doit notamment On connaît les travaux de Marcel Burri et de ses élèves aux fouilles menées sur les nécropoles de Chamblandes de l’Université de Lausanne sur la géologie du retrait (Pully, Vaud) et de Vidy (Lausanne). On ne fouille plus glaciaire en Valais et dans le Bassin lémanique. Si l’étude aujourd’hui une sépulture comme on le faisait il y a de la végétation est malheureusement restée margi- encore quelques années… L’analyse minutieuse de la nale dans les universités romandes, la faune a suscité disposition des ossements et du contexte d’ensevelisse- de nombreux programmes de recherches consacrés ment permet en effet d’appréhender des rituels d’une notamment à l’origine de l’élevage dans les Alpes, grande complexité, dont les implications sociales sont dans le cadre du Département d’archéozoologie du importantes à souligner. Muséum d’histoire naturelle de Genève. On retiendra Sur le plan proprement paléoanthropologique, on également, dans le domaine de l’environnement, le mentionnera les approches paléodémographiques, renouvellement fondamental apporté à la connaissance les travaux en paléopathologie en cours au sein du de l’évolution sédimentaire et pédologique des terroirs Département d’anthropologie et d’écologie de l’Uni- préhistoriques. versité de Genève, ainsi que les nouvelles recherches sur certains caractères osseux discrets, dont on peut Une vision plus large des espaces de vie penser aujourd’hui qu’ils ont, au moins partiellement, Au début des années 1970, notre connaissance de la un conditionnement génétique. préhistoire reposait essentiellement sur des sites localisés en plaine, découverts le plus souvent fortuitement. Les modalités d’occupation des zones d’altitude étaient Un livre pour le public encore pratiquement inconnues. Un programme de prospection régionale, le PAVAC (Prospection archéo- Cet ouvrage a pour but d’actualiser le catalogue que logique du Valais et du Chablais vaudois) est à l’origine nous avions réalisé en 1986, à l’occasion de l’exposi- de découvertes spectaculaires, comme l’abri de Alp tion « Le Valais avant l’Histoire » ; englobant une zone Hermettji à 2600 m d’altitude au-dessus de Zermatt, ou géographique élargie, il devrait permettre d’apprécier celui de Tanay en Bas-Valais, occupé au Paléolithique les progrès réalisés au cours des vingt dernières années moyen. Les prospections menées aujourd’hui dans dans le domaine de la préhistoire régionale ! la région du col du Simplon démontrent que ce type C’est aussi l’occasion de retrouver les talents du des- de démarche planifiée est devenu une composante sinateur André Houot, qui avait réalisé en 1995 la bande essentielle des stratégies de recherche. dessinée du « Soleil des Morts » consacrée aux fouilles du Petit-Chasseur. Nous tenons à lui signifier, une fois Le monde des morts : des fonctionnements encore, tout le plaisir que nous avons eu à travailler avec sociaux retrouvés lui, ainsi qu’avec Jocelyne Charrance, pour la réalisation La découverte de la nécropole du Petit-Chasseur des reconstitutions qui illustrent cet ouvrage. à Sion constitue, tant par le côté spectaculaire des Nous ne terminerons pas cet avant-propos sans stèles anthropomorphes que par les informations rappeler tout ce que nous devons aux institutions avec extraordinaires obtenues sur les rites funéraires de la lesquelles nous avons travaillé pendant de nombreu- fin du Néolithique, un événement exceptionnel qui a ses années et qui ont rendu possible nos recherches : avant-propos 7 remerciements la Faculté des sciences de l’Université de Genève, le Fonds national suisse de la recherche scientifique, qui a soutenu de nombreux travaux, les Services archéo- logiques des cantons du Valais de Vaud et de Genève, le Musée cantonal d’archéologie de Sion, le Musée La recherche du passé est une entreprise collective qui cantonal d’archéologie et d’histoire de Lausanne, le commence sur le terrain, souvent dans la boue et le Musée d’art et d’histoire de Genève. froid, parfois dans l’urgence et sous la pression des Cet ouvrage, fruit d’un long travail collectif de aménageurs, mais qui se joue aussi dans les bureaux, rédaction, a été lancé en 1997 déjà... Notre recon- les laboratoires de recherche et les bibliothèques. naissance s’adresse particulièrement aux membres du Qu’on nous permette de mentionner ici celles et groupe de travail qui ont participé à cette entreprise ceux, directeurs d’équipe, responsables de fouilles de et qui ont rédigé la plus grande partie de ces textes : sauvetage, scientifiques spécialistes, fouilleurs… qui Pierre Corboud, Pierre Crotti, Philippe Curdy, Mireille se sont «mouillés», au propre et au figuré, pour que David-Elbiali, Gilbert Kaenel, Christiane Kramar, Anne- les choses avancent et dont les noms n’apparaissent Marie Rachoud-Schneider, Jacqueline Studer. Nous nous pas au bas des textes de cet ouvrage. Et que l’on nous souviendrons longtemps de ces réunions au Musée pardonne si nous avons oublié quelqu’un. Ce livre est cantonal d’archéologie et d’histoire de Lausanne où aussi le fruit de leur travail. Gilbert Kaenel et Pierre Crotti nous offraient, avec l’hos- pitalité, des moments privilégiés d’échanges conviviaux Serge Aeschlimann, Jehanne Affolter, Anne Bridault, et stimulants. Notre gratitude s’adresse enfin à Olivier Dominique Baudais, Marie Besse, Charles Bonnet, Thuriot qui a effectué la relecture des textes. Christine Brunier, Marcel Burri, Yann Buzzi, Riccardo Ces années d’intense activité sont aujourd’hui Carazzetti, Louis Chaix, Patricia Chiquet, Daniel Conforti, révolues, et l’avenir nous apparaît bien incertain. Une Esther Cuchillo, Jocelyne Desideri, Bertrand Dubuis, page se tourne. Les universités et les politiciens ont Suzanne Eades, Nagui Elbiali, Kolja Farjon, Sébastien d’autres priorités. Il est donc urgent et de notre respon- Favre, Markus Fischer, François Francillon, Anne-Lise sabilité d’archéologue de témoigner, de montrer à quel Gentizon, Gabriele Giozza, Marc-André Haldimann, point la vision du passé le plus lointain s’est enrichie et Marc Haller, Matthieu Honegger, Rym Khedhaier, Max combien elle est essentielle à l’avenir de notre société. Klausener, Marie-Noelle Lahouze, Urs Leuzinger, Karen La recherche doit pouvoir continuer. Lundström-Baudais, Denis Lépine, Hugo Lienhard, Enfin, nous n’aurions pas pu mener à terme ce Catherine Masserey, Olivier May, Karoline Mazurié travail sans des financements d’appoint : de Keroualin, Roland Menk, Manuel Mottet, Bernard L’Etat de Genève, la Loterie romande par son Moulin, Marie-Claude Nierlé, Christian Orcel, Olivier antenne valaisanne, la Banque Pictet et Cie de Genève, Paccolat, Bertrand de Peyer, Hugues Plisson, Jean-Claude la Fondation Mariétan de Sion, la Société de physique et Praz, Christiane Pugin, Eliane Rohrer-Wermus, Yves d’histoire naturelle de Genève ont soutenu la fabrication Reymond, Philippe Schoeneich, Christian Simon, Alberto de l’ouvrage et une partie des frais d’impression. Susini, Jean Terrier, Jean-Louis Voruz, Denis Weidmann, Les Musées de Sion, de Lausanne et de Genève François Wiblé, Ariane Winiger, Gaston Zoller. ont contribué financièrement à sa publication et, à travers les expositions, en favorisent la diffusion. Notre reconnaissance va également à la Société Archéologie suisse qui a accepté de parrainer nos travaux. Que tous soient ici vivement remerciés ! Pour le comité de rédaction, Alain Gallay 8 des alpes au léman introduction d’importantes informations sur la vie des derniers chasseurs de la préhistoire. La période des premiers agriculteurs, le Néolithique, s’étend quant à elle sur trois millénaires environ ; elle est Raconter à un large public plus de 50 000 ans d’une mieux documentée, grâce notamment aux nombreuses histoire qui se déroule des sources du Rhône aux environs recherches qui lui ont été consacrées ces dernières de Genève est une entreprise périlleuse, d’autant plus qu’il années. Cependant, les stations des bords du Léman n’est pas question de présenter un ouvrage de préhistoire présentent un très mauvais état de conservation : les générale. Nous souhaitons évoquer, en quelques mots et anciens villages littoraux, situés sous quelques mètres en guise de préambule, les limites de cet exercice. d’eau, ont en effet beaucoup souffert de l’érosion. On se réfèrera ici à des contextes naturels plus favorables, Le caractère aléatoire des découvertes comme celui des Trois-Lacs ou ceux de Chalain et archéologiques de Clairvaux dans la Combe d’Ain (France), régions La première difficulté tient au fait que les vestiges qui ont fait l’objet de recherches particulièrement découverts par les archéologues n’ont pas la même dynamiques. importance quantitative selon les périodes considérées. L’âge du Bronze, qui couvre un peu plus d’un Cette situation est due à plusieurs facteurs : densité millénaire, souffre, pour les stations des bords de variable des peuplements, conditions de conservation lacs, d’une situation identique : d’où l’intérêt de sites et nature des vestiges, durée des occupations. Si les comme ceux de Champréveyres (Hauterive) et de auteurs de cet ouvrage ont tenté de tirer le meilleur parti Cortaillod sur le lac de Neuchâtel, ou celui de Fiavé des découvertes régionales auxquelles il est consacré en Italie du Nord. (stations de bords de Léman, sites de collines, abris L’âge du Fer est à la fois la période la plus courte sous roches, villages établis sur les cônes d’alluvions (huit siècles) et la mieux documentée, tant sur le plan de la plaine du Rhône ou sur les terrasses glaciaires archéologique que, pour le dernier siècle, sur le plan bordant le lac), certaines informations lacunaires les ont historique. Le tableau présenté ici repose presque parfois contraints à étendre leur champ géographique exclusivement sur des découvertes locales particuliè- de référence, afin de brosser des tableaux plus cohé- rement nombreuses et parlantes. rents de l’évolution des communautés préhistoriques locales, des Néandertaliens à Jules César. Faire parler les vestiges La période des chasseurs couvre, avec le Paléoli- Le second problème tient à la nature de la documentation thique et le Mésolithique, plusieurs dizaines de mil- étudiée par l’archéologue : il s’agit essentiellement de lénaires. Elle demeure cependant la plus défavorisée vestiges matériels, témoins de la vie quotidienne, et de de toutes, malgré plusieurs chantiers importants et un sépultures. Ces vestiges demandent à être interprétés : développement spectaculaire des recherches récentes. faire revivre le passé préhistorique c’est, qu’on le veuille Les abris magdaléniens de Veyrier, connus dès 1833 ou non, solliciter un savoir encyclopédique d’autant mais dont les conditions de fouilles ne répondent plus difficile à maîtriser qu’il véhicule souvent tous les plus aux exigences actuelles, ont longtemps été les préjugés et tous les a priori de notre époque. seuls gisements mentionnés pour cette période. Par Evoquer le Paléolithique, c’est faire référence aux conséquent, on se réfèrera à de nombreuses décou- études menées par les ethnologues sur ces petites vertes extérieures à la zone prise en compte : le site communautés de chasseurs-cueilleurs, aujourd’hui en magdalénien de Champréveyres (Hauterive, Neuchâ- voie de disparition ou de totale assimilation : aborigè- tel) ou, plus près des régions considérées, l’abri sous nes australiens, populations San du sud de l’Afrique roche du Mollendruz dans le Jura vaudois, apportent ou Inuits de l’Arctique. Mais le tableau que l’on peut introduction 9 utinter enouvelle lecture des archives archéologiques : analyse spatiale et taphonomie Dès les années 1960 se développe en France, sous l’in- tions contenues dans les cistes de type Chamblandes a nique avant d’être brûlé, phénomène repérable à de fins fluence d’André Leroi-Gourhan, une conception révolu- notamment permis de résoudre un certain nombre de canalicules creusés dans la matière osseuse. Il ne s’agit tionnaire de la fouille : on cherche désormais à retrouver questions concernant le rituel funéraire de cette période donc pas d’ossements provenant de cadavres incinérés, et à dégager les sols sur lesquels l’homme préhistorique du Néolithique : les alignements de certains os montrent mais d’ossements déjà secs jetés dans un feu pour y être a vécu. Dans un premier temps, tous les vestiges en que des individus ont pu être inhumés dans des coffres détruits (ou purifiés ?). relation avec les activités humaines sont laissés en place, de bois, aujourd’hui totalement disparus mais dont les Alain Gallay puis on procède à des relevés très précis des structures planches limitaient alors l’espace disponible. L’analyse dégagées. L’analyse de la disposition de ces vestiges - des tombes contenant plusieurs individus montre que les produits manufacturés, ossements, déchets de fabrication inhumations simultanées sont plutôt exceptionnelles et Fig. 1. divers - permet de restituer les gestes techniques et de qu’il existe le plus souvent un intervalle de temps plus ou Campement magdalénien de procéder à une véritable étude comportementale. Deux moins long entre le dépôt des différents corps. Pincevent dans le Bassin parisien. expériences cruciales, l’une dans le domaine du funéraire L’examen au microscope de la structure osseuse peut Relevé d’un foyer avec pierres, et l’autre dans celui de l’habitat, marquent en France la compléter ces observations. L’étude des os brûlés de la ossements et silex (en noir). mise au point de cette nouvelle méthodologie : la fouille, nécropole du Petit-Chasseur à Sion montre ainsi que l’os Fouilles André Leroi-Gourhan. en 1960, de l’hypogée néolithique des Mournouards et a subi l’attaque de champignons avides de matière orga- Diamètre du foyer : environ 80 cm. celle, dès 1963, du campement magdalénien de Pince- vent, près de Paris. En Suisse, ce type d’analyse a été notamment appliqué à l’étude de la nécropole mégalithique du Petit-Chasseur à Sion, où elle a permis de reconstituer de nombreux aspects du rituel funéraire. L’étude du campement magdalénien de Champréveyres (Hauterive, Neuchâtel) est aujourd’hui l’une des meilleu- res illustrations de cette méthode. Le site regroupe une série de foyers autour desquels les chasseurs ont mangé, taillé du silex, réparé leurs sagaies… Après avoir fouillé et enregistré sur plans tous les vestiges découverts, le préhistorien a catalogué les activités présentes sur le site. Il a ensuite décomposé chacune de ces activités en séquences opératoires et établi la liste des vestiges théoriquement associés à chaque étape du déroulement de ces séquences. Les concentrations de ces vestiges sur les plans de fouille ont alors indiqué les emplacements où s’étaient déroulées les diverses activités recensées. Ces recherches restent malheureusement rares, car elles demandent une approche extrêmement méticuleuse et nécessitent le dégagement de très larges surfaces de fouilles, ce qui prend beaucoup de temps. L’approche spatiale trouve son prolongement dans le domaine funéraire avec le développement d’une nouvelle discipline : la taphonomie. L’anthropologue s’attache à décrire les transformations qui affectent les cadavres après leur dépôt dans la tombe et restitue les méca- nismes qui sont à l’origine de la disposition des os humains retrouvés en fouille. La position du squelette dans une tombe est due à la fois à l’influence de la géométrie de l’espace funéraire sur la position primitive du corps, à l’histoire du colmatage plus ou moins rapide de la cavité funéraire par les terres, et au processus de décomposition des chairs et du relâchement plus ou moins rapide des ligaments assurant le maintien des articulations. L’approche taphonomique des inhuma-

Description:
analyse spatiale et taphonomie. Dès les années 1960 se développe en France, sous l'in- fluence d'André Leroi-Gourhan, une conception révolu- tionnaire de la On la rencontre probablement dans le Jura, au Mont-Roux, à 1240 m se diffuser progressivement dans toute l'Europe par le biais de
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